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 [Q] – Sous le pavillon noir

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Ven 29 Mai 2020, 01:17


Partenaire : Vylker
Intrigue/Objectif : Évasion. Dhavala et Vylker ont été capturés par des pirates esclavagistes. Liés l’un à l’autre, les deux Béluas seront vendus comme esclaves aux sorciers s’ils ne trouvent pas comment s’enfuir du navire au pavillon noir. Si cette embarcation au beau milieu de l’océan n’était pas une difficulté suffisante, l’Evergrim et le Hesshas Pery sont plus enclins à s’entre-tuer qu’à travailler ensemble.


Dhavala avait passé la journée à se goinfrer. Il avait passé deux semaines chez les Ygdraë, avec des portions bien en dessous de satisfaire son appétit. Généreusement logé et nourri par une famille d’elfes, l’Eversha avait fait son possible pour se contenter de ce qu’on lui offrait. Dès qu’il fut laissé à lui-même en dehors du territoire elfique, le chasseur ne put s’empêcher de dévorer sa première prise, comme s’il cherchait à rattraper le temps perdu.

Par chance, les vêtements elfiques qui furent offerts au voyageur étaient adaptés à sa stature et disposaient de suffisamment d’espace pour contenir son ventre gonflé par l’excès. Après une telle gourmandise, le jeune homme ne bougea pas du reste de la journée, et même de la suivante. Insatiable, le changeur de forme dévora l’ensemble de ses provisions et le reste de la carcasse. C’était sa manière de célébrer sa liberté retrouvée.

Dhavala ne s’en était jamais plaint ouvertement, mais son séjour chez les Ygdraë lui avait paru comme d’un emprisonnement. Ce n’était pas la plus désagréable de ses expériences, mais le voyageur était soulagé de retrouver son indépendance. Dans le moment présent, cette joie se traduisait par un estomac bien rempli et nul tâche à s’acquitter, si ce n’est de s’occuper de sa propre personne, de son bien-être et de la prochaine proie à venir satisfaire sa panse.

Retrouvant éventuellement le désir de partir à l’aventure, Dhavala parti à la recherche d’un port. Les elfes lui avaient informé qu’il se trouvait sur le mauvais continent, alors logiquement, il lui faudrait prendre un bateau pour naviguer jusqu’au Rocher au Clair de Lune, son pays natal.

L’Eversha hésita pendant un moment à faire usage du pouvoir des portes, un pouvoir de téléportation. Le jeune homme avait bien progressé dans la maîtrise de sa magie. Cela se traduisait par une grande maîtrise de ses capacités raciales et des quelques pouvoirs qu’il avait acquis au fil de ses mésaventures. Or, le pouvoir des portes, lui, persistait à refuser d’obéir aux désirs du jeune homme. C’est pourquoi, Dhavala choisi qu’à partir de maintenant, son voyage de retour se ferait sans téléportation.

***

C’est confiant, que le chasseur se présenta à un petit village portuaire. Il était à la recherche d’une place sur un bateau en direction du continent naturel, où se trouvait le Rocher au Clair de Lune. Dhavala ne s’attendait pas à obtenir satisfaction dès la première visite. Chasseur de métier, il n’avait pas encore eu le temps de porter son attention sur les prises sujettes à lui rapporter suffisamment pour la peine.

C’est l’expérience, justement, qui motivait ce voyage de reconnaissance au village. Dhavala avait remarqué que les cuirs et les fourrures lui rapportaient plus quand les acheteurs n’avaient pas aisément accès à ces ressources premières. En discutant avec les villageois, l’Eversha espérait en apprendre plus sur leurs besoins. Puisqu’il portait des vêtements elfiques, Dhavala espérait que ça jouerait en sa faveur, plutôt que de ressembler à un sauvage.

Comme il l’espérait, le voyageur peut aisément discuter avec les passants. On lui référa même à un capitaine de navire marchand pour l’aider à poursuivre son voyage. Selon les dires de ces villageois, le capitaine offrait même la traversée de l’océan en échange de travaux sur son bateau. C’était plus que ce que Dhavala espérait. Plutôt que de passer des semaines, voir des mois à accumuler le fruit de la chasse, il pouvait simplement travailler pendant la traversée et ainsi mériter sa place. Puisque cet accord lui paraissait honnête, l’Eversha décida de rendre visite à ce capitaine, avant qu’il ne quitte le port. Comme quoi, ça payait d’être bien vêtu !

Dhavala trouva aisément le capitaine en suivant les conseils des villageois. Il avait pris place dans la taverne. Malheureusement, ce n’est qu’alors que le jeune homme comprit qu’il était à nouveau dans le pétrin. L’homme vêtu de rouge profitait de sa boisson alcoolisée favorite, pendant que six hommes assez costaud et armés d’un sabre menaçaient le nouveau venu, prenant soin de bloquer la sortie. Le voyageur était le plus grand, et le plus lourd, du lot, mais désarmé. Venu pacifiquement au village, l’Eversha n’avait pas encordé son arc et son couteau de chasse se trouvait présentement dans son sac.

« Hum... Ces villageois se sont trompés, tu n’es pas un Boräk. C’est pourtant évident. Ils ont dû voir un grand gaillard habillé de tissus elfiques, alors ils ont sauté aux conclusions. Dommage, j’aurai tiré une belle somme d’un Boräk. Alors… qu’avons-nous capturé dans nos filets, moussaillons ? »

Dhavala hésitait toujours sur ce qu’il devait faire. Le capitaine était doté d’une aura magique assez puissante, alors que les hommes qui l’accompagnaient avaient visiblement de l’expérience au combat. Qui plus est, puisque c’étaient les villageois eux-mêmes qui avaient livré le voyageur au capitaine, il y avait fort à parier que l’Eversha ne trouverait aucune assistance à l’extérieur. Peut-être même y avait-il encore plus d’hommes du capitaine, prêt à intervenir.

Dans son ensemble, la situation n’était pas sans rappeler ce que l’Eversha avait vécu dans l’Antre des marais. Dhavala avait alors payé cher de sa confiance en lui et de sa naïveté. Tout comme alors, le jeune homme était confronté au choix de faire appel au monde des portes pour s’enfuir, ou d’affronter une nouvelle captivité. Le voyageur redoutait maintenant l’une et l’autre de ces options.

***

Après une interminable hésitation, Dhavala relâcha sa posture et se soumit aux volontés du capitaine. Déposant doucement sa bouteille d’alcool sur la table, le capitaine s’approcha de sa nouvelle victime, soufflant son haleine alcoolisée au visage de sa nouvelle prise.

« Bien, bien, bien… Ça porte les vêtements d’un elfe. Ça possède l’aura argentée d’un elfe. Hum… Qu’on me fasse avaler mon chapeau si je croise un jour un elfe aussi gros que toi mon gaillard ! Mes amis, c’est un Bélua que nous avons là ! Déshabillez-le ! Cherchez une tâche de naissance, je veux savoir si c’est un Evergrim ou un Wynmeris. »

Il ne fallut que quelques instants avant que l’Eversha se retrouve nu, dépossédé de tous ses biens… encore. Les esclavagistes donnèrent alors les vêtements elfiques à un des villageois qui avaient mené Dhavala à son sort. Satisfait, l’homme quitta promptement la taverne, pendant que d’autres s’arrachaient le reste des possessions de leur victime. La colère gagnait le changeur de forme, qui faillit adopter sa forme animale pour se battre, mais il n’en fit rien. Il ne sortirait pas vainqueur de ce combat.

« Mais que vois-je ! Ou plutôt, que ne vois-je pas… Dites donc les gars, ce n’est pas un Boräk, mais c’est un Evergrim ! On va en tirer une petite fortune s’il survit. Oh, pas la peine de me regarder comme ça, changeur de forme. Tu vas avoir le privilège d’être vendu par le très célèbre Rackham le Rouge ! »

L’un des hommes du capitaine ne partageait visiblement pas la confiance de son capitaine. Superstitieux, il avait entendu de nombreuses histoires des maux qu’infligeait la morsure d’un Bélua.

« Du nerf, moussaillon ! Il ne va pas se transformer. Tu sais pourquoi ? Parce qu’un Evergrim seul, c’est un exilé. Ces bestioles-là vivent en meutes et celui-là est à peine adulte. Il n’a pas encore eu le temps d’apprendre à contrôler ses transformations. Le temps qu’il y arrive, il sera mort trois fois. Quand vient même il y arrive, je vais me faire un plaisir de jouer avec ses pensées. »

D’un geste de la main, le capitaine ordonna à son équipage de transporter sa toute dernière acquisition dans le navire avec les autres. Il y avait déjà un autre Bélua dans la cargaison du navire, alors il fut décidé qu’ils soient liés l’un à l’autre. La morsure d’un changeur de forme n’avait aucun effet néfaste sur un autre changeur de forme, mais ce n’était pas le cas pour les autres prisonniers. Il y avait évidemment un risque que les deux Béluas s’entretuent, c’était une race sauvage après tout, mais le capitaine était prêt à courir ce risque. Une bonne partie des esclaves du capitaine ne survivaient pas au voyage d’une manière ou d’une autre.

