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 Les Portes - Chapitre V

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

~ Orine ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Mar 11 Oct 2022, 18:43


Image par Nan Fe
Les Portes - V


TW léger : Vulgarités

Nine Inch Nails - The Wretched

Pendant un court instant, la douleur avait remplacé la rage. Puis elle l'avait décuplée. Le sang de Merlin bouillait. Mais il dut lutter pour esquisser le moindre mouvement, mis à terre par sa sœur. Son entrejambe était encore douloureuse. Son souffle était saccadé après avoir été coupé par son talon enfoncé dans son diaphragme. Ses jambes tremblaient, comme si le choc de ses coups résonnait dans tous ses os. Ce n'était pas la première fois que Zébella le frappait. Mais il jura que ce serait la dernière.

*La salope ! Elle va payer.* Cette seule pensée tournoyait dans son esprit, rebondissant sur les échos de la colère et de l'humiliation. Ses mots tranchants comme des lames résonnaient encore en lui. Il revoyait la flamme qui avait animé son regard. C'était une rage qu'il avait rarement vu chez elle. Elle la rendait redoutablement excitante. C'était cette Zébella qu'il aimait. C'était aussi celle qu'il haïssait. *Elle va payer.* Et soudain, Merlin se souvint pourquoi il voulait lui parler avant qu'elle ne le repousse encore et encore. Quelle idiote. Lui qui allait lui faire une si belle proposition... et maintenant, il allait devoir la séquestrer à la place. Si son père l'acceptait, évidemment. La cage était un outil formidable pour faire ployer les esprits, plus encore que la torture physique. Elle lui appartiendrait quoiqu'en soit le prix. Il souffla longuement en visualisant ce doux rêve et la course effrénée de son cœur ralentit enfin.

Mais soudain, une voix fluette le tira de son fantasme et relança ses palpitations. Un visage apparut dans l'entrebâillement de la porte. Depuis quand cette satanée Princesse était-elle ici ? Qu'avait-elle vu ? Et entendu ? Elles avaient toutes décidé de le faire chier aujourd'hui ? Il aurait traîné des servantes aux cachots pour moins que cela. Son visage était rouge de colère et de douleur quand elle arriva, puis devint blême quand elle tourna les talons en disant apporter de l'aide. Il la foudroya du regard quand elle revint vers lui, mais les yeux d'Adolestine avaient fui pour se planter sur le décor de la chambre. *Couarde.* Merlin était amoché : il se tenait maladroitement sur la coiffeuse de Zébella, sa vision encore un peu floue. Ses oreilles sifflaient, si bien qu'il peinait à distinguer ce que la Princesse lui marmonnait. Une histoire de bal... des excuses, oui... alors la petite fille avait été grondée par papa. Montarville n'était pas aussi faiblard que ce qu'il s'imaginait. Sa fille, en revanche... peut-être devrait-elle s'ouvrir les veines aussi, histoire d'épargner l'univers de sa bêtise.

Merlin n'avait que faire d'Adolestine et de son pitoyable rattrapage de branches. Il ne pensait qu'à une chose : elle avait vu Zébella le frapper. Cela compromettait fortement ses plans. Recevoir des coups, cela arrivait à tout le monde. Mais se faire aplatir par une femme, c'était honteux. Différentes stratégies défilèrent dans son esprit, puis il en retint une. Elle avait voulu se porter témoin ? Qu'elle en assume les conséquences. « DOMESTIQUE ! » Adolestine s'attendait certainement à ce qu'il lui crie dessus puisqu'elle sursauta. L'homme chargé de surveiller le couloir accourra. En voyant l'état du prince, il ouvrit la bouche dans un cri muet et s'immobilisa, tiraillé par des réactions contradictoires. Mais Merlin ne lui laissa pas le loisir de prendre une décision. Il lui fit signe d'approcher et posa son bras sur son épaule. Le geste lui arracha un rictus de douleur. « Hé. Tu t'appelles Ben, c'est ça ? Laisse-moi t'appeler Ben. » Il montra vulgairement Adolestine du doigt. « Les femmes sont d'étranges créatures, ne trouve-tu pas ? On ne sait jamais ce qu'il se passe dans leur tête. » Il parlait comme si elle était parfaitement invisible.

Le domestique, dont l'intimité était envahie par le noble, ne savait plus où se mettre. Et Adolestine compatissait, en jetant un regard plein de pitié à ce dernier. Ces gens étaient décidément bien trop proches de leurs domestiques. C'était malsain. « Celle-là, par exemple. Elle a ignoré tous les signaux de son instinct de survie pour venir ici. Il aurait mieux fallu qu'elle les écoute, non ? » L'homme tremblait. Ses yeux passaient successivement d'Adolestine à Merlin. Il l'obligeait à choisir un camp. Et le plus drôle, c'était que sa réponse ne changerait rien à ce qui allait suivre.  « Je... je ne sais pas. » Merlin fit la moue en laissant planer un silence. « Si imprévisibles... » Et soudain, l'homme balaya la jambe du domestique d'un coup sec et le tira par l'épaule en le faisant chuter. Ce dernier s'écroula au sol dans un bruit sourd ponctué d'un cri étouffé. Avant qu'il ne puisse se relever, Merlin s'agenouilla de la même façon que Zébella l'avait fait plus tôt et l'imita en envoyant son poing directement dans le visage du domestique, sauf qu'il l'orienta sur sa mâchoire. Sa victime perdit connaissance face au choc. Ses prunelles s'enfoncèrent dans ses paupières et son corps se relâcha. Merlin n'était pas habitué à faire usage de ses poings ; la douleur de son entrejambe disparut pour venir brûler sa main, ce qui lui arracha un second rictus.

Adolestine avait-elle regardé ou encore détourné les yeux ? Il espérait qu'elle avait tout vu et bien pris note. Il n'avait plus d'utilité à mettre un masque en sa présence. « Et dire que j'aurais pu éviter tout cela si vous n'étiez pas venue... mais après tout, c'est ce domestique qui vous a laissé entrer. » Il s'approcha de la princesse. « Quel empoté ! Il m'a bousculé alors que je descendais les escaliers et nous sommes tombés tous les deux. Il nous faudra prendre la sanction qui s'impose. En attendant... » Un pas de plus. Il la regarda intensément et sourit. Un mélange de peur et de colère glaçait son regard. Merlin se nourrit de ces émotions. Elle commençait à lui faire oublier l'humiliation qu'il venait de subir. Il voulait plus encore, mais c'était un bon début.

« MARIANNE ! » cria-t-il  d'un coup sans quitter Adolestine des yeux. Une domestique accourut. « Messire ? » Elle ne trahit aucune réaction en voyant le gonflement sur sa joue et sa posture inégale. Ses domestiques à lui étaient faits d'un bois différent. « Je vous confie au service de la princesse De Lieugro pour les prochains jours. Le temps que... Ben se soit remis de sa chute. » Il agita sa main vers la silhouette immobile à côté du lit de Zébella. « Bien, Messire. » Merlin s'empara de la main d'Adolestine. Il s'inclina et posa ses lèvres sur sa peau, en laissant un mélange de bave et de sang là où sa lèvre commençait à peine à cicatriser. « Je serai honoré de vous avoir à mon bras au Bal, princesse. Marianne... vous lui apprendrez quelques pas de danse de chez nous ? En gage de notre entente prometteuse. » La domestique hocha la tête et montra le chemin à Adolestine pour repartir vers ses appartements.

Si Merlin ignorait le nom des domestiques qui le servaient au Royaume, il connaissait ceux des siens : c'était lui qui les leur avait donnés. Tous étaient des orphelins qu'il avait recrutés au cours de leur enfance. Parfois, il les repérait à l'orphelinat. D'autres fois, il les prenait sous son aile après avoir tué leurs parents. Dans les deux cas, le prince avait une emprise sur eux qui dépassait la simple relation de pouvoir. Ils choisissaient de le servir et cela faisait toute la différence. Il n'en avait enrôlé aucun de force. Ils pouvaient partir quand cela les chantaient. Certes, il se gardait de leur informer que la tombe était le seul endroit où ils pourraient aller ensuite. Mais aucun ne s'y était essayé jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, sa confiance en eux était quasi-totale. Il savait que Marianne lui donnerait toutes les informations utiles sur les agissements d'Adolestine et lui obéirait quoique sa demande fût.

Quand les deux femmes disparurent dans le couloir, il souffla et s'effondra au sol, les jambes encore tremblantes. Merlin songea que danser serait douloureux et qu'il ne pourrait pas aller chasser pendant quelques jours. *Un peu de calme. Il me reste beaucoup de travail... et elle va payer. Oui, elle va payer.* Merlin fut pris d'une envie soudaine de saccager la chambre de Zébella, mais cela invaliderait la version officielle de l'histoire. A défaut, il se tourna vers le domestique qui avait repris connaissance mais restait au sol, interdit. Merlin était tiraillé par l'envie de le faire souffrir. Il voulait lui arracher les ongles. Lui insérer des aiguilles sous la peau pour trancher ses nerfs. Le faire crier à en perdre la voix. Cette sale limace qui avait laissé la princesse entrer. Mais il n'était pas chez lui et surtout, il raterait l'occasion de se mettre dans la poche un domestique de plus.

Merlin se releva avec difficulté. Le domestique l'imita et s'approcha de lui. Ce dernier ne put réprimer un mouvement de recul en pensant que le subalterne allait s'attaquer à lui, mais il n'en fut rien : le tout juste dénommé Ben l'aida à se lever. Enfin un dans ce château qui savait où était sa place... un putain de miracle. « Comme je l'ai dit à princesse Adolestine... vous m'avez poussé dans les escaliers. » Ce dernier hocha la tête, une larme roulant sur sa joue enflée. « Je comprends. » - « Cette maladresse devrait vous coûter votre travail. Oh, estimez-vous chanceux ! Si vous étiez dans notre château, vous auriez perdu votre tête... et quelques autres membres de votre corps avant. » Il sourit devant le regard du domestique. Son âme semblait avoir quitté son corps. Merlin le força à s'asseoir sur la chaise de Zébella et pris son menton fermement dans sa main, le forçant à lever la tête pour le regarder. « Mais aujourd'hui, je suis d'humeur clémente. » Non. Il y était simplement forcé. « Je vais communiquer à votre intendante que je vous veux en repos pendant une semaine, sans paye, afin de réfléchir à votre méfait. » Docile, le jeune homme balbutia une sorte de remerciement.

« J'aurai une autre exigence pour vous. Il s'agira d'une simple requête le soir du Bal. Faites vos preuves et je m'en irai en vous laissant en paix. » Il regarda le domestique dans le miroir. Ce dernier hocha la tête en signe d'accord puis suivit son regard. La main de Merlin quitta son menton pour aller se lover sur son cou. Il referma sa prise avec l'autre main et commença à serrer sa trachée de plus en plus fort, sans le quitter des yeux. Quand le domestique commença à lutter pour respirer, il se baissa vers son oreille et murmura : « Si vous me décevez ou que vous parlez de notre accord à qui que ce soit, en revanche... » Il le laissa lutter encore quelques secondes puis relâcha sa prise. Il aurait pu dire combien il lui serait facile d'ordonner son assassinat même en prison, ou comment il avait tué la dernière personne avant lui. Mais il lui semblât que son nouvel ami Ben était déjà assez effrayé comme cela. Nul besoin d'en rajouter. Son visage s'adoucit alors que ce dernier s'effondrait sur la table en haletant. « Maintenant, emmenez-moi à votre intendante, que je lui expose la situation. » Le domestique ne pipa mot : il s'exécuta sans le faire attendre et sortit de la chambre en boîtant. Merlin décida d'imiter sa démarche et se tint le bras comme s'il avait aussi été touché par sa chute fictive. *Elle va payer.*

*

Quelques jours plus tard, Merlin bouillait encore. Il n'avait plus tenté de revoir Zébella et redoutait même de la croiser dans les couloirs du château. Son corps cicatrisait doucement, mais son ego saignait encore. Quand il pensait à elle, l'écho d'une douleur dardait son entrejambe. Alors il se tenait à carreaux. Il fulminait, seul dans sa chambre, et refusait d'être dérangé par qui que ce soit. Marianne allait bientôt venir le voir pour rapporter les informations qu'elle avait pu récolter auprès d'Adolestine. Selon ce qu'il découvrirait, il enverrait sa missive à Ben. Ou peut-être irait-il lui donner l'ordre lui-même... oui, cela vaudrait mieux, avant que sa peur ne s'amenuise et qu'il nourrisse des idées dangereuses. Soudain, il entendit un bruit de papier près de lui : un domestique avait glissé une lettre sous sa porte. Il s'agissait d'une réponse de Garance De Lieugro. Il s'en empara avec hâte.

Rien qu'en lisant ses premiers mots le qualifiant de Majesté, il avait soupiré d'aise. Quel bonheur de recevoir enfin de la considération dans ce Royaume décrépi ! Elle avait même accepté son cadeau une danse avec lui au Bal. Son cœur bondit en s'imaginant toucher les courbes de Garance : il fut même surpris de la force de son tressaillement. Depuis que Zébella se refusait à lui, une frustration grignotait son esprit petit à petit et lui devenait insupportable. C'était elle qui décuplait sa rage et qui l'avait poussé hors de ses retranchements. Serait-il possible qu'il...? Oui, après tout, pourquoi ne pas tenter ? Si sa joue avait dégonflé d'ici le Bal et lui permette de jouer de ses charmes, il tenterait de la séduire. Elle le fascinait et imaginer leurs corps entrelacés éveillait des pulsions d'une nature différente de ses instincts meurtriers. Cette fois, c'était purement sexuel. Tiens, en pensant au sexe... il était temps qu'il sorte de sa grotte pour envoyer une autre lettre. Merlin garda la réponse de Garance en évidence sur son bureau pour la relire le soir et apposa son sceau sur une autre qu'il avait écrite plus tôt, puis alla la remettre à un domestique. Ensuite, il irait chasser. En attendant de baiser, il pourrait au moins tuer.

Mon cher ami,

Par cette missive, je vous confie mon envie de vous rendre visite demain après-midi ou dans la soirée, à votre convenance, afin de vous remettre un livre sur les plus grands peintres de notre royaume et sur leurs techniques, comme je vous l'avais promis.
Bien entendu, il ne s'agit là que d'un prétexte : je serais ravi de passer un peu de temps en votre compagnie afin de parler d'art, entre autres intérêts que nous partageons.

A bientôt,
Merlin d'Uobmab.



Mots: très beaucoup bis

Rôle:
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Invité
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Mar 11 Oct 2022, 21:22

Chelae
Le Conte
Les muscles tendus de la sœur se relaxaient au fur et à mesure qu'elle écoutait Childéric.

