Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Partagez
 

 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 13, 14, 15, 16  Suivant
AuteurMessage
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 438
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Mar 27 Juin 2023, 20:23

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 658f
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Zébella s'était d'abord renfrognée en réalisant son erreur. Pourquoi, entre tous les invités réunis sous le toit de ce Primus - ou était-ce Primax ? - avait-il fallu qu'elle tombe sur un Lieugrois ? Pendant tout le temps que dura leur marche, elle évalua ses chances de l'assommer pour s'en débarrasser et inventoria les ingrédients nécessaires : de la surprise, de l'élan, et un mur. Lambert ne méritait pas ça, mais elle non plus. Il n'avait qu'à s'estimer heureux d'avoir affaire à elle plutôt qu'à n'importe qui d'autre de sa maudite famille. Elle ne fit rien. Le silence de l'homme troublait sa détermination et ils se retrouvèrent chez le médecin avant qu'elle n'ait pu se résoudre à agir. Furieuse contre le monde entier, mais surtout contre elle-même, la bleue ignora le siège proposé et s'appliqua à fusiller du regard les murs encombrés de bricoles religieuses inutiles. Son ire se déporta sur Lambert dès qu'il ouvrit la bouche. Outrée d'entendre le plan qu'elle fomentait depuis quelques minutes dans la bouche de l'ennemi, elle le dévisagea comme une oie à qui on vient de voler son grain. « Et vous me laisseriez faire ? » Malgré le ton provocant employé, elle était réellement intriguée de la réponse qu'il aurait, principalement car de sa réponse dépendrait le temps qu'il lui restait à vivre. Le médecin revint entre temps. D'un geste impatient, Zébella balaya le linge humidifié d'alcool qu'il s'apprêtait à passer sur ses coupures. « Oubliez ma main, ce n'est rien du tout. » Finirait-elle couturée de cicatrices comme son père à ce rythme ? Dans l'ordre de ses priorités, son apparence physique figurait quelque part entre les confections de bouquets et les leçons de solfège. « Je veux un abortif. » Coi, le médecin coula un regard vers Lambert. Zébella vit rouge et le brusqua en le poussant en arrière. « Je vous conseille de garder vos yeux sur moi. Cela ne le concerne en rien. Ni lui, ni personne. Dépêchez-vous. » Les sourcils neigeux de l'homme se rejoignirent. Sur toutes ses années d'expériences, il avait cessé de compter les filles venues le voir à ce sujet, beaucoup trop jeunes à chaque fois. Sotte jeunesse. « Depuis combien de semaines ? » « Depuis le bal. Mais je ne vois pas le rapport. » « Plus le temps passe, et plus il devient difficile de s'occuper de ça. » « Je me fiche que ce soit difficile. Pouvez-vous le faire, oui ou non ? » « Oui. Mais je ne peux garantir de l'efficacité de cette médecine. Quant à l'opération, elle est risquée. » « L'opération ? Je n'ai pas le temps pour ça. Contentez-vous de me donner une herbe ou je ne sais quoi, et je me débrouillerai. » Elle devait d'abord mettre le plus de distance possible entre Narfas et elle. Il y aurait bien quelqu'un en route qui saurait la débarrasser de la Chose si l'abortif ne fonctionnait pas. Elle refusait de penser à l'éventualité de devoir vivre avec ce ventre qui s'alourdirait et l'handicaperait. Elle deviendrait aussi faible qu'humiliée. « L'opération n'est pas recommandée à un stade trop avancé. Vous pourriez en mourir. » Exposa l'homme, s'attirant immédiatement le courroux de la bleue. « Je suis une putain d'Uobmab, je ne vais pas mourir pour si peu ! » S'exaspéra Zébella, à deux doigts d'étrangler la vieille croûte. S'il y en avait un qui était plus proche de la mort, c'était bien lui, pas elle. Le médecin finit par se faire une raison et se mit à rassembler des ingrédients dans sa malle, le visage fermé. Pendant ce temps, Zébella commença à fouiller le mobilier avant de quitter temporairement la pièce. Quand elle revint quelques minutes plus tard, elle avait troqué sa toge pour des vêtements masculins. Son regard rencontra celui de Lambert et se durcit, le défiant de dire ou faire quoi que ce soit. Sans un mot, elle se servit dans les affaires du médecin et récupéra une paire de ciseaux qu'elle mit aussitôt à usage en tailladant férocement dans ses cheveux. Alors que les mèches tombaient en pluie au sol, elle reprit la parole. « Vous allez vous exposer à des problèmes si vous me laissez m'enfuir. Garance n'a pas l'air d'être une femme très commode. Elle ne sera pas heureuse d'apprendre que vous avez laissé filer votre seule monnaie d'échange face à ma famille. » Il devait déjà en avoir conscience, il n'avait pas l'air d'être un homme stupide. « Alors pourquoi ? » Elle se passa les mains dans ce qu'il restait de ses cheveux pour les débarrasser des paquets sectionnés. La légèreté soudaine de sa tête la surprit. Un sourire étira doucement ses lèvres. C'était agréable. Elle se sentait pousser des ailes, la liberté à portée de main. Son attention se tourna de nouveau vers l'obstacle potentiel. « Vous souhaitez rallier la bannière Uobmab ? Trahir Lieugro ? Je n'y crois pas une seule seconde. Ne le prenez pas mal, mais vous avez presque autant de caractéristiques d'un chien que mes propres chiens restés à Uobmab. » Entre ses mains, la préparation du médecin remplaça la paire de ciseaux. Elle la renifla, grimaça, et la but d'un trait en se pinçant le nez. « De toute façon, peu importe. Ma décision est prise. Ne me forcez pas à vous faire du mal. Je n'y prendrais pas plaisir, mais je le ferais. Dans le cas contraire, je peux aussi vous frapper pour que vous puissiez faire croire que je m'en suis prise à vous pour m'enfuir. Peut-être qu'une bosse sur la tête vous excusera auprès de cette femme. Non pas que votre sort me préoccupe. » Peut-être un peu. « Je n'ai rien contre vous et je ne veux pas que vous souffriez injustement de ma décision. Pas alors que vous avez toujours été correct avec moi. » Elle n'avait pas oublié ses mots lors du bal. La colère avait avalé la compassion de l'homme ce soir-là, mais elle n'avait pas oublié. « Rosette a de la chance d'avoir un père comme vous. Ce serait dommage de l'en priver. » Ajouta-t-elle. Ses paupières battirent frénétiquement pour empêcher toute brillance de s'y installer, sans savoir si elle devait accuser l'alcool ou la Chose de la rendre émotive sans raison.

Message X | 1087 mots


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 7qoc
Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 419
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Mer 28 Juin 2023, 13:20

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 Wpw2
Image par inconnu
Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao sourit. Pourquoi était-il soudainement dans le rôle de son frère, à parler de politique, à devoir gérer ce marasme ? L’effet que ça lui faisait était pourtant inattendu. Jusqu’ici, les discours de Melchior l’avaient tous passablement ennuyés. Depuis qu’il parlait à cette femme, les choses avaient évolué. « Vous savez, je ne suis pas ce que l’on pourrait appeler un politisé. Je n’ai eu d’intérêt, jusqu’ici, que celui de mon simple commerce. » Il était honnête. La façon dont était façonné Narfas l’arrangeait, parce qu’il avait un statut et jouissait de privilèges. Cependant, face au vacillement de son terrain de jeu, il songeait qu’il était peut-être temps que les choses changeassent. Il ne serait pas libre pour toujours. Une femme ne manquerait pas de prendre le contrôle de son existence. Si ce n’était pas une inconnue, ce serait probablement Pénélope, une fois le mariage célébré. De ce mariage, il ne voulait pas. Restait à savoir qui était cette étrangère. « Néanmoins, pour être franc, l’on entend beaucoup de rumeurs. Certaines dépeignent la Reine comme une merveilleuse manipulatrice, d’autres comme une sorte de vierge effarouchée. Dans des récits, elle semble folle, à agir de façon illogique. Dans d’autres, elle tire les ficelles d’un monde qui voit que ce qu’elle ne veut bien laisser voir. Je doute de cette dernière version. Il n’y aurait, à mon sens, que mon grossier invité pour parvenir à un tel prodige. » Parce que Primaël était non seulement intelligent mais également bercé par une chance insolente. « Je pourrais continuer longtemps sur chacun des membres imminents de Narfas. Dans mon métier, on entend beaucoup de choses, vraies et fausses. » Beaucoup de soupirs et d’extase aussi.

Tranquillement, tout en réfléchissant, il but. « Je peux vous donner mon prix pour ma réponse. Ce sera un premier essai disons. Pour cette information, je vous demanderai simplement votre nom. Je crois deviner que vous n’êtes pas n’importe qui. Je pourrais même vous exposer mes hypothèses, bien qu’elles ne soient pas très nombreuses, mais disons qu’il s’agit-là d’un premier pas. Je réponds à une question à laquelle chaque noble de Narfas a la réponse et, en échange, vous me donnez ce qui semble élémentaire. » Il ajouta, songeur : « Les masques ne tiendront pas éternellement… Je crains même qu’ils ne soient guère utiles aux yeux de ceux qui ont organisé cette soirée. » Il leva son poignet. « Chaque dessin est différent et notre hôte a une mémoire prodigieuse. » Il se demandait cependant ce que ce dernier avait en tête. Il aurait aimé le voir, bien plus qu’être en compagnie de cette femme. Le finirait-il, s’ils se retrouvaient l’un en face de l’autre ? Gao se demandait s’il serait capable d’enfoncer une lame dans le corps du violet. Sans doute, mais au prix de combien de remords ? « Pour vous répondre, donc, je n’adhère à aucune version. Je sais ce qu’il en est de façon générale. Les allégations plus poussées sont hors de ma portée cependant. » Il se déplaça tranquillement. « Vous n’êtes pas sans méconnaître la défaite du Royaume éloigné de Narfas face aux Uobmab. Je n’ai pas de détails à vous fournir. Les professeurs évitent de s’éterniser sur les faits. Ils préfèrent culpabiliser les hommes, incapables de défendre leur terre, responsables du courroux du Dieu de Narfas… un Dieu qui est devenu omnipotent avec le temps. Nous n’en avons plus qu’un, là où bien d’autres Royaumes en ont plusieurs. » Il marqua une pause. « Je vous laisse imaginer ce que cette culpabilité signifie. » Il laissa encore quelques secondes s’égrener. « Il n’y a que le bas peuple et les étrangers pour être suffisamment naïfs et pour encore penser que les hommes peuvent décider à Narfas. » Il s’avança vers elle. « Le pouvoir est dévolu aux femmes. La Reine commande, le Roi ne fait que tapisserie. Et, derrière la Reine, avec une main de fer, se tient sa sœur, la Grande Prêtresse. Le Grand Prêtre n’a qu’un rôle de subalterne. Il sert uniquement à la basse besogne. » Il sourit. « Il en va de même pour les nobles. Tout fonctionne par paire et il y a un perdant dans chaque paire : l’homme, s’il est approprié du moins. Ce n’est pas mon cas, et j’entends à ce que les choses restent ainsi. » Il s’accroupit devant elle et posa ses mains sur ses genoux. « Je pense vous avoir donné plus d’informations qu’escompté. Nous dirons donc que je suis d’humeur généreuse. » Il rit. « Et, encore une chose : je pense que vous devriez vous rapprocher de notre hôte. Je pourrais servir d’intermédiaire… » laissa-t-il flotter dans l’air.

778 mots
 


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 4p2e
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38724-adriaen-kaelaria
Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 419
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Mer 28 Juin 2023, 20:31

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Lambert posa les yeux sur Zébella. C’était une question étrange étant donné qu’il venait de lui conseiller de partir. Cette question montrait qu’elle ne lui faisait pas confiance, ce qu’il ne pouvait pas lui reprocher. Il valait mieux se montrer trop méfiant que trop confiant. Le premier excès pouvait gâcher une vie mais le deuxième pouvait l’annihiler. « Oui. » lui assura-t-il après un silence, sans joie ni peine. Il avait beau savoir que la jeune fille était un atout stratégique – sans doute bien plus vis-à-vis de Narfas ou de Merlin seul que d’Uobmab dans son ensemble d’ailleurs – il n’était pas particulièrement favorable à la détention des adolescentes. Elle n’était pas son père. Elle n’avait pas tué Montarville et rien ne lui disait qu’elle aurait pris à cœur son nouveau rôle de Reine de Lieugro. Il la connaissait mal et tentait de faire la part des choses entre la raison et les émotions que la perte de son ami suscitait encore chez lui. Il avait déjà connu le deuil. Il savait que ses conséquences se répercuteraient encore longtemps. Il devait pourtant garder la tête froide et ne pas faire d’amalgames. C’était difficile dans un monde où beaucoup ne s’embêtaient pas de nuances.

