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 Les Portes - Chapitre V

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Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 258
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
◈ Activité : En études
Lana Kælaria
Dim 16 Oct 2022, 08:57




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


Lorsqu’Yvonelle pénétra dans la pièce, la stupeur la figea. Ce n’était pas la princesse qui l’étonnait. À dire vrai, elle la vit à peine, tant ses yeux étaient braqués sur les deux corps qui roulaient sur le sol carrelé. Elle demeura figée quelques instants, puis demanda, d’une voix aiguë que l’effarement faisait vibrer : « Qu’est-ce qui vous prend ? » La mêlée des deux frères s’estompa, avant de s’arrêter tout à fait. Elle les dévisagea, un à un, interdite. Elle venait de les quitter tous les deux. Que s’était-il passé, en si peu de temps, pour qu’ils en vinssent à se battre ? L’initiative devait venir d’Elzibert, car il était le plus impulsif et le plus vigoureux des deux. Mais pourquoi…? Son regard s’arrêta sur Déodatus, et elle eut peur de comprendre. Les avait-il vus et en avait-il fait part à leur cadet dans une pique bien sentie ? Avait-il eu un commentaire déplacé sur la tenue avec laquelle elle l’avait reçu ? L’avait-il observée comme il observait toutes ces femmes, elle, sa propre sœur ? Quelle que fût la bonne question, elle lui donnait la nausée. Honteuse, elle n’osait pas regarder la princesse. Elle osait à peine respirer. Ses yeux papillonnaient parfois jusqu’à Elzibert, mais il ne lui rendait aucune de ses œillades. Elle devait trouver une échappatoire, et rapidement. La silhouette de Zébella passa près d’elle dans un courant d’air, puis elle disparut. Ils ne furent plus que tous les trois, les deux frères encore proches et nimbés d’animosité, elle à quelques mètres et courbaturée d’incertitude.

L’arrivée de leur mère, cependant, coupa court à son calvaire. Elle la regarda, interdite, puis baissa les yeux lorsqu’elle entreprit d’adresser des remontrances aux deux garçons. Elle était faible et fatiguée. Cela s’entendait dans sa voix. La maladie y tintait, alourdissant chacune des syllabes de notes plus graves qu’à l’accoutumée. Elle aurait mieux fait de rester alitée, c’était certain. Mais comment lui en vouloir d’intervenir dans une telle situation ? Il eût fallu être à l’article de la mort pour ne pas vouloir frapper ces deux imbéciles qui se jetaient l’un sur l’autre en présence d’une invitée d’exception. Yvonelle en avait bien conscience. « Non, mère. » répondit-elle. Ce n’était pas vraiment un mensonge, et si c’en avait été un, il aurait été inévitable et nécessaire. On ne peut décemment pas dire à la femme qui nous a mis au monde que l’on couche avec son fils et que l’on suppose qu’il s’est jeté sur son frère pour cette raison. « Je suis arrivée juste avant que la Princesse d’Uobmab ne parte, et ils étaient déjà en train de se battre. »

Lorsque le recadrage d’Adénaïs eut cessé, Yvonelle regagna sa chambre. Elle y lut la lettre de Natanaël, qui lui serra le cœur, et tâcha d’y répondre du mieux qu’elle pût. Elle était à la fois heureuse et déçue de savoir qu’elle possédait son ruban jumeau. Elle aurait aimé avoir le même qu’Elzibert ; et cependant, elle se persuadait que si tel avait été le cas, elle aurait préféré avoir celui du blond. Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Elle faisait semblant, pour les autres et pour elle-même.

Mon cher amour,

J’ai le plaisir de t’annoncer que nous aurons bel et bien la chance de danser ensemble toute la soirée ! Quant à Déodatus et Elzibert, le premier a un ruban bleu à rayures vertes et le second un ruban rouge à papillons noirs. Je ne me plaindrai donc pas des teintes du mien, qui me semblent bien plus faciles à porter. J’espère, cela dit, que leurs cavalières seront moins embarrassantes. Je ne sais pas encore de qui il s’agit et, s’ils le savent, ils se sont bien gardés de m’en parler.

Concernant Rosette, elle m’a dit avoir un ruban vert à fleurs roses. Ceci dit, même dans sa lettre, elle avait l’air très troublée. Elle n’a pas voulu m’en dire plus par écrit, ce que je comprends tout à fait. Peut-être est-elle tombée sur l’homme de sa vie et craint-elle que quelqu’un ne le découvre en espionnant nos courriers ! Elle aime tant lire des romans fantasques que ça ne m’étonnerait pas.

J’ai hâte de te retrouver et d’éprouver dans tes bras les fruits de ton entraînement acharné. De mon côté, j’ai longuement répété les mouvements de danse afin de ne commettre aucun impair et de te plaire.

Je t’embrasse.

Avec tout mon amour,

Yvonelle

Une fois la lettre envoyée, la blanche se consacra quelques minutes à la musique, pour mieux se poser. Dès qu’elle se sentit mieux, elle prit le chemin de la chambre de son frère. Elle y entra sans toquer et l’apostropha aussitôt, aussi calmement qu’elle le put : « Quelle mouche t’a piqué, tout à l’heure ? »



Message VI – 795


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 16 Oct 2022, 09:01



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Kiara


Rôle :


À la mention de sa mère, le cœur de Coline se serra de peine ; puis, il se gorgea de fierté. Elle pressa la main de son père entre ses doigts. Depuis des années, elle chérissait le souvenir de sa mère, à partir des bribes de mémoire qu’il lui en restait et des récits qu’on lui en avait fait. La reine avait été une femme brillante, d’une grande intelligence et admirée de nombre de ses sujets. Que son père la crût aussi courageuse qu’elle lui apportait un sentiment d’accomplissement teinté de douceur. Peut-être que, depuis tant d’années, son fantôme l’accompagnait, pour guider ses traces et apporter à son esprit la force nécessaire à toute souveraine. C’était un fantasme plaisant, rassurant. Elle inspira. « Ce n’est rien, père. Je suis heureuse de savoir que tu crois en moi, et je ferai mon possible pour ne pas te décevoir. » répondit-elle, sincère. Elle aimait son paternel et elle aimait le pouvoir. Son affection se mêlait à son ambition pour forger en elle une volonté inaltérable de réussite. « Merci. » Elle se redressa un petit peu pour déposer un baiser sur la joue de son père. Une seconde passa, puis elle déclara : « Je pense que j’ai besoin de prendre l’air, quand même. » Elle lui sourit tendrement. « Je te dis à plus tard, père. » La blanche retira ses mains des siennes avec douceur, s’inclina respectueusement, puis quitta la pièce, avec une dernière information en tête : Lambert était au courant.

Il lui semblait évident qu’il ne laisserait pas faire. Il ne l’aimait pas, et c’était réciproque. Elle était certaine qu’il tenterait, par tous les moyens, de dissuader le roi de la nommer en tant que successeuse. Ou alors, il allait essayer de la brider tant et si bien qu’une fois couronnée, elle n’aurait plus aucune marge de manœuvre. Peu importait ce qu’il envisageait ; dans tous les cas, il lui fallait lui parler. Elle ne pouvait pas attendre que la sentence de Lambert ne lui tombât sur le coin du nez. Bien décidée à le trouver quelque part dans le palais, elle fut néanmoins distraite par des bruits de couloir sur lesquels chevauchaient dans un murmure le nom de Ludoric de Tuorp. Il lui suffit d’interroger un domestique pour savoir qu’il se trouvait ici parce qu’il était venu voir le prince. Elle réprima une moue agacée, blessée de n’avoir pas été mise au courant avant, blessée qu’il ne l’eût pas contactée pour la prévenir de sa venue. N’allaient-ils pas danser ensemble, au bal ? N’envisageait-on pas un mariage entre eux ? Ils auraient au moins pu se saluer et discuter brièvement. « Et où est-il ? » - « Avec le prince, dans sa chambre. » - « Merci. » Tant pis pour son oncle. Elle aurait tout le loisir de lui rappeler, plus tard, à quoi il s’exposait s’il tentait de lui barrer la route. Elle n’hésiterait pas une seule seconde à le jeter sous les roues du carrosse.

En quelques minutes, Coline fut devant la porte de Placide. Elle lissa les plis de sa robe, rajusta une mèche de cheveux ou deux derrière son oreille, puis toqua. « Placide ? C’est moi, Coline. Je peux entrer ? » demanda-t-elle, d’une voix douce. Jamais elle n’avait eu aussi hâte de venir voir son frère convalescent. Elle était passée quelque fois, très rapidement, surtout histoire de faire bonne figure auprès des domestiques et au cœur des racontars. Parfois, elle songeait qu’elle aurait mieux fait de le laisser mourir. D’autres fois, elle était convaincue d’avoir pris la bonne décision. La majeure partie du temps, elle n’était pas véritablement certaine d’avoir décidé quoi que ce fût. Les choses étaient allées si vite… Comme la porte ne s’ouvrait pas, elle inspira, et reprit : « Je venais voir comment tu te sentais. » Elle venait voir Ludoric, mais il n’avait pas besoin de le savoir. Elle avait décidé de feindre la surprise. Et puis, dans le pire des cas, il devait bien se douter qu’il lui plaisait. Les deux garçons étaient proches, ça n’était un secret pour personne. Ils devaient être le confident l’un de l’autre, se partager tous leurs secrets et rêvasser ensemble à une vie qu’ils n’auraient jamais. C’était aussi pour cela qu’elle s’imaginait si bien avec le roux. Il devait être aussi manipulable que son frère.



Message VI – 728


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Invité

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Dim 16 Oct 2022, 16:41


Oui.
Les portes - Chapitre V
~Cru - Côme ~

Rôle:

"Hermilius"
murmura-t-elle alors que ce dernier l'empêchait de voir. La peau de sa nuque se teinta de frissons après son baiser. Elle aurait aimé se blottir contre lui et rester ainsi, pour toujours. Suis-je éprise de lui ? était une question qui revenait souvent la hanter, et ce depuis sa lointaine adolescence. Il n'y avait qu'avec son cousin qu'elle se sentait ainsi : passionnée avec palpitant battant à tout rompre. Avec les autres, il n'y avait qu'amusement. Hermilius était plus vrai, toujours aussi tentant malgré les années. Mais, à sa question entêtante, elle continuait de nier. Ce n'était qu'interdit et jambes en l'air. Hermilius était simplement son meilleur amant: un bon cru parmi tous les vins qu'elle avait goûté. Il était celui auquel il fallait goûter encore, et encore. Et encore.

Elle lui sourit alors qu'il se décala pour lui faire face. Elle pouvait ainsi l'admirer, alors que ses traits étaient dessinés par la lumière des bougies. Etait-ce d'ailleurs ces mêmes bougies qui donnaient à la chambre cette ambiance si... chaude ? Etait-ce le corps du brun ? Eléontine sourit en se mordant la lèvre, devant la vision pécheresse qui s'offrait à elle. Hermilius était un beau diable. Elle posa précautionneusement sa petite main sur le torse de l'homme, juste au dessus de son cœur. Cela faisait au moins une petite semaine qu'elle ne l'avait pas touché. Le contact lui était aussi ardent qu'excitant. La blonde se rapprochait, faisant fi de la décence. Alors qu'Hermilius commençait à parler, elle posait un baiser sur sa clavicule, écartant sa chemise à dessein. Elle continuait à le couvrir de baisers, avec délicatesse comme si elle honorait le corps d'un dieu. Cependant, elle l'écoutait avec attention, alors même qu'Hermilius parcourait son corps avec ses doigts experts.

"Intéressant."
Elle arrêtait un instant ses baisers pour croiser son regard ardent avec le sien. "Tu veux donc qu'une femme partage ta couche après le bal ?" Sa question ne nécessitait pas de réponse. Elle voulait simplement reformuler ce qu'Hermilius venait de dire. "Peut-être t'es-tu enfin décidé à te marier ?" C'était simplement une petite taquinerie. Elle avait abandonné, avec joie, l'idée de voir son cousin s'unir, dans le respect de la loi, à une femme. Alors qu'Hermilius s'éloigna pour remplir un verre, elle continua sur la plaisanterie : "Avec qui ?" Elle avait omis le passage concernant Adénaïs. Bien sûr qu'elle avait raison à son propos. Eléontine saisit le verre que son cousin lui tendait désormais. Elle lui offrit un sourire pour le remercier alors, qu'enfin, il lui annonçait le nom de sa proie.

