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 [Concours/Jeu] Inktober

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Mer 09 Oct 2019, 21:44


Thème Neuf : Balancement


- Aller, Ysabeau, j’te jure que ça peut-être marrant !
- Tu parles, on va juste marcher pendant des heures pour trouver une colline, qui peut-être, n’existe même pas ! Si j’avais su, je ne vous en aurez jamais parlé… 

- Les légendes ont bien une source, Ysabeau. Tu le sais très bien.
- De toute façon, tu sais très bien aussi que tu vas nous suivre, alors arrête de te plaindre… 



Ysabeau était un adolescent dont la poussée de croissance ne faisait que tarder. Il était petit et menu, et préférait largement les activités intellectuelles, comme lire ou raconter des histoires, que les grandes aventures comme celle que prévoyait Obediah de faire aujourd’hui. Lui était grand, un peu plus âgé qu’eux 4, et mené les troupes. Il était le premier à proposer des activités, très souvent qui déplaisait à Ysabeau, qui râlait et les suivait en bougonnant. Comme aujourd’hui. 
Avec eux, Cléomène et Halidor, petit couple inséparable, essayait toujours de convaincre le plus petit de rester avec eux. Après tout, un groupe doit rester un groupe.

Et il se trouvait que cette grande aventure-là était la faute d’Ysabeau. Il avait trouvé une histoire effrayante, qu’il avait partagé en espérant faire forte impression auprès de ses camarades. À la place, Obediah avait bondi avant même la fin de l’histoire, et les voilà qui marchaient à la recherches de la Collines des Balancés. Ysabeau n’aimait pas cette idée. Obediah marchait en tête, faisant mine de regarder l’horizon quelque fois, se donnant l’air de savoir ce qu’il faisait. Cléomène et Halidor chuchotait et gloussait, entre eux, pour changer. Depuis qu’ils s’étaient mit ensemble, les habitudes du groupe s’était vu malmenées.

- C’est qu’un conte pour enfant, je vous dit !
- Un peu flippant, pour les enfant, tu crois pas ?

- C’est le but. Ce conte a une visée pédagogique, est l’un des meilleurs moyens de faire apprendre à un cerveau en croiss-…
- Et blah-blah-blah, et blah, et blah… Garde tes jérémiades d’intellos pour toi, Ysabeau.

Obediah était le plus grand et le chef, et de fait, Ysabeau était toujours le dindon de la farce. Et sincèrement, il en avait assez. S’il venait, c’était de force et non pas de gré, alors si on plus on le rabaissait… Blessé dans son égo, il ne dit rien à personne et fit demi-tour, la tête haute. Cléomène et Halidor tentèrent de lui crier après, pour qu’il revienne, mais pas cette fois. Cette fois, Ysabeau rentrerait chez lui, et irait à la bibliothèque. Là-bas au moins, son savoir avait de la valeur.



- T’es content, Obe ? Il est parti, et il va faire la gueule pendant des jours !

- Mais t’en as pas marre toi, de ses discours là ? On fuit l’école pour une bonne raison, non ? C’est pas pour qu’elle nous poursuive partout !
- Il a pas tort Cléo…

- Ah, parce que tu es contre moi, maintenant ?
- Bien-sûr que non mon Nénuphar, mais je dis juste que son avis est pas bête…
- Sous-entendu que mon avis à moi est stupide ?

- Tu sais bien que c’est pas ce que je veux dire !
- Ah mais tu l’as dit, Halidor !

Obediah soupira bruyamment. Ce genre de querelle, il en avait assez aussi. En quoi c’était utile l’amour ? Lui, n’y comprenait rien. Regarder les jolies filles pourquoi, mais s’encombrer de leur mauvais caractère et de leur mauvaise foi… Très peu pour lui. Il avait accepté Cléomène dans le groupe uniquement parce qu’elle ne rechignait pas à marcher, elle, contrairement à Ysabeau. Et que la plupart du temps, elle l’écoutait ou le faisait taire rapidement. 

De toute façon, un silence pesant s’installa. Cléomène se mit à la droite d’Obediah, et Halidor à sa gauche. Plus personne ne parla pendant un long, très long moment. Moment de paix pour le grand gaillard, qui profita simplement de la route, du vent dans ses cheveux et de la présence de ses amis. Pour lui, c’était ça, la grande vie. 

Cependant, rien qui ne correspondait à la description d’Ysabeau ne pointait le bout de son nez. La légende semblait n’être qu’une légende…

- Bon. On trouve pas, et il fera nuit dans deux heures au max. On rentre ?
- Halidor, dis à ta copine de pas faire sa chieuse…

Le pauvre garçon, prit entre deux feux, hésita. Il ne savait pas quelle partie prendre… Il croisa le regard de Cléomène et fit rapidement son choix.



- Euh, Obe, tu pourrais mieux lui parler quand même… Puis, elle a raison, le soleil va se coucher. On recommence demain, on part plus tôt ?
- T’es vraiment devenu une mauviette à force de traîner avec elle…

- Pardon ?

En colère et lui aussi blessé, Halidor s’arrêta net. Comment son meilleur ami pouvait lui dire une chose pareille ? Est-ce qu’il ne pouvait pas être heureux pour lui ?



- Tu sais quoi ? Trouve la toi-même, ta Colline des Balancés, mon « pote ».
- T’es vraiment trop con, Obe… Tu vas finir par te retrouver tout seul, à force de balancer tout ceux qui te sont proches… 



Sur ces derniers mots, le couple fit demi-tour. Obediah quand à lui, ne comptait pas lâcher l’affaire. Il chercherait toute la nuit s’il fallait, pour prouver à ces imbéciles qui avait raison.
Et en effet, ses recherches aboutirent. Pas avant que le nuit soit sombre, tout juste éclairé d’une demi-lune. Il la voyait, au loin, à peut-être un kilomètre d’où il se trouvait. 



La Colline des Balancés.

Il voyait distinctement le grand arbre, démuni de feuille malgré la belle saison. Au bout de ses branches basses les plus solides, des cordes se balancer dans la vent. Mais il n’y avait pas de vent, pas même une petite bise… 

Trop content d’avoir le dernier mot, Obediah se mit à courir vers l’endroit. Ses foulées rapides dans l’herbe grasse et humide de la nuit ne résonnait pas du tout, un silence étrange régnait dans la nature. Aucun froissement, aucun cris d’animaux, ou de gazouillis d’insectes. Rien que le silence… 

Petit à petit, les grandes enjambées de l’adolescent se firent plus lentes, moins écartées. Alors que ses yeux, au contraire, s’ouvraient de plus en plus grands, ébahi, devant l’effroyables surprises que lui réservé cet arbre. 

Cette colline portait bien son nom, puisque à cet endroit, au bout de trois noeuds coulants, se balançait chacun des amis qu’Obediah avait laissé derrière lui. Il tomba à genou, coupable de les avoir abandonner.


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Jeu 10 Oct 2019, 19:23


Thème Dix : Lesoviks

Raeshe retint sa respiration. Son ouïe, améliorait par une potion qu’il avait prise plusieurs fois au cours de la semaine, était en alerte. Il pouvait entendre le vent léger qui faisait remuer les dernières feuilles restantes des arbres en hibernation, l’atterrissage d’un oiseau sur une branche, et son envol, le bruissement de ses ailes et le frottement de ses dernières avec l’air. A quelques mètres, il pouvait percevoir la respiration lente d’un rongeur qui allait dormir durant toute la saison froide. Et soudain, le bruit caractéristiques de la proie qu’il chassait. Un coeur, lourd de sang et au battement tranquille. Ses oreilles d’elfes frissonnèrent quand le son qu’il voulait tant entendre arriva jusqu’à lui. Enfin. Il rouvrit les yeux, lentement, cherchant l’énorme cervidés dans son champs de vision. Il était difficile de le rater de là où ils se trouvaient, l’un par rapport à l’autre. L’animal toisa l’Alfar, du haut de ses 2m50. Ses yeux verts scintillants dans la semi obscurité de la forêts aurait pu effrayé un homme qui ne connaissait pas la valeur de cette bête. Ou plutôt, celle des vignes qui poussait sur ses bois, extrêmement recherché pour la vin qu’il procurait. Mais comme toute bonne chose, ce cerf particulier était rare. Et donc, on revendait son raison à prix d’or. 



C’était le moment. Rapidement mais dans un frôlement à peine perceptible, Raeshe attrapa une flèche dans son carquois, et mit en joue l’animal. Il visait le point entre ses deux yeux, qui devait perçait son crâne et tuer l’animal sur le coup. S’il ne faisait que le blesser, il y avait un risque qu’il s’enfuit. Et puis, c’était bien plus jouissif pour ce chasseur d’achever sa proie… Un sourire carnassier au lèvre, l’Alfar relâcha la pression sur la corde. La flèche fila à toute allure pour rencontrer une vieille branche qui s’était mise sur le chemin de la pointe d’acier. 



Un cri de rage surpuissant traversa la forêt toute entière, effrayant une volée d’oiseau qui prirent leurs ailes à leur cou. Raeshe commença par jeter son arc au sol, de colère. Après l’impact de la flèche avec le bois, le cerf s’était enfuit. Et l’une des particularités de cette bestiole était qu’il était insaisissable, une fois en mouvement. C’était fichu pour cette fois, il ne retrouverait pas sa trace de si-tôt.  Complètement sous le coup de la violence coulait dans ses veines comme un poison, Raeshe se mit à détruire tout ce qu’il avait à portait de main. Il arracha de l’herbe, déracina un petit puissant en s’écorchant les mains, frappa dans un tronc jusqu’à l’abîmer et faire couler sa sève et brisa chacune des branches à sa portée. Jusqu’à ce que, épuisé, il se laissa tomber au sol sur les fesses. 



Malheureusement pour lui, Raeshe n’était pas tomber dans la bonne forêt pour faire une crise de rage gratuite. Il allait payer ses crimes contre la nature, et pas plus tard que tout de suite. 



Les branches se mirent à bouger, comme agiter par un vent violent, alors qu’il n’y avait qu’une légère bise aujourd’hui. La forêt se fit plus sombre qu’elle ne l’était auparvant, et chaque morceau de vie qu’il y avait à l’intérieur semblait habité par une envie de vengeance. Raeshe se releva, inquiet. Son instinct lui hurlait de crier cette forêt en courant, et pourtant il resta debout, à observer le spectacle du déchainement de la nature. Il ne tarderait pas à comprendre que c’était lui, qu’elle visait. 



Un premier coup le cueillit au creux de l’estomac. Des petites branches basses s’était alliées et enroulées les unes autour des autres pour former un poing. Réveillait de leur longs sommeils, des écureuils apparurent en nombre, et attaquèrent de leur petites canines la peau de l’Alfar qui n’avait plus le choix que de se débattre. Il tenta, à ce moment là de s’en aller. Mais les racines de l’arbustes qu’il avait sorti de terre s’enroulèrent autour de ses chevilles et le tirèrent vers lui, le faisant chuter lourdement. Attaquer de toute part, par la faune et la flore, Raeshe criait au secours, mais personne ne l’écouter. Alors il demanda pitié, mais là encore, les coups ne cessèrent pas de pleuvoir. 



