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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Sam 24 Juin 2023, 22:28

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 Wpw2
Image par inconnu
Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao se tourna lentement vers les bruits de pas qui provenaient du couloir et qui ne manqueraient pas d’amener leur propriétaire à lui. Il avait aperçu le drapé des femmes derrière lui sans pour autant avorter son entreprise. Une pointe de déception fut balayée par le soupir qui lui échappa, juste avant d’apercevoir la silhouette. Primaël ne viendrait sans doute pas. Il sourit sans joie, les yeux encore dans le vide. C’était peut-être légèrement stupide de sa part d’avoir nourri le moindre espoir. Il n’était même pas certain de savoir ce qu’il escomptait jusqu’ici. Des excuses ? Des explications plus fournies ? Une conversation, de celles qu’ils n’avaient plus eu depuis des années ? Autre chose ? Un vague à l’âme le prit et, pendant qu’il se sentait sombrer dans des pensées sombres, un nouvel espoir naquit en lui, celui qui la dame saurait le sortir de ce qui lui enserrait les tripes. « Cela fait bien longtemps que j’ai cessé de croire quoi que ce soit à son sujet. » répondit-il, en observant le pétale entre les doigts de l’inconnue. Elle n'était pas de Narfas. Son accent la trahissait. Elle n’était pas de Narfas et, plus, elle n’était pas n’importe qui. Il avait l’habitude de côtoyer les femmes nobles et s’était pris d’une affection particulièrement intéressée pour le bas peuple. Il avait appris chacune des différences qui les séparait. Il s'était pris d'affection pour les seconds et, pour finir, un homme de basse extraction avait même réussi à le poignarder en plein cœur.

Lorsqu’elle lui parla plus spécifiquement de ce qu’elle pensait, il ne put retenir un rire de s'échapper d’entre ses lèvres. « Et pourtant vous semblez savoir exactement qui je tentais d’attirer ici. C’est que, quelque part, cette rousse séduisante n’occupe pas toutes ses pensées. » Il ne savait pas s’il devait se sentir flatté ou humilié qu’il lui eût préféré cette femme. Si Primaël n’avait été qu’un coq, il l’aurait assurément mal pris. Néanmoins, le violet avait toujours eu des plans. Qu’il les envisageât de façon hypothétique ou qu’il les mît en œuvre ne changeait rien. Il l’avait longtemps cru bien plus calculateur que passionné. Le couteau dans son ventre l’avait détrompé. Peut-être s’agissait-il en réalité d’une espèce hybride. « Il a probablement envisagé de venir mais votre aura a dû le dissuader de me rejoindre. » Il tendit sa main devant lui et observa les pétales. « Il a dû penser que je travaillais ce soir… » souffla-t-il, en se rendant compte que la situation l’affectait plus qu’il n’aurait dû l’être. Il souffla sur les fleurs, comme si les chasser de sa paume pourrait terminer un chapitre ou, mieux encore, un livre.

« Êtes-vous sensible au romantisme ? » lui demanda-t-il, quand la cascade rougeoyante eût quitté sa peau et se fût abattue sur le sol. Il se détourna ensuite et prit soin de se servir à boire d’un même temps. Il valait mieux qu’ils bussent ensemble. « Certaines femmes aiment les romances. J’imagine que ces dernières doivent être possibles à Lieugro. Ici, c’est différent. » Gao sourit. Il se retrouvait dans une situation éminemment politique. Son frère n’était pas avec lui mais imaginer sa tête s’il venait à le surprendre était presque d’un amusement réconfortant. Était-ce Primaël qui le rendait ainsi, soudainement ? Il avait l’impression de vouloir jouer aux échecs. Il n’avait jamais été un pion néanmoins, au fur et à mesure du temps, les pions étaient devenus son armée. Aux yeux des femmes étrangères et même de certaines nobles de Narfas, ces pions se transformaient en pièces maîtresses. En nobles fous ou en cavaliers tempétueux. Entre les draps, ils trompaient les sens et faisaient illusion. Certaines femmes étrangères se seraient probablement donné la mort si elles avaient su avoir couché avec un garçon des rues. Il était comme ça, un opportuniste et un traître. Plusieurs fois, par le passé, lorsqu’il avait vu le violet si proche du jeu de stratégie, il s’était fait la réflexion que le plateau n’était pas viable pour former un Royaume entier. Il s’était dit que parmi les figures déjà existantes, des pièces devaient être cachées dans les ombres des autres, invisibles. Lui demeurait reclus derrière tous ces pions semblant si inoffensifs mais ayant distribué leurs semences dans bien des familles nobles. Il était presque comme le père de tous ces bâtards qui s’ignoraient ; pour avoir fomenté leur existence.

« Huum… » Il joua avec son verre. « En temps normal, je vends mon corps. Cher. » Il vendait celui des autres également. « Pourtant, ce soir, je me sens d’humeur à vendre des informations… si vous en souhaitez. » Il sourit et appuya ses fesses contre une table. « Le prix pourrait dépendre des questions. » proposa-t-il. Il but. « Je ne vous connais pas mais je suis sûr que vous en avez. Tout le monde en a en arrivant à Narfas. » Les temps étaient troubles. L’arrivée des réfugiés allait changer les choses. Peut-être que, demain, ce serait la guerre. Tout le monde devait faire ses jeux maintenant.

822 mots
Il est brun avec les cheveux longs
 


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Susannah
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Susannah
Sam 24 Juin 2023, 23:33

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 658f
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Zébella salua l'arrivée de la volontaire d'une exclamation ravie. Délaissant le mascaron qui ne lui apprendrait rien, elle laissa son regard parcourir la carrure de la femme, à la recherche de ses muscles pour évaluer ses chances. Sa quête demeura stérile et elle revint sur son faux visage, en se demandant si on lui faisait une plaisanterie. Soit sa toge les dissimulait avec une efficacité redoutable, soit la folie avait rongé la cervelle de l'inconnue en lui faisant croire qu'elle avait une chance face au petit doigt de l'athlète. À son étonnement succéda l'hilarité et sa paume flanqua une claque à la surface de la table qui trembla sur ses appuis. « On dirait que les arbres perdent leurs branchettes par ici ! Je vais essayer de ne pas vous casser trop d'os ! » Fit-elle, amusée, en lui renvoyant sa propre provocation. Zébella avait toujours trouvé le culot appréciable chez les autres. Selon son expérience, mieux valait oser et risquer l'humiliation que rester à trembler dans l'ombre d'un avenir incertain et ses intangibles serres. « Si vous voulez ! » Accepta la bleue avec légèreté, certaine de sa victoire. Quand bien même elle aurait fait face à une montagne gonflée de muscles, elle ne reculait jamais face à un défi. Elle avait bravé une tempête sur la base d'une simple lettre et même si elle en souffrait les conséquences aujourd'hui, elle le referait encore si le temps consentait à reculer de quelques pas, simplement parce que sa nature était taillée ainsi, faite pour rugir dans l'arène en faisant fi de toute rationalité.

Son visage imita le sérieux inexpressif de son masque alors que leurs mains se réunissaient en un poing au centre de la table. Déodatus lui avait appris à ne plus sous-estimer les physiques fragiles et à se méfier de la rouerie de ces derniers qui attaquaient dans le dos. Elle ignorait tout de cette femme à la chevelure lustrée de violet et le contexte était sensiblement différent mais la Reine en errance décida de la traiter comme si elle était un adversaire à sa mesure. Quand le signal fut lancé, toute son épaule et son bras se contractèrent pour coucher l'autre sur la table. Elle crut avoir réussi, aussi rapidement qu'une inspiration prise, mais rencontra une résistance inattendue à quelques centimètres de son but. Ses lèvres découvrirent ses dents et ses phalanges blanchirent. Elle sentit le poignet de la femme grincer alors qu'elle luttait pour l'empêcher de grapiller du terrain. Un petit rire sec lui échappa. « Coriace, hein ? Du calme, votre coeur va finir par lâcher. » Avec un petit sourire insolent, Zébella banda ses muscles et la main de la violette frappa bruyamment la table, le choc résonnant jusque dans ses propres os. Sa main retrouva sa liberté et elle étira ses phalanges. « J'ai presque rien senti. » Déclara-t-elle avec un sourire débordant de dents, contaminée par l'hilarité de la perdante. Elle devait vraiment être folle en définitive. « Ça me fait plaisir de vous l'entendre dire. De là où je viens, je surpassais tous les garçons de mon âge, tous sans exception. Aucun ne m'arrivait à la cheville. Peut-être que j'ai du sang de Narfas dans les veines, il y a beaucoup de femmes soldates ici. Sans parler de leur supérieure. » Comment ne pas connaître les exploits de Tamara d'Epilut ? On les lui avait contés avant même qu'elle foule le sable de cette contrée. Contre la rousse, elle aurait perdu son bras de fer.

« Je reconnais bien là l'amertume des perdants. Votre fierté a dû souffrir davantage que votre poignet, je peux l'entendre. Vous n'aviez qu'à être plus forte. Moi, j'ai trouvé ça très divertissant de vous voir lutter contre l'inévitable. Divertissant, et touchant. C'est notre nature humaine qui veut ça. Moi aussi je me bat chaque jour pour ne pas laisser le destin dicter mon avenir. Mais vous n'avez pas baissé les bras, et ça me plaît. Vous avez le mental, c'est votre corps qui ne suit pas, malheureusement. Mais d'accord, pimentons le jeu. Et madame... » Elle chercha le sceau sur le poignet de la témoin. « Paon ! Madame Paon a raison. Ma victoire m'octroie le droit de vous donner un ordre, n'importe lequel. Je vous le donnerai après, le temps d'y réfléchir. Qu'est-ce que vous proposez comme jeu pour redorer votre dignité ? »

Zébella grimaça. Le hasard, c'était bien pour les faibles, ceux qui ne pouvaient s'en remettre qu'à cet ami inconstant et peu fiable, simplement car les moyens leur manquaient pour obtenir ce que leur coeur désirait ardemment. Pour résumer, l'héritière d'Uobmab n'avait jamais dû s'abaisser à s'appuyer sur sa chance pour arriver à ses fins. Ce qu'elle souhaitait, elle l'obtenait, par l'autorité que lui conférait son sang, ou par la force. Ici et maintenant, le premier lui faisait défaut et le second lui permettait uniquement d'humilier de frêles femmes. Tout ça n'avait rien de réjouissant quand elle le résumait ainsi mais l'alcool atténuait en partie ses déceptions. Elle fit un mouvement négligeant de la main. « Faisons cela, mais j'accepte uniquement parce que vous avez perdu si facilement et que j'ai un peu pitié de vous. » Elle fronça ensuite les sourcils alors que Madame Paon reprenait la parole. Elle la laissa terminer ses explications mais ne se dérida pas, peu séduite à l'idée de devoir réfléchir lors d'un jeu. Est-ce que ça n'allait pas à l'encontre même du divertissement ? Merlin aussi adorait les jeux de réflexions, ce qui n'empêchait pas ce petit pouilleux d'être la risée de la famille.

« Hey. » Fit-elle calmement. « Pourquoi vous ne jouez pas avec nous ? Et ce jeu est aussi nul que celui du hasard. Il n'y a qu'avec de solides enjeux que cela sera intéressant. Offrir ce que l'on a de plus cher ? N'importe qui peut mentir et offrir un simple vase en prétendant qu'il nous est cher. » Zébella refit un tas des cartes pour les distribuer à elles trois. « Voilà plutôt ce que je propose. Les deux perdantes devront aider la gagnante, et ce, quelle que soit la forme que prendra cette aide. » L'aide de ces deux femmes ne serait pas de trop pour quitter Narfas. Elle comptait sur Jésabelle pour l'y aider bien sûr mais la Prêtresse serait-elle capable de le faire à l'insu des réfugiés ? Cette soirée était une aubaine. Tous ignoraient son identité, elle était débarrassée de Ludoric et des soldates, aucune chaîne ne meurtrissait ses poignets. Il fallait être fou pour ne pas en profiter.

