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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Zeryel
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Zeryel
Lun 03 Juil 2023, 20:18

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 O8bs
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

La tête d'Ivanhoë partit sur le côté et le masque mordit cruellement sa joue en tribut pour son audace. La ligne brûlante sur sa peau ne fut rien comparativement à l'ire que la gifle fit naître en lui. Comment elle, elle osait ? Il dut s'enfoncer les ongles dans la main pour recouvrer son sang froid. À côté des multiples humiliations déjà subies, ce n'était rien mais après la déception sur l'identité de son géniteur, le moindre prétexte était le bienvenu pour laisser l'incendie qui bordait son coeur ravager tout sur son passage et l'espace d'une seconde, il se vit avec netteté cercler le royal cou et enfoncer ses pouces dans ses orbites pour les sentir éclater sous la pression et soulager l'insupportable tension pesant sur son âme. Au prix de plusieurs inspirations silencieuses, il s'obligea à user de sa tête plutôt que ses sentiments blessés. Il avait pour règle de ne jamais tuer sous le coup de l'émotion, c'était le meilleur ingrédient pour rater une recette. Ses mains se devaient de devenir aussi glacées et tranchantes que ses propres outils pour ne laisser aucune chance aux probabilités défavorables. Dans une stratégie aussi risquée, le moindre écart serait sévèrement sanctionné et il ne récolterait pas qu'une simple gifle pour ses erreurs. C'est sa tête et celle de Primaël qui rouleraient. C'était tous leurs alliés qui paieraient le prix fort, c'était ceux qu'ils voulaient venger, et ceux qu'ils voulaient protéger. Ressaisi, c'est un visage taillé dans la glace qu'il tourna vers la reine, et toutes les idioties qui dansaient sur sa langue. Elle parlait trop, comme une véritable politicienne. Il la lui couperait, pour qu'elle se taise si son fantôme devait le hanter et ne lui bourre pas le crâne de creuses sornettes.

Il resta immobile et silencieux alors qu'elle lui enlevait son mascaron. Toute trace de colère avait été gommée des traits de Wesphaline. Elle aussi savait reprendre le contrôle d'elle-même rapidement. Qu'elle partage des points communs avec un assassin ne le surprenait pas outre mesure. Ils étaient de la même famille, à la différence que leurs exécutions s'orchestraient à grande échelle, et sous le nez de milliers de citoyens, telle une lugubre représentation où le public devenait acteur malgré lui en étant désigné pour l'échafaud. Ivanhoë choisissait de monter librement sur ces planches souillées de sang afin de varier un peu les teintes du spectacle en repeignant le décor de bleu liquide. Il espérait que leurs veines seraient généreuses et abondantes car il en faudrait beaucoup pour camoufler tout ce que le peuple avait déjà versé. Aussi, il ne s'arrêterait pas à Wesphaline. Sa soeur, son époux, ses enfants, tous devaient profiter de leurs derniers moments d'existence.

Que cherchait Wesphaline à lui inspirer avec ses réponses ? Qui cherchait-elle à convaincre sinon elle-même ? En tant que juge, Ivanhoë avait déjà pris sa décision et avait endossé son habit de bourreau, et ce bien avant qu'elle ne lui peigne ce tableau de l'image qu'elle se faisait de son règne et de la femme derrière la reine. Malgré ses questions, l'assassin n'avait cure de savoir qui elle était véritablement. Il n'avait que haine et ténèbres pour la coupable allongée sur son futur tombeau. Mais comme chacun avait le droit à donner ses derniers volontés avant de mourir, il s'allongea à ses côtés en silence, la laissant s'épancher comme s'il était la clé de sa rédemption. Ne pas laisser un seul muscle trahir ce qu'il pensait de ses confidences le forçait à une concentration surhumaine. Il ne savait pas s'il devait rire ou simplement l'étrangler par moment. L'arrogance avec laquelle elle croyait véritablement comprendre son peuple l'estomaquait tant qu'il n'esquissa pas un geste quand elle l'enfourcha. Dans n'importe quelle configuration, il pouvait tuer, et celle-ci lui était même plus familière que toute autre. À de nombreuses reprises, il avait tué en plein acte charnel et les hoquets d'horreur au milieu des râles de jouissance résonnaient parfois à ses oreilles dans les rares moments où il s'autorisait à être vulnérable en abaissant ses murailles. Mais il n'avait pas prévu de devenir aussi intime avec Wesphaline. Ce n'était pas nécessaire. Elle serait somme toute assez facile à tuer, offerte comme elle était. Ses mains épousèrent la courbe de son abdomen. Son arrondi pouvait tout aussi bien être dû à ses précédentes grossesses qu'à la venue d'un nouveau rejeton royal. Qu'elle lui mentît ou non, cela ne changerait rien. Primaël n'approuverait pas de la mort d'un innocent, mais Ivanhoë persistait à penser qu'il fallait éradiquer le mal jusqu'à la racine, annihiler toutes ses branches, jusqu'au bourgeon le plus petit, pour espérer l'avènement d'un jour meilleur. Il n'y avait pas de victoire sans sacrifice. Que valaient la vie de quelques innocents maternés dans une opulence qu'ils ne méritaient pas face à la libération de tous ? Primaël n'avait pas besoin de savoir que la Reine était enceinte. Pour le reste des enfants devant succéder aux monarques, il verrait en temps voulu mais dans l'avenir qu'il envisageait, leurs corps sans vie pendaient au bout d'une corde. De Narfas devait tomber pour qu'une cité libre renaisse de ses cendres, et cela ne pouvait se faire si le sang royal perdurait et aspiraient à se venger.

« J'imagine que des félicitations sont de mise. » Ses doigts s'extirpèrent de la poigne de la Reine pour se placer en tenaille sur sa taille. « Mais ce serait de mauvais goût de ma part. » Ses abdominaux se contractèrent et d'une impulsion de ses hanches, il inversa leurs positions et profita de la confusion du mouvement pour placer une main autour de son cou et la maintenir solidement contre le matelas. Il déplaça ses deux majeurs vers deux points précis près de sa mâchoire pour paralyser ses muscles et l'empêcher de remuer sous lui. Son corps devenu aussi rigide que du bois ne fut plus vivant que par les flammes tournoyant au fond de ses pâles iris. « Malgré vos regrets et vos excuses qui arracheraient peut-être de la compassion d'un auditeur plus crédule, je vous vois telle que vous êtes vraiment. Vous êtes peut-être même pire que les autres. » Articula-t-il, glacial. Il vit la peau autour de ses doigts pâlir sous la pression exercée sur sa trachée. Son visage, à l'inverse, rougissait à mesure que l'oxygène cherchait avec désespoir un autre chemin jusqu'à ses poumons. « Vous auriez peut-être mérité un peu de pitié si vous aviez été ignorante, aveugle et heureuse dans votre existence dorée. Mais vous prétendez tout savoir de notre souffrance, de tous les abus commis. Et vous n'avez rien fait. Votre prétendue impuissance ne sauvera pas votre âme dans l'au-delà. J'espère bien que vous ne pouviez pas fermer l'oeil la nuit, vous ne méritez pas ce repos-là et s'il existe véritablement un dieu, il vous punira aussi après votre dernier souffle. Vous ne méritez même pas la douceur de la mort, mais je ne suis pas là pour vous offrir une sentence appropriée, je suis là parce que votre mort servira un objectif, quelque chose de plus grand que vous, ou que ce dieu que vous avez épousé. Heureusement pour certains d'entre nous, nous n'avons pas attendu que vous veniez nous sauver. » Il libéra une main le temps de fouiller à l'intérieur de sa toge. Il en ressortit une papillote en papier à peine plus grosse qu'une phalange. Il la déplia habilement et la plaqua sous son nez en même temps qu'il libérait sa gorge de sorte qu'elle ne puisse faire autrement que respirer la poudre ocre. « Vous avez déjà consommé des drogues ? Il en circule toujours lors de ces soirées, pour pimenter un peu les choses. Celle-ci est extrêmement concentrée. Vu votre constitution, vous n'y survivrez pas. Je l'ai moi-même mélangée avec un vomitif. Les prochaines minutes ne vont pas être agréables. Mourir étouffée dans son propre vomi n'a rien de très digne mais vous comprenez que plus votre mort sera scandaleuse, mieux cela servira mes intérêts pour la suite. » Ivanhoë baissa les yeux sur elle. « Regardez-vous, imbibée d'alcool et bientôt d'autres fluides. Dans cette situation, il est possible que votre vœu soit exaucé. La couronne voudra étouffer toute l'affaire pour que votre opprobre ne les éclabousse pas et vous tomberez dans l'anonymat. Votre nom sera oublié par vos proches, devenu trop honteux à prononcer. » Quand les premières convulsions soulevèrent le corps de la souveraine, le roux se dégagea et évalua d'un air critique son travail. Il se pencha et fit remonter sa toge pour la dénuder jusqu'au ventre. « Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous violer. Je veux juste offrir un tableau marquant à qui vous trouvera. Il faut que la rumeur circule, vous comprenez ? » L'odeur âcre de ses régurgitations pénétra ses narines alors qu'elle souillait les draps. Ses hoquets pour chercher de l'air se soldaient par des échecs qui marbraient sa peau de veines tendues à l'extrême. Quand elle ne bougea plus, le roux s'avança et vérifia son pouls. Le silence lui répondit.

Une minute plus tard, Ivanhoë quittait la chambre. Son regard tomba sur l'un des domestiques de Primaël, adossé au mur, l'air de rien. « Va au palais comme convenu, qu'ils nous débarrassent de leurs déchets. » Le garçon jeta un coup d'oeil à l'intérieur et détala. L'assassin le suivit, à peine plus lentement. Il était impatient de retrouver Primaël pour lui annoncer la bonne nouvelle. Dès qu'il aperçut le gris de ses cheveux parmi la foule, la ligne familière de sa silhouette, il s'approcha dans son dos et posa une main dans le creux de ses reins. « Nous pouvons passer à la suite. » Murmura-t-il à son oreille et un frisson le saisit alors qu'il réalisait en même temps qu'il le lui annonçait. Dans le même temps, sa proximité lui révéla une odeur notable et il sourit, heureux de sentir cette odeur plutôt que celle ferreuse de l'hémoglobine. « Nous avons beaucoup à célébrer ce soir. Et chaque soir à partir de maintenant car chaque journée où nous aurons survécu sera une nouvelle victoire. Le jeu va devenir périlleux. » Exactement comme il l'aimait.

Message VIII | 1791 mots
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Mer 05 Juil 2023, 18:28



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


La poigne qui se resserra sur sa cheville le fit brutalement sursauter, si bien que quelques gouttes de son verre clapotèrent sur le sol carrelé. La jambe en résistance, les muscles tendus, prêt à envoyer son autre pied dans le visage ou les côtes de son assaillant, Ludoric baissa les yeux sur les doigts verrouillés de son agresseur. Durant une fraction de seconde, il envisagea que ce pût n’être qu’un enfant ; mais ses prunelles identifièrent une main qui leur parut si familière qu’il fut obligé de cligner des paupières plusieurs fois, comme si leur battement frénétique pouvait chasser une image irréelle. Que faisait Placide sous la table ? Le palpitant en alerte, le soldat jeta à la salle un regard circulaire, vif et attentif. Il secoua légèrement sa cheville pour faire signe au blond de le lâcher puis, assuré que personne ne le regardait, il s’accroupit et souleva un pan de nappe. Un seul coup d’œil lui suffit à discerner deux silhouettes, dont l’une d’elles était celle du Prince, vêtue de bleu, les épaules recouvertes d’une épaisse crinière blonde, comme le soir du bal. Il ne laissa pas la surprise le ralentir ; aussitôt, il s’engouffra sous la table, peu désireux de prendre le risque de trahir cette cachette.