La folie qui s’était emparé de lui un peu plus tôt se retourner contre lui. Les os de ses mains se brisèrent, comme les branches qu’il avait brisé. Ses vêtements lui furent arrachés, comme les racines de l’arbustes à la terre. Son torse reçut autant de coup que le tronc, au point d’avoir un hématome semblable à la blessure qu’il avait causé. Raeshe n’en pouvait plus, et pleurer de douleur quand la colère de la forêt se calma. Il n’osait plus ouvrir les yeux, mais s’il l’avait fait, il aurait pu voir que le gros arbre qu’il avait heurté se transformait, peu à peu. La texture du bois ne changea pas vraiment, et la cassure dans la structure de son tronc ne se résorba pas. Pourtant, sa forme prit celle d’un énorme loup aux yeux dorées, et aux crocs acérés. Une voix rauque s’éleva de sa gueule béante, qui s’était placé juste sous le nez de notre pauvre chasseur abîmé.

« Ne t’avise plus de remettre les pieds ici, étranger. Va t’en, et ne reviens jamais. »



L’arbre reprit ensuite sa place, et la forêt son calme paisible et serein habituel. Comme si rien de tout cela ne s’était produit. Pourtant, Raeshe était bel et bien dans un sale état. Il se releva, difficilement, et claudiqua comme il le pouvait jusqu’à l’orée de la forêt. L’Alfar ne s’arrêta pas de marcher, en appui sur son arc à la corde arrachée, avant de ne plus voir la cime des arbres qui l’avaient agressé.

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Jeu 10 Oct 2019, 20:00


Image réalisée par VityaR83

L'arbre du pendu
[Inktober - Jour 9]

« Oui, oui, je sais : vous n’avez pas entendu de nouveau conte hier. Cependant, vous avez, tout de même, réussi à vous endormir, n’est-ce pas ? Hum… Eh bien, une nouvelle nuit vient d’arriver ! Il n’est jamais trop tard pour notre histoire du soir ! Quoi ? Ce n’est pas ce que vous voulez ? Vous préférez un gourmand chocolat chaud ? Non… Alors un… Quoi ?! Une histoire qui fait peur ?! Avant de se coucher ? Ce n’est pas très raisonnable, les enfants ! Mais si vous y tenez… Blottissez-vous les uns contre les autres : voici venir une histoire terrifiante mais pourtant vraie : celle de Gina et de l’arbre du pendu !

Vous savez ce que l’on dit : que la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit… Eh bien, laissez-moi vous dire que cette idée est mensongère ! Bien sûr que la foudre peut frapper deux fois à la même place. Mais prenez garde si cela vient à se produire : de grands malheurs suivront !

C’est d’ailleurs ainsi que commence notre histoire : à l’orée d’un bois sombre, pendant un bruyant orage… Sous la pleine lune, seule phare en cette nuit lugubre, une jeune femme courait cherchant un grand arbre sous lequel s’abriter. Malgré la pluie qui tachait ses vêtements, malgré la saleté qu’elle soulevait à chaque pas, elle était magnifique. Ses traits étaient angéliques et ses yeux témoignaient de toute la fragilité de son âme. Devant elle, un grand chêne semblait tendre ses branches vers elle. Elle le connaissait. Son fiancé s’y était pendu un jour, trop longtemps persécuté par les enfants de son village devenus adultes à présent. Alors qu’elle s’approchait, la foudre frappa le ligneux. Elle hurla mais son cri fut étouffé par le tonnerre qui secoua la forêt. Quand le tonnerre ne fut plus qu’un bourdonnement lugubre, elle se remit en marche vers le ligneux. Mais, de nouveau, un éclair fendit le ciel pour rejoindre le chêne à l’écorce aussi noir que les abysses. La jeune femme, qui portait l’agréable nom de Gina, tomba au sol, secouée par la puissance de l’élément. Sa tête frappa une racine du chêne millénaire et les ténèbres l’engloutirent.

Au matin, on retrouva Gina dans le village qui longeait la forêt. Sa peau était tachée par la terre mais ses mains et sa robe étaient recouvertes de sang. Sur ses bras, des tracées sanglants semblaient avoir été faits par des petits ongles humains. Un couteau reposait à ses pieds et les larmes lui coulaient sur les joues. Bien vite, des cris s’élevèrent à travers le village : tous les nourrissons et enfants du village avaient été égorgés durant la nuit. Tous les habitants l’accusèrent alors. Comment avait-elle pu ? « Ce n’est pas moi ! » s’exclama-t-elle avant de fuir dans la forêt. Les villageois, persuadés de sa culpabilité, prirent fourches et épées et la poursuivirent. La chasse avait commencé et elle dura jusqu’à ce que les pas de la belle ne l’amènent à ce vieux chêne maudit.

Encerclée par les habitants, elle pointa le ligneux, plus particulièrement une branche tordue de celui-ci, du doigt. « C’est à cause de lui. C’est lui qui m’a obligé à le faire ! » se défendit-elle. Si son visage ne pouvait être que celui d’une innocente, sa tenue trahissait sa culpabilité. « Sorcière ! Putain du Vilain ! Mangeuse de bambins ! Tu finiras sur le bucher pour tes crimes ! » crièrent en chœur les villageois. « Au bûcher ? Non ! Vous ne pouvez pas ! Je n’ai rien fait. Je vous le promets ! Je vous le jure ! C’est lui qui a tué vos enfants, pas moi ! » Elle continua de pointer la branche de l’arbre. « Vous ne le voyez donc pas ?! » Comment pouvaient-ils croire une folle qui accusait un vieux chêne d’un horrible crime.

« Qu’on lui passe la corde au cou ! Si elle aime tant cet arbre, qu’on l’y attache à tout jamais. Ton heure a sonné, vile créature ! » Le verdict était tombé. On noua une corde à son cou. Gina supplia une nouvelle fois mais ses suppliques étaient vaines. Tous les villageois s’unirent pour orchestrer sa mort. Bientôt, on tira sur la corde qu’on avait noué autour de la branche qu’elle avait pointée. Le corps de la femme s’éleva dans les airs. Ses jambes s’agitèrent et son visage rougit. Elle s’étranglait pour aller vers une mort longue et douloureuse. Les habitants regardèrent le spectacle, poussant des cris de joie. « S’en est fini d’elle ! Elle ne nous racontera plus d’histoire. Les morts ne mentent pas ! » finit par dire le chef. Ils s’exclamèrent, triomphants. Pourtant, un drame se jouait derrière eux. De longues branches fines et souples fondèrent sur eux, encerclant chaque gorge avant de soulever les corps. Des cris étranglés retentirent en chœur. Les jambes se balançaient. Le bois grinçait comme s’il poussait un rire lugubre. Gina arrêta de gesticuler pour regarder un point invisible à ses côtés. Le visage violacé, un grand sourire amoureux vint fendre ses lèvres.

Le lendemain, alerté par le son de nombreux corbeaux, un voyageur s’écarta du sentier qui traversait la forêt. Il tomba sur la vision d’horreur que lui offrait le chêne. Une vingtaine de corps se balançaient dans les airs, attachés par le cou aux branches l’arbre. Étrangement, une corde au nœud coulant semblait être vierge de tout cadavre. « Par Ezechyel ! » s’exclama une voix féminine derrière le voyageur. Ce dernier se retourna pour voir une femme nue à l’apparence fluette. Il accourut vers elle pour placer une veste sur ses épaules. « Madame ! Il faut vous mettre à l'abri ! Comment vous appelez-vous ? » « Gina. » dit-elle de sa voix enchanteresse. « Ils sont tous morts ! C’est affreux. Il faut prévenir les autres villages autour de cette forêt maudite ! Pouvez-vous m’y conduire ? » Le voyageur n’hésita pas. Il prit la belle dans ses bras et reprit son chemin. Après tout, il fallait les prévenir qu’une présence maléfique vivait près d’eux. Les morts ne racontaient pas d’histoires. Gina sourit. Comme c’était faux… Elle allait leur apprendre la vérité...

Et voilà !! C’est terminé, les enfants ! Prêt à piquer du nez ? Quoi ? Vous me demandez où se trouve cette forêt ? Haha. C’est bien ça le drame ! Personne ne le sait. Là où Gina agit, le silence finit par se faire. Il n'y a plus de vivants pour nous raconté ce qu’il leur est arrivé. Seuls les morts le peuvent mais… qui a déjà entendu un mort ? Si cela se trouve, Gina s’endort dans la forêt qui avoisine notre village ! Oh et si c’est le cas, prenez garde ! Comme je vous l'ai raconté : si elle aime amener les adultes à l’arbre où son bien-aimé s’est pendu un jour, ce qu’elle aime encore plus, c’est d’égorger les petits-enfants. Enfin bon... Faites de beaux rêves, à présent ! »

1109 mots.
Jour 9 - Balancer
Encore merci  nastae
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Jeu 10 Oct 2019, 20:04



Inktober - Jour 10


Enora courait aussi vite qu’elle le pouvait. Les bras chargés, elle serrait ses achats très fort contre sa poitrine, de peur d’en laisser tomber un au sol. Dans sa course, elle calait le bruit de ses pas sur celle de sa respiration saccadée. Heureusement, elle était bientôt arrivée.

Elle enfonça, plus qu’elle n’ouvrit, sa porte d’entrée, ce qui fit sursauter sa mère dans le salon. « Que se passe-t-il Enora ? Tu t’es blessée ? » demanda sa mère inquiète. « Pas l’temps ! » souffla Enora pour toute réponse. « Dans la chambre. »

La jeune déchue gravit les marches quatre à quatre afin d’arriver le plus vite possible dans sa petite chambre d’étudiante. Elle déboula dans la pièce et laissa tomber ses nouveaux articles sur son lit. Elle était essoufflée. De la sueur coulait sur son front. Rapidement, elle s’empressa de l’essuyer d’un revers de la main. Pas le temps pour une douche ! Ce qu’elle avait prévu maintenant, était d’une urgence capitale !

Elle courut et fit un dérapage contrôlé devant son armoire. Elle ouvrit alors précipitamment un des tiroirs du meuble et farfouilla à l’intérieur pendant quelques secondes . Enfin, elle en sortit un gros livre à la reliure sombre. Son air triomphante parlait de lui même !

Aujourd’hui serait un jour à marquer d’une pierre blanche !

Aujourd’hui serait le début de sa nouvelle vie !

Aujourd’hui elle deviendrait celle qu’elle admirait tant !

Celle dont elle ne faisait que penser ! Jour et Nuit !

Celle qui faisait partie de sa vie depuis plusieurs années. Car depuis qu’elle l’avait vu en représentation à Avalon, Enora était devenue une des ses plus ferventes admiratrices.

Cette personne n'était autre que : Pandore Taiji Von Dreth.

La plus belle ! La plus géniale ! La plus charismatique ! La plus grande actrice de tous les temps ! La plus … Pandore !