-C'est gentil.

Ses mots lui faisaient du bien. Elle était contente d'être entrée dans sa chambre. Clémentine se considérait très chanceuse : leur famille était unie et il était possible pour chaque membre d'y trouver de l'aide, des conseils, ou au moins une oreille attentive. C'était ce qu'elle chérissait le plus au monde et honnêtement, elle ne savait pas comment elle aurait vécu sans la présence de son frère, sa sœur, et bien sûr son neveu. Elle continuait de lui couper les cheveux, prenant soin d'égaliser les longueurs pour que la coupe soit harmonieuse.

-Tu as sans doute raison.

Les critiques que l'on entendait envers le prince avaient toujours été odieuses. Elle n’y avait pris part d’aucune façon bien entendu, mais n’avait jamais osé hausser la voix non-plus pour le défendre. Elle pensait que ce n’était pas ses affaires et craignait de ne s’attirer les foudres des autres. Or, Clémentine détestait ne pas être appréciée d’autrui. Elle avait cette constante peur de mal faire, d’être mauvaise.

-Oh ! J'espère que tu recevras une réponse positive de sa part. D'ailleurs, comment Adénaïs se porte-t-elle ?

Elle eut un sourire en coin.

-J'irai lui demander tout à l'heure. J'en profiterai pour lui proposer de venir voir ma robe par la même occasion, ainsi qu'à Natanaël. Ce serait plus amusant si nous sommes tous réunis.

Oui, elle adorait lorsqu’ils partageaient des moments tous ensemble. Cette convivialité, même si elle était bien présente au sein de la demeure, lui manquait souvent. Clémentine était droguée à la convivialité.

-Ton ruban et très joli. Le mien est rose avec des étoiles vertes.

Elle leva la tête pour le voir par l’intermédiaire du miroir. Elle ne l'avait pas encore regardé dans les yeux depuis qu'elle était entrée dans cette pièce. Cela lui donna envie de pleurer à nouveau, mais elle se retînt. Il n'était pas charmant pour une demoiselle de pleurer de trop. Cela donnait un genre de pauvre fille chouineuse, et nul ne voulait d’une femme qui ne cessait de se lamenter.

-Oh, ce n'est rien, ne t'inquiète pas. Je crois que c'est une accumulation de petites choses, avec ce bal, le stress, la fatigue... Je crois que ce qui est arrivé au prince était la goutte de trop.

Elle balaya doucement l'air d'un revers de main. Ce n'était pas très grave et elle ne voulait pas dramatiser la situation plus que nécessaire. En outre, si Placide n'était plus en danger, c'était tout ce qui comptait. L’incident était passé et tout allait reprendre comme avant.

-Et voilà. J'ai terminé. Qu'en penses-tu ?

Elle passa une main dans ses cheveux pour le débarrasser des mèches coupées qui s'y promèneraient encore, puis la passa sur ses épaules pour faire de même.

-Je vais appeler un domestique pour nettoyer tout ça.

Elle s'éloignait déjà vers la porte, désireuse de retrouver Ernelle. Avant de sortir, elle se retourna.

-Ca m'a fait du bien de discuter avec toi. Merci.

Elle lui offrit un dernier sourire et s'en alla.

***


-Ernelle, est-ce que je peux entrer ?

Elle n'était pas allée directement la voir. Entre temps, elle avait reçu la réponse du prince. La lettre l'avait rassurée – et fait rougir également. Néanmoins, apprendre qu'il ne pourrait pas participer au bal l'attristait. L'occasion d'échanger avec lui s'échappait, filait entre ses doigts comme un courant d'air, alors que ses mains se refermaient sur le vide.

Elle entra chez sa sœur dès lors qu'elle en eut l'autorisation.

-Pardonne-moi, je ne te dérange pas plus de deux minutes. Je voulais savoir si toi et Natanaël vouliez bien donner votre avis sur la robe que j'ai faite pour le bal ? Elle est dans mon atelier.

Elle attendit sa réponse, avant de poursuivre. Un sourire s’immisça au coin de ses lèvres.

-A ce sujet, nous nous demandions aussi si tu avais un cavalier ?

Les mains cachées derrière son dos, elle ressemblait à ces petites chipies aux airs espiègles. Il fallait dire qu'imaginer Ernelle au bras d'un prince charmant l'amusait beaucoup. Au-delà de cela, et même si cela ne semblait plus comparaître parmi ses objectifs premiers, Clémentine pensait que sa sœur méritait de trouver quelqu'un à aimer. Elle souhaitait de tout son cœur qu'elle trouvât un jour quelqu'un capable de la combler. Celle-ci avait pu compter sur ses frères et sœurs pour élever son fils, mais il n'empêchait qu'elle restât une mère célibataire. La tâche avait, mine de rien, été ardue et Clémentine n’avait eu de relâche d’admirer son courage.

-Childéric a émis l'hypothèse que tu préférerais rester ici.

C'était déjà arrivé. Les mondanités n'étaient pas nécessairement la tasse de thé des d'Ukok, mais d'autant moins d'Ernelle.

-Mais je ne suis pas de son avis. Parce que je pense que ce bal sera particulier.

Au-delà de la place qui lui était réservée, elle avait retrouvé sa bonne humeur et son humeur avait choisi que ce moment serait spécial.

-Comment va Natanaël ? Je ne l'ai pas vu aujourd'hui. J'ai passé la journée dans mon atelier. Au fait, est-ce que tu avances sur tes mécanismes ?

Elle-même n'avait jamais rien compris aux inventions de son aînée, mais elle ne les trouvait pas moins fascinantes. Là où, à première vue, ses boulons et ses engrenages ressemblaient à un amas de ferrailles abruptement orchestrées pour reproduire un mouvement aussi froid qu'automatique, il n'en était rien. Ernelle lui avait appris à apprécier cet art qui l'avait autrefois rebutée. Il fallait dire que l'on y trouvait de l'esthétisme sur un tout autre champ que celui des fleurs, ou même du tissu. Néanmoins, elle était fière de ce que sa sœur était devenue. Mieux : qu'elle put vivre de sa passion était absolument fabuleux. Clémentine trouvait cela d’autant plus admirable qu’elle était une femme, et qu’elle avait toujours parfaitement assumé ses activités. Encore une fois, il en fallait du courage. Un courage qu’elle-même n’avait pas, mais sur lequel elle tâchait de prendre exemple.


~996 mots~
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
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◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Mer 12 Oct 2022, 16:50


Images par BX LU & FiReZ..
Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle:
« Le mien est bleu avec des rayures vertes. Et le votre ? Peux-être connais-je l'identité de votre partenaire mystère. » Tu t'étais laissé penser qu'elle te serait liée une seconde fois, mais tu n'y croyais pas un seul instant. Le conseiller du roi avait sans doute été mis au courant de votre relation pour le bal, et aurait tôt fait de réorganiser les duos afin de tromper l'ennui de l'invitée royale. « Si c'est le cas, je pourrai vous le montrer. De la sorte, vous pourrez prendre le destin entre vos mains : décider de conserver cette alliance ou, si l'élu vous déplait, il nous sera aisé de changer la donne et d'arranger un autre tête à tête, qui vous sierra davantage. » Tu souris, ayant sentit le léger changement de regard chez la bleue. Malgré l'intervention catastrophique de ta mère, tu étais parvenu à limiter les dégâts et à regagner sa confiance, peut-être même son estime. En tout cas, elle ne s'était pas dégagée de ta prise, et cela en disait suffisamment long selon ton expérience. « Mmh, violet à cœurs bleu ? » répètes-tu. Ta réflexion est cependant dérangée par l'arrivée fracassante d'Elzibert.

La surprise se meut en consternation lorsque tu le vois foncer sur toi. Ton instinct reprend le dessus : tu connais cette rage qui gronde dans ses prunelles, pour l'avoir déjà côtoyé d'un peu trop près. Parfois, elle dansait également au fond des tiennes. D'un pas, tu déloges ton bras et t'éloignes de la Princesse, comme pour chercher à l'épargner de la fureur prête à s'abattre sur toi. « Qu'est ce qui t'ar - » Le brun ne te laisse pas terminer ta phrase : son poing vient s'écraser contre ta mâchoire, faisant s'entrechoquer tes dents. Tu tombes à la renverse, emporté par l'élan que tu as mis dans ta veine esquive. Grognant, tu lances un regard rageur en direction de ton benjamin. Une lueur tout aussi menaçante que la sienne habille tes prunelles. Sans lui laisser la chance de s'approcher pour t'asséner une seconde attaque, tu fonces sur lui et le plaque au sol. Le sport n'est pas une activité qui te sied, mais tes nombreuses déconvenues avaient forgé quelques réflexes de survie et développé une hargne teigneuse qui t'élançait dans le combat. Tu avais échappé plus d'une fois à des époux jaloux et protecteurs ; mais il n'était pas toujours possible de te soustraire à leurs poings. Dans ces cas là, tu ripostais farouchement. Si tu n'étais aucunement endurant, tu avais gardé un goût prononcé pour la lutte. Dommage que tu ne fus jamais aussi doué dans cet art que tu l'aurais souhaité. « Qu'est ce qui te prend, merdeux ? » grognes-tu entre tes dents tandis que vous roulez dans un entrelacs de tissus de chemise et de frappes désorganisées. C'était une bonne question. Quelle mouche avait piqué cet agneau docile pour le transformer en une telle furie ? Était-ce de te voir au bras de Zébella ? Tu ne lui connaissais aucun attachement envers cette femme. Ceci dit... La pique d'Yvonnelle, dans la cabane, te revint en mémoire... La femme qu'il convoitait... La blanche avait-elle été mise dans une confidence qui t'avait été refusée ? Un rire sardonique t'échappe tandis que tu te démènes pour reprendre le dessus. « Quoi, tu la veux rien que pour toi ? » chuchotes-tu à l'oreille du brun, de sorte à ce qu'il soit le seul à pouvoir t'entendre. « Il suffisait de me le dire... Je te l'aurai volontiers partagée. » Partagée après le bal, car jusqu'à là, elle serait tienne. Tu abats ton front contre son nez, comme pour te venger de sa première frasque.

L'arrivée de votre sœur vous immobilise quelque peu. Sa vue, pourtant, fait planer un doute pernicieux dans ta poitrine... Et si... Et s'il t'avait surpris en train de l'épier ? Non. Impossible. Si ça avait été le cas, il serait intervenu bien avant. Alors... Était-ce la domestique ? Avait-elle ouvert sa bouche ? Si c'était cela, tu lui ferais avaler sa langue. Pourtant... Tu l'avais vu partir dans le sens inverse à la serre. Elle n'aurait jamais eu le temps de faire l'aller-retour aussi-vite... Avait-elle simplement fait semblant de faire demi-tour pour aller tout raconter à ton frère... Non. Du moins, même si elle l'avait fait, tu refusais de croire que sa parole eu plus de valeur que la tienne aux yeux d'Elzibert. Il devait y avoir une autre explication. D'un geste rageur, tu repousses définitivement le plus jeune et te redresses, essuyant une trace de ton sang d'un revers de main. « Ca va... On se calme. » Essoufflé par votre emportement, tu te retournes vers Zébella. « Princesse, je suis navré que vous ayez eu à souffrir d'une vision aussi peu convenable. » t'excuses-tu. « Mon frère souffre visiblement d'une indisposition émotionnelle, mais ces affaires de familles ne devraient pas se régler sous vos yeux. » Ton regard, empli de rancœur, vacille en direction de l'indomptable. Fallait-il que toute la famille s'y mette, à vouloir t'humilier ainsi ? Lui n'avait eu aucune difficulté à trouver une cavalière, et pourtant, il fallait qu'il vienne coller son nez là où on ne le désirait pas. Une pulsion d'agacement t'enserre les tripes et tu tressailles : tu t'imagines l'assommer d'un coup sur la tête, mais te retiens. De toute façon, tu n'y serais pas arrivé : malgré l'orgueil qui t'en disait autrement, il t'avait plus amoché que le contraire. « Je pense qu'il serait plus sage de remettre à plus tard cet entrainement de danse. Venez, Mancinia va vous raccompagner jusqu'à votre carrosse. » La galanterie aurait exigé que tu la raccompagne toi-même. Mais tu ne voulait pas qu'Elzibert puisse parler librement devant la blanche.

Une fois la porte refermée et la Princesse hors d'oreille, tu te retournes, furibond, vers le duo. « Qu'est ce qui t'a prit bon sang ?! »



« Merlin ! » Tu accueilles le Prince comme s'il s'était agit d'un ami de toujours. L'alcool rapprochait indéniablement et les confidences plus encore. Si vous ne vous connaissiez pas de puis longtemps, l'amitié qui vous liait était, elle, bien plus profonde que celle que tu avais pu tisser avec d'autres gens de ton âge. Vos desseins se rejoignaient et en cela, une complicité s'était nouée. « Est-ce le livre dont tu m'as parlé ? » dis-tu en désignant l'ouvrage que le brun tient dans ses mains. Tu tends la main, pour le récupérer, puis le feuillettes d'un air distrait. « Tout cela m'a l'air passionnant. Allons en discuter dans mon atelier. » L'atelier en question n'était qu'une petite salle, mais dont la véranda laissait entrer une lumière naturelle que tu utilisais pour préparer tes couleurs. « Alors, comment avance les préparatifs pour le bal ? La princesse est-elle à votre convenance ? »

1196 mots
Il vise le nez mais il peut se rater et cogner autre chose.