"Et bien, oui, c'est un gros poisson, comme tu dis." Elle passa son index sur le bord du verre. "Ce ne sera pas facile." La blonde aux jolies bouclettes prit un air soudain penseur. Déjà, son esprit s'agitait pour établir un plan avec des rouages bien huilés. "Charmer qui mon désir a choisi ? Voilà qui est bien tentant." Finit-elle cependant par dire alors que son cousin s'agenouillait devant elle. Elle savait déjà où il voulait en venir. Quel sacripant. Elle aimait ça. "Je ne voudrais pas tâcher ton sol." dit-elle alors qu'il disparaissait sous sa robe.

Peut-être devait-elle prendre une robe bien volumineuse pour le bal. Ainsi, elle pourrait y cacher Hermilius toute la soirée, et gouter les délices qui lui faisait ressentir à présent. Tenir debout devenait de plus en plus difficile. Ne pas oublier qu'elle ne dût pas éclabousser les environs de vin lui était presque impossible. Aussi, elle but le liquide rapidement, en ayant une légère pensée pour son Gustave qui devait dépérir à cause de l'alcool (et elle) en ce moment-même. La pensée fut cependant fugace. Elle avait d'autres chats à fouetter. L'orgasme la secoua. Elle dut se maintenir aux épaules masculine sous elle pour ne pas chuter.

Hermilius ressortit de son jupon, tout décoiffé. Alors qu'elle entama un mouvement pour se blottir contre lui, brûlante de désir comme elle l'était, l'insolent s'écartait. Tremblante et les jambes soudain fragiles, elle alla, elle, s'installer sur le lit de son amant. Elle croisa les jambes aussitôt, les crispant un peu. "Gustave sera occupé. Je n'ai pas d'inquiétude à avoir." Sa voix était un peu essoufflée. Il avait fait du bon travail. Elle posa le verre vide à ses pieds, sur le sol. "Mais il y a bien un homme." Elle l'observait se servir un verre. "Notre Roi." dit-elle en laissant planer une seconde volontaire. "Pas pour mon propre intérêt." Elle tapota le lit pour demander à Hermilius de la rejoindre. "Pour ma Madeline." continua-t-elle sans explication. "Vois-tu, je pense que nos deux ambitions peuvent s'unir. Je t'aiderais pour ta Clémentine et toi pour notre Madeline. Ensemble, séparons le "couple" royal." L'ambition était grande. "Ne vas pas penser que je suis une odieuse amie pour Madeline. Je pense simplement qu'elle mérite mieux que son... hum... légume de mari." Lambert la laitue. Lambert le Langume... "J'ai peut-être de trop haute ambition pour son premier amant mais je pense qu'elle le mérite. Et je veux qu'elle se sente protégée si par malheur son mari découvrait la liaison. On ne peut véritablement traiter en disgrâce la maîtresse du roi."

Elle plissa les yeux légèrement, tel un chat devant une souris. "Et puis, comme toi, je n'aime pas quand la tâche est trop facile. La d'Ukok, hein ?" Elle eut une moue taquine. "Est-ce le fait de voir ce que cette "chasteté" cache qui t'excite ?" Elle leva un sourcil. "Si ce n'est que cela..." Elle s'approcha de lui, collant presque ses lèvres à son oreille et lui chuchota : "Tu n'as qu'à demander et je peux te la montrer, aussi nue qu'une ange qui vient de naître." Elle se recula, un peu. Puis, elle agita la main comme pour chasser ce qu'elle venait de dire. "Mais souhaites-tu d'avantage d'elle ? Être le premier à la voir nue ? A lui faire gouter les plaisirs charnels ? A être le premier à réussir l'exploit d'hanter ses pensées, matin, nuit et jour ?" Eléontine se mordait la lèvre inférieure. "Tu peux compter sur moi si tu veux être celui auquel elle pense quand elle se touche." Elle même plaça sa main entre les cuisses de son amant. A travers le tissu, elle caressait l'objet de ses convoitises. "Je la ferais t'aimer." finit-elle par conclure. Elle retira ensuite sa main.

"Si c'est tout... Retrouvons-nous au bal pour tenter nos vils dessein." Elle déposa un baiser soudain chaste sur sa joue et se leva pour s'approcher de la porte. "Je me dois de partir. Vois-tu, il me semble que je suis censée être alitée à l'heure actuelle." Elle haussa les épaule en souriant. "Mais merci pour le vin et... " Elle ne finit pas sa phrase, se contentant de rire et de refermer la porte prudemment derrière elle. Il fallait à présent qu'elle retourne chez elle, faire la fausse malade. Etait-elle folle de vivre dans un tel tissu de mensonge ? Elle le croyait.

-------

Le lendemain après-midi, un domestique de la demeure principale avait fait venir un colis jusque dans la chambre du cousin. C'était un énorme tableau, enveloppé et caché dans du papier. Accroché grâce à une ficelle, un petit mot d'Eléontine :


"Hermilius,

Je tenais encore une fois à te remercier pour ton soutien hier.
J'espère que ce présent saura te combler.
Si nos desseins n'aboutissent pas, nous pourrons toujours faire chanter notre petite hirondelle.

Tendrement,
Eléontine."

Le tableau, lui, représentait une peinture extraordinaire dont Clémentine était la muse. Les traits étaient talentueux et exquis. Tout comme la nudité apparente de la jeune femme.

1300 mots
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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Dim 16 Oct 2022, 20:44


Image par Joelin Tan

Explications


Bonsoir  Les Portes - Chapitre V  - Page 10 758782

Alors ! Ce tour-ci, on commence le bal 8D Vous pouvez donc terminer ce que vous faisiez avant + initier le bal.

Le bal s'ouvre sur une danse entre les partenaires : >>> Valse de Nicolas Jorelle <<<

La salle de bal est ainsi : >>> Salle de bal <<< (merci Astriid ^^)

Je vous mettrai la playlist à chaque fois que ça change, en sachant que votre personnage n'est pas obligé de danser (enfin, la première danse + une danse avec son partenaire de ruban on va dire que c'est le minimum vital ^^). Les musiques des danses changeront tous les un tour et demi =) [donc ce tour là compte pour 1/2 et la première danse se finira à la fin du tour prochain ^^].

On va dire que je vous laisse jusqu'au 6 novembre pour trouver votre partenaire de ruban (après on fera la première activité en un tour, à savoir la course de "cheval" 8D - Si personne n'est mort d'ici là).

Pour le duo du bal :
- Zébella et Déodatus
- Ezidor et Adénaïs
- Gustave et Eléontine
- Adolestine et Merlin
- Clémentine et Montarville
- Yvonelle et Natanaël
- Madeline et Lambert
- Ernelle et Hermilius
- Coline et Ludoric
- Childéric et Garance
- Elzibert et Rosette

Les personnages sans partenaire : Placide, Lénora et Clémentin

Rappel sur les rubans (si jamais vous faites un trafic, n'hésitez pas à me prévenir dans le sujet HRP pour que je modifie les duos ici ^^) :
- Montarville & Madeline (ruban jaune à pois roses)
- Gustave & Clémentine (ruban rose à étoiles vertes)
- Déodatus & Eléontine (ruban bleu à rayures vertes)
- Ludoric & Adolestine (ruban orange à losanges bleus)
- Clémentin & Rosette (ruban vert à fleurs rose)
- Ezidor & Placide (ruban marron à pois noirs)
- Hermilius & Zébella (ruban violet à cœurs bleus)
- Elzibert & Coline (ruban rouge à papillons noirs)
- Merlin & Garance (ruban noir à potimarron orange)
- Natanaël & Yvonelle (ruban gris à rayures noires)
- Childéric & Adénaïs (ruban blanc à rayures dorées)
- Lambert, Ernelle et Lénora (ruban bleu à rayures dorées)

Aussi, j'ai fait >>> le rôle de Judas <<< (le père de Merlin et Zébella) si quelqu'un veut le prendre.

Voilà ! Amusez-vous bien 8D

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à mettre tout en œuvre pour le réaliser ^o^

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement 8D

Voilà !  Les Portes - Chapitre V  - Page 10 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  Les Portes - Chapitre V  - Page 10 1628

Participants


La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés. D'ailleurs j'ai rajouté Judas si jamais 8D

- Babelda (Montarville) : VI
- Hélène (Garance) : VI
- Kiara (Coline) : VI
- Kyra (Adolestine) : VI
- Ikar (Placide) : VI
- Faust (Gustave) : VI
- Lucillia (Eléontine) : VI
- Laen (Hermilius) : VI
- Dastan (Ludoric) : VI
- Latone (Madeline) : VI
- Adriaen (Lambert) : VI
- Yngvild (Rosette) : VI
- Chelae (Clémentine) : VI
- Léto (Ernelle) : III
- Tekoa (Childéric) : III
- Min (Natanaël) : IV
- Eibhlin (Adénaïs) : VI
- Lucius (Elzibert) : VI
- Stanislav (Déodatus) : IV
- Lana (Yvonnelle) : VI
- Chuan (Lénora) : III
- Dorian (Ezidor) : IV
- Wao (Merlin) : III
- Susannah (Zébella) : VI
- Erasme (Clémentin) : VI

Deadline Tour n°7


Dimanche 23 octobre à 18H

Gain Tour n°7


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Cavalier/Cavalière : Ce pouvoir permet à votre personnage de demander à son binôme de l'accompagner partout, afin qu'il ne soit jamais seul. Ce dernier aura envie d'accepter et acceptera le plus souvent, poussé par une étrange volonté. *

* Le pouvoir marche avec les couples formés pour le début du bal. Pour les personnages sans cavalier, le joueur peur choisir un partenaire parmi n'importe quel personnage du forum et le pouvoir sera réciproque (demandez au joueur quand même, pour qu'il prenne le pouvoir aussi et qu'il soit informé du truc quoi xD).

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4025
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 16 Oct 2022, 22:07



Les Portes


Je lui souris, lorsqu’elle parla à nouveau du cheval. « Les chevaux aussi, parfois, portent des costumes. » lui répondis-je, d’un ton rieur, avant que la conversation ne nous menât ailleurs. « À croire que personne n’est jamais pleinement satisfait de sa condition. » Cependant, la condition de certains était objectivement préférable à celle d’autres. « Oui. Je serai présent au bal. » lui assurai-je, avant d’acquiescer. « Je suis peut-être habillé comme un noble mais il faudrait être fou pour refuser une danse à une Princesse. » Je savais danser. Parfois, entre domestiques, nous nous amusions à imiter les bien-nés. Pour les imiter et les tourner en ridicule efficacement, il était important de connaître quelques bases. « J’essaierai de ne pas vous marcher sur les pieds. » ajoutai-je, avant que le sujet de la conversation ne devînt plus sérieux. Peut-être n’aurais-je pas dû lui révéler l’identité de celle qui avait permis à cet événement d’advenir mais je doutais qu’Adolestine le révélât à qui que ce fût. Elle écoutait les histoires que je lui racontais et, parfois, se confiait au-delà du raisonnable. Malgré quelques comportements que je trouvais agaçants, j’avais un réel intérêt pour elle. Je l’aimais comme une amie, sans oser la qualifier ainsi eu égard à nos rangs respectifs. Elle m’était chère même s’il aurait été peu convenable de le lui montrer. « C’est la Princesse Zébella qui m’a promu. » La suite m’étonna. Je l’écoutai avec un mélange d’appréhension et de surprise. Puis, je sentis la colère monter en moi. Je ne lui posai pas la question qui me brûlait les lèvres : était-elle intervenue afin de sauver ce domestique ? Je la savais injuste parce que plus sa langue se déliait, plus il me semblait que Merlin lui inspirait une réelle peur. Lorsque ses yeux s’humidifièrent, je n’en doutai plus. « Ne vous excusez pas, vous n’êtes pas en tort. » lui murmurai-je, lorsqu’elle revint s’asseoir à côté de moi. Je lui pris la main, sans oser faire plus. « Je venais juste vous prévenir, pour le bal… » Tout en articulant mes mots, je réfléchissais. Cette histoire ne me plaisait pas, que ce fût Zébella qui désirait que je tuasse son frère ou que ce fût le comportement dudit frère. « Adolestine… Je suis désolé de profiter de votre position mais… pourriez-vous m’obtenir une audience avec votre père ? Je crois que ce que j’ai à lui dire pourrait l’intéresser. » C’était risqué mais je ne pouvais pas ignorer la voix, à l’intérieur de mon cœur, qui me criait d’agir. Je ne pouvais pas laisser la Princesse courir plus de risques. Je ne pouvais pas exposer Rosette à cet homme. Je ne pouvais pas laisser Zébella avec l’ordure que me semblait être son frère. Si j’avais à moitié cru la Princesse du Royaume d’Uobmab, entendre le témoignage d’Adolestine avait fini de me convaincre. J’espérais que la Princesse acquiescerait. Sinon, je devrais parvenir jusqu’au Roi d’une autre manière. Ma main se resserra sur la sienne. « Vous devriez éviter le Prince jusqu’au bal… »