Grâce à la capture de l’Evergrim, le Hesshas Pery allait pouvoir sortir de son confinement. Le capitaine utilisait les esclaves pour diverses tâches sur le navire, mais seulement ceux qui étaient liés à un autre. Tous les autres étaient condamnés au confinement à fond de cale. Ils étaient alors isolés et dans le noir. Règle générale, après quelques jours de confinement en pleine mer, les prisonniers devenaient beaucoup plus dociles. C’est pourquoi le capitaine s’assurait de toujours lier un prisonnier avec un qui avait connu le confinement. Ce prisonnier se montrait alors beaucoup plus dissuasif pour convaincre son compagnon d’éviter les ennuis.

Le capitaine termina sa bouteille avant de lui aussi rejoindre son navire. Il en avait terminé avec ce village et pouvait donc reprendre son périple en mer.

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Dim 31 Mai 2020, 01:28




Le noir, le noir… Le noir… L’obscurité… L’abysse… La pénombre… Les ténèbres… C’était comme… Comme une enveloppe épaisse et … Beurk ! Non ce n’était pas bon. Décidément, Vylker avait espéré que la quiétude et l’absence de source lumineuse de cette cale aurait été une opportunité idéale pour travailler son ver et sa prose, mais ce n’était pas le cas. Il fallait dire que le confort était plus que modeste. Certes, le capitaine du Jin-Geobukseon ne s’était pas attendu à un grand hôtel, mais des années passées loin de son ancienne vie de bandit des grands chemins lui avait fait quelque peu oublié les inconvénients qu’il y avait à se retrouver en prison. On mangeait mal, le sol était dur et les gens étaient impolis.

L’opportunité était pourtant parfaite pour se concentrer sur autre chose, à défaut qu’il s’agisse de poésie : une introspection de sa condition monstrueuse.

Une tâche plus aisée pour certains que d’autres. Pour les monstres… C’était un sujet assez complexe. D’un côté, il existait la frustration de n’être plus que l’ombre de soi-même, de n’être que le reflet malformé d’une autre espèce déjà existante. Mais de l’autre…  Il y avait cette expression jubilatoire de la difformité propre à chacun qui tendait à ressortir, ainsi que la possibilité d’être quelque chose de nouveau, comme un phénix qui renaîtrait de ses cendres. Oh bien entendu, c’était épouvantable, pas forcément élégant et fort peu adapté à la civilisation. Mais n’existait-il pas une part de violence et de cruauté en chacun ? Il y avait quelque chose d’excitant à s’être éloigné de sa nature.

Non, la qualité de monstre n’était pas quelque chose qui conduisait à la destruction. L’appréhender, la contrôler, la chérir. Voilà ce que l’on devait apprendre plutôt. C’était précisément ce que Vylker tentait d’apprendre à sa bande.

Quant aux Evergrims… Qu’ils se gaussent dans leur suffisance. Car un jour, les Hesshas se vengeront de siècles d’infamie et d’injustice. En attendant que la horde des monstres ne soit plus conséquente et surtout mieux organisée, Vylker avait tout le temps de se livrer à l’exercice de composition. La prison, c’était quelque chose qui connaissait. Il y avait fait de nombreux allers-retours, dans des conditions parfois plus difficiles que d’autres. Cette habitude des geôles lui avait appris que ces espaces vides et d’ennui étaient le terreau fertile de l’idée et de l’introspection.

Et depuis qu’il avait été gratifié d’une deuxième tête, il se sentait tout de même « moins seul » quand bien même elle eut été partie intégrante de lui-même.
Plongé dans le noir, Vylker se laissa donc aller à la chansonnette. À la recherche de la composition ultime qui serait peut-être un jour l’hymne de sa horde. Une tête après l’autre.

« Trois… Deux… Un…

Je suis fils d’un amiral, qui traversa la mer !
Je suis fils d’un soldat, qui détesta la guerre !
Je suis fils d’un bagnard, racaille évadée !
Et fils de gens modestes, trop pauvres à marier ! »


 « Fils de pêcheur norois, et de contrebandier !
Enfant de toutes les nations, et fils d’aventurier !
Métis de sang-mêlé, désormais malfamé !
C’était un trait de honte, j’en ferais ma fierté ! »


Ces premiers couplets sonnaient très bien. Bien que plusieurs prisonniers dans ce noir absolu lui sommèrent de se taire, sous peine d’attirer les gardes. Il en aurait fallu plus pour décourager notre pirate poète de renoncer à sa composition. Au contraire, que ces ignares commencent à se forger une culture musicale. Vylker entendait bien faire résonner convictions avec chansons.

 « Je suis fils de laboureur, poussé par la famine !
Je suis fils de conteur, chantant pour la taquine !
Exilé mécontent, d’une tyrannie voisine !
Les dieux savent que jamais, je n’ai courbé l’échine !


 J’ai marché droit, devant les influents !
Même le jour où, devenus indécents !
Ils m’ont envoyé, contre les oppressés !
Je ne prends pas les armes, contre d’autres affamés !


La câle s’ouvrit soudainement, apportant avec elle, dans son volet d’ouverture, de la lumière qui fit sursauter Vylker. Plongé dans ce soir, ses yeux n’étaient pas habitués à cette soudaine exposition. La sortie dehors allait être difficile… Qu’est-ce que c’était que cela ? On venait le délivrer de cette soute noire pour le transférer ailleurs ? En dehors du confinement sans doute. En un sens : à son plus grand regret. Vylker était étrangement calme pour quelqu’un qui s’était fait capturer. Cela n’avait pas été très dur non plus. Un esprit étranger aurait trouvé cela louche, mais qui prêterait attention à un Hessha Pery ? Ce genre là avait la mauvaise peau et figurait parmi les plus grandes persécutions du monde. Les chances pour qu’il dissimule d’autres atouts dans sa manche étaient faibles.

 « Vous avez finalement décidé de me libérer ? J’espère que vous m’emmenez dans une somptueuse loge avec un bain, une fille de joie et du vin. C’est la moindre des choses pour m’avoir détenu dans un espace aussi crasseux. »

Le garde ne se priva pas pour lui envoyer un coup entre les côtes qui le fit légèrement se plier en deux. Il imaginait que c’était sans doute une réponse suffisante pour dire « non ». Inutile de se faire plus cibler pour l’instant. Vylker resta silencieux de ses deux têtes lors de la traversée. En chemin, il se permit de marmonner néanmoins sa chanson, alors qu’il rejoignait les autres cellules.

 « Je n’aime pas le Rocher, je n’aime pas la Lune…
Un est pour les insensés, l’autre est pour les manants…
Si j’aime ma nature, nouvelle qui vient de naître...
Je ne veux pas leurs dieux, je ne veux pas leurs maîtres…
Je ne veux pas leurs dieux, je ne veux pas leurs maîtres... »


On le conduisit dans une cellule où se trouvait déjà un individu. Les sens de Vylker s’agitèrent dans tout les sens alors que les narines de ses deux têtes se mirent à s’ouvrir et se fermer. Oh oh… Cette odeur, cette aura… Il pouvait la reconnaître entre toute… Celui-ci… C’était un Evergrim. Les deux visages de Vylker se fendirent d’une grimace… Ce… N’était pas prévu. Qu’est-ce que ces esclavagistes avaient prévus exactement ? Il pensait qu’il resterait dans le noir.

 « … Pourquoi m’amenez-vous devant un chien qui est loin de sa niche ? Je pense que vous n’avez pas vraiment idée de ce que vous faites. »
 « Je ne suis pas d’humeur à partager mon espace avec un Evergrim. »

Mais visiblement, le garde avaient d’autres plans pour lui. Quelques mouvements de bras, menaces, et une clé, et voilà que Vylker se retrouvait enchaîné par les pieds à ce qu’il considérait être ses pires ennemis dans le monde. Malgré ses protestations, il n’obtenu aucun réponse, sinon quelques moqueries et un bon courage.
Durant de longues minutes, Vylker resta contre le mur, à contempler sa malchance, et visiblement avoir une mine frustrée. Cela n’avait pas du tout été prévu dans son plan. Ces esclavagistes étaient plus tacticiens qu’il ne l’aurait pensé… Mélanger les prisonniers ainsi ? Malin. Un simple désaccord pouvait condamner toute tentative d’échappée, en plus d’être handicapés par leurs chaînes désormais liées.