Merci Kyky  nastae
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mer 12 Oct 2022, 19:32


Les Portes

Les secondes s'écoulaient avec une lenteur effrayante. Qu'allait-il dire ? Qu'allait-il faire ? Je m'inventais tout un tas de scénarii possible et inimaginable jusqu'à ce qu'il réagisse enfin. Je ne pus alors retenir un sursaut. Domestique ? Pourquoi un domestique ? La crainte qu'il subisse la colère de Merlin me saisit sans que je ne puisse agir de quelque façon que ce soit. À la place je ne pus que fixer le duo avec incompréhension en entendait l'échange qui avait cours devant moi. Quel était ce charabia ? Où voulait-il en venir ? Je ne pouvais cependant pas lui donner tout à fait tort. Chaque fois qu'il entrait dans mon champ de vision je sentais la peur froisser mon estomac et je ne pouvais que la subir. La seule fois où j'ai eu satisfait cet instinct dont il parlait, j'ai eu à subir l'ire de mon père, ce qui était bien plus terrible encore. Alors j'acceptais la folie du prince, non par dépit mais parce que je n'en avais simplement pas le choix. C'était un fer de plus qui entravait mes poignées avides de pouvoir juste une fois faire ce que, moi, je voulais sans à attendre l'avis des autres. La suite me fut des plus effroyables. Comme j'y avais songé, la rage de Merlin explosa sur ce garçon qui n'avait rien demandé ni même fait. Son seul crime avait été d'être là, dans ce couloir, à faire son travail. Fixant la scène avec horreur, je retins difficilement une inspiration épouvantée, étouffée de mes mains devant ma bouche. Le sang sur la chaire du garçon me ramena à Placide. Quand est-ce que la violence s'était invitée entre ces murs pour qu'en si peu de temps le sol se trouve ainsi marqué par le sang. Je ne reportai mon attention sur Merlin qu'à l'instant où il fit une nouvelle fois appelle à une domestique. À l'ordre qu'il lui donna, je jetai une vive œillade en sa direction, un frisson glacé remontant mon bras lorsqu'il se saisit de ma main. Ce ne fut que lorsqu'il me relâcha que je sortis de mon mutisme réconfortant. « Je vous suis gré d'accepter mes excuses en consentant vous présenter à mes côtés et m'offrir la première danse. » le remerciai-je avec le plus de contenance que je pouvais offrir ; le peu que j'arrivais encore à exposer. « Votre Altesse. » le saluai-je ensuite en saisissant de chaque côté les pans de ma robe pour lui offrir une ultime révérence avant le quitter, la domestique prenant mes devants.

Il me fallut le temps de nous éloigner des appartements du Prince pour enfin réussir à articuler quoi que ce soit. « J'entends les ordres de votre maître. Il est toutefois inutile de me tenir compagnie ainsi. J'ai déjà une suivante qui remplit ce rôle de façon tout à fait convenable. » soufflai-je avec toute l'autorité dont je pouvais faire preuve alors que les images de ce qui venait de se dérouler avec Merlin tournaient encore dans ma tête. Ce fut l'apparition soudaine de Lénora au détour d'un couloir qui eut le formidable effet d'atténuer l'effroi de ces dernières minutes. « Lénora. Qu'y a-t-il ? » lui demandai-je dans un sourire, un brin apaisé par sa présence, ou, plus explicitement, par son aura qui ne dégageait nulle forme de violence. « Oh ? » réagi-je alors lorsqu'elle m'eut délivré le message de Ludoric. « Merci Lénora. Si vous deviez le croiser avant moi, dites-lui que ce sera avec plaisir et qu'il me tarde de reprendre notre conversation. » répondis-je avec un sourire amène, me questionnant sur ce qui pouvait être si important aux yeux du rouquin. Je m'apprêtai à repartir quand une vive idée s'invita à mon esprit. « Oh, Lénora ? » l'interpellai-je avant qu'elle-même ne reprenne ses activités. « Pourriez-vous présenter Marianne à l'intendante ? » lui demandai-je en effectuant un geste de la main en direction de la domestique. « Son Altesse Merlin d'Uobmab nous a gracieusement confié cette demoiselle le temps que Firmin — nouvellement nommé Ben semblait-il — se porte mieux. ». Je ne précisai pas le genre de mal qui l'avait atteint. Il ne valait mieux pas. « Il est important qu'elle soit au courant de la situation et je tiens à ce que cette jeune femme soit au fait des tâches qu'elle devra effectuer pendant ce temps, qu'elle puisse travailler dans les meilleures conditions. » souris-je avec joie dissimulée. « Oh et, surtout, dîtes à l'intendante de lui libérer au moins une heure par jour jusqu'au jour du bal pour moi. Je vous remercie. ». Une fois confirmation de la servante obtenue, je repris ma marche sans attendre nulle autre réplique. Ce ne fut cependant pas en direction de mes appartements que j'allais. C'était une chose que les d'Uobmab et leur suite ne semblaient pas avoir encore appris me concernant. La raison pour laquelle ma suivante ne me suivait que rarement : je tenais à mon peu de liberté et, en cela, avais en horreur d'avoir un être qui passait ses heures à me suivre. Mon ombre me suffisait.

Me dirigeant vers le parc, je m'arrêtai à nouveau au milieu du couloir lorsque, à nouveau, j'entendis une voix m'appeler. Quoi encore ? pensai-je dans un soupir avant faire face à la domestique. « Qu'y a-t-il ? » lui demandai-je en revêtant le visage de la princesse rêveuse que le monde se plaisait à me donner. « Sir Lavehc souhaiterait vous parler. ». Je ne répondis rien dans l'immédiat. Sir Lavehc ? Ce nom ne me disait strictement rien et pourtant j'avais plutôt une bonne mémoire des noms. Venait-il d'un territoire voisin ? Appartenait-il à la suite de Merlin ? Cette idée me glaça le sang et je priai pour que ce ne soit pas le cas. « Très bien. Conduisez-moi à lui. » fis-je simplement, me questionnant tout le long du chemin sur l'identité de cet homme, retraçant chacune des rencontres que j'avais pu faire. Mais rien ne me vint. La question s'imposa plus encore à mesure que nous nous rapprochions de mes appartements. Ce fut finalement à un petit salon attenant qu'elle me mena, ouvrant la porte dans une révérence. D'abord méfiante, je fus ensuite surprise en découvrant l'identité de celui que j'avais pris pour un inconnu. Sir Lavehc. Bien sûr. « Laissez-nous je vous prie. Je souhaiterais m'entretenir en privé avec lui. Que personne ne vienne nous déranger. » ordonnai-je, prenant tout de même la précaution de fermer la porte à clé une fois la domestique partie. Seulement alors je me permis retirer mon masque sans pour autant faire tomber le voile de pudeur que m'imposait ma condition. « Bonjour Clémentin. » fis-je enfin, profondément heureuse de pouvoir à nouveau échanger normalement avec quelqu'un. « À l'évidence vous avez eu tort en disant que vous risquiez ressembler à un cheval à force de vous en occuper. » ris-je tendrement. « Vous portez fort bien le costume. » ajoutai-je en le détaillant avant l'inviter à se rasseoir. « Il serait aisé de croire que vous êtes nés dans la noblesse à vous voir. ». À nouveau je ne pus retenir un rire, non pas pour cette dernière remarque mais plutôt pour celle à venir. « C'est curieux. Le "vous" a une saveur bien différente en vous l'adressant sous cet apparat. ». Je le dévisageai de nouveau, plus embarrassée. « Le monde est si paradoxal, n'est-ce pas ? Ceux qui possèdent tout cherchent à s'en détacher quand ceux qui ne possèdent rien ne rêve que de s'en emparer. » car il me semblait évident qu'il n'arborait pas le costume simplement par curiosité, surtout à le voir propre et coiffé. Il devait avoir eu à profiter de l'aide de quelqu'un pour ça. « Dites-moi tout. Vous serez présent au bal ? ». Son affirmation me mit dans une humeur assez étrange, singulier mélange de chaleur et d'angoisse, résidu de ma conversation précédente avec Merlin. « J'espère que vous me réserverez une danse. Et si vous avez besoin d'apprendre, je serai ravie d'être votre professeure. » souris-je. Intérieurement cependant, le sourire était encore loin. « Peut-être serait-ce trop demander de savoir quelle âme charitable vous a permit de pouvoir vous mêler à la foule des nobles ? » l'interrogeai-je finalement, curieuse de connaître l'identité de son bienfaiteur, ou sa bienfaitrice. Mon estomac se noua à la réponse comme je sentis l'ensemble de mes muscles se crisper et je sentis le peu de bonne humeur que j'avais récupérée se faner, puis mourir. Le regard dans le vide, je revis le domestique à terre, son visage en sang, assailli des coups haineux de Merlin. Je ne pus alors m'empêcher d'y transposer celui de Clémentin. Le froissement de ma robe sous mes poings serrés devança le pincement inquiet de mes lèvres. Il me fallut plusieurs secondes avant articuler quoi que ce soit. « Clémentin. Faites attention à vous. ». J'avalais ma salive avant détailler ma pensée en sortant tout d'abord le billet que j'avais griffonné à la hâte plus tôt pour le lui tendre. « Je devais vous prévenir. ». J'inspirais longuement. L'évoquer seulement me terrifiait. « Je... Je l'ai vu tabasser un domestique pour l'unique raison que je l'ai surpris en fâcheuse position et... ». Je serrais les dents pour trouver la force de continuer. « Et je crains ce qu'il serait capable de vous faire si... ». Je déglutis. C'est en sentant mes yeux s'humidifier que je me relevai vivement pour me détourner de lui avant qu'il ne puisse apercevoir les larmes rouler sur mes joues. « Pardon. Ce n'est pas convenable de la part d'une Princesse de se montrer ainsi. » fis-je dans un rire gêné en effaçant du bout des doigts les perles humides qui dévalaient mon visage. Mais à peine les effaçai-je que de nouvelles faisaient leur apparition. C'est dans un soupir désemparé que je décidai à cesser de lutter. C'était inutile. « Pardon... » réitérai-je mes excuses sans un mouvement. « Je dois paraître bien ridicule ainsi. » ris-je une nouvelle fois, confuse. Mon monde se brisait en mille morceaux et je ne pouvais rien y faire. Plus le temps passait, plus je voyais les portes de ma cage se refermer sur moi pour enterrer un rêve que certains disaient ridicule. Après une longue inspiration, je retournai m'asseoir face à Clémentin. « Veuillez m'excuser, je me suis montrée bien malpolie à monopoliser la conversation. J'ai la fâcheuse tendance à devenir une véritable pipelette dès que je m'emporte. Vous vouliez me parler m'a-t-on dit. C'était à quel propos ? ». J'espérais que ce changement de sujet mette un terme au ruissellement qui marquait mes joues. Qui plus est, c'était vrai, ça avait été lui qui avait demandé à me parler.
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Ven 14 Oct 2022, 12:18


Image par Fernanda suarez.
Les portes - Chapitre V
Babelda

Rôle:
Montarville esquissa un sourire qui n'avait d'heureux que la façade. Une part de lui-même culpabilisait de se défaire de cette responsabilité en la remettant sur les épaules de sa fille. C'était autant un honneur qu'un fardeau. Mais il sentait sa fin proche, et il ne désirait pas laisser son royaume dans un état de flottement s'il venait à disparaître. Bien sûr, il savait pouvoir compter sur Lambert et Garance pour organiser la régence et combler le trouble de son départ, en attendant que l'un de ses descendants monte sur son trône, mais ces choses là n'étaient jamais aisées : la période anarchique qui suivait toujours ces chamboulements étaient la porte ouverte aux complots et aux attaques extérieures. Là encore, le monarque avait la chance d'être bien entouré et de s'être alloué la loyauté d'un soldat digne de confiance : Childéric d'Ukok s'assurerait que leurs ennemis ne profiteraient pas d'une quelconque faiblesse pour les attaquer. L'un dans l'autre, il y aurait eu des solutions. Mais tout ce remue-ménage pouvait être facilement évité s'il se montrait prévoyant. S'il faisait les choses proprement, peut-être n'aurait-il pas besoin de précipiter son sort et de laisser la mort le cueillir naturellement, comme elle était venue chercher son épouse. Coline serait une reine forte, qui saurait garantir la stabilité du royaume. Elle était la plus solide de sa fratrie, celle qui saurait le mieux garder la tête sur les épaules dans les situations difficiles. Plus il y songeait, plus son père se confortait dans cette conviction. Alors pourquoi perdre davantage de temps ? Mieux valait la préparer dès à présent à son futur rôle.

« Tu es aussi courageuse que ta mère. » La D'Eruxul n'avait jamais été prédisposée à son statut de reine et, pourtant, lorsqu'elle l'avait épousé, elle avait battit ses armes et s'était montrée plus qu'à la hauteur. Le père ne doutait pas une seule seconde que sa fille disposait des mêmes qualités que celles qu'avait démontré l'amour de sa vie. « Ta formation débutera dès maintenant. Je sais que cela te demandera beaucoup d'effort et je m'en excuse mais je ne me fais pas d'inquiétude : je sais que tu en es capable. » Il passa une main tendre sur la joue de sa poupée. « Ton règne sera annoncé au bal. J'ai déjà prévenu ton oncle, il organisera cela durant la soirée. » Le brun exerça une pression sur les mains qui se liaient à la sienne. « Je sais que les choses s'enchaînent rapidement mais je suis là pour t'épauler si tu en as besoin. »



« À sa Majesté Zébella d’Uobmab,

L'échange culturel est effectivement au cœur de notre collaboration et je suis ravi d'entendre que notre mode de vie vous charme tant. C'est un plaisir de vous accueillir au sein de nos murs pour ces moments d'échange.

Votre présence anime la vie quotidienne au château et il serait égoïste de ma part de ne pas faire partager votre engouement avec mes sujets. Je saurai me montrer ouvert pour pouvoir intégrer certaines de vos coutumes au sein des nôtres et, comme vous l'avez habilement souligné, le bal semble être l'opportunité de rapprocher nos traditions. Je vous laisserai discuter de l'organisation avec mon conseiller, Sir Lambert d'Eruxul. Il saura trouver la solution pour intégrer votre divertissement à ce qu'il a déjà mis en place.

Avec mes plus sincères sentiments,
Montarville De Lieugro. »



Le roi fronça les sourcils lorsqu'il remarqua la plume d'hirondelle et la lettre qu'elle cachait. Curieux, il s'en empara précautionneusement et la déplia pour la lire. Les mots s'encrèrent dans son cœur avec une chaleur réconfortante. Montarville avait toujours su que la flatterie n'était qu'un lent poison qui vernissait l'égo d'une œillère imperméable. Il fallait s'en prémunir, et savoir les dépasser pour regarder la vérité en face, combien même cette réalité soit atrocement douloureuse. Pourtant, en cet instant, cette lettre anonyme semblait contenir le remède à ses maux, comme capable d'apaiser les blessures de son palpitant saignant, d'évincer les nuages sombres qui embrouillaient son esprit de mille destins lugubres. Ses derniers mots, en particulier, glissaient comme un baiser au plus profond de son âme. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu ces quelques mots soufflés au creux de son oreille. L'anonymat garantissait une ingénuité de ces sentiments qui manquait parfois au sein de la cour. Bientôt, le monarque se perdit dans ses pensées, imaginant à qui pouvait bien appartenir cette plume. Laquelle de ces dames était suffisamment discrète pour ne pas lui imposer la connaissance de son identité ? Ou bien était-ce là une marque de timidité ?

Les hypothèses amenèrent à sa conscience trois faciès : l'un s'accompagnait d'une pointe de culpabilité, car accepter de tels mots de sa part signifiait trahir la confiance de son plus fidèle camarade. Le second se paraît de gène, car il craignait que ses actions récentes n'aient porté à confusion et qu'on lui prêta des sentiments qu'il n'avait pas. Le dernier, quand à lui, lui arracha un sourire franc : on accusait cette femme de n'avoir pour cœur qu'un appareil aussi mécanique et inhumain que les machines qu'elle côtoyait ; pourtant, elle avait démontré à plusieurs reprises une capacité émotionnelle emplie de tendresse et d'amour envers son fils, preuve qu'elle était capable d'aimer sincèrement.

