Mots + Résumé + Gains + Position:

Ce n’est pas tous les jours que Zane recevait la visite d’un Chaman. Hormis Devaraj, l’homme n’avait passé du temps avec aucun d’entre eux. Même en connaissant à présent très bien les coutumes de leur peuple desquelles il rendait parfois hommage, il n’en restait qu’un fieffé sous-représentant. Cela étant, il semblerait que la visite concernait un autre évènement majeur. Le fumeur d’herbes — qui n’était pas venu les mains vides en face d’un Roi — déploya en effet très vite les enjeux de cette convention. D’après ses formulations basées sur la politesse et le respect, ces derniers seraient honorés de l’avoir à ses côtés, le charmant à l’aide d’une promesse avisée sur le sang et les tripes. Ils avaient probablement le don d’attirer n’importe qui en s’adaptant. Jackpot. Bien entendu, il se voyait mal refuser l’offre, non pas à cause des magnifiques présents qu’il avait reçus en guise de carotte, mais bien parce que le peuple était ben l’un des rares en qui il ne ressentait aucune animosité. Bien sûr, il lui arrivait d’en supprimer un ou deux, mais toujours plus pour la forme qu’autre chose. Personne n’était à l’abri de ses sautes d’humeur, et surtout pas ses amis. Dans tous les cas, il accepta volontiers d’y participer, ne serait-ce que pour jouir une nouvelle fois de leurs traditions qu’il appréciait tout particulièrement.

Afin de s’adapter plus facilement aux échanges qui auraient lieu — et aussi, car ce style lui allait finalement comme un gant —, le Démon enfila un large pantalon chamanique, laissant son torse à l’air libre en empruntant quelques accessoires types fabriqués par leurs soins. Ainsi, en délaissant toute l’éclat de ses bijoux fétiches, il opta pour des parures assorties à la célébration, ces derniers étant principalement conçus à partir d’os humains ou de peaux animales, de quoi séduire les femmes de n’importe quelle tribu. Les préparatifs corporels terminés, il fit un léger détour en passant par la chambre d’Edwina. Il prévoyait de l’y amener, qu’elle le veuille ou non. Négligeant toutes les formalités d’usage pour gagner du temps, il s’adressa aussitôt à elle après avoir passé le seuil de la porte. « Préparez-vous. Nous partons… quelque part. Je vous laisse quelques minutes. Pas plus. » Il ne quitta pas la pièce, restant là à l’observer pendant qu’elle cherchait quoi se mettre sur le dos.

Une fois qu’elle eut terminé, ils sortirent tous deux. Le Démon s’arrêta pour faire germer ses ailes. « Accrochez-vous à mon cou. Vous allez comprendre la différence entre une Bête et un Dragon. » Sans détour, il décolla de l’Enfer jusqu’à la plage de sable blanc, là où résidait déjà un nombre considérable de voyageurs prêts à embarquer dans le navire. Après avoir posé ses pieds sur terre ferme, il fit descendre la Reine. Une femme à moitié nue leur expliqua alors les tenants et les aboutissants de cette singulière réunion, et comme il fallait s’y attendre, chaque croyance était différenciée à l’aide d’un symbolique qui ne permettrait aucune méprise. Zane reconnaissait bon nombre de personnes dans l’assemblée ; des fréquentations, de hauts dignitaires, des rencontres d’un soir… bref, la diversité était bien représentée. Les éclaircissements décernés sur ce qui les attendait, tous montèrent sur la passerelle pour atteindre le navire. À partir de là, on leur demanda de retirer leurs vêtements — ou de garder un pagne selon les envies et la pudeur de chacun. Aucune surprise pour le prôner de la nudité donc, qui sans une seconde d’hésitation se débarrassa du peu de tissu qui l’embarrassait en le confiant aux responsables. Il s’adressa une dernière fois à celle qu’il avait conviée de force. « Nous allons devoir nous séparer. Vous êtes une grande fille, vous y arriverez. Si jamais quelqu’un vous importune, venez me voir. » Il disparut presque instantanément après ça, la laissant à ses propres occupations. Toutefois, il irait parfois s’assurer qu’elle aille bien.