Les deux têtes de Vylker observèrent cet Evergrim, renvoyant un regard globuleux, claquant des dents. L’Hessha Pery manifestait des signes d’hostilité. Le regard était fixe, les dents montrées et il semblait tendu. L’odeur qui émanait de lui était également assez puissante… et peu agréable. Elle n’était pas comme celles des autres Evershas, puissante, ici, elle paraissait juste nauséabonde. L’odeur des monstres n’étaient agréables que pour ces derniers.

 « Ton mouvement : Evergrim. Mais choisis sagement tes actions. Même votre ridicule Phoebe ne pourra pas te sortir de cette prison. Je n’attendrais pas ton accord, ni le sien pour agir. » grogna sa première tête.

Bon sang ! C’était très mauvais. Ce transfert venait de catapulter une partie du plan de Vylker à l’eau, et il se rendait compte qu’il avait des chances de rester coincer ici s’il ne trouvait pas très vite une solution. L’Hessha Pery blasphémait ouvertement en invoquant ainsi le nom de Phoebe, mais il s’en fichait un peu. S’il pouvait blesser la fierté, les sentiments, quoique soit chez les Evergrims, cela l’arrangeait.

 « Ça fait longtemps que je n’ai pas eu d’Evergrim à mon dîner… Le dernier avait supplié qu’on le relâche, disait que ce n’était pas de sa faute, qu’il nous donnerait ce qu’on voudrait. Délicieuse supplique achevée dans l'appétit pour ses os croquants et sa chair ferme. Votre âge de supériorité et de génocide touche à sa fin ! Lorsque les hardes monstrueuses rugiront d’une même voix, il n’y aura pas de pitié pour le courroux qu’Amilakhash nous apporteras. Ironique cependant ! On dirait bien que mêmes les geôliers deviennent les prisonniers… Nous verrons ce que vous pensez des conditions que les vôtres apportent sur les miens depuis trop longtemps… » continua la seconde.

Ce n’était pas comme si les comportements cannibales lui était étranger, dans tout les cas. Surtout pas depuis qu’il s’était converti au léviathan et que les voyages en mer s’avéraient… Plus longs que ceux effectués lorsqu’il n’était qu’a la tête de sa bande de maraudeur. Bien entendu : Peut-être que cet Evergrim n’avait aucune idée de ce dont il parlait. Les traites des monstres comme celle où il eut été capturé étaient de connaissance publique ? Il ne savait pas vraiment. L’amertume et la colère de Vylker étaient de toute manière trop grande pour se soucier de ce genre de détail. Tout les Evergrims étaient de mèche.

Restait le souci : Comment sortir d’ici, et comment empêchez cet animal échappé du zoo de lui mettre des bâtons dans les roues… En dépit de ses menaces et paroles, l’Hessah Pery était soucieux.  Ses yeux analysaient son environnement, à la recherche du moindre élément qui pourrait le sortir d’ici… Ils étaient dans le mauvais compartiment. Vraiment.

S’ils restaient ici, ils seraient morts bien plus rapidement que prévu.

 « On doit filer d’ici. Et vite. Je le ferais avec ou sans ton autorisation, ver. »

Peut-être qu'un peu d’élasticité allait être nécessaire...


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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Dim 31 Mai 2020, 04:51





Ils furent trois à guider Dhavala vers le navire des esclavagistes. L’Evergrim fut forcé de marché nu, à la vue de tous, vers sa nouvelle prison. Le jeune homme n’en était pas à sa première capture, alors il fut beaucoup plus calme que ces gardiens. Ceux-ci n’avaient pas totalement été convaincus par leur capitaine. De nombreuses histoires se racontaient sur les Béluas et leur morsure, et ces hommes de la mer superstitieux avaient écouté plus que leur part de ces rumeurs.

Les esclavagistes n’avaient pas tout à fait tort d’être nerveux. Leur prisonnier les dominait en taille d’une bonne tête et en poids d’une trentaine de kilos. Si ce n’était de leurs armes et de leurs compagnons non loin, Dhavala aurait profité de l’avantage qu’il avait sur ses gardiens. Le chasseur était toutefois réaliste. Seul le pouvoir que lui conférait la pleine lune aurait pu lui permettre de se sortir de ce mauvais pas. Or, ladite lune avait été pleine la semaine dernière. L’Evergrim monta donc à bord du navire au pavillon noir sans la moindre résistance, au plus grand bonheur des hommes qui le surveillaient.

S’il acceptait sa présente défaite, Dhavala n’avait pas l’intention de se soumettre plus longtemps que nécessaire. L’Eversha n’avait aucune intention d’être vendu, encore moins d’atteindre la destination qu’avait prévue le capitaine Rackham le Rouge. Le changeur de forme avait un plan. Aussi peu créatif soit-il, c’était un plan qui lui avait maintes fois sauvé la vie. Dhavala allait gagner du temps, jusqu’à la prochaine nuit de pleine lune. L’Evergrim était curieux de savoir ce que son Totem dans sa forme gigantesque pouvait infliger à un navire.

Cela dit, Dhavala n’avait pas l’intention de répéter l’erreur de sa précédente capture. Si passé la nuit de la prochaine pleine lune, il n’avait pas retrouvé sa liberté, alors il ferait usage du pouvoir des portes. Ce serait alors une mesure désespérée, puisque ces téléportations incontrôlées avaient tendance à projeter le jeune homme dans des situations encore plus périlleuses que celles qu’il souhaitait échapper.

***

Lorsqu’il comprit qu’il allait être lié à un Hesshas Pery, Dhavala émit un sifflement de colère, non sans rappeler le feulement d’un chat. Il se résigna tout de même à son sort sans résister. Il s’agissait de la clé de sa stratégie. Il voulait endormir la méfiance des gardiens à son égard. C’est pourquoi l’Eversha devait jouer le jeu du prisonnier soumis. Il n’était pas plus satisfait de son sort que le monstre, mais il n’avait pas le choix de démontrer sa bonne foi.

Fait qui surprendra probablement le Hesshas Pery, son odeur n’avait aucun effet visible sur l’Evergrim. Il puait, aucun doute là-dessus, mais après avoir passé un mois à la merci de cette vilaine odeur, Dhavala avait fini par s’y habituer. Si le monstre s’avérait être une menace, il allait vite comprendre que son odeur corporelle ne serait pas assez forte pour le protéger.

Un double moulin à parole, le monstre à deux têtes parla longuement dans le but d’intimider l’Evergrim. La réplique que le Hesshas reçut fut prononcée dans un Grimwyn très rural, formulé avec une intonation visiblement colérique.
« મને પ્રકૃતિની દેવી અને ચંદ્રની નિતંબ વચ્ચેની છિદ્ર મળી.  »

Il s’agissait là du parler propre aux régions éloignées du Rocher au Clair de Lune. Ce parler se distinguait du Grimwyn de Dhitys par son absence d’enjolivure des phrases. Un érudit du Grimwyn reconnaîtrait là un juron dont la traduction littéraire se veut : je me suis retrouvé dans l’orifice se situant entre les fesses de la déesse de la nature et de la lune.

Le Hesshas Pery n’obtint rien d’autre de son nouveau partenaire de cellule. Cela dit, l’Evergrim nu observait intensément le corps de son compagnon. Le monstre disposait visiblement d’un dédoublement de la plupart de ses organes vitaux. Il y avait deux paires de bras et deux têtes fonctionnelles. Selon toute vraisemblance, ce monstre-là n’avait aucun appendice superflu.