_______________

« Rosette,

Non, vous ne m’avez pas paru froide. Je vous ai mise dans une situation inattendue et ce serait à moi de m’excuser. Pourtant, je dois vous avouer que je ne regrette en rien la façon dont les choses se sont déroulées. Je suis simplement surpris que vous m’ayez écrit. C’est bien plus que ce que j’aurais pu espérer. S’il s’avère que le bal tienne toujours pour moi au moment où il se déroulera, je serais ravi de vous offrir une danse. Autant que vous le désirerez, même. Il n’y a rien qui me ferait plus plaisir. Cependant, je dois vous avouer être pris dans de fâcheuses affaires qui pourraient remettre en question ma présence lors des festivités. Je ne peux vous en dire davantage mais si vous consentez à me faire une faveur, je vous prie de vous tenir le plus éloignée possible du Prince Merlin d’Uobmab. C’est un individu dangereux et je mourrais de vous savoir à sa merci.

Mon ruban est assorti au vôtre. »

Un élan incandescent s’était emparé de ma poitrine lorsque je m’étais rendu compte de ce fait. Je voulais être avec elle. Je le voulais tellement. Pourtant, d’autres considérations plus importantes m’enserraient. La sûreté du Royaume devait passer avant Rosette, peu importât le prix à payer pour moi, peu importât que le Roi me refusât l’accès à la salle de bal, peu importât que je ne pusse jamais danser avec la rousse.

« Je vous aime.

Clémentin. »

_______________

Devant le Roi, je m’agenouillai. Mon cœur battait à tout rompre mais les mots ne devaient pas faiblir. Je devais rester fort et articuler ce qui me semblait juste. Je n’étais personne. Je n’avais pas à prendre de décision. Ce que j’allais dire, je le lui offrais. Il serait dépositaire de mes aveux et pourrait en disposer comme bon le lui semblerait. « Mon Roi, je m’excuse d’accaparer votre temps. Je sais à quel point il doit être précieux mais je crains qu’un grand malheur s’abatte sur le Royaume durant le bal. » J’avalai ma salive et me lançai. « Je suis Clémentin, le palefrenier. Si vous me voyez aujourd’hui vêtu ainsi, comme un noble, c’est parce que la Princesse Zébella d’Uobmab m’a promis de m’anoblir en échange d’un service que je lui rendrais. Sachez seulement que j’ai accepté afin de m’éviter le pire. En tant que domestique, refuser un ordre royal m’aurait condamné à des supplices innommables. C’est aussi pour les éviter que je me tiens devant vous. » Mes mains tremblaient légèrement. Je serrai les poings, toujours au sol. « La Princesse Zébella m’a ordonné de tuer son frère durant le bal. Son plan était de l’attirer dans les jardins afin que je puisse l’y assassiner. » continuai-je. « Néanmoins… ce n’est pas à cause d’elle que je me tiens ici mais bien à cause de lui. La Princesse Zébella m’a avoué que le Prince voulait lui faire subir des châtiments innommables. Si elle avait été seule, je ne l’aurais pas crue. Pourtant, votre fille n’a fait que confirmer l’horreur du personnage. Celui-ci aurait tabassé un domestique après que la Princesse Adolestine l’ait aperçu dans de fâcheuses conditions. Votre fille a pleuré devant moi. Je… » Je repris mon souffle. « Je crains que les intentions du Prince, envers les femmes tout du moins, soient problématiques et que vous deviez intervenir d’une manière ou d’une autre. Je vous en prie. » Je restai là, à attendre le verdict.

1073 mots
Je n'ai pas fait le bal mais comme il n'a pas de cavalière, je me rattraperai au prochain tour s'il ne finit pas au cachot  Les Portes - Chapitre V  - Page 10 943930617
Erasme (Clémentin):
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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Lun 17 Oct 2022, 03:23



Les Portes



« Je l’espère aussi. » murmurai-je, avant de lui donner des nouvelles d’Adénaïs. « Malheureusement, elle ne va pas très bien. Elle est tombée malade. Cependant, je suis sûr qu’elle se remettra vite. C’est une battante. » Élever trois enfants à elle-seule n’était que l’une des illustrations du courage de cette femme. Bien entendu, je ne parlai pas à Clémentine du médecin qui se trouvait chez la blonde en ce moment même. J’avais gardé mes relations avec ce dernier parfaitement secrètes. Même au plus bas de mon état, lorsque la drogue et l’alcool me rendaient dépendant, j’avais veillé à tout camoufler. C’était comme si, en moi, une alarme m’avait toujours empêché de m’effondrer devant mes sœurs. Le reste avait été bien plus facile à dissimuler. Parfois, je m’en voulais. Parfois, je leur en voulais aussi de ne rien avoir remarqué. Cependant, ces rares fois où la rancune me rongeait, je la faisais disparaître. J’avais fait vivre l’innommable à Ernelle, sans jamais regretter, jadis. Aujourd’hui, les choses étaient différentes mais je ne désirais pas avouer. Mes aveux feraient bien plus de mal que de bien. Je m’étais interrogé plus d’une fois sur ce fait, en m’accusant de surtout chercher à me protéger moi-même de mes crimes. Néanmoins, il ne s’agissait pas que de ça. Je savais que ça la détruirait. C’était hors de question et j’avais décidé de mourir sans qu’un seul mot de ma part ne fût prononcé sur cette question. « Je suis curieux de savoir qui te sera affilié. » lui dis-je, lorsqu’elle parla du ruban. « Hum, je comprends. C’est une période angoissante. » Malgré ses dires, je ne pus m’empêcher de penser qu’il y avait autre chose. Malgré tout, je n’avais pas l’intention de la forcer à se confier. Peut-être pourrait-elle en dire davantage à Ernelle ? Certains sujets étaient plus propices à une discussion entre femmes, après tout, et je ne désirais pas s’immiscer entre leurs secrets.

Je regardai mes cheveux, passai mes mains dedans et souris. Le passé repartait avec ces mèches, étalées au sol. « C’est très réussi, merci. » Je devais rester droit et la coupe courte me le rappelait sans cesse. « Ça m’a fait du bien aussi. À tout à l’heure. »

___________

Je me présentai à la porte de Garance et attendis que celle-ci voulût bien me recevoir. « Votre Altesse. » articulai-je, tout en inclinant mon buste. Depuis nos correspondances, mon esprit avait envisagé bien des drames. J’avais hâte que nous pussions discuter de cette nouvelle que le Roi voulait apparemment annoncer. Je craignais que celle-ci ne fût mauvaise pour inquiéter à ce point sa sœur. « Je suis ravi d’être votre cavalier, bien que je me doute que votre soirée sera en grande partie réservée à de nombreux hommes, désireux d’obtenir une danse à vos côtés. » Cette femme était aussi belle que stratège. Surtout, elle savait garder une image de droiture, malgré ses nombreux écarts. Je me doutais que je n’avais pas été son seul amant. Le sexe pouvait avoir une fonction diplomatique et servir bien des ambitions. Je me rappelais parfaitement nos nuits trop courtes, lorsque la prendre contre mes hanches finissait par brûler les muscles de mon corps entier. Pourtant, j’avais toujours donné le maximum, tant je désirais le poste. Que ce fût en couchant avec le pouvoir ou en travaillant rigoureusement, j’avais fait en sorte d’obtenir ce que je souhaitais. Je la savais faite du même bois, à la différence que je n’étais pas certain de ses limites. Par le passé, si l’on m’avait demandé, j’aurais dit que je n’en avais aucune. À présent, les choses étaient bien différentes.

Je lui tendis mon bras. « À cet égard, peut-être pourrions nous discuter jusqu’à la salle de bal et pendant notre danse ? En murmurant, personne ne devrait nous entendre. Il me tarde de connaître cette fameuse nouvelle, bien que je doive vous avouer l’appréhender d’un même temps. » Lorsqu'elle fut prête, je me mis en marche, afin de la conduire sur les lieux. J’espérais qu’Adénaïs s’était entièrement remise de sa maladie. Le fait de n’avoir aucune nouvelle d’elle m’avait inquiété. J’avais même envisagé de faire le déplacement jusqu’à sa demeure, avant de renoncer. Elle devait être occupée. Elle devait avoir été occupée. Fébrile, je m’étais renseigné sur les actualités, jour après jour, comme un drogué, prêt à tuer Ezidor de mes mains si le journal m’apprenait le décès de mon amante. Ce bal serait complexe. « J’ai, bien entendu, augmenté la garde, comme vous me l’aviez demandé. » lui précisai-je, avant que nous fussions introduits parmi les convives.

Lorsque la valse débuta, l’une de mes mains attrapa la sienne et l’autre se fraya un chemin jusqu’à sa taille.

779 mots
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Lun 17 Oct 2022, 13:40



Les Portes - Chapitre V  - Page 10 T6y8

Les Portes V


Rôle :

« Coline… »

Je n’aimais pas le fait qu’il y aille avec elle, comme je n’aimais pas la possibilité d’un mariage entre eux. Il en allait de même avec Adolestine. L’une ou l’autre, c’était la même chose. Il aurait forcément des enfants avec Coline. Quant à Adolestine, je trouvais ça injuste pour elle d’avoir à réaliser un mariage de ce type pour mon seul bien-être. Elle n’oserait pas toucher Ludoric et se retrouverait à devoir porter le fardeau d’une union sans fruit. Elle prendrait vraisemblablement un amant mais ce ne serait pas sans risques. Et lui, accepterait-il d’élever un enfant qui ne serait pas le sien ? Accepterait-il de vivre toute sa vie sans descendance ?

Plus j’y réfléchissais, plus notre union à nous me semblait problématique pour son futur à lui. Je n’arrivais pourtant pas à renoncer au roux.

« C’est vrai que Coline fait peur à beaucoup de monde… »

Je souris. Je n’avais pas envie de discuter du reste des mots qui sortaient de sa bouche. Je voulais qu’il m’épouse moi, ce qui était impossible. Mais peut-être… peut-être que si je pouvais passer pour une femme au bal, je pourrais aussi passer pour une femme tout court. Il me suffirait de payer quelqu’un pour me fournir un acte de naissance factice… ce serait facile. Quant à mes parents, peut-être que… peut-être que je pourrais faire pareil. Me rapprocher de nobles dans le besoin ou… Il y aurait sans doute un moyen. Ou mentir sur mon âge, en disant être orpheline d’une famille étrangère aisée. Ce serait plus facile. Je n’aurais qu’à retirer l’argent présent à la banque à mon nom et fuir du palais pour un autre Royaume, le temps que les choses se calment. Ou faire croire à ma mort… Il y aurait bien un cadavre à l’hospice qui me ressemblerait… Un grand brûlé ou quelque chose comme ça.

« Oui, discutons-en plus tard, sauf si tu veux que je m’étouffe avec mon oreiller. »

Au moins, cet épisode n’avait pas été traumatisant pour moi.

J’allais sourire, à la fois amusé et honteux de l’être, mais la suite maintint mes lèvres en place. Je sentis une douce chaleur se répandre à l’intérieur de mon corps. Ça m’étonnait qu’il se rapproche ainsi. D’habitude, il s’écartait, comme si mon contact finissait toujours par le brûler.

Lorsqu’il se redressa, je restai un instant muet, avant de rire.