Une fois assis – et plié – sous le meuble, il porta immédiatement son regard sur l’étrangère. « Bonsoir. » Elle n’avait pas l’air très vieille. Peut-être un peu plus jeune qu’eux, à peine. Qui était-elle ? Que faisait Placide sous le buffet, avec elle ? Il le regarda. Le sentiment qui s’immisça dans sa poitrine lui parut aussi désagréable que stupide. Il ne l’aurait pas invité dans leur abri s’il avait désiré demeurer seul avec la jeune fille. Il ne lui aurait pas demandé de les rejoindre s’il avait préféré le lui cacher. C’étaient ses propres agissements et ses propres envies qui revenaient le frapper, armés du fouet du doute et de la jalousie. Le seul potentiel coupable, c’était lui, qui ne pouvait pas s’empêcher de laisser son regard vagabonder sur Clémentin et de nourrir à son encontre des désirs interdits. Il n’en demeurait pas moins que se réfugier sous une table avec une inconnue avait de quoi interroger, et il préféra se concentrer sur ce point. Celui-là, et le soulagement de retrouver Placide après la déferlante d’informations et d’émotions relâchées par Ivanhoë. Ils ne pourraient vraisemblablement pas en parler tout de suite, mais au moins, ils étaient ensemble. « Je t’ai cherché partout. » confia-t-il. L’envie de le prendre dans ses bras ne manquait pas ; néanmoins, leur refuge étriqué et la présence de l’étrangère le dissuadaient de toute tentative. Sa question, de fait, le surprit. Autant que faire se pouvait, il pivota à nouveau vers elle, les yeux ronds. « Son fian… » Suspension silencieuse. Ils n’en avaient jamais discuté, pour la simple et bonne raison qu’à Lieugro, chacun devait épouser une personne du sexe opposé au sien. Le reste n’existait prétendument pas. La loi semblait être assez similaire à Narfas ; cependant, le fait que Placide fut vêtu en femme transfigurait les interdits en banalités. « Oui. » Aussitôt, sa main chercha celle du Prince, et ses doigts s’entremêlèrent aux siens. Ce contact le réconforta. Entre chacune de ses épaules, il sentit courir une caresse chaude, qui détricota toutes les tensions accumulées. Dans son autre paume, il reçut l’amuse-bouche. « Merci. » La fille n’avait l’air ni méchante ni menaçante. Plutôt craintive, même. Une attitude d’animal effarouché, prêt à se montrer suffisamment curieux pour s’approcher, sans écarter la possibilité de détaler à vive allure au moindre mouvement suspect.

Partir ? Ludoric tourna la tête vers le blond. Qu’avait-il dit ? Souhaitait-il s’en aller ? Tout quitter et vagabonder à travers déserts et campagnes, en quête d’aventures interminables ? Ça ne lui ressemblait pas. La dernière phrase de la blonde, néanmoins, lui arracha un sourire. « Oui, c’est sans doute mieux. » convint-il, amusé, avant de reprendre : « Mais nous avons tous les deux des devoirs et des projets. » Plus ou moins définis. Plus ou moins arrêtés. Plus ou moins existants. Le roux connaissait ses rêves et ses espoirs. Il les côtoyait depuis trop d’années pour pouvoir les ignorer. Placide, en revanche… Le décès de son père, la disparition de Coline, le départ d’Adolestine et la prise de Lieugro par Uobmab avaient forcément altéré ses perspectives. Les siennes aussi en avaient pâties. Au bal, il avait promis au Prince de le suivre où qu’il allât, quoi qu’il décidât. Il mesurait l’importance de cette promesse et espérait la tenir. Ses ambitions, pourtant, allaient peut-être contre celles du blond. Son intégration toute récente à l’armée avait à la fois concrétisé et ravivé ses espérances jusque-là demeurées seules ébauches. Il n’avait pas encore formulé à son amoureux le souhait que son cœur murmurait ; lorsqu’il aurait acquis suffisamment d’expérience, il voulait être Chef des armées. Apatride, aventurier ou étranger, il ne pourrait pas le devenir. Il devrait s’établir quelque part, ou retourner à Lieugro. « Cela dit, il y a quantité de belles choses à faire et d’aventures à vivre, loin des dessous des tables et sans pour autant partir pour l’inconnu. Et puis, en tant que soldat, on peut être amené à voyager beaucoup. » Parfois, la perspective de ces missions à l’étranger l’inquiétait, car il craignait qu’elles ne fussent pas compatibles avec la vie amoureuse qu’il souhaitait. « Tu m’accompagnerais à l’autre bout du monde ? » lança-t-il à Placide, une étincelle taquine dans le regard. Il aurait voulu pouvoir parler de tellement de choses avec lui ; il gardait tout dans un coin de sa tête et de son cœur. Pour ne pas trop y songer, il se reconcentra sur la blonde. « Qu’est-ce qui vous retient, vous ? Vous pourriez partir aussi, non ? »



Message XII – 969 mots




| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 1628 :


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Susannah
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Susannah
Mer 05 Juil 2023, 20:14

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 658f
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Zébella se pencha pour fixer la lame d'un couteau avec les lanières de ses sandales qui s'enroulaient autour de son mollet. Les plis larges de son pantalon tombèrent dessus, dissimulant l'arme. Un second gagna sa hanche, plus à portée de main, et à but dissuasif plus que par réel besoin. Ses poings suffisaient généralement à la débarrasser des gêneurs.

En silence, elle hocha la tête au conseil de Lambert. Il pensait à tout. Elle n'avait songé qu'à s'armer et se déguiser pour quitter la ville. Demain se drapait d'une telle incertitude qu'elle avait prévu d'aviser au jour le jour. Cela étant, mourir de faim après quelques jours de liberté n'avait rien de reluisant, ce n'était pas ainsi qu'elle imaginait la conclusion de sa quête. Son sac s'alourdit de quelques fruits et de galettes de pain local, rien de trop encombrant. Elle préférait voyager léger et il restait la possibilité de voler la nourriture en dernier recours. Cependant, elle ne connaissait pas suffisamment la géographie de la région et ses alentours pour connaître l'emplacement de chaque village, surtout qu'elle n'avait pas prévu d'emprunter le même chemin qu'à l'aller, au cas où Lieugro déciderait de la poursuivre. À pied, elle n'aurait aucune chance de leur échapper. Jésabelle lui avait parlé d'une cité portuaire d'où elle pourrait prendre un bateau en se faisant passer pour un marin. L'idée la séduisait. La fonction endossait des connotations d'aventures et de danger. L'inconnu derrière chaque crête bordée d'écume, les voiles claquant dans l'air, le vent frais décoiffant ses cheveux. Elle se surprit à sourire toute seule en ajoutant les fioles du médecin, qu'elle remercia à mi-voix.

Enfin, elle pivota vers Lambert en nouant le cordon de sa cape sous son menton. « Comme si je comptais vous dire où je me dirige. Malgré votre aide - suspicieuse au demeurant -, vous ne m'en voudrez pas si je ne vous fait pas toujours pas confiance. Mieux vaut que personne ne sache où je vais. » Jésabelle savait, mais ce n'était pas la Grande Prêtresse qui lui mettrait des bâtons dans les roues, bien au contraire. Clémentin et Ludoric pourraient le supposer, mais que feraient-ils ? Ils tergiverseraient, mais resteraient enracinés. Leurs cœurs les enchaînaient. Le sien lui, réclamait justice et l'appelait ailleurs. Ce n'était pas dans ces dunes qu'elle retrouverait le respect. Il n'y avait rien pour elle ici, sinon des menottes et une chaleur à peine supportable.

Avant de partir, Zébella regarda Lambert. Il lui paraissait à la fois serein et las. D'une certaine façon, il lui rappelait Montarville. Elle espérait que sa bienveillance ne lui coûterait pas sa tête à lui aussi. Le Roi de Lieugro avait été aveugle. Désormais, ce qu'il restait de ses sujets savait à quoi s'en tenir mais apprendraient-ils de leurs erreurs ? Le pouvaient-ils ? Ce qui avait toujours réussi à son père était son imprévisibilité. Le mieux qu'ils pouvaient faire, c'était fuir et prier. « Vous devriez vous méfier de Jésabelle de Narfas. Et vous devriez partir, vous aussi, plus loin encore qu'ici, aussi loin d'Uobmab que possible. Vous ne voulez pas vous retrouver à nouveau sur des terres que mon père récupérera. Vous savez comme moi que ce jour arrivera, et sans doute plus tôt que prévu car il n'est pas l'homme le plus patient du monde. Narfas a peut-être su résister à mon grand-père par le passé mais il suffit de jeter un oeil à une carte pour s'apercevoir que Narfas est cerné maintenant que Lieugro est tombé. Partez tant que vous le pouvez encore. Si c'était moi à la place de mon père, j'aurais déjà marché sur Narfas. » Jésabelle était-elle la raison pour laquelle il n'en était rien ? Quoi qu'il en soit, elle doutait que son père respectât bien longtemps une trêve qu'il n'avait pas signé lui-même. La paperasse, c'était bien pour les scribes. Elle détourna le regard et haussa les épaules avant d'ajuster sa capuche sur sa tête. Ses conseils ne les sauveraient probablement pas. Ils n'apaiseraient même pas sa conscience. Qu'ils meurent tous demain, elle ne les pleurerait pas. Presque agacée contre elle-même, elle ajusta son sac brusquement sur son épaule. « J'ignore pourquoi je persiste à mettre tout le monde en garde. Personne ne m'écoute jamais. Pourtant, regardez où est Coline aujourd'hui. Mieux vaudrait qu'elle soit morte. Imaginez ce qu'il ferait subir à votre fille, voilà qui devrait vous donner le courage de faire ce qui doit être fait. » Sur ces mots, Zébella tourna les talons et quitta la résidence du médecin pour s'enfoncer dans les ruelles baignées d'obscurité, quittant les lueurs de la ville pour celles des étoiles.

Message XI | 827 mots

Ciao Zébou o/


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 7qoc
Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 009 :
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Ven 07 Juil 2023, 08:10




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


« Peut-être… » laissa échapper Rosette, sans quitter la scène des yeux. Pourquoi son père aurait-il emmené Zébella chez le médecin ? La question tournait en boucle de l’une à l’autre de leurs deux têtes, sans trouver de réponse définitive. Les mains du médecin, rôdées à l’exercice de son art, habituées à toutes les situations, se refermèrent sur une fiole. « Enceinte…? » La rousse regarda Clémentin. « De qui ? Déodatus ? » Elle ne lui connaissait pas d’autres relations sexuelles. Ses iris bondirent jusqu’à la Princesse. Était-ce possible ? Pouvait-elle porter l’enfant du garçon qui l’avait violée ? Une nausée souleva l’estomac de la d’Eruxul, qui réussit cependant à la contenir. Ce n’était pas impossible. Pour elle aussi, il avait suffi d’une seule fois ; mais elle avait la chance qu’il fût de l’homme dont elle était amoureuse. « Oui, je n’espère pas. » Elle s’humecta les lèvres, puis déglutit. Ce genre de configuration devait se produire tous les jours, un peu partout dans le monde. Néanmoins, s’imaginer à sa place une seule seconde lui renversait le cœur. Elle comprenait qu’elle cherchât, juste après l’annonce de sa grossesse, à se débarrasser du bébé – si tout cela était vrai, si Clémentin et elle n’affabulaient pas. Elle aurait sans doute fait pareil, sans se soucier des bonnes mœurs, des interdits qui pesaient sur l’avortement, de tous les risques qu’une telle opération comportait. Dans sa propre situation, ces choses-là pesaient aux côtés de son amour pour le poète. Peut-être trop pour lui permettre de faire un choix raisonné. Il lui aurait suffi d’un rien pour rentrer et demander un abortif.

Durant toute l’absence de Zébella, ses prunelles détaillèrent son père. Il avait l’air fatigué, pourtant, toute sa silhouette s’imprégnait de cette attitude noble et sage qu’elle lui avait toujours connue. « Fuir ? » Elle reporta son attention sur la bleue, revenue vêtue d’habits masculins. Le silence l’étreignit. Elle regarda à nouveau son père. Allait-il la laisser s’échapper ? Désobéir aux commandements de Garance ? À cette idée, une pointe d’euphorie perça son cœur. Elle se moquait que Zébella partît. De toute façon, elle doutait que sa présence leur fût d’une quelconque utilité. Ils avaient déjà de la chance que personne ne fût venu la chercher – et c’était en même temps le problème, car si quelqu’un l’avait voulue, il se serait signalé. Le silence planait, reflétant toute l’amère inutilité de cette stratégie. En revanche, que Lambert allât à l’encontre des ordres de la régente la satisfaisait. Si elle venait à le savoir, elle le maudirait, elle le détesterait, et ils cesseraient de se regarder avec des yeux qui exprimaient autre chose qu’une entente cordiale et platonique. La rousse ne croyait pas qu’elle s’en prendrait à lui, parce que malgré les apparences, elle avait besoin de son soutien pour tenir d’un seul bloc les alliés de Lieugro. Elle pivota vers Clémentin. « On pourrait… » La fenêtre s’ouvrit à la volée. Rouge de honte, Rosette pointa deux yeux verts effarés sur le médecin. Le palpitant tambourinant, elle ne se détendit même pas face à l’ébauche de sourire qui marqua les lèvres du vieux docteur ; elle s’accroupit parfaitement, se ratatina pour disparaître tout à fait de l’encadrement de la lucarne, avant de croiser le regard de son aventurier, de refermer ses doigts autour des siens et de courir à sa suite, aussi vite que sa robe le lui permettait.