Enora était tellement excitée qu’elle ne pouvait s’empêcher de sautiller sur place en serrant le gros ouvrage entre ses bras. Ce livre, c’était devenu sa raison d’être depuis qu’elle avait été admise à Basphel. On le lui avait offert après qu’elle ait eu passé quelques épreuves pour intégrer le Club. Elle avait dû faire preuve de sang-froid pour faire honneur à son idole. Elle avait dû répondre à toutes sortes de questions sur la vie de son étoile, et Enora s’en était plutôt bien sortie. Elle avait été fière comme trois poux, lorsqu’on lui avait tendu ce livre. Dedans, était écrit, noir sur blanc – avec quelques fautes d’orthographes, mais en même temps qui aime l’orthographe ? – toutes les aventures de Pandore. Toute sa vie y était notée. Ainsi, Enora connaissant maintenant tout de Pandore ! N'était-ce pas magnifique ? Cela commençait par la rencontre de ses parents, sa naissance, sa vie étudiante, sa vie d’actrice … tout ! Enora le feuilletait tous les soirs et pouvait réciter des pages entières par cœur !

Ah, Pandore !

Enora emporta le livre jusqu’à son lit. Elle l’ouvrit à la page voulue avant de déballer ses achats.

Dans un premier temps, elle prit les feuilles cartonneuses flambant neuves et avec un ciseau se mit à les découper selon la forme choisie. La tâche s’avéra plus longue que prévue, car Enora voulait que tout soit parfait. Elle essayait de découper bien droit. Ni trop, ni trop peu.

Puis, elle sortit d’un des ses sacs un grand bac dans lequel elle versa un liquide jaunâtre. Elle mit le bac sur le sol de sa chambre et attendit quelques secondes avant d’y plonger ses feuilles découpées. Pendant que le papier était entrain de s’imbiber, Enora ne pouvait retenir ses doigts qui tapotaient contre sa cuisse. Elle voulait que le temps aille plus vite.

La tête de sa mère passa dans l’entrebâillement de la porte. « Qu’est-ce que tu fais chérie ? »  lui demanda-t-elle curieuse. « Chuut ! Tu vois bien que je travailles ! »  s’indigna Enora. «Et puis, fermes la porte ! Ca va faire des courants d'air ! »Elle ne voulait pas que sa mère la rejoigne … ni qu’elle la dérange. Ce moment, c’était pour elle et Pandore. Les autres n’avaient rien à faire ici ! Alors sa mère, un peu vexée, retourna à ses occupations en laissant tout de même, la porte entrebâillée.

Enora attendit encore quelques minutes, puis elle retira délicatement le papier du bac et le fit sécher à la fenêtre. La jeune déchue n’avait que faire des flaques jaunes qu’elle laissait sur son passage. Ce qu’elle entreprenait aujourd’hui était on-ne-peut-plus important ! Qu'est-ce que pouvaient bien faire des tâches sur le parquet alors que son projet était enfin entrain d'aboutir ?

Pendant le séchage, elle retourna vers son lit. Elle avait ramené une petite pierre verte qui tenait dans le creux de sa main. Avec un pinceau, elle se mit, en tirant la langue sur le côté - tellement elle était concentrée par sa tâche - à peinturlurer la pierre en violet. Voilà, comme ça. C'était plutôt joli ! Et le visage de la jeune fille s'éclairât d'un beau sourire.

Ceci fait, elle retourna à la fenêtre. La papier était sec. C’était bientôt fini ! Elle allait bientôt réaliser son plus grand rêve !

Elle colla les deux extrémités du papier ensemble et constata le résultat final.

Parfait.

Elle posa le tout sur sa tête, prit la pierre à moitié sèche dans la main et se dépêcha d’aller devant son miroir. Son reflet lui renvoyait une jeune fille blonde portant sur la tête une couronne en papier et tenant dans la main une pierre précieuse violette.

Elle était devenue Pandore ! Elle était devenue son modèle !

Enora trépignait d'impatience ! Il fallait qu'elle le dise à ses amies ! Il fallait qu'elle leur montre ! Il fallait qu...« Enora ! Mais qu’est-ce que c’est que tout ce bazar ? »  s’écria sa mère en rentrant dans la chambre de sa fille.

963 mots.
Merci
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Jeu 10 Oct 2019, 21:56



Lesovik
Inktober - Jour 10


Les forêts natales du Chaman étaient sujettes à bien des variations toutes plus chaotiques les unes que les autres ; ce n'était pas tout à fait ce qu'on lui avait conté pour le pousser à venir habiter dans cette contrée, mais ne c'était pas non plus décevant, au contraire ! Hyperion trouvait ici une panoplie infinie et passionnantes de plantes folles, animaux déchaînés et autres chimères fantasmagoriques qui composaient le tableau unique vif et coloré de la Nature de l'Île Maudite. Oh ! Que cette dernière portait bien son nom ! Ici vivaient des espèces dont il n'aurait jamais pu s'occuper ailleurs. Il faudrait bientôt qu'il se reproduise afin de voir apparaître d'autres Lesoviks sur cette île, qui en manquait cruellement. Le Lesovik était étonné chaque jour un peu plus de constater que ces petits humains puissent trouver une place sur cette île et cohabiter avec toutes sortes de monstres sauvages sans même penser à s'en plaindre. Il faut dire que la Mer Maudite n'ouvrait pas une vue sur d'autres horizons et que la folie d'ici était donc tout ce qu'il y avait de plus normal. Hyperion se pencha vers le sol dans un long craquement de bois fendu. Il darda un regard vif et perçant vers la petite bête au pelage soyeux et aux oreilles triangulaires qui avait décidé de vivre avec le Chaman bien malgré la volonté de ce dernier. "Puisque ce je te dis que je l'ai vu, ce Sacrifié, cette créature légendaire des enfers." gronda-t-il alors d'une voix d’outre-tombe, articulant ses mots avec une lenteur désarmante. Prononcer cette phrase lui prit d'ailleurs plus de deux minutes, pendant lesquels le concerné se gratta l'oreille et s'avachit dans l'herbe molle et fraiche du jardin privé du Suprême de l'Au-Delà. "Dans la rue principale de Zaowa, trainant sa cape blanche tâchée du sang de la Folie du souverain, alourdie des souffrances et avide de vengeance morbide ! Oh..." s'écria-t-il longuement. Le Lesovik avait toujours eu un penchant pour la poésie et la dramatique exagérées. "Dire qu'il a provoqué une glaciation dans la jungle pourpre ! Je vais aller lui tirer les oreilles ! Heureusement, cette partie-là de l'île a aussitôt repoussé en l'espace de quelques heures. C'est que les plantes carnivores, c'est coriace. Je me demande si elles ne se nourrissent que des mammifères ou bien- hum. Tu dors ? Animal ingrat et irrespectueux ! Oh oh ! " Petit Caleb, habitué aux bavardages incessants de la créature, ne lui répondait jamais.

Les doigts crochus du Lesovik s'agitèrent doucement, millimètre par millimètre. Grâce au don de la Crypte Enchantée, il pouvait recréer ce jardin plus à son goût et y déposer des farces à l'intention du propriétaire. Il ne se rappelait que trop bien la fois où il avait remplacé tout le parterre de fraises et de framboises par des plants morts et décharnés, et là fois où il avait inversé l'emplacement de toutes les plantes médicinales, ou encore celle où des corbeaux à têtes humaines avaient envahi les branches de l'oranger. Ses fantaisies étaient aussi nombreuses qu'extravagantes, mais pour sa défense, faire des farces à un Fou nécessitait une certaine imagination décuplée. Cela restait toutefois enfantin. Loin était derrière lui le temps où il combattait les idiots qui brûlaient et coupait les arbres. Alors qu'inlassablement, il activait sa magie pour créer la nouvelle blague du jour, Petit Caleb s'ébroua et s'approcha dangereusement de lui. Ses petits yeux en fente semblaient rire. Son petit corps s'étira honteusement et ses petites griffes se plantèrent dans le sol. Il miaula pour la première fois, le regard un peu dingue. Hyperion devina bien vite ses intentions. "Ah non ! Pas les griffes sur mon tronc ! Tu- Oh nom d'un sapin maudit !" Combien de fois cet être diabolique essayerait encore de marquer son territoire sur son corps végétal. Par chance, Hyperion avait aussi le don de se transformer en chat noir, ce qu'il fit sans attendre afin d'échapper à la torture.

Quelque part dans le Palais, deux chats s'affrontaient, renversant bibelots et vases, déchirant tissus et papiers et tirant de leurs siestes les habitants endormis à cette heure chaude de la journée.


723 mots.  nastae
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Jeu 10 Oct 2019, 21:57


Image réalisée par Aimee Lynette

L'ombre d'un père
[Inktober - Jour 10]

« Hahaha ! Voyez vos mines effrayées, mes enfants ! Je vous avais dit que ce n’était pas raisonnable. Une histoire d’horreur le soir, mais quelle idée ! Je ne peux décemment pas vous laisser trembler plus longtemps. Que chacun regagne son propre lit ! Je vais vous parler d’une autre histoire ! N’ayez crainte ! Celle-ci ne fait pas peur. Elle pourrait même calmer votre terreur. C’est un joli conte qui se termine bien. Malheureusement, si la fin est heureuse, le début l’est un peu moins. Préparez-vous à entendre l’histoire simplement nommée : « Jarod et l’ombre d’un père » !

C’est en Avalon qu’habitaient Jarod, un jeune homme au physique désirable, et son père, un veuf quarantenaire. Tous deux vivaient dans l’opulence la plus certaine. Et cela n’arrangea pas le caractère du père. Il fallait dire qu’il était un déchu portant l’orgueil le plus certain en lui, avec une faiblesse prononcée pour l'envie. Des péchés qu’il faisait quotidiennement subir à son fils depuis sa naissance. En effet, quand sa mère mourut en couches, il n’eut plus d’obstacle à ces défauts pernicieux et rongeurs. Chaque instant que vécu Jarod jusqu’à ces dix-neuf ans se fit dans l’ombre d’un père autoritaire et omniprésent.

« Ne t’habille pas ainsi. » « Ne lui parle pas. » « Deviens le meilleur de ta classe. » « Ne te laisse pas déconcentrer par l’amitié. » « Coupe toi les cheveux. » « Parle ainsi. » « Deviens politicien. » « Ne regarde pas cette femme. » « Marie-toi à une héritière riche et belle. » « Suis mon exemple. » Toutes ses phrases, Jarod les entendait jour et nuit, nuit et jour. Le libre arbitre : il ne connaissait pas. Il n’était plus qu’une créature, ajustée à un moule que son père avait fait pour lui. Pourtant, malgré toutes ses tentatives, son père n’était jamais assez fier de lui. Jarod avait beau tout tenter, il n’était jamais assez doué. Il n’était jamais assez talentueux. Il n’était jamais assez brillant. Aucun des deux hommes n’était heureux. Les péchés du père étaient tels qu’il n’était jamais satisfait.