Ne restait plus qu’à présent à s’asseoir sur les bancs prévus à cet effet, là où la gent féminine allait s’occuper de leurs ravissants corps qui ne demandaient qu’à être peints du symbole qui leur sied le mieux. Nul besoin de poser une farandole de questions à ce dernier tant l’évidence de la couleur à adopter semblait toute désignée. C’est ainsi qu’on lui forma une goutte orangée, ponctué par quelques pointes de roses. On lui expliqua aussi ce qu’elles représentaient. La puissance et la sensualité… c’était plus que suffisant pour qualifier ce qu’il incarnait en grande partie. Pour profiter pleinement de la disponibilité des lieux, Zane partit tout de suite rapidement rejoindre un groupe de femmes chamaniques qui se rassemblèrent autour de lui, s’appuyant contre son corps par des gloussements tout à fait habituels chez sa personne. Il prit ensuite l’herbe à pipe mise à disposition ainsi que l’objet en bois pour la fumer. D’une certaine manière, il était lui aussi devenu un Chaman à force d’en écumer la composition. « Votre drogue est délicieuse. Néanmoins, celui qui en abuse et qui ne fait pas partie de votre charmant peuple peut se retrouver du jour au matin transformer. Certains racontent qu’elle a des propriétés mutagènes sur le corps et l’esprit. Je crois beaucoup en cette histoire, devenant moi-même quelqu’un d’autre depuis que j'en consomme. » Mais c’était probablement dû aux effets hallucinogènes de ladite herbe qu’autre chose. D’ailleurs, les désirs charnels du Monarque commencèrent à s’éveiller. Ses mains ainsi que sa langue baladeuse trouvèrent facilement le chemin de leurs courbes qu’il dessinait avec une application. Il était ici pour se faire plaisir après tout.

Résumé + gains:

C'était un matin comme les autres et Mancinia était courbée sur sa table de travail. Un doux silence régnait dans la boutique malgré les bruits environnants et communs de la Capitale. Ces derniers temps, tout lui paraissait long et la chaleur l'accablait plus que de raison. L'aventure lui manquait, mais elle avait un travail et courir par monts et par vaux en ces temps de reconstruction n'étaient pas une bonne idée. De retour d'Estë avec les marchandises, elle avait voulu se replonger dans le travail pour oublier ses aventures et devenir casanière. Pourtant, un événement allait se produire pour la remettre en marche vers une destination qui lui était étrangère de mémoire. En rentrant chez elle ce soir là en compagnie de son corbeau, ce dernier s'envola de ses épaules pour coasser avec un camarade passant par là. C'était rare d'en voir au sein même d'Utopia, ce dernier descendit vers elle pour lui remettre une lettre, avant de reprendre ce qu'ils étaient en train de faire. Était-ce la même demoiselle que la dernière fois ? Elle ouvrit la lettre avant de froncer les sourcils. Avoir la preuve de sa croyance ? L'Humaine avait eu sa preuve au Temple de la Justice lui-même. Que lui faudrait-il de plus ? De la curiosité. Et elle en avait à revendre. C'est ce qu'elle se disait alors qu'elle marchait depuis des heures en provenance de sa dernière halte avant son arrivée sur la Plage de Sable Fin, le lieu du rassemblement.

Dans quoi venait-elle de s'embarquer ? Ces dernières expériences à bord de navires tels que celui-ci avaient toujours donné lieu à des conclusions rocambolesques dont elle ne saisissait pas toujours le sens. Une foule dense se rassemblait en attendant que la nuit tomber et qu'un éclat lumineux donne le signal. Kamiya s'amusait avec une mèche de ses cheveux quand on les fit s'avancer et que des bruits sourds jaillissent. Le silence lui fit du bien, autant que la douce voix de la personne en face d'eux et qu'elle distinguait assez mal. C'était étrange de voir quelqu'un ainsi vêtu, d'une coiffe et de nombreuses peintures. Peut-être était-elle une Prêtresse d'un culte qu'elle connaissait peu ? Un culte macabre vu le bruit des osselets. Une mise en garde qu'elle ne considérait pas, certains ne voulaient pas prendre de risque et firent demi-tour une fois leur curiosité assouvie. On les séparait. Encore ? C'était assez suspect vu d'où elle revenait et de tout ce qu'elle avait vu. Mancinia suivit le flot à gauche dans un silence quasiment religieux avant de se voir destituer de ses...Quoi ? La guerrière leva les yeux vers le ciel. Pourquoi devaient-ils toujours terminer nus dans ces histoires ? De mauvaise grâce, elle reconnut ne pas avoir le choix. Si les Aetheri le voulaient. Elle prit néanmoins le pagne blanc et croisa les bras sur sa poitrine. Le temps de s'y faire.