Sans détourner le regard des yeux du monstre, les quatre dans la mesure du possible, l’Evergrim se leva afin de démontrer à son partenaire qu’il n’était pas à prendre à la légère. L’Eversha faisait deux mètres de haut et pesait dans les 120 kilos, et ce dans sa forme humaine. Certes, il y avait une certaine corpulence dans le corps de l’Evergrim pour atteindre ce poids, mais la musculature comptait pour le gros de cette masse.
« Tu parles beaucoup pour un lézard.  »

D’un geste brusque, Dhavala plaqua lourdement ses deux mains contre les épaules du Hesshas, du moins, celles lui faisant face, adoptant une posture de lutteur. L’Evergrim n’hésita pas à approcher son visage de son compagnon de cellule. Il inspira longuement, avec d’expirer son haleine au visage de la grenouille à deux têtes. Malheureusement, Dhavala soignait son hygiène, ce qui incluait brosser ses dents. Ainsi, son haleine était bien moins odorante que celle du Bélua devant lui.
« Tu veux me manger ? Alors, mérite ton dîner. Le vainqueur dévorera l’autre. »

L’Evergrim passa sa langue sur ses lèvres. Par chance pour le monstre, Dhavala n’était pas affamé. Cela dit, le dernier repas du chasseur remontait à la veille, alors son estomac ne lui refuserait pas une portion de viande fraiche. Avant d’avoir eu le temps de mettre à exécution sa menace, toutefois, Dhavala repoussa promptement le monstre et retourna s’asseoir dans son coin de la cellule. C’est peu après, qu’un des membres de l’équipage vint s’assurer de la coexistence des deux Béluas. Il répartit peu de temps après, déçu qu’il ne semble rien se passer.
« Dans dix-neuf jours, ce sera la pleine lune. Si je peux voir la lune, je peux m’enfuir. Toi, tu vas m’aider, ou tu vas finir dans mon estomac, ton choix. »

Prenant de profondes inspirations pour retrouver son calme, Dhavala chercha à réfléchir. Il était dans une cellule. D’un côté, il y avait le bois du navire et de l’autre, des barreaux en métal. Il fallait une clé pour ouvrir la porte. Ladite clé était hors de portée, entre les mains du geôlier. La cellule se trouvait dans un espace assez sombre, avec d’autres cages du genre. Tous les prisonniers qui s’y trouvaient étaient liés à un autre. Le chasseur fut extirpé de ses pensées par son estomac qui gargouilla de déception, maintenant qu’il comprenait qu’il n’aurait pas à manger. Dhavala regarda à nouveau le Hesshas Pery, cherchant à déterminer s’il devait travailler ou non avec lui.
« Je suis Dhavala Himsaru. Aux dernières nouvelles, le navire à quitter son port, un petit village au sud de Melohorë, il y a trois heures. Il irait en direction de Nementa Corum. J’ai compté une trentaine d’hommes à l’équipage de Rackham le Rouge. »

Voilà, l’Evergrim avait fait de se mieux pour démontrer sa bonne volonté. Si ça ne suffisait pas, ils pouvaient aussi bien reprendre la lutte pour savoir qui mangera l’autre.

***

Le plan de l’Evergrim était naïvement simple. Il avait pour objectif de tout faire pour rester dans les bonnes grâces du capitaine afin de ne pas être envoyé en confinement. Ainsi, Dhavala espérait pouvoir contempler la lune le soir où elle serait pleine. Cela dit, l’Eversha n’expliqua en rien à son compagnon pourquoi la lueur de la pleine lune lui était si importante. Il garda son silence son Totem du tigre et le gigantisme que la lune lui conférait lorsqu’elle était pleine.

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Dim 07 Juin 2020, 00:21



Splendide. Encore une énième brute sans cervelle. Comme quoi, les Evergrims se ressemblaient un peu tous. Dans d’autres situations, Vylker lui aurait probablement craché au visage, mais comme il était lié à ce dernier… Ce n’était pas le moment de condamner sa propre sortie en créant plus de conflits que nécessaires. Il repoussa l’Evergrim qui venait oser de le toucher. Si seulement il avait eut la peau vénéneuse…

 « Tu es aussi idiot que tu en as l’air ! Pas que j’attendais autre chose que de la brutalité sans réflexion de la part d’un Evergrim ! Si tu me tues, tu es aussi bien à être transformé en pâtée pour chien. Je suis ta clé de sortie, car cet endroit va être transformé en poussière d’ici peu. Si je meurs, tu ne sortiras jamais de cet endroit vivant. »

Avant même qu’il n’ait eu le temps de prononcer plus de mots, quelque part, au loin, une corne résonna. Vrombissante dans l’air marin. Elle ne paraissait pas si loin cela dit. Juste assez proche pour qu’elle fasse sursauter l’ensemble du navire au lieu d’attirer la curiosité d’un lointain son cryptique. Vylker grommela et s’immobilisa net. Oh oh. Ce n’était pas bon. Pas bon du tout.
Au-dessus d’eux, quelque part sur le pont, un cri retentit. Ce n’était pas un cri d’horreur, de douleur, ou de guerre, mais un cri d’alarme. Probablement la vigie qui venait d’apercevoir quelque chose. Un vacarme se déclencha, les hommes qui couraient, fourmillaient les armes et se préparaient à quelque chose. Quoiqu’il se passe là-haut, une chose était sûre : La sécurité même du navire semblait compromise.

 « … Cela a commencé. Nous avons quelques minutes pour agir. Et sortir de cette zone. Je ne compte pas mourir ici, même si ma présence en cet étage était… Imprévue et impromptue, pour faire dans l’euphémisme. » gargouilla la seconde tête de Vylker.

Une grande dénotation se fit entendre, et le navire se mit à tanguer soudainement, projetant les objets non cloués dans les airs, renversants les marins et déstabilisant les prisonniers. Vylker se retenti contre un mur pour éviter de chuter. Il connaissait ces tactiques. Oh que oui. Et pour peu : Il en faisait généralement partie la plupart du temps. Ce qui allait suivre allait être une série d’attaques massives qui ne laisserait aucun répit. Le but n’était pas d’agir avec parcimonie, tactique ou sans dommages. Ce n’était pas un abordage classique, car le navire en lui même n’avait que peu de valeurs aux yeux des attaquants. Non, l’objectif était de pulvériser la moindre volonté de combattre de l’opposant, de façon à sécuriser une victoire rapide, facile, avec le plus faible nombre de combats possibles. Vylker tendit l’oreille… Un bruit plus sombre, plus grave qui approchait… Il pouvait reconnaître se bruit parmi tous… Il pivota doucement vers son compagnon de cellule… Hésita un moment, et finit par s’écrier.

 « AU SOL ! »

Se mettant sans hésiter à plat ventre, et dans un grand fracas, le bois des flancs du navire se déchira, provoquant une tempête d’éclats et de copeaux qui vinrent déchiqueter le plus malheureux pour se trouver sur les extrémités. Le navire s’inclina presque sur le côté, alors qu’une tête de dragon venait de traverser le flanc, sa tête dorée dévorant la passerelle inférieure… Mais cette tête de dragon, fixée dans une grimace immobile, n’était pas faite de chair. Mais bel et bien d’un alliage cuivré solide. Ce n’était pas un vrai dragon. C’était une figure de proue qui faisait aussi office de bélier. Dans sa gueule ouverte, un tube de métal qui émettait une odeur âcre…
Le dragon se retira doucement, laissant un trou béant dans le flanc du navire, permettant d’apercevoir l’océan et la silhouette pivotante d’une embarcation ovale aux allures peu communes, les piques de sa carapace menaçants.

Le Jin-Geobukseon.


Ayant esquivé les éclats de bois et se relevant en dépit de la poussière, Vylker se jeta vers la porte de leur cage. Elle était toujours bloquée, mais l’un des geôliers ayant échappé au courroux de l’éperonnage de mi-section était proche, se relevant. L’Hessha Pery n’hésita pas plus que nécessaires. Il tendit les bras et parvint à les glisser à travers les barreaux, avant de les étirer sur une distance assez longue pour attraper le geôlier et le tirer vers la cage, enroulant ses bras autours de sa gorge et tentant de le neutraliser. Vylker grogna en tirant : Le geôlier était costaud, contrairement au capitaine monstrueux qui était construit finement et misait souvent plus sur son agilité, sa magie et sa bande que sa force physique… Même s’il avait ainsi immobilisé le gardien contre la cage, tentant de l’étranger comme il pouvait, il savait qu’il ne pourrait le retenir ainsi éternellement ou le neutraliser… Luttant comme il pouvait, tirant comme il pouvait, les bras étendus et étirés de manière non naturelle, enroulés autour du cou du gardien, Vylker s’écria.

 « Par toutes les mers… Je ne vais pas pouvoir le tenir comme ça éternellement ! Il a les clés ! Fait quelque chose ! » grogna-t-il en luttant.

C’était sa force contre celle du gardien, qui, hélas, était mieux bâtit et plus brut que sa personne. En espérant que l'Evergrim l'aide à soit voler les clés, soit assommer ou étrangler cet esclavagiste...


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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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Typhon Gargantua
Lun 08 Juin 2020, 02:01





Ce monstre était bien accusateur pour un prisonnier d’esclavagistes. Outre les insultes, c’est l’annonce prophétique de l’attaque du navire qui intrigua Dhavala. Visiblement, ce Hesshas Pery s’attendait à ce qu’on vienne pour lui. L’Evergrim n’était d’ailleurs pas certain de s’il préférait encore tenter sa chance avec les esclavagistes, ou encore les alliés du monstre. Les Béluas avaient une tendance naturelle à se tenir en meute, qu’ils soient de sang pur ou monstrueux.