Le dos plaqué au mur, sa main sur la poitrine, la jeune noble tentait de se remettre de ses émotions. « Il m’a fait peur ! » s’exclama-t-elle. Poussé par l’adrénaline, un sourire s’étala sur son visage. Dès que Clémentin mima le médecin, il se transforma en rire. « Tu l’imites très bien. » s’amusa-t-elle en se détachant des pierres, prête à se blottir contre lui. Ses propos, néanmoins, l’arrêtèrent dans son mouvement. Face à lui, elle scruta son regard. Mille lueurs brillaient dans ses yeux, entre l’incertitude, la terreur, la résolution, le courage, le doute, la détermination. Son cœur avait repris sa marche folle, cadencée, chaotique. Elle tourna la tête vers la maison du médecin, puis planta à nouveau ses yeux dans ceux du brun. « Je ne sais pas… » Sa décision précédente, celle de ne pas en parler à son père avant d’avoir décidé par eux-mêmes, s’effritait. Quand elle l’avait vu, si droit et sage, elle s’était rappelé toute la confiance qu’il lui inspirait, toute la rationalité qu’il charriait, et elle avait douté de son choix. « Je suis terrifiée. » avoua-t-elle, les pupilles tremblotantes. Pourtant, il finirait par savoir : soit elle le lui dirait, soit il le verrait, soit, pis encore, il découvrirait que sa fille était morte des suites de son avortement ou de son accouchement. Ses mâchoires se tendirent. La porte claqua ; ses doigts se resserrèrent autour de ceux de Clémentin. Elle tourna la tête. La silhouette de Zébella s’enfonçait dans la nuit, seule sous le couvert des étoiles. Elle fuyait. Malgré son attitude rustre, c’était une fille courageuse. Rosette déglutit, consciente du temps qui filait. Son père allait bientôt sortir. Elle pivota vers son amant. « Tu restes avec moi, hein ? » s’assura-t-elle, avant de l’entraîner à sa suite vers la maison du docteur. Elle traversa la rue à vive allure, poussa la porte, s’engouffra dans l’habitation et, sans prendre le temps de la réflexion, se planta devant son père, veillant à rester entre lui et Clémentin et à ne pas lâcher la main de ce dernier. Elle ouvrit la bouche, mais les mots demeurèrent bloqués dans sa gorge. Elle pinça les lèvres, ses iris accrochés à ceux de Lambert, les joues rouges et l’expression vacillante. La jeune fille prit une inspiration, dans laquelle elle réunit toute la bravoure dont recelait son âme, et lâcha : « Je suis enceinte. » Elle sentit ses jambes faiblirent. Ses doigts se crispèrent autour de ceux de Clémentin. « Je l’ai découvert pendant l’examen pratiqué par le médecin de Narfas. » Elle n’osait pas regarder autre chose que les iris de son père, comme si en se concentrant sur ces deux cercles bleu glacé, elle pourrait ne pas voir les émotions qui le traversaient. « On ne sait pas si on va… » Sa voix s’éteignit. « Mais on s’est dit que c’était mieux que tu le saches. » parvint-elle à conclure, en baissant les yeux, avant de se forcer à les relever. Elle aurait voulu pouvoir disparaître. S’enfoncer dans le sol de pierre et ne pas avoir à assumer les suites de sa révélation. Redevenir une enfant et laisser son père décider. Se comporter en femme et lui imposer sa volonté, cependant trop nébuleuse et incertaine pour exister.



Message XII – 1113 mots




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Seiji Nao
Ven 07 Juil 2023, 11:15

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 Wpw2
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Les Portes : L'arrivée à Narfas

Seiji dans le rôle de Wesphaline De Narfas:


Lorsque les mains du roux se refermèrent sur sa gorge, les mots moururent dans la gorge de Wesphaline. Réduite au silence par des doigts dont la douceur lui semblait odieuse, elle refusa d’abord de céder à la panique. Malheureusement, elle n’en était pas à sa première tentative d’assassinat. Les mécontents se comptaient par milliers ; ceux capables d’agir n’en représentaient qu’une poignée. Les paroles de son agresseur déferlaient sur elle sans la toucher. Comme elle plus tôt, il divaguait. Sans la force exercée sur sa trachée, elle aurait éclaté de rire. Elle, pire que les autres ? Prête à de plus grands sacrifices, sans doute. Loin du palais, il était facile d’ignorer les travers du Grand-Prêtre et l’indifférence molle de son époux. Qu’y avait-il de plus affreux que de priver hommes et femmes de leur liberté, en profitant de son autorité pour souiller des corps par dizaines, ou de plus injuste que de regarder son peuple souffrir sans lever le petit doigt, en se laissant confire dans le luxe ? Son esprit, libéré des égarements de ces derniers jours, ne laissait plus de place aux émotions. À tâtons, elle s’efforça de déplacer sa main, le regard ancré dans la folie de l’autre. Sa délivrance traînait sur les draps, à quelques centimètres à peine. Une aiguille, destinée à faire tomber un homme, un poison, capable de la sauver. Hélas, ses membres ne lui obéissaient plus. Obstinément inertes, ils échappaient à sa volonté. L’ironie voulait que l’impuissance l’accompagnât jusqu’à la fin, nichée dans ses veines.

La poigne se relâcha sans prévenir. Trahie par ses propres réflexes, la Violette inspira une bouffée d’air aussi profondément que possible. Le parfum de l’argile et de substances inconnues envahit trop tard ses narines ; retenir sa respiration eût, de toute manière, été impossible. Secoué par un spasme inutile, son corps se tendit comme une corde de violon. En un battement de cils, des étincelles embrasèrent ses neurones. Délivrée de son indifférence habituelle, sa cervelle se noyait sous les sensations. Les organes en proie à une ébullition sans précédent, chacune de ses cellules se pressait à la porte de sa conscience. D’infimes décharges s’élevaient de partout à la fois, rendues douloureuses par leur multitude. Loin des cris et des malédictions qu’un autre n’aurait pas manqué de proférer, elle gardait le silence. Pierre morte, sa langue refusait d’offrir au roux la satisfaction d’un gémissement. Toutefois, avant que le premier haut-le-coeur ne la traversât, elle esquissa un sourire tremblotant, presque maniaque.

Enfin. Enfin, son peuple réagissait. Ecrasé par le poids des offenses, il puisait dans ses dernières forces le courage de la révolte. Toutes les mesures injustes contre lesquelles elle ne s’était pas opposée, toutes les rumeurs qu’elle avait lancées, tous les articles de journaux qu’elle avait fait modifier. Les braises de la colère, sur lesquelles elle avait si patiemment soufflées, se changeaient finalement en incendie. Que son nom tombât dans l’oubli ne lui importait guère ; son meurtre était le premier coup porté à la couronne, et si elle eût préféré rester en vie, elle tirait de cette fin une fierté malade. L’oeuvre de sa vie prenait forme et s’achevait en même temps, désormais portée par des êtres aux mains aussi rouges que les siennes. Malgré la nausée et l’asphyxie, elle jubilait.

Dans une lutte perdue d’avance, son estomac rendit son contenu. Le flot immonde écorcha ses lèvres en un soubresaut qu’elle ne pouvait retenir. Encore sonnée par le premier, un second survint, puis un troisième, cette fois plus violent ; il lui semblait que son ventre cherchait à s’échapper par sa gorge. Des restes à demi digérés s’étalaient sur les draps, confits dans une averse de bile. Incapable de se soustraire à leur compagnie, un autre spasme en macula ses joues.  Confusément, elle sentit les phalanges de l’assassin effleurer ses cuisses, et comprit d’instinct ses intentions, à défaut de les entendre. Sa vision ne lui offrait plus que des taches de couleur aux formes hésitantes ; ses oreilles rugissaient d’un torrent de plus en plus agité. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé finir ; elle croyait toutefois que, quelles que fussent les circonstances, on ne mourrait jamais dignement.

La Violette perdit toute notion du temps ; il s’étirait pour elle, lui accordant une dernière faveur. Elle eût d’abord une pensée pour la pauvre créature qui la trouverait ainsi, et la phobie à ouvrir la moindre porte qui s’ensuivrait. Puis, elle songea à ses enfants. Les aînés ne craignaient rien, loin des sables vengeurs de Narfas. Anthonius… Du sang se mêla à ses vomissures. Que deviendrait sa fille, elle qui n’avait pour se défendre qu'une bouille d'ange, et son appartenance à une lignée que le peuple voudrait éteindre ? Elle l’avait gardée si près d’elle, depuis toujours, convaincue que de ses bras elle pourrait l’abriter de tous les dangers du monde, et recevoir à sa place toutes les horreurs qu’il lui destinait. Peut-être… L’obscurité grandissait, maintenant. Peut-être Landéis, réfugié dans la loyauté qu’il lui avait toujours portée, trouverait-il le moyen de la sauver, bannissant ainsi son chagrin. Jamais elle n’avait eu d’autre ami que lui. Comment pouvait-elle rendre l’âme aujourd’hui, et trahir la promesse qu’elle lui avait faite ? Avec les autres, tout n’avait été que calculs et manipulations, même envers sa propre chair. Avait-elle seulement dit un jour à Anthonius qu’elle l’aimait ? Quelque chose de froid l'effleura, privant sa conscience de réponse.

Elle avait été Reine, un jour. Et puis, plus rien.


914 mots

Résumé:

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Ven 07 Juil 2023, 23:03



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


En parlant de Melchior, il s’était attendu à ce que Gao fût évoqué. Il aurait été stupide de ne pas l’envisager. Néanmoins, entendre son nom formulé gratta sa nuque d’une désagréable sensation. Stratégiquement, la proposition de Tamara tenait. Il pourrait faire pencher quelques indécises en leur faveur. Son poids ne serait pas colossal, mais leur présente guerre se jouait sur le moindre détail. « Il pourrait, oui. » Il se souvint du chemin de pétales, et de la femme partie avec lui. De là où il était, il n’avait pas pu voir l’insigne de son bracelet. « Je tâche d’être aussi prévoyant que possible, en effet. » répondit-il, les yeux ancrés dans les siens. Il aimait les jeux de hasard ; mais il adorait ceux de stratégie. Sur leur échiquier grandeur nature, il tentait d’analyser les probabilités et de tirer les conclusions les plus vraisemblables. Parfois, il échouait. Pour cette partie-ci, il espérait ne pas s’être trompé. Quand on jouait, on ne pouvait pas espérer détenir un contrôle absolu sur la situation. Quand on jouait en équipe, encore moins. Il avait besoin de ses alliés, mais s’ils faillissaient, ils condamneraient leur entreprise et nombre de vies. « Absolument. Et ceux qui se tiennent proches de la couronne, s’ils refusent de capituler, voudront ou fuir ou riposter. Aucune de ces deux alternatives ne me tente. Je ne suis pas un assassin, mais je pense être suffisamment bon comédien pour endosser n’importe quel rôle. » S’il devait s’ensanglanter les mains en tranchant la gorge de Jésabelle, de Gaspard ou de Balthazar, il le ferait. « Dès que nous sortirons de cette pièce, je la ferai chercher. » approuva-t-il. Il l’avait déjà approchée de près. Garance serait sans doute surprise, lorsqu’elle le verrait. « Votre fils est ici aussi. Je demanderai à ce qu’on le trouve. » Tout était question d’équilibre. Il prenait, puis donnait. Elle donnait, puis prenait. C’était le fondement d’une partie équitable, d’un partenariat efficace. « Un message ? » Il plissa légèrement les yeux, intrigué, une pointe de méfiance cramponnée à la rétine. Qu’elle ne poursuivît pas constituait un motif d’inquiétude. À qui voulait-elle écrire et pourquoi ? « Très bien. Je ferai apporter de l’encre et du papier. » Le bleu l’imita, réapposant son masque sur son visage, prêt à sortir. Il s’arrêta dès qu’elle reprit la parole, et se tourna pour la regarder. Un silence plana. Une fille. Un rire bref s’échappa d’entre ses lèvres. Wesphaline avait donc été incapable d’imposer à sa propre progéniture ce qu’elle jugeait bon pour le reste de la population. Son hypocrisie n’avait d’égale que le mépris qu’il éprouvait à son égard. Retrouvant une expression plus sérieuse, il décréta : « Si vous pouvez garantir qu’elle ne cherchera pas à venger ses parents ou à rétablir un ordre obsolète, je ferai en sorte qu’il ne lui arrive rien. » Il s’interrompit, le temps de jauger ce que cachait le regard de la rousse, à l’abri du mascaron. « Je n’ai pas pour habitude de faire assassiner des enfants, mais je n’éprouve aucun scrupule à éliminer des adultes. » Si, en grandissant, Anthonius tentait de réinstaurer ce fonctionnement délétère, il se chargerait de la faire exécuter. « Quel est son véritable prénom ? » demanda-t-il, avant de s’engouffrer dans le couloir.

