Nocturne à Basphel

Que venait-elle de dire ? Læn tiqua violemment. Il ne répondit pas à sa question et lui fit savoir qu’il venait en marchant droit sur elle. « Je m’intéresse pas à cette putain de morue ! » cria-t-il, avec un peu trop de fougue pour que ce fût vrai. « Et si tu le crois, t’as rien de la cervelle ! Mais ça m’étonnerait pas trop vu que tu traines avec. » cracha-t-il, en s’entêtant dans ses conneries. Il la fixa un instant, elle et son visage cramoisi. Il n’était peut-être pas très intelligent mais elle était rouge comme un coquelicot. Elle n’allait donc pas lui faire croire qu’elle ressentait pour l’Ondin une amitié sage et honnête. Non non. Elle avait envie qu’il s’approchât d’elle et qu’il l’embrassât. « Bon, on y va maintenant ou tu comptes prendre racine ? » Il l’attrapa par le poignet, en essayant de ne pas se prendre les pieds dans son costume de poulpe. Il tentait de ne pas se laisser démonter mais les idées fusaient dans son esprit, pas toujours bonnes. Pourquoi pensait-elle qu’il était attiré par Lana ? Elle représentait tout ce qu’il exécrait chez une fille. Déjà, ils n’appartenaient pas au même peuple et, ensuite, vu comment les femmes traitaient les hommes chez les Sirènes, il préférait mettre sa main au feu plutôt que de sortir avec l’une de ces truites égocentriques et hautaines.

Il se stoppa net lorsqu’une idée vint lui effleurer l’esprit. L’idée aurait pu appartenir à Adriæn tellement elle était tordue. Il se retourna vers elle. « Donc… Si tu n’aimes pas Adriæn, tu ne verrais aucun inconvénient à ce qu’on fasse croire qu’on est ensemble, n’est-ce pas ? » Il sourit. « Tu vois, moi j’en ai ma claque qu’on me pose la question de savoir si j’ai une copine ou non. J’ai pas que ça à faire, franchement. Alors tu pourrais m’aider. On se tiendrait la main dans les couloirs pour que le gang des commères soit satisfait. Et puis… Dès qu’il y aura quelqu’un que tu aimes, on aura qu’à rompre pour de faux. T’auras qu’à dire que je suis un bâtard qui te crie dessus. »

Il se tourna de nouveau et continua à avancer, pour déboucher sur le parc. Il entendit du bruit. « Allez viens, on va chasser. » dit-il, un grand sourire aux lèvres. Courir, ça, ça lui plaisait. « Tu me répondras après. En plus, je suis sûr que ça mettra... » Lana de mauvaise humeur, termina-t-il, dans sa tête, sans continuer sa phrase. Parce qu’il l’avait proposé pour ça aussi. Et pour voir si Adriæn était vraiment intéressé par elle ou s’il faisait semblant. Il lui paraissait suspect. Un mec, dans un couloir, lui avait sorti un jour que suspect, c’était mieux que lèche-cul, mais il n’avait pas compris.

461 mots

Ils vont vers le parc, rejoindre Susannah, Blu et Lucius  

Nocturne à Basphel

Adriæn ne put retenir un rire. Il sortit de ses lèvres si naturellement qu'il n'aurait pu en imiter le son. C'était un rire légèrement pervers. Oh il avait vu. Il avait vu le garçon se transformer en serpent et sa sœur… sa sœur, en mignonne petite chatte. Il adorait caresser les chattes. Cela dit, lorsque la pensée qu’il pût se retrouver dans la peau d’une bête à son tour monta jusqu’à son cerveau, son rire se tut. Il fixa son corps et attendit. Puis, son regard pivota vers le dernier humain restant : Érasme. Ce n’était pas l’idéal. Il aurait préféré que le Sorcier fût transformé en mignonne petite souris. Il l’aurait écrabouillé d’un grand coup de chaussure. Les Mages Noirs, il les préférait morts, surtout lorsque du sang royal coulait dans leurs veines. « Ce n’est pas vous qui êtes à l’origine de ça, je suppose ? » demanda-t-il, en s’accroupissant pour chercher Lana. « Lana, Minette, reviens. » articula-t-il, avec un sourire narquois sur les lèvres. C’était si drôle, tellement… intéressant. « Je vais t’aider. » Oh… Peut-être pas. Maintenant qu’il avait l’ascendance sur elle, il n’était pas certain d’avoir envie qu’elle redevînt une femme. Quoi que… Il n’était pas encore zoophile. Pas encore.