Montarville fit tourner la plume entre ses doigts d'un air rêveur. Il se savait incapable de retourner ces sentiments à leur propriétaire : son cœur appartenait à un fantôme. C'était là l'amour le plus cruel à briser, car c'était comme tuer la défunte une seconde fois, en lui arrachant ce qu'on lui avait promis à jamais. L'époux se refusait de trahir sa femme une fois de plus en l'abandonnant totalement dans les bras de la mort. Malgré cela, il y avait quelque chose de plaisant et de réconfortant à savoir que quelqu'un était là pour vous apprécier, capable de vous épauler même dans ces moments difficiles. Pourtant, jamais le roi ne songea à sa véritable hirondelle. Elle était bien trop discrète pour qu'il ne la considéra. Elle l'avait si bien prédit : elle n'était qu'un murmure, trop bas pour que ses mots parviennent aux oreilles du monarque.



En apercevant Lambert, en train de l'attendre, Montarville expira un long soupir. Il n'avait pas souhaité que sa lettre le convoqua à ses côtés mais il s'était douté de l'effet. « La vie du prince n'est plus en danger. Mais nous ne sommes pas à l'abri d'une récidive. C'est ce qui m'inquiète le plus. Placide refuse d'expliquer quelle folie l'a poussé à l'acte et, tant que ce mal le rongera encore, il ne sera pas sorti d'affaire. J'ai assigné un domestique à son chevet, afin qu'il ne reste jamais seul. » Car c'était dans ces moments de solitude que le prince risquait de sombrer dans ses cauchemars.

« Garance suivra ma décision, car c'est ce qu'il y a de plus sage à faire. Oui, l'acte de Placide a précipité ma décision, il m'a ouvert les yeux et m'a permis d'y voir plus clair : j'ai finalement fait mon choix, ce dilemme me figeait depuis bien trop longtemps mais, désormais, la solution me parait limpide. » Montarville s'était mis en marche et avait regagné un salon intimiste, qui prêtait aux confidences. Il s'installa dans l'un des sofas. « Mon fils n'est visiblement pas taillé pour porter la couronne. Diable, il préfère se perdre dans les jardins plutôt que de devoir s'entretenir avec des ministres et des conseillers, il fuit les boudoirs et les aristocrates comme la peste. » Était-ce sa faute ? L'avait-il couvé au point de l'étouffer jusqu'à ce que les habitants de ce châteaux lui parussent moins préférable qu'une vigne ? « Quand à Adolestine, elle rêve de s'en aller ailleurs. La désigner comme mon héritière, ce serait comme lui couper les ailes. Briser ses rêves et la rendre acariâtre. Tu es un père, toi aussi : tu comprends qu'il n'y a rien que je ne désire plus au monde que de rendre mes filles heureuses. Je n'ai pas la force de fermer définitivement sa cage à clé. Et puis, ses actions me l'ont prouvé : elle n'est pas prête à endosser un fardeau aussi lourd. Ça la briserait. » En réalité, elle avait essayé de regagner une liberté dont son père la privait farouchement, comme s'il craignait qu'elle prit véritablement son envol loin de lui. « Mais Coline elle... Elle se plait dans cet univers : elle charme les gens et sais les mener à la baguette. Elle sait se comporter correctement en société et à vrai dire, je l'imagine y voguer comme un cygne majestueux. Je sais qu'elle saura davantage se défendre que ses frères et sœurs. » Le roi fit une moue. « Bien sûr, ce n'est qu'une fille : sa carapace cache une adolescente avec des failles, mais ce sera ton rôle de veiller à ce que personne ne s'y infiltre et n'en abuse. » Le brun se pencha vers le blanc. « Comme ce Ludoric par exemple. Je sais qu'il est ami avec Placide, mais je crains que sa présence me rappelle les manigances de son  père. Que penses-tu de lui ? Est-il un bon parti pour Coline ? Garance a l'air convaincu mais je ne me fais toujours pas à l'idée. » Après un énième soupir, Montarville s'enfonça de nouveau dans son fauteuil. « Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est important de présenter une figure forte et fière, pour rassurer nos sujets dans des temps ci troublés par l'action irréfléchie d'un membre de la royauté. Les ragots vont vite et cette nouvelle aura vite fait d'effacer des mémoires le geste de Placide. Mais qu'en est-il de tout le reste ? Tu as visiblement ton propre opinion, alors parle : qu'as-tu en tête ? »



Le De Lieugro passa une main dans ses cheveux pour les plaquer en arrière. Il lorgna sur son propre ruban. Jaune à pois roses. Pendant un instant, il songea à demander à Lambert de changer de ruban. Il aurait pu prétexter qu'il n'aimait pas cette couleur, mais le blanc le connaissait trop bien pour croire à ce bobard. Et dans ce cas, il devrait exposer la véritable raison de ce désistement. Or, cette conversation aurait dû avoir lieu bien plus tôt ; il était trop tard désormais. Sur le moment, il avait été troublé, puis il avait craint que cette révélation ne fragilise leur amitié. Il voulait préserver son meilleur ami autant que lui le protégeait. Il connaissait l'amour qu'il portait à Madeline et, à bien y penser, toutes les vérités n'étaient pas bonnes à entendre... Montarville soupira puis s'empara d'un papier.
« Ma chère Madeline,

Votre inquiétude à mon endroit me touche et je vous remercie. Votre mari est un homme bon et je sais pouvoir compter sur lui pour me soutenir et apaiser mes peines.

Le hasard a cependant bien fait les choses et il se trouve que vous serez en ma compagnie pour une danse et plus encore : nos rubans sont assortis, et je vous devrai un tête à tête après les festivités. Votre amitié m'est chère et je sais que ce temps passé ensemble ne nous trompera pas sur nos sentiments respectifs. J'y vais l'âme légère de savoir que votre cœur n'est plus à prendre et que vous connaissez l'état du mien. Nous pourrons profiter de ce moment comme de bons amis sans nous encombrer d'idées folles.

A très vite pour une danse,
Montarville De Lieugro. »
1995 mots


Merci Kyra nastae

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Ven 14 Oct 2022, 17:00

Les Portes - Chapitre V  - Page 9 Lrvr
Les Portes V - Le Conte II
Zébella




Rôle:

À peine avaient-ils eu le temps de dépasser les présentations que la mère de son cavalier s'invita dans la pièce. Avec retard mais sans remords, Zébella songea qu'il était effectivement peu convenable pour deux jeunes gens de se retrouver seuls mais sa colère avait le don de réduire ses manières en cendres et elle laissa glisser les reproches qui lui étaient adressés sans broncher ; au fond, elle n'avait que faire d'avoir froissé cette femme qui paraissait prête à s'évanouir d'un moment à l'autre. La bienséance était une plaie pour la princesse qui n'aimait pas s'embarrasser de toutes ces règles idiotes mais même elle devait s'y plier, ne serait-ce que pour la réputation des d'Uobmab dans ce Royaume. « Madame d'Etamot. Ne vous excusez pas, je profitais d'une promenade pour venir rendre visite à celui qui m'accompagnera au bal. - Et vérifier qu'il avait la vigueur nécessaire pour tenir son bras, chose sur laquelle elle émettait de sérieux doute - Nul besoin de le couver davantage, ça ne leur réussit pas trop. Je vous présenterai à mon frère, les conséquences sont désastreuses et vous ne voulez pas que votre fils prenne le même chemin. » De plus, gâcher de précieuses heures en prenant le thé en compagnie si coincée relevait de la torture et Zébella réfléchissait déjà à quelle excuse lui offrir pour s'éclipser quand Adénaïs prit congé par elle-même. Parfait, une mégère en moins dans les pattes., songea férocement la bleue, satisfaite de la voir s'éloigner.

Reportant son attention sur son chétif futur partenaire, elle se contenta de renifler indifféremment face à ses justifications. Son malaise était évident et elle ne fit rien pour l'aggraver ou le rassurer. Les mains jointes sur son abdomen, elle le jugeait en silence, avec la conviction croissante qu'elle avait fait le mauvais choix. Venir avec Clémentin aurait été la solution idéale, celle qu'elle se plaisait à imaginer quand ses rêveries l'emportaient avant de dormir, mais c'était aussi une solution impossible. Toute la supercherie ne fonctionnerait que si le palefrenier n'attirait pas l'attention sur lui pendant le bal et que personne ne le reconnaissait. De toute façon, ce n'était pas ce type de danse qu'elle souhaitait initier avec le beau garçon d'écurie.

Son sourcil se haussa imperceptiblement à la poursuite du discours de Déodatus. « Sot ? C'est ainsi que vous qualifiez votre prince ? » Puis avant qu'il puisse s'inquiéter d'avoir fauté, elle pouffa. Il avait du cran, et ça lui plaisait. Que sa remarque soit sincère ou non, l'audace était une arme qui perçait habilement son armure. Pas insensible non plus à la flatterie, elle l'autorisa gracieusement à lui lisser le pelage dans le sens du poil et sentit sa précédente contrariété s'évaporer graduellement. « Vous avez la langue agile, mais j'ai peur que vous n'ayez pas les moyens de vos ambitions. » Son bras s'abattit lourdement sur celui du brun afin qu'il ait un aperçu de sa force et un sourire éclatant illumina son visage. « Voyez-vous, je n'ai pas besoin d'être épaulée. Mais vous m'attendrissez et je suis curieuse de voir comment vous me prouverez être digne d'être mon - Elle fit mine de réfléchir. - chevalier servant ? » Peut-être que si elle l'invitait régulièrement à ses entraînements journaliers, il pourrait mettre à l'épreuve les coutures du chemisier dans lequel il flottait ? Son sourire se fana légèrement. « Danser ? » Releva-t-elle sans chercher à masquer son effroi. Même si Zébella avait appris, car son caractère rebelle n'était pas de taille face aux exigences parentales, devoir brider ses capacités pour sautiller à demi pas et tourner en rond jusqu'à en avoir la nausée était loin de l'idée qu'elle se faisait de passer un bon moment. « C'est que je n'ai guère le temps de m'attarder comme je le disais à votre mère. » Se flattant de sa vivacité d'esprit pour se sortir de ce piège dans lequel il avait voulu l'enfermer, elle plissa ensuite les sourcils de réflexion. « Mon ruban ? Il est violet avec des cœurs bleus. » Elle ne lui demanda pas le sien en retour, peu intéressée par ces frivolités. Il le lui délivra néanmoins, comme si elle allait faire quelque chose de cette information. « Ah vraiment ? » L'ennui montrait le bout de son nez et elle se sentait frémir de l'énergie contenue à faire la conversation avec les D'Etamot. « Comme vous voudrez, oui. » Fit-elle distraitement en refoulant un bâillement. « Mais je ne connais personne ici alors je doute que l'autre détenteur de mon ruban me déplaise. » Sauf s'il s'agissait de Merlin. L'idée l'effraya et elle se promit de mettre ses domestiques sur cette enquête pour s'en assurer, et si besoin, l'échanger avec un autre. Penser à son frère lui rappela la promesse faite tantôt et elle glissa sa main pour recouvrir celle de son interlocuteur et planta son regard dans le sien. La princesse n'avait jamais eu à séduire auparavant, trop occupée à éconduire ou à briser leur égo au bras de fer mais ce qui lui manquait en expérience, elle le compensait en assurance et elle laissa un sourire en coin creuser une fossette sur sa joue. « Votre dévouement me plaît, Déodatus. J'aimerai beaucoup vous offrir l'opportunité de vous faire découvrir les coutumes et valeurs de mon Royaume à l'occasion. » Comprendrait-il le sous-entendu ? Elle s'assurerait que oui dès qu'ils se retrouveraient de nouveau seuls si ce n'était pas le cas.

L'arrivé en trombe d'un nouvel arrivant la fit sursauter et elle recula par réflexe d'un pas juste à temps pour ne pas être emportée par la chute de Déodatus, la mâchoire déportée sur le côté sous le coup de poing. La surprise écarquilla ses yeux et entrouvrit sa bouche. Mais qui était-il pour oser les interrompre de la sorte ? Déjà, ses poings se serraient et les muscles de ses mollets se bandaient. Elle était prête à en découdre avec le malotru qui s'en prenait à son cavalier mais manqua de réactivité, doublée par la fureur de l'humilié.

La violence de leurs corps qui roulaient au sol faisait trembler les meubles et l'oeil exercé de Zébella ne put s'empêcher de noter qu'ils n'étaient tous les deux franchement pas très efficaces. Elle aurait pu aisément les mettre hors d'état de nuire quand elle voyait la pauvreté de leur technique, mais elle n'en avait pas envie. Agacée, elle persifla pour elle-même. « Les hommes sont tous des bébés. » À cet instant, elle perçut la présence plus discrète d'une jeune fille dans l'embrasure. Sans avoir le temps de tirer des conclusions sur l'incident qui venait d'éclater et ses raisons, elle regarda Déodatus se relever, échevelé et essoufflé. Ses lèvres se pincèrent, refusant de verbaliser un jugement suffisamment perceptible dans son regard. Cela confirmait ce qu'elle pensait avant même d'arriver. Ce Royaume était faible, car ses habitants étaient faibles. Elle espéra qu'ils sauraient tous jouir de la paix qui régnait car elle ne durait jamais. La faiblesse attirait les vautours comme des mouches sur un cadavre. « En effet. Quel dommage. » Mentit-elle, ravie d'échapper à son invitation. « Je vais me raccompagner seule, merci pour votre temps. Ce fut court mais très instructif. » Elle jeta un coup d'oeil au frère belliqueux avant de partir et fronça les sourcils. N'avait-il pas un air familier avec quelqu'un qu'elle connaissait ? Mais le temps manquait pour élucider tous les mystères et ses centaines de pompes n'allaient pas se faire toutes seules.

