JJ Wilde - Mercy

« La mort des uns contribue à la vie des autres. » murmurai-je, à l’attention de celle qui m’avait répondu. C’était ainsi. La cruauté était partout. Les Anges eux-mêmes mangeaient de la viande. Ils tuaient pour se nourrir. Tout n’était, au fond, qu’une question de goût et de choix. Étais-je moins légitime à tuer pour mes spectacles qu’un Ange pour se nourrir ? Ni lui ni moi n’avions réellement besoin de le faire. Le corps n’avait pas besoin de viande ou de poisson. Ça demandait des aménagements mais c’était faisable. Je n’avais pas besoin de tuer pour créer des chefs d’œuvre. Pourtant, je devais l’avouer, j’aimais le faire. La mort était belle. Je souris, d’une façon malsaine, au souvenir de mon essai infructueux de suicide. Le sang qui s’était déversé de mon corps, afin de le vider, pour mieux recevoir celui de l’Empereur Noir… Je frémis, perdu dans mes pensées jusqu’à ce qu’un étrange phénomène ne survînt. Je le sentais, plus proche de moi. Je tournai le visage vers la gauche. Il était dans le corps du Déchu.

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Mon regard glissa sur plusieurs personnes. Les réponses qu’elles me donnaient étaient vraisemblablement le reflet de la conversation menée précédemment avec Adam. Je compris rapidement de quoi il en retournait. Forcément. Le Déchu ne pouvait pas s’en empêcher. Je fixai Léto un moment. Elle n’avait pas dû remarquer le changement. J’avais essayé d’être discret, ce qui n’était visiblement pas le cas d’Adam. J’eus, un instant, envie de lui ordonner d’arrêter. Je voulais qu’il ôtât ses mains de la poitrine de l’Ange. « Ah oui ? » répondis-je à Leigh. Malgré elle, elle éveillait des envies chez le Sorcier, au fond de moi. L’Ange les trouvait abjectes. Les masochistes étaient rares. Le Sorcier ne pouvait pas s’amuser comme il le désirait avec Adam ou Laëth. Il lui fallait être un minimum doux. La Démone qui avait essayé de le tenter n’avait pas eu cette chance. Il avait lacéré et forcé son corps avec une violence inouïe, avant de la tuer. Elle n’avait pas été assez résistante et c’était dommage. Leigh ne le serait pas non plus. Il devrait mesurer ses ardeurs et la convaincre de se renforcer pour éviter de devenir veuf et privé d’un jouet. Je me haïssais de penser ainsi, à cet instant, de laisser le Mage Noir répandre son venin dans mes réflexions. Mon regard coula ensuite sur Daé. Adam parlait-il de sexe si facilement avec tout le monde ? La réponse était évidente. Néanmoins, recevoir les confessions des gens sur leurs fantasmes me faisait un effet étrange. Cette partie là de la table possédait une ambiance très différente de celle où je me trouvais précédemment. J’aurais préféré y rester. « Vous aimez la violence ? » demandai-je, comme pour avoir confirmation. Je n’aurais pas dû, parce qu’il serait bientôt clair que je n’étais pas Adam. Laëth avait la discrétion d’un bicorne, tout comme Aliénor dans le corps de l’une de mes sœurs. Son intervention succéda à la question d’Oriane. Je fixai la Déchue. Je savais ce qu’elle avait partagé avec le Luxurieux. Elle ignorait encore ma connaissance sur le sujet. « Parce que le Déchu est actuellement dans le corps de l’Ange et que l’Ange est dans celui du Baron. » soufflai-je, avant de continuer. « Je pense que nous allons devoir discuter, vous et moi. » Je laissai une seconde s’écouler. « Je sais. » ajoutai-je, d’un ton si certain que j’espérais qu’elle comprendrait rapidement où je désirais en venir. Sa gorge manquait au Vampire. Elle n’était pas pure mais il avait aimé se repaître de son sang. L’Ailes Blanches que j’étais suffoquait presque sous les désirs des autres. Je voulais résister. Je voulais que l'on me sauvât de moi-même.