Pris dans le feu croisé de deux groupes hostiles, Dhavala n’avait plus aucune intention de jouer au félin soumis. Il ignora donc le monstre à écailles pour se concentrer sur sa propre condition. Se concentrant sur son environnement, l’Eversha alla s’asseoir au fond de sa cage, ignorant du coup d’avertissement du Hesshas Pery. Dhavala savait qu’il serait en sécurité à cet endroit précis. Du moins, c’était là où le jeune homme pressentait recevoir le moindre mal.

Le choc violent des navires se percutant l’un l’autre sonna Dhavala, qui mit un certain temps avant de réagir. Le monstre n’y porta aucune attention, jusqu’à ce que sa propre faiblesse devienne apparente. Il peinait à maîtriser le geôlier qu’il agrippait dans l’espoir de lui ravir ses clés. N’ayant pas encore retrouvé toutes ses facultés, l’Evergrim ne put qu’observer, non sans afficher un sourire. Dhavala ne manqua pas de narguer son compagnon de cellule dès qu’il eut retrouver l’usage de la parole.

« D’abord, tu menaces de me dévorer. Ensuite, tu affirmes pouvoir te débrouiller avec ou sans mon accord. Puis, tu prétends que j’ai besoin de toi pour survivre. Et maintenant, c’est à moi que tu demandes de l’aide ? »

Même si le monstre devait implorer Dhavala, l’Evergrim ne pouvait rien faire pour aider le Hesshas Pery dans sa tentative d’évasion. Des bras fins étaient nécessaires pour passer entre les barreaux de la cage. C’était bien la raison de cet espacement. Si on pouvait aussi facilement sortir les bras pour agripper et étrangler son geôlier, à quoi bon enfermer les prisonniers dans une cage ?

L’Evergrim était plus grand et plus costaud que le monstre. C’était lui que la cage devait retenir et elle répondait à cette exigence. Pendant que la lutte se poursuivait entre prisonnier et gardien, Dhavala retrouvait peu à peu ses facultés. Du sang s’écoulait de plusieurs blessures. Nu, le corps du jeune homme n’avait pas la chance d’avoir les écailles protectrices du monstre. Plusieurs copeaux de bois s’étaient profondément enfoncés dans sa chair et maintenant que l’Evergrim retrouvait ses sensations, la douleur l’envahit telle une vague.

Régularisant sa respiration, Dhavala détourna son attention de la prise faiblissante du monstre pour se concentrer sur la cage. Le métal avait été déformé par le précédent impact. Un des deux gonds, en particulier, avait subi un bris conséquent. Au vu des dégâts, même Dhavala imaginait mal le navire esclavagiste tenir à flot. Il allait vraisemblablement couler, alors maintenant semblait un moment adéquat pour fuir. Sur ce point, l’Evergrim et le Hesshas Pery s’entendaient.

« Argh… Tu as un nom, monstre ? Ugh… Tu vas me devoir un festin quand je t’aurai sauvé des esclavagistes. Pour la peine… Ouf… Je veux cinq kilos de viande… Minimum… »

Pendant qu’il parlait, l’Evergrim avait exercé une pression autour de ses blessures afin d’y faire couler le sang sans retirer les morceaux de bois qui le transperçaient. Le jeune homme s’en couvrit les mains afin d’étendre ce liquide rouge contre ses chevilles et ses pieds, autour des menottes de pied qui le liait à son compagnon de cellule. De deux gestes vifs et assurés, l’Eversha se libéra un pied, puis l’autre, comme s’il était insensible à la douleur de telles gestes. En fait, c’était le cas. Dhavala avait procédé magiquement à l‘anesthésie de ses propres pieds.

Lorsque l’engourdissement cessa, le jeune homme ne put s’empêcher une plainte de douleur. S’il n’y avait pas d’os fracturé, ça ne signifiait pas qu’il y avait tout plein de muscles, de ligaments et divers autres éléments qui échappaient à la compréhension de l’Evergrim, qui avaient été malmené, voire déchiré. Cela dit, maintenant, il était libre.

***

Le monstre fut pris de court par une vague de léthargie soudaine, comme si on avait aspiré une partie de sa force vitale. Il perdit alors sa prise contre le geôlier, qui s’éloigna promptement de la cage afin de reprendre son souffle. Le regard du Hesshas Pery trahissait sa frustration, alors que la liberté semblait lui échapper. S’il n’était plus attaché à l’Evergrim, ses jambes étaient toujours entravées par des menottes de pied et une personne saine d’esprit n’endommageait pas ses facultés motrices avant une tentative d’évasion.

Le monstre n’eut pas le temps de défouler sa frustration sur son compagnon de cage que celui-ci avait pris sa forme animale, celle d’un immense tigre. Quelques secondes avaient suffi à Dhavala pour passer de sa forme humaine à sa forme animale, preuve qu’il était beaucoup plus dangereux qu’il n’y paraissait. Le rugissement de la bête de 360 kilos stupéfia le monstre et le geôlier, tout juste à côté du grand félin.

La cage était certes solide, mais elle n’avait pas été conçue pour résister aux assauts répétés d’un grand prédateur. Avec un gond en mauvais état, le deuxième n’avait aucune chance et céda rapidement. Si le gardien avait espéré que les pattes arrière de la bête soient endommagées, ce n’était plus le cas. En absorbant l’énergie vitale de l’Hesshas Pery, Dhavala avait régénéré une partie de ses blessures et la tolérance à la douleur du prédateur qu’il avait pris forme s’occupait du reste.

Sitôt sorti, l’Evergrim se rua contre le geôlier, qu’il mordit à la gorge. Alors qu’il déchiquetait sauvagement son adversaire, Dhavala absorbait l’énergie vitale qui s’échappait du malheureux pour achever de régénérer ses blessures. Couvert de sang, la bête se tourna vers le monstre, qui avait retrouvé ses pleines capacités. Le massif animal grogna, avant de faire un signe de tête, incitant le monstre à le suivre.

***

Dans le chaos et la confusion du combat naval, les esclavagistes n’étaient pas en mesure de combattre à la fois le navire ennemi et l’Evergrim qui se frayait un chemin sanglant d’un pont à l’autre. Non content d’avoir la forme d’un tigre, l’Evergrim disposait des mêmes capacités magiques dans la forme de son Totem que dans sa forme humaine. Si les esclavagistes avaient réussi à capturer Dhavala, c’était parce qu’ils l’avaient pris au dépourvu. Maintenant que les rôles étaient inversés, l’Eversha n’en épargna aucun.

Se retournant de temps à autre pour s’assurer que le Hesshas Pery suivait toujours, l’Evergrim finit par manquer d’adversaire. Le capitaine Rackham le Rouge n’était toujours nulle part en vue. Bien qu’il aurait voulu planter ses crocs dans la gorge du chef des esclavagistes, Dhavala ne tenait pas à rester plus longtemps que nécessaire sur un bateau qui allait couler. Peu importe le désagrément, l’Evergrim avait la ferme intention que les fesses du monstre atteignent le bateau avec une tête de dragon. Or, bien qu’ils fussent très près l’un de l’autre, plusieurs mètres séparaient les deux navires. C’était un saut à la portée d’un tigre, mais pas pour un prisonnier aux pieds liés.

Observant le corps du Hesshas Pery, l’Eversha se demanda si nager était dans les capacités d’un tel monstre. Ne souhaitant pas particulièrement le découvrir, Dhavala voulut choisir l’option la plus expéditive pour faire passer le monstre à deux têtes d’un navire à l’autre. C'est en jetant un deuxième coup d’œil sur la destination, toutefois, que l'Evergrim découvrit qu'il n'y avait pas de pont accessible sur l'embarcation attaquante. Elle avait plutôt un toit couvert de pointes. Ce n'était probablement pas par là qu'il fallait passer.

Après quelques secondes à chercher l'accès à l'embarcation, le tigre se résigna et se tourna vers le monstre, s'imaginant dès lors un air de supériorité. Dhavala se préparait donc à recevoir les railleries de son compagnon, mais il laissa paraitre dans son regard féral un petit : « si tu exagères, je te balance quand même par-dessus bord. »

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Dim 14 Juin 2020, 20:43




« Quel est le problème ? Jamais vu de navire comme ça avant ? Réfléchis un peu, et peut-être que tu arriveras à trouver le fonctionnement. Non pas que j’ai un énorme espoir sur les capacités intellectuelles de ton espèce, comme les actes le prouvent. Les Evergrims ne sont pas réputés pour leurs grandes facultés prévisionnelles ou génie tactique. Parfois se jeter stupidement dans le tas ne résout rien, chien de cale : Et dans les faits, on est toujours .»