Il porta son attention sur autre chose lorsque le médecin s’approcha pour prodiguer des soins à la Princesse. Néanmoins, lorsqu’elle parla d’abortif, sa tête pivota de nouveau dans sa direction. Il croisa, au passage, le regard du docteur. Il n’avait aucune approbation à donner. Elle n’était pas sa fille. Néanmoins, ça le questionna. Était-elle enceinte de Déodatus d’Etamot ? Celui-là même qui l’avait violée ? N’avait-elle pas pu bénéficier des talents d’Ezidor de Xyno ? Ou s’était-elle amourachée d’un homme durant la traversée ? Cela lui semblait peu probable. Elle n’avait jamais été libre. Si quelque chose s’était produit durant le voyage, seuls Ludoric de Tuorp et Childéric d’Ukok auraient pu être concernés. Il retint un soupir lorsqu’elle évoqua le bal. C’était donc ça. Il serra les dents et déglutit. Il aurait dû faire plus attention, l’accompagner malgré la situation et la présence de Judas. S’il trouvait l’éducation qu’il donnait à ses enfants discutables, il doutait encore plus de sa capacité à les aimer correctement. Marcher ou crever… cette philosophie ne pouvait pas s’appliquer à tout. « Aidez-la du mieux que vous le pouvez. » souffla-t-il au médecin, après qu'elle eût disparu. Il se tut ensuite. Il y avait des situations qui ne méritaient aucun commentaire.

Quand elle revint, il l'observa, sans répondre au regard qu'elle lui lançait. Elle était toujours défiante, ce qui la rendait comique en un sens. Il n’était pas là pour aller à son encontre et ne demandait rien. Pensait-elle qu’il allait négocier le prix de sa liberté ? Qu’il allait parler à qui que ce fût de leur discussion ? Qu’elle devait lui prouver quelque chose ? « Il n’y a pas d’autres raisons que mes convictions personnelles. » répondit-il calmement. « Quant à Garance, inutile de vous inquiéter à ce sujet. » Il s’agissait d’histoires d’adultes et elle n’avait pas à y être mêlée. Il ne doutait pas qu’elle se sentît grande et indépendante. Il avait été ainsi aussi. Néanmoins, il avait quelques dizaines d’années de plus qu’elle et se rendait compte à présent que son lui si fier du passé n’était en réalité qu’un morveux irresponsable. « Je ne souhaite rallier personne, ni trahir personne. » confirma-t-il avec calme. Il ne releva pas la comparaison avec les chiens d’Uobmab. Entrer dans des chamailleries puériles n’était plus de son âge et il n’y avait bien que Garance pour encore lui tirer quelques remarques acerbes teintées de sentiments complexes.  « Inutile de me frapper. » Un sourire avait pris la place de son expression mesurée. « Je n’ai pas besoin d’excuses. Je m’estime assez responsable pour répondre de mes actes si nécessaire. » Il manqua d’ajouter qu’elle pouvait le dire si elle avait envie de le frapper mais se retint. « Je ne souffre de rien du tout. » assura-t-il. Il persistait à penser que tout ce qu’il se passerait après son départ ne la regardait pas. « J’ai moi-même pris la décision de vous laisser partir si vous le vouliez. » Autrement dit, elle n’était responsable de rien. Il se demanda si c’était l’adolescence qui l’obligeait à se placer au centre de tout ou si elle n’était toujours pas convaincue du fait qu’il ne tenterait rien pour la retenir. « Je vous remercie. » s’amusa-t-il, en partant fouiller la pièce afin d’y trouver de quoi mettre de l’eau le temps qu'elle se remît de ses émotions. Elle le touchait aussi, parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de songer à sa fille et à la détresse qui aurait été la sienne si elle avait été dans une situation similaire. Il lui tendit une gourde. « Ce ne sera pas de trop pour le trajet. Vous devriez prendre quelques denrées en plus. Et de quoi calmer vos douleurs si jamais le breuvage vous en créer. » Le médecin acquiesça et fouilla parmi ses fioles. « Vous n’êtes pas obligée de me dire où vous allez mais j’espère que vous y arriverez sans encombre. » Il la regarda. Il espérait aussi qu’il ne la reverrait pas, pas dans le camp opposé au sien en tout cas.

837 mots
Il ne voit pas les deux zigotos o/



| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 4p2e
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38724-adriaen-kaelaria
Orphée Dasgrim
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 119
◈ YinYanisé(e) le : 11/03/2023
◈ Activité : Voyager avec les Enfants de Yanna
Orphée Dasgrim
Mer 28 Juin 2023, 20:34



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Le jeu. Il en avait appris les ficelles dès son plus jeune âge et l’avait expérimenté dans bien des domaines. La performance dans laquelle il s’était lancé aux côtés de Tamara ne lui était pas étrangère. Il l’avait menée tant auprès de femmes qui souhaitaient recourir à ses services qu’avec de potentielles aventures d’un soir, de quelques années ou – dans l’énergie irrationnelle des cœurs au galop – d’une vie. Comme pour les jeux de stratégies, il fallait parvenir à cerner la façon d’être de l’autre, mais cette fois dans l’optique de le satisfaire et non de l’abattre. Ce soir, cependant, des perspectives tactiques se mêlaient à l’exercice. S’adjoindre l’aide de la Cheffe des Armées bouleverserait les règles de la partie. Elle pouvait aussi en changer l’issue et les placer dans une position difficilement défendable. C’était un problème récurrent des gens qui s’absolvaient de tout cadre : ils pouvaient vite devenir imprévisibles. Primaël n’était pas en mesure de demander à la rousse qu’elle lui prouvât sa bonne foi. Il n’avait pas d’exigence à faire peser sur une femme, encore moins sur une femme de pouvoir. « J’ai toujours adoré l’équitation. » répondit-il, un sourire malin sur les lèvres. Celui-ci disparut à la seconde où il sentit sa paume se plaquer contre son entrejambe. Il retint son souffle. Elle n’y allait pas par quatre chemins, et il avait craint qu’elle n’y allât pas de main morte non plus. Entre elle et Ivanhoë, il allait finir par mourir avant la fin de la semaine. Au choix : étranglement ou hémorragie post-castration.

Comme pour le contredire, ses doigts se murent, doux, délicats, alliciants. « Sans doute. Vous avez probablement raison de vouloir amadouer la bête avant de la chevaucher. » Il scrutait son regard, et ce qu’il y voyait le poussait à croire qu’elle ne désirait pas se contenter de quelques caresses. Il pensa à Gao, aussi brièvement que possible. Il s’était longtemps tenu éloigné de ceux qu’il fréquentait. S’il ne l’avait pas fait, ses manœuvres rebelles auraient peut-être été moins nombreuses, plus rapides, plus efficaces. Il avait démarré en répondant à la lettre de Melchior ; il devait désormais continuer avec Tamara. La désirer n’avait rien de compliqué ; c’était une femme intelligente et belle, libre et piquante. Essaierait-elle de le tuer, s’il se glissait entre ses cuisses ? Il s’était déjà mis à nu – trop pour pouvoir reculer. Si elle menait un double-jeu, il était en train de perdre. Peut-être n’aurait-il pas dû mentionner son fils ? Ne rien dévoiler de lui-même et de ses idées ? Il avait pris le risque en toute connaissance de cause et en assumerait les conséquences. Ses phalanges s’aventurèrent sur ses côtes, pour venir effleurer le galbe de son sein. « J’ai deux ou trois malfrats sous le coude, oui. » répondit-il en baissant les yeux sur ses lèvres. Une place d’égal. Envisageait-elle, à terme, une égalité entre les sexes ? Visaient-ils le même but ? Souhaitaient-ils, pour l’atteindre, emprunter le même chemin ? Il vacillait entre la confiance et le doute, mais il savait que s’il souhaitait coopérer avec elle, il devrait parier le tout pour le tout. Sauter dans le vide sans savoir s’il s’écraserait ou s’envolerait. Inévitablement, il entraînerait des gens avec lui. Ivanhoë. Son amour ne devait pas le détourner de leurs objectifs, aussi difficile que cela pût être. À son instar, le roux était prêt à tout pour mettre en œuvre leur révolution. Il l’aimait et devait l’aimer dans cette embrasée périlleuse. Il n’y aurait de paix pour son cœur que lorsque les têtes royales et religieuses rouleraient à ses pieds tels des dés ricochant sur le sol une fois la table de jeu renversée.

Sa main descendit sur sa hanche, sa fesse. L’autre caressa distraitement son avant-bras. « Puisque vous l’offrez, je prends la place. Ce serait trop bête de la refuser. » murmura-t-il. L’armée la suivrait-elle ? Disposait-elle d’autres ressources sur lesquelles se fonder pour renverser le pouvoir, ou lui faudrait-il mener un coup d’État militaire ? « Quelques-unes. » Il sourit. « Vos propos font grimper la tension, c’est vrai. Vous ne vouliez pas brûler ce qui m’appartient, mais je crois bien que vous l’avez enflammé. » Il rapprocha son visage du sien, déviant lentement vers son oreille. « Il serait sans doute préférable de l’éteindre. » murmura-t-il. Du bout des lèvres, il caressa son lobe, avant de fondre sur son cou. Ses doigts prolongèrent leur chemin sur sa cuisse ; ils remontèrent le tissu, avant de de se faufiler entre ses jambes. Ce qu’il y sentit l’amusa. « Je vois que vous avez de quoi calmer les incendies. » Son autre main s’arrima à sa nuque, et il l’embrassa, avant de la laisser mener la danse. Certaines femmes, lassées de leur pouvoir ou excitées à l’idée de devenir la figure soumise, préférait que l’homme prît les devants et les dominât. Ce n’était pas le cas de Tamara ; cela se sentait à sa façon de parler, de se mouvoir et d’interagir. Gao avait passé des années à lui enseigner comment décrypter l’attitude des dames. Il n’avait jamais oublié.

Le cœur tapageur, le bleu se retira, puis se tourna pour prendre appui contre le mur. Il n’était pas mort. C’était plutôt bon signe. Il eut un rire bref, puis se dirigea vers un tiroir dont il sortit des tissus, fins et doux. Il en donna un à Tamara, avant d’utiliser le sien pour s’essuyer. Il la détailla brièvement, puis baissa la tête en souriant. La situation l’amusait. « Je crois n’avoir jamais conclu une alliance de la sorte. » Le mot était peut-être fort ; mais parfois, il fallait forcer un peu sa chance, quitte à prendre un revers. « Je pense que les Lieugrois pourraient nous soutenir, si nous leur proposons un accord plus favorable que celui que leur a donné la couronne. Je crois savoir que la réunion s’est assez mal passée. » Il le savait de source sûre. « Melchior d’Eésnep m’a contacté, aussi. Il pourrait peut-être nous aider. » confessa-t-il. « S’il ne me trouve pas ce soir, je dois le voir demain. » Il la regarda. « Vous pourriez être présente, si vous le souhaitez. » Il lança le carré d’étoffe dans une corbeille d’osier, puis rajusta sa toge « Maintenant que nous sommes alliés, je dois vous tenir au courant des opérations en cours. » Il s’interrompit, le temps de boire un verre d’eau. Puis, il s’approcha d’elle. « Ce soir, la Reine va mourir. » Il épia sa réaction, avant de jeter un coup d’œil à une horloge discrètement encastrée dans l’un des murs. « Il se pourrait même qu’elle soit déjà morte. » Ses iris céruléens revinrent sur la Cheffe des Armées. « Demain sera sans doute une journée riche en rebondissements. Nous avons tout intérêt à agir rapidement. »



Message VII – 1141 mots

Il s'est teint les cheveux en gris foncé.


Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t40008-orphee-dasgrim-vers
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3865
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Jeu 29 Juin 2023, 12:57




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Les yeux rivés sur l’étranger, Garance l’écoutait parler. Chaque phrase qu’il prononçait traçait son chemin jusqu’à sa mémoire, où elle était soigneusement consignée. Dans son esprit, tout échoyait à une place précise. L’organisation avait toujours compté parmi ses points forts. Elle triait ce qu’il disait au sujet de Wesphaline, au sujet de son invité, au sujet de son métier. À ce stade de la soirée, et à ce stade de leur séjour à Narfas, les Lieugrois se trouvaient à un moment crucial de leur existence. Childéric parti, ils étaient fragilisés. Elle ne pouvait pas ne pas prendre de risques. La sagesse et la mesure, désormais, étaient interdites. Il fallait agir et tenter, quitte à se mettre en danger. Quant à l’homme, qu’il ne fût pas politisé importait peu. Il vivait ici, il faisait partie de cet ensemble de mensonges, de faux-semblants et de vérités sévèrement intriqués. Ses espions avaient fait une part du travail, mais ils n’avaient pu fournir que des informations parcellaires, peut-être erronées. Ils n’étaient pas présents depuis suffisamment longtemps, et les échos de la plèbe et de la noblesse, versions hautement contradictoires, s’entrechoquaient. Son regard dériva vers le poignet du brun. Un couteau. Drôle de choix. Il n’avait pas l’air d’être un boucher ou un assassin. Se trompait-elle ? Ses mots semblaient indiquer qu’il connaissait leur hôte. Mieux que la plupart des gens ? S’agissait-il de l’homme qu’il avait cherché à attirer ici ? Les chances étaient minces, mais pas nulles. Si tel était le cas, le choix de l’arme blanche l’intriguait. Ce n’était pas le symbole d’une relation pacifiée, à moins que Primaël n’eût cherché à signifier que l’individu était son bras armé, ou quelque chose de cet ordre-là. Réorientant son attention sur ses yeux, elle répondit : « Il n’y a plus rien d’élémentaire, ce soir. Il n’y a que des risques. » Elle aurait pu être en train de jouer et décider de parier sa vie ; l’effet aurait été le même. Sans véritable contrôle, elle se rendait au hasard. « C’est entendu. Je vous donnerai mon nom. » scella-t-elle.

La régente prit une nouvelle gorgée de vin, avant de reposer son verre sur le large accoudoir de son fauteuil. Ses iris céruléens suivaient l’homme à travers la pièce. Ses paroles, peu à peu, tissaient une autre toile dans l’esprit de Garance. Il s’exprimait bien ; ses choix de mots semblaient réfléchis, chacun frappait avec clarté, et il semblait entretenir pour une forme de théâtralité une affection particulière, à l’image de nombre d’orateurs. Les semenciers étaient formés pour charmer ; leurs corps et leurs sexes étaient loin d’être leurs seules armes. Elle se taisait, ne disait rien, même quand il s’arrêtait. Elle se contentait de l’encourager du regard ou de quelques hochements de tête ; car c’était dans le silence que les révélations se brodaient. Ce qu’elle avait deviné et ce que ses espions avaient appuyé se confirmait. Les femmes possédaient le pouvoir ; et Wesphaline et Jésabelle n’échappaient pas à cette règle, au contraire. Un sourire étira ses lèvres. La Grande Prêtresse avait bien joué. Dans d’autres circonstances, elle aurait presque pu croire à sa prestation. Cependant, trois éléments avaient décrédibilisé l’équilibre annoncé du quatuor ; le fait qu’ils ne partageassent pas tous la même position, la verve trop volubile de Gaspard d’Epilut, et l’attitude méprisante et dominante de la Reine. Son ego n’avait-il donc pas pu souffrir de se taire quelques minutes ? Quant à ses jérémiades aux pieds de Lambert, elles n’en paraissaient que plus ridicules. N’étaient-elles pas capables, avec Jésabelle, de maintenir le Grand Prêtre sous leur coupe ? Et lui, était-il à ce point détaché de la réalité et des possibles, à ce point enfoncé dans ses préceptes religieux, pour avoir proposé un accord aussi délirant ? Garance n’aimait pas traiter avec des imbéciles et des fous, encore moins quand ceux-ci se croyaient malins et pertinents. Elle préférait ceux qui possédaient assez de finesse pour que leur intelligence servît une manipulation discrète et efficace. La bataille s’avérait toujours plus rude mais elle se livrait contre des adversaires qui inspiraient le respect.

Elle baissa les yeux sur les mains de l’inconnu, posées sur ses genoux, avant de relever son mascaron vers lui. Durant une fraction de seconde, elle demeura muette. Ses réflexions s’agencèrent rapidement. Puis, ses doigts rejoignirent les phalanges de l’homme. Délicatement, elle lui prit les mains et se leva, avant de le relâcher. Sa peau était douce, ce qui indiquait qu’il l’entretenait et qu’il ne l’usait pas à des activités propres à former des cales. Lentement, elle se dirigea vers la porte, qu’elle ferma à clef. Ce qu’elle allait révéler devait rester secret, et elle désirait qu’ils ne fussent pas interrompus. Elle se retourna, dénoua le ruban qui maintenait son masque, et le fit glisser au bas de son visage. En quelques pas, elle fut de retour près du brun. « Garance de Lieugro. Ravie de faire votre connaissance. » Un sourire flotta sur ses lèvres, avant que ses traits ne redevinssent plus sérieux. « L’accord avec le gouvernement est en cours de négociation, mais au vu de la discussion que nous avons eue avec et de ce que vous venez de me raconter, je serais bien sotte de ne pas assurer mes arrières. » Balthazar, qui avait semblé être le plus raisonnable, n’était qu’une marionnette entre les mains du duo féminin. Gaspard pouvait saboter son propre camp ou faire subir les affres de sa folie aux gens de Lieugro. Jésabelle avait pris la parole pour le tempérer, sans proposer d’accord qui n’impliquât pas une clause en rapport avec la fertilité – et si elle avait bien agi comme Lambert l’avait raconté, elle était plus redoutable qu’elle ne l’avait laissé paraître. Wesphaline avait soutenu le Grand Prêtre. Elle ne pouvait plus envoyer Childéric tuer l’un ou l’autre des membres du consortium royalo-religieux. Néanmoins, la blonde n’avait pas peur de se confronter à ses propres mains ensanglantées. Que le bourreau fît le sale travail, on n’en héritait pas moins de quelques éclaboussures écarlates. « Pourquoi devrais-je me rapprocher de notre hôte ? Est-il expert en négociations ? » plaisanta-t-elle, avant de reprendre avec plus de sérieux : « Ou nourrit-il quelques griefs contre ce gouvernement ? » Tous les régimes avaient leurs opposants. « Détient-il de quoi les faire chanter ? Quelque chose qui me permette de faire pencher la balance en la faveur de mon peuple durant les négociations ? » Elle n’excluait pas d’aller plus loin, mais il n’avait pas besoin de le savoir. « Si vous pensez que nous pourrions tous les deux tirer profit de notre rencontre, je veux bien que vous m’introduisiez auprès de lui. » Selon ce qu’il proposait, elle pourrait lui apporter son aide, d’une façon ou d’une autre. Sa main droite monta vers le masque de l’inconnu. Ses doigts s’y accrochèrent et elle le fit lentement glisser vers l’arrière de son crâne, avant de le ramener contre elle. Sa figure lui était inconnue. « Mais avant, j’aimerais que vous m’expliquiez en détails comment fonctionnent les choses à Narfas. D’un point de vue politique, je crois avoir compris que la religion gouverne plus que la couronne. J’aimerais en savoir plus sur les mesures natalistes et sur la façon dont les gens les vivent. Et tout autre détail que vous jugeriez bon de porter à ma connaissance. » Elle le détailla. « Votre nom, par exemple. »



Message XI – 1233 mots




| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 1628 :


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4742
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 29 Juin 2023, 16:26


Les Portes V

Si Pénélope avait prévu de rester extérieure au duel qui concernait les deux dames, il n'en serait apparemment rien. Outre le ton de l'impétueuse qui ne laissait deviner aucune forme de discussion possible, le nouvel enjeu imposé par cette dernière la motiva également à s'asseoir à la table. Elle avait trop à gagner à se lancer dans un tel pari. D'un regard, elle désigna une personne pour distribuer les cartes à sa place avant de se tourner vers la seconde joueuse. Un sourire crispé étira ses lèvres à la dernière remarque de celle-ci. « Il m'arrive de jouer en effet, même si les paris sont bien moindres que ceux que l'on peut proposer ici. » répondit-elle avec une irritation non dissimulée. « Mais ne vous inquiétez pas, les probabilités se moquent bien de l'identité et du niveau du joueur. Mes chances de gagner sont aussi grandes que les vôtres. » commenta-t-elle ensuite en se saisissant de son jeu. Un sept et un huit. Il lui fut difficile de retenir une moue ennuyée. Passé quinze, tirer une carte supplémentaire était risquée. Pourtant, avec un tel score, la probabilité qu'un autre joueur obtienne plus était également importante. En bref, l'on perdait plus souvent que l'on ne gagnait avec la main qu'elle possédait. La brune porta son intention sur la fougueuse d'abord. À la colère qui enflamma son regard, il fut facile de comprendre qu'elle avait dépassé la barre du vingt-et-un. Puis l'audacieuse. Rien ne transparut de ses prunelles. Enfin son regard revint se poser sur sa main lorsque la joueuse fit savoir qu'elle ne tirerait pas une carte de plus. Alors Pénélope hésita longuement, se mordillant l'ongle du pouce tandis qu'elle réfléchit à la meilleure des solutions. Au final, elle songea qu'il valait mieux essayer que de se résigner à une défaite probable. « Une autre. » fit-elle à l'intention du croupier. Pleine de doute, elle retourna sa nouvelle carte d'un geste lent. Un cinq. Soulagée, elle leva les yeux au ciel, soufflant un Hallelujah mentalement avant signifier qu'elle n'irait pas plus loin. D'un geste commun, les cartes furent toutes révélées. La brune sourit, quoique la victoire se fût jouée de peu. Elle n'eut que peu de temps pour en profiter cependant, la table volant sous ses yeux en même temps qu'une nuée de cartes les cernèrent comme des dizaines de papillons voltigeant autour d'elles. Trop effarée, il lui fallut quelques secondes avant réagir et s'écarter de la table de jeu et se tourner vers la colérique. En cinq tours gagnants, avait-elle dit. Une règle pour, justement, laisser sa chance à tout le monde. Il semblerait toutefois que cette fille soit trop mauvaise perdante pour cela. Si elle réagissait ainsi sur un seul tour, le Très Haut seul savait de quelle façon elle aurait réagi au bout de cinq défaites. L'intervention de la seconde perdante détourna son intention de la tempétueuse. « Vous êtes bien la première à me considérer comme dangereuse. » déclara-t-elle. On l'ignorait ou on la désirait. On la considérait comme insignifiante ou comme illégitime. Dangereuse, non. Jamais on n'avait usé de tel qualificatif à son endroit. L'était-elle ? Elle ne voulait pas répondre à cette question.

Quand l'ennui était extériorisé, il était commun qu'un événement vienne le bousculer. Ce qui arriva à l'inconnue. D'un écart sur le côté, Pénélope évita de peu de se recevoir, elle aussi, le contenu du plateau démoulé. Après avoir ramassé la majorité des morceaux de verre et s'être platement excusée auprès de la victime de sa maladresse, le serveur se tourna vers elle et, encore gêné de son acte, lui fit savoir que son frère la cherchait. « Mon frère ? Lequel ? » - « Il ne me l'a pas dit. Si vous voulez bien me suivre, je vous accompagnerais jusqu'à lui. ». Après une œillade sur sa partenaire de jeu à présent détrempée, Pénélope s'apprêta à suivre le serveur. Ce que lui annonça l'inconnue la détourna de son objectif bien rapidement, de sorte à ce qu'elle détaillât, stupéfaite, son masque et le peu de son visage qu'il dévoilait. « Le palais ? ». Son adversaire était bien plus importante que ce qu'elle s'était figurée. Une part d'elle se trouva gênée en se remémorant la façon dont elle s'était adressée à elle plus tôt, l'insultant de tricheuse et de mauvaise joueuse. Dans un même temps, elle imagina l'ensemble des possibilités qui s'ouvraient alors à elle. Elle ne doutait pas que la limite de ses moyens dépasse ce qu'elle-même aurait pu offrir. « Je vous remercie. Au plaisir de vous revoir alors. » la salua-t-elle avec un signe de tête. Puis elle s'éloigna à la suite du serveur. Se mordant la lèvre inférieure, elle tenta de réprimer un sourire de satisfaction. En vain.