Pourtant, un jour, comme dans toute histoire, tout changea. Le père étouffant dû partir toute une semaine pour son travail. Obligé de laisser son fils seul pendant une longue durée, il l’avertit cependant : en son absence, Jarod reçut l’interdiction de sortir du manoir. Une interdiction que Jarod appliqua à la règle. Après tout, il avait été éduqué à suivre les ordres de son paternel. Cependant, au bout du troisième jour à rester cloitrer dans son manoir, une jeune domestique, nommée Dolorès, vint à lui. Il ne l’avait jamais vu. En effet, jusqu’à présent, elle était toujours restée en cuisine mais, le destin faisant bien les choses, une de ses collègues était tombée malade et elle avait dû apporter le plateau-repas au jeune garçon. Ce fut un véritable coup de foudre pour Jarod. Il n’avait jamais vu de femmes plus belles. Et, pourtant, elles n’étaient pas rares celles qui lui couraient après. Mais cette Dolorès était divine. Elle n’était pas parfaite : elle était toute décoiffée et toute débraillée et il lui manquait même une dent. Mais c’était ces petites imperfections qui la rendaient si rayonnante.

Ils échangèrent un long regard. Ils étaient rougissants et hésitants mais ne pouvaient rompre ce contact visuel si puissant. Isahora avait frappé. Oni les avait liés. Leurs âmes étaient destinées. Elles étaient sœurs. Enfin, chacun des deux baissa les yeux et la jeune fille s’enfuit en murmurant une excuse. Jarod ne la retint pas. Il le regretta. Il le regretta d’autant plus qu’il ne la revit pas le lendemain. Ni le surlendemain. Il savait que son père allait rentrer dans deux jours et il savait qu’à chaque seconde le souhait de revoir Dolorès devenait de plus en plus impossible. Mais il hésitait. Après tout, son père ne le lui aurait pas autorisé. S’il voulait suivre son modèle de vie, il devait épouser une héritière. Mais… son père était-il vraiment son modèle ? N’était-il pas plutôt un odieux tortionnaire ? Il avait si peur de sortir du moule. Il avait si peur de s’échapper de cette jolie cage dorée qu’on lui avait construite. Il n’avait jamais pris de décision pour lui alors… Comment fallait-il faire ? Était-ce le bon choix ? N’allait-il pas le regretter ? Non… Il ne pouvait pas. Il était si terrifié. Il ne devait rien faire. Il devait se contenter d’observer par sa fenêtre le chemin qui allait ramener son père. Oui, c’était ce qu’il devait faire.

La journée passa donc. Un nouveau matin arriva vite. C’était le dernier qu’il vivait avant le retour de son père. C’était sa dernière chance. C’était son dernier espoir. Il sentait que son cœur se brisait chaque instant un peu plus. Et puis, soudain, à travers les carreaux de sa fenêtre, il la revit. Elle portait deux grosses valises, une dans chaque main, et s’éloignait du manoir la tête basse. Le temps s’arrêta tandis que le chagrin prenait place. Le cœur du jeune homme était si lourd dans sa poitrine. Et, pourtant, lorsque la jeune fille se retourna et que ses yeux s’élevèrent vers sa fenêtre, son cœur devint aussi léger qu’une plume. Et il comprit. Et il sut.

Aussi vif que le vent, il quitta son observatoire et sortit de sa demeure. La brise légère accompagna ce sentiment d’envol qui l’enveloppait. Sa bien-aimée courait déjà vers lui et avait abandonné ses valises plus loin. Ils se blottirent l’un contre l’autre, comme s’ils ne faisaient partie que d’un unique être. Ils s’aimaient déjà tant qu’ils savaient que rien ne pourrait plus les séparer. L’ombre du père avait cessé d’enserrer un esprit si souvent tourmenté mais à présent libéré. Jarod avait compris qu’il était le seul maître de sa vie. Il ne pouvait pas être heureux en répondant à toutes les attentes d’un paternel nocif, qui voulait être plus pour lui un modèle qu’un père...

Et voilà, pour cette nouvelle histoire ! Elle se termine bien, n’est-ce pas ? Oh ! Vous voulez savoir ce que Jarod et Dolorès sont devenus ? Eh bien sachez qu’ils vécurent heureux dans une maison bien à eux et eurent toute une ribambelle d’enfants ! Allez ! Maintenant, au dodo ! N’espérez pas : Vous n’aurez pas une troisième histoire ce soir ! »


1019 mots.
Jour 10 - Modèle
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Ven 11 Oct 2019, 14:26



Léviathan
Inktober - Jour 11


"Par tous les Asifers ! Tu vas pas recommencer avec tes conneries ! " Une main de fer s'abbattit sur le crâne du plaintif. "Respecte tes anciens !" A cette heure-ci de la nuit, assez avancée pour que l'alcool soit déjà dans le sang, mais pas suffisamment pour qu'il provoque les ivres jeux et paris, Myrk faisait comme toujours le tour du comptoir pour venir s'asseoir sur le banc au milieu de ses clients. Il racontait alors des histoires qu'il avait lui-même apprit par cœur de l'ancien tavernier, qui en avait fait de même avec son prédécesseur. Transmettre ces légendes faisait partie de la réputation du Trake'Lard, une des auberges qui faisaient face au port. On y échangeaient milles contes et mythes, on y discutait trésors et explorations et parfois, on échangeaient des objets de valeurs, sans oublier les paris. Pour danser avec la gente féminine et se bastonner, il fallait plutôt se rendre chez le voisin, Chez Soberon. Impassible, le vieux Myrk remplissait les verres sans que les buveurs s'en rendent compte, comme s'il ne supportait pas de voir qu'après quelques gorgées, les choppes soient à moitié vide. Chaque nouveau client payait sa tournée à tous le monde, ce qui faisait qu'on se retrouvait très vite avec plusieurs verres différents en sa possession, toujours remplis, qu'on entrait en payant une unique tournée et que l'on ressortait -si on arrivait à s'échapper du traquenard- en ayant beaucoup plus bu que payé. Derrière le comptoir étaient alignées plusieurs bouteilles de rhum, de différentes marques, années et sortes, ainsi que quelques autres alcools étrangers, des nations natives des membres du Léviathan. Au centre était accroché le drapeau de l'Empire, noir de jade, encerclé des cinq K'urach'i qui jetaient des reflets dorées à la lumière ambrée des lampes à huile. On racontait que le vieux Myrk savait parler le K’wanik et qu'il avait parcourut tous les océans du monde. Légende ou vérité ? Personne ne le savait. Le seul fait vérifiable était qu'il connaissait des centaines de légendes sur le bout des doigts, et qu'il adorait les raconter à ses clients.

Cela commençait toujours de la même façon : il abandonnait son comptoir pour se rapprocher de la cheminée, s'asseyait, entonnait le Menafisitawī, bientôt rattrapé par ses compatriotes. On fermait la porte et les fenêtres et on éteignait les lampes, puis quelques musiciens se mettaient à jouer pour accompagner sa voix grave. "Karouk était un grand Capitaine, un des premiers qui firent la renommée de l'Empire. L'histoire raconte que sa richesse était si grande qu'il aurait pû acheter le monde. Ses pièces étaient serties d'un crabe, tout comme son blason, ses tatouages, la proue de son navire... Dans sa villa, une immense statue de crabe trônait, en diamant et en or pur. Avide, radin et violent, il était sans cesse à la recherche de traitres, persuadé qu'on voulait lui dérober ses biens. Des voleurs, il en attirait ! Et de toutes sortes... Karouk était un prêtre de Nidalu, qu'il estimait être l'Aether de la Richesse, d'où sa fascination pour le Crabe, animal fétiche de ce dieu Fou. Un jour, le Capitaine surprit son second en train de former les plans d'une révolte dans les cales du navires, entouré de l'équipage. Sans rien dire, il se retira dans sa cabine. Il avait le don formidable de faire entrer toutes ses richesses dans un seul et unique grand coffre en fer en en bois solide, fermé d'une combinaison que lui seul connaissait... L'objet reposait dans sa cabine et il s'en servait de lit pour être certain qu'on ne le lui volerait pas. Ce soir-là, Karouk vérifia que tout son trésor se trouvait dans le coffre avant de s'endormir. Le lendemain, il organisa un grand tournoi de courte-paille, en insinuant que le gagnant pourra avoir accès à une partie du trésor. Sans rien dire, il laissa le hasard désigner tour à tour une série de vainqueurs. Ceux-ci, avides de la récompense, se pressaient autour de lui. Quelle récompense ils eurent, en effet ! Il les décapita un par un et leur accorda le droit d'être les cadavres qui dissimuleront son coffre soigneusement enfouit sous terre. Les perdants eux, eurent la chance d'être dévorés vivant par son élevage de crabes carnivores. Karouk, le Capitaine Fou, enfouit son trésor dans cette contrée remplie de crabes monstrueux qu'il avait découvert au gré de ses voyages, puis repartit seul sur son navire dont il avait décimé l'équipage. La légende raconte que, lorsque nous mangeons des crabes, son navire apparaît à l'horizon tel un spectre vengeur, qu'il nous suit jusqu'à avoir obtenu réparation pour cette outrage à l'animal sacré ! Pour dissiper ce mauvais sort, il convient de crier trois fois Karouk Karouk Karouk ! Avant d’entamer le repas, que Wenda nous a justement préparé spécialement pour l'occasion !" Le cuisinier parût avec le plat, suivit de quelques serveurs, sous les cris des pirates, qui répétaient joyeusement l'incantation. Le Lyrienn souriait de toutes ses dents. C'était dans cette taverne qu'il avait apprit toutes ces légendes à son tour, ainsi que l'hymne, la religion et les jeux. Pour lui, toute l'âme du Léviathan reposait dans la salle principale du Trake'Lard.

908 mots.  nastae
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Ven 11 Oct 2019, 16:32



Inktober - Jour 11

Issu du "Traité philosophique" d’un hurluberlu soit disant professeur à Basphel dont nous tairons le nom par souci d’anonymat.

« Mais surtout ce que tout le monde se demande et ce qui donnerait la réponse que tout le monde recherche, à savoir qu’est-ce qui expliquerait notre raison d’être, de vivre … Je veux bien évidemment parler de la neige. Car évidemment la neige, tout le monde sait ce que c’est que la neige n’est-ce pas ? Nous nous représentons tous cet élément de la même façon, n’est-ce pas ? Cette jolie agglutination d’eau gelée. Cet empilement de flocons. Cette création divine constituée de million et de millions de particules blanches. Parce que, oui, la neige est blanche. Bien que, si nous étions réellement précis, seule la neige immaculée est blanche. N’y-a-t-il pas cet adage connu : « être blanc comme neige » ? Pourtant, la neige est loin d’être aussi blanche qu’on le croit. Voyez vous-même ! La neige aux bords des chemins, après les nombreux passages des calèches, n’est plus si blanche. Je dirais même qu’elle est loin d’être immaculée. On est alors loin de cette représentation douce et agréable. Car c’est bien ce qu’il se passe, lorsque vous êtes chez vous, qu’il neige et que vous vous enfoncez bien au chaud dans votre lit ou alors sous une grosse couverture devant votre cheminée à siroter un bon chocolat chaud revigorant. Et pourtant, la neige est aussi revigorante. Combien de déchus n’ont-t-il pas usés de ses propriétés glacées pour se refroidir les idées en s’enfonçant tête la première dedans ? … Et combien d’entre vous n’ont jamais sortit la langue pour recevoir un léger flocon sur les papilles ? D’ailleurs, d’autres la sélectionnent pour pouvoir s’abreuver. Parce que, oui, la neige est bienfaitrice. Bien qu’elle puisse également être l’outil de tempêtes destructrices. Avez-vous déjà vu des bâtiments entiers s’écrouler sous son poids ? Ou bien, avez-vous lu dans ces livres d’aventuriers, ces moments fatidiques où le héros risque de mourir de froid ? La neige est cruelle, cela va sans dire. Elle se fiche de savoir qui est bon, ou qui est mauvais. Qui mérite de mourir ou qui mérite de vivre. Elle est simplement là. Je ne dirais pas qu’elle est un outil divin, même si je soupçonne certains d’entre vous de ne pas être d’accord avec moi, mais la divinité est un art qui n’est pas enseigné avec moi, donc qui suis-je pour vraiment avoir une opinion. La neige non plus n’a pas d’opinion. Elle vit simplement. Elle tombe simplement. Elle se laisse aller au gré du vent et forme des monticules. Parfois insurmontable. Elle va là où elle doit aller. Comme au sommet des montagnes. Quelles vues magnifiques ne nous offre-t-elle pas ? Elle, qui est si gracieuse. J’ai d’ailleurs connu une femme qui s’appelait Neige. Une humaine. Elle aussi était gracieuse. A croire que porter ce prénom lui avait destiné la grâce. Je la revois voltiger au-dessus du sol lors de ses danses. La neige aussi voltige. Elle virevolte délicatement avant d’atterrir sur le sol pour un temps incertain. Car souvent, la neige est éphémère. Elle a une durée de vie limitée. Elle le sait. Elle ne vit que pour un temps donné. Certaines sont éternelles. Alors que d’autres … C’est si triste. Elle ne veut que voir les rayons du soleil. Ressentir leur chaleur. Sauf qu’elle en meurt. N’était-ce pas tragique ? Une vie si courte. Et qu’a-t-elle eu le temps de faire ? Simplement de voltiger. De tomber. D’atterrir. De Mourir. Elle peut parfois participer à des catastrophes naturelles. Mais c’est bien là, le seul avantage d’être née neige. Et pourtant, ne sont-il pas nombreux les récits qui la conte ? Qui la glorifie ? Qui la rende puissante et belle ? N’était-elle pas alors perpétuelle ? Infinie ? Que se dit-elle, elle ? Se sent-elle de la sorte ? Se sent-elle prisonnière d’un destin glorieux ? Épique ? Se dit-elle qu’elle n’est là que pour embellir nos paysages ? Se dit-elle qu’elle est un instrument mortel ? Ou bien se sent-elle utile ? Est-elle seulement libre ? Je vois souvent des textes qui parlent de liberté, essayant de la définir. Mais le sait-on vraiment ? Ne sommes-nous pas, nous-mêmes, enfermés dans ces diktats de notre société ? De notre religion ? De nos valeurs ? Nos péchés ? Nos envies ? La neige a-t-elle des envies ? A-t-elle envie d’avoir des envies ? Désire-t-elle d’aller plus loin. Toujours plus loin ? Mais où ? Sur les hauteurs, afin de nous voir mener une vie terne et peut-être sans buts ? Ou au plus près de nous, pour être actrice dans nos vies mais ne pouvant pas y voir l’issue ? Bien que certaines, en colère sûrement, ou avec objectif certain, essaie de nous la raccourcir. Comment ? Comment pourrait-elle choisir ? Y-a-t-il seulement un bon choix ? Vous-même, savez-vous faire le bon choix ? N’y a-t-il pas des gens parmi vous qui regrettent ses choix passés ? Qui aurait aimé faire autrement ? Faire mieux ? Qui ? Qui ne regrette rien ? Les Ætheri peut-être ? Et encore ? N’y-a-t-il pas ces mythes qui nous retracent leur vies, leurs déceptions, leurs regrets ? … Mais là n’est pas la question n’est-ce pas ? Où en était-je donc ? Ah oui, la neige … »

La légende dit que ce discours continua plusieurs semaines et que de nombreux étudiants ratèrent leur examen.
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Ven 11 Oct 2019, 21:46


Image réalisée par SandraWinther

La fille d'Akull
[Inktober - Jour 11]

« Tenez, un bon petit chocolat chaud. Cela vous fera du bien avant d’aller vous coucher. Les nuits sont de plus en plus fraîches alors couvrez-vous bien avec vos draps. Je ne voudrais pas que vous attrapiez froid. Vous êtes si fragiles lorsque vous dormez… Mais oui : avant cela, je sais ce que vous attendez. Je vais donc vous raconter une histoire, certes un peu triste mais vraiment très jolie. En réalité, il s’agit davantage d’un mythe qu'un conte de Fae. Avez-vous déjà entendu parler d’Akull ? Non ? Laissez-moi éclairer vos petites lanternes pendant que vous sirotez votre boisson… Les Lyrienns, cela vous dit quelque chose ? Eh bien, Akull est une des déesses de ce peuple. Elle représente l’élément de la glace. Un élément aussi dangereux qu’impartial. La déesse ne fait pas de cadeau. La déesse est connue pour être infertile et sans enfant. Pourtant, un mythe très peu connu raconte qu’elle a offert au monde un enfant aussi beau qu’innocent. Laissez-moi vous conter l’histoire de Neige, la fille d’Akull…

Depuis toujours, la glace terrifie. Elle tue lentement ceux qui lui font affront. Elle inhibe la vie là où elle pose son voile mortel. Les lacs gelés ne donnent plus d’eau. Les arbres ne donnent plus de fruits. La terre ne donne plus d’herbe… La vie devient aussi difficile qu’impossible. Akull ne donne pas. Elle ne fait que prendre. Elle ne crée pas. Elle ne fait que détruire…

Pourtant, il y a bien longtemps, sur des terres où le dévolu d’Akull s’était jeté, une chose incroyable se produisit. À partir d’une larme arrachée à sa sœur, Lyë, l’élément de l’eau, et d’un souffle secrètement volé à sa mère, Ajrov, l’élément de l’air, Akull créa pour la première fois. Fruit d’une guerre silencieuse ou cadeau de paix, une créature naquit dans un silence enchanteur. Sa peau était aussi blanche que la glace la plus froide. Ses yeux étaient aussi bleus que l’eau la plus limpide. Sa silhouette était aussi gracile que le vent originel. D’un rire pur et innocent, elle fit tomber du ciel une pluie gelée et enchanteresse. Le plus haut des glaciers craqua alors légèrement. Aussitôt, le vent et l’eau diffusèrent ce bruit à travers l’ensemble des terres connues. Bientôt, tous eurent à la bouche un seul prénom. Neige. Oui… La magnifique Neige était née. Était-ce une bonne chose ? Personne ne le savait mais la glace se replia mystérieusement sur elle-même.

Certains racontent que ce repli d’Akull avait pour but de protéger son cœur glacé de cette magnifique enfant qu’elle avait créé. D’autres disaient, qu’en vérité, elle s’était repliée pour protéger cette dernière de tous les dangers et que Neige grandissait au cœur d’un véritable palais de glace. Personnellement, les enfants, je préfère cette deuxième version. Cela même si on raconte qu’Akull est une déesse insensible, même devant les rires d’un nourrisson.

Quoi qu’il en soit, après que la nouvelle de la naissance de Neige se propagea, on n’entendit plus parler de cette dernière. Et cela pendant un temps très certain. Cependant, alors qu’elle avait été presque oubliée, une pluie blanche tomba du ciel, apportant avec elle la glace d’Akull. On maudit alors le nom de la tendre jeune fille. Si elle apportait le voile mortel de sa mère, elle ne pouvait être bénéfique. C’était certain. Eh pourtant… Ils se rendirent tous vite compte de leur erreur en voyant le sourire émerveillé des chérubins. Cette poudre blanche était merveilleuse et enchanteresse. Si elle était aussi glacée que l’élément de sa mère, elle réchauffait les cœurs de joie et de bonheur. Neige… Quel doux mot… Quel doux prénom… Un prénom aussi doux que la jeune femme qui le portait et qui accompagnait chaque pluie de glace.

Si, auparavant, on craignait l’élément d’Akull, on adorait son enfant. Neige était douce et amenait avec elle une promesse de quiétude. Grâce à elle, on pouvait se préparer à l’arrivée glaciale d’Akull. Avec elle, le vent balayait les rancœurs d’antan pour laisser place à la pureté enfantine. Avec elle, l’eau ne restait plus inaccessible sous une épaisse couche de glace mais se dévoilait au contact de la peau. Avec elle, le monde devenait soudain plus enchanteur et la vie, avertie de l’arrivée d’Akull, avait le temps de se préserver, d’hiberner, de se cacher sous terre, ou de fuir plus loin.

Neige était célébrée dans le monde entier. Des fêtes étaient données en son honneur. Les enfants attendaient avec une joie non dissimulée son arrivée. Les hommes recherchaient la femme aussi fugace que l’air éthéré pour l’épouser. Bien vite, on enleva celle qui faisait tant battre les cœurs pour la garder jalousement enfermée à ses côtés. La crevasse qui s’était formée dans le plus haut des glaciers s’approfondit alors et le craquement retentit sur l’ensemble des terres. Akull promit alors au monde une vengeance terrible pour celui qui l’avait privé de sa tendre fille. Lyë et Ajrov, liées aussi à Neige, s’agitèrent. Le monde devint alors un endroit encore plus terrible qu’il ne l’était déjà. La colère des Aetheri était infinie. Des humains s’allièrent alors à eux et cherchèrent sans relâche la belle. Ils écumèrent océans et terres et finirent par la retrouver. C’était un dieu, aujourd’hui oublié, qui l’avait dérobé. Il en paya le prix et fut écrasé. Cependant, la magnifique Neige ne put survivre à cette épreuve. Dans un dernier souffle, elle appela le nom de sa mère et la supplia de ne pas diriger sa colère vers les hommes. Akull lui souffla alors une réponse givrée qui fit sourire sa fille et emporta son corps sans vie avec elle. La glace fonda doucement pour que la vie reprenne ses droits et Akull se retira. On raconte qu’elle avala le corps du ravisseur de sa fille et qu’il repose à présent au fin fond de la crevasse du plus haut glacier, dans le froid le plus pénétrant.