« Toi alors… »

Si, j’allais y aller en fille. Je n’avais pas fait tout ça pour rien. Il fallait cependant que ça reste secret et je n’en démordrais pas. J’attrapai son haut et l’attirai de nouveau vers moi pour l’embrasser.

Lorsque la voix de Coline s’éleva, mes yeux s’écarquillèrent de surprise. Je me reculai afin de laisser les lèvres de Ludoric orphelines et le fixai, en plaçant un doigt sur ma bouche en signe de silence. Plus je le regardais, plus une sensation étrange s’emparait de moi, une sensation un peu folle… une sensation rebelle. Je souris et m’approchai de son oreille.

« Faisons les morts. Je n’ai pas envie de la voir… »

Pour une fois, je ne plierais pas devant les volontés de mon aînée. C’était ma chambre, la clef était dans la serrure et elle n’en possédait aucun double. Je me sentais étrangement… insolent et aventureux à la fois, si bien que ma main se glissa sur la joue du roux.

« Je veux juste t’embrasser jusqu’à demain. Je n’ai pas besoin de plus, promis. »

Je ne savais pas ce qu’il me prenait. J’avais peut-être perdu un peu trop de sang. Je n’avais jamais été très entreprenant par le passé, et voilà que je lui racontais mes volontés. Quant au reste de ma phrase, je disais la vérité. Même si j’avais cruellement envie de lui, l’embrasser me suffirait amplement. Je ne voulais pas qu’il s’écarte comme toujours ou qu’il prenne peur. Surtout, je ne savais pas vraiment comment faire plus, même si je commençais à me douter que les choses avaient tendance à s’orchestrer naturellement.

**

Peu avant le bal, j’insistai auprès des domestiques afin d’aller me reposer dans l’une de nos propriétés à la campagne en assurant que l’air frais me ferait du bien. Il s’agissait surtout d’échapper à la surveillance du palais, afin de pouvoir opérer comme je le désirais.

Le jour des festivités, je mis un temps fou à tout mettre en place, à ordonner qu’on ne me dérange pas de la soirée tout en payant le garçon blond de la ferme voisine afin qu’il demeure en position allongée dans mon lit et qu’il fasse semblant de dormir. Personne ne devrait savoir.

Je me rendis ensuite dans une auberge, armé d'une grosse valise. Je m'habillai et me maquillai, avant de me rendre de nouveau au palais en calèche, seul, afin d’initier la première valse avec un parfait étranger, tout en cherchant Ludoric des yeux, légèrement tremblant.

« C'est votre premier bal ? »

Mon cavalier me l'avait demandé, sans doute à cause de mon air mal assuré.  

« O... oui. »

Je m'étais entraîné pour que ma voix paraisse le plus aigüe possible mais je ne comptais pas beaucoup discuter.

800 mots

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Min Shào
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Lun 17 Oct 2022, 15:27


Image par Sylvain Sarrailh
Les Portes - Chapitre V


Rôle:

Quand Natanaël reçut la réponse d'Yvonelle à sa lettre, la gorge se noua. Sans le vouloir, sa fiancée avait appuyé là où ça faisait mal. Penser que Rosette tombe folle amoureuse d'un inconnu l'inquiétait au plus haut point. Cela lui rappelait une réalité douloureuse : il n'était pas fiancé à Rosette et leur liaison était secrète. C'était peut-être ce qui lui donnait toute sa saveur... mais aussi ce qui la rendait fugace. Car le blond nourrissait la peur de voir la rousse filer entre ses doigts. Elle était d'un tel romantisme qu'il imaginait mal poursuivre sa liaison avec lui alors que son esprit serait monopolisé par un autre mâle.

De qui Yvonelle parlait-elle ? Si c'était vrai, qui était cet homme ? Etait-il plus musclé que lui ? Plus grand que lui ? Sans s'en rendre compte, ce dernier avait serré son poing qui tenait sa plume et la plia en deux. Il soupira. Il brûlait d'envie d'aller voir Rosette à l'improviste, mais ce serait louche et surtout, il avait peur de la retrouver distante, voire contrariée par son arrivée. Non, la raison lui criait de ne pas aller la voir avant le Bal. Et pourtant... la tentation était forte. Ce dernier sortit de sa chambre et alla trouver un domestique pour demander une nouvelle plume. Il se dirigeait vers la sortie afin de se rendre chez Rosette, sa raison balayée par le feu de sa passion, quand il aperçut une domestique avec la robe de Clémentine à la main. Elle venait certainement de la repasser en amont du Bal.

Curieux, il se détourna de son chemin et suivit la domestique jusqu'à la chambre de sa tante. Il s'engouffra dans la pièce avec son autorisation, et détailla la dernière création de Clémentine avec attention. « Quelle création délicate ! Tu t'améliores chaque année, très chère Tante. » Natanaël n'avait pas un bon sens de l'esthétique, mais il comprenait au moins l'aspect technique de la couture. Et il pouvait voir, d'un seul coup d'œil, que la robe de Clémentine était le fruit d'un travail de haute précision. « J'ai remarqué que tu avais beaucoup travaillé en amont du Bal. N'en fais pas trop, surtout ! Des rides vont se creuser sur ton visage si tu te fatigues trop », commenta-t-il en souriant.

Il s'approcha d'elle et lui laissa parler des détails de sa création. La famille D'Ukok était peuplée de travailleurs acharnés. Que ce soit Childéric dans l'armée, Clémentine dans ses tissus ou sa mère dans ses machines, chacun relevait sans cesse les standards de la famille en la matière. Cela poussait Natanaël à ne pas se relâcher ; il devait être à la hauteur. Être l'unique fils de sa génération redoublait le poids de la pression qui pesait sur ses épaules. « Vous êtes tous tellement doués », se laissa-t-il dire, l'air rêveur. « Parfois, je me dis qu'il m'est impossible de faire le poids face à vous. » Le blond n'y pouvait rien : la présence de sa tante le mettait d'humeur à se confier. Il avait une confiance entière en ses conseils, c'est pourquoi il lui faisait toujours part de ses inquiétudes. Alors qu'il avait peur d'être jugée par sa mère, il n'avait pas cette retenue auprès de sa tante. C'était même libérateur.

« Mais je me plains alors que la personne qui doit ressentir le plus de pression, aujourd'hui... c'est toi ! Aller au Bal au bras du Roi, rien que ça... » Il se frotta nerveusement le cou. « C'est un privilège pour la famille entière. Mais je me doute que cela attirera d'autres regards dont tu te serais volontiers passée. N'est-ce pas ? » Il sourit. « Moi, je suis certain que tu feras une cavalière idéale. Mais est-ce ce que tu désires, au moins ? » Il savait que Clémentine était si obnubilée par son sens aigu du devoir qu'elle en oubliait souvent ses propres désirs. Natanaël n'était pas au fait des histoires de la Cour, alors il ignorait l'étendue des risques  que Clémentine courait à se montrer aussi proche du monarque. « En tous cas, si ton cœur bât pour un homme du Royaume... le Bal sera le moment idéal pour te lancer. » Sa tante était très peu expansive sur les élans de son cœur. Mais, tout comme sa mère et Childéric, le blond jugeait qu'il était plus que temps qu'elle pense au mariage. Il n'était pas convenable que Natanaël, cadet de la famille, soit le seul D'Ukok fiancé -et bientôt marié !

*

Tout était prêt. Comme un bateau est équipé à amarrer, Natanaël était armé pour séduire ses belles, affublé d'une tenue luxueuse, ornée d'une cape et de bottes tout juste cirées. Sa richesse était affichée par d'innombrables bijoux, comme des bagues et un collier. Sur son torse trônait une broche envoyée par Yvonelle à tous les membres de la bande d'amis d'enfance. Pour apposer la dernière touche de ses apparats, Natanaël exerça une pression sur son parfum en présentant son poignet, puis le frotta contre son cou. Il se regarda dans le miroir et sourit. Pourquoi avait-il l'air d'un benêt ? *Il faut que j'ai l'air séduisant.* Le blond s'entraîna à sourire pour trouver celui qui ferait tourner les têtes. Mais soudain, une domestique apparut derrière lui et le fit sursauter.

Elle lui informa que son cheval était prêt. « Je vous remercie », répondit-il en essayant de masquer sa gêne. « Retrouvez-moi en bas, juste le temps que je passe voir Mère. » Il empoigna sa rose en évitant ses épines, puis s'engouffra dans le couloir. Le château était sans dessus-dessous : les domestiques couraient de parts et d'autres, divers tissus dans les bras. Entre les retouches des tenues des D'Ukok, la préparation des chevaux et l'entretien habituel de la bâtisse, tout le monde était mobilisé. Il n'eut pas besoin de frapper à la porte d'Ernelle : sa servante venait d'entrer avec un kit de couture. Elle commença à retoucher la robe de sa mère à la hanche. Ce dernier marqua un moment d'arrêt en voyant sa maternelle ainsi vêtue.  

« Voilà une vue que je n'oublierai pas de sitôt, Mère », commenta-t-il avec exagération.  « Nul doute que tous les hommes se retourneront sur votre passage ce soir. Un véritable modèle de féminité ! » Poursuivit-il en s'approchant. Il posa sa main sur son épaule et apposa une légère pression de ses lèvres sur sa joue, en s'efforçant à ne pas abîmer son accoutrement.  « Je pars pour le domaine d'Etamot. Le crépuscule dore déjà le feuillage des arbres et j'ai peur de faire attendre ma bien-aimée... » il s'éloigna et s'inclina.  « Nous nous reverrons au Bal. J'ai hâte de danser avec le joyau des D'Ukok », flatta-t-il d'un ton mielleux, un sourire en coin. Puis, il se retourna et se hâta vers la sortie.

*

« Bien le bonjour », salua Natanaël quand il arriva au domaine des D'Etamot. Le lieu semblait être empli de la même effervescence que chez lui. Déodatus était-il déjà parti au Royaume des De Lieugro ? Et Elzibert chez les D'Eruxul ? Même s'il appréciait ses amis, le blond espérait bénéficier d'une totale intimité avec Yvonelle pour leurs retrouvailles. Son absence avait pesé lourd dans son esprit et il ne pouvait pas attendre plus longtemps de la voir -et surtout de la toucher. Il en trépignait d'impatience, tel un enfant au réveil du jour de son anniversaire. « Dame Yvonelle est-elle prête ? Allez donc lui annoncer mon arrivée, je vous prie. »

Ce dernier descendit de son cheval. Sa servante l'emmena aux écuries des D'Etamot, en attendant son retour le soir-même. Natanaël comptait bien passer la nuit chez sa fiancée. Une calèche était attelée à un cheval orné de rubans noirs et rouges : il reconnut celui d'Yvonelle, dont il avait ordonné un tel apparat. Ce dernier entra dans le château et alla l'attendre dans le salon, en soignant sa posture comme il le pouvait. Le blond se tenait debout, droit devant la cheminée, sa rose à la main. Tout était parfait. Yvonelle allait craquer, c'était certain.

Mots: 1411

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Kitoe
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Lun 17 Oct 2022, 22:37

Faust
Les Portes V
TW : moody boy


Gustave écoutait Ezidor aussi fort qu'il tenait à sa vie. Une ride s'était même creusée entre ses deux sourcils ; c'était dire. En tant qu'homme ivre, il y avait de quoi applaudir l'exploit. Néanmoins, les nouvelles du médecin étaient loin d'être réjouissantes. Gustave avait du mal à raccrocher les wagons et saisir les tenants et aboutissant de tout ce qu'on lui disait, néanmoins, il se donnait au moins la peine de faire comme si. De toute façon, il avait fini par comprendre qu'il n'était pas en position pour discuter. Là, devant lui, se tenait celui qui déciderait de son destin. Rien que de le savoir, il sentait déjà l'épée de Damoclès lui fendre le crâne en deux, et il savait que d'ici quelques heures, sont mal de tête serait terrassant. La seule chose qui rendait sa migraine – déjà existante – supportable était l'effet anesthésiant de l'alcool. Gustave souffla par ses naseaux. Naïf, lui ? Non, il ne pensait pas. Il était juste complètement démuni, prêt à tout pour récupérer sa vie là où Éléontine l'avait laissée avant qu'elle ne lui annonce qu'elle portait un enfant. Un enfant... peut-être aurait-il pu avoir un deuxième fils ? Son regard se voila de tristesse.