Comme il n’arrivait pas à l’attraper, il eut une idée légèrement sadique. « Vous devriez essayer. Je vais m’occuper de Faust. » Il espérait que sa sœur grifferait le visage de ce sale mage. Néanmoins, ce qu’il voulait, par-dessus tout, c’était infligé un déshonneur frappant à l’Ondine. Elle traitait les hommes comme des moins que rien, alors qu’un homme - et un Sorcier - pût l’attraper et lui faire des papouilles, la calmerait pour cent ans. Il garderait le secret, bien sûr, mais ça ne serait pas gratuit. Quant à sa propre acceptation de ce qu’Érasme pourrait faire à Lana, il verrait le moment venu. Il n’aimait pas trop l’idée mais il n’arriverait sans doute pas à la faire plier seul. C’était aussi la raison pour laquelle il jouait avec Kiara, pour que sa jumelle tombât lentement mais surement entre ses griffes. Il voulait voir son joli visage déformé par la jalousie. Il n’était qu’un homme, certes, mais il la dominerait.

Il se décala sur le côté pour chercher Faust derrière le pot. « Hé… Tu devrais sortir de là. Je crois qu’il y a un sort dans cette salle qui transforme en animal… Si on part d’ici, peut-être que ça s’arrêtera. D’un autre côté, c’est un bon moyen de se cacher… » Et s’il écrasait le Démon ? Il n’était pas certain que les professeurs de Basphel laissassent faire. Ce serait fâcheux, que des étudiants mourussent durant une chasse. « Allez, viens. » susurra-t-il. Il appréciait de plus en plus cette situation. Bien sûr, ça n’aurait pas été le cas s’il avait lui-même été dans cette position.

456 mots
Toujours dans la salle 5 avec Faust, Lana et Erasme.

Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. « Absolument pas. » murmurai-je, en essayant de trouver nos deux coéquipiers, à présent portés disparus. Un accident était si vite arrivé. Néanmoins, mon regard se lassa rapidement de passer d’une jarre à une autre. Les plantes rendaient l’endroit chaotique. Ce n’était pas pour me déplaire mais mes prunelles trouvèrent bien plus amusant de suivre les aventures d’Adriæn. Accroupi, le jeune homme paraissait si concentré qu’il m’aurait été facile de l’abattre. Mes pensées prirent le relai avec facilité. Quelle était la meilleure façon de tuer un Ondin ? Lui arracher les écailles et le faire frire ? Je m’interrogeai sur le goût qu’il devait avoir. La partie homme devait avoir un goût standard mais peut-être que sa queue se marierait bien avec des amandes et du riz. Plutôt saumon ou daurade ? Les Sorciers étaient de bons pêcheurs. Il ne fallait rien de plus pour que je me l’imaginasse attaché, la lèvre percée d’un hameçon, la bouche grande ouverte, le regard perdu dans le vague. Délicieux.

« Certainement. » répondis-je, en cachant ma surprise. Il avait l’air de tenir à son imbécile de sœur, plus tôt. Pourquoi me laisser essayer de la prendre ? Ce que je prenais, je ne le rendais que très rarement. Je pris une inspiration et m’approchai. Une flamme apparut au bout de mon index. Je propageai la chaleur vers la cachette. « Je n’ai pas une patience à toute épreuve. » murmurai-je, à son attention seule. Néanmoins, lorsque je remarquai ce qu’elle était devenue, je changeai de stratégie. D’un geste que je voulais vif, je la chopai et cherchai sa nuque. Je serrai la chair et la tirai vers moi avant de la positionner contre mon costume. « Ne bouge pas, sinon je te tue. » Je n’allais pas vouvoyer un chat. Il en était hors de question. « Tu as de la chance. Je te préfère ainsi. » dis-je, tout bas, en la caressant. « Cependant, si tu me résistes, chatte ou pas, je n’hésiterais pas à te tordre le cou. » Mon regard chercha le sien. « Maintenant, Lana, j’aimerais que tu ronronnes pour moi. » J’approchai mon visage, un sourire pervers sur les lèvres. Faire subir l’humiliation à une Sirène me plaisait. « Tu as tout à y gagner. » J’avais envie de sentir sa fourrure contre ma joue mais ne m’y risquai pas. Les chats, généralement, m’aimaient bien. Cependant, je savais qu’elle n’en était pas un. Elle était douce mais appartenait à un peuple empoisonné. « J’ai attrapé ta sœur. » dis-je, d’une voix qui ne présageait rien de bon quant à ce que j’allais en faire. Je la fixai. « Certains disent qu'un mariage, un vrai, entre nos deux peuples pourrait ramener un semblant de paix... C'est une théorie intéressante. »