Et… Quoi ? Mais pourquoi pleurez-vous, mes enfants ? Vous êtes triste pour Neige ? Allons, allons… Séchez vos larmes et regardez par la fenêtre. Que voyez-vous ? Oui, c’est bien cela… La pluie blanche et glacée continue de tomber. Neige est morte mais, vous savez, la mort n’est jamais une finalité. À présent, la jeune femme s’est libérée de son enveloppe charnelle et peut être éternellement au côté de sa mère. On raconte que Neige s’est élevée pour devenir une Aether douce et humble qui cherche davantage à émerveiller qu’à être connue. On raconte aussi qu’elle descend sur terre sous la forme d’une belle mésange bleue pour prévenir les hommes de l’approche d’Akull. Mais tout ceci est une autre histoire les enfants. Dormez bien sous l’œil chaleureux de Neige, mes petits flocons d’amour.  »


1111 mots.
Jour 11 - Neige
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Ven 11 Oct 2019, 22:21


Thème Onze : Neige

La neige qui crissait à chacun des pas, les bottes fourrées qui s'enfonçaient dans le duvet blanc qui recouvrait les Hautes-Terres… Eva'Lyn appréciait particulièrement cette saison. Et surtout la couleur que la nature revêtait pendant ces quelques semaines… Du blanc, aussi éclatant que celui de ses ailes, aussi pur que son coeur. L'ange s'était réveillée en pleine nuit, sentant le froid s'immisçait entre ses draps. Elle les avait alors quittés pour rejoindre sa fenêtre, petite habitude dès que son sommeil était entrecoupé, curieuse d'observer le calme qui régnait à l'extérieur, le ciel étoilé ou la faune nocturne en activité. Une fois, elle avait pu admirer le vol d'un rapace gigantesque. Il avait ensuite plongé droit vers le sol, sans doute pour attraper une proie entre ses griffes acérées. 

Ce soir, il neigeait. Cela faisait déjà plusieurs jours que le manteau d'hiver recouvrait la terre, mais voir les flocons tombaient des nuages infiniment gris donnait au décor une féerie supplémentaire. Elle décida alors, comme une enfant, d'enfiler des vêtements et de courir dehors. Eva'Lyn marcha un peu au hasard, dans les rues désertes de son petit village. Elle aimait tous ceux qui y vivaient, mais un peu de solitude et de silence n'était pas pour lui déplaire, de temps à autre. Elle en profita pour observer en détails ce qu'elle ne prenait pas le temps de voir vraiment lorsqu'elle devait saluer un voisin ou sourire à un enfant. 



Un peu en contrebas du chemin, à l'écart de la ville, des amas de neige particuliers attirèrent l'oeil de notre Ange. Apparemment, des enfants s'étaient amusés ici à construire des bonhommes de neige. Cela amusa beaucoup Eva'Lyn qui se remémora de tendres moments, qu'elle avait vécu il y avait bien longtemps maintenant. Petite, elle avait pu passer des journées entières à braver le froid, uniquement pour parfaire le corps rond du petit personnage ou y rajouter des accessoires qu'elle allait trouver au grenier, dans sa chambre et dans la réserve. Il fallait que ce soit le plus beau, aux yeux de tous, mais surtout pour pouvoir le montrer aux autres. De plus, Eva'Lyn s'en souvenait parfaitement, elle trouvait toujours un nom et une petite histoire pour chaque être de neige qu'elle créait. Le dernier qu'elle pouvait encore se remémorer était René l'Étropié. Le pauvre, n'avait eu droit qu'à un bras et demi, puisque la branche prévue s'était rompue. La jeune femme passa devant chacune des créations, les admirant avec son âme d'enfant. Elle trouva de petites particularités à chacun : celui-ci avec un gros nez, fabriqué avec un galet, sur celui-là, une petite couturière en herbe avait cousu une robe, ou chipait dans un vieux placard et un autre avait de petites oreilles de chats.



Celui qui l'intrigua le plus était un peu en retrait du groupe de bonhommes. Ses proportions étaient parfaites, il avait tout d'un parfait petit bonhomme de neige, carotte en guise de nez, chapon melon, bras fait de branches ramifiées pour les doigts… Et il avait même des petits boutons, le long de son corps tout rond. Ce n'était même pas de simple cailloux, mais des pierres, au moins semi-précieuse… Celui qui avait volé ça dans le coffre à bijoux de ses parents se ferait sévèrement grondé. L'une des pierres, la première, avait d'ailleurs un étrange reflet. Intriguée et comme pour vérifier qu'elle ne l'avait pas rêvé, Eva'Lyn frotta son index sur sa surface lisse. C'était bizarre, le contact était légèrement tiède, alors que les mains de l'Ange étaient glacées… Elle n'en fit pas plus de cérémonie et continua sa route, pour s'éloigner un peu de la civilisation, prendre le grand air.



Mais la balade n'était plus si sereine qu'au départ. Eva'Lyn avait une drôle de sensation, depuis qu'elle avait quitté les bonhommes. Comme si… Comme si elle n'était plus seule. Comme si des yeux étaient braqués sur elle, que ses gestes étaient minutieusement déchiffré par une présence étrangère. Pour se rassurer, elle s'arrêta et se retourna, pour vérifier dans son dos. Un frisson d'effroi la parcourut lorsqu'elle remarqua, que ce bonhomme de neige étrange était juste là. C'était… Impossible… ? Il n'avait pas pu se déplacer tout seul, elle devait faire un mauvais rêve ! Elle se pinça et se remit en route. Non, définitivement, ce n'était qu'une invention de son esprit, encore un peu endormi.

Malheureusement, Eva'Lyn tenta l'expérience à nouveau, après plusieurs mètres. Et il était toujours là, derrière elle, à la même distance, alors qu'elle s'éloignait du village. Eva'Lyn commença à paniquer et se mit à courir, se retournant quelques fois. Chaque fois, il était là, immobile. Toujours aussi proche d'elle. En réalité, de plus en plus proche. Jusqu'à ce que, dans sa course folle, Eva'Lyn trébucha, la tête la première dans la neige. Un poids dans son dos l'empêchait de se relever, de sortir le nez de l'air, de reprendre son souffle. Rapidement, elle suffoqua. Elle se crut réellement folle, ou bien hallucinante, au porte de la mort, lorsque des murmures parvinrent à ses oreilles. Une voix, donnant l'impression de venir d'outre-tombe, s'adressait à elle.



- Eva'Lyn… Prends ma place… Et tu vivras…

Que devait-elle faire ? Était-elle déjà morte ? Était-ce une proposition, le choix d'une seconde chance ? Finalement, sentant que ses poumons manquant d'air commencé à se comprimer sur eux-mêmes, elle accepta mentalement l'offre.

Le corps de l'ange disparut soudainement, tout comme le bonhomme effrayant qui l'avait suivi. À leur place se trouvait un homme étrange, tenant dans sa paume fermée, la pierre d'obsidienne qu'Eva'Lyn avait touché. L'ancien Génie, satisfait de sa toute nouvelle liberté retrouvée, lança de toutes ses forces et le plus loin possible, ce qui avait été pendant bien des années sa geôle de pierre. À présent, c'était Eva'Lyn qui en serait la prisonnière.

HS :

Codage par Libella sur Graphiorum
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Sam 12 Oct 2019, 09:18



Inktober - Jour 12

Il ne fallait pas faire de bruit.

C’était une question de vie ou de mort.

Parce Gabriella était sur la bonne piste ! Elle le savait ! Elle n’avait plus de doutes !

Cela faisait déjà plusieurs jours … non, plusieurs semaines ! qu’elle était partie à l’aventure. Elle avait tout quitté : famille, maison, son chien Alphonse et son doudou Ninon. Parce que l’aventure, ce n’était pas une place pour un doudou. C’était son papa qui lui avait dit un jour, alors qu’elle avait voulu partir à l’école avec Ninon dans son sac-à-dos d’écolière. Sachant que Ninon était sous la protection de Alphonse, Gabriella n’avait plus rien à craindre. Elle était bien gardée et sera là, à son retour, lorsqu’elle aurait capturée la bête ! Parce que c’était bien une bête que Gabrielle poursuivait. Un Dragon ! Comme ceux que sa vieille mamie Pitouyou lui parlait dans ses histoires du soir. Gabrielle aimait beaucoup sa mamie Pitouyou. Elle avait toujours pleins d’idées pour jouer avec Gabriella. Et à chaque fois que Gabriella faisait des bêtises –  toujours des petites bêtises, évidement. Pas des grosses ... – elle n’élevait jamais la voix ! Même que des fois, la vieille mamie riait très fort ! Gabriella pensait qu’elle était un peu folle, mais elle s’en fichait parce que ses histoires du soir était vachement bien racontées. Souvent, Gabriella avait encore plus de mal à dormir parce qu’elle était encore plongée dans l’univers conté par sa mamie adorée. Mais elle faisait quand même semblant, pour ne pas qu'on la punisse, et qu'elle n'ait plus droit à ses histoires.

Aujourd’hui donc, Gabriella avait pris son baluchon, et, après avoir fait un bisou sur chaque joue de ses parents, de sa mamie, de Alphonse et de Ninon, elle avait pris une grande inspiration et était sortie de sa petite maisonnette. Elle avait pris la direction de sa cachette secrète qu’elle avait construite avec son meilleur ami Nathanael. Elle aimait bien Nathanael ! Parce qu’il l’a faisait rigoler ! Une fois, Gabriella avait tellement rit, qu’elle avait faillit faire pipi dans sa culotte !

Elle avait donné rendez-vous à son ami, mais ce dernier était toujours en retard. Alors, Gabriella s’était assise sur un petit tronc qui leur servait de mobilier dans leur cachette. De son petit baluchon, elle en sortit un gros morceau de pain. Elle avait faim. « Ne manges pas tout ! » s’exclama Nathanael derrière Gabriella, la faisant sursauter. « Il faut en garder pour notre aventure ! Tu imagines, si nous n’avons plus à manger d’ici … dix minutes ? Ça voudrait dire qu’il faut retourner à la maison ! » « Mais on a un Dragon à attraper ? » s’indigna Gabriella. « Je suis sûre qu’on trouvera de quoi manger sur la route … Au pire, on passera à côté de chez Tati Lilou. Elle a toujours pleins de bonbons ! » finit par déclarer la petite fille. « Oui, tu as raison. Peut-être même qu’il faudrait y aller maintenant … avant que d’autres enfants aillent lui prendre tous nos bonbons ! » « D’accord ! ».

Sur ce commun accord, les deux amis se rendirent chez Tati Lilou. C’était une grande femme qui commençait à être âgée, mais n’ayant pas d’enfants à elle, elle aimait nourrir tous les enfants du village, en leur offrant sucrerie sur sucrerie, au grand daim des parents. Quand les deux garnements lui racontèrent qu’ils avaient l’intention d’aller attraper un dragon, elle mit dans leurs petits baluchons, une double ration de bonbons, trois sandwichs à la confiture chacun et une grosse gourde de jus d’orange. Elle était gentille Tati Lilou.

Rassasiés et bien chargés, Gabriella et Nathanael étaient partis gaiement vers les champs. Ils s’étaient dit que les champs de blé étaient sûrement le meilleur endroit pour un dragon de se cacher. Bah oui … parce que personne, à part quelques agriculteurs, n’allait dans les champs. Personne, à part tous les enfants du village qui aimaient y jouer à cache-cache, mais les deux enfants ne se posèrent pas toutes ses questions. Alors, ils cherchèrent. Il cherchèrent longtemps, mais ne trouvèrent pas la moindre trace de dragon. « Tu es sûr que c’est là ? » demanda Gabriella, essoufflée à cause du poids de son baluchon. « Bah, c’est Théodore qui m’a dit, qu’il était sûr qu’un dragon vivait ici ! » Gabriella n’aimait pas Théodore. Elle le trouvait méchant, et pas gentil. « Viens on va ailleurs ! Le dragon n’est pas là ! » Ils étaient déçus. Mais Gabriella offrit un peu de ses bonbons à Nathanael et tout alla mieux.