-Vous avez fait quoi ?

Il parut scandalisé. Sa mâchoire, comme décrochée, ne se referma pas tout de suite. Un sentiment de trahison heurta son cœur. Quelques minutes plus tôt, Ezidor avait pourtant dit qu'il ne le tuerait pas et... il fronça encore plus les sourcils, alors qu'il louchait sur la petite fiole.

-L'antidote ? Répéta-t-il comme un abruti.

Vite, sa main fondit dessus et il but le contenu avant même de l'avoir ordonné à son cerveau. Il manqua de s'étouffer. Autant parce que c'était immonde et incroyablement fort – ça ressemblait vachement au goût de l'alcool, quelle drôle de coïncidence – que par ce qu'Ezidor venait de lui révéler sur la nature du poison.

-Chaque jour ?? S'écria-t-il comme un demeuré.

Outré, furieux même, il agrippa les bras de son fauteuil et défia le docteur. Il ne bougea pas plus. S'il aurait pu avoir le courage – et la bêtise – de s'attaquer à l'homme, il n'en trouvait, de toute manière, pas la force.

-Bien sûr que si, je vous en veux !

Comme si ce n'était pas évident. Alors qu'Ezidor s'en allait, Gustave vociférait. Son cul semblait pourtant visé à son siège. Il ressemblait à un babouin de cirque enfermé dans une cage imaginaire. Un babouin qui bavait, en plus.

-Vous êtes... Vous êtes... !

Mais le médecin avait disparu. Gustave poussa un cri de rage, puis se laissa retomber sur son dossier. Il passa ses mains sur son visage. Qu'allait-il faire ? Qu'allait-il bien pouvoir faire, à présent ? Ses mires cherchèrent sa réserve d'alcool, et il se maudit d'avoir poussé le meuble à l'exact opposé de sa localisation. Dans un effort surhumain, le de Tuorp parvint enfin à s'extirper de son fauteuil. Mais aussitôt sur ses pieds, ses jambes le lâchèrent. L'idée l'effleura qu'il était peut-être en train de se chier dessus, mais elle disparut aussi vite qu'elle était venue. Il grogna. Bon. Il pouvait toujours ramper.

*


Jusqu'au bal, les jours qui suivirent n'eurent jamais été aussi sombres pour Gustave. Il n'avait pas beaucoup adressé la parole à Éléontine depuis cette nuit tragique. Il l'avait même punie par le châtiment de l'abstinence et ne l’avait plus touchée une seule fois. Cela ne l’empêchait pas, parfois, d’avoir envie de la forcer, pris par l'irrémédiable envie de lui faire du mal et lui montrer comment elle l'avait fait souffrir en supprimant la vie qui avait grandi en elle. Mais Gustave n'avait jamais cédé à ces pulsions malsaines. Au fond, il ne voulait pas porter préjudice à sa compagne et il savait qu'il n'y prendrait aucun plaisir non-plus. Le sexe sans le consentement de l'autre n'avait que peu de valeur à ses yeux. Pour lui, l'intérêt était justement le jeu de séduction et d'interdit autour de l'activité charnelle. Certes, Gustave draguait donc lourdement, mais il n'était en aucun cas un violeur. En tout cas, pas qu'il sache. Pour le moment.

A la maison, l'ambiance n'avait jamais été aussi glaciale. Il n'avait cessé de ruminer des pensées sombres et ses mauvaises intentions. Il avait tenté de ne pas le laisser autant paraitre qu'il l'aurait voulu, mais ça n'avait pas vraiment fonctionné : malgré ses sourires trop cordiaux à Hermilius lorsqu'ils se croisaient, il avait omis de cacher son regard noir. Il avait aussi cessé de rendre visite à son fils aussi souvent qu'à l'accoutumée, pour lui parler de conquêtes féminines fantasmées. Les domestiques s'effaçaient sur son passage, de peur qu'il n'explose de nouveau.

En plus de tous les événements qui avaient secoué cette fameuse nuit, Gustave avait fini par avoir connaissance du ruban de sa femme. Evidemment, il n'avait pas vu cela d'un bon œil et lui avait aussitôt demandé si elle savait à qui il pouvait bien correspondre. Il n'avait pas obtenu de réponse.

-Je veux que tu m'informes dès lors que tu auras pris connaissance de l’identité de l’homme en question. Ordonna-t-il à sa femme alors qu'ils arrivaient dans la somptueuse salle de bal.

Il murmurait pour qu'elle seule puisse l'entendre, mais cela n'avait rien enlevé à la rudesse de sa demande. Ce soir, il n'était pas d'humeur. Il n'était plus d'humeur à rien, ces derniers temps. Il avait bien tenté d'aller se détendre chez une ou deux maîtresses, mais cela ne lui avait pas suffi. Au fond de lui brûlait une rage folle, ce bouillonnement destructeur, ce bourdonnement tempétueux qu'il n'avait pas pu déverser dans son entièreté. Éléontine lui avait arraché l’opportunité d’un bonheur et celle de s’exprimer pleinement. Ezidor l'avait muselé et maintenant, ce dernier le tenait en laisse – il fallait d'ailleurs qu'il trouvât et gardât ce traitre à l'œil au cours de la soirée. Comment sa vie avait-elle pu devenir un enfer aussi vite ? Les deux étaient-ils de mèche ? Probablement. Mais pour quoi faire ? Pour le faire tomber ? Pour le rendre fou ? Ils étaient sur la bonne voie. Toutes ces machinations le faisaient mal dormir la nuit. Il avait réfléchi, beaucoup réfléchi. Il en était venu à se projeter dans plusieurs scénarii.

L'un d'entre eux était machiavélique. Il s'agissait de tout plaquer pour se ranger complètement du côté de celui qu'il considérait maintenant comme un sorcier. Ainsi, il pourrait apprendre la médecine à ses côtés. Avec le temps, et même s'il savait pertinemment qu'il n'obtiendrait jamais sa totale confiance, Gustave espérait au moins abaisser un peu sa garde. Alors, il attendrait le moment venu pour tuer le fou. Ayant été formé, il n'aurait guère de mal à confectionner l'antidote dont il avait à présent besoin quotidiennement. Dans une continuité alternative, il pourrait alors empoisonner Hermilius – qui commençait sérieusement à lui taper sur le système – quitter Éléontine et partir refaire sa vie avec son fils. Ou alors laisser son fils gouverner ce royaume avec Coline de Lieugro. Les deux alternatives lui allaient.

Dans le cas où le courage lui manquait – et donc le scénario le plus plausible – il choisirait de ne rien plaquer. Et dans ce cas-là, Gustave devrait se faire à l'idée qu'il était temps de tirer sa révérence. Ainsi, il tâcherait de continuer de vivre comme si de rien n'était, tout en dépendant du médecin, mais focaliserait l'entièreté ses efforts sur son fils. Ainsi, il le pousserait sur le trône et en ferait rapidement un Roi. Mieux, s'il vivait suffisamment longtemps, il pourrait faire exécuter Ezidor, puis faire de son fils un Empereur. Car son fils serait alors un guerrier et un conquérant des terres comme des cœurs.

Son fils, d'ailleurs. Gustave se tourna un instant en sa direction alors que celui-ci se joignait à sa cavalière, lui sourit et lui adressa un clin d'œil. Ce soir, il comptait sur lui pour le rendre fier. Il espérait qu'à la fin de la soirée, il ne le verrait plus dans la salle de bal, et qu'il aurait plutôt trouvé un couloir sombre, si ce n'est la chambre de la dulcinée, pour la poutrer en bonne et due forme – avant de quitter la demeure, le bon père qu’il était lui avait encore fait un topo sur le sujet, vantant les louanges du soulevage-contre-mur, qu'il se fit de dos ou de face. Dès qu'il le perdit de vue, Gustave reprit sa mine austère, bien que l'étiquette le forçât à garder une mine courtoise à minima : il était donc, en réalité, paré de son beau sourire. Mais pas du plus beau.

-Je ne veux pas non-plus te voir discuter, ou avoir une quelconque interaction avec Ezidor de Xyno. Et tu ne quitteras pas cette pièce sans m'en tenir informé.

Il était temps de ressaisir les rênes de cette famille. L’homme était resté trop longtemps idiot, sourd et aveugle, si bien qu'à présent, il se savait sur le point de sombrer dans la paranoïa.

-Est-ce que c'est clair ? Siffla-t-il.

Elle n'avait pas intérêt à déroger à aucun de ses ordres. Car cette fois-ci, Gustave saurait sévir. Peut-être était-ce ça qu'il attendait, d'ailleurs, pour parvenir à éteindre cette flamme de colère dévorante dont il ne parvenait pas à se débarrasser. Sévir.

1525 mots



Bijin
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Mar 18 Oct 2022, 07:48



Les Portes



Autour de moi, il y avait une piscine, un taureau mort et, les jambes dans l’eau, le buste sur le rebord, un homme dans le même état. À côté de cet homme, il y avait un bâton, couvert de sang et d’une autre matière particulièrement malodorante. C’était ce qui arrivait, lorsque les objets étaient enfoncés trop profondément. Je n’étais plus intéressé ni par l’un ni par l’autre. Le taureau serait cuisiné et… l’homme aussi. Certains membres inutiles du peuple étaient maintenus dans un tel état de famine qu’ils ne rechignaient sur rien. C’était le prix à payer, lorsque l’on était nuisible. Avais-je besoin d’handicapés, de déficients et de fainéants parmi les miens ? Non. Assise à une table, une femme était occupée à écrire une lettre pour moi. Je n’écrivais jamais moi-même. Les seules fois où j’utilisais une plume, c’était pour marquer des choses en lettres de sang sur mes parchemins à calligraphie. Il était plus difficile d'obtenir une écriture élégante lorsque le parchemin était vivant. « Dis-lui que si le Royaume est dans un tel état de décrépitude, il ne devrait avoir aucun mal à satisfaire mon ordre. À moins que mon fils ne soit lui-même dans un état similaire ? » Je fixai la plume. « N’écris pas la dernière partie. Il n’arrive déjà pas à faire face à sa sœur, je ne voudrais pas que mon héritier se vexe mortellement. » En réalité, je m’en fichais parfaitement. J’adorais monter mes enfants l’un contre l’autre. J’aimais lorsque ma fille traumatisait son frère et inversement. J’avais à l’idée, secrètement, que le meilleur finirait par éliminer l’autre. Il n’y avait pas d’autres issues à mes yeux. Ainsi en allait-il de la sélection naturelle. Après tout, n’était-ce pas ce qui était arrivé à ma très chère sœur ? « Informe-le du décès de sa mère à la suite d’un… hum, regrettable accident. » Il n’y avait rien de regrettable. Par ailleurs, il ne s’agissait pas non plus d’un accident. « Prie-le de prévenir sa sœur. » continuai-je, en consultant d’un même temps la liste des femmes de sang noble du Royaume De Lieugro. « J’espère qu’ils sauront tous les deux rester dignes durant le bal. Seuls les faibles pleurent. » commentai-je. « Assure-le de ma présence au bal. À cet égard, je compte sur toi pour écrire une lettre à Montarville. Quelque chose de protocolaire. » Je posai la liste et vérifiai les profils royaux. Mes yeux s’arrêtèrent sur Placide. Dire que j'avais été si proche du Prince véritable à un moment de son existence. Ma pensée resta en suspend un instant, les souvenirs remontant délicieusement.