Après avoir interpellé quelques-uns de ses comparses, son guide mena Pénélope jusqu'au jardin. Ce qui ne lui fut pas dévoilé, c'était que s'il l'avait mené jusqu'à Melchior, c'était uniquement parce que le semencier avait rejoint l'une des trop nombreuses alcôves il y a plusieurs minutes de ça déjà. Même en totale ignorance de son identité, il fallait être idiot pour ne pas deviner, ou largement supposer, l'activité dans laquelle il devait s'être lancé, surtout en apprenant qu'une femme l'avait rejointe. Il laissa donc la brune en compagnie du groupe, lui indiquant lequel était son frère. Elle n'avait pas besoin de cela cependant. L'une était une femme et l'autre avait le visage découvert, et il ne s'agissait d'aucun de ses frères. « Grand Dieu, que se passe-t-il ici ? » s'exclama-t-elle en constatant la plaie sanguinolente, dévoilée par la demoiselle, sur le corps du religieux après s'être approchée du trio. L'œil rivé sur le liquide carmin, Pénélope se trouva statufiée, la respiration bloquée par le choc. Sa vision devint floue. Seule une chevelure flamboyante se teintant de rouge restait gravée dans sa rétine. Elle se raccrocha à la première personne à proximité, soit, son frère, usant de cette présence comme une ancre l'empêchant de dériver. « Qu'est-il arrivé ? Comment ? » réussit-elle enfin à bafouiller. « Le personnel fouille tout le monde à l'entrée pour–. ». Elle marqua un temps, se remémorant le serveur et sa maladresse, le verre brisé au sol, acéré et perforant. Alors elle sut. « Il faut aller trouver un soigneur, ou un médecin. ». Qu'importait tant qu'il pouvait agir. La réputation du prêtre pouvait être à discuter, elle ne voulait pas rester ici plus longtemps sinon ce serait également pour elle que l'on devrait appeler un praticien. Aussi elle tourna les talons, non sans implorer Melchior de demeurer avec elle, au moins le temps de quitter les lieux.
©gotheim pour epicode


Post IX | Mots 1119
avatar : Astri-Lohne
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34243-kyra-lemingway-la-p
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3865
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 30 Juin 2023, 20:43



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Récemment, Ludoric avait plusieurs fois pensé qu’il aurait préféré ne jamais connaître son père. Il aurait sans doute souffert de son absence, mais il aurait pu s’en construire une image idéale, inspirante. Une sorte de héros digne des contes, quelqu’un qui lui aurait donné la force de se relever quand il tombait, quelqu’un qu’il aurait voulu rendre fier – et qu’il aurait pu rendre fier. Longtemps, il avait idéalisé son père. Il avait vu en lui celui qu’il n’était pas, mais celui qu’il voulait voir. Quand la vérité s’était lentement insinuée entre son adoration et son amour, il s’était senti vacillé. Il avait tenté de faire la part des choses, d’ignorer ses mauvais côtés et de se souvenir de tous les bons moments passés ensemble, de toutes les fois où il l’avait appelé « mon fils » ou « mon garçon » avec de l’orgueil au fond des yeux, toutes les fois où ils avaient passé des heures à discuter, à rire, à s’amuser. Tel un tableau trop longtemps laissé au soleil, cette illusion avait progressivement craquelé, pour parfaitement voler en éclats lorsqu’il lui avait avoué son homosexualité. Depuis lors, il lui arrivait de souhaiter ne l’avoir jamais connu, pour pouvoir tout inventer. Tout inventer comme son frère avait dû le faire. Tout inventer pour qu’un inconnu, de quelques mots, vînt tout briser. Son expression parlait pour lui ; un regard sombre, un air abattu, des épaules affaissées. Le cœur de Ludoric se serra ; pas de culpabilité ou de regret, car il n’aurait pas voulu dire autre chose que la vérité, mais de compassion pour la mort de l’idée qu’il s’était faite de celui qui n’était, finalement, qu’un géniteur. « Non, ça n’a pas été facile. » répéta-t-il. Ça ne l’était toujours pas. Il avait perdu tout son passé ; sa famille, ses racines, son héritage. Il ne lui restait plus qu’un peu de présent et beaucoup d’avenir, un avenir saturé d’espoirs. Il lui restait Placide, et tous ses rêves. C’était le plus important – mais parfois, ça ne suffisait pas.

« Primaël ? » Il cligna des yeux, étonné tant par la révélation que par la proposition. Ils ne se connaissaient pas, ils ne se devaient rien. Quant au dénommé, il s’agissait de l’hôte de la soirée. Le roux baissa les yeux sur son poignet, où le sceau enlaçait un soleil. Cela expliquait qu’il l’eût reconnu. Avec lenteur, il acquiesça, les iris pointés sur ses pieds. « Je vois. Merci. » Relevant la tête vers l’homme, il le scruta. Ivanhoë. Les consonances lui parurent étranges, parce qu’elles étaient inhabituelles. C’était joli, pourtant. « Ce n’est rien. » Il n’avait pas besoin qu’on lui y fît penser ; il y pensait quoi qu’il arrivât. Leur discussion le travaillait encore, régulièrement. Il était parti, mais en claquant la porte, il n’avait pas réussi à enfermer les souvenirs. Gluants, tenaces, ils lui collaient au cœur comme au corps. Il regarda Ivanhoë, sans savoir quoi ajouter. Il allait quitter la pièce et ils ne se reverraient peut-être jamais. Comme deux inconnus, comme deux étrangers. Ce qu’ils étaient fondamentalement ; ce que leur sang compromettait irrémédiablement. L’adolescent inspira, mais ne dit rien. Il laissa ce frère s’en aller. Puis, seul, il demeura quelques longues secondes dans la pièce, à observer les objets et le décor sans véritablement les voir. Son esprit était ailleurs, dans cet interstice d’irréalité qui le retenait captif de ses propres pensées.

Lorsqu’il retourna dans la salle principale, comble, festive et colorée, il eut du mal à se raccrocher à cette réalité. Les informations qu’il venait d’apprendre, bien qu’elles n’eussent rien de trop surprenant, le laissait coi. Il ne s’était jamais retrouvé dans cette configuration. La situation remuait des plaies, des espoirs, des projections. Longtemps, il avait souhaité avoir un frère ou une sœur. Sans même le savoir, son père lui en avait donné plusieurs – au moins deux, probablement des dizaines. Il lui en avait donné en même temps qu’il l’en privait, parce qu’il ne prenait pas le temps de se préoccuper de conquêtes d’une nuit, parce qu’il avait préféré les faire à d’autres femmes que sa mère. C’était un peu bête mais, pour cela, il lui en voulait. Ils auraient pu grandir ensemble, avec Ivanhoë. Ou même avec Elzibert. Les choses auraient sans doute été radicalement différentes. Le jeune homme soupira. Il parcourut la salle des yeux. Il aurait aimé pouvoir tout de suite retrouver Placide. Il l’aurait entraîné dehors, loin d’ici, et ils auraient enfin passé du temps ensemble. Il n’aurait pensé qu’à lui ; rien d’autre n’aurait existé que l’éclat doux de ses yeux azurés. Cependant, avec les masques et les vêtements identiques, le repérer n’avait rien d’évident. Il aurait dû demander à Ivanhoë quel sceau entourait son poignet, mais n’y avait pas pensé. Il le chercha lui aussi mais, parmi la foule, fut incapable de discerner sa silhouette, même en se déplaçant. Il ne croisa pas non plus Clémentin, Zébella, Rosette, Alembert ou même le Prince Anthonius ; et il ne lui sembla pas reconnaître Childéric, Lambert, Garance ou n’importe quel autre membre du convoi. Un vague sentiment de solitude – ou était-ce de l’angoisse ? – lui enserra la poitrine. Déboussolé, il erra un moment entre la piste de danse – où il déclina poliment une ou deux invitations – et les tables de jeux, avant de s’échouer près du buffet.

Il se servit un verre, but un peu, soupira à nouveau. Un état déconcertant l’enrobait. Il se sentait… vide ? Le garçon tendit la main vers un petit four, mais en voulant l’amener vers sa bouche, le fit tomber. « Mince. » lâcha-t-il avant de se pencher pour le récupérer. « Laissez. » intervint un domestique. Presqu’interloqué, Ludoric interrompit son geste et le regarda ramasser le met qui avait roulé sous la table, à l’orée de la nappe. Le voyage et le fait de fréquenter les soldats avaient presque effacé de sa mémoire ses habitudes nobiliaires. « Prenez-en un autre, Monsieur, je vous en prie. » - « Merci. » Il en attrapa un sur le plateau qu’il lui présentait. « Vous n’êtes pas d’ici, n’est-ce pas ? La soirée vous plaît-elle ? » Un sourire perçait dans sa voix. Le roux acquiesça. « Oui, le maître de maison a organisé une réception sublime. » Il regarda autour de lui, comme s’il admirait les ornements. Il cherchait toujours la même personne. « À tout hasard, auriez-vous croisé un autre étranger ? Un jeune homme blond, qui doit faire à peu près une tête de moins que moi ? Assez fin ? » - « Hum… Navré, ça ne me dit rien. » Il marqua une pause, puis reprit, sur un ton piqué d’un brin de connivence : « Les inconvénients d’une fête masquée. » Sans rien ajouter, Ludoric opina, et le serviteur prit congé.



Message XI – 1133 mots




| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 1628 :


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 123
◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Ikar Pendragon
Sam 01 Juil 2023, 09:17



| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 Js9b

Les Portes V


Rôle :

« J’aimerais pouvoir vous certifier que oui mais avec les récents évènements je ne suis pas sûr… »

La cabane avait peut-être été détruite. Peut-être ne restait-il de Lieugro qu’un tas de cendres. Personne ne connaissait les plans des Uobmab. Si j’avais cru comprendre que Merlin et Zébella étaient seuls aux commandes, je n’en étais pas sûr. Avec un Royaume si grand, il était nécessaire de faire certains aménagements pour que la population ne meurt pas de faim. Cela pouvait se traduire par l’anéantissement d’un peuple ou la destruction de ses paysages et villages pour y semer les graines de l’agriculture. Je ne savais pas ce qu’il était advenu de mes endroits préférés et, parfois, je me réveillais en sueur, après avoir fait de mauvais rêves. Dans ces rêves, la forêt brûlait et les animaux fuyaient vers l’inconnu, sans aucune chance de survie une fois à découvert. Ils fuyaient, comme j’avais fui aussi. Survivrais-je ?

Quand elle parla de la bizarrerie de monter et démonter les meubles, un sourire compréhensif apparut sur mon visage. On m’avait toujours dit que, pour un Prince, j’étais bizarre. Le même discours revenait sans cesse : mes occupations étaient trop féminines, je n’étais pas assez viril, je n’avais pas assez d’aura, je ne m’imposais pas comme j’aurais dû le faire.

« Je ne trouve pas ça bizarre. Si ça vous passionne, vous devriez devenir ébéniste ou tous les autres métiers où on travaille le bois. Charpentier, maçon… Je ne sais pas s’ils acceptent les filles à Narfas mais avec un peu d’insistance, vous pourriez devenir apprentie. »

Je réfléchis à comment formuler ma pensée.

« C’est sûr qu’il faudrait pouvoir sortir de votre chambre… mais si cette voie-là vous appelle, il faut peut-être saisir l’opportunité. C’est précieux d’avoir une passion. Mon fiancé a su très tôt ce qu’il voulait faire et il a décidé d’aller vers sa vocation. C’est triste quand on doit réfréner ce qui fait battre notre cœur par obligation ou par peur… »

Qu’est-ce qui faisait battre mon cœur ? Pas la Royauté, c’était une certitude. Pourtant, il y avait ce poids sur mes épaules qui m’imposait ce chemin. Je n’avais pas le choix. Coline n’était plus là. Adolestine était partie vivre sa vie de bohème. Même si l’une d’elles revenaient, elles ne seraient pas jugées dignes. On n’abandonne pas son peuple à des heures sombres sans en subir les conséquences. On ne revient pas de chez l’ennemi indemne sans en subir de conséquences. Il valait mieux que je les oublie. Ça ne servait à rien d’y penser. Ça ne servait à rien de penser à moi non plus. Il y avait des devoirs qui écrasaient le reste et puisque mon destin était scellé, d’une manière ou d’une autre, autant placer mon énergie sur cette fille qui avait des rêves et pourraient probablement les réaliser après un discours éloquent à ses parents.

Lorsque je l’entendis tousser après avoir bu, une pointe d’inquiétude amusée monta en moi.

« Ça va ? »

Je pris la bouteille et bus une gorgée à mon tour. Les traits de mon visage se déformèrent aussi. J’avais déjà bu par le passé, parce que c’était des choses d’hommes et que je devais être un homme, mais je n’en avais jamais apprécié le goût. Je préférais ce qui était doux et sucré, comme les prunes ou les abricots. Je faisais donc semblant, en qualifiant tel ou tel vin de fruité, tel ou tel whisky de boisé, ex cætera.

Sous l’effet de sa déclaration, celui de l’alcool me sembla soudainement anecdotique.

« Ah bon ? »

Si mon étonnement avait marqué ses premiers mots, le reste n’eut le droit qu’à l’écarquillement de mes yeux. Sur Narfas, il y avait bien des choses que je ne savais pas, certaines cachées aux étrangers. Le Royaume semblait faste et accueillant mais derrière cette façade se cachait une autre réalité. Saillie comme une truie… C’était étrange entre ses lèvres. Tout ça voulait dire qu’en temps normal, elle passait pour un garçon. Si ses propos n’avaient pas été si graves, j’aurais pu rire de la situation. Elle passait pour un garçon contre son gré et je me faisais passer pour une fille volontairement, parce que c’était plus simple.

Je soupirai et lui proposai une part de cake avant d’en prendre une moi-même.

« En fait… je suis un garçon. »

L’aveu avait filtré d’entre mes lèvres par soutien vis-à-vis du sien, et parce que je trouvais ça plus honnête.

« D’habitude je m’habille en garçon mais c’est la deuxième fois que lors des mondanités je décide d’être en fille. C’est plus simple pour moi. En le faisant, j’échappe à ce que les gens attendent de moi. Ça ne dérange personne que je ne parle pas, que je ne m’impose pas, que je ne boive pas… »

Je m’interrompis. Le cerveau possédait des facultés exceptionnelles : entendre son prénom prononcé dans une foule bruyante ou bien reconnaître la voix de l’être aimé.

« Est-ce que vous permettez que mon fiancé nous rejoigne sous la table ? Je crois qu’il est juste là. »

Je lui désignai deux pieds.

« Si ça vous dérange, je le laisserai filer mais il est soldat et pourrait nous protéger. Il ferait en sorte qu'on puisse être ce qu'on veut en repoussant les envahisseurs extérieurs ! Ce serait le gardien de dessous la nappe ! »

Je lui souris, prêt à attraper la cheville de Ludoric dès que j’aurais sa bénédiction.

892 mots
Il est en tenue de fille et est avec Anthonius sous une table. Ils sont cachés par la nappe  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 1929536143

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39289-ikar-pendragon#7475
Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 223
◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Zeryel
Sam 01 Juil 2023, 17:16

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 O0px
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe




Rôle - Adolphe d'Epilut:

Sous les yeux de son masque abandonné dans une ruelle, Adolphe offrit son dos à la résidence de Primaël. Trop préoccupé pour bénéficier des avantages proposés par la soirée, il s'en détournait sans regrets, sinon celui de ne pas avoir croisé Pénélope. Le mirage de la débauche promise perdait de ses couleurs à la lumière de son altercation avec son oncle. En errant de pièce en pièce, il les avait vus danser, jouer, rire, boire, se rapprocher, parfois à la vue de tous et le brun les avaient observés avec détachement, comme il aurait observé une espèce différente, non humaine. Il se sentait aussi proche de leur monde qu'une fourmi tombant nez à nez avec une termitière. Partout où son regard se posait, des homoncules masqués jouissaient de la fête. L'un d'eux portait une couronne et le désir de mort d'un de ses sujets les plus proches. L'injonction du Grand Prêtre lui trottait en tête, comme un problème insolvable sur lequel ses pensées rebondissaient telles des mouches se heurtant à une fenêtre pour sortir à l'air libre. Il suffisait de trouver la faille sur la vitre pour redevenir libre. Seulement, il n'avait que rarement été soumis à un tel dilemme. Son passé, son présent et son futur se conjuguaient en ordres à suivre, il n'avait pas été éduqué pour réfléchir mais pour obéir. Il avait ses ambitions, il avait ses propres démons, il avait ses opinions politiques et religieuses, mais à la fin de la journée, il suivait les ordres. Il s'ébroua mentalement, comme l'obéissant chien qu'il était, ou comme pour se débarrasser de ce costume trop serré, de plus en plus difficile à porter alors que sa volonté s'affirmait. Ils pouvaient tous aller au diable, et Gaspard le premier. Il leva les yeux jusqu'au manteau nocturne. C'était à l'heure où les étoiles brillaient le plus fort que l'endroit qu'il songeait à rejoindre était le plus vivant. Avant d'y aller, Adolphe fit un détour jusqu'à son foyer où il troqua sa toge voyante contre des vêtements ordinaires. Par dessus, il jeta un manteau à capuche pour éviter que des passants trop observateurs ne reconnaisse ses traits en le croisant. Après avoir appris que son oncle savait tout de ses activités nocturnes, il ne pouvait être avare de prudence.

Fidèle à ses habitudes, Adolphe évita l'entrée principale, sorte de gueule aux portes rouges grande ouvertes et d'où se déversait une cacophonie de rires trop aigus et de joyeuses exclamations. À l'extérieur, certains fumaient en profitant de l'air frais. Surélevée de plusieurs étages, la bâtisse se garnissait de nombreux yeux clos par des persiennes pour garder l'intimité des clients. Sans s'attarder, Adolphe s'engouffra dans l'allée étroite longeant l'arrière de la Maison. Le conduit se resserrait sur un coude mais il s'arrêta avant pour frapper quelques coups brefs à une porte couverte de suie. Au bout de plusieurs longues secondes, la porte s'ouvrit sans bruit, ses gonds toujours huilés. Adolphe avait toujours eu coutume de penser que Nildas était un homme scrupuleusement prudent. C'était une qualité non pas appréciée, mais nécessaire compte tenu des services que son établissement offrait. Obséquieusement, Nildas s'effaça en s'inclinant à moitié pour laisser Adolphe pénétrer à l'intérieur. Une lampe à huile ocre bloquait avec un succès relatif l'intrusion de la nuit et les ombres envahissaient le bureau de l'homme.

« C'est un plaisir de vous revoir, Monsieur. J'espère que vous vous portez bien depuis la dernière fois. » Déclara Nildas, le frottement de ses paumes sèches l'une contre l'autre irritant le silence qui pesa lourdement après. Le visage blafard, Adolphe le fixait sans parvenir à masquer sa contrariété. L'homme leva un sourcil interrogateur. « ... Puis-je vous offrir un rafraîchissement avant de vous mener à une chambre ? Le temps que je puisse organiser les préparatifs habituels ? » « Non. » Parvint à croasser l'adolescent d'une voix étranglée de colère. L'émotion submergeait le contrôle qu'il avait sur lui, trop vite, trop intensément. Nildas parut s'en apercevoir et son expression se modifia, passant de la fausse serviabilité à la méfiance. Il savait de quoi le garçon était capable, puisque c'était lui qui fournissait la marchandise adaptée aux goûts particuliers de son client. Adolphe le vit jeter un coup d'oeil vers le couloir encombré de ténèbres qui menait jusqu'au coeur de la Maison et de ses activités. Aussitôt, il se mit en travers et referma la porte du pied. « Vos gardes n'ont pas besoin de se joindre à notre discussion. C'est à vous que je veux parler, pas à leurs muscles. Je n'ai pas ce temps à perdre. » D'autant plus qu'il était plus qu'incertain de ses chances face à des hommes habitués à régler chaque nuit les clients les plus agités. Dans un duel opposant ses aptitudes face à l'expérience d'un homme qui calmait efficacement les ardeurs les plus féroces, il savait où placer ses paris.

« J'avais cru que je pouvais compter sur vous, Nildas. Tout ce temps, vous vous êtes révélé utile et d'une discrétion que je croyais parfaite. » Le tenancier perdit quelques couleurs et ses tempes se perlèrent de gouttes de sueur alors qu'il comprenait où le D'Epilut voulait en venir. « Je ne suis pas sûr de vous comprendre. Je me suis toujours efforcé de vous fournir un service d'exception, vous le disiez vous-même. » « Vous n'êtes qu'un menteur ! » Eclata soudainement Adolphe, son faciès congestionné de rage ce qui fit sursauter Nildas. À cause de cet idiot, il se trouvait à la merci du chantage de son oncle. Un mot de sa part aux mauvaises personnes, et il pouvait tout aussi bien quitter le pays pour fuir la justice qui ne manquerait pas de s'abattre sur lui. « Je ne peux plus vous faire confiance, Nildas. Ce qui se passait ici ne devait être su par personne d'autre que vous. Vous avez brisé cette promesse. Ce n'est pas acceptable. Ce n'est pas ce dont nous avions convenu. » Articula Adolphe d'une voix blanche. L'homme devait avoir compris où la conclusion de l'échange le mènerait car ses boucles noires tremblèrent sur son front et ses bajoues elles-mêmes frémirent. Il recula et ses fesses heurtèrent bruyamment son bureau. « C'était un accident ! Il n'y avait rien d'intentionnel ! Sa Sainteté n'aurait jamais dû... » La fin de sa phrase disparut dans une brusque inspiration effrayée. La mention de son oncle avait délesté Adolphe du dernier gramme de contrôle qu'il exerçait sur lui-même et il dégaina ses dagues jumelles, celles qu'il avait pris plaisir à faire admirer à Childéric. D'un pas vif, ignorant le misérable couinement de Nildas, il enfonça les lames, Phèdre à la jointure entre son cou et son épaule, Iphigénie dans sa poitrine, jusqu'à la garde. La panique dans les yeux brillants de larmes de l'homme s'évanouit dans l'océan terne de la mort, son dernier souffle buttant sur les bulles sanglantes émergeant à la commissure de sa bouche.

Message X | 1213 mots

Adolphe n'est plus à la soirée o/ Il règle ses comptes ailleurs /sbaf
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39916-zeryel-belegad
Seiji Nao
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 120
◈ YinYanisé(e) le : 03/10/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : La poupée de Maman
Seiji Nao
Sam 01 Juil 2023, 19:34

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 Wpw2
Image : Artiste inconnu
Les Portes : L'arrivée à Narfas

Seiji dans le rôle de Wesphaline De Narfas:


Quand la souveraine s’attendait à retrouver le chemin des vestiaires, le domestique la conduisit jusqu’à une chambre plongée dans l’obscurité. Se tournant d’emblée vers les fenêtres, depuis lesquelles la Lune dispersait ses fils d’argent, elle lui laissa le soin de fouiller les placards pour en sortir une tenue digne de ce nom. Un petit sourire aux lèvres, elle tâchait d’imaginer quelles exigences Madame Paon ferait valoir, le moment venu. N’entendant pas le froissement du tissu que l’on dépliait, elle se tourna finalement. La bouche scellée par une couture imaginaire, ses yeux dansaient sur ses formes sans la moindre retenue. Un nœud d’angoisse au ventre, Wesphaline songea soudain au roux de ses mèches, une couleur qu’il partageait avec le Grand Prêtre. Se pouvait-il que Gaspard, dans un élan de lâcheté, eût fait appel à l’un de ses rejetons illégitimes pour exécuter la sale besogne à sa place ? Un homme d’Eglise ne se rougissait pas les mains.

« Je suis un membre du personnel qui m’a parlé d’un lieu où me changer et de vêtements propres. Personne n’aime empester l’alcool. »

Si l’idée de rester à bonne distance de cet inquiétant personnage la séduisit, ce dernier rompit l’espace qui les séparait. À la lueur de la lampe à huile, ses prunelles reflétaient la froideur du marbre. Cachant sa fourberie sous les meilleures intentions, il s’attaqua à son poignet, lui arrachant un glapissement de surprise. D’une fraîcheur de serpent, ses phalanges glissèrent sur sa peau.

« J’ai eu plus de chance qu’elles, de toute évidence. Et je doute qu’une peau mal hydratée soit le premier de leurs soucis. Il me semble, hélas, qu’elles ont bien d’autres souffrances à panser. »

La Violette ne comprenait pas très bien où son interlocuteur voulait en venir. Cherchait-il à l’attendrir en mentionnant un passé tragique, avant de se jeter à ses genoux pour lui demander sa main, ou toute absurdité du même genre ? Leur proximité la mettait mal à l’aise ; depuis son premier baiser avec Balthazar, elle ne laissait personne l’approcher de si près. Toutefois, elle ne se débattit pas, demeurant entre ses bras aussi molle qu’une poupée de chiffon ; il semblait éprouver le besoin de s’épancher, et la curiosité pointait le bout de son nez. Au fil de son monologue, il devint clair que le roux n’accomplissait pas la volonté du Grand Prêtre. D’une manière ou d’une autre, il était la créature de Primaël, et voulait qu’elle le sache. Tâchant de réprimer sa répulsion, elle frissonna lorsqu’enfin, il la déshabilla.