Pas besoin de savoir exactement ce qui s’était passé pour savoir que cet Evergrim avait sa part de responsabilité là-dedans, et cela ne plaisait pas à Vylker. Cela faisait un peu trop d’agressions en peu de temps à son goût. D’autant plus qu’ils étaient encore loin d’être tirés d’affaire. Le mode d’attaque du Jin-Geobukseon était bien contenu du capitaine, puisque c’était lui qui l’avait inventé, et il savait pertinemment que ce n’était que le premier assaut. Le second allait être nettement plus dévastateur. La première agression servait à nettoyer le gros de l’opposition et à déclencher l’état d’alerte et de confusion. La seconde serait l’abordage direct après quelques coups de semonces.

Vylker s’empressa de ramper afin de fouiller le corps du geôlier… Il en tira un trousseau sur lequel il se précipita à essayer les différentes clés pour tenter de retirer les menottes de ses pieds. Au moins, la situation avait tournée assez pour qu’il puisse se libérer, en dépit d’avoir été drainé… Restait maintenant à trouver un moyen de signaler leur présence au reste du navire… L’équipage navire restant allait sans doute débouler dans les environs d’ici peu…

Une nouvelle secousse frappa le navire qui tangua. La détonation semblait venir cette fois-ci d’en dessous de la section intermédiaire. Vylker savait exactement ce dont il s’agissait. L’équipage du Jin-Geobukseon venait d’utiliser le canon avant, situé au niveau de la poterne d’accès, de façon à faire un trou dans la soute. Se penchant par le trou construit par l’éperonnage précédent, l’Hessha Pery tira compte de la situation. Le Jin-Geobukseon était moins haut que le navire esclavagiste, et il observait que le ponton escamotable de la poterne avant avait été déployé, ainsi que des grappins pour stabiliser le passage. Des silhouettes passaient sur ce dernier, traversant la brèche d’abordage.

« Ils ont fait une brèche d’abordage dans la soute. Aucun navire ne s’attend à être abordé par en dessous. Ce qui veut dire qu’avec le bruit que cela a fait, cependant... »

Avant qu’il n’ai le temps de finir sa phrase, la trappe d’accès au pont s’ouvrit, dévoilant la silhouette d’un homme en arme qui venait sans doute vérifier ce qui se passait en bas, ainsi que l’origine de la détonation. Apercevant les deux, il brandit son sabre et sauta le premier dans la section intermédiaire.

« Les prisonniers se sont évadés ! Aux armes ! Aux armes ! »

Dans la soute, des bruits de combats se faisaient entendre. Les monstres avaient pris par surprise les moussaillons en bas qui n’avaient pas encore eu le temps de s’armer proprement.  Mais face à Vylker et Dhavala, voilà une demi-douzaine d’hommes armés qui dévalaient le pont, et d’autres arrivaient encore. Sans doute avaient t’ils compris la tactique et se dépêchaient de rejoindre la soute afin de participer à la défense du navire. Problème : Les deux prisonniers étaient sur leur chemin.

« … Et c’est exactement pour cela que j’ai dit qu’il ne fallait pas rester à ce niveau ! »

Une porte se fracassa et se brisa derrière eux, que Vylker eut tout le loisir d’observer depuis sa deuxième tête dans son dos. Les silhouettes décharnées et grossières des monstres arrivaient, se pressant à remonter le navire. Cette fois, c’était officiel : ils étaient totalement pris entre deux feux, et la bataille se déroulerait dans la section intermédiaire du navire. D’un côté, les défenseurs du navire qui affluaient depuis le pont, de l’autre, les Hesshas Pery qui eurent infiltrés le navire depuis la soute. La pénombre et la confusion rendait difficile l’identification des cibles. Se faire prendre au milieu d’une charge de bataille était la pire position qu’ils puissent avoir… En quête d’une solution, Vylker plissa les yeux un instant, prit une grande respiration, et se mit à chantonner aussi fort que possible…

« Qui de moi ou des marins, peut dire connaître la mer ?
Sa fraîcheur, ou sa couleur, dans la houle ou dans le calme !
Combien à t’elle prit de frères ? Dans la tempête ou la guerre ?
Dans la peine, et sans temps mort, l’heure de mettre en panne ! »


Cela sembla attirer l’attention de quelques-unes des créatures situées dans le fond du navire, interrompant leur avancée féroce. La créature de tête était la plus large de toute. Une sorte  d’hybride entre le serpent et l’homme, des tentacules lui servant de chevelure. Sa masse imposante lui permettait de porter ce qui ressemblait à une large hache d’abordage. Pas de doute à avoir, c’était Tarkan, le second du Jin-Geobukseon et l’un des plus fidèles du capitaine Vylker.

[Q] – Sous le pavillon noir Captur10

« Capitaine ?! » grogna t-il, jouant de sa hache.
« C’est moi ! Inutile de poser la question de ma présence sur ce pont : le plan ne s’est pas passé comme prévu ! »

Il pointa du bout de sa hache l’Evegrim tigre.

« Qui est- »
« Je répondrais à cela plus tard : Mais celui-là, il reste envie ! »

Tarkan grogna de curiosité et d’étonnement, mais ne mit pas plus en doute la parole de Vylker que cela. Il saisit bien sa hache dans ses mains, et dans un large mouvement de queue qui le propulsa en avant, se jeta vers son capitaine pour l’attraper et le projeter en arrière, vers le reste de son équipage.

« Derrière moi ! CHARGEZ ! »



---



On aligna les différents prisonniers sur le pont principal du navire esclavagiste en berne et aux voilures déchirées, le second Tarkan passant en revue les pertes de l’équipage. Dhavala eut le droit à un traitement un peu plus privilégié. À défaut de l’attacher, on l’incita à se tenir tranquille dans un coin du pont sous les armes dégainées et du nombre écrasant. En dépit de la grande animosité qui pouvait régner, le Capitaine Vylker avait ordonné à ce qu’il reste en vie. Ce dernier réapparu finalement après s’être absenté durant de longues minutes. Dans un meilleur état que précédemment. Il avait été en mesure de renfiler son armure et de reprendre ses armes qui pendaient à ses cuisses. Une allure un peu plus digne que celle qu’il avait dans ses guenilles de prison.

 « Par toutes les mers, je me sens mieux ainsi. Beau travail avec le trempage et le nettoyage, Zun. » dit-il de sa première tête en ajustant le gorgerin.
 « Second Tarkan ? Pouvez-vous me passer en revue les pertes du jour ? Le plan ne s’étant pas passé comme prévu, je crains que nous ayons plus de réparations à faire que d’habitude. »

Le second pivota pour regarder des corps qu’on avait empilé sur un côté du pont, sous des draps afin d’empêcher la vue et surtout les mouches d’envahir les lieux.

 « Environs treize, Capitaine. Sept matelots, trois gabiers et trois servants de pièce d’artillerie. »

Vylker grommela un peu en croisant ses quatre bras et tapotant ses coudes. Les sept matelots et les servants seraient faciles à remplacer, mais les gabiers ? C’était problématique. Il fallait du temps pour les former et tout le monde ne pouvait pas être un bon gabier. Le capitaine Hessha s’essuya les fronts avant de s’avancer devant la ligne des prisonniers. Malgré tout cela : Il avait orchestré ce plan pour un but précis, et hélas, avec les troubles, il n’avait pas été en mesure de chercher la carte dont il avait fait sa quête.

 « Bien, bien, bien… Mmh. Vous devez vous demander pour nos chères personnes ont portée atteinte à vos affaires aujourd’hui. J’imagine qu’il est l’heure pour une petite séance d’histoire s’impose non ? »

Vylker tira un tabouret sur lequel il s’installa en se frottant les mains, tournant sa langue dans sa bouche et inspectant les rangs des captifs.

 « Imaginez ! Vous êtes Orobas le Grand. Vous êtes un puissant marchand qui a forgé sa fortune sur le commerce d’épices et la contrebande. Vous êtes au sommet de votre puissance, mais vous êtes également très paranoïaque parce que vous avez de nombreux ennemis. De très nombreux ennemis…. Alors, dans votre grande folie, vous décidez de stocker votre richesse sur une île perdue au milieu des flots, afin de faire des réserves lorsque vous prendre votre retraite dorée loin de ces horizons. Alors qu’est-ce que vous faites ? Parce que vous êtes vieux et que vous perdez un peu la boule ? Vous écrivez cela sur une carte. » marmonna sa seconde tête.

Comme ci cela se suffisait à lui même, Vylker observa un moment de silence. Silence partagé par les captifs. Après quelques longues secondes, le Capitaine tapota doucement du pied avant d’afficher un sourire et de rouler des yeux.

 « Je pense que j’ai dû mal me faire comprendre. Alors je vais employer un discours un peu plus direct pour que les incrédules puissent saisir le sens de mes propos. La carte. Je sais que vous l’avez. Et vous allez me dire où elle est cachée. »

Encore un énième silence. Vylker soupira et se leva de son tabouret avant de se pencher par dessus bord et de regarder l’eau environnante. Cela était sacrément profond… Il haussa les épaules avant d’agiter les bras en direction des prisonniers.