Je tournai la tête vers un homme. « Auguste, distribue de la nourriture à ceux qui se porteront volontaires pour se placer en première ligne lors de l'invasion de tu sais quel Royaume en l’absence de son Roi. » Celui-ci se tenait debout contre le mur, un arc posé à côté de lui. Il avait dû tirer quelques flèches sur moi précédemment, lorsque j’étais déjà occupé avec le taureau. L’autre mort, quant à lui, avait fini noyé et éventré par le bâton. Je n’aimais pas être à l’étroit. J’aimais ouvrir chaque chemin qu’il me plaisait d’emprunter. « Bien Votre Grâce. Néanmoins, si je puis me permettre, vous devriez faire soigner votre bras. » Le sang avait coulé le long de mon avant-bras, jusqu’à mes doigts. Le liquide avait taché les documents que j’avais consultés sans que cela ne semblât me poser le moindre problème. « La douleur endurcit. » répondis-je simplement, avant de revenir à ma scribe. Je dormais quatre heures par nuit. Je pratiquais des activités sportives aussi dangereuses pour moi que pour autrui, comme en témoignaient les multiples cicatrices qui constellaient mon corps. Il m’était arrivé plusieurs fois d’être blessé gravement. J’avais perdu un morceau de mon auriculaire droit ainsi qu'un morceau du cartilage supérieur de mon oreille gauche. J’étais toujours blessé quelque part. La douleur me rappelait que je n’étais pas mort. « Dis à mon fils que ma présence l’aidera certainement mais que nos objectifs au Royaume de Lieugro ne seront pas les mêmes. » Sa mission lui appartenait. La mienne serait différente. « À ce titre, j’entends qu’il m’exauce et qu’il trouve un moyen de s’entendre avec sa sœur. » Quitte à la faire taire pour de bon mais je n’allais pas le faire écrire. Surtout, le conseil aurait pu valoir pour Zébella également. « Tu peux conclure par une formule de politesse aimante. » dis-je, d’un geste de la main qui prouvait que je n’avais que peu d’intérêt concernant la conclusion.

« Il me reste encore cinquante pompes à faire si je ne m’abuse ? » Question rhétorique. Je connaissais mon emploi du temps mieux que quiconque. « Parfaitement. » « Ensuite, tu m’apporteras les actualités du jour ainsi qu’un ouvrage parmi la liste traitant d’économie. Un fois que j’aurais terminé, nous commencerons enfin notre journée officielle par une réunion avec mes conseillers. J’espère que leurs langues seront plus utiles que la dernière fois. J’ai toujours préféré la langue de bœuf à la langue de quadragénaire. » Je souris. Il s’agissait d’une plaisanterie. Je ne mangeais pas mes conseillers. Le peuple cependant… « Guillemette, écris un mot à mon majordome afin qu’il fasse préparer mes affaires. Demande-lui d’envoyer quelqu’un dans ma maison de campagne afin d’y organiser mon arrivée. » Je souris, encore. « Il me tarde de revoir les tuiles de la demeure des Etamot briller au lointain. » murmurai-je à mon attention seule. Je m’approchai d’une fenêtre. Il était trois heures du matin et mon Royaume était encore en grande partie endormi. Tout le monde ne pouvait pas se permettre de suivre mon rythme. Mon endurance était aussi ma force. Tandis que certains se contentaient d’une vie vide d’intérêt et sans organisation aucune, je millimétrais absolument toutes mes activités et fixais mes objectifs avec précision. Tout dans mon emploi du temps possédait une utilité. Je ne paressais jamais et déléguais le strict nécessaire ou les tâches sans intérêt. Lorsque je lisais, ce n’était pas pour me divertir mais pour apprendre. Lorsque je me rendais dans des soirées, j’avais toujours une idée derrière la tête. La nourriture que j’ingurgitais était faite pour nourrir mon corps et mon esprit et me permettre d’être au meilleur de mes capacités. Je choisissais mes interlocuteurs avec soin et chacune de mes soi-disant excentricités était murement réfléchie pour alimenter mon image et les rumeurs qui y étaient associées. Je détestais perdre mon temps.

1044 mots
Bientôt au bal
Judas (Gyzyl):

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Dorian Lang
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Dorian Lang
Mar 18 Oct 2022, 12:08

Les Portes - Chapitre V  - Page 10 G7pa
Les Portes V - Le Conte II
Ezidor




Rôle:

Ezidor descendit le premier de la calèche et prêta son bras à Adénaïs pour s'y appuyer et sortir à son tour. À la lueur des torches qui illuminaient le sentier menant jusqu'à l'entrée du château, son teint demeurait trop fantomatique à son goût, malgré les artifices du maquillage et de sa coiffure. Il déplorait les frasques de ses enfants dont il avait eu vent, qui n'avaient guère dû contribuer au repos de leur mère. L'égoïsme des adolescents ne connaissait pas de limites. Il recouvrit sa main sur son bras de la sienne. « Si le bal vous rend trop lasse, n'hésitez pas à me le dire et je vous ramènerai. Je vais garder un oeil sur vous pendant la soirée. » Et sur Gustave également. Mais quelque chose lui disait que tant qu'il se tiendrait à ses côtés, le De Tuorp ne chercherait pas la compagnie de sa maîtresse. Bien sûr, il ne comptait pas chaperonner Adénaïs toute la nuit et il avait pris ses dispositions. Il songeait également que Childéric s'empresserait de sauver la demoiselle en détresse maintenant qu'il était devenu un chien soumis à la laisse de l'amour. Que cette femme quelconque soit si couvée lui échappait mais il avait d'autres préoccupations en tête.

Une fois à l'intérieur, il promena son regard sur la salle à haut plafond, les dorures scintillant sous l'éclat des lustres, les longues tables repoussées contre les murs supportant un buffet prêt à ravir les papilles du Royaume. Mais c'était autre chose qu'il recherchait et dès qu'il l'eut repéré, il invita Adénaïs à le suivre. « Je veux vous présenter quelqu'un. Sa Majesté a une nouvelle fois fais preuve de sa prévenance en m'accordant une de ses domestiques afin que je ne sois pas trop dépaysé après mes longues années d'absence. » Expliqua-t-il en se rendant auprès de la jeune fille. « Lénora. Je vous présente Adénaïs d'Etamot, ma cavalière pour ce soir. Soyez gentille et étendez vos services en prenant autant soin d'elle que de moi. Madame se remet doucement d'une maladie qui l'a fragilisée et je ne veux pas qu'elle s'évanouisse si je dois m'absenter. Ah, et prenez ceci et faites le porter discrètement à son destinataire je vous prie. » Il lui remit une courte note pliée en deux sur la longueur sur laquelle était inscrite le nom de Gustave. Une phrase brève en composait son contenu, conseillant au coureur de jupons de se tenir loin d'Adénaïs, et de faire profil bas. Ezidor ne garantissait pas que s'il surprenait le brun le pantalon sur les chevilles, il n'y aurait pas de représailles qu'il n'apprécierait guère.

Les musiciens avaient terminé d'accorder leurs instruments et à la désharmonie de leur préparation se succéda les premières notes d'une valse. Le médecin n'aimait pas danser mais c'était un devoir auquel il se plierait, au moins un minimum pour ne pas attirer l'attention. D'une pression de ses doigts sur la taille de sa partenaire, il l'entraîna sur la piste et se positionna. Dès qu'elle fut face à lui, il imprima à leurs pieds un rythme lent, le temps de la laisser s'accorder sur lui. Au gré de leur danse, son regard glissa sur Childéric, au bras de Garance. Ainsi donc, il consolidait sa position en entretenant sa relation avec la soeur du roi. Il se demanda vaguement combien d'hommes cette femme avait accueilli entre ses cuisses, et s'il existait dans ce Royaume une seule femme capable de fidélité et de vertu. Et quand ce n'était pas la luxure, c'était le coeur qui les guidait, comme cette Madeline qui soupirait après d'il ignorait qui mais qu'il était curieux de découvrir. En se renseignant un peu, il avait appris qu'elle était l'épouse du conseiller du roi. Encore un cocu à venir. Il imagina un instant si tout était découvert au grand jour, toutes les liaisons secrètes dévoilées. Le bal deviendrait un bain de sang, et il se surprit à sourire. Il baissa les yeux sur Adénaïs. « Elzibert s'est-il calmé depuis la dernière fois ? Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer combien il était différent de son frère et de sa soeur, tous deux beaucoup plus calmes. Je me demande d'où lui vient ce caractère. » Il s'exprimait comme s'il pensait à voix haute, sans vraiment attendre de réponse, mais surveillant néanmoins les réactions de la mère à l'entrejambe aussi travailleuse qu'une abeille. Combien de fleurs avait-elle butiné ?

« Eduquer ces trois enfants seule doit être une épreuve de chaque instant, une peine que vous pourriez vous épargner en vous remariant. Pourquoi ne pas profiter de ce bal pour repérer ceux dont l'annulaire est encore orphelin ? Que pensez-vous de Childéric ? Sa position est avantageuse et sa réputation impeccable. » Il énonça ce dernier mensonge tranquillement. Il avait été témoin des pitoyables états dans lesquels le commandant s'était plongé dans sa jeunesse, pour la bonne raison qu'il était l'instigateur de ses débauches. « Du moins, c'est ce qu'on dit. » Ajouta-t-il avec un scepticisme travaillé. « Je pense personnellement que personne n'est irréprochable, vous n'êtes pas d'accord ? »

Message V | 897 mots
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Mar 18 Oct 2022, 14:45

Chelae
Le Conte
Clémentine était ravie. Si sa fratrie était d'accord, alors elle allait organiser ces révélations dès ce soir. Elle avait vraiment hâte de récolter leurs avis.

-Ça ne m'étonne pas. J'imagine que les plus jeunes voient davantage l'aspect divertissant de l'événement, que la partie diplomatique.

Quelque part, elle enviait leur innocence. Ne pas avoir à se soucier autant de ce que les autres pensaient devait être si libérateur. Seulement, les enfants devenaient adultes, mais les adultes ne redevenaient jamais enfants. Cela les empêchait de profiter pleinement du cadeau de la jeunesse, où les codes s'appliquaient moins durement.

-Oh ! Clémentine approcha sa main de sa bouche pour cacher son rire. Ce serait audacieux. Je suis certaine que tu ferais fureur !

Les d'Ukok en avaient entendu parler, de ce chapeau. Probablement grotesque pour certains, il s'agissait avant tout d'un véritable bijou de technologie, qui témoignait de l'esprit créatif et passionnant de sa sœur. De toute évidence, Clémentine souhaitait qu'Ernelle s'épanouisse lors de ce bal, et cela commençait par ne pas cacher sa véritable nature. Cela ferait jaser sans aucun doute, mais cela était-il interdit ? Par qu'elle sache.

-A vrai dire, je ne sais pas trop. Bien, j'imagine, même si j'ai encore du mal à comprendre pourquoi le Roi s'est tourné vers moi.

Elle prit un air songeur. Depuis la demande de Montarville, elle s'était posé cette question des centaines de fois. Mais les mêmes conclusions revenaient sans cesse à la charge : elle ne comprenait pas. Elle n'était pas grand-monde et n'avait jamais cherché à charmer le monarque. Elle n'avait jamais attiré l'attention. En fait, elle aurait été moins surprise si on l'avait oubliée.

-Peut-être pourrais-je lui demander. Elle sortit de sa rêverie, pour répondre plus franchement à sa sœur : mais ça va. Je suis nerveuse, mais tu sais à quel point j'ai tendance à me faire du souci pour un rien.

Au fond, elle savait que tout se passerait bien. De toute manière, à l'heure actuelle, elle n'envisageait rien de plus que cette danse avec le Roi. L'intrigue d'une quelconque romance lui avait à peine effleuré l'esprit, à vrai dire. Bien qu'il fût beau et clément, elle n'était pas amoureuse de Montarville. Elle ne pouvait pas en dire autant concernant son fils… Clémentine réprima un sursaut et le froncement de ses sourcils à l'entende du nom du cavalier de sa soeur.

-Tu vas vraiment venir, alors. Préféra-t-elle répondre avec un enthousiasme qu'elle voulut sincère.

La couturière n'aimait pas ce que venait de lui révéler Ernelle, cela-dit. Certes, elle avait souhaité à Hermilius de succéder à trouver une autre cavalière, mais... n'avait-il eu que d'autre choix que de se rabattre sur sa sœur ? C'était osé. Voire déplacé. Clémentine marqua une moue concernée. Elle ne voulait pas la vexer, mais elle ne voulait pas non plus lui mentir. Dans tous les cas, elle se sentait très mal.

-Eh bien... Hermilius s'était proposé à moi au préalable et m'avait dit d'y réfléchir. Mais lorsque le Roi s'est manifesté... Enfin, c'est le Roi ! Je n'ai pas pu refuser.

Ses paroles trahissaient-elles d'un choix qu'elle n'avait pas eu ? Clémentine regarda par terre.