465 mots
Erasme attrape Lana.
Je vais essayer de faire le tour de mes personnages avant samedi.

Cette fille était décidément particulièrement sotte. La familiarité qu’elle avait instaurée entre elle et moi me déplaisait depuis le début mais je m’étais bien gardée de le lui faire remarquer. Plus tard, peut-être. « Oui, bien sûr. M’embrasser suffit amplement pour devenir Marquis. » dis-je, d’une voix sérieuse. Cacher la malice dans mon ton ne m’était plus si compliqué. J’espérais qu’elle répéterait mes propos. La honte s’abattrait sur elle, cette stupide petite Magicienne. Ce n’était pas entièrement sa faute. Les méthodes d’éducation de nos homologues bénéfiques laissaient fortement à désirer. Faire croire aux enfants que l’amour et la bienveillance pouvaient rendre le monde meilleur était d’une idiotie sans nom. Le monde était cruel. Il fallait en connaître les règles, sous peine de se faire anéantir.

Mon regard vint heurter le sien à la question. Je relevai le menton et la toisai. Ma réponse s’imprima dans un sourire énigmatique mais légèrement méprisant. Cela ne la regardait pas. L’amour n’avait rien à voir là-dedans. Peut-être pas. C’était, simplement, un bon parti. « Tu devrais éviter, toi-même, d’embrasser n’importe qui. Les hommes avec des titres sont bien plus acceptables que ceux qui n’en ont pas. » Je la regardai. « Toi, tu n’en as pas, je présume ? »  Elle était bien trop naïve pour avoir été correctement éduquée, même si certains « nobles » n’avaient de nobles que le titre. Ces derniers étaient ruinés ou avaient des manières de paysans. Une honte pour la noblesse. « La bonne personne… » Cette fille était bien une Magicienne. « Il n’y a pas de bonne personne. » dis-je, catégorique. « Si tu ne fais pas attention, les hommes te prendront tout ce que tu possèdes, en plus de t’agresser. Il vaut mieux en trouver un avec un titre, gentil, et donc faible, de préférence. Ou un que tu peux manipuler sans trop de problèmes. Riche, de préférence. Cependant, il me semble avoir plus de marges de manœuvre que toi quant aux possibilités qui s'offrent à moi. Toi, tu épouseras probablement un fleuriste ou un bibliothécaire. » La condescendance accompagna ma voix cette fois. Je commençais à me lasser de cette coopération forcée.

Je haussai les épaules et m’engouffrai dans la bibliothèque. J’admirai un instant les hautes étagères, couvertes de livres, avant de me tourner vers la Mage Blanche. Une idée me vint. « Tu n’as pas peur d’être enfermée ici, toute seule, avec moi ? » lui demandai-je. « Je pourrais chercher à te faire du mal. Je suis la Princesse Noire, après tout. » J’attendis et me mis à rire. « Je plaisante, voyons. » La crème de l’humour.

429 mots
Eméliana est avec Asra dans la bibliothèque.
Si tu veux rejoindre les autres, n'hésite pas à la faire bouger avec Asra.