Après le changement de places, je remarquai la porte. Mes pensées se répercutèrent dans l’esprit de Cendre. Je voulais la sauvegarder, même si sa table me paraissait sans danger. « Vous devriez partir après avoir mangé votre dessert. » Elle ne m’obéirait pas. Priam était à sa table. Les joues rosées, elle avait eu peur lorsqu’il s’était évanouie. Elle ne partirait que lorsqu’il déciderait de le faire. Cyrius, quant à lui, était à présent entouré d’Humains ou presque. La chute brutale de sa magie l’avait rendu encore plus blanc qu’à l’accoutumé. « Vous… Hum… » Il se pencha sur le côté et vomit ce qu’il avait avalé plus tôt. Le goût âpre dans sa gorge lui donna les larmes aux yeux. Il s’essuya la bouche. « Vous aimez la musique ? » demanda-t-il. De la réponse à cette question dépendaient souvent ses relations avec les gens. « Vos artistes doivent être particulièrement doués pour jouer sans s’aider de magie. » Il eut un haut le cœur, que je perçus depuis ma propre table. Je m’étais penché en arrière pour l’observer. Il m’inquiétait souvent, parce qu’il était instable. J’étais, quant à moi, installé au côté d’une femme qui se trouvait dans le corps d’une de mes futures femmes. Je voyais son identité très clairement. J’employais toujours cette magie car je savais parfaitement que les apparences étaient trompeuses. « Je ne suis pas Adam Pendragon. » précisai-je, afin qu’il n’y ait pas de quiproquos.  

855 mots

Cyrius répond à Léto et réfléchit avant de se retrouver avec Mancinia, Lexa et Nina. Il vomit. Kaahlange est assailli des pensées malsaines du Sorcier et du Vampire. Il répond à Leigh et Daé, avant de parler à Oriane. Il se retrouve ensuite avec Jadélynka, Oriane, Don et Alaster. Cendre est à la table de Louisa, Priam et Ezechyel.

Le dîner de l'Apocalypse

Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 8
- Force : 9
- Charisme : 7
- Intelligence : 7
- Magie : 7

«Ah.» Répliquai-je platement. Malgré les explications de l'Alfar, j'étais dépassé par les événements. J'avais beau chercher, je ne trouvais pas en moi l'intérêt nécessaire pour prendre le temps et l'énergie de comprendre les enchaînements tumultueux de ce stupide dîner. Je voulais qu'ils disparaissent tous pour retrouver ma solitude. Avec surprise, je sentis le pied de la Sorcière effleurer le mien. À quoi jouait-elle ? Je ramenais sèchement mes jambes sous ma chaise. «Seriez-vous jalouse ? Il ne faut vous en prendre qu'à vous-même si je n'ai pas fait preuve d'autant de galanterie à votre égard. On ne peut pas dire que la situation m'encourageait dans ce sens, maîtresse.» Je me tournai ensuite vers Jade dans le mauvais corps qui avait la sottise de croire que je m'inquiétais pour elle. «Vous avez l'air d'avoir l'habitude de ce genre de situation. Cela dit, je ne peux m'empêcher de penser que celui qui vous a infligé ça cherchait à vous punir. La compagnie de votre congénère est si aigre qu'elle ne peut qu'incommoder tous ceux qui l'entourent. Quant à vous, je ne peux m'empêcher de trouver que vous êtes une insupportable hypocrite et je dois avouer que vous me donnez la nausée.» Si Èibhlin faisait tout pour qu'on lui arrache la langue pour l'étrangler avec, j'abhorrais plus encore la fausseté dissimulant le venin de Jade. Je développais une sévère aversion pour les Alfars. Trempant mes lèvres dans le verre devant moi, j'observais d'un oeil noir les minauderies d'Isahya, reportées sur l'autre Vampire maintenant que l'autre clown était parti embêter d'autres convives. Un sourire s'invita malgré moi sur mes lèvres en voyant le discours de sourd que lui offrait mon congénère. J'ignorais s'il faisait exprès de dire n'importe quoi pour voir jusqu'où la Sorcière croirait à ses inepties mais elle semblait courir droit dedans. Idiote. Un soupir d'agacement m'échappa. Ce théâtre désespérant prendrait-il fin un jour ?
Alors que je ruminais en silence, la pièce se mit à tourner. Ma vision devint floue et je pinçais les lèvres pour résister à l'envie de vomir. Quand mes prunelles purent enfin se fixer, je m'aperçus que j'étais à une table plus petite, en compagnie d'autres personnes. Le Vampire était toujours là mais deux femmes avaient remplacé nos précédents voisins. Immédiatement, je fronçais les sourcils et regardait autour de moi pour voir que le sort avait également déplacé le reste des convives. Loin de moi l'idée de critiquer les plans divins qui m'échappaient certainement mais c'était le bordel. Devais-je être rassuré de rester en compagnie du brun ? Je n'en étais pas certain en voyant son air d'ahuri. En revanche, l'odeur de mes nouvelles voisines était bien plus attrayante et je me saisissais de mon verre, le bénissant de sa présence qui permettait que je lutte contre mes pulsions. Je jetais un coup d'oeil au Vampire. Souffrait-il aussi des affres de la Soif ? «De quelle Lignée êtes-vous ? Alexey ?»