Ainsi, c'était eux, les Chamans. Elle en avait entendu parler, mais ne croyait pas vraiment à ces personnes étranges. Ils se tenaient pourtant devant l'Humaine avec d'étranges rituels qu'ils allaient partager avec eux, des étrangers à leurs coutumes. L'un d'entre eux consistait à être peinturluré avec des sigles et des couleurs. Ceci était néanmoins plus amusant que de se retrouver en petite tenue devant des inconnus. Ce fût une femme d'une beauté exquise qui vint s'asseoir devant eux, elle eut un sourire devant les manières de la guerrière.

— Vous êtes ravissante. N'avez pas honte de votre corps.
— C'est de l'embarras, corrigea-t-elle.
— Vous êtes une Humaine, nota-t-elle.
— Et fière de l'être.

La jeune femme lui dessina adroitement une large larme de couleur bleu sur l'épaule.

— A quoi servent ces peintures ? interrogea-t-elle.
— Ce sont des messages.
— Est-ce qu'ils sont destinés aux Aetheri ?
— Aimez-vous les Dieux ?
— ...Comme toute personne raisonnable.

Esquivant la question, Mancinia se prit au jeu et n'en demanda pas plus quand une ligne droite sur le bras gauche faite de jaune rejoignit le reste.

— Êtes-vous marier ?
— Non.
— Aimez-vous quelqu'un ?
— ...Je crois.
— Est-il au courant ?

Elle répondit négativement de la tête avec un certain embarra et du rouge en ligne brisée sur sa poitrine vint s'ajouter au reste. Après avoir correctement regardé, son regard tomba sur la marque et, voyant le trouble, Mancinia voulu le cacher. Le prit-elle pour une blessure avec la pénombre ? Sur son bras droit, elle peint des pointillés verts sur son poignet. La demoiselle allait prendre congé quand Kamiya bondit sur les genoux de sa maîtresse.

— Moi aussi ! Moi aussi gentille Dame !

Mancinia le dévisagea, mais la demoiselle eut un sourire et lui fit ses propres questions et, aux réponses de son corbeau, d'autres sigles et couleurs. Il était fier comme un paon à bord d'un navire faisant voile vers une destination au large. C'était étrange. L'Humaine se sentait euphorique en regardant ces danses merveilleuses qu'elle ne connaissait pas.

— Je peux apprendre ? se risqua-t-elle à voix haute.

Post I | 820 mots
Aetheri
Défi ○ Commencer un RP à l'Île Maudite

Résumé I + Gains:

" Il est temps. Il sonna le glas, le tout premier rituel de la jeune Chamane.
- Je suis prête. "

" Je te laisse te débrouiller. Tlaalee-Aan posa une main rassurante sur l'épaule de la colosse. Tu t'en sortiras, mon élève. " Elle hocha la tête et il s'en alla rejoindre les siens, les défenseurs des Ætheri.

" Bouh ! Fit-elle par réflexe, son sourire s'accentuant davantage. Enfin nous nous retrouvons, Fumeur Macabre. Elle fixa le fringant Devaraj, ravie de pouvoir le retrouver – encore une fois – à un événement aussi haut en couleurs. Et pas seulement pour comparer nos techniques de peintures, n'est-ce pas ? Ce n'était pas encore l'heure mais sûrement trouveront-ils un moment plus propice pour enfin tenir cette promesse. Tu as l'air… différent depuis la dernière fois. En même temps, ils avaient fait réellement connaissance en étant plongé dans un état second, mais Léto avait tout de même cette intuition ; malgré elle, elle songea aux Esprits Parasites qu'il avait mentionnés une fois par correspondance, elle espéra se tromper. Elle huma la fumée, elle voulait aussi fumer… ou danser, mais elle souhaitait d'abord s'acclimater un peu avec son ami. Au fait, le fouet est super. " Lui murmura-t-elle, quelque peu rieuse. Au moins, de son côté, il n'avait pas fait de crise cardiaque en recevant ses propres présents, c'était rassurant.