Ses doigts portèrent ses deux cartes devant son nez et elle reprit une carte distraitement. Le onze affiché lui arracha une toux incontrôlée et elle ne put retenir le juron qui suivit. Juste comme ça, elle venait de perdre. Sottement. Voilà précisément pourquoi Zébella ne s'en remettait jamais au hasard. Bientôt, le score de ses adversaires fut révélé, gratifié d'un regard noir de celle qui avait plus de muscles que de chance. Son poing se referma sur les cartes qui plièrent sous le joug d'acier. « Ce jeu est minable. C'est une perte de temps. » Grogna la mauvaise perdante avant de regarder la gagnante. C'était insupportable. Intolérable. Personne ne la surpassait. Elle n'avait pas le droit. Endosser un nouvel échec, même aussi minime, était inconcevable. Les neurones imbibés d'alcool arrangé, elle vrilla. Des étoiles noires aveuglantes envahirent le décor qui bascula. La furie avait empoigné la table pour la projeter au sol dans un vacarme ébouriffant. Une pluie de cartes accompagna la chute. Les membres frémissants de rage, Zébella tourna le dos au carnage et s'en alla sans un mot de plus ni un regard, bousculant quiconque avait l'idiotie de ne pas se dégager plus rapidement de son passage. C'était à elle d'établir les règles. Ou, pour être plus exacte, il n'y avait plus de règles. Si elle décidait de gagner, alors que les cieux en soient témoins, elle gagnerait. Elle quitterait cette terre maudite. Elle arracherait de ses propres ongles l'horreur qui cherchait à écraser ses organes pour s'y faire une place contre son gré. Elle pouvait même s'en charger dès maintenant. Qu'attendait-elle ? À quoi avait-elle occupé ses journées ? À attendre que, par chance, elle soit délivrée par la grâce divine ? Sa situation ne faisait qu'empirer, de mal en pis, et elle baillait aux corneilles. Sa passivité était si indécente qu'elle se sentie indigne de porter le poids de son nom. Sa frustration se précipita sur le premier individu venu qu'elle attrapa par le bras. « Vous. Rendez-vous utile et menez-moi à un médecin. Immédiatement. » En guise d'explications, elle lui mit sous le nez la paume ouverte de sa main, ruisselante de sang après avoir tenu le tesson de verre, perdu quelque part parmi les cartes envolées. Elle se fichait pas mal de cette blessure, elle avait juste besoin qu'un médecin la délivre du fœtus avant qu'elle ne s'en charge elle-même en s'ouvrant le ventre.

Message IX | 1561 mots

- Pénélope : 7 + 8 + 5 = 20
- Wesphaline : 3 + 2 + 10 + 4 = 19
- Zébella : 4 + 10 + 11 = 25


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Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 009 :
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Jil
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Jil
Dim 25 Juin 2023, 00:00

Je lisse un peu ma toge, et mon regard parcourt les innombrables plis de la nappe. Chaque fois qu’un genou la fait doucement vaciller vers l’intérieur, je me fige. Chaque fois qu’un plat déplacé un peu trop vigoureusement fait remonter le tissu, et qu’un rai de lumière éclaire le sol carrelé, je ramène mes pieds de quelques centimètres vers moi. Je m’attends à tout instant à voir une main gantée en soulever le bord ; un masque blanc derrière lequel Mère m’observera sévèrement. Quand mon inconnue finit par s’y glisser, mon cœur se serre un instant, avant que je n’aperçoive les bouteilles qu’elle amène. Silencieusement, je pousse un long soupir, et j’acquiesce vivement : avec nos réserves combinées, nous avons largement de quoi tenir la soirée sans être dérangées. Je chuchote en réponse :

— « C’est parfait. »

L’odeur de l’alcool se dégage de certaines des bouteilles présentes, et la tentation que j’ai éprouvée plus tôt refait surface. Les adultes s’en imbibent bien quotidiennement, ça ne doit pas être si horrible que ça. Plus tard, peut-être. Je vois ma partenaire de crime observer la table, et je ne sais pas pourquoi, mais j’attends une remarque sur les clous à tête diamant. Elle ne vient pas, évidemment, et je me rappelle amèrement que personne ne semble réellement partager ma passion, si ce n’est peut-être ceux qui fabriquent vraiment ces meubles. Du bout des doigts, je prends un petit four, que je garde en main un instant, en cherchant quelque chose à dire, mais je reste muette. J’ai l’impression que quoique je dise, je risque de trahir mon secret. C’est elle qui brise le silence : elle me raconte comment elle a construit une cabane dans les bois, et je sens immédiatement l’envie et la jalousie qui me submergent. Moi aussi, j’aimerai tellement pouvoir faire pareil, poser mes planches et planter mes clous. Avoir des échardes, pleurer et enfin s’allonger dedans, en sachant que je l’ai fabriquée de mes mains.

— « Je ne crois pas que mon père soit suffisamment intéressé pour approuver ou non, mais ma mère ne m’aurait jamais laissé faire, ça c’est sûr. Elle existe encore, cette cabane ? »

Elle semble plus que disposée à me raconter des choses sur elles ; ses passions, ses souvenirs, ses peines. Et moi, j’ai l’impression d’être un mur de pelote, à renvoyer la balle sans rien ajouter. Il faut que je sois plus intéressante que ça. Mais si je lui parle de mes sessions de démontage de mobilier, c’est sûr que je vais passer pour une folle. Reconnaitre les empreintes d’animaux et les variétés de plantes, c’est beaucoup plus noble et intéressant que de jouer du tournevis. Comment est-ce que je pourrais le tourner pour que ça ait l’air au moins un peu plus engageant ? Et puis, est-ce que ça a vraiment de l’importance ? Je ne la reverrai jamais, en tout cas jamais sans savoir que c’est elle, et ni elle ni moi n’échangeront jamais de la même manière à nouveau. Je prends mon courage à deux mains, j’engloutis trois amuse-gueules, je descends un verre de jus de pomme, et je me lance :

— « Moi, j’aime bien monter et démonter des meubles. C’est bizarre, mais l’assemblage, les matériaux, les techniques ; tout me passionne, c’est comme si je partageais quelque chose de très particulier avec son créateur, un puzzle qui aurait été transmis de mains en mains avant d’arriver jusqu’aux miennes. Ça, ma mère me laisse faire, mais parce que comme ça, je n’ai pas besoin de sortir de ma chambre. »

J’ai envie de me lâcher, de déballer un peu ce que j’ai sur le cœur, mais c’est peut-être un peu tôt. Elle me parle de Narfas et de « chez elle », ce qui confirme ma théorie : c’est une réfugiée. Elle évoque également son fiancé, et je me surprends à essayer de deviner son âge. Elle n’a pas l’air beaucoup plus vieille que moi ; je me demande si c’est une façon de parler, un terme enfantin pour désigner l’élu de son cœur, ou si elle a réellement un mariage à organiser. Quoi qu’il en soit, pour elle aussi, ça n’a pas l’air simple. Elle m’interroge sur mes motivations, et une fois de plus, je marque un arrêt et je saisis un peu de charcuterie. Je ne sais pas encore combien j’oserai lui révéler. Je ne peux pas lui parler de mon identité, mais ma situation ne doit pas être si singulière dans un pays où les jeunes femmes sont si recherchées pour leur faculté innée à produire plus de main d’œuvre. D’un coup d’œil, je repère une bouteille d’un alcool ambre, et je décide de l’inaugurer. J’ai souvent entendu les soldats parler de se « donner du courage » avant de boire à leur choppe, peut-être que ça m’aidera. L’odeur est forte, mais il est trop tard pour reculer ; de la bouteille au verre, du verre aux lèvres, j’en avale une gorgée.

C’est infâme. Ça brûle, et je plaque ma main contre ma bouche, pour étouffer une quinte de toux. Il y a bien trop de saveurs pour que j’arrive à en isoler une ; j’ai l’impression que du feu liquide m’inonde de la base des narines au sommet de l’estomac. Les larmes me montent immédiatement, et je grimace le temps de me servir un verre de jus d’orange pour rincer le plus rapidement possible le goût. Pour ne pas inquiéter mon inconnue, je lui fais un signe de la main, et lorsque je finis par enfin reprendre le contrôle de ma respiration et de ma voix, j’exhale profondément avant d’essayer de répondre :

— « Toute ma vie j’ai dû prétendre être un garçon, depuis que je suis toute petite. Je dois porter en permanence des vêtements qui me compriment et me serrent, et je dois faire attention à ce que je dis chaque fois que je suis en présence de quelqu’un d’autre que ma mère. C’est elle qui m’y oblige, elle dit que c’est pour mon bien, et elle a probablement raison. Si on venait à apprendre que je suis une fille, alors dès que je serais en âge de procréer, je serais saillie comme une truie, encore et encore, jusqu’à ne plus pouvoir pondre de rejeton. Alors sous la nappe, ce n’est pas si mal. Honnêtement, même à Lieugro, ça ne me semble pas si mal. »

J’ai faim, et j’ai encore le goût de l’alcool qui m’envahi la bouche. C’est une des pires choses que je n’ai jamais goûtés, alors pourquoi diable est-ce que j’ai envie d’en reprendre ?
Résumé et mots :


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Zeryel
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Zeryel
Dim 25 Juin 2023, 09:13

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 O8bs
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Ses révélations restèrent en suspens, épaississant l'atmosphère. Tendu, Ivanhoë scrutait l'adolescent qu'il peinait encore à appeler son frère. Sans son masque, sa jeunesse éclatait comme un feu rougeoyant mais l'assassin frémit quand Ludoric leva un regard sans âge sur lui. La fatigue qu'il y lut lui comprima étroitement la gorge. Il avait espéré que, passé la surprise, il trouverait chez le roux de la colère, ou peut-être même, dans son esprit d'idéaliste, de la joie. Subitement, il n'eut plus envie d'entendre la suite. Pourrait-il subir une nouvelle déception ? Après tant d'années à s'interroger, à se surprendre à rêver à un père qui l'attendrait quand il rentrait chez lui, ou qui le cherchait en ville quand il tardait dans les ruelles à un âge trop jeune alors que la nuit régnait depuis plusieurs heures déjà, qui l'aurait réprimandé de vagabonder à ces heures indues, qui l'aurait aimé.

« ... Je vois. » Laissa-t-il tomber d'une voix sans timbre. Ses yeux tombèrent sur ses mains pendues entre ses cuisses. Il fut heureux de constater qu'elles ne tremblaient pas. Il se sentait aussi vide qu'une coquille de noix asséchée. « J'imagine que j'aurais dû m'en douter. » Articula-t-il avec amertume. Sa mère n'avait jamais su attirer que des hommes de cette trempe dans son lit. Ils ne s'éternisaient jamais après avoir profité d'elle. Pourquoi Gustave aurait-il été différent ? Elle n'avait dû être qu'une plaisante parenthèse lors d'un voyage et lui, une conséquence dont l'éventualité n'avait jamais dû lui effleurer l'esprit. Un bâtard, inconnu de tous. Il pouvait mourir ce soir, cela ne changerait rien. Oh, il imaginait que Primaël en serait attristé mais il saurait rebondir, comme il le faisait pour tout. Un abattement glacé s'infiltrait dans chaque fibre de son être comme un poison. Son coeur s'émiettait en cendres. La douleur qu'il avait perçu dans le ton de Ludoric trouvait son écho en lui et il devina qu'il avait aimé son père. Peut-être même était-ce encore le cas. Malgré la séparation, malgré les désaccords, le coeur ne s'embarrassait pas de rationalité et continuait à battre malgré les relents toxiques de la personne. « Ça n'a pas dû être facile. » Rien ne l'était mais c'était la raison pour laquelle ils devaient se soutenir, la raison pour laquelle il s'était associé avec Primaël. Malgré la persistance de ses doutes à son sujet, il ne serait arrivé à rien sans lui. Son soutien et son génie étaient les fondations de l'homme qu'il était devenu. Sans lui, il serait resté un simple assassin à la solde de ses commanditaires, à tuer sans même savoir pourquoi et à se prostituer parce qu'il n'avait pas le choix et qu'il n'y avait personne pour prendre sa défense ou lui faire réaliser qu'il pouvait aussi se rebeller.