 « Je vois. Et bien que voulez-vous que je vous dise ? Les poissons doivent manger aussi comme tout le monde. »
 « Comme le dit si bien mon autre tête, il apparaît que nous sommes dans une impasse… Une contribution à l’océan est sans doute nécessaire. Matelots ? Vous savez ce que vous avez à faire. »

Dès que les mots résonnèrent, les membres de l’équipage Hessha se mit en bataille et commencèrent à accrocher et lester les différents prisonniers attachés de charges et de chaînes. Les charges pouvaient être des barils, des boulets, tout ce qui pouvait être assez lourd pour entraîner quelqu’un vers le fond. En dépit des plaintes des captifs. On positionna le premier des prisonniers sur le rebord.

 « Toujours rien à dire ? Dernière chance... »
 « Arrêtez ! Arrêtez ! Je vais vous le dire ! Mais retirez ces chaînes ! »

Ah ! Les langues se délient ? Vylker fit signe aux autres d’arrêter de positionner les prisonniers sur les rebords du pont. Il approcha du captif qui voulait parler, un jeune homme blondinet qui suait et qui cherchait à retirer ses liens. Fascinant : Ce qui vivait aimait bien cette condition et cherchait à la prolonger.

 « Une sage décision, mon ami. Alors… Peux-tu me dire des choses sur les mésaventures d’Orobas le Grand ? Peut-être même pourrais-tu compléter le cours d’histoire... »
 « La carte est cachée dans le mat principal. À sa base, il y a un compartiment caché. »

Vylker fit un signe de tête, incitant l’un des matelots à vérifier les dires. Après quelques petites minutes à fouiller le mat de la grande voile sous les instructions du prisonnier, il finit par en extirper une petite boîte qu’il se pressa de remettre au capitaine. Ce dernier sourit et s’empressa d’ouvrir la boîte… Seulement pour faire une grimace, froncer les sourcils et déplier la fameuse carte en question.

 « Qu’est ce qui se passe ? Laisse-moi voir ! » se plaignit sa tête dorsale.
 « Regarde par toi même. » répondit l’autre en tendant le bras de façon à permettre à son autre tête d’observer la carte.

Cette dernière affichait des marques sombres, des déchirures et semblait dans sa grande partie presque illisible. Quelqu’un avait tenté de la brûler, rendant impossible de déchiffrer l’intégralité des informations.

 « … J’ai… J’ai tenté de la brûler lors de l’attaque. Le capitaine a donné pour ordre de- »
 « AH ! NON ! NON ! NON ! Non et non ! Tu viens de ruiner ta chance mon pauvre ami ! J’avais demandé quelque chose de relativement simple, et même cela, cette petite chose, tu n’es pas capable de me la fournir ! Trop occupé à jouer un jeu sans doute ? Très bien. Moi aussi je vais jouer. »
 « Je vous ai dit ce que vous vouliez savoir ! »
 « Et le marché était simple. Tout cela me fatigue. »
Il s’éloigna sur le pont principal et sembla se diriger vers la cale intérieure, sans doute pour retourner sur le Jin-Geobukseon, jettant la carte en arrière.

 « Cette carte est inutile. Amusez-vous avec les prisonniers, peu m’en importe. »


2066 mots.
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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Ven 19 Juin 2020, 21:36





Ils étaient nombreux, trop nombreux à tenir l’imposant tigre en respect avec leurs armes. Pourquoi Dhavala s’était-il, encore, retrouvé dans cette situation ? Il a hésité. Le Hesshas Pery que l’Evergrim aida à s’évader n’avait visiblement pas l’intention de récompenser Dhavala. Ça, le changeur de forme s’y attendait. La coopération entre monstre et sang pur ne tenait qu’à un fil, celui d’être au pris avec des esclavagistes. Cette menace écartée, la coopération n’était plus de rigueur. Qui plus est, ce n’était pas tant que Dhavala aida le monstre, mais plutôt que celui-ci profita de l’évasion du sang pur.

Où est-ce que Dhavala avait hésité ? Il hésita quand l’équipage monstrueux s’empara du navire esclavagiste. Il choisit de n’en tuer aucun et se laissa acculer dans un coin. Toujours dans sa forme animale, ce n’était pas par crainte que le tigre n’avait pas repris l’offensive. Il ne s’y connaissait pas en navigation et il ignorait s’il était encore assez près de la côte pour y retourner à la nage. À défaut de cela, si Dhavala reprenait l’offensive, il serait forcé de faire usage du pouvoir des portes. À coup sûr, cette téléportation allait plonger le changeur de forme dans un péril encore plus grand, alors mieux valait éviter.

***

Le monstre à deux têtes se révéla être le capitaine du navire de monstres qui assaillit le navire esclavagiste. Il n’y avait pas à dire, Dhavala avait une malchance exceptionnelle pour retrouver le chemin du Rocher au Clair de Lune.

Attentif à la discussion en cours, Dhavala compris alors la manœuvre du capitaine monstrueux. Il s’était volontairement laissé capturer pour trouver une carte au trésor. Visiblement, le Hesshas Pery avait échoué. Le capitaine Rackham le Rouge avait eu la prévoyance d’ordonner la destruction de la carte avant de prendre la fuite à l’insu de tous durant la bataille. C’est deux émotions contradictoires qui prirent place dans la tête du changeur de forme. D’abord, le fou rire, puisque le capitaine monstrueux avait mis de côté sa fierté pour rien en somme. Ensuite, c’est la crainte qui reprit le dessus. Justement parce que l’orgueil de l’Hesshas Pery en avait pris un coup, il cessa de se préoccuper des prisonniers, ce qui incluait l’Evergrim.

Du coup, le tigre pas du tout marin revenait à la case départ. Ce n’était vraiment pas évident, finalement, de se négocier une place dans un navire pour traverser l’océan. Voyant ses options se restreindre, Dhavala repris forme humaine. Il était alors beaucoup moins imposant que dans la forme de son Totem, mais un Eversha de deux mètres et de 120 kilos, ce n’était pas non plus un adversaire à prendre à la légère. Qui plus est, il était déjà recouvert du sang de ces ennemis vaincus. Oui, la fatigue se faisait sentir. Oui, la victoire était improbable. Non, les monstres n’avaient aucune chance de maîtriser un tigre sans pertes supplémentaires.

Ayant à nouveau l’usage de la parole, le changeur de forme s’adressa directement au capitaine des monstres.

« Ton équipage a perdu 13 hommes, capitaine. Demande à tes monstres de baisser leurs armes si tu ne veux pas en perdre plus. »

Pour démontrer son point, l’Eversha déroba l’une des armes pointées en sa direction. Le geste se déroula si rapidement que même le propriétaire de l’arme ne réalisa pas sur le coup qu’il avait été désarmé. Un œil affuté pouvait y constater une utilisation des plus compétentes de la magie pour augmenter la vitesse de mouvement. Cela motiva les autres à redoubler de vigilance, et c’était là jouer le jeu du sang pur.

« Soyons réalistes. Vous êtes aussi épuisé que moi de la bataille. Phoebe m’en soit témoin, je jure de doubler vos pertes. Toi qui es si malin, capitaine, que dois-tu encore perdre pour que cette journée se termine en désastre ? »

Le grand homme nu reprit dès lors sa forme de tigre et bondit contre ses assaillants, passant sous leurs armes. Dotée d’une vitesse surnaturelle, la bête de 360 kilos n’eut aucun mal à forcer son passage, sans subir plus que quelques blessures mineures. Celles-ci se refermèrent aussitôt, au détriment de l’énergie vitale des Hesshas Pery qui eurent le malheur de porter un coup. Libre, le tigre s’élança pour bloquer le passage au capitaine en reprenant forme humaine. Ce tour de force se voulant une démonstration, Dhavala n’avait porté aucune attaque mortelle. Cela dit, plusieurs Hesshas Pery avaient le souffle coupé dû à l’impacte avec le puissant prédateur, alors que d’autres reprenaient leurs esprits après la perte de leur énergie vitale.

« Tu as de la chance, capitaine, je peux te sauver la mise au moins autant que je peux te pourrir la vie. »

Dhavala pointa la carte à moitié brûlée qui avait été jetée sur le pont du navire. L’Eversha restait alerte à son entourage. Si les Hesshas tentaient quelque chose qui lui déplaisait, l’Evergrim allait cesser d’être gentil. Ce qui était de bien avec l’armure du capitaine, c’était qu’elle était tout aussi apte à l’entraîner par le fond de la mer, que les chaines des autres prisonniers. Il suffisait donc de le pousser par-dessus bord pour le neutraliser.