« Tu es le sang ! »

Tate McRae - Stupid

Plus je la contemplais, plus elle me semblait ravissante. Ses courbes gracieuses copieusement géométriques, ce remous d’ébène aux joyeux reflets. Et que dire de ses mouvements d’une élégance à faire pâlir les hommes les plus impassibles que cette terre renfermait ? Pour la première fois, je pris conscience de ma faiblesse, car j’étais incapable de détourner les yeux de ce tentacule qui frétillait dans mon assiette. Il me donnait tellement l’eau à la bouche, mais je devais résister pour ne pas paraitre impoli devant la femme qui tenait la conversation à mes côtés. D’un revers de la manche, j’essuyais discrètement la bave qui s’écoulait d’entre mes lèvres.

« Je ne suis pas sûr de la réponse. En tout cas j’ai déjà essayé d’entrer en contact avec une huitre une fois. Mais elle m’a attaqué à la cuisse. Et à la bonne franquette aussi. Je crois qu’elle m’a prise pour une anomalie ou un truc du genre. Certainement une erreur de jugement. »

En mentionnant cette agression, je me rappelais soudain les nombreuses fois où des bêtes s’étaient dressées contre moi sans raison apparente. Quelqu’un m’avait rapporté que la peur de l’inconnu pouvait occasionner des réactions inattendues de leur part. La prochaine fois qu’un cas similaire surviendrait, j’essaierai de me présenter rapidement. L’optique de me changer en animal me tira aussitôt de mon couvert. J’avais toujours rêvé de devenir une langouste.

« Oooooh. Ce serait génial ! Je me demande si avec cette technique il est possible de se transformer en hérisson bleu avec de jolies chaussures rouges. Ou en petit rat jaune qui fait de l’électricité. »

J’étais presque certain d’être le seul à me poser ce genre de questions. Lorsque je découvrais quelque chose, j’aimais en connaitre les limites, c’était plus fort que moi. Envieux d’en savoir plus sur ces détenteurs de dons des cieux, je m’apprêtai à lui réclamer plus d’informations quand soudain, les tables se mirent à grelotter — pas de froid, j’imagine. À la fois surpris et guilleret à l’idée de faire un tour de manège, celui-ci s’arrêta aussi vite qu’il eut commencé. Seule la configuration des places avait changé. L’instigateur derrière ce binz soutenait l’hypothèse que mon confrère et moi pouvions nous entendre. Il n’avait peut-être pas tort, car étonnamment, l’autre Vampire jusqu’ici très antipathique me posa une question. A moi ? Vraiment ? Était-il en train de développer des sentiments lui aussi ? Je n’avais pas les épaules pour gérer deux personnes à la fois. Les yeux luisants causés par l’émotion, je plaçai mes griffes sur la porcelaine afin d’engendrer ce crissement qui en insupportaient beaucoup.  

« Perduuuuu ! Je fais partie des Thanos. Vous savez ce que ça signifie, hein ? Que je peux vous sucer avec gourmandise si l’envie m’en prend. Sucer est une passion vous savez, je ne suis donc pas très difficile. Le liquide est parfois un peu nauséeux, mais on s’y fait. »

Je jetais un coup d’œil à la femme avec qui j’étais auparavant.

« Vous la kiffez, ça se voit. Votre méchanceté envers elle cache de profondes blessures, mais elle est bien plus que ça. Ou alors je me trompe, et dans ce cas je peux vous en débarrasser à n’importe quel moment. »

Au moins pour cinq ou six secondes. Mais je n’avais fixé aucune durée.  

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