« Ecoutes, si tu restes à Narfas, sache que si tu as le moindre problème, tu peux venir me voir. Viens ici et demande à me voir, moi, ou Primaël. » Il marqua une pause hésitante. Ne s'avançait-il pas trop à tendre la main à cet inconnu ? Le laisser pénétrer leur cercle, c'était prendre le risque qu'il apprenne tout de leurs activités et le statut des réfugiés était trop incertain à l'heure actuelle pour deviner s'ils étaient des alliés ou des ennemis de demain. Il ferma les yeux. Qu'importait. S'il s'avérait qu'il se trompait sur le compte de ce frère, il le tuerait. Ils n'avaient pas grandi ensemble, il n'était rien, jusqu'à ce soir. « Je sais que tu ignores tout de moi, comme j'ignore tout de toi. Je ne t'ai même pas donné mon nom. Ivanhoë. » Il détourna le regard pour le laisser se promener sur la pièce sans véritablement la voir. Les réflexions s'entremêlaient dans son esprit. « Je n'attend rien de toi. Je ne veux pas en savoir davantage de notre géniteur. J'en ai appris suffisamment. » Il ne le remercia pas. Il avait trop mal pour ça. Lentement, il se leva et réajusta son mascaron dans le mouvement. « Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Tu peux même oublier que j'existe si ça rend les choses plus simples. Tu ne veux sûrement pas que que quelqu'un te rappelle en permanence ton père. » Il avait bien marqué la distinction. Car Gustave n'était pas son père. Il ne l'avait ni élevé, ni même connu. Il n'était rien qu'un nom, peu reluisant, vivant à des centaines de lieues. Et Ludoric n'était pas son frère. Ils n'avaient pas grandi ensemble. Froidement, il inclina sa nuque et prit congé en premier en quittant l'alcôve.

Dès le moment où il revint dans le brouhaha joyeux des festivités, il força son esprit à dissocier, à laisser ce qu'il avait appris dans cette pièce. Finalement, mieux valait avoir été déçu. L'espoir était le tueur des assassins. Il n'avait pas besoin d'émotions pour tuer, pas besoin de perspectives d'avenir pour lui encombrer la tête inutilement. Qu'avait-il cru ? Qu'il s'inviterait dans le tableau radieux d'une famille parfaite ? Qu'on l'accueillerait à bras ouverts en le félicitant d'exister ? Il n'était qu'un idiot. Il n'y avait pas de place pour la normalité dans sa vie, pas de place pour une famille. Il n'y avait que lui, Primaël, et Narfas qu'ils devaient brûler ensemble. Il se déplaça de pièce en pièce, s'arrêtant à peine devant les frasques d'une femme tombée dans une fontaine ou d'une autre bousculant les invités comme un taureau déchaîné. Ces comportements étaient coutumiers de ces soirées. L'anonymat conférait à chacun une dose de chaos qu'ils ne se permettraient pas en temps normal mais tout cela ne le concernait pas.

Il arriva dans une pièce et se figea en constatant dans le même temps la table retournée au milieu des autres et deux femmes dont l'une à la chevelure violette. Son regard descendit sur son poignet même s'il avait deviné être tombé sur le gros lot. Il observa celui de la femme à ses côtés. Pénélope D'Eésnep. Il se recula de quelques pas et attrapa un domestique par la manche qui trébucha mais parvint à garder droit son plateau. Celui-ci commença à protester avant de remarquer le serpent sur son sceau. « Toi. Dis à la femme avec la plume de paon que son frère la cherche. Mène-la jusqu'à l'un des deux, le premier que tu croiseras. L'un a un couteau, l'autre une violette. Renverse ton plateau sur l'autre femme. » Il attendit que le domestique s'exécute. Pas un sourire ne déforma son visage quand les verres remplis de sirupeux s'effondrèrent sur Wesphaline, baignant sa toge de liquide collant. Il lui semblait qu'il ne trouverait jamais plus rien de drôle quand sa propre existence n'était qu'une plaisanterie à elle toute seule. L'homme faussement maladroit s'excusa à plusieurs reprises en s'inclinant et s'adressa ensuite à Pénélope, qu'il entraîna bientôt à sa suite hors de la pièce. Ivanhoë s'avança alors vers la Reine. « Quel désordre. J'en suis navré. Je fais partie du personnel de Primaël et je l'aide à superviser la soirée pour qu'elle se déroule bien pour chacun et il apparaît que je peux me montrer utile dans votre situation. Suivez-moi, je vais vous donner de quoi vous changer et vous laver. »

Message VI | 1297 mots

Ivanhoë parle avec Ludoric puis le quitte pour rejoindre la soirée. Il ordonne à un domestique d'entraîner Pénélope à l'écart en lui faisant croire que Gao ou Melchior la cherche, et de renverser du vin sur Wesphaline pour trouver une excuse pour l'entraîner dans une chambre 8D


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 U0au
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Dim 25 Juin 2023, 12:56

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 Zwbn
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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Lambert discutait avec un autre homme. Tous les deux proches d’un des nombreux buffets, ils échangeaient des mondanités. Le conseiller n’avait jamais été friand des conversations sans but mais elles étaient nécessaires dans les soirées. Face à l’inconnu, elles servaient à tâter le terrain, à mesurer le ton et à brosser un premier portrait. Celui-ci était réalisé au fusain, doucement. Il ne comportait que quelques traits qu’il faudrait retravailler plus tard. Les relations étaient des œuvres de longue haleine et beaucoup de portraits finissaient inachevés, accrochés aux murs de pièces oubliées ou peu utilisées. Lambert aimait pourtant ces premières ébauches, lorsqu’il rencontrait quelqu’un pour la première fois. Il se demandait souvent s’il reverrait la personne ou non, si ce qu’il apprenait sur elle devrait être retiré de sa mémoire ou, au contraire, conservé. Il s’était penché maintes et maintes fois sur le portrait de Garance. Sa relation la plus aboutie restait cependant celle qu’il avait eu avec Montarville. Ce portrait-là ne pourrait jamais être retouché. Il s’était figé du voile du deuil. Il se magnifierait probablement avec le temps, seul, rendant l’ancien Roi de Lieugro intouchable dans son esprit. La mort avait un aspect sacré et Lambert préférait ne retenir que le meilleur. Il n’y aurait plus de pire, quand bien même côtoyer Garance le forçait à constater jour après jour qu’il avait toujours eu tendance à surestimer son ami. Il se pardonnait pourtant, car là résidait aussi la beauté de l’amitié.

Alors que la conversation continuait, l’homme saisit le bras du blanc. Le regard de ce dernier se pencha sur les doigts crispés du Narfien. Ses articulations avaient blanchi sous la pression et chaque phalange ressemblait à un os. Ce fut l’idée qui traversa l’esprit de Lambert ; étrange idée. « Vous devriez partir. » La voix de l’inconnu était précipitée, comme s’il redoutait quelqu’un ou quelque chose, comme si, quelque part dans l’ombre, son bourreau l’attendait. « Les hommes ne sont pas les bienvenus à Narfas. » Le regard de son interlocuteur, jusqu’ici parfaitement normal, avait pris une touche de folie. « Les femmes vous réduiront en esclavage ! Vous ne pourrez plus rien faire par vous-même. Partez avant que ce soit trop tard… » couina-t-il, avant de se déplacer pour mieux fuir. Dans sa course, il heurta quelqu’un mais ne se retourna pas aux exclamations outrées. Lambert resta là, son verre à la main, quelque peu abasourdi par cette déclaration désespérée.

En pleine réflexion, sa tranquillité fut de nouveau mise à l’épreuve par un brouhaha à faire se réveiller les morts. Comme une chaîne de sons, les « Hé ! » se profilèrent jusqu’à lui. Il sentit une deuxième poigne – plus forte – lui enserrer le bras. Brièvement, il pensa qu’il aurait mieux fait de rester au calme dans ses appartements, à enquêter sur Childéric et à réfléchir à leur situation précaire. Il reconnut cependant la voix. Au-delà de son timbre, il s’agissait aussi des mots qu’elle déversait. Peu d’individus avaient l’audace de parler aux étrangers ainsi. L’anonymat donnait des ailes à certains mais il y avait tout de même des limites. Lambert sut que s’il parlait, elle le reconnaîtrait aussi. Souhaitait-il rester muet pour autant ? Non. Il n’avait aucune raison de se cacher à la Princesse d’Uobmab. Par-dessus tout, il n’avait pas apprécié le fait que Narfas la fît convier sans leur demander leur avis. Il hocha la tête, lui attrapa la main et chercha une sortie. Il n’avait aucune confiance dans les médecins de Narfas depuis qu’il avait appris que certains avaient profité de la réunion pour ausculter les femmes. Il allait donc l’amener chez un docteur de Lieugro qui logeait à environ dix minutes à pied de leur position. Elle saignait mais ça irait. Elle était la fille de Judas. Un peu de sang n’allait pas la tuer.

Dans la rue, le soleil avait disparu totalement. Il faisait plus frais. Il crut reconnaître sa fille et Clémentin mais se plongea dans une forme de déni, son esprit apaisant son cœur en lui murmurant que ça ne pouvait pas être eux. Il continua sa route. Lambert ne chercha pas à faire la conversation comme il avait pu le faire avec son précédent interlocuteur. Parler de la pluie et du beau temps avec Zébella ne lui semblait pas pertinent. Il frappa à la porte. Il espérait que le médecin ne fût pas parti se détendre à la soirée. Le connaissant, il n’était pas du genre à festoyer. On lui ouvrit, en silence. Il enleva son masque. Le docteur lui envoya une œillade de compréhension et les fit entrer. Il referma la porte, comme s’il craignait l’extérieur. Il avait toujours été ainsi : discret et suspicieux. Il avait connu des moments de guerre, avant que la paix ne s’installât durablement à Lieugro. Il était vieux. Ses cheveux blancs ne couvraient plus qu’une partie de son crâne. Il avait soigné plus d’une fois Lambert lorsqu’il était encore enfant et, s’il ne jouissait pas de la réputation d’Ezidor de Xyno, était un excellent médecin. « La Princesse d’Uobmab s’est blessée durant la soirée. Accepteriez-vous de la soigner malgré les circonstances ? » « Un médecin ne doit pas faire de différences. J’ai prêté serment à la vie, pas à un royaume. » lança la voix vieillotte du professionnel. « Installez-vous, jeune fille. Vous avez de la chance que j’ai gardé mon matériel pendant la traversée. » Lambert regarda leur environnement. Le médecin devait vivre chez une famille de religieux. Tous les bibelots se rapportaient de près ou de loin à ce thème. C’en était presque glaçant. Il soupira. Il n’aimait pas l’idée de garder Zébella prisonnière, simplement parce qu’elle était adolescente et qu’il ne pouvait s’empêcher de faire le parallèle avec sa propre fille. S’il la laissait partir, Garance le tuerait en l’apprenant. Cependant, ils n’avaient pas exactement les mêmes objectifs. Au fond, il se doutait que Judas ne viendrait pas chercher sa fille. Il l’aurait déjà fait sinon. Elle n’avait aucune valeur si ce n’était face à son frère. Néanmoins, il savait aussi ce qu’elle avait confié à Clémentin et la tentative d’assassinat. S’il la laissait partir, elle chercherait peut-être à le tuer d’elle-même. « Vous devriez profiter de la soirée pour vous enfuir, une fois votre blessure soignée. »

1009 mots



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Priam et Laëth
Dim 25 Juin 2023, 15:18




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Un sourire vogua sur les lèvres de Garance. « Ce doit être ça. Dois-je espérer pour vous qu’il se reprenne et ose me confronter ? » demanda-t-elle, plus rhétoriquement que pour obtenir une véritable réponse. Pour disséminer des pétales jusque dans une chambre, il fallait nourrir des espoirs particuliers. Pour ne pas suivre le chemin tout tracé, il fallait se trouver dans une position délicate – soit vis-à-vis de la cavalière, soit vis-à-vis de l’invitant. Les deux, peut-être. Elle scruta son masque, attentive aux lueurs qui traversaient son regard. Brièvement, elle baissa les yeux sur sa main et les bris de couronnes florales qui s’y trouvaient, avant de relever les yeux vers lui. Se prostituait-il ? Elle avait entendu dire que les soirées de ce Primaël regorgeaient de vices en tous genres. Ou était-il l’un de ces semenciers si chers à la politique nataliste de Narfas ? Elle avait eu recours à l’un d’eux, un jour. Ils étaient réputés pour leur fertilité, et à Lieugro, il n’existait rien de mieux pour déchoir une femme que de faire en sorte qu’elle tombât enceinte avant le mariage. La blonde n’avait jamais été du genre à épargner celles et ceux qui s’opposaient à elle ; pourtant, à celle-ci, elle avait laissé l’opportunité de refuser la punition. Sotte, elle avait préféré écarter les cuisses et prendre le risque d’être fécondée à la façon d’une jument, saillie par un mâle qu’elle connaissait à peine. Les mois passants, son état s’était révélé et avait jeté l’opprobre sur sa famille entière. Il avait suffi de quelques autres coups d’estoc pour les forcer à se retirer de la cour. La de Lieugro savait qu’elle avait eu un fils. Depuis, elle n’en avait plus entendu parler.