-Quoi qu'il en soit, je pense que mon choix était le bon. Je n'étais pas tout à fait à l'aise lorsque Sir De Tuorp est venu me faire sa demande...

Il fallait dire qu'ils ne s'étaient pas rencontrés selon les standards. Elle avait carrément vu son torse ! Les joues rouges d’embarras, la d'Ukok releva les yeux vers sa sœur.

-Désolée.

Elle ignorait si elle devait s'excuser ou non, en fait. Mais être le second choix pouvait être vexant, et elle s'en voulait terriblement. Si elle avait accepté d'y aller avec lui, Ernelle aurait eu l'occasion de danser avec le Roi. Cela aurait sûrement dû se passer comme ça.

***


Clémentine referma son livre. Elle n'avait lu que trois lignes, incapable de poursuivre tant son esprit tournait à mille à l'heure. Elle sentait presque déjà son sang battre ses tempes. Assise dans un fauteuil prêt de son lit, son regard balayait sa chambre en silence. Elle ne savait pas quoi faire. La nervosité la paralysait. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était parvenir à l'échéance de cette attente qui lui paraissait interminable. Elle savait qu'une fois le début du bal lancé, toute cette pression qu'elle accumulait depuis des jours s'évaporerait. Avant de la porter, Clémentine avait confié sa robe à des domestiques, afin que le tissu soit repassé et parfaitement propre. Elle n'avait qu'une hâte : l'enfiler puis s'apprêter. Cela aurait au moins le mérite de l'occuper jusqu'au soir. Alors, lorsqu'on frappa à sa porte, la d'Ukok bondit sur ses pieds.

-Oh, Natanaël ! S'exclama-t-elle tout en réceptionnant la robe. Oui, entre bien sûr.

Naturellement, elle s'était parée d'un sourire doux, même si ses gestes, un peu plus rapides et secs qu'à l'accoutumée, la trahissaient.

-Merci beaucoup.

Elle prit note des commentaires de son neveu sans rajouter mot. Si Clémentine savait bien une chose, c'était qu'elle travaillait et se dédiait trop aux autres. Sa famille le lui rappelait continuellement, au point parfois de se demander si sa dévotion n’était pas un défaut. Seulement, même si elle ne pouvait que leur donner raison, c’était plus fort qu’elle.

-Le travail est important. C'est à force de labeur que l'on peut prétendre à la perfection.

Pour autant, Clémentine se considérait comme loin d'être parfaite. Comme tout le monde, elle avait ses travers. Ils étaient humains, après tout.

-Mais non, voyons. Natanaël, ne dis pas des choses pareilles.

Elle l'invita à s'asseoir près d'elle, sur son lit, et posa une main délicate sur son épaule. Elle détestait lorsque les siens se dévalorisaient.

-Nous ne sommes pas plus talentueux que n'importe qui et toi, tu n'es pas moins talentueux que qui que ce soit. Je crois que nous avons chacun une vocation. La tienne est de céder aux appels de l'océan, non ? Je suis certaine que tu feras un excellent navigateur plus tard ! Le tout n'est qu'une question de pratique. Personnellement, je serais bien incapable de braver les eaux.

De toutes ses forces, elle espérait que ses mots parvenaient à le rassurer. Mais dès lors qu'il retourna au sujet principal du moment, la tante rompit le contact physique et visuel.

-Ne t'en fais pas pour moi.

Elle venait de recevoir une véritable décharge de stress. A défaut de pouvoir elle aussi se frotter nerveusement le cou, car c'était indélicat, elle se frotta nerveusement l'avant-bras. Est-ce que tout cela correspondait à ce qu'elle désirait ?

-Oui, je pense.

Non, elle ne savait pas vraiment. Elle n'avait qu'une seule idée, qui tournait dans sa tête sans jamais en sortir, et c'était de trouver un moment pour parler à Placide, en privé. Mais elle ne pouvait pas le lui admettre.

-Tu as sans doute raison. Je garderai cela à l'esprit. Merci.

Si son cœur battait pour un homme du Royaume... le bal serait le moment idéal pour se lancer. Certainement. Mais comment faisait-on lorsque le concerné ne pouvait pas s'y présenter ?

***


Clémentine avait froid. Elle était bien couverte, mais elle avait froid. Et pour cause : elle était terrifiée. Assise sur l'une des banquettes du carrosse royal, elle observait le paysage défiler, plongé dans l'ombre du jour déclinant. Elle était seule. Le silence lui avait rarement paru aussi... étrange. Elle était honorée, et sans le cacher, elle était ravie de se présenter au bras du Roi ce soir, mais elle avait tellement peur... Plus tôt dans la journée, elle avait insisté auprès de domestiques pour réviser ses courbettes, ses pas de danses et les bonnes manières en général. Encore maintenant, elle répétait dans sa tête. C'était idiot, et elle-même le savait, car elle connaissait tous ces gestes depuis l'enfance. Mais c'était tout ce qu’elle avait trouvé pour se rassurer.

Alors qu'elle parvenait à la cour du château, Clémentine prit une profonde inspiration, puis expira. Un cocher ouvrit sa porte et lui tendit la main pour l'inviter à descendre.

-Merci.

-Le Roi vous attend à l'intérieur.

On l'accompagna jusqu'à Montarville. Clémentine resta silencieuse tout du long, préférant se concentrer sur sa respiration. Elle craignait que ses jambes la lâchent lorsqu'elle se retrouverait face à lui, dans l'un des salons privés du palais.

-Votre Altesse, Mademoiselle Clémentine d’Ukok.

-Majestée.

Elle effectua sa révérence. Ils avaient encore un peu de temps avant le début des festivités.

-C'est véritablement un honneur de danser avec vous ce soir.

Elle le lui avait déjà dit lorsqu'elle avait accepté sa proposition, mais on ne disait jamais trop ces choses-là. Le duo discuta modestement, le temps à Clémentine de trouver ses marques et de se détendre. Le début du bal ne tarda pas à se faire annoncer. Ils devaient y aller.

-Il y a du beau monde. Pour sûr, il s'agira là d'un succès.

Les bals précédents l'avaient été, alors celui-ci ne ferait pas exception. Dans la salle de réception, qui était de loin l’un des plus beaux bijoux de la royauté, Clémentine chercha Adénaïs des yeux. Son frère lui avait annoncé que celle-ci était tombée malade et la d'Ukok espérait qu'elle s'en était remise correctement. Si possible, elle comptait discuter avec elle plus tard, afin de prendre de ses nouvelles. Pour l’heure, la première valse allait commencer. Clémentine se plaça face à Montarville. Sa main droite se glissa dans la sienne, tandis que l'autre se posa au niveau de son épaule. Ils commencèrent à valser. "Si ton cœur bat pour un homme du Royaume... le Bal sera le moment idéal pour te lancer."

-Comment le Prince se porte-t-il ?

Elle pinça ses lèvres. Elle avait posé la question sans réfléchir, peut-être un peu trop avide de se lancer sur ce sujet glissant.

-Pardonnez-moi, je ne devrais pas aborder cela ici. Vous devez en avoir assez. Seulement, la nouvelle m'a rendue très inquiète. Vous savez, les rumeurs vont vite et l'on dit un tas de choses et d'autres à son sujet.

Ce n'était pas tout à fait vrai, bien qu'elle eût l'occasion d'entendre les commérages de domestiques à quelques reprises. Mais ces "choses et d'autres" provenaient avant tout de son esprit accablé. Elle s'éclaircit la voix.

-Sur un autre ton, j'étais curieuse à propos d'une chose... Je sais qu'il n'est pas d'usage de demander cela, mais... pourquoi m'avoir invitée à danser avec vous ce soir ?

Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Lorsqu'elle était nerveuse, Clémentine pouvait devenir très bavarde, et elle était bien consciente que cela pouvait la rendre envahissante. Elle espérait que cela ne le dérangeait pas trop.


~1748 mots~
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mar 18 Oct 2022, 17:41



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Ses sensations déchaînées s’écrasèrent abruptement lorsqu’il entendit la voix de Coline s’élever derrière la porte. Le rouge colora ses joues et il se retourna vivement, inquiet d’être surpris en plein échange avec Placide. Avait-elle entendu quelque chose ? Un craquement du lit, un souffle saccadé, le chant d’un baiser ? Il pivota vers le blond, inquisiteur. Le doigt appliqué sur ses lèvres répondit à sa question silencieuse. Une lueur incertaine se coula dans son regard bronze, avant de disparaître. L’esquisse d’un sourire flotta sur sa bouche, tandis que celle du prince chuchotait à son oreille. Il inspira, puis déglutit et passa la langue sur ses lèvres. Était-ce une bonne idée ? Probablement pas. S’en moquait-il ? Assurément. Il n’avait qu’un désir : rester avec et contre lui, respirer son odeur toute la nuit, se perdre dans son lit. Ses yeux plongèrent dans ceux de Placide. Il l’ignorait, mais il n’avait plus besoin d’aucun mot pour le convaincre. En lui résidait quelque chose qui faisait généralement ployer Ludoric ; ses humeurs, ses réticences, sa raison. Cet élément s’était comme renforcé, endurci par le risque que le prince venait d’encourir. Il le rendait fou ; en sa présence, il se destinait aux impossibles, aux rêves et aux espoirs. « D’accord. » s’entendit-il répondre, une douce impression de déconnexion se condensant autour de lui. Il n’existait plus que son amoureux. Au diable Coline ! Il la verrait bien assez longtemps lors du bal, malheureusement.

Néanmoins, la princesse n’était vraisemblablement pas du même avis. À nouveau, elle frappa à la porte. « Placide ? Je sais que tu es là. » Le cœur battant, le roux demeura suspendu au regard azuré du prince. Un temps passa. « Avec Ludoric. » Il retint sa respiration. Se doutait-elle de quelque chose ? Se douterait-elle de quelque chose, s’ils n’ouvraient que maintenant ? Ou s’ils n’ouvraient pas du tout ? Avait-elle suffisamment d’imagination pour s’imaginer le lien qui les unissait ? Ils avaient toujours veillé à être d’une discrétion sans égale, cependant, il se pouvait que certains regards, certains mots ou certains gestes les eussent trahis. L’adolescent repassa mentalement tous les moments critiques de sa vie, à la recherche d’une faille dans leur jeu de masques. « Je voulais le voir aussi. Juste cinq minutes, et après je vous laisse entre vous. » Une impatience et un agacement mal contenus perçaient dans la voix de la blanche. Pourtant, ni l’un ni l’autre des amants ne bougea. Lorsque la poignée fut actionnée plusieurs fois de suite, Ludoric se contenta de pincer les lèvres en priant d’avoir correctement verrouillé la serrure. La porte ne s’ouvrit pas. Il soupira de soulagement. Quelques secondes plus tard, le bruit claquant de talons sur le carrelage retentit, puis s’estompa dans le lointain. Un sourire lutta pour s’offrir une place sur les lèvres du futur soldat, qui finit par éclater de rire. Il s’allongea en travers sur Placide pour étouffer son amusement dans le second oreiller.

Dès qu’il se sentit plus apaisé, il releva le nez et regarda le prince, le visage encore empreint de malice. « J’ai presque cru qu’elle allait défoncer la porte. » s’amusa-t-il, quand cette éventualité n’avait en réalité rien de drôle. Sans plus s’attarder sur ce sujet, le roux se redressa, s’assit à califourchon sur Placide et retourna s’emparer de ses lèvres. « Jusqu’à demain. » souffla-t-il entre deux baisers. Tiendrait-il ? Résisterait-il à ses assauts amoureux ? Saurait-il éviter la suite logique à tous ces baisers qu’ils s’échangeaient depuis des années ? En avait-il seulement encore envie ? Il avait toujours peur. Il aurait menti s’il avait prétendu le contraire. Cependant, il se sentait prêt. Prêt à sentir sa peau contre la sienne, à la parcourir de ses lèvres et à le laisser découvrir son propre corps, à le serrer contre lui et à lui procurer autant de plaisir que possible. Il ignorait comment procéder, mais il savait que l’amour trouve toujours son chemin.