Je regardai la fille aux cheveux bleus avec un petit sourire que je reportai également sur sa compagne. Je ne pensais pas être si effrayant et le constat m’arracha un rire amusé. De ma vie, jamais personne n’avait eu peur de moi jusqu’ici. J’avais toujours été un enfant plein de vie et social. Comme je n’avais jamais manqué de rien, ma mine était joviale. Elle n’avait pas changé en grandissant, même si quelques soucis venaient parfois fixer mon regard sur l’horizon de mes pensées et froncer mes sourcils. « Pardon, je ne voulais p… » commençai-je, avant de me prendre un bouquet de papier dans le nez. Les fleurs artificielles me firent des chatouilles, si bien que je ne me méfiai pas. Sans l’intervention du professeur, je me serrais sans doute pris un coup, malgré l’intervention de celle des deux qui appartenait à mon peuple.

J’écoutai le professeur, en posant les yeux, de temps en temps, sur mon agresseur. Cette fille me semblait être faite comme Érasme. Elle portait le mal en elle. Naturellement, je me rapprochai de sa coéquipière. Je lui donnai ma pleine attention lorsqu’elle m’adressa la parole. Laisser le squelette et partir ensemble ? L’empathie qui soulevait souvent mon cœur me gardait de ce genre de comportement. Je craignais qu’elle en fût attristée. Certains individus grognaient plus qu’ils ne mordaient. « Je viens avec vous. » dis-je, d’une voix décidée, pendant que la brune nous emmenait derrière un buisson. Je souris, comme si la rancune, chez moi, était inexistante. Ce n’était pas tout à fait vrai. « Je trouve ça trop bien de se cacher. » avouai-je. Le seul problème : ma taille. J’étais grand, bien plus que lorsque je n’étais qu’un enfant « haut comme trois pommes », comme Gustine et Pauline disaient avant de rire à la façon caractéristique des grands-mères. Cependant, je n’en oubliais pas la bleue. Je me tournai vers elle et m’approchai. « N’essaye plus de m’attaquer. Je serais obligé de riposter et ni toi ni moi ne voulons qu’il y ait un incident, n’est-ce pas ? » Mon ton n’avait rien de menaçant. Il ne faisait qu’affirmer ce qui me semblait être l’évidence même. Je me redressai légèrement. « Je m’appelle Lucius. » murmurai-je, à l’attention des deux filles, en essayant de voir si quelqu’un approchait. « Et vous ? Vous êtes élèves ici ? » continuai-je, après avoir rentré ma tête derrière le buisson. « Moi non. J’ai été invité pour la Nocturne par une... amie. Votre école a l’air vraiment bien. »

420 mots
Lucius parle à Blu et Susannah derrière un buisson. Ils essayent de se cacher de Laen et Kiara qui arrivent dans le parc.

J’étais seule dans les couloirs. J’avais souvent été seule. Eméliana me tolérait mais je savais qu’elle me prenait pour son jouet, à l’instar d’Érasme. Ils m’amusaient. Mes yeux roulèrent vers une porte. Je posai la paume de ma main dessus, comme j’aurais pu le faire sur le torse d’un garçon. Comme dans les livres, auraient dit certaines. Je ricanai. Un jour, je leur donnerais des histoires macabres à raconter. Je devais simplement trouver quelqu’un pour m’initier à l’art des potions et des sortilèges. Je fabriquerais des philtres capables de les manipuler tous. Et nous danserions sur une musique psychédélique. Je les transformerais en petits poussins inoffensifs, avant de jeter un gros vilain matou dans mon poulailler.

Que faisais-je déjà, avant de songer à mes petites fantaisies ?

Réta. Il me fallait changer ce prénom. Rien n’allait. Il raclait la gorge et le palais. Je ne deviendrais jamais une Sorcière connue en portant ce nom. Surtout, il valait mieux que personne ne sût ce que je savais, et qui j’étais. Je souris et penchai la tête sur le côté. Je pensai que si je pouvais tourner mon visage à cent-quatre-vingts degré, je serais bien plus effrayante.

Je déambulai dans les couloirs, en chantonnant d’une voix basse que j’allais attraper mes jolies petites proies et leur broyer la nuque. Je m’imaginais grande et puissante, portant une robe magistrale. Dans mon imaginaire, deux panthères marchaient à mes côtés, n’attendant qu’un ordre de ma part pour s’élancer sur les invités indésirables. Dans mon esprit, Érasme finissait par s’agenouiller devant moi et m’aimer pour de vrai. C’était parfaitement dérangeant, surtout en ayant connaissance de notre réel lien de parenté. Mais peut-être me faisais-je des idées ? Je n’étais certaine de rien et la folie n’aidait pas. Je me savais folle ce qui, en soit, était déjà bien raisonnable.