L’insolent, se pensant à l’abri du courroux divin, lui ôta son masque. De son regard de fer, Wesphaline ne quitta pas son visage des yeux. Que croyait-il fai… Alors qu’il la plaquait contre le bois, ses pensées marquèrent une pause. Quelque chose naquit entre ses hanches, une pulsion qui perdait bien des êtres. Papillonnant des cils, elle écouta ses divagations d’une oreille distraite. Ce furent les picotements de son cuir chevelu qui l’arrachèrent à sa passivité. Le dégoût céda le devant de la scène à la colère. Indignée, elle le gifla de toutes ses forces, repoussant l’éphèbe de sa main blessée.

« Comment osez-vous ?! »

Avec pudeur, elle se pencha pour récupérer les pans de sa toge. Peu lui importait, à présent, qu’elle fut mouillée. Les autres succombaient peut-être à cette luxure sans préambule, mais elle ne lui inspirait que dégoût. Les doigts tremblants de douleur _ son poignet paraissait en bonne voie pour doubler de volume _, elle couvrit sa peau.

« Une personne de mon rang ne se questionne pas sur sa satisfaction personnelle, elle s’en tient au devoir. Je n’ai jamais connu un autre homme que mon mari, et vous ne serez certainement pas celui qui me fera céder. Qu’importent les sensations, mon corps ne m’appartient pas. »

Le temps agissait formidablement sur la réalité ; avec les années, le mensonge était devenu certitude, et ses hormones ne sursautaient plus qu’à la perspective de la victoire, ou à l’occasion de quelques fantasmes impliquant, bien qu’elle détestât se l’avouer, un homme royalement gâté par la nature en matière de moustache.

« Vous ne devez pas avoir l’habitude qu’on vous dise non, vous non plus. »

À nouveau décente, la souveraine s’autorisa un sourire courbé de malice. Peut-être par ennui, ou par amour du jeu, elle prit le menton du roux entre ses phalanges, et les fit remonter le long de ses joues pour le défaire de son mascaron.

« Vous avez raison sur un point. Quand je commets des erreurs, personne ne vient me taper sur les doigts. Mais mon peuple, lui, en subit les conséquences. »

Malgré une entrée en scène déplorable, Wesphaline avait flairé sous les propos du jeune homme la détresse et la colère entremêlées. Des étincelles de révolte qu’en d’autres circonstances, elle aurait douchée sur-le-champ. L’insolence exerçait toutefois son charme d’une manière bien singulière, lui donnant envie de le cajoler, et de lui promettre que tout irait bien.

« Pensez-vous que vous auriez la conscience tranquille si la moindre erreur de jugement pouvait entraîner la souffrance de milliers ? Si, malgré votre dévotion aux vôtres, vous deviez être témoin de celle-ci sans pouvoir la chasser, parce qu’en enfilant la couronne, vous vous êtes bêtement lié les mains ? Il n'est nul besoin de bourreau quand on se condamne soi-même. »

Leurs iris s’agrippèrent un instant. Ceux de l’autre, enveloppés d’une lueur de passion, se nourrissaient de leur propre feu, comme le ventre d’un volcan.

« Vous parlez de rêves et de désirs. Des mots après lesquels nous aimons courir, sans comprendre qu’ils ne font que disperser le chaos autour de nous. »

Soudain lassée de son rôle, la Violette se laissa tomber sur le lit, écartant les bras. D’un geste de la main, elle tapota le matelas à côté d’elle. De lui, elle ne voulait qu’une oreille, mais les confidences s’offraient à merveille sur l’oreiller.

« Ce que je voudrais vraiment, c’est ne jamais être devenue reine. Vous me croyez libre de mes mouvements, jouissant d’une puissance que personne n’ose contredire, abattant mes caprices du jour sur Narfas. Au risque de vous décevoir, ce n’est pas la vie que je mène. »

Un soupir plus tard, elle fixait le plafond, les yeux vides. Les années ne faisaient qu’accentuer le poids de ses échecs. Quelle que fut sa détermination, il se trouvait toujours un obstacle pour rallonger le parcours, si bien que ses projets peinaient à voir le jour. Par chance, la mort de Gaspard, ce soir, précipiterait tout. Enfin.

« Vous croyez toujours que les grands de ce monde sont des gens assoiffés de pouvoir, pétris de mauvaises intentions. Il en existe, bien sûr, mais en vérité, nous sommes comme les autres, humains et faillibles. Seulement, nos erreurs et nos choix ont des conséquences qui s’étendent bien au-delà de nos vies. C’est à la fois une chance et une malédiction. »

Plus jeune, elle ne réalisait pas tout à fait la portée de ses décisions ou de ses paroles. Il lui avait fallu une tentative d’assassinat pour comprendre l’importance du moindre battement de cils de sa part ; à contempler le cadavre qui refroidissait sur le carrelage de ses appartements, elle avait goûté au poison de l’impuissance.

« Je sais ce que vivent les gens ordinaires. Il y a dans leur quotidien des malheurs inévitables, de ceux qui frappent tout un chacun sans distinction de statut ou de genre. Les prostituées, les pauvres, les nobles. Mais il y a aussi et surtout l’injustice, des affronts auxquels la loi même contribue. Des femmes exploitées jusque dans leurs entrailles. Des hommes bridés même dans leur imagination. Rien ne peut justifier ce qu’ils endurent. »

Les draps se froissèrent tandis qu’elle rejetait la tête en arrière, exposant sa gorge toute entière. Assoiffée des rayons de la lune, elle sentit que, sans sa caresse d’argent sur ses lèvres, elle n’aurait jamais dévoilé ainsi ses pensées.

« Être reine, c’est connaître des horreurs qui vous empêcheraient de fermer l’oeil jusqu’à la fin de vos jours, et ne pas pouvoir y changer grand-chose, parce qu’un dieu et des traditions règnent déjà. C’est ce que je regrette le plus : anonyme, j’aurais mieux servi mon peuple. »

Dehors, une chouette passa près des fenêtres. Ses ailes tâchèrent d’ombre le visage de Wesphaline. Ces jours-ci, il lui semblait que toute sa vie défilait sous ses yeux, creusant davantage des rides qui devaient plus à l’inquiétude qu’elle éprouvait pour son royaume qu’au temps.

« Vous qui voulez tant satisfaire vos souverains, pouvez-vous faire de moi une inconnue ? »

Avec la délicatesse d’une amante pour sa première nuit d’amour, elle s’installa à califourchon sur le roux en posant la question. Ses cheveux effleurèrent son visage de statue ; si proche, elle pouvait presque entendre leurs souffles se mêler. En se redressant, ses doigts étreignirent les siens, et, lentement, elle les déposa sur son ventre. Sous ces mains étrangères, l’espoir battait plus fort que son cœur fatigué.

« D’ici peu, mon quatrième enfant verra le jour. Un miracle, à mon âge. Ce dont je rêve, c’est qu’il vienne au monde dans une société plus juste. Lui, et tous les autres. »

Le regard tourné vers les ombres au dehors, la Reine esquissa un sourire que toute la puissance du monde ne pouvait égayer.

1 513 mots

Résumé:

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39755-seiji-nao-terminee#
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4037
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 02 Juil 2023, 07:14



Les Portes : L'arrivée à Narfas



J’attrapai le tissu et soulevai une nouvelle fois mes vêtements pour m’occuper d’effacer les traces de nos plaisirs. « Vraiment ? C’est étonnant vu votre dextérité à nous amener exactement là où vous le vouliez. » Un sourire solaire apparut sur mon visage. Si, dans ces mots-là, je lui laissai volontiers la maîtrise de la situation, lui comme moi savions que nous avions avancé main dans la main. C’était le plus souvent le cas d’ailleurs. Beaucoup de femmes aimaient se targuer d’avoir fait succomber l’homme en lui résistant avant de se livrer et beaucoup d’hommes se targuaient d’avoir fait succomber la femme à leur charme après une rude bataille, mais il n’en était rien. Quand le jeu s’installait, il s’agissait forcément d’une partie entre personnes intéressées. Sinon, le jeu n’existait pas. La conclusion était donc, dès le départ, déjà tracée. Le jeu ne servait qu’à émoustiller les sens, à se sentir vivant sous le coup de l’exaltation. Il servait parfois à l’orgueil de certains, qui pensaient gagner alors qu’il y avait, finalement, toujours deux gagnants.

Contre le mur, je croisai les bras sur mon buste, le tissu toujours dans la main. « Ce ne sera pas difficile. Si j’en crois le Roi, et il n’a aucune raison de me mentir, cet entretien a effectivement été un véritable fiasco, tant sur le fond que sur la forme. » Je me redressai et marchai jusqu’à la corbeille. « Mon frère a rivalisé de grandiloquence poisseuse et agressive, et Balthazar a été humilié par sa femme qui a cru bon d’intervenir avec un discours bien plus dur et menaçant que le sien. » Restait à savoir ce qu’il convenait d’offrir à ceux qui provenaient de Lieugro. Quoi que ce fût, ce serait forcément plus avantageux que ce qui avait déjà été proposé. J’acquiesçai concernant Melchior. Je le connaissais mal mais s’il en parlait, c’est qu’il devait déjà faire partie d’un réseau plus vaste. Je savais qu’ils existaient. « Je serai là. » assurai-je. Ce n’était plus l’heure de se cacher. Le pouvoir et la réputation dont je disposais seraient des armes. En discutant avec Balthazar, j’avais souhaité faire plus, ne plus me contenter d’être une simple spectatrice d’un système sclérosé jusqu’à la moelle et j’avais pensé qu’il entendrait mes mots. Il les avait entendus mais les oreilles du Roi étaient vraisemblablement déconnectées de ses mains. À présent, le chemin prenait des allures de pente glissante et je n’avais pas l’intention de reculer. Pour l’avenir de mon fils et pour le futur de toutes les femmes, il fallait agir et non se contenter de constater et parler. Si je ne protégeais pas spécialement les hommes, j’étais certaine qu’ils y trouveraient leur compte. « Son frère pourrait se joindre à nous. Sa réputation parmi les femmes serait un atout. » Je connaissais bien mieux Gao. Au fil de nos coucheries, il m’était apparu clairement que sa plus grande peur résidait dans le fait d’appartenir de nouveau à une femme. Si nous renversions le système, il ne serait plus jamais question de ça.

Mon regard se fit plus précis lorsqu’il annonça la mort de la Reine. Ma langue humecta mes lèvres. « Je vois que vous avez déjà tout prévu. » L’idée qu’il m’eût attirée ici pour être certain que je n’essaierais pas de la sauver m’effleura. Si ça avait été le cas, il venait de faire d’une pierre deux coups : empêcher un sauvetage et trouver une alliée. Néanmoins, dans le dédale des inconnus, je n’aurais pu sauver la Reine. Sauver une sans visage n’était pas encore dans mes capacités. Quand bien même mon intention aurait été de lui porter secours, il aurait fallu que je la cherchasse et la trouvasse parmi la foule et j’aurais manqué de temps face à des acteurs capables de la trouver d’un coup d’œil. Ce n’était probablement pas ce qu’il avait souhaité faire. « Je suis d’accord. Si la Reine est assassinée ce soir, demain, le Royaume risque de s’ébranler. Agir en douceur ne sera plus possible. Les tensions s’accumulent depuis bien trop longtemps. Le moindre événement les fera éclater. La mort de Wesphaline embrasera Narfas et le chaos régnera si aucune voix ne recouvre le bruit de la foule pour lui donner une direction. » Tout allait vite, comme sur un champ de bataille. Il n’était plus l’heure des stratégies de longue haleine. Il était l’heure de choisir où exactement placer ses pions, en espérant que le plateau ne se retournerait pas complètement. Je songeai à Adolphe. Je ne l’avais jamais préparé à un régicide, ni même à la trahison. Je ne pouvais pas exclure qu’il se retournât contre moi, tout comme une partie de l’armée. Peut-être. Beaucoup de Narfois restaient embrigadés dans le culte délétère qui régnait sur le Royaume. Beaucoup aussi savaient, au fond d’eux-mêmes, que ce système nous conduirait tous à l’extinction. Nous rebeller contre le Très-Haut amènerait pourtant peut-être une situation pire que celle que nous connaissions déjà. Néanmoins, j’étais d’avis que le Destin des hommes et des femmes devaient être tracés par eux et non par les Dieux. Où était le Dieu qui punissait Judas pour ses crimes ? Une défaite face à un tyran était-elle un acte punissable ? Il était l’assaillant. Il aurait dû subir la sentence. Si le Très-Haut était à ce point injuste alors il ne méritait pas sa place dans les cieux. Sa place se trouvait dans la fange. Le Livre Sacré m'avait conféré mon pouvoir. Je le mettais maintenant au défi de me le reprendre. « Si vous êtes certain que la Reine ne s’en sortira pas… » Parce qu’il n’était visiblement pas la main qui mettrait fin à ses jours et qu’une traîtrise n’était jamais à écarter. « … alors nous devons impérativement trouver la régente de Lieugro ce soir. Mon fils doit également être trouvé et protégé. » Par tous les moyens. « Et je dois envoyer un message. » Je le regardai. Le fait qu’il m’eût avoué avoir orchestré l’assassinat de la Reine avait fini de supprimer les doutes qui m’habitaient jusqu’ici. Son aveu l’avait mis à ma merci. J’aurais pu le faire arrêter pour la simple prononciation de l’intention d’assassiner Wesphaline.

Je remis mon masque. « Encore une chose. Qu’importe ce qu’il se passera demain, je souhaite qu’Anthonius de Narfas soit placée sous ma protection. C’est une fille. Si ses parents doivent mourir, je refuse que ce soit son cas. Si elle est présente, j’aimerais que vous la fassiez chercher afin de la mettre à l’abri. » Sinon j’irais la chercher moi-même. Elle était la meilleure représentation des dérives de notre système : une enfant forcée de cacher son sexe pour ne pas devenir un objet. Elle n’avait rien fait de mal contrairement à ceux qui étaient actuellement au pouvoir. Ils ne pourraient jamais se défendre d’avoir tenté de lutter contre le système. Au contraire, ils s’en étaient accommodés et, pour certains, s’étaient même roulés dedans, à s’en repaître jusqu’à la glotte et à en devenir pourris eux-mêmes.

Je me dirigeai vers la porte et la déverrouillai. « Allons-y. »

1144 mots
Eméliana - Tamara:

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4037
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 02 Juil 2023, 09:55



Les Portes : L'arrivée à Narfas


Le sourire qui flottait encore sur mes lèvres du fait de sa remarque sur mes intrusions répétées dans sa volière s’effaça lorsque je reconnus Lambert. Mon visage passa de celui d’un gros bêta à celui d’un adulte. Je tentai de percer la nuit du mieux que je le pus, comme si cela suffirait à résoudre le mystère qui venait de s’épaissir. J’acquiesçai et la suivis jusqu’à l’escalier. À présent, nous étions de vrais enquêteurs. « Qu’est-ce qu’il fait là ? » murmurai-je à voix basse. Que faisait-il là ? Qui était avec lui ? Pourquoi quitter la fête si tôt ? Les interrogations se bousculaient dans ma tête et s’intensifièrent lorsque je reconnus Zébella. Pourquoi se rendaient-ils tous les deux chez un médecin ? C’était étrange. Je doutai que ce fût pour Lambert. Il aurait pu y aller seul. C’était donc pour elle. Mais pourquoi l’y accompagnait-il ? La nuit révélait sur les carreaux de la fenêtre une saleté bien réelle. Elle empêchait de voir certains détails, bien que l’intérieur fût éclairé. Nous avions néanmoins un avantage : la scène se présentait à nous alors que nous restions des ombres pour la scène. Peut-être à cause de la grossesse de Rosette, je transposai un instant l’hypothèse sur les deux protagonistes présents. Cela aurait fait sens. Ça aurait pu, si je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Un homme qui accompagne la femme qu’il a mise enceinte chez le médecin… Néanmoins, je doutais que Lambert fût de ce genre-là et qu’il fût le genre tout court de Zébella. J’ignorais si elle avait un type d’hommes mais si elle en avait un, je l’imaginais plutôt de la même trempe qu’elle : à aimer les défis et à chercher le dépassement à chaque instant. À moins que ce ne fût l’inverse ? Que sa fougue s’accommodât mieux d’un garçon plus calme, qui saurait apprivoiser sa force et la motiver au bon moment ? « Elle a peut-être des soucis de santé ? » laissai-je supposer. « Ou elle s’est blessée ? » La conversation semblait être inégale. Lambert était calme. Zébella agitée. Ça ne changeait pas de l’accoutumé. Le médecin, quant à lui, paraissait être le genre de personne qui avait trop vécu et qui en avait trop vu pour être étonné de quoi que ce fût. Le voir fouiller dans ses fioles m’interrogea. « Tu crois qu’elle est… ? » Ce pouvait-il qu’elle fût vraiment enceinte ? Je n’avais rien remarqué dans les bains en l’attrapant. D’un autre côté, je ne l’avais pas non plus remarqué pour Rosette. Ce n’était pas encore trop visible. Peut-être était-ce plus quelque chose qu’elles pouvaient ressentir ? « Peut-être pas. » Ce n’était pas impossible mais ça m’aurait paru irréel. Je devais me faire des idées.

Après un temps où elle disparut, elle revint vêtue de vêtements masculins. Les choses me semblèrent plus claires. « Elle va fuir je pense… » chuchotai-je. Ce fait me parut tout à coup plus important que la présence du médecin. Je regardai ses cheveux tomber sur le sol puis étudiai la posture et l’expression de Lambert. Il n’avait pas l’air de vouloir l’en empêcher. Il l’avait peut-être même amenée ici pour ça, pour qu’elle pût se changer et partir en toute discrétion. Je ne dis rien sur lui, parce qu’il me semblait clair qu’il ne la retiendrait pas. Je ne savais pas ce qu’en pensait ma co-enquêtrice et, surtout, ce qu’en penserait les autres, notamment Garance. Était-elle au courant ? Ludoric risquait d’être fou s’il se rendait compte qu’elle avait disparu. Il ne serait pas le seul. Personnellement je ne savais pas quoi en penser. Des idées contradictoires tournaient en boucle, sur les avantages et les inconvénients de cette libération supposée. Je déglutis, soudain conscient que ce que faisait le père de Rosette pourrait être sévèrement puni si ça venait à se savoir. Je baissai les yeux vers la rousse. « Je crois qu’on ferait mieux de ne pas rester là. » lui dis-je, d’une voix grave. « Et de ne parler à personne de ce qu’on a vu. Ça pourrait dégénérer… » Surtout, nous ne savions rien de la situation, sur le pourquoi et le comment. Nous n’étions même pas sûrs de ce qu’il se tramait véritablement à l’intérieur. Les suppositions qui valsaient dans ma tête étaient peut-être toutes erronées.

Alors que je m’apprêtais à ajouter quelque chose, la fenêtre s’ouvrit sur le médecin. Il nous regarda et fixa son attention sur Rosette qu’il sembla reconnaître. Un sourire déforma un court instant son vieux visage avant que son expression ne prît l’apparence de la colère. Il se mit à tonitruer : « Oust ! Saloperie de chats errants. Ça apporte pleins de maladies ces bestioles-là ! Du balai ! » Je croisai le regard de Rosette et lui pris la main pour détaler à l’arrière du bloc de bâtiments. J’entendis à peine la fenêtre se refermer sur les grognements du docteur. Je collai mon dos contre le mur. Mon cœur battait ma cage thoracique d’une peur vivifiante. « Il m’a presque effrayé avec son regard de vieux hibou en colère… » dis-je, entre deux respirations, avant de sourire puis de rire. Il était clair qu’il avait préféré nous faire décamper plutôt que nous dénoncer. Ce qui se tramait là-dedans devait être important. « T’as vu la tête qu’il a fait ? » demandai-je, avant de l’imiter. Puis, j’arrêtai mon cirque, tout en gardant la main de Rosette dans la mienne. Je réfléchis et redevins sérieux. « On devrait attendre qu’ils sortent, voir… Peut-être qu’on pourrait parler à ton père ce soir ? » Sauf s’il restait avec Zébella.

921 mots
Erasme (Clémentin):

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2339
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Dim 02 Juil 2023, 20:19


Cette étrangère semblait entièrement incapable de fermer sa bouche plus d’une seconde. En cela, elle lui rappelait Clémentin, à la différence que ce dernier était relativement appréciable. De plus, Melchior avait pu voir que le palefrenier était plus compétent qu’il n’en avait l’air. Il avait typiquement le genre de profil qui pourrait être mis à profit d’une révolution. Mais cette… femme ? Non. Elle n’était qu’un amas embarrassant d’impolitesse et d’ivresse qui méritait d’être jeté dans le bassin une seconde fois pour ne pas avoir présenté d’excuses. Pour autant, le marchand de thé ne pouvoir s’en vouloir qu’à lui-même. Après tout, il avait décidé de pimenter la soirée. C’était un retour de bâton prévisible.

Lorsqu’elle lui demanda sa profession en suggérant qu’il fût pâtissier, sa réponse fut instantanée. « Je suis Grand Pharmacien, Apothicaire de renom et Alchimiste de sa Majesté. » Ce mensonge n’était pas guidé par un motif spécifique : il trouvait juste cela plus divertissant. Et puis, de toute façon, son interlocutrice était crédule, agaçante et, pire encore, pieuse. Le Très-Haut était très bas dans l’estime de Melchior. La religion avait fait partie de son éducation mais ses parents – qui se revendiquaient pourtant comme traditionnels – avaient toujours été peu orthodoxes par certains aspects. Les voyages avaient fait d’eux des mondains. Alors, les jumeaux avaient grandi différemment de leurs pairs. L’un était devenu individualiste, tandis que l’autre s’était engagé dans un combat éternel contre la société et les femmes qui la dirigeaient. Pourtant, les deux étaient des opportunistes qui prenaient plaisir à user d’artifices.

Melchior se retint de rire, lorsqu’elle mentionna la possibilité d’arrêter un conflit. Pour une étrangère, elle avait beaucoup de fougue et d’ambition. Il se demandait bien quel processus l’avait menée à se sentir investie de cette mission messianique. Ses croyances avaient dû jouer un rôle. La drogue avait dû décupler les effets de ses croyances perverses. Pour le D'Eésnep, c'était simple : la guerre fait partie de la vie. Le bas-peuple part au front, les hauts nobles servent de porte-étendards et la petite noblesse comme la bourgeoisie font tourner l’économie. Chacun a son rôle dans l’écosystème, et le changement provoqué par ce genre de conflit offre souvent l’opportunité de redistribuer les cartes. Avec un peu de chance, un as battrait la reine.

Après quelques détours, les deux opposés finirent dans les jardins. Melchior traînait le pas, cueillant des pétales au hasard pour s’occuper. Ils sentaient bon, ce qui avait le mérite de compenser l’odeur ambiante qui, avec la texture du sable humide, formait un mélange profondément écœurant. Et pour sublimer le tout, le léger vent nocturne rendait l’expérience encore plus désagréable. « Que vous êtes brillante ! Le froid va très certainement aider à sécher nos tuniques. » Il partait du principe que l’étrangère était trop dopée pour prêter attention à son sarcasme. Elle pépierait sûrement « Oui, c’est bon pour la santé ! » ou une autre idiotie enthousiaste du genre. Pourtant, à sa surprise, il n’entendit rien. L’attention de l’illuminée semblait accaparée par autre chose. Il y avait entre les ombres une silhouette, qui appartenait visiblement au Grand Prêtre. Les grenouilles de bénitier devaient autant aimer les jardins que les autres amphibiens. Ce n’était pas tout : il était également blessé.

Un « Seigneur » échappa des lèvres de Melchior. Comment est-ce que le crétin qui avait réquisitionné tout ses aphrodisiaques s’était retrouvé dans cet état ? La première hypothèse du marchand fût l’autoflagellation. Puis, il repensa à celui qui organisait le gala. Ils étaient nombreux, à avoir des choses à redire au sujet du régime actuel. Le Grand Prêtre était l’une des têtes du Cerbère. Et puis, un bal masqué était l’opportunité parfaite pour commettre un crime. Alors, pourquoi est-ce que Gaspard n’avait pas été tué ? Le laisser en vie n’était pas une sage idée.

Une voix aussi terrifiée que familière mit fin aux calculs mentaux de Melchior. « Pénélope ? » Il avait espéré la retrouver lors de cette soirée mais, dans son imagination, les circonstances étaient différentes. Peu importait : ce qui comptait, c’est qu’elle venait de s’agripper à lui. La vue du sang ne lui avait jamais plus. « C’est… c’est l’étrangère. » Dit comme cela, on aurait cru qu’il l’accusait. Pourtant, il savait que la zélote pacifiste ne pouvait pas être responsable. De toute façon, ses seules armes étaient un mépris de la courtoisie et une propension à tomber dans l'eau. « Elle l’a trouvé comme ça », clarifia-t-il.