Élégamment vêtu, Ludoric se présenta devant les appartements de Coline. Lorsque la porte s’ouvrit sur la princesse, il exécuta une révérence impeccable, avant de se redresser. Sa robe mauve flattait son teint et soulignait la finesse de sa silhouette. S’il ne l’avait pas trouvée si détestable de caractère, sa beauté l’aurait sans doute bien plus touché. Toute chose égale par ailleurs. Il aurait pu être le cavalier de la plus belle femme du monde qu’il ne serait pas tombé sous son charme. Les courbes féminines n’éveillaient chez lui absolument aucune appétence. Il n’avait d’yeux que pour Placide et, s’il n’avait pas fait partie de sa vie, il se serait tourné vers d’autres hommes. « Votre Altesse. Puis-je avoir votre bras, s’il vous plaît ? » Coline lui sourit et le lui tendit. Il passa le sien autour et entreprit de la guider jusqu’à la salle de bal, la boule au ventre. Il savait que nombre de regards seraient fixés sur eux. Il aurait aimé pouvoir s’enfuir, tel Placide isolé à la campagne.



Message VII – 828 mots

Je vais jouer Ludoric et Coline ensemble sur chacun de leurs messages Les Portes - Chapitre V  - Page 10 3298876942




Les Portes - Chapitre V  - Page 10 1628 :


Les Portes - Chapitre V  - Page 10 2289842337 :
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mer 19 Oct 2022, 21:48

Les Portes - Chapitre V  - Page 10 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Chapitre V



Rôle:

Devant le tableau, Hermilius resta un instant interdit. Puis, un sourire vint habiller ses lèvres. Finalement, il pouffa. Cette petite hirondelle, comme l’avait appelée Eléontine, n’était visiblement pas si sage que ça. Il observa la peinture. Son visage était parfaitement représenté, si bien qu’il ne douta pas de la véracité du reste. Avait-elle posé nue ? Cela l’étonnait légèrement mais… hum… ça n’avait aucune importance finalement. S’il montrait la toile, elle passerait pour la dernière des catins. En d’autres termes : il possédait largement les moyens de la baiser, dans tous les sens du terme. Il rit une nouvelle fois, avant de s’approcher de l’armoire dans laquelle il rangeait une partie de sa réserve d’alcool. Il l’ouvrit, prit un verre et une bouteille d’hydromel. Il devait fêter ça. Finalement, parler de Clémentine à sa cousine avait été une bonne chose. Il lui avait dit qu’il voulait pousser le vice jusqu’à hanter ses nuits, jusqu’à ce que son image poussât sa main entre ses cuisses lorsqu’elle était seule. C’était ça, ce qu’il voulait : devenir son obsession. Néanmoins, il était conscient que cela prendrait sans doute du temps. S’il avait cru pouvoir arrêter ses petites activités charnelles, son corps lui avait fait comprendre que ce n’était pas possible. Il réclamait sa dose régulièrement. Il était trop habitué. Il aimait ça et, finalement, lorsqu’il se retenait, c’était simplement parce qu’il était dévoué corps et âme à une cause et que le risque était bien trop grand pour qu’il tentât quoi que ce fût. C’était rare. Une fois, il s’était isolé à la campagne avec une jeune veuve, en réussissant le coup de maître de se faire inviter par sa logeuse. Alors qu’il séduisait la belle, Eléontine avait tout de même trouvé le moyen de venir également s’inviter. Ça avait été un épisode particulièrement excitant de sa vie, ce double jeu, entre vices et vertus. Néanmoins, le jeu qu’ils allaient à présent initier serait sans doute l’une des plus belles parties de leur vie, ou presque. Séparer le Roi et sa cavalière, pour jeter l’un entre les cuisses de Madeline et l’autre contre son bassin à lui, demanderait beaucoup de doigté.

Après avoir bu son verre, il écrivit une note de remerciement à Eléontine, en lui garantissant qu’il lui resservirait un verre de vin très vite. Elle comprendrait à quoi il faisait référence. Sa langue était assez habile pour qu’il n’eût pas à faire parler les mots davantage.




Lorsque le jour du bal fut arrivé, Hermilius se prépara. Il lava ses longs cheveux et les attacha en queue de cheval. Il revêtit une chemise blanche, ample et bouffante au niveau des bras, et opta pour un pantalon de la même couleur que ses cheveux, d’un bleu plutôt foncé. Il se rendit en carrosse chez les d’Ukok et en descendit pour se présenter à sa cavalière. « Madame. » lui dit-il, avec respect, tout en inclinant doucement son buste. « Lorsque vous serez prête, je serai ravi de vous conduire au palais. » Il ne l’avait que très rarement croisée. Il se souvenait de son profil. La noblesse côtoyait la noblesse, même s’il lui semblait qu’Ernelle n’était pas le genre de femme à aimer les bals et les salons.

Dans le carrosse, il s’assit en face d’elle. Il se mit à regarder le paysage et, une fois qu’il le jugea opportun, prit la parole. « Je me dois d’être honnête avec vous. Mon intention première était de me rendre au bal avec votre sœur. » Il ne voulait pas s’encombrer de mensonges. Ces derniers ne serviraient pas ses intérêts. Il aurait pu s’amuser à tenter d’avoir les deux sœurs d’un même temps mais Clémentine était déjà difficile. Il ne doutait pas que sa sœur devait se montrer exigeante, bien que personne ne connût l’identité du père de Natanaël. Il devait être soit très puissant soit tout l’inverse. Déjà marié, peut-être ? Ils étaient nombreux à tromper leur femme sans vergogne. Si Hermilius était un coureur de jupon, dans son acception des choses, il arrêterait dès qu’il se marierait, ce qui ne l’empêcherait pas d’organiser la déchéance des autres de loin. Il n’était pas prêt à renoncer à ce genre de petits plaisirs. « Mais je crains que les événements n’aient pas joué en ma faveur. Et, bien sûr, je ne parle pas uniquement de l’invitation du Roi. » Il soupira. « Disons que je désirais aller me baigner et que… eh bien, j’ai entendu des conversations féminines. Je me suis caché derrière un arbre pour éviter que les concernées ne me voient à moitié dévêtu, et pour attendre qu’elles passent leur chemin, mais la Princesse Zébella D’Uobmab a cru bon de me surprendre à son tour, en révélant ma présence à grands cris. » Dès qu’il pensait à cette adolescente, il avait envie de lui crever les yeux. Un bon coup de reins la détendrait surement, par ailleurs. Néanmoins, il préférait ne pas tenter. Elle ne lui plaisait pas. Elle était bien trop vulgaire pour une Princesse. Il ne l’aurait même pas touchée si elle avait été une prostituée à bas coût. « Votre sœur faisait partie de ces femmes, avec la Dame d’Etamot. » Il ferma les yeux en inspirant et les rouvrit. « Je voulais m’excuser pour le dérangement en y mettant plus de formes mais… les événements m’en ont empêché. » Il se tut, hésita, et reprit. « Cela fait quelques semaines que mon cœur bat pour votre sœur et je n’ai jamais osé l’approcher de trop près. Elle m’a l’air si vertueuse que j’ai peur de lui paraître rustre en lui exposant les inclinations de mon cœur. » Il leva les yeux vers Ernelle. « J’espère que vous ne m’en voulez pas. Je désirais vous connaître, puisque je désire tout connaître de Clémentine. Je me suis donc dit que ce bal serait une occasion parfaite. » Ses yeux balayèrent le paysage. Il fronça les sourcils et s'humidifia les lèvres. « En fait, je suis inquiet pour Clémentine. Je ne devrais pas dire ça mais le mari d'Eléontine m'a révélé un jour que Madeline d'Erexul était l'amante de Sa Majesté... la femme de son propre conseiller. Je ne voudrais pas que... enfin, il est compliqué de dire non à un Roi. »

956 mots



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Les Portes – Chapitre V

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Coline s’efforçait à conserver une expression affable. C’était ce que l’on attendait d’elle et ce qu’elle comptait présenter. Néanmoins, en son for intérieur, des noirceurs stratèges s’agitaient. D’abord, elle avait extrêmement mal pris ce que son cavalier et son frère avaient osé faire, à savoir la laisser attendre face à une porte fermée sans un soupir ni un mot. Lorsqu’elle l’avait interrogé à ce sujet, Placide avait prétendu qu’ils étaient partis se promener dans les jardins. Elle ne le croyait pas. Premièrement, il ne savait pas mentir. Deuxièmement, elle avait demandé à un domestique de lui dire si quelqu’un rentrait ou sortait de la chambre du blond : de toute la soirée et de toute la nuit, personne n’avait ouvert la porte des appartements princiers. Cette information aussi avait été particulièrement désagréable à digérer. Le domestique qu’elle avait dépêché avait eu l’air excessivement gêné, probablement parce qu’il en était venu à la même conclusion qu’elle, et bien plus rapidement – il y avait des sons qui ne trompaient pas. Elle l’avait payé pour qu’il se tût, parce qu’elle ne pouvait pas se permettre que quelqu’un d’autre utilisât cette information avant elle. Sans qu’elle ne tournât la tête, son regard glissa vers Ludoric. S’il croyait pouvoir faire d’elle l’objet d’une farce, il se trompait lourdement. Il n’était désormais plus question de l’épouser – ce qui satisferait sans doute grandement le roi. Elle aurait pu décider de poursuivre dans cette voie, pour placer leur duo interdit dans la difficulté, mais elle refusait d’être l’idiote d’une union infructueuse. Imaginer qu’il répandît son corps sur celui de son frère la dégoûtait au plus haut point ; il n’était certainement pas question qu’il vînt s’essuyer sur elle comme on se frotte les pieds sur un vulgaire paillasson. Qu’il gardât sa crasse et son infamie.

« Vous êtes superbe. » lui dit-il lorsqu’il se positionna face à elle sur la piste de danse. Elle lui sourit. « Puis-je avoir l’audace de vous retourner le compliment ? » Il lui rendit son sourire. « Merci, votre Altesse. » C’était vrai. Il était beau. Ludoric avait toujours été beau. Ce n’était même pas seulement une histoire d’esthétique du visage et du corps, c’était aussi tout ce qui les animait : ses expressions, ses regards et ses sourires lui conféraient un charme inaccessible. En plongeant dans ses yeux bronze, elle songea qu’elle aurait pu, peut-être, tomber amoureuse de lui. Il lui avait brisé le cœur avant même qu’elle n’en eût l’occasion. Ils auraient formé un couple charmant ; toutes les prunelles qui se posaient sur eux en témoignaient. Néanmoins, à l’aune des révélations qui l’avaient tant troublée ces derniers jours, ces regards la révulsaient. Elle se sentait salie dans son honneur ; et Coline, souillée, ne pouvait que désirer l’absolution de ces démons. Tandis qu’ils se positionnaient pour entamer la première valse, la princesse débuta la conversation : « Comment se déroulent vos études ? Souhaitez-vous toujours intégrer l’armée ? » Le roux acquiesça. « Oui. Je travaille dur, du moins, j’essaye. » Il sourit. Elle le détailla. Il était peut-être moins stupide que ce qu’elle croyait. Il y avait dans son jeu des relents des attitudes de ses parents. « Cela dit, j’envisage de moins en moins de m’engager pour partir à l’étranger ou patrouiller dans les confins du royaume. Ce n’est pas que cela ne me plairait pas ; au contraire, je pense que c’est ce qui me conviendrait le mieux. » Précisément, il la guidait sur la piste de danse. « Cependant, j’ai conscience qu’il ne s’agit pas là d’une vie pour un mari respectable. Si je veux pouvoir être présent auprès de ma femme et de mes enfants, je dois être prêt à quelques sacrifices. » - « Ah oui ? » Audacieux. Ou pressé. Ils savaient tous les deux qu’il était possible qu’ils fussent destinés l’un à l’autre. Néanmoins, peu d’hommes auraient osé aborder la question dès les premiers échanges, quand bien même Ludoric le faisait de façon détournée. « Oui. Je songe de plus en plus à demander un poste dans la garde rapprochée du roi. » - « Vraiment ? Et ne seriez-vous pas malheureux, assigné entre les quatre murs du château ? » Il haussa les épaules. « Je pense que l’on peut trouver du bonheur partout où l’on est. Il suffit juste de bien regarder. » Elle sourit, faussement touchée. « Vous êtes un peu naïf, c’est attendrissant. Sans vouloir vous offenser. » Oh que si.



Message VII – 744 mots


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