J’entrai dans une pièce, en chantonnant toujours. En parlant du loup… on en voit la queue, n'est-ce pas ? Je ricanai et m’avançai pour saisir le bras du Prince Noir, occupé avec une saloperie de bestiole. « Attrapé. » déclarai-je, avant de m’avancer vers l’autre forme de vie et d’essayer de faire pareil. « Moins tu lutteras, moins tu auras mal. J’ai des griffes, tu sais, et mes panthères sont redoutables. » J’avais déjà oublié que mes panthères n’étaient pas ici, qu’elles n’étaient qu’une illusion, fortement ancrée dans mon esprit. « Rejoins le camp des chasseurs, le seul véritable. Seuls les faibles sont chassés. » Je souris. « Moi, ce que j’aimerais, c’est que l’un de vous m’attrape. Le plus grand chasseur est celui qui chasse les autres chasseurs. Les proies, ce n’est pas intéressant. » ajoutai-je, en chantonnant sur un air de mon cru. J'avais l'habitude de ne pas être considérée. Un jour, ils paieraient tous.

446 mots
Réta entre dans la pièce où se trouvent Faust, Lana, Adriaen et Erasme. Elle attrape Erasme et se dirige vers Adriaen pour faire de même.

« T’intimider ? Pourquoi faire ? » demandai-je, en remarquant qu’elle était au moins aussi étrange que les autres filles. « Je ne mange pas les humains. » précisai-je, en sachant parfaitement que certaines tribus chamaniques étaient cannibales. Pas la mienne. Étant donné que mon peuple n’était pas connu, j’étais à peu près certain de ne pas réussir à la rassurer en lui disant que je ne faisais pas non plus partie de Zawa’Kar. Les guerriers n’hésitaient pas à scalper les hérétiques, une pratique que je trouvais nécessaire. Les autres races priaient n’importe comment. Elles n’avaient pas ce lien privilégié avec les Ætheri. Quant aux Réprouvés, de ce que j’en avais vu, il aurait fallu une solution bien plus radicale. Je me demandai d’ailleurs pourquoi la tribu guerrière dans son ensemble n’avait pas déjà été envoyée afin de les détruire. Je convertirais Dastan avant que ce jour n’arrivât. En attendant, j’avais une fille sur les bras. « Ça ne me dérange pas d’être la proie. » lui dis-je, piqué à vif. Je ne voulais pas le montrer. Je pris un air fier. « Je serai ce que les Ætheri voudront que je sois. » articulai-je. Même si je préférais être le chasseur.

« Ah ouais. T’es qu’une fille. » Elle n’était pas si intéressante, si elle n’arrivait pas à être autre chose qu’une fille. Elle avait, cependant, des oreilles et une queue. C’était déjà ça. Ça la rendait un peu moins fille, ce qui me convenait bien plus que si elle en avait été une à cent pour cent.

Je me stoppai en même temps qu’elle. Je n’avais rien entendu. Si je me targuais d’être un chasseur, la vérité était légèrement différente. Je n’étais qu’un apprenti chasseur et, normalement, je n’avais pas à partir seul à la recherche d’une proie. Quotidiennement, je tannais surtout la peau, un exercice dévolu aux plus jeunes et inexpérimentés. J’étais cependant têtu et, dès que je le pouvais, je ne manquais pas de m’enfuir pour réaliser mes rêves. « Tu es sûre ? » demandai-je, en regardant autour de nous. « Non plus mais… » Je ne pouvais pas lui dire que je voyais et entendais les Esprits. C’était un secret, aussi bien gardé que devait l’être mon Hiwa. En plus de ça, les Morts étaient parfois taquins, voire complètement maléfiques. Après tout, certains d’entre eux allaient balancer à mes nourrices que j’avais fugué. « Par-là. » lui dis-je, après avoir entendu qu’un groupe se trouvait plus loin. Devant moi, un Esprit s’était proposé de me montrer le chemin, un faux chemin car il nous mena tout droit devant un autre duo, composé d’une fille et d’un garçon, avant de s’éclipser en ricanant. « … Je les hais. » susurrai-je entre mes dents, avant de me rendre compte que les Ætheri cesseraient peut-être de m’être favorables si je critiquais les Esprits. « Bon mais… » commençai-je, tout bas. « S’ils sont deux, c’est qu’ils doivent être comme nous. » Je m’avançai. « Que diriez-vous de coopérer ? » leur demandai-je.