Résumé & Gains:

L'homme était étrange. Caché derrière un masque d'ocre et de blanc, son sourire en disait long sur les pensées qui devaient traverser son esprit. Sombres, comme les plumes noires de geais qui encadraient son visage et sinueuses, comme le sillon des traits de peintures qui soulignaient courbes et creux de son corps osseux. Une créature entre deux mondes, à peine réelle dans la fumée opaque qu'il recrachait dans de longues bouffées hypnotiques. Une vision presque cauchemardesque laissant à penser que tout ceci n'était qu'un rêve.
Subjugué, l'humain assis en tailleur devant lui écoutait d'une oreille attentive cet homme qui fouillait sa mémoire à la recherche de ses plus sombres secrets. Qui était-il? C'était la question qui brulait les lèvres de Livaï pourtant scellées dans un respect presque religieux. Engourdi par l'emprise de l'homme qui agitait à présent ses colliers d'osselets dans un mantra ensorcelant, l'humain fléchit sa tête en sentant sa vision se distordre. Tout le décor tanguait autour de lui dans un bruit sourd qui résonnait dans sa poitrine. Des tambours s'élevaient vers les étoiles, tonnant et grondant toujours plus fort comme le cri suffoquant d'un coeur au supplice.
L'humain s'éveilla brusquement en sursaut. Ce n'était qu'un rêve aux allures d'écho du passé qui lui collait à la peau, comme sa chemise adhérait à sa chair. Les suées froides le faisaient encore frissonner alors que le souvenir encore brulant du sourire sardonique de la créature hantait toujours son esprit.
Livaï se laissa retomber dans l'herbe molle des contrées verdoyantes des terres d'émeraude et contempla le ciel azuréen, si paisible et baignait d'une pieuse quiétude qu'il en était presque inconcevable de se sentir aussi agité en pareils lieux.
Le croassement d'un corbeau fit ressurgir le spectre du cauchemar nouant sa gorge et tordant ses entrailles dans un sursaut d'effroi. L'oiseau de mauvais augure apportait une bien curieuse missive que Livaï ne pouvait déchiffrer seul. Il attrapa aussitôt le volatile dans un geste las et soupira en lui arrachant la correspondance sans aucune considération pour l'animal ailé. Trouver une personne de confiance pour faire parler les mots qui lui étaient destinés était aussi douloureux que de s'enfoncer une dague dans l'estomac. L'égo de l'humain était touché au plus profond de son orgueil et quel que soit l'identité du destinataire, il se destinait à recevoir une réponse à la hauteur de cet affront. 
Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque le marchand du coin, sous la menace de sa lame affutée, vint à donner un sens à cette inattendue missive. Comme un écho lointain, le bruit sourd des tambours de son rêve raisonna en lui, crispant ses doigts autour du fourreau de sa dague qui tremblait présent sous la gorge de l'homme bredouillant. Cela faisait longtemps que l'humain attendait ce moment. Il ignorait si c'était un signe du destin, mais pour rien au monde, il aurait laissé filer cette douce opportunité qui s'offrait à lui. Il relâcha l'homme livide qui tenait encore effrayé le bout de papier et s'empressa de filer comme le vent en se remémorant les paroles bafouillées sous la menace. 
 
Toute la route, il lui semblait que le chant des tambours s'élevaient encore plus fort à chaque pas qu'il amorçait, jusqu'à disparaitre soudainement aux abords d'une plage. Il avait repéré les nombreuses ombres qui paraissaient se confondre en une seule direction et préférait se tenir à l'écart le temps des explications. Tout était étrange et inconnu et pourtant, la plénitude des grondements des tambours lui paraissaient familières. 

- Finalement, tu n'es pas aussi bête… Tu as su déchiffrer mon message.
Livaï se retourna vers l'homme qui venait de souffler d'une voix rocailleuse ces mots. Blanc et ocre se confondaient dans des spirales chamaniques sur son corps tanné par le soleil. Il était en tout point semblable aux souvenirs de Livaï avec cette aura mystique qui imposait à l'humain la même humilité que dans ses rêves. Il l'observa du coin de l'oeil et soupira en baissant la tête.

- Je me demandais si vous étiez réel ou bien si j'avais abusé de substances un peu trop hallucinogène ce soir-là… Visiblement c'était bien réel…
Le chaman éclata de rires en toisant l'humain d'un regard sombre.

- J'ai hâte de voir ce que les dieux ont prévu pour toi l'humain… Ne te trompe pas de pont et ouvre grand ton esprit, souffla t-il dans une dernière recommandation.
- J'aime bien y aller à l'aveugle, c'est bien plus excitant…
Le chaman frappa la tête de Livaï avec son bâton dans un mouvement de lèvre qu'il étira jusqu'à ses oreilles. 