« Au romantisme ? » Un sourire ironique flotta sur son visage masqué, avant de s’effacer, au profit d’un battement de cœur incertain. Elle l’avait sans doute été, autrefois. Quand ses heures de cours s’éternisaient, tandis que son cœur se languissait de l’absence de Lambert. Quand ils faisaient l’amour en secret, en étant persuadés qu’aucun adulte ne savait ce qu’il se tramait. Quand ils s’échappaient ensemble de ces soirées trop longues et qu’ils s’allongeaient l’un contre l’autre sous le ciel estival. Quand ils détissaient le monde pour mieux le refaire et que leurs visions s’entrechoquaient. Quand elle le voyait rire avec son frère et sentait sa poitrine s’embraser de colère. Quand ils se disputaient et qu’elle se réconfortait en imaginant leurs retrouvailles. Quand il la regardait avec des yeux qui faisaient déborder son cœur et qu’ils se promettaient l’impossible. Quand elle était revenue, devenue mère, et qu’elle avait compris qu’elle ne pouvait plus lui demander d’être le père. Quand elle avait constaté que Montarville ne lui avait pas volé qu’un royaume. Quand elle s’était mise à haïr Lambert, parce qu’elle l’avait trop aimé, parce qu’elle en avait trop espéré. Ce n’étaient que des souvenirs d’adolescente. Désormais, ils ne signifiaient plus rien. Le romantisme ne gouvernait pas des royaumes ; il n’aurait pas dû, non plus, gouverner des cœurs. « C’est ce que j’ai cru comprendre, oui. » se contenta-t-elle de répondre.

La proposition de l’inconnu la ramena à des considérations plus pragmatiques, plus immédiates et plus importantes. D’apparence impassible, elle demeura quelques secondes contre l’encadrement de la porte, avant de s’avancer et de la fermer. Son verre à la main, elle s’approcha de l’étranger. Parfois, la politique requérait de prendre des risques. Elle s’était, de toute manière, largement exposée au potentiel courroux de la couronne narfienne en refusant la première offre énoncée. « En vérité, j’espérais que votre ami me suivrait et réclamerait ma place. Je lui aurais volé la sienne. » Elle but une gorgée de vin. « Mais si vous êtes prêt à  marchander, peut-être est-ce mieux ainsi ? » La noble s’éloigna de quelques pas, pour s’asseoir dans un large fauteuil. Les bras sur les accoudoirs, elle détailla son vis-à-vis. « Je n’ai pas pour habitude d’acheter ce dont je ne connais pas le prix. » Délicatement, elle croisa les jambes, avant de lisser les plis de sa toge. « Je crois comprendre que c’est ainsi que vous aimez procéder, ici. » Entre les exigences de la royauté et l’obligation d’auscultation des femmes, elle commençait à mieux cerner à qui elle avait affaire. Pour le moment, elle avait réussi à passer entre les mailles du filet, mais combien de temps lui restait-il avant qu’il ne se refermât sur les gens de Lieugro ? « Depuis que je suis arrivée, j’ai entendu beaucoup de rumeurs. Tout et son contraire. On m’a d’abord dit que le Roi gouvernait, puis que la Reine décidait pour lui. On m’a fait comprendre que le grand prêtre était tout puissant, puis que Jésabelle de Narfas tirait les ficelles. Puis on m’a juré que Gaspard d’Epilut régnait d’une main de maître et menaçait l’intégrité de votre souveraine. » Ses iris ne quittaient pas ceux de l’étranger. Elle voulait pouvoir percevoir le moindre tressaillement, la plus infime lueur qui pût trahir son état. « On a même essayé de me faire croire que votre société avait été modelée par la sœur de la Reine. Qu’elle avait conclu un accord avec Luce d’Uobmab qui visait à l’aider à s’emparer de cette partie de Narfas que vous avez perdue en échange de la possibilité de rebâtir ce royaume comme elle l’entendait. » Elle rit, comme si cette hypothèse était hautement improbable. Peu importait que les informations de Lambert fussent véridiques. Ce qui comptait, c’était ce que les mots pouvaient enflammer dans le cœur des gens. Car il y avait deux façons de faire tomber un royaume : s’en occuper soi-même, ou regarder son peuple l’incendier. « Pour le moment, je n’ai donc qu’une seule question : à quelle version souscrivez-vous ? » Sa réponse déterminerait la suite de leur conversation.



Message X – 969 mots




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Kaahl Paiberym
Dim 25 Juin 2023, 15:31



Les Portes : L'arrivée à Narfas



« Peut-être n’ai-je agi que sous le feu de l’action ? » laissai-je flotter. Ce n’était pas vrai, bien sûr. J’avais effectivement une idée en tête. Nous en avions une tous les deux. Peut-être même plusieurs. « Vous n’avez pas idée. » Il était bien mieux sans masque. Ce n’était pas difficile. Les visages qui y reposaient n’étaient pas flatteurs, loin de là. Cacher le sien était une offense à l’espièglerie. Ses yeux respiraient une malice sans méchanceté. Pourtant, je ne doutais pas qu’il pût devenir redoutable. Il avait l’intelligence pour. Ça se sentait. Je me demandai si reconnaître le potentiel chez autrui révélait mes propres limites ou, au contraire, ne faisait que les repousser. Du peu que je l’avais côtoyé, Judas avait trouvé le moyen de me sortir que lorsqu’un être pensait que personne ne se faisait avoir, c’était bien souvent parce qu’il était celui-là. Cette phrase me hantait parfois. Elle me faisait réfléchir aux pensées des autres, à ce qu’il se passait dans leur tête. Vivaient-ils en toute insouciance ou passaient-ils du temps à songer que la mort pouvait les attendre à chaque tournant ? Et lui, Primaël, y songeait-il ? Je lui souris lorsqu’il eut fini son discours sur la marque qui me différenciait. « Vous avez oublié de représenter mon amour du sexe. » lui dis-je, un sourire espiègle aux lèvres. Je déviais ses mots mais les avais correctement entendu. Il avait raison. Le cadre ne m’importait pas tant. Si le cadre s’avérait pourri, je pouvais m’en passer, construire mon propre cadre. C’est ce que j’avais fait. « Les fous sont souvent moins fous qu’ils n’y paraissent. Et puis… je ne suis pas certaine que vous soyez un fou. » Je lui souris. « Saviez-vous que dans un Royaume voisin, notre Fou est en réalité un homme d’église ? Le parallèle est amusant. À partir de là, ce rôle ne reviendrait-il pas plutôt à mon frère, qui est à la fois l’un et l’autre ? Je peux néanmoins vous laisser penser que vous en êtes un. » Je songeai à Gao et à sa théorie des échecs. Les pièces invisibles. Primaël était plutôt une sorte de bouffon. Il amusait la galerie, endormait les sens ou les éveillait mais, derrière ses pitreries, se cachait une double face, un marionnettiste habile.

L'effet de ses mains sur moi le prouva parfaitement. Je me méfiais pourtant. L’amour était un risque de tous les instants, un risque plus ou moins grand mais un risque quand même. Se mettre à nu comportait une part de vulnérabilité. Il en allait ainsi avec la plupart des besoins et envies. Malgré le délice qu’il y avait à les substanter, une part non négligeable de l’action reposait sur du danger. Manger ou boire pouvait conduire à la mort, dormir aussi. Tout était fragile, dans un équilibre précaire. Cet équilibre ne m’avait jamais heurté avant de voir Adolphe pour la première fois. « C’est vrai, même si je ne doute pas du fait que mon fils saura fuir les flammes. » Je l’avais bien éduqué. Je ne pus cependant pas empêcher une forme d’inquiétude d’ébranler mes certitudes. Le fait qu’il fût présent ce soir me rendait moins aventureuse en bien des aspects. Il était une chose de mettre sa propre vie en danger, une autre de mettre celle de ceux que l’on aimait en péril. « Je conviens qu’il serait dommage de brûler ce qui vous appartient. » Sa demeure et tout ce qu’elle comportait. Ma main courut sur sa taille et caressa sa hanche. « Ah oui ? » Je n’étais pas femme à laisser autrui prendre des initiatives ou mener la danse. Cinq minutes tout au plus. S’il désirait le commandement, il devrait me l’arracher. Nous pouvions œuvrer sur un pied d’égalité s’il se montrait à la hauteur mais il était hors de question pour moi de le laisser prendre une quelconque ascendance. Je souris. Il semblait que l’accord se profitait lentement mais surement. « J’adore flatter les croupes. » répliquai-je. Je le laissai jouer avec mes cheveux. « Et je crois que je ne suis pas la seule, n’est-ce pas ? » Il était audacieux si bien que m’imaginer le monter était un exercice facile. Il avait su créer un cadre propice à plus qu’une simple conversation. Mes doigts se déplacèrent doucement. Le mouvement qui plaqua ma paume contre son entrejambe fut, quant à lui, bien plus vif. Mon autre main saisit son col et mes lèvres s’avancèrent pour se placer très proches des siennes. « Je pense cependant que nous aurions bien d’autres occasions de nous flatter la croupe. » Les caresses que j’effectuais plus bas contredisaient peut-être légèrement mes mots. « Pourquoi faudrait-il que l’un de nous se plie au commandement de l’autre ? Je vous propose une place d’égal. Vous avez probablement votre armée et j’ai la mienne, des femmes qui me sont dévouées et qui n’attendent que mon commandement pour agir. » Il ne s’agissait pas des femmes composant l’armée de Narfas. J’avais constitué, au fil des rapts, une armée personnelle composée de filles et de femmes arrachées à leur famille. Elles m’étaient fidèles car je les avais sauvées d’un destin peu enviable. J’étais à la fois leur bourreau et leur sauveuse. « Nous devrions profiter de la soirée pour rallier d’autres personnes à notre cause, si vous en avez en tête. Quelque chose me dit que l’anonymat n’est pas un problème pour vous. » Il restait magnétique. « Cependant, c’est vrai que certaines choses peuvent être pliées en dix minutes. Je vous sens tendu. » Je lui souris. Nous avions déjà fait les préliminaires après tout.  

912 mots
Eméliana - Tamara:

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Seiji Nao
Dim 25 Juin 2023, 15:52

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Image : Artiste inconnu
Les Portes : L'arrivée à Narfas

Seiji dans le rôle de Wesphaline De Narfas:


Il allait sans dire que la soirée ne se déroulait pas exactement comme la souveraine l’avait escompté. Si l’absence de son mari perturbait quelque peu ses plans _ après toutes ces années, elle perdait le compte de ses déceptions _ et qu’elle craignait de se mettre à boire par impatience, la joueuse tapageuse qui venait de lui démonter le poignet transformait ses perspectives. Au-delà de son caractère de peste et de son accent d’étrangère, elle s’apercevait en elle. Une énergie de feu, un mépris pour le hasard, un goût prononcé pour la victoire, ou plutôt, pour écraser l’autre : autant de qualités qui, selon le terreau où on les semait, pouvaient donner un chêne ou un buisson de ronces. Curieuse du destin de l’inconnue, elle se mordit la lèvre lorsqu’elle l’accusa de relancer les hostilités par amertume. L’autre demoiselle, plus discrète, partageait néanmoins son point de vue. Peut-être leur jeunesse les empêchaient-elles de déceler ses véritables motivations ; sans doute existait-il plus d’idiots qui, blessés dans leur orgueil, prenaient des risques inconsidérés pour racheter un honneur de pacotille, plutôt que d’idiots de son espèce, qui s’y adonnaient par seul amour du danger. Considérant ses interlocutrices, elle se contenta de hocher la tête. Défaite ou non, une femme de sa trempe ne se dérobait pas à ses obligations et ne répondait pas plus aux allégations.