À voix basse, il reprit le fil de leur conversation : « Pour le reste du gouvernement, il faut agir dès ce soir. À la seconde où la mort de la Reine sera rendue publique, nous jouerons une course contre la montre. Nous avons juste assez d’avance pour anticiper. Jésabelle et le Roi sont sûrement au palais, mais votre frère est venu. » Son regard perçant était fixé droit devant lui. Le fait que l’armée fût de leur côté changeait bien des choses. Ils n’avaient pas besoin d’être aussi discrets et précautionneux que prévu. Il n’était pas utile de laisser la confusion générale s’installer et les spéculations prendre le dessus sur la véracité de leurs actions. « Je peux envoyer mon personnel achever votre frère, ou au moins le saisir, mais pour ce qui est de ceux restés au palais, j’aurai besoin de votre aide. Les gardes rapprochées ne facilitent pas la tâche des assassins. » Il s’arrêta près d’une domestique, postée dans un renfoncement. « Je vais avoir besoin que vous retrouviez Anthonius de Narfas, Adolphe d’Epilut, Gaspard d’Epilut, Garance de Lieugro et Gao d’Eésnep. Mettez les deux premiers à l’abri. Tuez le troisième. S’il est accompagné, isolez-le, trouvez un prétexte. Quant aux deux autres, faites-les m’attendre. Nous les recevrons dans mon bureau. Un par un. Que certains d’entre vous se rendent au palais pour conclure l’opération. Pour ce qui est du cadavre de la Reine, faites en sorte qu’un domestique habituellement affilié au palais la trouve et dites-lui de prévenir la Cheffe des Armées. Répandez le mot dans les rues. Dites qu’elle est morte, semez l’idée que c’est l’occasion rêvée de se révolter. Trouvez ceux des nôtres qui sont restés sur place et lancez des émeutes. Avant de faire quoi que ce soit, attendez mon signal. Merci. » Il posa une main sur l’épaule de la jeune femme, la pressa avec amitié, puis s’éloigna en compagnie de Tamara.

Dans la salle principale, l’orchestre jouait un air d’ailleurs, tandis que des danseurs et des danseuses professionnels faisaient la démonstration de leur talent. D’un geste de la main, Primaël appela un serviteur, à qui il demanda une plume et quelques feuilles. « Puis-je savoir à qui vous comptez écrire et pourquoi ? » s’enquit-il auprès de la militaire, formulant enfin la question qui lui brûlait les lèvres. En dépit de la résurgence de ses doutes, il prit trois verres, et lui en tendit un. Si tout se passait comme convenu, ils pourraient trinquer. Une ébauche de sourire étira ses lèvres, qui s’accentua quand il reconnut le contact familier de la main d’Ivanhoë dans le creux de ses reins. Ses iris ne dévièrent pourtant pas de ceux de Tamara. « C’est fait. » annonça-t-il simplement, tandis que son cœur battait une chamade virulente. L’envie sauvage de pivoter vers son amant, de faire voler leurs masques et de l’embrasser passionnément lui prit les tripes, mais il se retint. Il tendit le dernier verre à celui-ci, puis leva le sien. La domestique rebelle, demeurée observatrice, s’empressa d’appliquer les consignes énoncées. « Je propose de trinquer aux renouveaux. » Du bout du doigt, il touchait enfin ce rêve balbutiant qu’il nourrissait depuis tant d’années. Il ne lui restait qu’à refermer ses phalanges dessus. Cette dernière opération restait la plus délicate de toutes ; au moindre tressaillement incontrôlé, le papillon pouvait s’envoler, ou périr broyé.



Message VIII – 1108 mots

Récapitulatif :
- Primaël envoie des gens chercher Anthonius et Adolphe afin de les mettre à l’abri (s’ils les trouvent, ils vont les emmener dans une pièce secrète située à l’étage de sa maison, et j’imagine que Tamara et/ou Primaël iront les voir plus tard)
- Il envoie aussi des gens tuer Gaspard (s’il y a d’autres invités avec lui, ils lui demanderont de le suivre dans une pièce à part en prétextant un truc urgent, cela dans le but de le tuer)
- Il fait chercher Garance et Gao et compte les recevoir, avec Tamara, dans son bureau (à l’étage aussi)
- Des assassins sont envoyés au palais pour tuer Jésabelle et Balthazar (on saura s’ils ont réussi au prochain épisode /sbaf), tant de la part de Primaël que de celle d’Ivanhoë
- Le cadavre de Wesphaline devrait être trouvé par un domestique du palais (qui travaille en fait aussi pour Primaël), qui est chargé de rapporter l’information à Tamara (comme ça, ça lui permet d’avoir la main sur la réaction « officielle » à avoir)
- La nouvelle de la mort de Wesphaline va se répandre en ville et des émeutes vont voir le jour un peu partout, avec ce que ça implique de dégâts commis par un peuple en colère


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Kaahl Paiberym
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Sam 08 Juil 2023, 15:38



Les Portes : L'arrivée à Narfas


Mon regard détailla la silhouette de Zébella qui disparaissait dans la nuit. S’il n’y avait pas eu Rosette, et s’il n’y avait pas eu le bébé, j’aurais probablement choisi de la suivre. Partir seule avait bien des désavantages. Elle pouvait tomber sur n’importe qui durant son périple. Si la chaleur asséchait sa gorge et la faisait tomber au milieu des dunes, personne ne retrouverait son cadavre avant longtemps. Il valait mieux être au moins deux, qu’importât le combat. Quand l’un vacillait, l’autre le soutenait, et vice versa. Mon combat, cependant, ne semblait actuellement pas à ses côtés. Je devais soutenir la rousse. Une fois que nous aurions fait un choix et que je la saurais pleinement en sécurité, peut-être pourrais-je alors tourner mon visage vers ce qui importait pour le peuple de Lieugro. Je n’étais personne mais je connaissais l’importance de bien choisir ses alliés. Que serait Zébella à l’avenir ? Une alliée ou une ennemie ? Où allait-elle ? Fuyait-elle Narfas au profit de son Royaume, dans lequel elle retrouverait son rang et ses privilèges ? Ou partait-elle confronter son frère ? Je l’imaginais mal se complaire dans le luxe que lui prodiguait son sang. Que devais-je faire du mien ? De celui de Montarville qui coulait dans mes veines ? J’avais toujours vécu en toute insouciance, sans jamais mesurer mes actes et mes paroles. La jeunesse avait aussi cet avantage. Nulle rigueur n’était tenue aux enfants. Je me demandais pourtant comment est-ce que je souhaitais vivre à présent ? J’avais des idéaux, comme tout le monde. Devais-je faire plus que les exposer à qui voudrait bien les entendre ? Devais-je me lever et les rendre impératifs ? Agir ? Mes questions s’égarèrent quelque part dans le regard de Rosette. « Oui, je reste avec toi. » répétai-je. Ce ne serait pas plaisant de nous retrouver face au regard de son père. Quelles que fussent les qualités de patience et de compréhension de Lambert, j’avais conscience qu’il ne s’attendait pas à ce que sa fille lui annonçât qu’elle portait un enfant, qui plus est celui d’un demi-roturier. Les choses s’étaient faites bien avant que la rousse eût connaissance de ma généalogie qui plus est. Les parents étaient souvent aveugles à la réalité de leurs enfants. Ils se disaient que ce n’était pas encore le moment, qu’ils étaient trop jeunes, pas encore assez mûres. Ils ne les voyaient pas grandir et, un beau jour, une grossesse était annoncée. Ce serait probablement difficile.

Je pris mon courage à deux mains et pénétrai dans la maison sur le même rythme que la noble. Ma main dans la sienne y semblait collée. L’instant était grave mais, étonnement, je faillis rire. La nervosité me pendait aux tripes. J’envisageais tous les scénarii possibles. Allait-il me frapper ? La renier ? Proférer des insultes ? Se montrer conciliant ? Prendre une décision radicale ? Nous séparer ? Nous empêcher de nous voir à jamais ? Toutes les histoires que l’on m’avait un jour racontées tournoyaient dans ma tête et se mélangeaient en une bouillie infâme. Les mots finirent par sortir d’entre les lèvres de Rosette. Une tension s’installa chez moi. La réentendre ancrait un peu plus cette réalité dans ma vie. Un enfant, ce n’était pas comme partir en voyage ou entretenir des chevaux quelques heures par jour. C’était toute la vie. C’était une responsabilité à assumer. C’était avoir les épaules pour le porter au mieux afin qu’il réussît sa vie. Pas matériellement mais moralement. Pour que la vie prodiguée, jamais ne fût regrettée ou reniée. C’était craindre chaque absence et espérer que ses rêves se réalisassent, qu’importât leur folie. C’était soutenir mais aussi confronter. Protéger coûte que coûte et ne pas renoncer, même lorsque le voile de la dispute flottait. Avoir un enfant, c’était aussi risquer de le perdre parfois. C’était risquer de se perdre soi-même, en constatant l’ampleur de l’effort. C’était accepter que notre propre personne n’eût aucune importance face à lui. Je pensai soudain qu’elle ne pourrait pas le garder. Ce serait trop dur, pour nous deux. Nous n’avions rien vécu. Qu’aurions-nous à lui offrir ? Mes yeux jusqu’ici baissés remontèrent vers l’homme qui était en face de nous. Lui avait pu élever Rosette correctement. Ma mère, elle, m’avait élevé comme elle avait pu. Je savais qu’elle m’aimait mais elle devait parfois regretter de m’avoir porté. Sa vie aurait sans doute été différente sans moi.

« On s’aime ! » ajoutai-je soudainement après elle, un feu brûlant dans la voix. Je voulais qu’il le sût, qu’il n’allât pas imaginer autre chose. Mes doutes portaient sur un autre sujet que mes sentiments. Concernant ces derniers, j’étais sûr de moi. J’aurais pu les défendre corps et âmes. Mes sourcils se froncèrent. Je ne voulais pas qu’il nous séparât. C’était mon sentiment le plus profond, celui qui me portait, sans que je n’eusse conscience qu’à mon âge, je connaissais encore si peu de choses de l’amour.

817 mots
Erasme (Clémentin):

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Sam 08 Juil 2023, 19:22



Les Portes : L'arrivée à Narfas



« Je l’ignore. » répondis-je. « Je doute qu’elle en ait un véritable. » Si la Reine avait fait les choses correctement, elle n’avait pas dû lui donner un autre prénom. Ça aurait été un risque supplémentaire pour sa fille. Souvent, je m’étais questionnée : pourquoi ne pas l’avoir envoyée étudier à l’étranger ? Pourquoi ne pas lui avoir offert la liberté dès la naissance, en la confiant à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui aurait pu l’éduquer loin des règles de Narfas ? À partir de maintenant, ces questions n’auraient plus d’importance. Dans le monde de demain, plus aucune femme ne serait forcée d’écarter les cuisses. Que notre civilisation pérît si tel était son destin car il n’existait nul avenir dans le contrôle malsain de la fécondité. Le corps des femmes leur appartenait. Elles ne devaient jamais l’oublier. « Mais je veillerai à ce qu’elle ne cherche pas à se venger. » confirmai-je. Comment ? Je l’ignorais. Elle était encore jeune et rien ne garantissait que la colère ne se muât pas en guérilla. Cette colère rendait les êtres forts. Elle pouvait les faire se réunir et, ensemble, marcher dans un même objectif. Aux yeux des partisans, chaque but était légitime et, finalement, ce qu’apprenait l’Histoire était clair : seuls les plus forts et les plus malins écrivaient demain. Ce soir, nous écririons demain.