Ils décidèrent ensuite d’aller dans le petit bois qui jouxtait leur école. Il y avait un petit ruisseau là-bas et Gabriella avait alors dit à Nathanael qu’un dragon devait bien allait boire quelque part quand sa gorge lui brûlait trop … et Nathanael n'avait rien trouver à ajouter.

Ils arrivèrent alors près du ruisseau et l’entendirent avant de le voir. Vite, vite ! Il fallait se cacher !

Les deux amis se réfugièrent alors derrière un arbre et attendirent quelques secondes avant de le voir arriver. Avec son long corps et ses ailes. Les deux enfants tremblèrent un peu, mais ils savaient ce qu’il leur restait à faire.

De son petit baluchon, Gabriella sortit son piège et s’avança précautionneusement en évitant de faire trop de bruit, de peur d’alerter le dragon et qu’il la tue ! Voire pire ! Qu’il s’en aille ! Elle arriva par derrière la bête. Tout doucement. Et d’un coup, se jeta sur elle en l’enfermant … dans un bocal en verre. Dedans, se tenait leur premier dragon ! Celui qu’ils monterait demain à toute la classe, avant de rendre sa liberté à cette bête magnifique. Parce qu'un dragon, un vrai, ça ne vivait pas dans les bocaux en verre !

Dans le bocal au couvercle percé, se tenait une petite libellule aux couleurs argentés qui regardait les enfants d'un air incrédule.
960 mots.
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Sam 12 Oct 2019, 11:14


Image réalisée par akami777

Quand le maître tombe plus bas que l'élève

« C’est drôle, de voir comment ma perspective a changé. Lorsque je me regardais dans le miroir il y a cinq ans, je ne remarquais que des erreurs. « L’arête de son nez est un peu moins droite », « ses mimiques sont plus détendues », « son implantation capillaire est moins symétrique ». J’étais souvent trop synthétique, je ne copiais pas assez bien. Pourtant, je n’abandonnais pas : j’avais choisi de mener ma vie à ses côtés, et c’était ce que je devais être. Oui, je ressentais que cette femme, c’était mon âme sœur, mon idéal. Ambitieuse, rusée et mesquine, mais aussi parfois hautaine, colérique et superficielle. Je désirais son visage vif et fatigué à la fois. Je voulais avoir son corps qui, d’apparence normale, cachait en vérité de nombreux détails uniques. Je perfectionnais mon imitation de son caractère. Ce sentiment d’inconfort au sein ma non-existence, je l’éliminais peu à peu. La douleur de ma condition s’apaisait au fur et à mesure de mes progrès et je finis par être son double. Pas un simple sosie, pas une contrefaçon : j’étais elle naturellement, et ses pensées devenaient les miennes. Nos esprits semblaient reliés. Maintenant, tout est différent.

Ce n’est pas de sa faute, en réalité. La Vaakum a frappé sans crier gare. Elle était une mage excellente, professeure en maîtrise des éléments à Andrethi, la plus grande université de Drosera. Le lendemain matin, elle n’était plus rien. Dans la nuit, la maladie l’a frappé en lui ôtant un élément clé de sa personne. Enlevez la magie d’un Alfar, et tout le reste s’effondre comme un château de cartes : il aura trop honte pour voir ses amis, perdra probablement son emploi, sera isolé de tout réseau professionnel, sera ridiculisé par ses pairs… puis il partira. Le processus est long, mais c’est la seule solution. Un humain, un elfe noir sans magie ou quoi qu’elle soit devenue n’est pas accepté, ici. Elle le sait et, un jour ou un autre, elle devoir choisir entre prendre le large ou sa propre vie.

J’ai de l’empathie pour sa personne. Si j’avais vécu la même chose, j’aurais certainement terminé comme elle. J’aurais la même cicatrice sur le menton, les mêmes yeux gris et la même bouche, mais comme elle, la tristesse m’aurait fait tout abandonner. J’aurais moi aussi demandé à mon double de la remplacer pour le travail, prétextant que cela ne durera « qu’un temps, d’ici à ce que je sois remise sur pieds ». J’aurais posé mes fesses sur une chaise pendant des jours, à essayer de faire apparaître la moindre flamme au bout de mes doigts. J’aurais espéré, car je n’aurais pas pu m’avouer à moi-même que tout est perdu. Je le sais, car nous sommes les mêmes. Des copies interchangeables qui connaissent ce que l’autre ressent. Je suis devenue son égale, au fil des années. C’est bien ça le souci.

Les Reflets sentent l’espérance de vie de l’être copié. Ces temps-ci la sienne est brumeuse : soit longue, soit courte. Je vais mettre fin à cette hésitation du destin en la tuant. Égorger cette originale, l’enterrer et la laisser pourrir dans le jardin que nous partageons. Même si elle n’est pas responsable de ce qui lui est arrivé et que perdre mon modèle portera un coup dur à mon moral, je dois le faire. La raison à tout cela est simple : si la situation était inverse, elle aurait agi de la même manière. Son visage n’est plus « vif et fatigué à la fois ». Il est mou et pitoyable. Ce n’est plus que l’ombre d’elle-même, et personne ne voit le reflet d’une ombre. Mais j’ai bien envie d’être vue, moi. Je désire briller plus que jamais, c’est ce que j’ai appris en l’imitant. J’aime vivre, donner des conférences à l’université, organiser des mariages stratégiques ou même prier Dothasi. Mon existence, je l’ai acquise et méritée. J’ai travaillé des années pour l’obtenir et, soyez-en certains, je ne compte pas laisser ses mésaventures m’en déposséder.

Eulalie Thamovyn, j’aimerais dire que je regrette déjà ce que je m’apprête à faire, mais ce n’est pas le cas. Tu n’es plus en capacité, et je ne peux pas te laisser tout gâcher. La vérité, c’est que je ne t’assassine pas vraiment. Toi, l’Alfar puissante… tu es déjà morte. Je ne ferais que mettre fin à sa carcasse, à celle qui peut-être comptait un jour rejoindre les humains. Je ne sais pas comment tu pourrais agir, en réalité. Le changement a été si brutal pour toi que tu pourrais bien décider de faire éclater la vérité avant de mettre fin à tes jours. Qu’as-tu à perdre, après tout ? Les possibilités sont infinies, et il y a maintenant entre nous un fossé qui m’empêche de trouver exactement tes pensées. Le fait est que, si d’une manière ou d’une autre quelqu’un venait à découvrir ma vraie nature, les conséquences seraient dramatiques. J’aimerais tout autant que toi que la situation s’arrange, mais je ne suis pas prête à attendre après un miracle : ta magie ne te reviendra pas. Tu n’aimes pas prendre de risques et tu t’en doutes, moi non plus.

Ne t’inquiète pas, je m’occuperais bien de ta vie. Adieu. »

Cette année, Eulalie Thamovyn fut récompensée pour ses services à l'Université. Familles et amis la félicitèrent, et une fête privée fut organisée à l'occasion. Les quelques proches alliés de la professeur dansaient et buvaient dans son imposant jardin, quelques mètres au dessus du cadavre de l'originale.

890 mots.
Jour 12 - Reflets.
Merci, l'idée de ce concours est vraiment sympa :D.
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Sam 12 Oct 2019, 15:17



Dragon
Inktober - Jour 12


 La statuette était d'une beauté sans égale. Le cristal semblait avoir été modelé par des doigts de fée tant les détails étaient précis et réalistes. N'était-ce pas ici l'âme de la bête enfermée dans sa prison de verre, qui avait donné forme à ce bijou d'art -disait l'imagination débordante du chaman ? La créature était surprise en plein vol, comme si le temps s'était arrêté, refermé sur elle. Les tracés avaient été réalisés grâce à un savoir-faire technique qui n'impliquait aucun sors, ce qui rendait l'objet encore plus incroyable. Suspendu dans le vide par un miracle invisible à l’œil, l'objet flottait, immobile, maintenu par le seul morceau de magie présent dans le bibelot. Les cristaux reflétaient mille lumières et coloris selon l'angle de vue. Elle était différente au soleil, à la lumière d'une bougie et devant une lampe à huile. Mais le mieux, c'était dans le noir, seulement éclairé par le feu vivant de la cheminée.

Le Chaman s'enfermait souvent dans sa chambre dans la configuration suivante : volets fermés, aucune lumière, un grand feu brûlant dans la cheminée en face de son lit, de l'autre côté de la pièce. Les flammes jetaient alors leur dévolu sur l'ensemble des bibelots disséminés partout sur les étagères et les murs. Là, un masque en or ouvrait ses yeux rouges ; ici des fioles oranges et vertes dansaient ; de l'autre côté, trois totems balançaient leurs ombres menaçantes et monstrueuses sur les murs ; et enfin, le dragon en cristal lui, semblait revivre sous la chaleur bienfaisante. Sous ce spectacle de marionnettes vivantes, le Chaman était bercé par toutes les chimères qui défilaient sous ses yeux, comme un enfant amoureux des monstres. Il s'endormait et sombrait dans le monde des Songes accompagné de ses mille et une bêtes fantasmagoriques.

Le blond se réveilla de l'Autre-Côté, après avoir passé la porte des Rêves. Cette fois-ci, il se retrouva dans un palais de verre, ses pieds frôlant une interminable galerie de glace, un véritable temple aux statues immenses et grandioses. Différents animaux étaient représentés en taille réelle, dragons déployant leurs ailes et griffes, phénix surplombant les cieux étoilés des voutes de jade, sous ses pieds, de l'eau dans laquelle flottait un kraken en cristal, immense. Ses tentacules s'étendaient sur toute la longueur du théâtre et semblaient indiquer autant de chemins à suivre que de monstres à regarder. Le bestiaire sans vie qui s’étalait sous ses yeux était magnifique. Les yeux semblait suivre l'unique spectateur de leurs regards menaçants. Les muscles de glace semblaient prêt à se détendre et à insuffler de meurtriers élans. Un silence pesant régnait dans les lieux, mais cela ne paraissait pas atteindre le Chaman, dont les yeux brillaient d'étoiles comme s'il se trouvait au paradis.