505 mots
Tekoa est avec Primrose est, à cause d’un Esprit, se retrouve juste devant Læn et Kiara. Il pense qu’ils sont chassés puisqu’ils sont deux.

Celui-ci semblait moins idiot que les autres, bien qu’il ne fît aucun doute que, tôt ou tard, tous s’inclineraient devant moi. J’étais la Mort. Personne ne m’échappait. La magie pouvait aider un temps mais elle n’était pas efficace pour toujours. Il n’y avait pas de toujours, il n’y avait que des secondes qui s’écoulaient, jusqu’à mon arrivée. Étais-je effrayante ? Beaucoup le croyaient et j’aimais entretenir le mythe. Tous ces Mortels qui tremblaient avait un côté réjouissant, qui convenait parfaitement à mon sadisme. « Il n’est pas encore temps. » murmurai-je, d’une voix effacée. La suite, cependant, me fit froncer les sourcils. « L’Épouvantail de la Mort ? » demandai-je. Avais-je une telle bestiole sous mon contrôle ? Un être déjà mort qui sautillait, parmi les Mortels, comme s’il en était lui-même un ? J’étais vieille. La Mort ne date pas d’aujourd’hui, comme aurait dit un vieux sage qui aime étaler une science qu’on n’exige pas de lui d’étaler. Je détestais ce genre d’individus. Personne ne comprend rien à rien dans l’existence. Chacun fait simplement comme il peut. Là est la seule vérité. « Oui… » dis-je, d’un ton lointain, comme si j’essayais de me souvenir. J’essayais de me souvenir. « Oui, je me souviens de toi. Néanmoins, avant, tu n’étais pas aussi jeune. Que t’est-il arrivé, Épouvantail de la Mort ? T’a-t-on arraché à moi ? La Vie t’a-t-elle… »

Le garçon venait de se redresser, face à moi, une mine radieuse sur le visage. Oui. C’était certain. Quelqu’un avait jeté un maléfice à mon Eventail. Il me faudrait trouver cette personne et me venger. Je le laissai me prendre la main, convaincue, à présent, que nous étions liés. Il avait perdu de sa superbe mais peut-être pourrait-il la retrouver ? « Ikar. » Qui avait osé le nommer ainsi ? « Je ne crains pas les chasseurs. Ils pensent être forts derrière leurs armes, mais ils finissent, eux-aussi, à l’image de leurs proies, par mourir. J’essaye, dans la mesure du possible, de leur réserver un sort bien plus douloureux. J’aime les ronger de l’intérieur, détruire leur foie ou leurs poumons. » déclarai-je. « Je n’ai pas de nom de code. Du moins, pas que j’ai choisi. Les Mortels aiment m’appeler de différentes manières. Ils ont beaucoup d’imagination. Parfois, elle est douteuse mais je m’en accommode. » Je lui souris. « Il faut dire que je ne peux pas envoyer l’Épouvantail de la Mort tuer tous ceux qui me manquent de respect, surtout lorsqu’ils croient bien faire. »

Je fis un pas vers une salle. Quelqu’un venait de crier à l’intérieur. « Pas ici. » décrétai-je, avant d’avancer. Je passai la tête vers une fenêtre et crus voir qu’il se déroulait quelque chose dans le parc. « Allons dehors. Il vaut mieux être là où il y a de l’action pour être informés les premiers. » Je pris la tête et descendis. Après de nombreux pas, nous parvînmes à côté d’un buisson. Ça chuchotait, là-dedans. « Sortez de là. Je suis la Mort, vous ne pouvez pas vous cacher devant moi. » déclarai-je à haute voix, le plus sérieusement du monde, comme si le jeu n’existait pas.

528 mots
Gyzyl est avec Ikar et ils rejoignent les cachés derrière le buisson, dans le parc. Donc Susannah, Blu et Lucius