J’acquiesçai tout en me déplaçant au même rythme que lui. Nos deux corps étaient très différents. Le mien était plus robuste, plus musclé. Le sien plus frêle et agile. Dans la guerre que nous menions, qui survivrait ? Mon frère avait beaucoup de chance. Il pourrait sans doute trouver une parade. Sa mort, pourtant, était aussi nécessaire que celle des autres dirigeants. Je n’appréciais pas de tuer des femmes. Néanmoins, il m’était impossible d’être aux côtés de celles-ci, pas après ma prise de position. Paradoxalement, Jesabelle et Wesphaline étaient responsables du malheur de toutes les autres. Les nobles n’étaient pas à plaindre mais les femmes du peuple souffraient dans leur chair, mouraient en couche, mouraient en tentant de s’avorter, malgré les préceptes de la religion. Combien de femmes avaient-elles été retrouvées, face contre sol, les jambes écartées, à baigner dans leur sang, mortes de n’avoir su dégager le fœtus de leur utérus ? Un peuple digne ne pouvait aller dans ce sens. La vie des femmes devait prévaloir sur le culte et sur la loi. Tout comme celle des hommes. Un peuple digne ne pouvait décemment pas priver ses mâles de leur appareil reproducteur. C’était une mutilation infâme. Que mon frère se chargeât de faire des garçons des hommes l’était tout autant. La nature n’avait besoin de personne pour lui dicter ses lois. Les adolescents n’avaient pas besoin de souffrir pour devenir des hommes. Souffrir pour quoi ? Pour qui ? Au nom de qui ?

« Vu la situation, il me semble approprié de faire venir mon armée personnelle. Elle n’arrivera pas ce soir mais ces prochains jours risquent d’être sanglants. Si je sais qu’une grande partie de l’armée de Narfas me suivra, je n’ai aucune certitude quant à l’autre. Je préfère m’assurer de garder l’avantage. » lui dis-je, sans détour. Il pouvait savoir. Dans l’action, nous étions alliés et les alliés ne se cachaient rien. Nous n’avions aucune idée de ce que serait demain mais, si demain arrivait, il serait alors temps d’en discuter. Mon regard remonta sur un autre homme, roux, derrière son masque. Avant même que Primaël ne parlât, je sus que Wesphaline était morte. Ce second visage, bien qu’anonyme, n’était pas celui d’un simple serviteur. Était-ce lui, l’assassin ? Celui qui avait fait couler le sang de la Reine sur ses mains ? Je n’allais pas le juger. J’avais tué bien des gens. J’avais également failli à en tuer certains, comme Judas. Je pris le verre entre mes mains. Trinquer pouvait être perçu comme hâtif mais certaines situations n’appelaient aucune hésitation. Si nous ne traquions pas maintenant, peut-être ne pourrions-nous plus jamais trinquer. En fonction de l’évolution du plan, la mort restait une issue. « Au renouveau. » prononçai-je, tout en espérant que mon fils serait trouvé rapidement. S’il y avait bien deux personnes que je désirais sauves ce soir, c’était lui et la jeune Anthonius.

___________


Dans l’enceinte des appartements royaux, mes ordres sonnèrent aux oreilles des gardes. Entre temps, j’avais tronqué ma tenue de soirée contre une tenue militaire. La mort de la Reine était actée et le son de la révolte commençait à se répandre parmi le peuple et, ce, jusqu’aux oreilles des nobles. Ce soir, beaucoup trembleraient. Ce soir et les jours qui suivraient. Je savais que des femmes perdraient leurs fils, leur mari ou leur père. Certaines perdraient le pouvoir mais gagneraient en échange la liberté. Beaucoup se verraient recouvrir du voile du deuil car la violence amenait toujours avec elle la mort. Je pensai à Balthazar. Sans protection, il était à présent vulnérable. Regarderait-il la mort droit dans les yeux ou les baisserait-il, comme il l’avait toujours fait vis-à-vis de sa femme despotique ? Regretterait-il son inaction ? Regretterait-il d’avoir un jour croisé ma route ? Je balayai ces questions. Mon fils était le seul homme de ma vie. Demain, je soutiendrais mes sœurs.

865 mots
Eméliana - Tamara:

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Sam 08 Juil 2023, 23:26



| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 Js9b

Les Portes V


Rôle :

Lorsqu’elle posa la question, je craignis que Ludoric démente. C’était possible parce que je ne l’avais jamais désigné ainsi. En fait… peut-être que je l’avais fait le soir du bal à Lieugro. J’avais parlé de mes problèmes de cœur, du fait que Ludoric à un bal était comme la lune au milieu d’une nuit sans nuages. Il attirait l’attention des femmes. Plus il grandissait et plus c’était le cas. Elles n’avaient aucune chance mais le savoir faisait des réceptions de véritables épreuves.

Je craignais bien plus les hommes. Heureusement, ils étaient minoritaires à être attirés par d’autres hommes. Je me demandais comment est-ce que ça se passait en général. Ludoric et moi avions été amis avant que tout commence. L’attirance était venue petit à petit avant d’atteindre un point de non-retour. Nous n’avions pas pu nous cacher la vérité.

Néanmoins, je me questionnais sur les bals et autres activités publiques. Comment les hommes faisaient-ils pour se reconnaître entre eux ? Et les femmes ? Y avait-il des codes spécifiques ? Des comportements révélateurs ? Je n’avais pas l’impression. Ou peut-être n’avais-je jamais été mis dans la confidence ?

Je cessai d’y penser quand il affirma être mon fiancé. Sa main contre la mienne eut le mérite de faire disparaître les sentiments négatifs que j’avais nourris à son égard jusqu’ici. En fait, je mourais de peur et de jalousie. Ma vision de moi baignait dans les remarques qu’on avait pu me faire tout au long de ma vie. Parfois, je me demandais sérieusement ce qu’il faisait avec moi. Je n’avais rien à lui apporter. Il était plus grand, plus fort, plus beau, plus malin, plus charismatique. Il avait tout pour lui. Il brillait et, à côté, j’avais l’impression de n’être qu’une étoile quelconque perdu dans l’immensité du ciel.

Je souris lorsqu’elle évoqua la vie d’aventurier. On l’avait envisagé plusieurs fois mais on ne s’était jamais lancés. En réalité, nous avions pensé à pleins de plans différents. Tout seul, le soir, il m’arrivait d’imaginer toutes les possibilités. J’avais même été prêt à me sacrifier, à me faire passer pour une femme, loin du château de mon père, afin de rester avec lui. Je l’aurais attendu toute la journée, à m’occuper de notre foyer. Il aurait été soldat et je n’aurais été que son amoureux. Mais ce n’était pas sérieux. Vivre au dépend d’autrui n’était jamais sérieux. Ma vie ne devait pas se faire par procuration. Je devais m’améliorer, me surpasser, continuer à nourrir la flamme. Sinon, un jour il se lasserait et je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer. C’était ça la solution : me construire moi-même pour pouvoir apporter quelque chose à l’autre, et pas attendre de lui ou de notre couple quoi que ce soit.

« C’est vrai que c’est tentant sur le papier mais je ne suis pas sûr de pouvoir survivre en tant qu’aventurier. »

Je ris. Comme Ludoric avait dit, nous avions des devoirs et des projets. J’avais des devoirs et des projets. Voyageait-on beaucoup en tant que Roi ? Mon père avait peu bougé. Judas, par contre, semblait se déplacer partout. Ça devait dépendre des Rois.

Sa question me surprit. Je me sentis rougir jusqu’aux orteils.

« Euh… »

Je me sentais gêné de devoir répondre devant elle. Je n’avais jamais fait étalage de quoi que ce soit devant autrui, pas en sa présence. Quand il m’arrivait de parler du soldat, je le faisais toujours en son absence, de façon floue. Parfois, je confiais mes secrets à un journal. Il y avait aussi mon correspondant… je n’en avais jamais parlé au roux. Mes mots avaient souvent dépassé mes pensées. Lorsque nous nous disputions, j’étais toujours virulent. Lorsque nous nous retrouvions, mes mots étaient chargés d’un amour et d’une passion que j’avais du mal à formuler dans la réalité. C’était le problème. Je n’étais pas doué pour montrer.

« Je crois. »

Je l’avais dit comme on souffle sur une bougie : rapidement. Les idées se bousculèrent dans ma tête. Si je devenais Roi, je ne pourrais plus partir à ma guise. Il y avait toutes ces questions de mariage, d’héritiers… mais qu’étais-je censé faire d’autre ?

Dans mes pensées, je n’entendis presque pas les interrogations qu’il lui formula. J’avais chaud et l’alcool me montait à la tête. Je finis par soupirer et par retirer mon masque. Je n’aimais pas avoir quelque chose sur le visage et la nappe nous préservait des yeux inconnus. Je me fichais de savoir qu’une fille puisse me voir. Elle ne me reconnaîtrait sans doute pas en plus de ça. Je bus de nouveau à la bouteille.

« Franchement, c’est pas bon et j’ai la tête qui tourne. »

Ce n’était pas exactement ça. Mon environnement me semblait juste plus étrange et j’avais chaud. Je voulus lui dire, à Ludoric, que je ne pourrais pas le suivre à l’autre bout du monde. Les mots restèrent dans ma gorge. Tout ça ne servait à rien. On ne pouvait rien prédire.

« Je pense qu’on devrait rester ensemble tous les trois sous cette table pour l’instant. »

C’était une bonne idée car notre interlocutrice était activement recherchée en ce moment-même.

861 mots
Il est en tenue de fille et est avec Anthonius et Ludoric sous une table. Ils sont cachés par la nappe  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 15 1929536143

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
« Hâtez-vous donc ! » implora la jeune fille en récoltant les pétales du Grand Pharmacien dans le creux de ses mains. Quelle chance que des plantes aux vertus médicinales poussent ici-même ! Luthgarde les examina un instant sans trop savoir quoi en faire. Les appliquer directement sur la plaie ? Sous le nez de Sa Sainteté, afin de Lui clarifier les idées ? Sous sa langue pour apaiser les douleurs ? Fallait-il les réduire en poudre, en pâte, les frotter entre les paumes pour en réveiller les propriétés, ou bien les utiliser telles quelles ? Elle ne se voyait pas en parsemer la blessure sanguinolente sans en connaître exactement les effets. La jeune femme se maudit de ne pas avoir étudié plus en profondeur la botanique Narfasienne ; oh, cette fleur ne lui était pas complètement inconnue, mais elle pensait qu’elle n’était utile que pour enjoliver et parfumer un jardin, ainsi qu’en tisane pour la constipation chronique.
Elle se retourna pour interroger l’apothicaire, mais celui-ci s’éloignait déjà au bras de la femme à la peau sombre qui s’était tant émue à la vue du terrible incident, et avec eux s’envolait l’occasion de se faire introduire auprès du Roi de Narfas. Luthgarde se mordit la lèvre, incertaine de la marche à suivre. Parviendrait-elle là le retrouver dans la foule anonyme ? Il était hors de question qu’elle laisse l’Homme Sain seul dans cet état. Il aurait sans doute été plus logique que soit elle qui aille quêter de l’aide ; les compétences du Grand Pharmacien en matière de premiers secours dépassaient largement les siennes. Honteusement, elle se sentait heureuse d’être celle qui se tenait aux côtés de Sa Sainteté malgré les circonstances glaçantes qui encadraient cette deuxième rencontre.