Les Portes - Chapitre V  - Page 9 Zktc


Avec le dos de son bras, Zébella essuya le film de sueur qui l'aveuglait presque. Vêtue d'un simple justaucorps qui laissait ses bras nus et d'un pantalon souple pour ne pas entraver ses mouvements, la princesse se mit à tourner lentement autour de son adversaire, les genoux fléchis. Sa conscience s'harmonisait sur la contraction de chacun de ses muscles tandis qu'elle réfléchissait, fouillant le regard de son professeur pour anticiper sa prochaine attaque. La porte sur le côté de la pièce s'entrouvrit pour laisser entrer un domestique et la princesse relâcha sa concentration une fraction de seconde, suffisante pour que l'homme s'engouffre dans l'ouverture de sa garde et lui enfonce son coude sous ses côtes. Pas assez fort pour les casser, suffisamment pour qu'elle en tire un hématome et pour lui arracher un petit cri de douleur mêlé de surprise. Impassible, son professeur recula. « Vous ne devez jamais relâcher votre vigilance, Princesse. » Il ne craignait pas de représailles de son élève car c'était à sa propre demande qu'il ne l'épargnait pas. Son ancien professeur ayant fait l'erreur de se montrer trop conciliant avait été banni d'Uobmab pour désobéissance et serait exécuté s'il se risquait à revenir. Le souffle coupé, la bleue acquiesça et se força à se redresser malgré la souffrance irradiant de son flanc qui lui commandait d'aller se rouler en boule. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Interrogea-t-elle le domestique en se dirigeant vers un pichet d'eau. « Messire d'Eruxul est là, comme vous l'aviez demandé. » « Ah oui, très bien. Faites-le entrer. »

Après s'être désaltérée, Zébella fit face au conseiller royal, un homme sans âge ni d'autre intérêt à ses yeux que d'être celui qui recevrait ses propositions pour le bal. Repoussant en arrière ses mèches luisantes de sueur, elle inclina brièvement la nuque pour le saluer. « Messire d'Eruxul. C'est aimable à vous de vous être déplacé. » Elle ne s'excusa pas de son apparence, elle se pliait déjà à suffisamment de règles à son goût et commençait à haïr cette manie persistante qu'ils avaient tous ici de s'excuser en permanence, comme s'ils devaient se faire pardonner d'exister. « Pour ne pas nous faire perdre davantage de temps à tous les deux, je vais aller droit au but. Son Altesse De Lieugro vous a certainement déjà mentionné mon souhait de varier les plaisirs au bal et j'ai plusieurs idées, qui me sont venues en réfléchissant à votre jeu des rubans. » Pieds nus, elle quitta le tapis épais sur lequel elle s'exerçait pour aller chercher un parchemin sur l'un des meubles. « Tenez. Une liste non exhaustive des activités que vous pourriez ajouter lors du bal. Je suis certaine que vos sujets verront d'un bon oeil ces nouveautés qui changeront de votre routine. » Affirma-t-elle d'un ton qui ne souffrait pas qu'on la contredise. Pour autant qu'elle sache, Placide avait certainement tenté de mettre fin à ses jours tant la perspective d'un bal l'ennuyait, un sentiment qu'elle pouvait partager mais, dommage fromage, il raterait le seul bal qui valait la peine d'être vécu.

Une main calée sur la hanche, l'autre pointant du doigt la liste remise à Lambert, Zébella explicita pour le conseiller. « J'avais écrit course de chevaux mais à la réflexion, vous pouvez l'ignorer, on n'y verra rien puisqu'il fera nuit. » Elle leva les yeux au ciel, pestant contre la course du soleil qui osait ne pas s'interrompre et contrariait ses plans. « Le bras de fer est ma proposition la plus facile à mettre en place. Pour pimenter les choses, chaque couple lié par un ruban pourra désigner son champion pour l'épreuve. Le perdant aura un gage bien évidemment, qui lui sera donné par l'autre détenteur du même ruban pour compenser l'humiliation d'avoir un partenaire qui aurait perdu. Le gagnant quant à lui pourra soumettre un gage à son partenaire, qui lui devra bien ça. » La princesse souriait de toutes ses dents. Jeu, gages et épreuve de force dans une même phrase ? Elle en lévitait presque d'enthousiasme. Sans attendre sa réponse, elle enchaîna en lui présentant toutes les variantes, du lancer de javelot au saut en longueur en passant par des courses d'obstacles, réussir à tenir le plus longtemps possible sur un cheval non débourré, le tir à la corde. Presque plus essoufflée par l'énumération de ses idées, la jeune fille inspira avant de conclure. « Enfin il y a ce jeu auquel je joue beaucoup qui consiste à former deux groupes qui s'opposeront. À tour de rôle, chaque équipe devra toucher le camp adverse à l'aide d'une balle. Cela demande de l'adresse et de l'agilité et c'est très amusant ! » Qu'est-ce qu'elle aimait voir la balle s'écraser en plein visage de ses opposants, elle imaginait à chaque fois que c'était Merlin qu'elle visait et il y avait eu quelques nez cassés à déplorer ensuite. « Alors, qu'en dites-vous ? Bien sûr, je vous aiderai à organiser tout ça ! » Sans s'en être rendue compte, elle s'était dressée sur la pointe des pieds et sautillait presque sur place, avide d'entendre le saint consentement du conseiller.

Message VI | 2213 mots (j'en peux plus)
Je veux pas casser tous tes scénarii sur ce que tu avais prévu au bal Mitsu, donc aucun soucis si Lambert refuse toutes ses demandes (Zébulk va juste lui faire un clé de bras s'il lui dit non, mais tranquille)



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Min Shào
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Min Shào
Ven 14 Oct 2022, 22:00


Image par Pauline Voß
Les Portes - V



Dans ma vie passée de Princesse, l'une de mes plus grandes armes contre l'adversité était l'indifférence. Je jugeais que, utilisée intelligemment, elle était emprunte d'une violence plus forte encore que la colère. Et face à l'indifférence visible du Roi pour ma lettre, je vérifiai l'hypothèse à mes dépens. Je m'étais infligée ce sort moi-même, c'est pourquoi mon esprit rejetait toute forme de tristesse. Mais elle revenait à la charge, plus pointue à chaque fois, comme décuplée par son rejet. J'avais bien tenté d'obtenir des informations de ses servants, mais le Roi n'avait fait aucune mention de ma confession. On m'avait rapporté des changements notables dans son comportement, le Roi étant devenu soudain plus résolu, mais c'était trop flou pour déclencher un quelconque espoir.

« ...Lénora ! » me rappela sèchement l'intendante. Habituellement concentrée, j'étais devenue plus distraite que jamais et ces écarts de comportement commençaient à attirer dangereusement l'attention sur moi. J'avais beau connaître la noblesse mieux que personne dû à ma naissance, je n'avais pas eu de formation de domestique, et mes lacunes se remarquaient. « Pardonnez-moi. Vous disiez ? » Elle plaqua sa main sur son visage et reprit : « Vous resterez aux côtés de Sire Placide De Lieugro pendant le Bal, et ce à titre exceptionnel, dû au nombre important de domestiques qui sera mobilisé. » - « Avec tout le respect que je vous dois, cela me sera impossible car je servirai Sire Ezidor », lui répondis-je du tac au tac. Cette dernière s'était enflammée face à mon refus, mais retint de me foudroyer sur place en entendant ma justification. « Sire Ezidor ! Vous, le servir ! Et puis-je savoir pourquoi j'en avais pas connaissance ?! » Gronda-t-elle. « Il... il me l'a demandé et je l'ai fait savoir à Pavela, la femme de chambre... mais c'est ma faute. J'aurais dû vous en informer directement, je m'excuse. » Je m'inclinai piteusement. « Oui, tu aurais dû. Je te préviens : si tu ne t'es pas reprise après le Bal, ce sera la porte. Des milliers de jeunes dames mourraient pour avoir ta place. » Une fois de plus, je m'inclinai sans la regarder dans les yeux, en feignant l'humiliation ultime. « Oui, Madame. »

Je tournai les talons et me dirigeai vers notre dortoir, mes pas alourdis par la fatigue. Ma situation n'était plus tenable... il fallait que j'assure mes arrières d'une autre façon. Mais avais-je seulement l'envie de le faire ? Une fois assise sur mon lit, toute ma volonté fondit. J'avais voulu la liberté, mais tout ce que j'avais fait, c'était plonger dans la servitude. J'avais sauté d'une cage pour plonger dans une autre. Naïvement, je m'étais imaginée une toute autre vie pour un domestique. Je pensais être comblée par une existence que je menais uniquement pour moi-même. Mais j'avais découvert avec amertume une toute autre réalité. Était-ce la liberté de travailler du matin au soir, sous les beuglements d'une truie engraissée par le peu de pouvoir que l'on lui avait conférée ? Je n'étais pas taillée pour cette vie.

Je glissai ma main sous l'oreiller en soupirant. Mes doigts glissèrent sur un bout de papier et je me relevai d'un coup sec. Une réponse d'Ernelle ! Mon cœur bondit et je me précipitai près de ma bougie pour la lire. « Encore ton amant secret », marmonna ma voisine de lit. *C'est sûr que ce n'est pas toi qui attirerais le moindre homme à l'horizon, avec tes yeux de vipère.* Feignant l'indifférence, je souris et secouai les épaules comme une adolescente puis mis le doigt devant ma bouche. « Peut-êtreeeee... » *Voilà. T'as compris, maintenant ? Tu iras te coucher sans ton ragot du jour.*

Aussitôt que mon regard se fut porté sur l'écriture grâcieuse d'Ernelle, mon cœur s'allégea et ma colère s'évapora. Je sentais son humour au détour de chaque phrase et je ne pouvais m'empêcher d'imaginer son sourire en coin quand elle l'avait écrite. Je levai un sourcil en lisant le nom d'Hermilius De Tuorp. Je n'imaginais pas du tout mon amie à son bras... il fallait que je lui parle des derniers racontars des domestiques. Quand elle mentionna la famille Royale, en revanche, mon sourire disparut. Comptait-elle le Roi ? Avait-elle appris des choses sur lui ? La curiosité me piqua. Cela me donnait encore plus envie d'accepter sa proposition.

Lui accorder une danse, entre deux boissons à servir, était aussi tentant que risqué. Moi, danser en breloques avec une noble… voilà qui donnerait matière à discuter à cette vipère de voisine. Je vérifiai qu'elle m'avait quitté des yeux et entrepris de lui répondre. Mais je menais une bataille intérieure, pensive. J'adorais Ernelle et je savais que c'était réciproque, mais en me faisant cette proposition, elle savait pertinemment que j'allais m'exposer. Était-ce par désespoir qu'elle me le proposait ou car elle avait une confiance totale en sa capacité à me protéger des conséquences ? ...le cadeau qu'elle joignit à la lettre finit de me décider.

C'était une bague comme je n'en avais jamais vues. Faite de métal et d'engrenages, c'était le résultat d'un travail délicat. Il était évident qu'Ernelle y avait mis tout son cœur. Ma gorge se noua. Je la passai à mon doigt et constatai qu'elle était à ma taille. Son œil était si affûté. Au fil du temps, le souvenir que j'avais d'elle commençait déjà à s'estomper. Chaque détail de son visage que j'oubliais me peinait.

*Bon. Au diable la raison*, pensai-je. Un électrochoc se déversa dans mon corps alors que je me résolus à répondre à Ernelle. Ce Bal serait la fin d'un chapitre et le début d'un autre, c'était certain. Déjà, une idée germait dans mon esprit. Je pourrais quitter le service des De Lieugro pour travailler au domaine D'Ukok... si j'avais une amie à mes côtés, la vie serait plus belle. D'un autre côté, il m'était douloureux d'imaginer une réalité où je n'apercevrais pas le Roi tous les jours. *Mais il faut arrêter de rêver.* Je fermai les yeux en prévoyant ma réponse. Le Bal, c'était une chose. L'après en était une autre.

Ma très chère amie,

Tu ne cesses de m'impressionner ! La finesse de ton art ne connaît nulle pareille. Tu as également le compas dans l'œil, puisqu'elle me va parfaitement. Je la mettrai au Bal. En ta présence, le temps passe trop vite. Ne pas lire l'heure m'épargnera de connaître le temps qu'il nous restera.

Je ne puis refuser ce cadeau, comme je ne puis refuser ta proposition. Si tu souhaites que je garde ce ruban, alors soit. Nous danserons ensemble. Au diable les conventions ! Vivons, dansons la chorégraphie qui nous est offerte par la vie.
(je m'autorisai un sourire en écrivant ces mots.)

Attention ! Si je prends ce risque malgré mes mille et un secrets, ce n'est pas pour le plaisir de retrouver, le temps d'une danse, ma vie d'avant. C'est uniquement pour notre amitié. Alors je compte sur toi pour m'offrir un moment qui en vaille la peine !

PS: on raconte que l'homme dont tu parles a été retrouvé torse nu caché près de dames, dont Clémentine D'Ukok. Cet incident a été rapporté par une domestique de Zébella D'Uobmab.
Je ne sais pas ce qu'il en retourne réellement, mais il serait peut-être bon d'en parler à la concernée. Je souffrirais de te savoir à proximité d'un prédateur. Je l'ai vécu et je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi.

A très bientôt,
L.

Ernelle m'avait donnée matière à penser cette nuit. Petit à petit, mon nouveau monde se craquelait. Je remettais en question toutes mes décisions. Avais-je eu tort de m'enfuir ? Et pour quelles raisons je l'avais fait ? Dans quelle vie serais-je heureuse ? Et était-ce ça l'important, au fond ? Être heureux ? Seule une nuit de sommeil pourrait éclaircir mon esprit. Ou plusieurs, d'ailleurs. *Cinq nuits. Cinq de plus et ce sera le Bal. La nuit où je prendrai ma décision.*


Mots : 1342

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Sam 15 Oct 2022, 11:05

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Le Majordome se tenait aux côtés d'Adénaïs, un verre d'eau en main qu'il lui tendait. Il avait surpris la Dame, adossée au mur, tandis que soudainement prise de vertiges, elle avait dû s'arrêter au milieu d'un couloir. « Madame devrait faire plus attention à sa santé et se reposer, sans quoi vous ne pourrez pas vous rendre au bal. » commenta-t-il en même temps que la concernée se saisit du verre, un sourire ennuyé sur les lèvres. « Vous n'avez pas tort. » répliqua-t-elle avant boire une gorgée. « Cependant, et aussi malade que je puis l'être, je demeure la maîtresse de cette maison. Mes enfants sont grands, certes, mais je les connais et je ne suis pas encore certaine qu'ils possèdent la maturité suffisante pour tenir correctement une propriété. ». Elle expira longuement un souffle fatigué avant reprendre la marche. « Même Yvonelle qui est pourtant engagée avec le jeune d'Ukok a encore le regard frivole de cette jeunesse qui en profite tant qu'elle le peut. ». Le duo tourna en direction du salon qu'elle avait quitté plus tôt pour saluer la Princesse « Il leur manque cette étincelle qui leur fera prendre conscience de la réalité d'être propriétaire terrien et de ce que cela implique, qu'il s'agisse d'un point de vue social comme économique. ». Le désespoir le lui avait fait oublier. Conséquences : elle avait dû fermer plusieurs pièces peu utilisées de sa demeure, lui permettant ainsi d'avoir moins de personnel pour prendre soin de la bâtisse ; le jardinier n'était plus présent qu'à temps partiel ; sa garde-robe vieillissait. On pouvait même voir à certains endroits la peinture s'effriter, notamment sur les dorures des cadres. Elle ne préservait de qualité que le maquillage. Il lui permettait de cacher ses peines, ses souffrances et ses hontes le jour. Il lui faisait revenir les clients fortunés la nuit. Heureusement l'exploitation de la forêt du domaine lui apportait encore un minimum de richesse. Il y a longtemps qu'elle aurait tout perdu sinon, même en se prostituant. « Madame ? ». La blonde releva le visage avant adresser un sourire rassurant au majordome dont les traits étaient tirés par l'inquiétude, comme elle se rassit sur le crapaud à proximité de la cheminée. « Je vous prépare une tisane. » fit-il dans une révérence avant sortir. « Merci Hubert. » souffla Adénaïs en fermant les yeux, savourant plus délicatement la chaleur de la flambée.