- Je te conseille de les garder bien ouverts même dans l'obscurité de ton ignorance… Et de tourner cinq  fois ta langue avant de parler… Ça ne peut que te servir.
L'humain se statufia tout en frictionnant sa tête, dans un moue boudeuse. 

 - Je peux poser une question?
- Tu auras tes réponses… Trancha le chaman en lui montrant le bateau. Tu avais l'air de vouloir éprouver ta foi, je ne suis que le passeur… C'est à toi de faire le voyage maintenant.
Livaï hocha la tête en guise de respect et de remerciement. Il n'avait que très peu de souvenir de la soirée passée avec le chaman mais c'était suffisant pour motiver sa curiosité concernant une nouvelle expérience. Il se recula brièvement et finit par s'élancer vers la passerelle de gauche. Le fait que les hôtes faisaient une distinction entre les croyants ne le dérangeait pas. Livaï ne voyait de l'intérêt que pour son propre salut et les autres pèlerins ne l'intéressaient pas vraiment. L'humain se déshabilla sans aucune pudeur et sourcilla face aux artistes qui s'approchaient de lui. Il observa avec assiduité les lignes brisées et les pointillés se former sur son corps et arqua un sourcil en voyant les différentes couleurs.

- Y-a t-il une signification aux couleurs? Demanda t-il soudainement.
La chamane qui leva le regard vers lui, l'examina avec un étrange rictus.

- Oui… Le blanc pour vous qui portez le poids du passé. Puisse ce rituel vous lier au présent et vous défaire des liens qui vous enchainent à des ombres d'un autre monde. 
Livaï fronça les sourcils en dévisageant la jeune femme qui faisait preuve d'une  omniscience déconcertante. Il plissa brièvement son nez en penchant sa tête et soupira avec un brin d’arrogance.

- J'imagine qu'il n'y a pas de couleur pour augmenter mon charme naturel?
La chamane baissa sa tête dans un sourire forcé avant de tremper son doigt dans de la peinture jaune. Elle attrapa avec force le poignet de l'humain pour le contraindre à sa volonté et dessina un cercle sur son front sans le lâcher du regard.

- Vous pouvez toujours tenter d'implorer les dieux de vous aider dans cette indulgente quête non moins salutaire…
Les yeux de l'humain échappèrent à l'emprise visuelle que la jeune femme avait forcé dans une petite moue. Il releva son regard vers le nouveau symbole et le montra du doigt pas peu fier de cet ornement.

- Pour mon salut? Ironisa t-il avec un sourire amusé. J'imagine que c'est à l'image de mon humilité?
- Vous présumez beaucoup de choses pour un ignorant… Finit-elle par sourire. Laissez-vous juste porter… Ces peintures ne peuvent que vous aider.
Livaï baissa sa tête en guise de remerciement. Il se redressa lentement et porta son regard sur le pont animé. Son coeur battait le rythme effréné des tambours, lui conférant cette légère excitation palpable et partagé par chacune des personnes qui dansaient autour de lui. Il n'avait aucune idée de comment les choses allaient tourner et il n'en éprouvait aucune appréhension. Etrangement, il se sentait parfaitement bien, presque dans son élément.

Defi-Résumé-Gains:

- Pourquoi se mettent t-ils tous nus? Demanda la bélua à voix basse.
Le chaman à côté d'elle baissa sa tête dans une longue expiration. Sa patience était mise à rude épreuve avec cette novice qui n'arrêtait pas de poser des questions depuis son arrivée. S'il avait jugé utile de lui répondre dans un premier temps, plutôt flatté de l'intérêt qu'elle portait à sa race, il se lassa bien vite de la profusion de demandes toutes plus exaspérantes les une que les autres.
Il finit par relever son regard dans un petit mouvement de tête et croisa ses bras en pinçant ses lèvres.