Poussé par un instinct dévorant, il s'arrêta devant un énorme crocodile à la gueule ouverte, et posa, avec un sourire innocent au coin des lèvres, ses doigts entre les crocs pointus et coupant. Au contact froid entre la peau et le verre, un fluide vert et bleu commença à s'écouler de sa main pour se répandre à l'intérieur du verre. Au fur et à mesure que la peinture se répandait, elle s'enrichissaient de tons, de coloris et de lumières. La glace et le cristal la buvaient comme un papier absorbe l'encre, cela donnait naissance à des volutes et des nuages colorés. Bientôt, la statue était entièrement peinte, la peau verte aux reflets bleus donnait l'impression de râper au toucher et les yeux jaunes prenaient vie. L'encre se sépara alors en différent courants marins pour contaminer les statues voisines, l'aquarium au sol et les étoiles au plafond. La galerie s'illumina dans un concert de couleurs brillantes. Ébahit par tant de beauté, le Chaman n'avait pas bougé son doigt depuis plusieurs minutes, complétement hypnotisé par le doucereux spectacle. Il sursauta brusquement. Le crocodile venait de refermer sa mâchoire sur sa main dans un claquement sournois qui résonna dans un écho sinistre.

Brutalement tiré de son rêve, le Chaman souleva brusquement sa couette pour vérifier que sa main était toujours là. Oui, elle était toujours là. Il poussa un soupir, regrettant d'avoir dû quitter le songe. La vraie vie paraissait plus fade et froide. Le feu de la cheminée s'était tût, laissant place aux braises qui rougeoyaient encore par moment. Les bibelots étaient presque tous retombés dans l'ombre de la nuit. Les yeux du Chaman s'agrandirent avec stupeur.

Presque tous.

Pas le dragon en cristal, qui lui, avait tout simplement disparu de son socle.

781 mots.  nastae
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Sam 12 Oct 2019, 18:04


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Les Reflets
Jour 11

« Anabelle Mayfair. » « Amandine Daviel. » « Krant Kogaan’Orel. » « Edmound O'ganel. » « Lily Lemingway. » Sorcière, ange déchue, réprouvé ou encore ange. Grande ou petit, gros ou mince. Blond, roux, brun, parfois un peu de tout. Beau ou laid. Riche ou pauvre. Connu ou anonyme. Qu'étais-tu exactement ? Ou plutôt, qui pouvais-tu bien être ? Tous ces gens à la fois ou bien aucun d'entre eux ? Qu'est ce qui te définissait, exactement ? Était-ce les identités que tu avais adopté, les unes après les autres telles des objets que l'on collectionne ? Ces gens que tu avais incarné le temps de quelques minutes, des heures ou des semaines, avaient-ils réussi à influencer ta personnalité ? T'avaient-ils suffisamment touché pour pouvoir te définir ou n'étaient-ils que des fantômes ayant laissé une trace vague sur ton âme, restes indélébiles dont tu ne pouvais te débarrasser tels des poids morts s'agrippant à ton existence. « Je suis... » Tu te regarde dans le miroir. La réflexion que tu y vois ne cesse de changer, de se métamorphoser. Le nez s'allonge, les cheveux rétrécissent, les dents s'écartent et la peau s'éclaircie. Puis tout s'inverse et, de nouveau, tu deviens quelqu'un d'autre. Cela veux-t-il dire que tu changes ? Ou bien ne s'agit-il que de ton enveloppe corporelle, de cette brume intangible que tu étais autrefois et qui a évolué pour devenir cette enveloppe palpable. « ... ce que je ressens... » De l'amour. De l'envie. La joie et la colère. La peur et l'excitation. La rancœur puis le pardon. La passion mais le vide. Le trouble suivit de la clairvoyance. Toutes ces émotions qui te submergent et te consument à la fois, qui t'envahissent comme si elles étaient bien les tiennent avant de disparaître, balayées par d'autres toutes aussi vivaces mais qui pourtant ne t'appartiennent pas.  

« Que suis-je vraiment ? Au fond de moi. » Voilà une vaste question qui ne semble pas avoir de bonne réponse. Tu es tout cela à la fois, mais n'existe pas vraiment, tu n'es qu'une succession de copies. Certes très réussies, mais des copies tout de même. Des illusions qui ne sauraient exister par elles-mêmes, sans modèles. « J'ai dans le cœur, des petites plaies qui se déchirent et déchiquettent mon essence... » Le visage de celle qui avait prononcé ces paroles te fait désormais face, dans le miroir. Sa longue chevelure blonde descend jusqu'au bas de ses reins, son sourire nostalgique éclaire la lueur de ses yeux violacés. Une larme coule le long de sa joue, que tu viens cueillir du bout d'un doigt. « Je suis celle qui te hante, celle qui existe lorsque tu n'en es plus capable... » Un murmure prononcé à celle qui te fait face. Ou plutôt, à celle dont tu as volé l'apparence. Elle est derrière toi. Étendue de tout son long, le corps rougi par son propre sang que tu as déversé.

Lentement, tu vas t’asseoir à côté de ton modèle. Tu t'allonges dans le liquide encore chaud. « Pourquoi as-tu le regard si triste, Luce ? » Un rire s'échappe de tes lèvres. Des siennes, il n'y a plus l'ombre d'un souffle. « Regarde moi. Nous sommes tellement merveilleuses. Je vais te le montrer. »Timidement, tu approches ta main de sa joue. Son contact est électrisant. Galvanisant. « Tu sais, je vais te dire un secret. J'ai toujours rêvé d'être toi. Mais toi, tu ne m'as jamais aimé. Tu m'as repoussé, m'a interdit de savoir ce que ça faisait d'être à ta place, d'être dans ta peau... Tu ne voulais pas de moi. Alors je suis devenue quelqu'un d'autre. Je les ai vu défiler, un à un, ces gens qui étaient mieux que toi. Mais finalement... Aucun ne valait vraiment la peine que je m'intéresse à eux. » Tu replaces la mèche de cheveux derrière l'oreille. Vous aimez lorsqu'ils sont détachés mais pas lorsqu'ils balayent votre visage. « Alors je suis revenu te chercher. Pour devenir vraiment toi... Alors, j'ai recommencé à penser, et à ressentir comme toi... Et devine quoi... » Tu t'approches encore plus près de celle qui t'en voulais tant. Vous n'êtes plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Si son cœur battait encore, elle pourrait sentir ton souffle sur sa peau. « Moi aussi, je voulais être la seulenous... Il n'y avais pas assez de place pour nous deux dans ce monde. » Nouveau rire euphorique. « Mais ne te fais pas de souci. Je prendrai bien soin de nous. De moi. Et de ce que tu serais devenue. » Ta main se pose sur ses yeux que tu refermes.

Une dernière fois.

802



Merci Kyky  nastae
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Sam 12 Oct 2019, 23:17


Thème Douze : Reflets

Un être qui se croit fondamentalement bon peu parfois, en observant attentivement son reflet, à l’affût du moindre détail, se rendre compte de cette potentielle part d’ombre en lui, terriblement attractive. C’était le cas d’Iliathus, chimiste d’un coin reculé des terres Magiciennes. L’homme était alors reconnu et apprécié pour son aide et sa contribution bénévole pour soigner tous ceux qui se présentaient à lui, avec certains symptômes précis. Il ne pouvait tout de même pas guérir des maladies terribles comme le Vaakum, mais un simple rhume n’était qu’une question d’heures avec ses remèdes. Iliathus était alors l’exemple même d’un être généreux, qui n’hésitait pas à donner de son temps, de sa personne et à piocher dans ses propres réserves pour apporter à son prochain ce dont il avait besoin. Un bon samaritain, en apparence… Jusqu’à cette rencontre fortuite, qui aurait pu tout aussi bien ne jamais se produire, tomber sur quelqu’un d’autre. Celle-ci bouleversa la vie d’Iliathus, grattant la surface pure de son être pour révéler une version plus mauvaise de celui qu’il était.

Un tout jeune Reflet s’était épris de lui. Le Magicien n’avait rien remarqué au départ, à part que le chien errant du quartier avec un soudain intérêt pour lui. Au départ, il avait pensé que cela était dû au fait qu’il avait dans sa sacoche des morceaux de viandes séchés, qu’il n’avait pas hésité à partager avec l’animal. Ensuite, une forme de lien inédite s’était construite entre eux, jusqu’à ce que le canidé le suive jusque chez lui. Iliathus n’avait pas été contre cette compagnie bien au contraire. C’était tout simplement étrange de retrouver, un beau jour, votre chien se métamorphosant en un cône parfait de vous-même. Le pauvre chimiste avait bien failli en faire une crise cardiaque… Heureusement, son « jumeau » l’avait prit en charge ; tout aussi doué que lui pour les potions, il avait conçu rapidement un calmant qui avait apaisé l’angoisse qui l’avait saisi lors de cette découverte plus que dérangeante. Une fois le concept de Reflet bien assimilé dans l’esprit vif et intelligent du scientifique, ce dernier ne tarda pas à en voir les nombreuses possibilités qui s’offraient à eux, par le fait d’être multiplié par deux. Tout ce qu’ils allaient pouvoir entreprendre, les gens qu’ils pourraient aider ! Leur collaboration commença ainsi.

D’abord, ce n’était qu’un gain de temps, une optimisation de rentabilité. Mais rapidement, cela tourna autrement et la manière d’exploiter leur deux cerveau réuni, dont la manière de penser était quasiment identique, changea. Il n’était alors plus question d’aider ou de donner sans rien en retour, mais de tests pour de nouvelles potions dont les cobayes devenaient les patients. Les personnes concernées, touchées par des effets secondaires parfois atroces, avaient vite fait le lien entre l’apparition de pustules, les fièvres incontrôlées et inexpliquées ainsi que les gonflements des articulations et les remèdes qu’ils avaient pris. S’en suivit une perte de renommé pour Iliathus, qui en réalité, n’avait jamais agit de la sorte sans arrière-pensée. La perte de la reconnaissance le mit dans un état de colère noir, à tel point qu’il décida de se venger.

Il avait toujours des recherches scientifiques en cours, et si jusqu’ici il n’avait pas tenté le diable, il arrêta de se limiter quand aux possibles effets de ses potions. Et pour les tester, puisque plus personne ne voulait de ses potions bien-aimées, il s’était résous à forcer quelque peu la main à ses sujets d’expérimentations. De façon plus clair : Iliathus et son Reflet s’était organisé pour enlever des malheureux, en premier lieu ceux qui avait détruit l’estime du chimiste aux yeux de tous, pour les contraindre à essayer d’étranges mixtures. Les premiers moururent rapidement. Ainsi était les expériences : il fallait trouver la juste dose pour qu’un ingrédient d’apparence mortel, soit bénéfique. Et pour cela, rien n’arrêterait Iliathus et lui-même, surtout pas la vie vaine d’autres êtres vivants. 

Ce qui le poussait à agir de la sorte n’était même plus une réelle bonne cause, avec le temps. Le coeur flétri, tout ce que souhaitait le chimiste était la gloire et l’argent. Avec une potion extraordinaire, capable de guérir les symptômes de l’âge ou de ramener les morts à la vie, sa voie était toute tracée. Petit à petit, le Magicien changea, l’essence de son âme vira de couleur. Il était fondamentalement, un autre. 

On raconte qu’Iliathus a depuis longtemps été arrêté, et qu’il ne sévit plus ou ne pourra plus jamais faire de mal, que ses recherches l’ont rendu fous et n’ont jamais abouti. Pourtant, parfois encore, lorsque quelqu’un disparait mystérieusement… Qui sait, peut-être qu’un Reflet a repris le relais ?

769 mots

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