Satisfaite de voir que la brune se lançait sur le devant de la scène, la Violette écouta ses explications avec attention, faisant glisser les dés entre ses phalanges. Avoir quelque chose dans les mains l’aidait à se concentrer ; une habitude bien vaine, puisque les règles du 21, bien qu’inconnues un instant plus tôt, se révélèrent extraordinairement simples. Laissant à la furie le soin de modifier le pari, elle acquiesça à sa proposition. Malgré ses airs de folle et ses muscles de garçon, sa cervelle tournait à plein régime. L’observant redistribuer les cartes, elle releva la tête vers celle qu’elle soupçonnait d’appartenir au personnel de la maison.

« De toute évidence, vous connaissez les jeux bien mieux que nous, et vous savez mélanger. Je ne serais pas surprise de vous voir gagner. Si le hasard compte, les probabilités aussi. Est-ce votre métier, ou écumez-vous les casinos pour dépenser l’argent de votre famille ? À moins que votre joli minois ne vous serve à épuiser les bourses d’un malheureux. »

Plus qu’une rangée de soldats à la discipline de fer ou qu’une armurerie pleine de lames affûtées, les informations constituaient le nerf de la guerre. Même sous les voiles de l’anonymat, Wesphaline ne parvenait pas à concevoir les interactions sociales d’une autre manière. Toutefois, l’idée d’en découvrir le plus possible, en se faisant passer pour une lâche à la langue de vipère, lui plaisait ; elle n’avait pas tous les jours l’occasion de s’amuser.

La partie s’engagea. Les doigts crispés autour de ses cartes, la souveraine ne prononça pas un mot. Les yeux rivés sur ses adversaires, elle s’échinait à deviner le moindre frémissement des cils, le moindre changement d’expression. Les masques ne lui facilitaient pas la tâche. De son côté, elle délaissa son indifférence coutumière pour une alternance savamment travaillée d’hésitation, de soulagement et de réflexion. Pour survivre à ses premiers jours, toute reine se devait d’avoir un certain talent pour la comédie _ et de le cultiver jusqu’à la mort. Malheureusement, elle n’eut pas le temps d’exprimer la palette entière ; la rage aux poings, la perdante bondit de sa chaise dès le premier tour, emportant dans son élan une bonne partie du mobilier. Au lieu de s’offusquer, Wesphaline esquissa un sourire.

« On dirait que ce n’est pas mon jour de chance. »

Tandis que les cartes s’éparpillaient aux quatre vents, elle quitta la pièce aussi abruptement qu’elle y était entrée, sans un mot pour ses partenaires de jeu.

« En voilà une qui n’a pas froid aux yeux. Une vraie tempête. Vous êtes plus discrète, et sans doute tout aussi dangereuse, à votre façon. »

Personne ne se jetait dans la ligne de mire d’une femme de ce genre sans une bonne raison, ou les moyens de se défendre. Bien entendu, la brune ne risquait rien ce soir ; mais si elle choisissait la vengeance, qui pourrait la protéger des mains de taureau de la furie, lorsque le rideau tomberait ? Alors qu’elle s’apprêtait à demander à la jeune femme en quoi elle pouvait lui être utile, un incident lui tomba dans les bras, sous la forme d’un serveur passablement épouvanté de sa maladresse. Le parfum amer de l’alcool lui monta aux narines avant qu’elle ne se rende compte de l’état de sa tenue. Contrariée, elle balaya les excuses de l’employé d’un geste de la main. Des débris de verre maculaient le sol.

« C’est embêtant. Je suis sûre que l’ordre qu’elle m’aurait donné aurait été très divertissant. Cette soirée manque de panache, vous ne trouvez pas ? »

En vérité, elle trouvait aux événements un charme rafraîchissant, et ne manquerait pas, dans les prochaines semaines, de recevoir l’organisateur pour lui adresser ses remerciements. La réussite devait toujours être récompensée, et si la glace enserrait son cœur, elle se montrait éminemment généreuse avec ceux qui parvenaient à la faire fondre. Un nouveau venu se présenta, proposant de la conduire à l’écart pour qu’elle pût se changer.

« Ce n’est pas de refus, je vous remercie. »

Reconnaissante de ne pas avoir à passer le reste de la soirée à empester l’éthanol _ elle détestait la boisson autant que la passivité _, elle se hissa sur la pointe des pieds, non sans jeter un coup d’œil au sceau qu’elle portait, et murmura à l’oreille de la brune.

« Lorsque vous aurez besoin de soutien, présentez-vous au palais, sous le nom de Madame Paon. Soyez assurée que je vous aiderais. Selon mes moyens, bien entendu. »

Complétant sa remarque d’un clin d’œil complice, la souveraine quitta à son tour la salle de jeux, suivant le jeune homme vers sa délivrance. De dos, celui-ci ne semblait pas dénué d’élégance, et malgré le masque qui lui couvrait le visage, elle l’imagina avec des traits fins, que sublimaient ses mèches flamboyantes. Pensive, elle garda le silence. Les beaux garçons jouaient rarement les domestiques, à moins qu’ils ne fussent les jouets de leurs maîtres. Le maître des lieux profitait-il de sa position pour abuser des siens ? Pareille horreur la révoltait, mais son royaume regorgeait de monstres _ elle-même ne faisait pas exception. On ne chassait pas les prédateurs sans se glisser dans leur peau.

« Il faudrait faire vite. Mon mari a demandé ma présence, et il n’aime pas beaucoup attendre. J'allais rentrer. »

La mine soucieuse, Wesphaline avança dans le couloir, bien décidée à découvrir le fin mot de l’histoire.

1 093 mots

Résumé:

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Zeryel
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Zeryel
Dim 25 Juin 2023, 18:53

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe




Rôle - Adolphe d'Epilut:

« Quoi ? » Sous son masque, Adolphe pâlit. De quelle complicité parlait-il ? Depuis combien de temps la pupille sournoise du religieux était-elle rivée sur ses actes ? Pourquoi avoir gardé le silence ? N'aurait-il pas dû en être horrifié ? Chercher à l'arrêter ? En parler à sa mère ? Un vertige nauséeux déforma le visage du prêtre. Le contact charnu contre son cou lui arracha une convulsion de dégoût. Par réflexe, il se saisit du poignet et le lui tordit brutalement en arrière. Son regard perdit son air désorienté pour prendre le tranchant de ses lames qu'il affectionnait tant. « Comment osez-vous ? » Articula-t-il d'une voix blanche. Ses menaces rendaient tangibles ses peurs les plus profondes, leur donnait une consistance qu'aucune de ses armes ne pourrait trancher.

« Je ne suis pas un imbécile ! Taisez-vous ! » La colère embrumait tout, l'empêchant de réfléchir et les propos insidieux de Gaspard ne l'aidaient pas à y voir clair. Il exécrait que ces lèvres putrides osent mentionner sa mère. Il méritait de moisir dans sa chapelle maudite, d'y brûler pour les horreurs commises au nom de cette religion absurde. Il relâcha sa prise, refusant de prolonger tout contact avec son oncle.

Ses yeux se plissèrent. L'adolescent n'en croyait pas un mot. « Si vous ne voulez pas me faire chanter, alors vous désirez certainement quelque chose en retour. Sans quoi vous ne m'auriez pas fait venir ici. » Et quelque chose lui disait qu'il n'allait pas aimer les requêtes du vicieux. Un point demeurait en suspens. Il n'aurait jamais imaginé que l'aide silencieuse dont il avait bénéficié tout ce temps puisse provenir de lui. Se trompait-il sur son compte ? Que savait-il du Grand Prêtre ? Derrière ses grands discours et son titre ronflant qui, comme tout noble le savait bien, ne valait rien, qui était Gaspard ? Quels buts poursuivait-il ? Muet, il le laissa dérouler son laïus. L'incertitude croissait en lui comme de la mauvaise herbe, s'empêtrait dans ses jambes figées alors qu'il voulait enfoncer un genoux dans la mâchoire du roux pour le faire taire il y a seulement quelques minutes de cela. Avec quelques dents en moins, il perdrait nettement en panache, or c'était bien tout ce qu'il avait pour lui.

Le futur soldat avait conscience des épreuves qui l'attendaient. Cependant, il tâchait de ne pas s'en inquiéter outre mesure. Avec l'ombre menaçante de Tamara, jamais son oncle n'oserait lever ne serait-ce qu'un ongle sur lui sans risquer de se faire décapiter purement et simplement par sa soeur. La mention de ses attributs lui fit froncer les sourcils. Sa décision était déjà prise, depuis longtemps. Ce débat, il l'avait déjà eu avec lui même et la conclusion n'allait pas s'en trouver modifiée maintenant. Manifestement, Gaspard prêtait une grande importance à ce paquet de chair mou entre ses jambes, ce qui ne l'étonnait guère étant donné le plaisir qu'il en tirait à se le frotter contre des garçons. L'écœurement le gagna. Être de la même famille que ce pourceau infâme lui donnait envie de se laisser tomber sur ses propres épées parfois. Combien de fois avait-il souhaité que Gaspard franchisse une limite invisible et que, de colère, Tamara le fasse disparaître de leurs vies. Comment sa mère pouvait-elle tolérer qu'ils vivent sous le même toit ?

« Qu'est-ce qui vous fait penser que je rechigne à passer à cette étape pour devenir un soldat ? » Pour dire la vérité, Adolphe préférait largement la lame recourbée lui dérobant ses parties génitales que passer les épreuves concoctées par le Grand Prêtre pour obtenir le statut d'homme. Cela dit, il ne pouvait nier trouver cette condition absurde. Il avait rencontré Childéric. Il avait entendu parler de Judas. Il n'était ni aveugle ni intellectuellement déficient pour dresser le constat que les hommes n'avaient pas besoin d'être émasculés pour devenir de grands guerriers. Comme sur beaucoup de sujets, Narfas se fourvoyait et il comptait bien modifier les conditions d'accès des hommes à l'armée quand il y serait.

« La Reine ? Elle est ici ? » Adolphe sautait de surprise en surprise, sans jamais avoir le temps de se rattraper à une corde de secours. Cette fois-ci, il perdit l'équilibre et, bêtement, il fixa Gaspard sans comprendre. Après un temps de silence, il retrouva l'usage de sa langue même si ses neurones semblaient avoir prit congé. « Pour quelle raison ? » Il prit un pas en arrière alors même que les implications le frappaient durement. « C'est de la folie. Ce serait une trahison, au plus haut degré. » Lança-t-il, ses yeux devenus des lances accusatrices. Tuer des prostituées, c'était une chose. C'en était une autre de comploter contre la couronne. Depuis quand son oncle trempait-il dans ces machinations ? À moins que ce ne soit une façon de l'écarter en faisant en sorte qu'il soit pris sur le fait ou qu'il témoigne contre lui. Mais pourquoi lui nuire ? Adolphe avait toujours pris soin de rester éloigné du quotidien de l'homme d'église. Sauf si, en s'en prenant à lui, il souhaitait atteindre Tamara ? Les scenarii s'enchaînaient dans un maelstrom confus. Il avait besoin de recul.

Les yeux aussi ronds qu'une chouette surprise en plein assoupissement, Adolphe suivit avec une fascination horrifiée et incrédule l'organe humide de l'homme se promener goulument le long du tranchant argenté du couteau. Son estomac protesta face à cette vision qui le pourchasserait sans doute possible dans ses cauchemars. « ... » L'arme disparut dans l'habit mais la vision resta gravée sur sa rétine. Ses paupières s'agitèrent pour l'en chasser. Il réfléchirait aux inattendus points communs avec son oncle une autre fois. Ou peut-être jamais. Il raidit son dos, comme pour le salut martial. « Je vais faire de mon mieux. Trouver la Reine dans cette foule masquée ne sera pas aisé et vous venez de me priver d'une arme. » Remarqua-t-il sombrement, bien qu'il lui serait tout aussi simple de tordre le cou à la souveraine qui n'était finalement qu'une femme. Sa présence à la soirée le surprenait, il ne pouvait croire que la royauté s'abaissait à venir à de telles festivités. Mais il ne s'attendait pas non plus à ce que l'homme d'église soit présent. Qui d'autre était là où il n'aurait pas dû être ? Avant de partir, il se retourna, sur le point d'ajouter quelque chose, puis il se ravisa. Préciser qu'il ne voulait pas que l'information arrive aux oreilles de Tamara ne ferait que renforcer le levier que le Prêtre avait sur lui. Sa mère était sa faiblesse. Il se fichait que tout le pays découvre ses crimes, mais qu'elle l'apprenne lui était intolérable.