- Pour mieux communier avec les dieux, se débarrasser de toutes contraintes matérielles. Avez-vous besoin de vêtement pour prier?
La question fit sourciller Helly qui observait les invités se dévêtir devant elle. À vrai dire, elle n'avait jamais songé à tout cela et même si la pudicité ne lui posait pas vraiment de problème, elle remettait en doute l'utilité de cette pratique. Enfant, elle avait entendu ses parents invoquer des dieux dans de pieuses prières, mais ses souvenirs étaient troubles à l'image du chaos de son passé. Ses derniers mois passaient à chercher et comprendre ses origines avaient commencé à ébranler ses convictions. Helly voulait croire, oui mais en quoi? Alors le comment et le pourquoi, tout cela était bien au-dessus de ses capacités de réflexion. Elle afficha une moue boudeuse et s'avança un peu plus vers le ponton.
L'attente était un peu longue en attendant que les premiers montés se fassent peindre d'énigmatiques symboles chamaniques sur le corps. En se hissant sur la pointe des pieds, Helly pouvait observer les chamans s'exécuter dans un cérémonial des plus intéressant.
L'air frais du large, chargé en embruns, dispersa ses sombres pensées, l'obligeant à formuler une nouvelle question.

- Est-ce que les peintures sont une sorte de sort? Une protection?
Le chaman finit par afficher un sourire d'exaspération. Il se retourna vers elle et la jugea d'un regard sombre avant de pouffer de rire. Elle était pire qu'une enfant et pourtant cela partait d'un bon sentiment qui contribuait à ne pas le faire totalement basculer dans la colère.

- Je suis sûr que ce petit voyage se chargera de vous apporter de nombreuses réponses, ironisa t-il. 
- Pardonnez-moi, s'excusa Helly en s'appuyant à la rambarde de droite encore encombrée d'invités. Lorsque je suis submergée par tant de grandeurs, j'ai tendance à parler pour faire taire ma nervosité…
La bélua vira au rouge face au regard insistant du chaman qui lui s'avançait vers la passerelle de gauche. Elle n'osait plus rien dire et préférait regarder l'écume des vagues lécher la coque du bateau sous le jugement impartial du chaman qui lui, s'était arrêté. La spontanéité de la femme venait de le troubler un instant. Il ravisa sa posture en redressant ses épaules et scruta avec attention ses homologues monter à bord. 
Dans un long soupire, il reprit avec un ton plus doux.

- Il y a tant à dire sur nos coutumes… Chaque personne ici réunie ce soir est venue avec de nombreuses questions. Concentrez vous sur votre recherche personnelle et sur votre foi. Cela vous évitera de vous égarer…
Il la salua poliment avant de s'avancer sur le pont laissant Helly à ses questions. Elle ne voyait pas vraiment où voulait en venir le chaman et préférait se laisser porter par le courant. 
On l'invita à se dévêtir et orna son corps de peintures bleues qu'Helly examina avec attention s'interrogeant sur la signification des losanges. Elle noua le foulard brun autour de son cou et observa les passerelles se relever et hésita à s'avancer vers le pont principal. Helly observait les lieux silencieusement en se demandant quelle destination prenait le bateau. Elle n'osait plus poser de question et se contentait de suivre des yeux les convives s'adonnaient aux rituels qui lui étaient totalement étrangers.
 

Résumé-Gains:

L’invitation était intrigante. Mwayer ne savait plus où se placer par rapport aux Ætheri, mais il ne doutait pas de sa foi. La dernière fois qu’il avait participé à un rituel pour les atteindre, pour tenter de comprendre des choses, il avait découvert comment sa mère avait froidement assassiné son père, mais il n’avait pas encore vraiment réalisé. Il souhaitait simplement comprendre. Essayer d’appréhender ces choses qui étaient impensables, informulables, il souhaitait comprendre les Dieux et ce n’était pas une mince affaire. Ainsi, lorsqu’un héraut s’approcha de la petite ville dans laquelle il dormait pour proposer de tenter de se rapprocher des divinités auxquelles il croyait, il n’hésita pas très longtemps.

Il ne prit rien de spécial avec lui, il sentit bien qu’il n’avait besoin de rien, si ce n’est peut-être de choses qui trônaient en lui depuis des années. Il ne prit pas de grand temps psychologique ni de longue inspiration, il prit simplement une cadence rapide afin d’arriver un peu avant le départ pour…afin d’arriver un peu avant le départ. Il ne savait pas où il irait, il sentait juste qu’il avait besoin de ça, les Ætheri n’avait pas perdu sa confiance, il avait besoin de pouvoir se raccrocher à quelque chose de supérieur, mais il avait perdu le chemin pour prier, il avait perdu le chemin de la foi.

Il arriva quelques jours plus tard sur la plage de sable fin. Il prit le temps de saisir un peu de sable avec sa main et de sentir la caresse des grains qui prenaient la température fraîche de l’extérieur. Le jour avait fini de décliner, la lune allait bientôt prendre ses droits, Phoebe entrer dans son royaume.