Peut-être avait-elle mal interprété les signes ; peut-être n’était-elle pas destinée à rencontrer le souverain, du moins, pas ce soir. Si le chemin qu’elle avait empruntée l’avait menée jusqu’ici, c’était pour une bonne raison. À elle d’extirper cette dernière des marécages nébuleux de l’obscurantisme et de l’exposer aux yeux de tous, nue dans sa vérité éclatante.
Si on y réfléchissait bien, son allié masqué et elle avaient sans doute sauvé la vie du Grand Prête. Il y avait de fortes chances que leur irruption dans le jardin ait fait fuir l’agresseur ; qui sait ce qui serait arrivé s’ils n’étaient intervenus ne serait-ce que quelques minutes plus tard ? Pouvait-on attribuer au hasard la présence du pharmacien et des fleurs curatrices qui jonchaient le sentier ? Les astres s’alignaient et il lui semblait qu’elle parvenait enfin à discerner les fils qui les reliaient, translucides comme de la soie d’araignée, esquissant l’immense toile du destin. Un destin qui semblait vouloir tous les ancrer dans un futur inéluctable ; et il l’était, pour la plupart des mortels. Certains d’entre eux, cependant, étaient capables d’en faire osciller légèrement la trajectoire pour lui faire prendre la voie d’un avenir plus radieux.
Des mortels comme elle et le Grand Prêtre. Des Élus auxquels le Très-Haut Lui-même avait décidé d’adresser Ses Divines Prophéties. Luthgarde baissa son masque puis se redressa lentement, les mains jointes devant la poitrine dans une attitude pieuse mais résolue ; droite, elle faisait presque la même taille que l’homme de foi. Elle avait eu tort de vouloir ériger un mur entre elle et celui qui partageait sa mission. C’est ensemble, main dans la main, qu’ils la mèneraient à bien.
« Votre Sainteté… Il nous faut démasquer le ratel au plus vite. Vous savez tout aussi bien que moi quels sont les enjeux. Je veux que vous sachiez que vous pouvez compter sur moi. Nous ne le laisserons pas détruire cette paix pour laquelle nous œuvrons si ardemment. Je...»
Elle fut interrompue par des bruits de pas feutrés qui allaient en s’accroissant. L’alchimiste royal qui rappliquait avec de l’aide ? De l’ombre émergèrent plusieurs silhouettes masquées,  ; elle ne parvenait pas à savoir si son nouvel allié était l’une d’elle.
« Oh ! Par ici ! » Elle agita les bras et ils braquèrent leur attention sur elle. La raideur de leur posture instilla le doute dans son esprit. Prends garde, Enfant de la Lumière… « Êtes-vous ici pour soigner Votre Sainteté ? » Il y eut comme un instant de flottement ; un homme se détacha du reste du groupe et, se raclant la gorge :  «...Oui, bien entendu. On nous a fait savoir que Son Excellence se trouvait ici. » « Quel soulagement ! Vous avez fait vite ! Avec un peu de chance, vous allez même pouvoir retrouver l’odieuse crapule qui a voulu attenter à la vie de Sa Sainteté ! » « C’est… en effet la deuxième raison qui nous amène ici. Votre Excellence, si vous voulez bien nous suivre… il n’est pas prudent de rester sur les lieux. Des hommes resteront sur place pour investiguer. » Avant qu’ils n’emmènent le Grand Prêtre, Luthgarde lui adressa un sourire de connivence.

« Sa Sainteté était déjà dans ce malheureux état lorsque nous sommes arrivés… je n’ai rien entendu de l’altercation, malheureusement. Cela dit, la plaie semble superficielle, et-» « Pas d’inquiétudes, mademoiselle, nous maîtrisons la situation. Vous devriez rentrer à l’intérieur. » La jeune fille referma la bouche, prise de court. Elle observa les deux hommes restés derrière ; faisaient-ils partie de l’armée ? Leurs toges et leurs masques les désignaient comme des invités de la soirée ; sans doute s’étaient-ils fondus dans la foule afin d’être sur place en cas d’incidents comme celui-ci.
Pourtant, l’étudiante ne parvenait pas à être complètement rassurée. Quelque chose clochait. Avait-elle imaginé l’écho des Voix ? Alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour à contrecœur, l’un d’eux lui attrapa brusquement le poignet. Elle eut un hoquet de surprise qui lui coupa la chique avant même qu’elle ait pu penser à broncher. L’homme fixait le bracelet qui pendait à son poignet. Il interpella l’autre : « C’est l’emblème de la cible. » « On se serait trompé ? » « Impossible. » Malgré la nature catégorique de la réponse, une inflexion hésitante trahissait ses doutes. « Qu’est-ce qu’on fait ? » « Tant pis, on l’embarque aussi. On tirera ça au clair plus tard. » Elle avait suivi l’échange d’un air abasourdi, incapable de comprendre ce qui se tramait devant ses yeux. « Mais enfin, qu’est-ce que vous faites !? » Une deuxième poigne s’abattit sur elle et c’est sans égards pour ses protestations qu’elle fut traînée loin de la résidence où la fête battait toujours son plein.

Message VIII | 1080 mots


Résumé:



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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao se releva à sa suite et la regarda s’éloigner vers la porte. Avait-elle souhaité l’éconduire, en retirant ses mains de ses genoux ? Si tel était le cas, elle l’avait fait avec une finesse prodigieuse. Lui aussi avait observé ses mains. Depuis le début, il la détaillait, notait les morsures de l’âge qui commençaient à prendre possession d’elle. D’après ses estimations, elle n’était plus si loin de la ménopause. Que valait une femme ménopausée à Narfas ? Pour les nobles, il s’agissait d’une libération. Elles conservaient le pouvoir sans risquer de grossesses malvenues. Pour les autres, c’était la fin de toute considération. Seule la figure de la mère comptait. Le reste n’avait pas encore de valeur ou n’en avait plus aucune. Cependant, Gao couchait avec bien des femmes ménopausées. Étonnement, elles payaient plus cher que les autres. Le risque de grossesse écarté, elles se montraient plus actives et entreprenantes. Lui était encore jeune et pouvait leur faire plaisir de bien des manières. Sa semence n’était plus importante. Son corps le devenait bien plus. Il ne fut donc pas étonné, quand il vit son visage, de constater son âge. Visuellement, il ne la connaissait pas. Il maintenait néanmoins sa position concernant son rang. Elle n’était pas n’importe qui et si les affaires politiques l’intéressaient, ses déductions allaient toutes dans le même sens. Garance de Lieugro. Il aurait pu suivre avec ses propres lèvres le mouvement des siennes. Il répondit à son sourire. Maintenant qu’il savait, des liens solides se créaient dans sa tête. Il avait déjà travaillé avec elle par le passé. Primaël avait répondu à ses attentes. S’il avait cru qu’elle avait commandé un semencier pour elle, elle la sœur du Roi qui n’était pas encore mariée et qui n’avait pas encore d’enfants, il avait compris au retour du violet qu’il n’en était rien. Elle était douée d’une véritable stratégie. Il se demanda si des hommes étaient passés par son lit, en pensant y gagner quoi que ce fût. « Enchanté. » lui dit-il. Pour le moment, il allait garder les informations qu’il possédait pour lui. Il savait que dès qu’il lui donnerait son nom, elle arriverait aux mêmes conclusions que lui. « Oui, surtout que votre statut de réfugié vous donne un désavantage. Narfas pourrait refermer ses portes sur vous et les vôtres. » L’ordre n’avait pas été donné mais ce n’était pas à exclure. S’il avait été à leur place, c’est sans doute ce qu’il aurait fait. Enfin… peut-être pas. Il aurait essayé de convaincre d’abord. Si ça n’avait pas marché, il aurait ravi les femmes et les aurait attachées, jambes écartées à des lits de fortune, dans l’attente de se faire féconder. Pareil pour les hommes, des fois que leur sperme portât un avenir féminin. Il manquait peut-être de nuances mais c’était aussi souvent dans la recherche têtue de nuances qu’on se faisait avoir.

« Pourquoi ? » Gao s’amusait toujours de cette question. Ses émotions concernant Primaël étaient délicates à appréhender mais ce qu’il savait, et ce que tout le monde aurait dû savoir, c’est qu’il était exceptionnel. Sa passion était peut-être son seul défaut. Il se demanda s’il existait encore de l’amour entre eux, enfoui quelque part derrière les blessures qu’ils s’étaient infligées. Il avait perdu cette bataille-là. Son corps s’en rappelait autant que son cœur. Et Primaël avait fait le choix de ne pas le suivre tout à l’heure. « Parce que Primaël est très doué, quoi qu’il fasse, et que je pense que vos intérêts ne sont pas divergents. » Il n’aimait pas parler de politique, justement parce que la politique avait contribué à éloigner l’ancien semencier de lui. « Vous en tirerez profit. » Il ne détourna pas la tête lorsqu’elle lui retira son masque. Il la détailla comme elle était en train de le faire, en essayant de noter les prémices de l’attirance chez elle. Se laissait-elle souvent tenter ? Il avait entendu dire que Wesphaline ne couchait plus avec son mari, qu’elle profitait des plaisirs en compagnie d’autres hommes. Il ne savait pas si la rumeur était vraie ou fausse. Il aurait aimé pouvoir s’insérer entre les cuisses de la Reine et la faire jouir comme jamais Balthazar n’avait dû le faire avant. Ses pensées furent à peu près les mêmes à l’égard de cette femme. Quelque chose lui disait qu’elle pourrait faire mieux que le payer en or. « Hum… Maintenant que je connais votre identité, je vais devoir augmenter mes tarifs. » s’amusa-t-il, sans réduire la distance déjà petite entre elle et lui. « Je suis Gao d’Eésnep. Vous et moi nous sommes déjà entendus sur certains services par le passé. » Il valait mieux qu’il lui fît lui-même la confidence. « J’espère que notre précédent arrangement vous a donné pleinement satisfaction, même si mon semencier ne s’est pas déplacé pour vous. » Il ne lui dirait peut-être pas pour Primaël ; pas tout de suite. Elle le constaterait elle-même. La situation était excitante. Avait-elle profité de lui en complément ? Il était difficile de lui résister. Les gens comme lui étaient rares. « Je vais vous expliquer ce que vous voulez savoir, en échange de l’accès à votre peau. Rien de trop osé. Laissez-moi simplement vous masser les épaules. » Il lui sourit. Les épaules maintenant. Le reste plus tard. Il l’espérait. Il n’aimait pas quémander. Il préférait quand les femmes, conquises, faisaient appel à lui d’elles-mêmes. « Asseyez-vous, je vous en prie. »

Il se plaça derrière elle dans le renfoncement. Le matelas était moelleux et les coussins lui permirent de se caler contre elle de façon optimale. Il passa ses mains de chaque côté de ses épaules pour atteindre le cordon qui maintenait la tunique en place et le desserra suffisamment pour que le tissu découvrît sa peau. Il versa de l’huile sur elle pour mieux la recueillir entre ses doigts. « Les mesures natalistes sont drastiques. Les générations futures en souffriront bien plus que les générations actuelles et passées. » commença-t-il, tout en la caressant. Leurs peaux lui semblaient adaptées l’une à l’autre. Il approcha ses lèvres de sa nuque, y déposa un baiser et les fit glisser doucement sur son épiderme. « Chez les nobles, la génération de la Reine est obligée d’avoir trois enfants. Néanmoins, les femmes qui ont la trentaine aujourd’hui se doivent d’enfanter au moins cinq héritiers. Demain, ce sera huit, et ainsi de suite, dans l’espoir de voir les fillettes de plus en plus nombreuses. » Mais si les hommes persistaient à naître en nombre, d’autres problèmes risquaient de survenir. Il n’y aurait plus assez de récoltes pour nourrir tout le monde. Les zones désertiques étaient nombreuses à Narfas. Le Royaume était très différent de celui de Lieugro. Les lèvres de Gao se refermèrent sur le lobe de son oreille, tandis que ses mains jouaient toujours un ballet ni trop appuyé ni trop léger. Il fallait savoir doser pour éviter l’inefficacité d’un massage fantôme ou l’irritation d’un massage douloureux. Il parlait à voix basse, parce qu’il ne voulait pas endommager les effets qu’il cherchait à lui faire ressentir. Certaines femmes adoraient parler de politique au lit ; de politique ou d’autres sujets. Il savait s’adapter. « Quant aux femmes de la plèbe, elles n’ont qu’une consigne : engendrer au moins une fille. Le nombre n’est pas limité. Seule la fille importe. Je vous laisse imaginer. La contraception est inexistante officiellement. Dans les faits, elle est clandestine et, le plus souvent, dangereuse. » Tout ce qui était clandestin l’était. « Si vous avez d’autres questions, j’y répondrais volontiers mais votre tunique devra continuer son voyage vers le bas. Disons… jusqu’à votre nombril pour l’instant. » Dans le fond, hormis s’il lui déplaisait, il trouvait qu’elle gagnait beaucoup à l’échange. Cependant, s’il demandait des choses sur le long terme, rien ne pourrait lui garantir qu’elle tiendrait ses engagements. Ce qu’il désirait, c’était conquérir de nouveaux marchés, s’implanter ailleurs. Ses poulains mais également lui-même. Devenir la pute des têtes couronnées du monde entier.

1315 mots
Je te laisse le soin de l'interruption par les domestiques de Primaël ! <3
 


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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Dim 09 Juil 2023, 17:38


Les Portes V

Elle avait beau détourner le regard, fermer les yeux, ou même essayer d'admirer les jardins, la tâche écarlate demeurait tatouée sur sa rétine. Elle ne se souvenait pas avoir déjà réagi de la sorte à une effusion d'hémoglobine. Pas aussi intensément. Il fallait dire qu'elle ne faisait pas souvent face à ce genre de blessure. Qui plus est depuis le début de la soirée elle n'était pas bien. Depuis le début de la soirée des fleurs écarlates devançaient ses pas, dessinant autour d'elle un jardin morbide. Peut-être avait-ce simplement été la fois de trop. Celle dont même la fuite ne pouvait la sauver. Une chose était certaine, Pénélope n'aimait pas l'état dans lequel cet événement l'avait mise. Elle était trop faible, trop vulnérable. Bonne à rien et mauvaise à tout. Elle avait toujours fait en sorte de se montrer forte et assurée, une façon pour elle de s'affirmer dans un milieu dans lequel elle avait l'impression de demeurer étrangère malgré les années passées à vouloir s'intégrer. Encore maintenant elle essayait de rester fière et ne pas compter uniquement sur l'appui de Melchior. Elle avait bien conscience qu'elle en était difficilement capable malgré la volonté qu'elle mettait. Alors elle déglutit. « ... ». De mauvais augures, hum ? Possible. Elles avaient été bonnes pour elle jusque-là pourtant. Le vent avait-il tourné ? Peut-être s'était-elle seulement trouvée sous ce dernier jusqu'alors, portée par les alizées plutôt qu'à devoir lutter contre sa morsure, contrairement au Grand Prêtre. Sa main se serra un peu plus sur le bras de son frère. « Oui. Rentrons. ». En vérité, le malaise n'était pas la seule raison pour laquelle elle avait accepté cette proposition. Elle avait l'impression, en suivant ce domestique, de s'être placée en sens contraire de ce vent. Les règlements de comptes, inévitables lors de soirées masquées comme celle-ci — elle n'était pas naïve au point de l'ignorer — avaient commencé. Ça n'avait aucun sens, et pourtant elle craignait que le couperet ne tombe sur sa nuque à elle aussi. Son regard se porta sur le domestique qu'ils approchèrent. À quelque pas de ce dernier, Pénélope prit une courte inspiration avant de se redresser, bien décidée à ne pas laisser transparaître sa fragilité face à un inconnu, un sous-fifre qui plus est. « Appelez un médecin. Sa Sainteté a été agressée et durement blessée. ». L'évocation du religieux fit remonter la vision liée au souvenir et sa vue fut à nouveau teintée de carmin. Elle se trouva alors incapable d'en dire plus, son esprit bloquée sur la plaie ouverte du prêtre. Malgré la nouvelle, le domestique ne sembla pas être plus alarmé que ça. Peut-être avait-il été préparé à ce genre d'éventualité. « Attends. » fit soudain la brune à l'encontre de Melchior lorsque l'employé se fut éloigné. Elle ne tutoyait que peu son frère. Généralement, c'était pour briser une barrière qu'elle construisait à coup de vouvoiement et de tentatives de rapprochement avec Gao pour ensuite offrir à Melchior l'idée qu'il l'intéressait malgré les apparences. La situation était bien différente cette fois-ci. Elle n'avait pas brisé ces barrières : elles étaient tombées toutes seules et l'avaient mise à nu bien malgré elle. Elle inspira longuement et expira de même. Une fois. Deux fois. Trois fois. « Ça va mieux. ». Mieux était un grand mot pour l'état dans lequel elle se trouvait réellement. « On peut y aller. » affirma-t-elle ensuite. Son esprit se faisait plus clair à mesure qu'ils s'éloignaient de la scène du crime pour se rapprocher des voitures à l'entrée de la bâtisse. À présent, elle se rêvait le silence de leur propre maisonnée ; de retrouver sa propre identité, et non plus être seulement "Madame Paon". Mais, surtout, elle désirait avant tout autre chose un bain. Chaud de préférence. Parfumé à la rose ou au jasmin. De ceux dont les vapeurs emmènent avec elles les tracas, où elle pouvait simplement s'oublier. De ceux nettoyant la peau et l'esprit des souillures dont ils sont maculés.

Dans le vestiaire, elle abandonna purement et simplement la toge sombre au sol, laissant tomber le masque dessus où il rebondit en silence, sa chute amortie par le tissu. Elle rejoint alors une assise où elle se posa quelques minutes. Elle devait être prête à se confronter à ce genre de vision. Personne n'était assez dupe pour ne pas savoir qu'une partie de la population grondait contre le régime en place. Or, il était difficile de songer qu'une simple révolte suffirait à changer les choses. La révolution était inévitable. Le sang coulerait. Si ce n'était celui de la noblesse, ce serait celui de la couronne et des représentants de l'Église. L'état dans lequel se trouvait Gaspard ce soir en était la preuve. Elle devait faire vite alors. Arrêter de tourner autour du pot, quitte forcer les choses en usant de cette chance qui lui avait été offerte ce soir. Elle ferma les yeux et expira un long souffle. À présent, elle allait réellement mieux. Elle se rhabilla donc avant de rejoindre Melchior. « Partons d'ici tant qu'il est temps. Avant que les choses ne dégénèrent plus encore. » déclara-t-elle avec bien plus d'assurance que précédemment en retrouvant le bras de son frère.
©gotheim pour epicode


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Zeryel
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Zeryel
Dim 09 Juil 2023, 18:38

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe




Rôle - Adolphe d'Epilut:

Méticuleusement, Adolphe essuya le sang de ses dagues à l'aide du mouchoir du défunt. Il aurait voulu y passer plus de temps, s'assurer que le tranchant ne s'était pas émoussé en râpant sur les os du tenancier, huiler l'acier afin qu'il ne rouille pas et conserve la perfection de son brillant. Le temps pressait. À tout moment, quelqu'un pouvait venir et l'adolescent comptait être déjà loin quand cela surviendrait. Il prit le temps de s'arrêter face à un carré de miroir accroché au mur dont il profita pour faire disparaître les gouttes de sang mouchetant son visage. Il n'aurait plus nulle part où aller désormais pour assouvir son goût pour le sang. Il comprenait à présent qu'avoir un lieu dédié à ses vices était une erreur depuis le départ. À l'avenir, il frapperait au hasard, dans des lieux différents. Il connaissait assez bien le quartier maintenant pour savoir où les femmes de petite vertu faisaient leurs rondes. Et personne ne trouverait rien à redire sur les cadavres de ceux qui dormaient dans la rue à défaut d'avoir un toit où s'abriter. Sans proches ni protecteurs, ces rebuts de la société étaient du pain béni pour ses pulsions. Non seulement il nettoyait les rues de leur puanteur, mais cela lui permettait de trouver un exutoire à toutes ses frustrations accumulées.

Sa cape rabattue sur sa tête, Adolphe rasa les murs pour retrouver les artères illuminées par les diverses activités nocturnes. La cité avait toujours été bruyante, de jour comme de nuit. D'une certaine façon, Narfas ne dormait jamais véritablement. Pourtant, les bruits qui parvenaient jusqu'à lui étaient inédits. Une rumeur crépitante enflait, comme le grondement d'une bête sauvage, grimpant d'une octave à chaque pas qu'il faisait en se rapprochant. Des cris résonnaient, de mécontentement et de jubilation entremêlés, de peur aussi. Par deux fois, il vit des personnes munies de torches courir dans la rue adjacente, suivis par de petits groupes. Il vit leurs poings levés en l'air, leurs visages résolus où la haine vibrait comme un masque transposé. Sa main s'enroula sur la garde d'une de ses armes. Une odeur de brûlé s'infiltra jusqu'à son nez. Plus en avant dans la rue, un bâtiment pris dans les flammes crachait des nuages noirs qui masquaient les étoiles.

À mesure qu'il suivait le mouvement, les rues rétrécissaient, envahies par ceux quittant leur logement pour rejoindre les émeutes. Tous se dirigeaient vers les quartiers supérieurs de la ville, vers là où lui-même habitait. Au loin, le palais brillait comme un phare dans la nuit. Un mauvais pressentiment collait à la peau du futur soldat. Il arrêta une silhouette passant près de lui. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » L'homme lui fit face. La suie et la sueur dénaturaient ses traits. Sous ses cheveux sales, ses yeux luisaient, habités par une émotion forte, incontrôlable. « La Reine Wesphaline est morte ! » Adolphe le lâcha. « Quoi ? Comment ? » « Assassinée ! Lors d'une soirée masquée ! » Adolphe se mit à réfléchir. Gaspard s'était-il lui-même occupé du sort de la Reine ? Allait-il lui faire porter le chapeau ? L'homme l'agrippa par le bras, arrachant Adolphe à ses questionnements. « Les autres doivent tomber aussi. » Les autres ? Balthazar ? Jésabelle ? Quelles étaient les limites de ce coup d'état ? Qui était véritablement visé ? Où était sa mère ? « Pourquoi tu ne réponds rien ? Tu ne viens pas ? » L'homme plissa les yeux, cherchant à percer son visage dans l'ombre de sa capuche. Sans prendre le temps de réfléchir, un éclat d'argent jaillit de sous sa cape et disparut entre les côtes de l'homme. Une fleur rouge germa sur la chemise de l'homme, suivie de plusieurs autres quand le couteau fit plusieurs allers et retours. Adolphe le soutint alors qu'il vacillait. En quelques pas, il l'entraîna jusqu'à une rue où il le laissa glisser contre un mur, sans vie. Immédiatement, il se joignit l'air de rien au cortège qui remontait la rue, les yeux baissés, le temps de prendre une décision, essuyant ses mains humides de sang sur l'intérieur de sa cape. Sa respiration restait égale, ses doigts, alertes. Il n'avait pas prévu de mourir ce soir.

En arrivant sur les quartiers favorisés, la foule s'écarta pour laisser passer une charrette tirée par un âne. Quelqu'un mit le feu aux bottes de foin amoncelées et l'âne s'agita, affolé avant de tracter la charrette à plein galop dans les rues propres et larges du quartier des nobles, semant le feu et la panique sur son passage et dispersant les quelques opposants qui avaient tenté de bricoler une défense improvisée en s'alignant comme un bouclier humain.

« Non... » Il ne pouvait pas abandonner sa précieuse collection aux mains des gueux et des flammes. « Imbéciles ! » Cracha-t-il entre ses dents. Toute la ville allait brûler avec leurs actes irréfléchis. Au pas de course, Adolphe quitta le gros des rebelles et rejoignit sa maison dans laquelle il s'engouffra, un bras sur le bas du visage pour se protéger de l'épaisse fumée âcre. La fournaise à l'œuvre avait déjà dévoré les tentures et s'attaquait au mobilier en bois. En toussant, il se précipita dans la salle d'exposition de ses armes et les décrocha du mur pour les jeter dans un sac en toile. Il le passa ensuite dans son dos, plaçant la lanière en bandoulière pour ne pas être gêné dans ses mouvements. En ressortant, il manqua être assommé par une poutre dégringolant du plafond, lui barrant définitivement le passage vers le fond de la demeure. Le visage fermé, les yeux brillants de larmes par la fumée dégagée par les flammes, il courut à l'air libre et inspira de grandes goulées d'air pur pour décrasser ses poumons. Partout autour de lui, le chaos régnait sans demi-mesure. Personne ne le voyait, et il prit la direction du palais, déterminé à achever quiconque se dresserait sur son chemin.




Aux portes, elles avaient mis du temps à le reconnaître. Son identité disparaissait sous une couche de suie. Ses cheveux empêtrés de sang gouttaient sur ses épaules et son regard aux pupilles élargies reflétait encore les scènes dont il avait été témoin. Une arme dans chaque main, il dressa le menton. « Où est ma mère ? » À sa voix, la soldate prit un air soulagé en le reconnaissant. « Oh, c'est toi, où étais-tu passé ? Elle est par là. Dépêches-toi, elle t'a fait chercher. » Il acquiesça et gravit les étages jusqu'aux appartements royaux. Ses pas laissaient des empreintes ensanglantées sur les épais tapis et il essuya distraitement une coupure béant au dessus de son sourcil pour chasser le sang qui l'aveuglait d'un oeil. Plusieurs adversaires tenaces avaient barré sa route jusqu'au palais et il avait frôlé la mort d'un cheveu plus d'une fois avant d'arriver à destination. Quand il vit la silhouette de sa mère, il maudit la vague de soulagement qui le parcourut. Une faiblesse dont il la rendait coupable. Raide, il s'avança. « Où est Gaspard ? » Demanda-t-il en guise d'introduction. « C'est lui qui a tué Wesphaline ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu étais au courant de ses intentions de la tuer ? Je crois qu'il a perdu la tête et veut prendre le pouvoir. Il m'a demandé de me charger du meurtre de la Reine, mais ce n'était pas moi. C'est la folie à l'extérieur. Le peuple se révolte et la maison a brûlé. C'est Gaspard qui a provoqué tout ça ? Il veut utiliser le peuple pour prendre le pouvoir ? » Réalisant qu'il décochait ses phrases de façon incohérente, il inspira et sa prise sur ses armes se raffermit. De toutes les situations possibles, celle où l'Eglise volait la couronne était probablement la pire. Il ne laisserait pas son oncle faire. Il les tuerait tous, ces hommes et femmes prétendument pieux, et tant pis s'il y avait son père dans le tas. « Dis-moi ce que je peux faire. »

Message XI | 1373 mots
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Jil
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Jil
Dim 09 Juil 2023, 19:21


Je les observe être mignons et complices pendant quelques secondes, avant de reprendre du jambon. Ils sont adorables, à s’échanger des mots mielleux dignes des meilleures romances, mais assez rapidement, je commence à regretter notre duo de commisération. Ils ne font que mettre en évidence ce que je ne m’imagine pas avoir – jamais. Mon regard dérive un instant, avant de se fixer sur un point du parquet. Il faut que j’arrête de tout ramener à moi ; il faut que je sois heureuse pour eux, ça a l’air de bien se passer. Même si je ne les connais pas vraiment, ça ne doit pas m’empêcher de leur souhaiter que ça continue. Contrairement à moi, le fiancé n’a pas l’air très intéressé par l’aventure en tant que telle. Il est plus âgé, et aussi surement plus réaliste que moi quant à ses attentes. Il a probablement raison ; je ne suis qu’une fille de château, bien loin de la réalité d’une majorité. Ce que je m’imagine faire, à courir les champs sauvages, à explorer les ruines oubliées d’une civilisation disparue, tout ça, ce sont des délires d’enfants. Je n’ai pas la moindre idée de comment allumer un feu, je ne sais pas attraper ma nourriture, j’ai des bases d’escrime qui sont très certainement ridicules face à une créature sauvage. Si je partais en aventure demain, on me retrouverait surement morte dans la semaine. Il parle de devoirs et de projets comme s’il les avait choisis, ce qui est bien pour lui, je suppose. Soit c’est vrai, soit il s’en est convaincu.

— « Il y a plein de choses qui me retiennent, à commencer par mon âge, mon manque d’expérience, de connaissances, de courage, probablement. Et c’est sans parler de tout ce qui me retient qui n’est pas de mon fait. »

Au même moment, pendant que je me complais dans mon désespoir, je vois du coin de l’œil mon inconnu qui ôte son masque avec un long soupir. Dès que je vois le visage princier de Placide, je manque de m’étouffer sur un mini-cake. La température vient de monter de quelques degrés et je sens une vague de chaleur me traverser. Mon inconnu : le Prince de Lieugro, qui s’habille en femme, et entretient une relation amoureuse avec l’un de ses soldats. Non ! Le Prince de Lieugro, que j’ai rencontré, qui me connait, et qui est peut-être à même d’identifier ma voix, et d’annoncer la nouvelle à toute la cour. Placide de Lieugro, dont les négociations avec son pays d’origine n’ont pas l’air de se dérouler comme espéré. Mère et Père en ont vivement discuté sur le chemin et de toute évidence, le moindre grain de sable supplémentaire pourrait mettre à bas toute tentative d’accord. Placide de Lieugro, que je connais depuis quelques heures, qui n’a peut-être pas la maturité nécessaire pour comprendre l’importance de ce secret, ou qui est peut-être bien assez mature pour comprendre le poids d’une telle révélation pour lui faire du chantage.

Je pense que je meurs. J’ai un peu envie de vomir, j’ai des fourmis dans les pieds, et je sue à grosses gouttes, à tel point que je sens littéralement l’humidité ruisseler dans mon dos. Je n’ose plus rien dire : peut-être qu’il n’a pas encore saisit qui je suis, auquel cas je ne peux pas me permettre de prononcer un mot de plus. Et s’il a fait venir son « fiancé » pour avoir de quoi me maitrisé ? Et s’il savait depuis le début que j’étais une fille, et qu’il avait orchestré tout ça pour que je le confesse de moi-même ? Non, c’est stupide, c’est moi qui ai décidé de m’habiller en femme cette fois. Mais… Et s’il avait semblant de se travestir, pour donner l’impression d’être proche de moi ? Non, non, ça n’a aucun sens, sa réputation a autant à pâtir que la mienne si on le trouve dans cet accoutrement. Je vais supposer qu’il n’est pas coupable. Je ne peux de toute façon pas me permettre qu’il l’apprenne, qu’il se travestisse ne change rien. Je jette un regard à droite, à gauche, je commence à réfléchir à une porte de sortie. Placide a l’air d’être réellement ivre, et si je suis honnête, je crois que moi aussi. J’entends même mon prénom être murmuré au-dessus de nos têtes : la paranoïa a l’air de venir avec l’alcool. C’est aussi probablement une conséquence de l’éducation de Mère. Et si… et si je pouvais me confier réellement au Prince de Lieugro ? Peut-être que c’est le premier geste de confiance qui mènera à la coopération entre nos deux nations, et que… Non, cette fois c’est sûr, il y a vraiment des gens qui prononcent mon nom.

— « Cherchez le Prince Anthonius, on m’a dit qu’il avait un hérisson sur son sceau, cherchez un hérisson, mais discrètement ! »

Mon cœur manque un battement ; mon regard passe du sceau à mon poignet, aux deux tourtereaux qui m’accompagnent sous la table. Cette fois c’est sûr, je suis fichue.
Résumé et mots :


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Priam et Laëth
Dim 09 Juil 2023, 20:00




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Garance haussa un sourcil. « C’était donc vous. » Un fin sourire remonta le coin de sa bouche. « Heureuse de faire enfin votre connaissance. » Des années s’étaient écoulées depuis la conclusion de leur arrangement. Ils avaient convenu de tout par échanges épistolaires. Elle n’avait rencontré que le jeune semencier envoyé pour mener à bien sa mission. Il ne l’avait pas déçue, d’abord parce qu’il avait réussi à charmer et à féconder l’idiote qui croyait pouvoir rivaliser avec elle, et ensuite parce qu’il s’agissait d’un garçon intelligent. Elle se demanda ce qu’il était devenu, depuis. Travaillait-il toujours pour Gao ? Ou avait-il monté son propre commerce, dans l’espoir de prospérer au cœur d’un monde où son sexe lui donnait accès à si peu de pouvoir ? À l’époque, elle n’avait pas beaucoup discuté avec lui. Elle aurait sans doute dû, compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait désormais. S’ils avaient pris le temps de converser, elle aurait peut-être pu apprendre des éléments essentiels du fonctionnement et de la mentalité de Narfas. « Habituellement, ne vous faites-vous pas payer pour de tels services ? » releva-t-elle, presque amusée. « Serait-ce mon jour de chance ou dois-je me méfier d’une quelconque manigance ? » Pourtant, elle prit place sur le matelas. Elle n’abandonnait jamais totalement sa défiance. Quand on occupait sa position, on ne pouvait pas se le permettre. Son frère l’avait oublié et en était mort. Depuis leur enfance, elle était la plus suspicieuse des deux, et sans doute celle qui avait le plus rapidement compris ce qu’impliquait leur rang. Leurs parents étaient certes appréciés, mais le temps avait poussé devant leur porte le lot d’ennemis coutumier de tous les souverains. Il avait toujours existé et il existerait toujours des intéressés qui préféreraient faire rouler les têtes couronnées plutôt que de leur prêter allégeance ou que de lier avec elles des serments de paix. Néanmoins, on ne pouvait pas briller en politique sans se confronter à quelques risques. Si pour obtenir le savoir qu’elle convoitait, elle devait laisser les doigts du semencier cercler sa nuque, alors elle le ferait.

Tandis que les mains de Gao recouvraient sa peau, elle se concentrait sur ce qu’il énonçait. Un frisson perça son dos lorsque ses lèvres goûtèrent son épiderme, puis se lova dans son bas-ventre, mais elle demeura droite et attentive. Cette course à l’enfantement pour obtenir des filles avait quelque chose de risible. Elle ajoutait au déséquilibre nombré entre les sexes, et faisait peser sur le pays, dont les surfaces agricoles et les ressources en eau étaient limitées du fait du climat désertique, de plus fortes contraintes de productivité. Si Narfas poursuivait sur cette lancée, il n’y aurait pas mille solutions pour assurer le maintien du niveau de vie de ses habitants sur le long terme. Ou il lui faudrait éliminer les hommes trop nombreux, ou le royaume devrait s’en rendre à ses voisins, soit au travers d’accords économiques nécessairement désavantageux, soit en leur déclarant la guerre afin de conquérir des terres cultivables et de contrôler des points d’eau. Il disposerait, au moins, d’une armée conséquente, nourrie par des années de reproduction forcée. La blonde inclina la tête sur le côté, découvrant son cou. Ironiquement, son informateur jouissait d’un doigté qui ne devait pas manquer de délier la langue de ses partenaires. « Je vois. » À Lieugro, les contraceptifs étaient monnaie courante parmi celles qui pouvaient se les octroyer. Ils évitaient bien des déconvenues aux femmes qui s’aventuraient en dehors de la couche de leur mari et aux jeunes gens qui ne pouvaient pas souffrir d’attendre le mariage pour découvrir l’acte charnel. Ils demeuraient, cependant, des produits à l’efficacité limitée. Elle en avait fait deux fois les frais.

Un rire fila dans sa gorge. « Vous êtes entreprenant. J’imagine que c’est ce qu’il faut, dans votre métier. » Son visage pivota légèrement vers lui, de sorte à ce qu’elle pût le voir du coin de l’œil. « Nous ne sommes probablement pas si différents. » Ils savaient tous les deux que rien n’était gratuit, et que le sexe comptait parmi les moyens d’obtenir ce que l’on souhaitait. Garance ne se faisait aucune illusion. S’il voulait la déshabiller, c’était parce qu’il escomptait, à un moment ou à un autre, se fondre en elle. Face à une Princesse, les hommes paradaient souvent avec cette prétention. Elle en avait joué plus d’une fois, et peu lui importait de recommencer. Si elle devait coucher avec lui pour sauver sa tête et celle de Lieugro, elle le ferait sans aucune hésitation. Elle en tirerait même sans doute du plaisir. « J’ai d’autres questions, en effet. » dit-elle en faisant remonter l’une de ses mains le long de la mâchoire du brun, jusqu’à la naissance de ses cheveux dans son cou.

La serrure cliqueta. Elle interrompit son geste, le cœur bondissant et le regard braqué sur la porte, qui s’ouvrit avant qu’elle n’eût pu esquisser un seul geste. Elle était pourtant certaine de l’avoir fermée à clef. Un homme, jeune, vêtu de la livrée des domestiques, apparut sur le seuil. Ses iris balayèrent la pièce, avant de se fixer sur le duo. Il ne sembla pas surpris, mais eut la décence de détourner le regard. « Dame de Lieugro, Sire d’Eésnep. » Il s’inclina légèrement. Sa posture indiquait la tension qui le parcourait. « Mon maître m’envoie vous quérir. Il souhaiterait vous rencontrer tous les deux, dans son bureau. » Un silence bref plana. Garance se redressa, rajustant une à une les bretelles de la toge, décidée à ne pas perdre la face. « Voilà qui est convenant. Nous parlions justement de le rencontrer. » Convenant, mais surprenant. Avec maîtrise, elle quitta le matelas. « J’ignorais que les gens de Narfas ne prenaient pas la peine de toquer aux portes closes. » S’ils avaient été chez elle, il aurait payé cher cette intrusion. Ici, elle devrait se contenter de la signaler. Le domestique releva les yeux vers elle. « Pardonnez-moi mes manières. La situation a troublé mon jugement. » Elle le détailla, les paupières légèrement plissées. Quel événement pouvait le mettre dans un tel état ? « Je vous prie de me suivre. L’affaire est urgente. » Elle jeta à Gao un coup d’œil par-dessus son épaule, avant d’acquiescer et d’emboîter le pas au messager.



Quand la porte du bureau s’ouvrit, Garance attendait debout devant la fenêtre, le regard rivé sur les lueurs lointaines de Narfas. Elle pivota. Ses iris ripèrent immédiatement sur le visage du maître des lieux. « Vous. » - « Ravi de constater que vous ne m’avez pas oublié. » Un sourire insolent borda les lèvres de l’homme. « Comment aurais-je pu ? Votre fils vous ressemble tant. » rétorqua-t-elle.



Message XII – 1120 mots




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