Melchior était surpris par son propre sang-froid. Il aurait pu mettre ça sur le compte de l’état de choc mais n’était pas dupe à ce point. Il avait Pénélope à son bras, Sa Sainteté le voleur amoché à quelques mètres de lui, et l’opportunité de passer pour un héros. Que demander de plus ? « Heum…  oui, on va chercher un médecin. Vous voulez rester à ses côtés, ou nous rejoindre plus tard ? » Il s’adressait à l’étrangère, qui pansait les blessures du prêtre. De toute évidence, cette histoire de Balthazar allait devoir être remise à demain. « Tenez, appliquez ceci. Cela l’aidera. » Il venait de lui donner les quelques pétales cueillis plus tôt. Il ne savait pas s’ils avaient le moindre effet curatif mais tenait à maintenir sa réputation de pharmacien nouvellement acquise.

En reprenant Pénélope sous son bras, il sentit les jambes de sa sœur vaciller. Il aimait la fragilité, chez les femmes. « Cette soirée est placée sous un mauvais augure. » L’idée même de devoir faire scandale pour trouver un spécialiste l’ennuyait. Malheureusement, ils ne pouvaient pas se permettre de partir en catimini après avoir vu Sa Sainteté dans un tel état. À moins que… non, ce n’était pas raisonnable. Melchior n’avait pas envie de hausser les suspicions à son sujet. Il commanditait un projet qui nécessitait d’apparaître blanc comme neige. « J’ai une proposition à te faire. Trouvons le serviteur le plus proche, informons-le de la situation pour qu'il amène un médecin et allons-nous-en. On a vu assez de sang. »


982 mots.
Rôle - Melchior:


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 3v8q
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38838-sirh-juuka-zeli-ka-
Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~
◈ Parchemins usagés : 495
◈ YinYanisé(e) le : 23/07/2014
◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Dim 02 Juil 2023, 23:58


Honnêtement, il n’a pas l’air si choqué que ça. Est-ce qu’ils font la même chose à Lieugro, au point de mériter une réaction si modérée ? J’ai l’impression que je m’attendais à davantage de pitié et d’abattement de sa part, et l’idée me parait soudainement stupide ; pourquoi est-ce que je voudrais que quelqu’un d’autre se sente mal à cause de moi ? Chaque jour et chaque bref coup d’œil en dehors du château et un rappel que des centaines de milliers de personne ont une vie plus dure et insensée que la mienne, et c’est peut-être à ça que mon inconnue est en train de réfléchir. « Pauvre princesse obligée de porter des pantalons pour conserver sa tour d’ivoire, contrainte de rester dans une chambre assez grande pour loger une famille, quelle terrible sort ! ». Dieux, je me sens ridicule maintenant, où est cette bouteille ? Ce goût infâme sera la clef de voute de mon opprobre. Elle me propose un morceau de gâteau, et sans piper un mot, je m’en saisis. Je me sens rougir, et je ne sais pas si c’est la honte ou l’alcool qui agit. Heureusement, elle ne peut pas me voir, et je n’ai pas à subir son regard que j’imagine chargé de jugement.

Quand elle m’annonce qu’elle aussi porte un vêtement qui ne sied pas à son genre, je manque de m’étouffer sur quelques miettes, et je tousse le plus discrètement possible, soudainement consciente du nombre de voix qui nous entourent ; je ne veux pas être découverte. Mon attention bascule à nouveau sur l’inconnue, et je reste muet un instant, pétrifiée. Est-ce que c’est une plaisanterie de mauvais goût, suite à mon aveu ? Peut-être est-ce sa manière de détendre l’atmosphère, ou de me faire redescendre de mon piédestal. Un bref instant passe et il poursuit, et j’entends dans sa voix des inclinaisons masculines que je n’avais pas cherchée jusqu’alors. Il n’a pas le même genre de problème que moi, en réalité c’est l’inverse ; il se déguise pour échapper à son quotidien, moi je me déguise au quotidien. Je continue de manger mon morceau de cake en silence. Est-ce que c’est commun ? Combien de gens se travestissent pour échapper à un fardeau, à la pression ? Est-ce que Père s’habille en femme parfois, pour avoir la paix ? Je contemple le vide, perdue dans mes pensées : elle me ramène toujours à la même conclusion. Si on pouvait tout simplement s’habiller comme on a envie, et ne pas être forcé à faire quoi que ce soit à cause de ce qu’on a entre les jambes, tout le monde irait probablement mieux.

Je redresse la tête quand mon inconnu me désigne une paire de pied, avec l’intention ferme de l’attirer sous la table. Mes yeux s’écarquillent sous mon masque et j’ai un hoquet de surprise qui me contracte douloureusement la poitrine. Est-ce que c’est un piège, depuis le début ? Maintenant qu’il sait ce qu’il veut savoir sur moi, il va me dénoncer, et me livrer à un garde ? Est-ce qu’ils vont me tirer dans une pièce pour me mettre enceinte ? J’ai un mouvement de recul qui me fait me lover un peu plus contre le pied de la table. L’inconnu me parle davantage, et je ne peux pas m’empêcher de vouloir lui faire confiance, mais… Mon cœur bat la chamade. Je suis terrorisée, je sens mon dos trempé par un filet de sueur froide, et je ferme et referme ma main compulsivement, en essayant de me concentrer sur la sensation des ongles contre ma paume. Si jamais il fait mine de s’approcher, je peux fuir de l’autre côté. Il y a la fenêtre, pas très loin, ou je peux tenter de courir au milieu de la foule, en espérant qu’il ne puisse me reconnaitre. Je cache le cachet à mon poignet, et lentement, j’hoche la tête.

Il n’a pas l’air de vouloir me dénoncer, ni de m’engrosser, ce qui est une bonne chose. Et ils ont vraiment l’air de s’aimer, ce qui corrobore le récit de mon inconnu. A moins qu’il ne soit parvenu à acheter ce genre de service, mais je ne vois pas pourquoi il continuerait ce numéro si c’était le cas.

— « Vous êtes son fiancé alors ? »

Je suis soulagée qu’il ne nie pas immédiatement, et pourtant je suis parfaitement consciente qu’il pourrait tout simplement mentir – est-ce que ça fait de moi quelqu’un de stupide ? Je reprends de l’alcool. J’ai l’impression que ça m’aide un peu à me concentrer sur le moment. Erk. Toujours aussi dégoutant, mais je grimace un peu moins. Du bout des doigts, je propose un amuse-gueule au nouveau venu.

— « Pourquoi vous restez ici ? Vous êtes deux, et vous, vous êtes un soldat, vous pourriez partir à l’aventure, vivre libres et à la belle étoile, non ? J’ai lu beaucoup de livre sur les aventuriers de jadis, et il n’existe personne qui soit plus heureux qu’eux. Ils ont le monde à leur portée, ils trouvent des trésors, découvrent des endroits où jamais avant eux on a posé le pied… C’est mieux que sous une table, non ? »

Résumé et mots :


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 3TFZNQ
♫ :

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t35022-jil
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36412
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Lun 03 Juil 2023, 07:40


Image par un artiste inconnu

Explications


Bonjour / Bonsoir !  nastae

La soirée continue =D

Priam devrait spécifier mais voici déjà quelques éléments :
- Le bal (mais en fait c'est plus une soirée) se déroule dans une résidence secondaire de Primaël en dehors de la ville nobiliaire/cour.
- S'il y a une partie pour danser, ce n'est pas le cœur des festivités. La demeure de Primaël est très grande (il a bien réussi) et comporte plusieurs pièces/chambres avec des alcôves. Il y a des endroits très intimistes.
- Il y a aussi des spectacles un peu partout, puisqu'il a invité des artistes.
- Mais le plus gros de la fête, ce sont des jeux (de stratégie, de hasard etc). Il y a des jeux d'argent, de cartes, des paris dans lesquels il est possible de tout proposer à la mise (la main de ses enfants, sa semence, son utérus et j'en passe - c'est pas moi c'est Alvine qui l'a dit)
- Les invités sont masqués (le masque cache tout le visage avec un espace suffisant pour la bouche afin de manger et boire). Les tenues sont les mêmes pour tout le monde. Il s'agit de toges, rouges et dorées pour les hommes, bleues et dorées pour les femmes.
- Afin de conserver l'anonymat, les invités sont conviés dans des vestiaires indépendants afin de se changer. De plus, le personnel leur confie un tampon/sceau (comme en Corée voyez) qui sera solidement attaché au poignet de chacun. Chaque tampon correspond à une personne identifiée, ce qui permet aux invités d'être anonymes pendant la soirée aux yeux des autres invités mais pas aux yeux de l'organisateur qui pourra demander les sommes pariées durant la soirée si jamais il y a des problèmes. En gros, chaque personnage pariant quelque chose ne pourra pas se défausser à la fin. Chaque tampon est unique. Le dessin peut être ce que vous voulez.
- L'alcool, la nourriture et le thé coulent à flot ! /sbaf


Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).

Rps importants
- Le Royaume de Lieugro - Partie I
- La mort de Montarville et la prise de Lieugro
- Transition - Quand Lieugro devint Uobmab

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectifs secrets et secrets : 8D

Voilà !  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 14 1628

Participants


La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.

En jeu :
- Hélène (Garance) : XVI
- Ikar (Placide) : XXVII
- Stanislav (Alembert) : X (en pause => Retour à Lieugro)
- Dastan (Ludoric) : XVI
- Adriaen (Lambert) : IX
- Yngvild (Rosette) : XVI
- Tekoa (Childéric) : XIV (en pause => Retour à Lieugro)
- Chuan (Lénora) : IX
- Susannah (Zébella) : X
- Erasme (Clémentin) : XVI
- Miraneiros (Balthazar) : VII
- Fawëlysa (Wesphaline) : II
- Seiji (Wesphaline) : VI
- Jil (Anthonius) : X
- Claer (Jésabelle) : V
- Ammon (Gaspard) : X
- Eméliana (Tamara) : XI
- Zeryel (Adolphe) : X
- Lysium (Melchior) : IX
- Sympan (Gao) : IX
- Oriane (Pénélope) : IX
- Lazare (Primaël) : VII
- Orenha (Luthgarde) : VII
- Lorcán (Ivanhoë) : VII

En pause :
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : IV
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : XIII
- Laen (Hermilius) : V
- Chelae (Clémentine) : XVI
- Min (Natanaël) : XIV
- Eibhlin (Adénaïs) : IV
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonnelle) : V
- Thessalia (Irène) : VIII
- Dorian (Ezidor) : X
- Gyzyl (Judas) : VI
- Wao (Merlin) : XIX

Les morts :
- Babelda (Montarville) : XI (dead)
- Léto (Ernelle) : II (dead)
- Stanislav (Déodatus) : IX (dead)
- Latone (Madeline) : 0 (dead)


Deadline Tour n°12


Dimanche 9 juillet à 19H

Pour information, il reste 1 tour ! En septembre on reprendra sur Lieugro mais je vous en reparlerai d'ici là !

Gain Tour n°12


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Scène de conte - Narfas : Il s'agit d'un tableau, livré à votre personnage, représentant le personnage qu'il incarne à un moment du conte. (Vous devez rédiger ledit moment afin qu'on sache ce qu'il y a sur le tableau en question). Du fait de la popularité du conte qui ne cesse de grandir, le tableau vaut une petite fortune. Il s'agit en réalité d'un passage vers un endroit ressemblant à Narfas. Chacun des protagonistes ayant joué dans le conte peut le traverser pour s'y retrouver. L'endroit est désert et ne peut être parcouru que par d'autres possesseurs de ces tableaux, ce qui en fait un endroit privilégié pour les rencontres secrètes

Votre personnage peut donc le vendre, l'échanger etc (des fois qu'un personnage se prenne de passion pour les collections de tableaux des contes ! Franchement, Siruu, je pense qu'il te manque ce personnage ! 8D Si ça se passe en rp, le gain changera de propriétaire).

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 14 sur 16Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 13, 14, 15, 16  Suivant

 Sujets similaires

-
» | Narfas Chapitre II - Inscriptions |
» Les Portes - Chapitre V
» | Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition |
» | Conte V2 - Narfas | (Inscriptions)
» [Rp dirigé] - Les portes
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-