Le claquement des mocassins sur le carrelage la réveilla. Elle s'attendait à voir le majordome, pourtant le pas précipité la fit douter. « Madame ! » s'exclama Mancinia en apparaissant dans l'entrebâillement de la porte. Elle semblait réellement paniquée. « Que se passe-t-il ? » la questionna Adénaïs. « Il s'agit de maître Déodatus et maître Elzibert. ». Soudainement inquiète, tout le corps de la mère se mit en alerte. Qu'est-ce qui pouvait bien leur être arrivé ? « Personne ne sait ce qui s'est passé tout à fait. Messire Elzibert est entré en trombe dans le salon où s'entretenaient messire Déodatus et la Princesse d'Uobmab. Il semblait vert de rage et s'est jeté sur maître Déodatus en hurlant tout un tas de choses incompréhensibles. ». Adénaïs papillonna des yeux. Était-on en train de lui annoncer que ses garçons étaient en train de se battre au milieu du salon et aux yeux de tous, y compris de la princesse ? « Ces enfants vont me rendre chèvre... » souffla-t-elle en se relevant. Elle dût toutefois se retenir au bras du fauteuil, perdant à nouveau pieds. Ce fut le moment que choisit le majordome pour revenir, plateau en main, jetant à sa maîtresse un regard plein de reproche. « Combien de fois devrai-je vous le répéter ? Vous avez besoin de repos. » la sermonna-t-il en posant le plateau sur la table basse à proximité. « Comment voulez-vous que je me repose quand on vient m'annoncer que mes enfants se comportent comme des roturiers pour une raison que personne ne semble comprendre ? » s'agaça Adénaïs. En temps normal, elle se serait montrée moins intransigeante. Elle n'était pas la mieux placée pour des remontrances de ce genre et laissait généralement à Hubert la tâche de s'en occuper. Néanmoins, la fièvre l'avait rendue à fleur de peau, aujourd'hui tout particulièrement. Ainsi, une fois l'équilibre retrouvé, elle prit une longue inspiration avant retourner à pas irrité dans le salon qu'elle venait tout juste de quitter, le majordome sur ses talons. Lorsqu'elle arriva sur le pas-de-porte, la blonde eut alors tout le loisir de constater les dégâts. La table abîmée et les quelques bibelots cassés témoignaient de la violence dont avaient fait preuve Déodatus et Elzibert. Quant à Zebella, elle n'était plus là. « Elzibert. Déodatus. ». Elle n'avait pas haussé la voix. Son ton était toutefois autoritaire, cinglant, froid. Yvonelle était également présente. Elle devina cependant facilement que sa fille n'était également que témoin de cette exhibition. « C'est donc ainsi que je vous ai éduqué ? À vous donner en spectacle comme deux bêtes de foire devant une invitée de marque ? ». Bien que Zebella soit déjà partie. Toutefois, et de ce qu'elle avait compris, elle se trouvait encore ici lorsque la rixe eut débuté. « N'avez-vous donc rien d'autre à faire que vous battre ainsi alors qu'il ne reste que quelques jours avant le bal ? » continua-t-elle à les gronder. Elle ne tenait pas à qu'ils finissent par prendre un chemin identique à sien, à jongler entre une pseudo vie de noblesse et une identité que l'on traînait dans la boue. Et cela commençait par un minimum de bienséance en public. Il y a une heure pour la vie en communauté et une autre pour les règlements de comptes. Mêler les deux était un jeu dangereux. Après une seconde à reprendre son souffle, elle se tourna vers Yvonelle. « Yvonelle, sais-tu ce qu'il se passe et pourquoi tes frères en sont venus à se comporter de cette manière ? ». Elle préférait l'avis d'un troisième œil plutôt que celui des deux partis engagés.



Adénaïs relu une nouvelle fois la missive. Elle ne savait plus quoi lui écrire pour qu'il daigne oublier sa pitoyable existence. Peut-être la solution se trouvait-elle là. Le silence. Une autre lui vint en tête. Cela faisait quelque temps qu'elle y songeait en vérité. Elle en souffrait cependant. Peut-être l'effrayait-elle également. Elle craignait cependant également que ne rien faire ne mît en péril l'avenir de ses enfants, Yvonelle la première. Les choses auraient pu être plus simples si elle avait su oublier son époux. Matthias était entré dans sa vie par un arrangement. S'en serait-elle tenue là, sa vie aurait été refaite depuis longtemps. Mais elle avait appris à l'aimer. Elle avait fini par l'adorer à l'excès, au-delà de la folie. En cela elle arrivait à comprendre les transports de Childéric, mais c'était pour cette même raison qu'elle s'obstinait à repousser sa passion. Elle était néanmoins incapable d'énoncer clairement ses refus. Ça aussi la rendait malheureuse. S'il comprenait seulement... Tout, en toi, me plaît. S'il savait Tout, l'aimerait-il autant ? C'est avec cette pensée en tête qu'elle tourna le regard en direction de son ruban. Un sourire heureux fleurit un peu malgré elle sur ses lèvres. Alors, son attention se portant sur le papier vierge sous son nez, elle posa la lettre de son amant sur un coin de table avant ouvrir son encrier et se saisir de sa plume. Pourtant, à l'instant où elle s'apprêta à l'y plonger, elle s'arrêta, laissant son geste en suspens. Finalement elle reposa la plume et se leva. Elle ne savait plus quoi lui écrire ni comment le lui dire pour qu'il daigne effacer son visage de son cœur. Dans quelle langue devait-elle le lui dire ? De quelle façon ? La blonde était à fleur de peau et ces questionnements si simples suffisaient à la mettre à terre. Le bal était déjà proche de toute façon. Elle lui adresserait ces mots de vive voix comme, de toute façon, ils étaient voués à partager une danse.
© ASHLING POUR EPICODE




Mots 1347 | (Elle arrive après la guerre, vous avez le temps de régler les comptes les gosses 8D )
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Sam 15 Oct 2022, 17:55



D'une entente cordiale, Ernelle laissa Clémentine rentrer dans sa chambre. Telle une renarde, la machiniste venait tout juste de cacher sa dernière correspondance secrète sous une pile de notes et articles officiels. Depuis tout à l'heure, elle s'amusait à admirer son ruban, qu'elle trouvait plus beau chaque jour la rapprochant de cette fameuse et tant attendue réception. Il ne lui était guère trop possible de rêvasser alors elle s'attelait sur ses propres préparatifs et anticipaient les moindres préoccupations ou demandes de Natanaël. D'un autre côté, elle était convaincue que ses frangins auraient bien trop de boulot sur les bras pour lui accorder de l'attention. Quelque part, ce bal sonnait comme une sentence sur leur maison : un faux pas dans leur danse et ils s'écrouleront ; personne ne leur tendra la main les aider à se relever. Puisqu'ainsi étaient, hélas, leurs voisins.

" Dérange-moi un peu plus que deux minutes, ma sœur. Je trouve… – un sourire fragile et pourtant espiègle fleurissait sur ses lèvres – le temps long à l'excès. Elle lui prêta une oreille attentive et une spontanéité à toute épreuve. Certains diront qu'Ernelle était à l'instar de ses gadgets : calibrée sur un ressort. Oooh, bien sûr que je t'offrirai mon avis ! J'attendais ce moment avec impatience d'ailleurs, de pouvoir enfin jeter un œil à ce que tu mijotais dans ton atelier. Nonobstant, j'ignore si Natanaël est encore dans les parages. Tu pourras toujours lui montrer plus tard s'il est indisposé, je suis certaine qu'il sera tout autant ravi de t'aider. "

Sur ce point, Ernelle appréciait que Clémentine eût également penser à son fils pour récolter les avis les plus pertinents. Étant né sans père, Natanaël s'était naturellement rapproché de son oncle et de sa tante en guise de substituts, ils s'avéraient alors aussi importants qu'une figure paternelle. En soi, son propre descendant revêtait les apparats d'une clé de voûte, celle qui portait toute la complicité de leur fière fratrie.

Soudain piégée par la finauderie de Clémentine, mais pas moins surprise, Ernelle ne répondit guère de suite à la question de son cavalier. Elle joua la carte de l'embarras, ses joues s'empourprant un brin tandis que son attention voguait sur un élément quelconque de sa chambre. Elle savait que le sujet tomberait sur le tapis avant l'heure, puisque ses frangins s'impliquaient bien plus dans les rouages de la cour qu'elle. En ce sens, il n'était pas aisé d'être affiliée au chef des armées royales, ni de se confronter à l'opportunité qui s'était présentée à la main de sa sœur. Sans une once de scandale, Ernelle sut que Childéric se méfierait. Et le point de vue de Clémentine sur la question allégea la gravité de ce bourbier.

" Il se porte comme un charme. Il me donne l'impression que les enfants sont bien plus excités par ce bal que les adultes. Quant à moi… J'ai longuement réfléchi à quelles fanfreluches je pourrais apporter avec moi. Tu crois que ce serait messéant si j'amène mon haut-de-forme extensible ? Celui qui fait office de chapeau et de parapluie ? Sûrement l'une de ses inventions les plus pratiques de son bordel. Car oui, je me rendrai bien au bal. Je partage amplement ton impression. Un sourire complice redorait ses traits. À ce propos, je suis curieuse. J'ai un peu connu Montarville par le passé, et je n'imaginais pas jusqu'alors qu'il s'intéresserait à nous ; il est plus proche des D'Eruxul, et surtout de ses propres enfants. Donc, ma question… Elle roula plusieurs fois sa langue dans sa bouche. N'importe quelle vipère de la noblesse discréditerait une sérieuse concurrente en lui faisant lorgner le fait accompli sous le nez. Mais Ernelle avait cessé de jouer ces inepties ; elle n'en avait jamais désiré les apparats. Comment te sens-tu ? "

Parce que ce que ne comprenait pas autrui vis-à-vis de cette révélation, ce n'était pas tant que Clémentine deviendrait une potentielle successeuse de Déliséa De Lieugro, ou si ses futurs enfants auront voie à la royauté. Absolument pas. Tout ce qui comptait avant tout, c'était que sa sœur prît sa vie en main comme elle l'entendait. Au diable les rumeurs, au feu les mauvaises langues, il n'y avait rien à retirer de ragots tissant une liaison cachée entre le Roi et sa sœur, ou pire encore. Ainsi, Ernelle se fichait bien de savoir si Clémentine avait un plan depuis le début ou si, étant prise au dépourvu, elle comptait renverser la balance de son côté. Tant que le consentement demeurait de mise, tout irait bien.

" Pour être tout à fait honnête avec toi, j'ignorais comment vous apporter cette nouvelle, à toi et à notre frère. Si je me rends également à cette soirée, c'est parce que je n'ai point décliné l'invitation d'un cavalier. Il n'y avait nul besoin de cacher plus longtemps son faux secret ; ni son inquiétude depuis le post-scriptum de Lenora. C'est Hermilius De Tuorp. La sentence lui glaça le sang. Saurais-tu pourquoi il se serait proposé à moi ? " Cette épine à elle seule lui échappait tant. La crainte qu'elle fût déjà trop enracinée en elle la tourmentait.


899  mots ~



By Jil ♪
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Adriæn Kælaria
Sam 15 Oct 2022, 20:49

Les Portes - Chapitre V  - Page 9 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V


Rôle:

« Tant mieux. » répondit Lambert, soulagé quant à l’état du Prince. Il ne le fut néanmoins plus lorsqu’il entendit Montarville avancer que Garance suivrait sa décision. Il n’en croyait rien. Dès qu’elle le saurait, sa sœur prendrait les mesures qui lui sembleraient adéquates afin de se propulser sur le trône. Le Roi effacé au profit de sa progéniture, trop jeune pour régner, il n’y aurait plus aucune barrière. Coline avait beau être à l’image de sa tante – à savoir une garce ambitieuse et manipulatrice – elle était bien moins expérimentée que celle-ci. Garance n’en ferait qu’une bouchée, c’était évident. L’homme passa sa main sur son visage et écrasa ses narines avec son pouce et son index brièvement, avant de les relâcher en soupirant. En tant que conseiller de son ami, la situation lui paraissait compliquée. « Ludoric… » murmura-t-il, en interrompant sa réflexion sur le choix du De Lieugro et les autres options qui devaient exister. « Honnêtement, Montarville… » Il s’interrompit. « Je ne suis pas favorable à la nomination de Coline mais c’est aussi parce que je pense que tes enfants sont trop jeunes pour avoir eu l’occasion de montrer leur plein potentiel. Décider maintenant, c’est, je pense, prématuré. Placide est encore jeune et lorsque je nous revois à son âge, franchement… nous n’étions que des morveux sans aucune expérience. Tout ce qui nous intéressait, c’était… » Il soupira une nouvelle fois et sourit. « Tu sais bien ce qui nous intéressait. » Il resta silencieux un temps et reprit. « Enfin, en admettant que tu ne veuilles rien entendre et que ton choix soit définitif, je ne pense pas que marier Coline à un garçon comme Ludoric soit une bonne idée. La réputation de son père le précède mais ce n’est pas ce qui m’inquiète. Il me semble que, pour le coup, il faudrait que tu envisages une union forte, avec quelqu’un de plus vieux et expérimenté, qui comblerait les lacunes de Coline tout en l’épaulant. Quelqu’un de droit qui saurait aussi se montrer ferme lorsqu’elle agira plus par caprice que par devoir. » Il passa son index sur le bout de son nez. « Rassure-toi, je ne parle pas d’un vieillard non plus. Il faut un homme séduisant pour la Princesse. C’est pourquoi il me semble que Childéric d’Ukok serait un bon parti. C’est le chef de ton armée et il s’est toujours montré loyal. Il a de la conversation, est un homme convenable, toujours célibataire et, il faut bien l’admettre, est assez séduisant pour plaire à ta fille. » Ce choix lui semblait idéal. « En liant l’intelligence de Coline à la force de Childéric, cela pourrait fonctionner. Ils formeraient un couple royal parfait sur tous les aspects. »




« Princesse. » prononça Lambert, sans prendre en considération la tenue de Zébella. Ce genre de détails ne le dérangeaient pas le moins du monde. Il tentait surtout de ne pas songer à sa femme et à ses manières étrangement trop séductrices pour une simple demande. Le spectacle qu’offrait la bleue n’était donc pas pour lui déplaire. Pendant qu’il pensait au fait que les femmes devraient toutes savoir se défendre, il ne pensait pas au reste. « Tout le plaisir est pour moi. Nous n’avions pas encore eu l’occasion de nous croiser. » Il prit la liste et la parcourut, en ne prêtant pas attention au ton de la fille du Souverain d’Uobmab. Il allait l’écouter, puisque Montarville le souhaitait, mais il n'acquiescerait que si les propositions lui plaisaient.

Au fur et à mesure de l’énumération de ses idées, il fut pris d’un sourire qu’il n’arriva à cacher qu’au début. À la fin, il laissa même échapper un rire. Cette fille l’amusait. Elle semblait pleine de vie et tellement motivée que c'en était presque touchant. « Princesse… J’entends ce que vous me dîtes mais vous oubliez un détail fondamental : les dames seront presque toutes en robe et en talons hauts. Je crains que leur proposer ce genre d’activités ne leur cause plus de honte et de tort que d’amusement. » Il la regarda. « Toutes les femmes ne sont pas aussi portées sur le sport que vous, même si je trouve qu’il s’agit-là d’une qualité. » Il posa son index sur le bout de son nez et le frotta doucement. « Voyons… Comment pourrions-nous réaliser vos idées sans mettre en péril la cheville d’une invitée ? » Il réfléchit. « J’aimais beaucoup cette idée de course de cheval. C’est vrai que ce serait dommage de la faire de nuit. Néanmoins, si vous voulez réellement apporter de la compétition au jeu du ruban, peut-être pourrions organiser une course et faire monter la femme sur le dos de l’homme. L’homme tiendrait office de monture. Bien entendu, ce sera peu confortable avec les robes mais toujours plus facile à réaliser que le reste. L’homme victorieux pourrait demander un service à la femme qu’il a fait gagner et le dernier recevrait un gage de la part de sa compagne, pour sa piètre performance. Qu’en dites-vous ? » Il réfléchit encore. « Quant aux femmes, puisqu’il ne s’agit pas de faire travailler que les hommes, n’est-ce pas ? » Il se tut et chercha. « Nous pourrions leur bander les yeux. Sous les indications de leur partenaire, elles devraient réussir à trouver un objet ou… mieux… ! sans aucune indication réussir à retrouver leur partenaire dans la salle. Bien sûr, les convenances voudraient que les femmes ne touchent pas les hommes mais il s’agit d’un bal après tout… » Avec la nouvelle de la succession, il lui paraissait clair que tout le monde chercherait à boire et à oublier. « La première femme à retrouver son partenaire lui donnerait un gage et, inversement, la dernière femme recevrait un gage. » Il sourit. « Et, bien entendu, Princesse Zébella, rien ne vous interdit d’organiser un concours de bras de fer dans un coin de la salle avec les invités désireux de participer. Je me joindrai moi-même volontiers à vous. De même si un concours d'alcool vous tente. » En tout cas, lui, voudrait boire pour oublier.




Lorsque Lambert eut fini, il retourna dans la chambre qu'il occupait au palais. Il avait reçu une missive de Garance. Il la lut, la relut et se demanda ce qu'il convenait de faire. Il préféra attendre d'avoir l'esprit plus clair. Lui envoyer une lettre maintenant ne serait pas une bonne idée et, de toute façon, elle avait raison : il valait mieux qu'ils discutassent, de préférence sans que leur conversation ne pût laisser de traces.

1029 mots



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Adriæn Kælaria
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Sam 15 Oct 2022, 22:31

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Les Portes - Chapitre V


Rôle:

« Hermilius, je ne t’excite pas ? » Le concerné était allongé sur le lit de la fille – officiellement encore vierge – de Madame d’Ediputs. Il avait toujours aimé la façon dont elle avait de dormir avec de nombreux coussins. Lorsqu’il venait, il s’y adossait et laissait la demoiselle s’occuper de lui. C’était une de ses plus belles réussites, un plan qu’Eléontine et lui avaient échafaudé longuement. Le trésor de la Dame, sa fille unique, d’une pureté soi-disant intouchable, avait fini par lui ouvrir ses cuisses. Depuis, il venait la voir de temps en temps, afin de l’exercer aux choses de l’amour. Jonquille était une brave petite et il adorait les frissons qui le prenaient à savoir sa mère non loin. Il devait parfois étouffer les cris de la colombe dans ses fameux oreillers. Ça l’excitait. Normalement. « Je suis préoccupé. » dit-il. « Peut-être que si j’y mettais ma… » « Assis toi à côté de moi cinq minutes. » la coupa-t-il. Ça ne changerait rien. Il n’avait pas l’esprit à ça. Il avait cru que ça lui changerait les idées mais la silhouette prude de Clémentine ne cessait de le hanter. Il s’était montré peut-être un peu trop prévenant avec elle. « Raa. » râla-t-il, en laissant sa tête rejoindre totalement les coussins. Comment se faisait-il qu’à chaque fois qu’il draguait l’une de ces écervelées avec des manières parfois discutables, les choses fonctionnassent toujours ? Pourquoi est-ce que pour une fois qu’il tentait de faire les choses bien, la femme en question lui semblait inaccessible ? C’était si long et si peu gratifiant. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-elle, en caressant la peau de son torse avec l’une de ses mains. « Un ami à moi est épris de Clémentine d’Ukok et elle ne semble pas sensible à son charme. Il me demande des conseils que je ne saurais lui donner… » « Clémentine d’Ukok ? Cette femme sera encore vierge à la ménopause si tu veux mon avis. » Il l’avait peut-être trop dévergondée.  « Tu sembles bien renseignée, dis-moi. » « J’ai une amie qui craque sur le fils de sa sœur, Natanaël. » « Encore maintenant ? Alors qu’il est fiancé ? » « Oh ça n’empêche pas. Regarde, je ne vais sans doute pas tarder à me marier et on se verra toujours après. » Hermilius sourit. Ça dépendrait de l’identité de son mari, dans un premier temps, et, dans un second, de la suite de son projet avec Clémentine. « Cela dit, sa mère a l’air de le couver beaucoup trop. Je plains un peu Yvonelle. Dès que la mère va comprendre que son fils lui échappe, ce sera la guerre. » Hermilius écoutait maintenant d’une oreille distraite. « En plus, apparemment, ils auraient déjà consommé, sans attendre le mariage. » « Oh c’est bien plus courant qu’on ne le croit. » commenta-t-il. Eléontine et lui adoraient orchestrer tout ça, bien qu’il ne s’en chargeât pas souvent personnellement. Il préférait tirer les ficelles. Jonquille avait été un cas particulier. Elle avait été présentée comme si pure et si bien éduquée qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. Et puis… elle lui rappelait un peu Coline. Rien de tel que coucher avec Jonquille pour se rappeler du corps offert de la Princesse.

Après un petit silence, Jonquille se décala un peu pour poser sa tête sur lui. « Ton ami pourrait essayer de l’approcher au bal, même si elle y va avec le Roi. C’est un peu risqué mais elle saura peut-être apprécier ce risque… » Hermilius lui sourit. « Je lui ferai part de tes conseils avisés. » Rien n’était avisé dans ces conseils. Pour qui le prenait-elle ? Il y avait déjà pensé. Il avait également songé qu’aller au bal avec Ernelle lui permettrait de se rapprocher de Clémentine. Il mettrait un point d’honneur à clarifier la situation auprès de la femme de ses pensées : il ne s’intéressait pas à Ernelle – en plus elle avait déjà un gamin et rien n’était plus agaçant qu’un moufflet. Eléontine l’aiderait dans tous les cas. Quoi qu’il en fût, il était certain qu’Hermilius était prêt à beaucoup de choses pour se marier à Clémentine, même de bassesses. Il préférerait ne pas y avoir recours mais il n’avait pas l’intention de la laisser filer. Le plus gros souci, et non des moindres, était surtout le frère de cette dernière. Childéric n’était pas dénué de pouvoir. Il lui faudrait éviter d’éveiller trop l’intérêt et, surtout, le courroux de ce dernier. Cela dit, Eléontine savait y faire pour endormir les consciences.

Comme il ne semblait plus vouloir discuter davantage, la main de Jonquille se fraya de nouveau un chemin vers son bassin. Oui, il l’avait vraiment trop dévergondée. Elle l'était assez pour éveiller son entrejambe mais trop pour lui ôter sa lassitude. Il couchait beaucoup mais ça ne lui procurait plus autant de satisfaction. C'était plus par habitude, comme un drogué. Ce qu'il voulait, c'était Clémentine.

835 mots



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 16 Oct 2022, 05:25



Les Portes


La rage me griffait tellement l’estomac que je n’entendis pas les protestations de Déodatus. Il aurait eu beau me traiter d’enfant de putain que l’insulte serait restée lettre morte. Je désirais simplement voir sa face de pet se déformer sous mes assauts, tout en sachant pertinemment, au fond, que son comportement n’était pas plus étrange que le mien. Tenter de regarder sa sœur et coucher avec revêtaient d’ailleurs une différence de degré importante. Cela dit, en ce qui me concernait, Yvonelle était consentante. Elle connaissait mes intentions et nous partagions une intimité qui était, certes, discutable, mais qui n’avait de problématique que le jugement du monde extérieur. Alors que lui… lui était un sale voyeur et si je ne l’avais pas aimé comme un frère, s’il n’avait pas été mon frère, je l’aurais probablement détesté. Aussi, la douleur caractéristique qui embrasa mon nez me parut secondaire, comme si mon corps entier avait été anesthésié par l’adrénaline. Ce fut le cas jusqu’à l’arrivée d’Yvonelle. Je vis quelque chose changer dans le regard de Déo, qui poussa le mien à s’écarter du vide de la colère pour venir s’ancrer sur les chaussures de notre sœur. Comme le corps de mon frère mollissait, le mien suivit le même chemin. Ça aurait pourtant été le moment idéal pour lui rendre son coup. Je n’en fis cependant rien et me relevai après un soupir qui eut l’avantage d’emporter avec lui un peu de ma rancœur. Je me redressai, sans faire grand cas de la Princesse Zébella. Déodatus était, de toute façon, déjà occupé à lui sortir sa plus belle langue aux fins d’un léchage en bonne et due forme. Je soupirai, cette fois d’agacement, avant de croiser les bras sur mon torse et d’amener l’une de mes mains à mon nez. La douleur commençait à irradier, au niveau de l’arête. Je ne saignais pas mais j’aurais probablement un hématome ou une bosse, en plus de la sensation désagréable que produisait toujours un coup à cet endroit-là.

Mon regard ne se posa pas tout de suite sur Yvonelle. Il resta fixé sur le voyeur, comme s’il désirait encore le broyer. Je n’étais qu’un amas de sentiments négatifs, de ressentiments puissants envers lui. Il me demandait ce qui m’avait pris ? Sérieusement ? Et lui ? C’était quoi, son souci ? Est-ce que ça le faisait bander de penser à notre sœur nue ? Est-ce qu’il avait déjà provoqué ce genre de scènes, précédemment, sans que je ne fusse là ? Les paroles de la blanche avaient beau créer un doute raisonnable chez moi, il n’en demeurait pas moins que je restais à demi convaincu qu’elle n’était pas au courant. C’était soit ça, soit… « Hum. » fis-je, en refusant de le considérer de nouveau. Il me faudrait demander à Yvonelle lorsque nous serions seuls. « Laisse tomber. Si t’es trop con pour comprendre, je ne vais pas te mâcher le travail. » finis-je par me justifier, peu désireux d’entrer dans les détails devant elle. Je n’avais pas envie de la mettre dans une position délicate, surtout s’il s’avérait que mes doutes n’étaient fondés sur rien d’autre que ma jalousie. Cela dit, ce serait probablement pire si mes hypothèses s’avéraient justes. Je ne pouvais pas envisager qu’ils couchassent ensemble. Néanmoins, que Déodatus eût des comportements inappropriés me semblait plus que probable. La question restait : à quel point ? Et à quel point en souffrait-elle en silence ? Je me raclai la gorge, de nouveau agacé. Si tel était le cas, je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu’elle ne m’en avait pas parlé avant, ou à l’autre blond. Il me fallait clarifier la situation et vite, sinon j’allais devenir complètement fou.

Je baissai les yeux lorsque notre mère nous sermonna. Le problème avec la crise d’adolescence, c’est qu’elle ne s’encombre pas d’une quelconque considération pour les parents. Puisque nous n’avions qu’Adénaïs, elle devait gérer la totalité des ravages de nos hormones seule, ainsi que tout ce que ces dernières provoquaient de mépris ou de colère envers sa personne. Actuellement, même si je n’osais pas ouvrir la bouche, je n’en pensais pas moins. Pourquoi est-ce qu’elle prenait les choses ainsi ? Alors même qu’elle n’était au courant de rien ? En quoi est-ce que ça la regardait, au final, que l'on s'étripât ? Éducation ? Savait-elle que Déodatus était un pervers ? Elle nous engueulait dans le vide, sans savoir. Et si elle avait su, qu’aurait-elle fait ? Étouffer l’affaire ? Gronder son chouchou comme s’il avait cinq ans ? Elle était aveugle à ce qu’il se passait sous son nez et ce n’était pas avec son corps traversé par la maladie qu’elle pourrait se permettre une quelconque contrainte envers nous. Plus le temps passait et plus nous prenions en force, bien que le corps de Déodatus me parût étrangement ingrat à présent. Personne ne voulait aller au bal avec lui, à part une Princesse étrangère qui ne l’avait jamais vu avant aujourd’hui ? Franchement, ça ne m’étonnait pas. Quant à notre mère, elle ne possédait qu’un reste d’autorité qui s’expliquait par notre lien de parenté plus qu’autre chose. Néanmoins, si je pensais que j’aurais pu lui répondre, je n’en fis rien. Il y a une différence entre penser à se rebeller et le faire réellement, avec toutes les conséquences que cela implique. Je restai donc silencieux, à attendre que ce moment se terminât.