« Si tu le veux ce trésor, je vais t’y guider. Pour ça, tu vas devoir me faire une place sur ton bateau. J’ai quatre exigences et elles ne sont pas négociables.

Premièrement, tu vas me dire ton nom.

Deuxièmement, je veux ma propre cabine. Pas question que je dorme avec des Hesshas. Ce n’est pas parce que je peux supporter votre puanteur que je vais m’y coller.

Troisièmement, je ne deviendrai pas ton esclave. J’accepte de mériter ma place en travaillant comme cuisinier.

Quatrièmement… Tu vois le jeune rouquin parmi les prisonniers ? C’est un Bélua. Je le veux avec moi, vivant et entier. Ce sera mon assistant.
»

L’Eversha parlait sérieusement. De fait, il n’était pas assez malin pour mentir. Cela dit, ce n’était pas la première fois que le changeur de formes devait négocier avec des forces qui le dépassait. Si le capitaine pouvait reconnaître l’opportunité, peut-être s’éviterait-il un bain de sang. Comme venait de le démontrer le sang pur, sa maîtrise de son Totem était redoutable. Ses transformations ne prenaient qu’un instant et il était tout aussi puissant avec sa magie d’une forme à l’autre. Ajouter à cela des capacités régénératives et il s’agissait d’un adversaire redoutable.

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Mar 07 Juil 2020, 19:14




Vylker commençait à avoir la nausée de ce Bélua qui se prenait croyait définitivement un peu trop au-dessus de la masse. Mais cette fois, il comptait bien être inflexible. Ce n’était pas un type dans son genre qui allait lui dicter sa loi sur l’océan. Le Capitaine Monstre roula des yeux avant d’agiter les doigts comme pour mimer quelqu’un qui mettrait des peintures de guerre.

« Et dit moi : Tout haut que tu es à te tenir devant moi, penses-tu que tes muscles vont diriger un navire ? Manipuler des longitudes et des latitudes ? Calculer un cap ? Manier les voiles et le compas ? Guider à bon port un navire ? Assurer un poids sur un équipage ? Assurer le voyage et les réserves ? Mmh ? »

Il marqua un silence en dépit de sa question réthorique.
Plus que tout, il savait pertinemment qu’il avait plus de leviers d’attaque en cette situation, maintenant qu’il était libre et que la bataille s’était terminée. L’équipage du Jin-Geobukseon était composée de presque deux cents individus. Ce n’était pas autant que les grosses embarcations de type galion, mais bien assez pour ce qu’ils en faisaient. Cela reflétait en un sens que ce Bélua n’avait visiblement pas la moindre idée de sa situation : l’espace privé n’existait pas.

« Ooooh. Je vois. Alors comprends que tu n’es pas en position de négocier. Si je dois sacrifier vingt matelots pour avoir la luxure de brandir la peau de tes fesses au-dessus de mon lit, c’est un prix que je suis prêt à payer. Tu n’as pas un mot à dire face à mon équipage et sur mon navire. Tu te plieras aux règles que je dicte. Ton échine bornée ne fera de toi qu’un naufragé au milieu des flots larges et de le mer meurtrière sans mon équipage et ma présence pour le diriger. Un peu de discipline, voilà quelque chose que j’aime inculquer aux prisonniers. Et tu en feras preuve. Tu as la chance de pouvoir m’être encore utile après tout : Et comme je suis un bon prince, je vais même accéder à une partie de tes demandes… A un certain prix... »


Il en revint finalement aux prisonniers et se mit à faire les cents pas en les observant, notant du regard le roux. Celui-ci… Celui-ci allait avoir un traitement spécial. Vylker frappa l’un des anneaux métalliques du mat brisé de son sabre, créant ainsi un tintement qui résonna sur la surface lisse des mers, attirant l’attention de l’équipage présent à bord de ce qu’il restait du navire capturé mais également du Jin-Geobukseon, certaines des écailles piquantes s’escamotant et se déplaçant pour laisser apercevoir le faciès déformé des membres d’équipages attentifs. Le capitaine avait une annonce à faire.

 « Mes hommes, des larmes sombres s’abattent sur mon âme.

Croyez-vous en ce monde merveilleux qui nous est promis ?
On devrait se réjouir, et pourtant, nous n’avons rien choisis !
Ici se dressent les portraits de ceux qui décident à notre place,
Des hallucinés bien en chair qui s’endorment dans leurs palaces !

Loin de notre réalité se pavanent ces fiers incompétents,
Qui le jour venu ose venir ici nous parler comme des enfants !
Ces ignorants qui parlent de nous comme s’ils partageaient notre pain.
Mais qui dès que l’occasion se présentent, en silence, préparent notre fin.

Mon combat en ces lieux est de fait déjà bien commencé !
Et je me plais à croire que vous autres, êtes à mes côtés !
Il viendra le temps des pluies acides et des larmes amères.
Et plus personne à leur rescousse, plus personne sinon la guerre. »

Tout en rimes et en mouvement, le Capitaine Vylker s’approcha du prisonnier Bélua, le sabre sur l’épaule et le regard planté sur lui.

« La ruine est venue de part la malédiction de ta peau.

Je suis triste et je laisse éclater le rare et curieux sanglot de ma rage.
De l’histoire de ce jour nous allons en noircir les pages et les pages.
Je ne vais pas m’apitoyer bien plus longtemps sur le destin de notre sort…
J’entends déjà dans les rangs, l’amertume des monstres qui gronde dehors…

Las de ces menaces et de ces morales destinées à nous mentir…
Qui tombent comme des lames infectes pour tenir notre avenir…
Sans doute voudrais-tu entendre un conte de joie et de bienséance…
Mais tout ce que vous avez laissé sont des terres de peine, de décadence…

Alors je crie, en silence, j’écris le récit sanglant et meurtrier de nos vies brisées.
Je déraisonne et je déraisonne face aux lignes de nos destins croisés et frappés.
La haine de mon cœur fait de la colère une brise sur ma peau, ma carapace.
Je sens que je tourne dans cet abysse noir, ne faisant qu’un avec cet espace... »


Du mouvement s’observa au niveau de l’équipage qui, d’instinct, avait bien compris les intentions de leur capitaine. Monta sur le pont un cortège de moussaillons armés de pointes de métal et de petites lames similaires à des scalpels. L’un d’entre eux avait une tête de serpent, dont la gorge sembla gonfler et gonfler, jusqu’à ce qu’il ne se penche et ne crache dans un bocal tenu par un autre un liquide noirâtre dégoulinant. On se jeta sur le Bélua roux, le plaquant au sol, arrachant ses vêtements de façon à exposer son dos, maintenant son visage contre le sol malgré ses grognements. Le capitaine Vylker reprit ses cents pas, et se mit aussitôt à dicter.

« Pour qui sonne le glas : Pour votre monde qui se meurt avec éclat,
Voici un petit poème pour vos laquais, symbole de mon reliquat.
Demain, nous avons tous rendez-vous avec notre funeste destin.
Au bord du précipice, plus d’horizons, plus de lendemains, la fin.

L’Amilakhash envoie son salut, que ces vers marquent sa volonté,
Modeste paysan, riche bourgmestre, peu importe qui tu es né,
Je fais de toi le message et le symbole de nos grandes ambitions,
Tu n’es plus un Bélua, tu es notre partition.

Ta chair n’est pas plus unique de celle d’un autre. »


Vylker lança un regard aux assistants armés de leurs lames et pointes de fer.

« Marquez. »
 « Marquez. »

Lancèrent en chœur les deux têtes de Vylker.

Et ainsi, armés de leurs outils, les mousses monstrueux se mirent au travail. Imprégnant leurs lames et leurs pointes de l’encre pestilentielle crachée par leur comparse, ils se mirent à graver dans la chair du dos du Bélua les vers cités par le capitaine Vylker, ignorant ses grognements et râles de douleur. Afin de solidifier l’encre et d’assurer la marque, l’un d’entre eux apporta finalement une torche que l’on appliqua sur les cicatrices et gravures sanglantes à vif, le liquide noire cessant de dégouliner et semblant se glisser sous l’épiderme ouvert. L’application de la torche, non contente de brûler la peau et de faire de la fumée dans un crépitement constant alors que les plaies se cautérisaient par l’occasion, tira de longues râles au prisonnier. De quoi assurer que les mots restent gravés au plus profond de sa chair. On saisit le prisonnier affalé, nu et ainsi marqué et on le bouscula en direction de l’autre Bélua.

 « Qu’il porte fièrement ces quelques vers. Ce n’est pas tous les jours que je peux me permettre ce genre de fantaisie. »



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[Q] – Sous le pavillon noir

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