Assez vite, une femme prit la parole, elle arborait des attributs inquiétants et Mwayer avait la désagréable sensation qu’elle tentait d’imiter les Dieux. Elle parla d’une voix posée, leur dit des choses inquiétantes, Mwayer en fit fi. Il la regarda, sans vraiment sourciller, il n’aimait pas bien cette dame. En revanche, les gens qui avaient l’air de superviser la chose ressemblaient étrangement à ceux qui l’avaient emmené dans cet étrange monde où il avait vu son passé. Ils inspiraient le même sentiment à l’Alfar, celui d’en savoir plus qu’il n’en savait.

Une fois les menaces terminées, tous s’engagèrent sur le pont, avec deux chemins différents. Les adeptes de Sympan devaient passer par le pont de droite pour se faire attacher un foulard brun sur le bras et les autres pouvaient simplement se déshabiller. Une fois fait, Mwayer vit arriver en face de lui un homme d’une trentaine d’années. Il avait des tatouages sur son corps nu, il était extrêmement bien fait. Beau, élégant, l’Alfar se prit d’ailleurs à regretter d’avoir un physique si jeune en regardant qui il avait en face de lui. Le jeune homme ne dit rien, il le regarda longuement, dans les yeux. Sa cataracte était claire, il ne semblait pas aveugle, mais il y avait sur ses yeux un voile qui lui conférait quelque chose de mystique. Il prit de la peinture et commença à faire des pointillés sur le corps de Mwayer. Le point était tantôt blanc, tantôt bleu. La ligne commençait aux tétons pour s’arrêter juste au-dessus du pubis. Mwayer prit le temps de la regarder, sans vraiment comprendre et lorsqu’il voulut demander des explications, son peintre était déjà parti vers quelqu’un d’autre. Sans plus de cérémonie, il pénétra sur le pont.

Les gens dansaient, fumaient, buvaient. Les tambours donnaient le tempo de la fête aux harmonies plus spirituelles qu’orgiaque. Il y a avait des rires, des échos de voix, mais surtout ces tambours qui tapaient leur incessante litanie. Cela mit Mwayer dans un état second. Il était étonnamment bien avec tout ce qui l’entourait. Sa nudité ne le dérangeait pas, il se sentait dans son élément. Il alla s’asseoir à côté d’un jeune homme aux cheveux clairs et aux traits fins qui arborait lui aussi de la peinture blanche. Il ne s’embarrassa pas de salutations, comme s’il sentait qu’il n’y en avait plus besoin.

- Blanc aussi. Vous savez pourquoi ?

Les Chamans, race mystérieuse s'il en est au regard de Mancinia. S'intéressant à leurs coutumes pour les découvrir au travers et car il est important de ne pas être détruit par l'inconscience. Ou par des actions irréfléchies qu'entraîne la méfiance. Ne pas avoir peur d'apprendre, car elle savait où pouvait conduire une mauvaise compréhension de ces différences. Ils étaient si attirants avec leur musique et leurs danses. Elle qui connaissait bien les coutumes de sa race ne pouvait qu'avoir envie de se laisser porter. Sa demande à peine formuler qu'une surprise de taille l'attendit. Elle prit l'apparence d'une ombre dans son dos avant de lui adresser la parole. Mancinia demeurait muette un instant en reconnaissant Raeden Liddell et avant de remercier les Aetheri intérieurement ; lui aussi avait choisi de ne pas se dévoiler entièrement, portant un pagne blanc qui le préservait de la nudité. La jeune femme était certaine d'avoir vu assez d'hommes nus pour une existence entière. Et même un actuel Souverain dans son plus simple appareil. Vraiment, ce monde tournait autour de l'exhibitionnisme depuis quelques temps. Avoir dissimulé sa poitrine avec ses bras n'avait pas été une si mauvaise idée vu que la première personne à qui elle adressait la parole de son plein gré était une de ses connaissances.

— Messire Liddell, c'est un plaisir de vous revoir. C'est à croire que nos rencontres ne se font que lors de festivités, ou de combats. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?
— Kahddell !