882 mots - Elever des ados sans perdre son calme, c'est tout un art. Bonne chance Les Portes - Chapitre V  - Page 9 943930617
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Dim 16 Oct 2022, 08:47




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


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Rosette avait le tournis. Elle était perturbée par ce qu’elle venait d’apprendre, et elle détestait voir sa mère pleurer. Pourtant, il lui fallait se rendre à l’évidence. Son maquillage était ruiné par les sillons dévastateurs de larmes qui avaient osé couler. Lorsque la main de la bleue caressa son épaule, elle ferma les yeux quelques secondes. Elle sentait bien qu’elle lui mentait, mais elle ne dit rien. Ce n’était pas tant pour respecter le vœu de silence de sa mère. Déglutissant, l’adolescente obtempéra, se laissant guider vers le fauteuil de la coiffeuse et se laissant presque tomber dedans. Il était bien possible qu’elle s’évanouît, oui. Dans le miroir, elle détailla le reflet de sa mère. C’était une femme à la carrure impressionnante, de stature haute, et pourtant, son cœur était parmi les plus tendres que Rosette eût jamais connus. Ses mains recelaient une douceur que rien dans son physique ne laissait présager. Elle était comme une armure qui aurait abrité un oisillon nacré. La rousse inspira et ferma à nouveau les yeux, se laissant porter par les sensations que créait le chemin de la brosse dans ses longs cheveux. Elle n’ouvrit un œil que pour regarder la plume que sa mère venait d’extirper. Elle appartenait à Hauru, qui avait tant charmé Clémentin, qui le charmait depuis des semaines… Elle déglutit encore. « Ce n’est rien, ça va passer. » Elle n’avait pas envie d’infliger à sa mère un tourment supplémentaire. Surtout, elle n’était pas certaine de vouloir en parler. Elle avait peur de s’entendre dire que c’était de la folie ou, pire, qu’il était honteux qu’une jeune fille de son rang pût recevoir des poèmes d’un vulgaire garçon d’écurie. Pourtant, l’insistance de sa mère eut raison des barrières qu’elle s’imposait ; c’était le pouvoir de certains parents, d’être capables d’extirper la vérité et les confidences des lèvres de leurs enfants. C’était, du moins, celui de Madeline, car Rosette partageait avec elle une complicité particulière. « Depuis quelques semaines, je reçois des poèmes, qu’on me laisse régulièrement dans la volière. » Elle inspira. « J’y étais tout à l’heure, et le garçon qui m’écrit aussi. Je ne savais pas qu’il serait là, bien sûr, et ne t’inquiète pas, il ne m’est rien arrivé de mal. » s’empressa-t-elle de préciser, de peur que sa mère ne se fît une frayeur. « Ce qui m’a perturbée, c’est que jusque-là, je ne savais pas qui c’était, et honnêtement, je ne m’attendais pas à voir le palefrenier du palais. » Elle termina dans un murmure, les yeux grand ouverts et fixés sur le reflet de la bleue. « Il m’a proposé de le retrouver au bal. C’est étrange, non ? » Elle venait de s’en faire la réflexion, toute troublée qu’elle était. « Comment un garçon d’écurie peut-il se rendre à un bal royal ? » Ce n’était pas le fond du problème, mais elle préférait l’aborder sous cet angle. Elle avait peur de la réaction de sa mère, peur qu’elle gâchât tout ou qu’elle rendît tout terriblement attrayant.



Ayant terminé sa lettre à Yvonelle afin de décommander les leçons de danse pour aujourd’hui, Rosette tira une autre feuille jusqu’à elle. Son ruban, d’un vert délicat et parsemé de fleurs roses pâles, trônait devant elle. Elle le scruta, sa plume suspendue au-dessus du parchemin, indécise et excitée à la fois. Finalement, elle la posa sur le papier et écrivit.

Monsieur,

J’ai dû vous paraître bien froide et j’en suis désolée. Je ne m’attendais pas à une telle déclaration de votre part, je dois vous l’avouer. Comme vous, j’ai conscience que bien des choses nous oppose, et cependant, je ne parviens guère à m’ôter de la tête tous les beaux vers que vous m’avez adressée. Nous ne nous connaissons pas, mais déjà je peux affirmer que vous êtes un homme plein de surprises. Quel étonnement de vous savoir invité au bal ! Je n’ai pas su vous répondre plus tôt, mais j’aimerais désormais vous affirmer ma volonté de partager une danse avec vous. Je ne crois pas que ce soit très sage, mais je ne pense pas non plus que cela puisse nous causer du tort, à l’un comme à l’autre. Accepteriez-vous d’être mon cavalier pour une valse ?

Et j’ai une autre question : j’ai devant moi un ruban vert à fleurs roses. Se pourrait-il que le destin s’amuse de nous et que vous ayez le même ?

À bientôt,

Rosette d’Eruxul



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Dim 16 Oct 2022, 08:50




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Garance passa le doigt sur la bordure de la missive de Childéric d’Ukok, songeuse. Il avait raison de s’inquiéter. Elle craignait, et probablement pas à tort, que l’annonce quant à la succession de la couronne ne créât quelques remous. Bien que rien n’eût jamais été officiellement établi, la préférence était toujours allée à Placide, si bien que l’on avait fini par ne plus imaginer l’une des princesses sur le trône. Que Coline pût y monter surprendrait. Ceux qui la connaissaient seraient sans doute consternés, aussi. La blonde l’était. Consternée, et en colère. Elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en discuter avec son frère, mais avait la ferme intention de lui rappeler quelques bases élémentaires du bon sens. Le fait qu’il eût pris cette décision sans la concerter l’agaçait au plus haut point et la poussait à croire d’autant plus qu’il s’agissait d’un choix hâtif pris sur un coup de tête. La tentative de suicide de Placide l’avait sans doute bouleversé, trop pour qu’il eût encore les idées claires. S’il avait véritablement fallu nommer un successeur en urgence, quelqu’un qui fût capable et digne de diriger le royaume, il aurait pu et sans doute dû penser à elle. Ce manquement laissait dans sa bouche un goût amer. Elle pouvait lui proposer un départ à la retraite anticipé et d’assurer la régence en attendant que Coline fût en âge de gouverner ; mais la fille était moins malléable et tranquille que le garçon, elle ne laisserait pas sa tante agir comme bon lui semblait. Elle pouvait le tuer avant l’annonce, mais ce serait soupçonneux. Elle pouvait le tuer après, et tenter de faire porter l’accusation sur l’une ou l’autre des nobles familles. Il lui faudrait ensuite se débarrasser de Coline, ce qui ne serait peut-être pas aussi aisé que de pousser Placide à ôter la couronne que l’on avait voulu lui imposer. Sa nièce était bien plus ambitieuse. Des trois enfants, elle était probablement la seule qui pût porter le poids de la royauté sans flancher – là-dessus, son frère ne se trompait guère.

La blonde replia la lettre et la rangea dans son secrétaire. Au même moment, on lui annonça l’arrivée de Madeline d’Eruxul. Sans se presser, elle se dirigea vers le petit salon de ses appartements, où elle avait décidé de la recevoir. Lorsque celle-ci entra, elle la détailla, curieuse. Sa lettre était nébuleuse, trop pour ne pas susciter à la fois son intérêt et sa méfiance. « Dame d’Eruxul. » salua-t-elle poliment. Derrière elle, les rayons d’or du soir balayaient la rase campagne. Ils s’engouffraient dans la pièce et y projetaient sur le sol des ombres étirées. « Je vous en prie, asseyez-vous. » Sa main désigna l’un des fauteuils, puis elle prit place sur le second. Une table basse les séparait. Une bien maigre barrière, sans doute. Garance posa les yeux sur sa surface lisse et froide ; elle la trouva ressemblante au début du discours de son invitée, une simple façade venue draper leurs différends pour ne refléter que des masques vertueux. Entendre son prénom sonner dans sa bouche l’agaça, mais elle n’en laissa rien paraître. Quoi qu’elle souhaitât, cela relevait visiblement de l’intime. L’intime lié à la condition de femme. Lorsqu’elle prononça sa question, pourtant, la surprise s’instilla dans le cœur de la sœur du roi. Avait-elle réellement demandé une séance en sa présence pour étaler devant elle ses déboires amoureux ? La blonde haussa les sourcils, mais répondit néanmoins : « J’en pense qu’il est un collègue avisé, un peu naïf peut-être, un bon ami pour le roi et un soutien important pour la couronne. » Elle la regarda, dubitative. « Et qu’il a épousé une femme dont l’audace en surprendrait plus d’un. » Ses yeux bleus sondèrent le visage de Madeline. « Audace » pour ne pas dire « bêtise ». « Je n’ai guère l’intention d’être mêlée à vos histoires de couple, madame. Si vous doutez de votre mari, je ne peux que vous conseiller d’en parler avec lui, puisqu’il ne se répand pas en mensonges à votre encontre, mais ne croyez pas pouvoir trouver des réponses auprès de moi. » Elle se tut, puis reprit : « J’espère que vous êtes venue pour me parler d’un sujet plus sérieux, sinon, je vais devoir vous demander de prendre congé. » Et de cesser de me faire perdre mon temps.



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Le temps s’arrêta. Toujours, il se jetait dans ces instants-là, et se lovait dans leurs creux jusqu’à s’y fondre tout à fait ; il remplissait les ennuis et écartait les soucis. Ludoric aimait ces moments pour cela, parce qu’ils réunissaient tous les infinis en une poignée de secondes, et parce qu’ils répandaient dans son cœur et son corps des mélodies endiablées de désirs inachevés. Il les détestait pour la même raison. Ou plutôt, il les craignait ; il aurait pu s’y perdre et cette perspective le terrifiait. Pourtant, ses lèvres jointes à celles du prince, il n’y songea pas. L’idée ne l’effleura même pas. Il se sentit simplement bien, bien et prêt à toutes les folies du monde. Il avait déjà eu trop peur. Trop peur de le perdre. Et s’il devait le perdre, alors il regretterait tout ce qu’ils n’avaient pas osé accomplir. Il voulait profiter de sa présence avec une intensité toujours renouvelée. « J’aimerais bien, pourtant. » souffla-t-il, à mi-chemin entre le soulagement, l’amusement et le sérieux. Ce garçon le rendrait fou. « Un marathon, hein ? » C’était un impossible qui lui arracha tout de même un sourire, sa silhouette toujours penchée au-dessus du blond, ses paumes enfoncées dans le matelas autour de son oreiller. Il se décala lorsque Placide initia un mouvement, pour s’asseoir sur le rebord de son lit. Il regarda la clef, puis son amoureux, le cœur battant. Déchiré entre deux polarités ; celle de ses désirs et celle de ses peurs. Il inspira. « Tu aurais pu les éviter, les têtes d’enterrement… » Il déglutit. « Pardon. » C’était bête et méchant. Il n’avait envie d’être ni l’un ni l’autre. Il appréhendait, c’était tout. Quoi, au juste ? Que quelqu’un pût entrer ? Qu’on les soupçonnât de quelque chose ? Qu’on les découvrît ? Ce qu’il se passerait lorsqu’ils seraient rien qu’eux d’eux, enfermés dans cette chambre ? Ce qu’il se passerait quand le fils du roi poserait sur lui le bleu terrible de ses grands yeux ? Ce qu’il se passerait s’il l’effleurait ? Il répéta : « Deux fois rien, oui… » Un temps passa, puis, sans rechigner, Ludoric prit la clef, se dirigea vers la porte, l’introduisit dans la serrure, la tourna et la laissa là, avant de pivoter vers le prince. Sa poitrine allait exploser – du moins était-ce l’impression qu’il avait. Son palpitant bondissait contre ses côtes. Il faisait vibrer toute sa cage thoracique d’un chant exalté. La cadence ne diminua pas quand Placide tendit les bras vers lui, encore moins quand il parla. L’ébauche d’un sourire gribouilla les lèvres du rouquin. « C’était franchement mérité. » Il s’approcha, jusqu’à s’asseoir sur le lit, puis à s’y étendre. « Mais je t’accorde quand même le câlin. » Ses bras l’entourèrent. « Ce sera mon acte de charité de la semaine. » chuchota-t-il en glissant une main dans ses cheveux, et son visage sur sa clavicule.

Alors qu’il allait dire « ne recommence jamais ça », le blond le devança. Ludoric se blottit un peu plus contre lui, passant sa jambe par-dessus les siennes. Ses mains lui semblaient brûlantes. Un frisson courut dans son dos. Dans son bassin dansaient des sensations délicieuses, de celles qu’il réprimait souvent en sa présence. Il ne le fit pas. « Tout le royaume croit que tu as voulu te suicider, et je suis certain que les rumeurs quant aux raisons d’un tel acte pullulent. » Il soupira. « Et tu ne seras pas au bal, j’imagine, alors… » Qu’allait faire le roi ? Allait-il annoncer quelque chose ? Il conviendrait qu’il eût au moins un mot pour son fils malade, ne serait-ce que pour faire taire les langues de vipère. Il pensa à Coline. « Je dois y aller avec ta sœur, Coline. » Il y eut un silence, bref. « Mon père et ta tante voudraient que je l’épouse. Je crois qu’ils espèrent que le bal nous rapproche. C’est une espèce de mise à l’épreuve… » Une vague de tristesse et de répugnance enroba son cœur. L’adolescent ferma les yeux. « Je n’ai pas du tout envie de l’épouser. Ça va sans doute te faire rire mais franchement, elle me fait peur. » Lui, le garçon qui voulait devenir un soldat, effrayé par une adolescente d’à peu près son âge. « En fait, je me suis dit que… Enfin, quitte à devoir épouser une de tes sœurs… Ce serait sans doute mieux de me marier avec Adolestine. Au moins, elle sait pour nous, et elle pourrait jouir de toute la liberté qu’elle souhaite. » Il s’interrompit, dérangé par sa propre solennité. « Enfin, c’est sans compter sur la réputation sulfureuse de mon père. Si j’étais le roi, je refuserais d’accorder la main d’une de mes filles à son fils. J’aurais trop peur qu’il soit pareil. » Il se redressa pour pouvoir voir Placide, et lui sourit. « Désolé. C’est que j’aimerais bien savoir ce que tu en penses, quand même. Mais on peut en discuter plus tard. » Il embrassa sa mâchoire. « Je veux juste être avec toi cette nuit. » Il déglutit, gêné par ce qu’il voulait dire. « Et ne penser qu’à nous deux. » Sa bouche remonta vers la sienne et il l’embrassa, encore. « Tu vas me manquer, au bal. » Il avait espéré pouvoir au moins admirer sa silhouette valser au milieu des autres, svelte et rayonnante. Il n’en serait rien. Il repensa à l’idée qu’ils avaient eue, chez lui, et se redressa vivement. « Tu ne vas pas venir habillé en fille, n’est-ce pas ? »



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Les Portes - Chapitre V

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