Ruminant ses pensées, l'adolescent retrouva l'intérieur de la propriété mais évita les gros attroupements. Il ne prit pas la peine de chercher la souveraine dans l'océan anonyme qui envahissait la demeure comme s'il s'agissait d'une fourmilière. Partout autour de lui, des masques lui renvoyaient des visages imperturbables. Aucun ne lui donna le moindre indice pour prendre une décision. Il savait ce qu'il ne ferait pas. Il ne tuerait pas la Reine. Cela ne résoudrait en rien le véritable problème qui le préoccupait. Gaspard l'avait décontenancé en lui révélant l'avoir aidé. Il ne parvenait pas à se le figurer en allié. Son amabilité soudaine était suspicieuse plus qu'elle n'était la bienvenue, tout comme la bizarrerie de sa demande. Quel passif liait la Reine et le Prêtre pour qu'il veuille l'éliminer ? En tant que soldat, Adolphe n'avait pas à se poser toutes ces questions. Mais en tant que Grand Prêtre, ou en tant qu'oncle, Gaspard n'avait pas d'autorité sur lui. Après quinze années à entendre sa mère le dénigrer, l'homme était aussi crédible qu'une puce. Il n'avait rien de l'immuable charisme dégagé par Jésabelle ou Tamara. Il le voyait comme un insecte rampant à leurs pieds pour grapiller les miettes de pouvoir qu'elles consentaient à lui céder. Aucune chance qu'il obéisse jamais à ce crapaud immonde.

Message IX | 1395 mots


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Dim 25 Juin 2023, 20:07



Les Portes : L'arrivée à Narfas


Grand voyageur et illustre poète sonnaient bien mieux que bâtard du Roi. Ces mots me ressemblaient plus, même si je n'étais ni grand ni illustre. Il y avait une part d’aventure et une autre de liberté. La beauté s’y trouvait car chaque aventure était en soi un poème et chaque poème une aventure. « Oui, vraiment. » la confortai-je, tout en la faisant danser. À l’intérieur, la musique battait son plein. Depuis l’extérieur, seules quelques bribes parvenaient à nos oreilles, plus ou moins fortement en fonction de l’ouverture et de la fermeture des portes et fenêtres. C’était la raison pour laquelle j’avais choisi de chantonner un air différent, un air qui nous appartiendrait et qui ne varierait qu’en fonction de notre conversation. « C’est sûr… Si j’avais été à sa place, je serais devenu fou… » J’aurais sauté par la fenêtre et me serais enfui. Jamais je ne pourrais supporter d’être enchaîné à l’intérieur d’une bâtisse, aussi grande et confortable fût-elle. L’intérieur me rendait d’une humeur maussade. J’avais besoin d’extérieur, d’air, de nature, de contacts. Rester enfermé dedans était la mort de l’âme, la mort de l’inspiration, la mort de tout. J’avais appris que c’était en passant des jours en mer ou en montagne que l’on appréciait véritablement de retourner chez soi. Mon corps n’était pas fait pour la sédentarité. En la regardant, je me dis qu’elle n’avait pas dû beaucoup sortir de chez elle. Le jardin autour de la propriété de ses parents était grand. Que ferait-elle, si je l’emmenais dans la forêt ? La traversée du désert avait peut-être été un peu rude comme premier voyage. J’avais envie de vivre des aventures avec elle, de nous baigner dans des lacs, d’explorer des grottes, de grimper aux arbres, de visiter des vestiges, de courir nus dans les champs, de m’étendre à ses côtés dans l’herbe pour observer les étoiles. Apprécierait-elle la chasse aux escargots et la pêche ? Aimait-elle les huîtres et les moules ? Avait-elle déjà chassé ? Cueilli des baies ? Mangé des cerises à en avoir le ventre gonflé ? « J’aimerais mieux le connaître. » Placide. Je ne savais pas vraiment ce que signifiait avoir un frère. Mes amis avaient fait office de frères et sœurs. J’avais eu des amitiés prolifiques, plus ou moins intenses. Sans père et avec une mère lunatique qui m’avait toujours vendu l’idée que j’étais le fils de quelqu’un d’important, tout en crachant sur ces mêmes personnes, il m’avait fallu trouver du réconfort ailleurs. J’avais tout tourné vers l’amitié et partagé beaucoup de choses, à la manière dont les autres avaient partagé avec moi. J’aimais être entouré et créer du lien à travers des activités, des jeux et des conversations. J’avais toujours été fasciné par les animaux vivant en meute ou les portées de chiots ou de chats. Je me sentais comme ça, profondément attaché aux autres.

Je relevai les yeux vers Rosette lorsqu’elle parla du fait que Placide et Ludoric étaient autant amis qu’elle et moi. Nous n’étions pas amis… enfin, dans un sens, peut-être. L’amour était sans doute une forme d’amitié renforcée, avec le cœur qui bat vite et des relations charnelles en plus. Me considérait-elle comme un ami ? Une moue se forma sur mon visage. Sa deuxième phrase m’éclaira plus. « Ah… AH ! » lançai-je, soudain parfaitement conscient du sens de ses paroles. « Ah. » Mes comportements passés me revinrent en mémoire. « Quoi ? Ah oui non… enfin… mais je ne pense pas qu’il s’intéresse à moi. C’est juste que je ne savais pas et que j’ai peut-être un peu forcé les choses… » En même temps, je ne pouvais pas savoir. « Il a dû me prendre pour un taré… je comprends mieux pourquoi il était bizarre… Si j’avais su j’aurais ptêtre éviter de lui grimper dessus dans la piscine… » À ce souvenir, je me mis pourtant à rire. « En même temps, c’était drôle. » constatai-je. « Si j’avais su, je crois que je l’aurais fait quand même. Il est cool. » Mon sourire s’adressa cette fois à Rosette. « Et je ne sais pas si je me suis déjà fait courtiser par des hommes. » À moins qu’on me le confiât explicitement, je ne me rendais pas souvent compte de l’intérêt qu’autrui pouvait me porter. Rosette ça avait été plus simple, parce que je l’avais aimée le premier. « Et toi ? Tu as dû beaucoup te faire courtiser. » Elle avait dû avoir des amoureux avant moi.

Mon regard finit par rejoindre celui de deux silhouettes masquées. Je plissai les yeux. C’était étrange. La soirée se trouvait dans les jardins et à l’intérieur de la maison. Alors pourquoi s’enfoncer dans la nuit tout en gardant les tenues ? « Tu aimes les enquêtes ? » demandai-je, avant de prendre la main de la rousse et de l’attirer à la suite du duo. « Ils sont suspects non ? On devrait les suivre ! » Je me tournai vers Rosette, pris ses joues entre mes mains et l’embrassai. « Par ce baiser, je te nomme détective Rosette yeux de pie. » Je réfléchis. « Et moi je serai détective Clémentin truffe de chien. » décrétai-je. « Zébella n’arrête pas de me traiter de chien. » Un jour, j’allais lui aboyer dessus pour rire. « Allons découvrir qui sont ces anonymes, détective Rosette ! » la motivai-je, conscient qu'un jeu de piste nous changerait les idées. Il ne devait s'agir que de deux invités pressés de repartir.

887 mots
Erasme (Clémentin):

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Siruu Belhades
Dim 25 Juin 2023, 21:18


Melchior observait les invités. Il avait rapidement échangé avec quelques-uns d’entre eux, sans vraiment s’éterniser en conversation. Ce n’était pas un homme réservé : après tout, son métier reposait sur ses compétences de vente. Pourtant, il n’était pas particulièrement à l’aise dans les environnements festifs. La personnalité publique qu’il s’était construite reposait sur le calme, la sérénité et la prudence. Ici, c'était différent. C’était comme mettre un moine dans un spectacle burlesque. Le contraste était d’autant plus important que les invités semblaient tous plus ou moins désinhibés. Melchior se demandait quelle proportion d’entre eux avait bu son ingrédient secret. L’alcool devait certainement en décupler les effets.

Le reste du temps, ses pensées étaient préoccupées par des sujets autrement plus importants. Il avait ordonné à Godefroy ainsi qu’à quelques autres servants de faire quelque chose de particulièrement risqué. Il ne pouvait pas être présent pour superviser leurs actions mais, en fin de compte, c’était aussi le but recherché. Ni lui, ni les nobles, ni les bourgeois petits comme grands n’était à leur domicile. Tous les convives n'avaient peut-être pas répondu à l'appel, mais à en juger par l'essaim de masques qui s'affairaient et tournoyaient dans cette demeure, bon nombre d'entre eux avaient jugé bon de s'y rendre. Il savait que la réussite de sa stratégie reposait sur l'absence de soupçons. C'était une partie risquée, mais si tout se déroulait comme prévu, les résultats pourraient être spectaculaires.

L'avenir de Melchior semblait déjà tout tracé. Il se voyait déjà renverser ceux qui méritaient d'être bousculés, conquérir Pénélope et maximiser ses profits si jamais la guerre venait frapper aux portes de Narfas. Il était habité par la flamme de la révolution. Pendant trop longtemps, les femmes avaient abusé de leur pouvoir. Pour autant, elles n’avaient pas accompli cet exploit seules : elles avaient été aidées par des misérables cafards comme Balthazar et, surtout, par la religion. Melchior n’était pas naïf au point de négliger ce dernier aspect. Si l’ordre social actuel de Narfas devait être détruit, sa religion, elle, devrait être réformée pour refléter la vraie place de l’homme et de la femme. Et tant qu'à faire, ce serait déjà une bonne chose s'il était exempté de payer la dîme.

Oui, il était habité par les flammes de la révolution, tout ça tout ça… il n’empêche qu’il était trempé. Une indélicate créature venait de s’écraser dans le bassin. « Vous devriez mieux regarder où vous mettez les pieds. Vous avez ruiné ma tenue » lui dit-il d'un ton mécontent. Pourtant, un détail attira son attention. Elle avait un accent différent de celui d'une Narfasienne ou d'une Lieugroise enivrée. « De quoi vous… » À la fois interloqué et amusé par les imbécilités que cette jeune étrangère balbutiait, il se mit à l’écouter. « Son Altesse le Roi ? Rien que ça ? » Elle visait haut. « Si le Très-Haut vous envoie, pourquoi est-ce qu’il ne vous a pas directement mené à lui ? ” De toute évidence, cette version des faits ne tenait pas debout. Pourtant, une idée lui vint à l’esprit. Aucune femme n’avait de discernement, mais celle-ci en particulier était visiblement inférieure à la moyenne. En plus de cela, elle avait l’air d’avoir un peu trop forcé sur son ingrédient secret.

« Désolé... j’ai été impoli » , s'excusa-t-il. C'était ironique, puisque la guenon qui l’avait éclaboussée n’avait pas présenté ses excuses. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de ressentir un mélange de curiosité et d’amusement. Ce n’était pas tous les jours qu’il était mis dans une position si favorable. Généralement, ses clients étaient des personnes froides et exigeantes. « Je vous crois… j’avais une impression étrange, justement. Je sens que notre destin à tous se joue ce soir. Et vous êtes sans doute venue pour cela. » Il essora sa propre tunique d’une main, sans parvenir à dissimuler son regard empreint de dégoût. Heureusement, ce tissu ne lui appartenait pas.

« Il se trouve que Son Altesse le Roi est un de mes clients… je peux vous conduire jusqu’à lui. » Il n’avait jamais adressé la parole à Balthazar. Parfois, il avait eu l’occasion de l’observer de loin, lors de cérémonies. Heureusement, la crédibilité de son récit importait peu, puisque sa seule audience était de toute évidence aussi ivre qu’ignorante. « Suivez-moi. » Il commença à faire un geste pour l'inviter à sortir du bassin. Cependant, juste avant que leurs mains ne se touchent, il changea brusquement d'avis, se rappelant la saleté de l'eau stagnante. Il préférait garder ses mains propres, en attendant qu'elle s'extirpe du bassin par ses propres moyens.


751 mots.
Rôle - Melchior:


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 3v8q
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Mitsu
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Mitsu
Dim 25 Juin 2023, 22:05


Image par un artiste inconnu

Explications


Bonjour / Bonsoir !  nastae

La soirée continue =D

Priam devrait spécifier mais voici déjà quelques éléments :
- Le bal (mais en fait c'est plus une soirée) se déroule dans une résidence secondaire de Primaël en dehors de la ville nobiliaire/cour.
- S'il y a une partie pour danser, ce n'est pas le cœur des festivités. La demeure de Primaël est très grande (il a bien réussi) et comporte plusieurs pièces/chambres avec des alcôves. Il y a des endroits très intimistes.
- Il y a aussi des spectacles un peu partout, puisqu'il a invité des artistes.
- Mais le plus gros de la fête, ce sont des jeux (de stratégie, de hasard etc). Il y a des jeux d'argent, de cartes, des paris dans lesquels il est possible de tout proposer à la mise (la main de ses enfants, sa semence, son utérus et j'en passe - c'est pas moi c'est Alvine qui l'a dit)
- Les invités sont masqués (le masque cache tout le visage avec un espace suffisant pour la bouche afin de manger et boire). Les tenues sont les mêmes pour tout le monde. Il s'agit de toges, rouges et dorées pour les hommes, bleues et dorées pour les femmes.
- Afin de conserver l'anonymat, les invités sont conviés dans des vestiaires indépendants afin de se changer. De plus, le personnel leur confie un tampon/sceau (comme en Corée voyez) qui sera solidement attaché au poignet de chacun. Chaque tampon correspond à une personne identifiée, ce qui permet aux invités d'être anonymes pendant la soirée aux yeux des autres invités mais pas aux yeux de l'organisateur qui pourra demander les sommes pariées durant la soirée si jamais il y a des problèmes. En gros, chaque personnage pariant quelque chose ne pourra pas se défausser à la fin. Chaque tampon est unique. Le dessin peut être ce que vous voulez.
- L'alcool, la nourriture et le thé coulent à flot ! /sbaf


Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).

Rps importants
- Le Royaume de Lieugro - Partie I
- La mort de Montarville et la prise de Lieugro
- Transition - Quand Lieugro devint Uobmab

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectifs secrets et secrets : 8D

Voilà !  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 13 1628

Participants


La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.

En jeu :
- Hélène (Garance) : XV
- Ikar (Placide) : XXVI
- Stanislav (Alembert) : X (en pause => Retour à Lieugro)
- Dastan (Ludoric) : XV
- Adriaen (Lambert) : XIII
- Yngvild (Rosette) : XV
- Tekoa (Childéric) : XIV (en pause => Retour à Lieugro)
- Chuan (Lénora) : IX
- Susannah (Zébella) : IX
- Erasme (Clémentin) : XV
- Miraneiros (Balthazar) : VII
- Fawëlysa (Wesphaline) : II
- Seiji (Wesphaline) : V
- Jil (Anthonius) : IX
- Claer (Jésabelle) : V
- Ammon (Gaspard) : X
- Eméliana (Tamara) : X
- Zeryel (Adolphe) : IX
- Lysium (Melchior) : VIII
- Sympan (Gao) : VIII
- Oriane (Pénélope) : VIII
- Lazare (Primaël) : VI
- Orenha (Luthgarde) : VI
- Lorcán (Ivanhoë) : VI

En pause :
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : IV
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : XIII
- Laen (Hermilius) : V
- Chelae (Clémentine) : XVI
- Min (Natanaël) : XIV
- Eibhlin (Adénaïs) : IV
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonnelle) : V
- Thessalia (Irène) : VIII
- Dorian (Ezidor) : X
- Gyzyl (Judas) : VI
- Wao (Merlin) : XIX

Les morts :
- Babelda (Montarville) : XI (dead)
- Léto (Ernelle) : II (dead)
- Stanislav (Déodatus) : IX (dead)
- Latone (Madeline) : 0 (dead)


Deadline Tour n°11


Dimanche 2 juillet à 19H

Pour information, il reste 2 tours ^^

Gain Tour n°11


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Le médaillon des révélations : Il permet à son porteur de dénicher les armes chez les personnes qu'il croise. Les localisations de ces dernières lui apparaissent en bleu clair, par transparence.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 26 Juin 2023, 08:25




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


La réaction de Clémentin la fit rire. Il avait beau avoir parcouru le monde, son esprit ressemblait parfois plus à celui de l’enfant que du vieux sage. « Tu lui as grimpé dessus ? » répéta-t-elle en essayant d’imaginer la scène. Pauvre Ludoric. S’il avait vraiment le béguin pour le brun, cette proximité soudaine et parfaitement inadaptée aux mœurs nobiliaires avait dû le retourner. Elle en profita pour taquiner le coupable : « Tu m’étonnes, qu’il bafouillait… Tu es sans pitié. » Elle sourit, avant que son cœur ne se mît à battre plus fort. Sa question le faisait résonner dans tout son être. Forcément, même si Clémentin ne l’avait pas formulée dans ce sens, elle pensa à Natanaël. Fallait-il en profiter pour lui en parler ? Le sujet viendrait forcément, à un moment ou à un autre. Rosette savait formuler de petits mensonges, et parfois même de gros mensonges – quand c’était essentiel ou quand elle ne tenait pas véritablement à la personne en face d’elle. Face à n’importe quel autre homme, elle aurait éludé le sujet sans hésiter – elle aurait fait de son mieux, du moins. Qu’une femme eût plusieurs amants avant le mariage ne constituait pas une vertu. De façon générale, les hommes préféraient croire qu’ils étaient les premiers à qui elles accordaient leurs faveurs. De son côté, la rousse voulait croire que Clémentin se fichait de toutes ces règles un peu stupides. Elle ne devait pas être, de toute façon, la première fille qu’il côtoyait. « C’est arrivé quelques fois. » Comment ajouter ça ? J’ai même eu un amant ? Peu convaincue, elle n’eut cependant pas le temps d’y réfléchir plus longtemps. Deux ombres avaient attiré le regard du brun. Comme lui, elle les suivit des yeux tandis qu’ils se déplaçaient d’un pas précipité à travers les jardins. « Les enquêtes ? » Ses iris papillonnèrent jusqu’à l’aventurier. Sa main dans la sienne, elle ne chercha pas à résister et lui emboîta le pas. « Mais on va où ? Les suivre ? » Dès qu’il se tourna pour l’embrasser, l’hésitation laissa place à l’étonnement puis, avec douceur, à l’amusement. Elle noua ses bras autour de son cou, prise d’une euphorie qui chassa tout à fait ses précédents tourments. Elle était avec son poète, et rien ne pouvait la rendre plus heureuse que de savoir qu’ils étaient pareils à deux vers rimant ensemble – fusionnels et inséparables. Après sa promesse de ne pas déserter, elle voulait bien le suivre dans toutes ses aventures. Jusqu’au bout du monde, s’il le lui demandait. « C’est vrai ? » Ses sourcils s’arquèrent, avant qu’une moue malicieuse ne marquât ses traits. « Je vais lui réarranger la vue avec mon bec. » Elle fronça le nez et fit mine de piquer la joue de Clémentin avec, avant de rire à son empressement. « Oui, d’accord, on y va ! Elle a peut-être raison, Zébella : tu es aussi pressé qu’un chien qui part à la chasse. » pouffa-t-elle en s’écartant de lui. Elle lui reprit la main et s’élança à la suite des deux silhouettes masquées.

Quitter les lieux des festivités n’était sans doute pas une idée très raisonnable, mais Rosette n’avait pas envie d’être raisonnable. Depuis le bal de Lieugro, elle faisait de son mieux pour se comporter en adulte ; cependant, leur arrivée à Narfas et la révélation sur sa grossesse l’avaient mise face à la réalité. Elle n’était pas encore prête à endosser ce rôle de personne calme et sensée. Peu avant la réception, seule dans ses appartements, elle avait relu quelques poèmes que Clémentin lui avait adressés, bien avant qu’elle ne découvrît son identité. Une myriade de sentiments et d’émotions avaient surgi de son cœur et elle s’était souvenue qu’au-delà des responsabilités, il y avait tous les élans fous de la vie. Libérée du fardeau de son secret, assurée de la présence de son amant, elle pouvait déployer ses ailes. Dans le dédale des rues, elle le suivait, car il était meilleur espion qu’elle – elle avait envie de se précipiter, quand il savait quand s’arrêter. « Cette discrétion, c’est grâce aux heures que tu as passées à t’introduire dans ma volière sans que personne ne te repère, c’est ça ? » s’enquit-elle, espiègle, quand ils s’arrêtèrent au coin d’une allée. Ils continuèrent leur traque sur quelques mètres encore, puis les deux sujets de leur enquête se figèrent devant une porte. Ce que la nuit et la distance avaient masqué se révéla soudainement à elle : l’homme retira son masque, et son père apparut. La rousse écarquilla les yeux. « C’est mon… » Que faisait-il, si loin du bal, avec une femme ? Ce n’était pas Garance, car la différence de taille n’était pas la même. La porte se referma sur eux. « Il faut qu’on s’approche. » Le cœur battant, elle étudia les environs. « Là-bas ? » demanda-t-elle en désignant un escalier attenant à la maison dans laquelle ils étaient entrés, et sous lequel on devinait une fenêtre. La pénombre les cacherait et ils pourraient voir ce qu’il se passait à l’intérieur. Bien que pressée, Rosette se déplaça aussi silencieusement que possible jusqu’à leur point de chute. Dès qu’ils y furent, elle fixa ses mains au rebord de l’ouverture et passa la moitié de son visage par-dessus, de sorte à pouvoir observer. La surprise frappa aussitôt sa figure. Que faisait la Princesse Zébella, ici, avec son père ? Elle ne remarqua pas la plaie qui ensanglantait sa main. Son regard bondit sur leur hôte, et elle fronça les sourcils. « C’est un médecin de Lieugro. Mon père le connaît depuis des années. Je l’ai souvent vu quand j’étais petite. » chuchota-t-elle.



Message XI – 945 mots




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Mar 27 Juin 2023, 02:25


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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Son nouvel interlocuteur avait l’air tout déboussolé par l’arrivée en trombe de la jeune fille ; si elle ne pouvait voir son visage, Luthgarde l’imaginait aussi dégoulinant de confusion que l’était sa toge gorgée d’eau. Il fallait le céder au pauvre bougre : le contexte était des plus insolites. Si elle n’était pas littéralement tombée du ciel, c’était sans doute l’impression que ça lui avait donné. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une envoyée divine ; il y avait de quoi être intimidé. Elle eut un sourire plein d’indulgence, et, radoucie, consentit à alléger le ton de la conversation de quelques badineries inoffensives :
« Ne vous inquiétez pas, ça va sécher en un rien de temps. Depuis que je suis à Narfas, je passe mon temps à barboter dans l’eau et j’ai noté la rapidité avec laquelle les vêtements redevenaient secs. Leur confection est remarquable ! La matière est légère comme une plume mais suffisamment dense pour atténuer la morsure du soleil et protéger du sable. » En parlant, elle faisait flotter les pans de sa toge pour appuyer ses dires. Du moins, elle essayait. Les manches - qui s’étaient retrouvées entièrement immergées lors de sa chute - étaient encore trempées et s’agglutinaient tristement en plis beigeasses autour de ses poignets et de ses bras, semblables à la peau fripée d’un gros chien glabre. Pourtant, l’étudiante semblait penser que le tissu se déployait autour d’elle comme des ailes d’éther. Elle se perdit un instant dans leur contemplation avant de reprendre le fil de la conversation.

« Les Voies du Très-Haut sont impénétrables. Parfois, la vérité ne peut être trouvée qu’au détour de sinueux couloirs alambiqués ou au bout d’un raccourci inattendu. Ainsi, à ne jamais dévier des sentiers battus, on perd l’occasion de trouver la porte de derrière. » Ou quelque chose comme ça. L’ingénue paraphrasait très librement des propos lus dans l’autobiographie du Grand Prêtre Lui-même.  

Elle balaya d’un rire les excuses de l’homme masqué. « Je vous pardonne vos doutes comme votre brusquerie, elles sont toutes à fait compréhensibles. Nous avons mieux à faire que de perdre notre temps avec ce genre de bêtises, vous ne pensez pas ? Allons-y, mon ami. »
Sans s’offusquer de la main qui s’était rétractée – puisqu’elle ne l’avait tout simplement pas remarquée -, la jeune femme s’affaira à escalader les murets qui contenaient l’eau du bassin. Il lui fallut plusieurs tentatives avant de parvenir à s’en extirper, les prises s’acharnant à esquiver ses mains tâtonnantes. Une fois de nouveau sur ses deux pieds et au sec, elle prit quelques secondes pour essorer sa toge et le bout de sa tresse. La chaleur ambiante s’occuperait du reste.  

D’un air qu’elle voulait à la fois conspirateur et détaché, Luthgarde attrapa son nouveau complice par le bras et l’entraîna dans la foule en s’appuyant sur lui afin d’éviter que son sens de l’équilibre ne lui fasse de nouveau défaut.
« Je savais que je m’adressais à la bonne personne. » Cette fois, ce n’était pas à la chance qu’elle le devait. Peut-être que ça n’avait jamais été le cas.
« Son Altesse est donc votre client ? Quel est votre domaine ? Si vous aviez été médecin, vous auriez dit ‘client’… êtes-vous le pâtissier officiel de Sa Majesté ? Son fournisseur de literie, peut-être ? Tant que vous n’êtes pas marchand d’armes ! » Un petit gloussement ponctua son trait d’esprit avant que le sérieux ne durcisse sa voix. « La guerre, c’est ce que j’essaie d’éviter. À tout prix. Il est absurde que tant de jeunes personnes perdent leur avenir, voire leur vie, à se plier aux jeux des puissants dont ils ne sont que les marionnettes auxquels on peut couper les fils à tout moment. Vous et moi, nous allons empêcher que le sang ne coule inutilement... »
Accidentel à-propos, un goût de fer l’interrompit : elle venait de se mordre la langue. La jeune femme se la tint donc tandis qu’elle jetait des coups d’œil furtifs aux alentours. Elle avait tenté de garder la voix basse mais il lui semblait que les têtes se tournaient dans leur direction. L’ambiance était épaisse et aigre comme une sauce qui aurait tourné. Les éclats de rire si haut que certains ressemblaient à des cris d’effroi. Des bruits de verre brisé éclataient régulièrement. Avait-on eu vent de son objectif ? Pire, du flacon de mort qui pendait à son cou ?
Il ne fallait pas qu’on parvienne à les intercepter avant qu’ils aient atteint leur but. Leur mission était trop importante, les enjeux trop grands. Luthgarde hâta le pas sans desserrer son emprise sur le bras de son allié mystère. Un observateur aurait bien peiné à déterminer qui des deux menait la danse. La jeune femme, quant à elle, était persuadée de suivre l’homme masqué, malgré ses mouvements brusques qui faisait tanguer le couple singulier qu’ils formaient.

Si l’étudiante espérait rencontrer de grands noms à cette soirée, elle n’avait pas un seul instant effleuré l’espoir que Son Altesse Royale en fasse partie. Un mascaron n’était pas suffisant pour atténuer la lumière émanée par celui qui était réputé pour briller comme un soleil, et les responsabilités qui incombaient au porteur de la couronne éclipsaient sans nul doute une soirée mondaine.
C’est donc en toute logique qu’ils laissèrent la résidence principale derrière eux pour se faire accueillir par la brise nocturne et fleurie du jardin. Les chaussures cessèrent de claquer sur la dalle pour s’enfoncer mollement dans le sable tassé du sentier. La clameur enivrée de la réception, au loin, semblait avoir été recouverte d’une chape ouatée. La jeune fille cligna des paupières ; il lui semblait que ses idées s’éclaircissaient. Elle prit douloureusement conscience du bourdonnement dans ses oreilles et de la nausée qui menaçait dans sa gorge, ainsi que de la sueur qui perlait à ses tempes, glacée malgré l’eau tiède de la fontaine. L’odeur du sang envahissait ses narines. Luthgarde hasarda un doigt sur sa langue : il ne lui avait pas semblé s’être coupé si fort que ça. L’index qui ressortit ne portait qu’une goutte de salive incolore.

Une silhouette se détachait des ombres un peu plus loin. Il ne portait pas de masque, mais arborait la toge qu’on avait attribuée aux hommes de la soirée ainsi qu’une chevelure flamboyante. Se pourrait-il… ? La jeune Etnias laissa retomber le bras de celui qu’elle avait traîné jusque là comme s’il n’était qu’un paquet de farine et se précipita pour confirmer ses doutes. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle reconnut les traits du Grand Prêtre.
« Votre Sainteté ! » Quelque chose clochait. « Vous avez l’air mal en point... » Même en prenant en compte la faible luminosité, le teint de l’Homme Saint paraissait blafard. Mais surtout, l’odeur métallique s’était intensifiée. Le regard de Luthgarde descendit sur la tunique. Ocre et rouge. Vraiment très rouge… « Vous êtes blessé ! » Une tâche écarlate fleurissait le long de Son flanc.
« Qui ? Qui a osé lever la main sur Vous ? Votre Sainteté ? » La panique et l’alcool lui électrisaient les sens. Elle n’osait croire que quelqu’un puisse vouloir attenter à la vie d’une personne aussi noble. C’était d’une bassesse sans nom. S’agissait-il du ratel ? Un athée en colère ? Un réfugié de Lieugro ? Pire, un barbare infiltré des rangs de Judas venu embraser le conflit entre Narfas et Lieugro ? Sans réfléchir, la jeune fille s’était penchée pour écarter délicatement les pans de tissu poisseux de sang afin de constater les dégâts. « Heureusement, ça n’a pas l’air méchant. La coupure est nette et peu profonde. J’ai quelques rudiments de médecine mais il vous faudrait sans doute voir un vrai médecin pour être sûr. Il ne faut pas que ça s’infecte. »
L’inquiétude qui aiguisait sa voix d’un calme doctoral s’évapora juste assez pour que la jeune femme réalisa ce qu’elle avait eu l’audace de faire. Elle rougit mais ne se démonta pas ; l’écho des Voix l’armait d’une légitimé nouvelle.
« Je vous implore de me faire confiance. Nous étions justement en route pour aller tirer tout cela au clair avec Sa Majesté. » La jeune femme se retourna pour désigner l’allié qu’elle s’était fait en chemin.

Message VII | 1369 mots


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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

« Bien sûr. » Dit-il dans un souffle. Le mensonge proféré par la reine réussit à tirer un mince sourire à Ivanhoë. Balthazar de Narfas n'avait pas honoré la soirée de sa divine présence, il le savait bien. Leur fils en revanche... L'enfant désirait peut-être hâter sa croissance en plongeant dans l'océan pour apprendre à nager comme ses aînés. Allait-il sortir déçu ou émerveillé de l'expérience ? Hors de son nid douillet, perdrait-il son innocence face à un prédateur amateur d'oisillons grâcieux ? Pour ces individus, par le passé, le roux s'était glissé dans de sordides jeux de rôles à l'image de leurs déviances. Son corps adolescent faisait planer un doute sur son véritable genre et rassurait la culpabilité de ces hommes sur leurs penchants inavoués. L'innocence n'avait jamais été qu'un mot sans texture pour lui, vide de sens. Trop jeune, il avait dû être témoin des vices des hommes, et trop jeune il avait vu le sang couler, de sa main ou entre ses cuisses, le creusant de l'intérieur un peu plus à chaque fois jusqu'à ce qu'il devienne aussi froid et stoïque que son mascaron.

« Après vous. » Une fois la porte entrouverte, Ivanhoë se décala pour la laisser pénétrer en premier dans la chambre. Il la referma sur eux et tira le verrou en silence. Spectrale, la lune filtrait à travers les hautes fenêtres, baignant la pièce de sa pâle étreinte. La silhouette de Wesphaline s'y découpait, en tons argentés et charbonneux selon le profil qu'elle offrait à l'astre. Loin de ses apparats royaux, il la voyait comme elle était, une simple femme. Une femme qui alimentait un système gangréneux en murmurant ses ordres dans l'oreille du monarque et en laissant sa soeur commettre des atrocités pour servir un but qu'elle devait trouver noble. Combien avaient souffert par ses décisions ? Combien avaient perdu des êtres chers par sa faute ?

La flamme qui jaillit de la lampe à huile entre ses doigts jeta un nouvel éclairage sur la chambre. Il manipula le mécanisme pour obtenir une lueur tamisée moins agressive. Il laissa le silence s'étirer, devenir dérangeant. Il l'observait sans détours, cherchant à déceler à quel moment elle réaliserait l'erreur de sa crédulité en suivant un inconnu. « Vous suivez un homme jusqu'à une chambre bien facilement pour quelqu'un qui prétend devoir retourner auprès de son époux. » Le verre de la lampe contre ses doigts commençait à lui brûler le bout des doigts et il la déposa sur un meuble. « Faites-moi voir. » En un pas, il fut près de Wesphaline et prit son poignet entre la pulpe encore brûlante de ses doigts. Il avait noté la façon peu naturelle dont elle le tenait et avait suspecté une douleur. Il le retourna de façon à laisser son index courir de son avant-bras jusqu'à sa paume. « Vous avez la peau douce. » Remarqua l'assassin à voix basse. « D'où je viens, même les prostituées supposées prendre soin d'elles n'ont plus la peau douce à votre âge. Elles n'ont pas le luxe de se protéger contre les méfaits du temps ou les difficultés que chaque jour les force à affronter. » Sans interrompre la caresse à l'intérieur du poignet de la violette ni la regarder, il poursuivit d'une voix murmurante. « Si vous êtes ici, vous devez connaître Primaël. Il a connu son petit succès en tant que semencier. Dans notre milieu, il faisait partie des meilleurs puisqu'il a été guidé par le meilleur. Il aurait pu le supplanter aisément avec son potentiel. » Ses yeux remontèrent jusqu'à ceux de la reine. Dans la pénombre et derrière le masque, leur couleur disparaissait au profit de simples orbes d'obsidienne lui rendant son regard. « Avez-vous déjà fait appel aux services des semenciers ? Ou votre mari vous a-t-il déjà donné entière satisfaction ? » Aussi légers que des plumes, ses doigts recourbés se frayèrent un chemin jusqu'à l'épaule de la femme qu'il libéra de l'attache de sa toge. Le vêtement glissa de moitié, avant qu'Ivanhoë ne fît connaître le même sort à sa jumelle et qu'il chute au sol en plis détrempés. Il se pencha sans la toucher. « Je sais qui vous êtes. » Glissa-t-il à son oreille. Doucement, il remonta le masque de la violette et le laissa tomber à terre. Son visage apparut, si près qu'il en vit les défauts mais aussi la beauté. Il y avait mille façon de lui faire prendre une expression figée à jamais. Il la prit par les hanches et d'une pression, la fit reculer jusqu'à l'acculer contre la colonne en bois sculpté du lit. « Si vous êtes ici, c'est que vous désiriez cette situation, inconsciemment ou non. Vous n'ignorez pas comment se terminent les soirées de Primaël. D'une façon ou d'une autre, c'est ainsi qu'elles se soldent. En tant qu'associé, je dois m'assurer que chacun reparte d'ici satisfait, avec l'envie de revenir. » Il prit une boucle violette entre ses doigts et sourit. « Bien sûr, je ne m'attend pas à ce que vous reveniez, puisque je n'ai pas l'intention de vous laisser repartir. Ce n'est pas tous les jours qu'on tient une reine entre ses mains. On me dit fou, mais je ne le suis pas assez pour laisser passer une telle occasion. Et c'est mon devoir de citoyen de donner satisfaction à ses souverains. » Sur ses lèvres, les mensonges valsaient avec la vérité pour tisser une comédie dont il était le seul à connaître la fin. « Dites-moi s'il vous plaît, je suis curieux. Qu'est-ce qu'une reine désire ? Dites-moi ce que Balthazar n'a jamais osé vous faire, ce que vous n'avez jamais osé faire. De quoi rêve une reine ? Est-ce qu'elle rêve de justice ? Ou est-ce que le sommeil lui échappe trop souvent pour se laisser aller à rêver ? Est-ce qu'elle se sent coupable parfois ? Il n'y a jamais personne pour vous punir quand vous fautez, n'est-ce pas ? Personne pour soulager votre conscience. » Sa poigne s'était refermée sur plusieurs mèches et il tira. « Je pourrais être votre juge et votre bourreau. Vous laver de vos crimes. Est-ce que ce ne serait pas libérateur ? Vous pourriez vous mettre à genoux, pour commencer. » Suggéra-t-il d'un ton indéchiffrable, qu'elle décide seule s'il était sérieux ou en train de plaisanter.

Message VII | 1109 mots
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