Ouvrant ses ailes comme pour l'accueillir en vieil ami, Kamiya obstrua délicatement la bouche de sa maîtresse de plumes. Son corbeau l'appréciait depuis leur première rencontre. Ça la faisait rire. Pourtant, un détail ne lui échappait pas. Des signes auxquels elle était habituée, auxquels elle ne faisait plus attention, mais qui manquait dans le paysage lorsque la jeune femme ne les voyait pas. Une ombre passa dans le regard de Mancinia en regardant attentivement son interlocuteur. Elle ne saurait clairement le définir. Il faut dire que leur dernière rencontre s'était conclue par un bain de sang et c'est peu dire qu'elle était ravie de le savoir en vie et entier.

— Vous me semblez...Différent.

Sa réaction pouvait être un peu excessive, aussi essaya-t-elle de s'expliquer.

— Mon antimagie ne semble pas avoir d'emprise sur vous. Ça se lit sur votre visage. Vous avez sans doute prit l'habitude, à force de m'avoir dans vos pattes, hum ? Enfin. Vu les temps qui courent, nous sommes tous différents à bien des égards.

Mancinia sentit ensuite une autre personne à sa gauche, une femme aux traits sauvage et dont le regard se perdait dans les flammes des torches disposés sur le navire pour l'éclairer et créer une ambiance tamisé. Elle lui conseilla de se laisser prendre dans le rythme en lui prenant le poignet, elle crut d'abord qu'elle se ferait entraînée sur la piste avant que son corps ne heurte celui de son interlocutrice. Ne pas avoir honte de son corps ? Eh bien, l'Humaine n'avait pas honte des cicatrices et d'exposer quelques morceaux de chairs, mais s'exhiber entièrement nue devant des inconnus était une autre paire de manches. S'oublier, entrer en transe comme dans un rituel religieux. Est-ce qu'elle le pourrait ? Ne prenant même pas conscience qu'on effleurait ses poils pubiens avant d'être mise sur la piste et que Kamiya avait quitté son épaule pour celle de Raeden en quelques battements d'ailes. Puis, dans un grand rire, elle disparut dans la foule. Cette soirée était vraiment bizarre. Une chance s'il en est, sa longue chevelure était revenue vers l'avant et cachait ses formes au regard des curieux. Voilà comment être libre de ses mouvements, d'une certaine manière. L'Humaine se félicitait de les avoir laisser pousser aussi longuement.

— J'ai l'impression de vous exhiber à chaque fois les parties les plus honteuses de ma personne.
— Après ce que tu as fait au Bal d'Encens, ce n'est pas plus compliqué, hum ? Si tu voulais être nue devant Neah, t'avais qu'à lui demander de t'accompagner.
— Corbeau rusé, siffla Mancinia entre ses dents.

Kamiya siffla entre son bec, pour peu que cela ne ressemble à un sifflement tandis qu'elle observait le Forgeron sur lequel reposait son compagnon.

— Si vous voulez essayer, cela ne me dérange pas, mais…J'ai besoin d'un peu d'air !

Ils étaient sur un navire, mais la foule aux alentours lui donnait le tournis. Elle avait l'impression que l'air était épais et avait du mal à se glisser dans ses poumons. Elle se décala pour être proche du bastingage, un peu à l'écart de la musique et proche de l'air marin et Kamiya revint sur son épaule lorsqu'elle tendit le bras vers lui, comme un appel.

— Je devais vous dire quelque chose d'important. Des rumeurs courent depuis notre dernière rencontre au cours de la Nuit Pourpre. Il se dit que l'influence de la Reine Edwina s'est amoindrie sur ses territoires et qu'elle se console d'une manière qu'aucun Magicien ne tolère.

Mancinia prit une inspiration.

— Les rumeurs disent qu'elle possède un travail dans un des bordels d'Avalon et qu'elle apprécie particulièrement.

Elle marqua une pause, puis, fit mine de réaliser quelque chose dans sa réflexion à voix haute.

— Maintenant que j'y pense, c'est peut-être parce qu'elle espère y croiser la célèbre Bûche Sauvage, hum ?

Cette fois, c'en était trop. Elle éclata de rire.

— Excusez-moi, c'était terriblement tentant ! Vous ne m'en voulez pas trop, j'espère ?

Elle marqua une nouvelle pause pour reprendre son souffle et de reprendre la conversation de manière sérieuse malgré un sourire sur le visage.

— Je suis ravie de vous savoir en vie depuis la Nuit Pourpre, messire Bûche Sauvage. Alors, d'où vient ce surnom ? Je suis de nature très curieuse.

Post II | 940 mots

Défi ○ Dire à Raeden qu'Edwina travaille dans un bordel à Avalon

Résumé II: