Yulenka riait doucement aux propos de l'orisha.

-Alors n'appelons pas ça un combat, mais une correction largement méritée.

Leur petite conversation fut interrompue par une Mancinia furibonde, qui semblait prête à faire brouter les pissenlits par la racine à la merguez trop cuite de la soirée. Ethan observait lui aussi le spectacle et réagit, sur un ton un peu trop fort pour que le message ne s'adresse uniquement qu'à l'Impératrice. Celle-ci esquissa un sourire à cette démarche, avant de finalement répondre à son interlocuteur.

-Ne vous inquiétez pas, elle ne le tuera pas. Pas ici et comme ça, en publique et en pleine soirée festive. D'autant plus qu'il lui avait demandé la mort comme une faveur. Si vous détestez quelqu'un, vous ne lui accordez aucun répit, et surtout pas de délivrance. Croyez-moi.... Je m'y connais en matière de rancœur.

Et la suite semblait donner raison à la vampiresse. Elle ne connaissait pas tous les détails de la vie de ce déchu. Elle ne connaissait rien du lien qui unissait Mancinia à ce survivant des flammes. Mais elle connaissait la colère, l'incompréhension, la frustration.... Et elle savait également qu'elle ne pouvait pas se permettre de tuer plus ou moins arbitrairement quelqu'un dans une soirée de ce genre. Ethan vint ensuite faire une proposition qui sauvait ni plus ni moins la vampiresse. Enfin quelqu'un viendrait l'arracher de cet ennui qui lui semblait de plus en plus devenir un ennemi mortel. Un sourire ravi aux lèvres, elle lui répondit.

-Mais je vous en prie, faites donc. Prenez de quoi vous sustenter au passage. Je doute qu'il y ai quiconque pour venir nous déranger....

Et pour cause, le premier clampin qui oserait venir trouver à redire sur la présence d'Ethan à ses côtés, elle ne se gênerait pas pour l'envoyer bouillir, et surement avec pertes et fracas. De même que si quelqu'un trouvait discutable ce rapprochement entre vampires et orishas, au vue des tensions existantes et grandissantes entre leur deux peuples, elle pourrait toujours répliquer que cela servirait à narguer Cocoon. Lorsque vos sujets s'affichent avec "l'ennemi", ça la faisait mal.... Elle en savait quelque chose d'ailleurs. Enfin, si tenté est que l'Orishala en ait seulement quelque chose à cirer, ce qui était très loin d'être gagné à ce stade des opérations. Elle ouvrit donc la marche vers la table des souverains, qui s'était d'ailleurs vidée depuis le début de la soirée. Ce n'était pas plus mal. La vampiresse eut tout loisir d'attraper une chaise et de la rajouter à côté de la sienne, sans aucun respect une fois encore. Elle était soulagée, elle n'allait pas tourner en rond à faire des origamis avec la nappe à présent. Surtout que la tenue légère de l'orisha ne rendait la scène que plus incongrue, et pour les plus puritains, que plus inconvenable. Ce qui plaisait que davantage à Yulenka.

Manicinia avait visiblement beaucoup à faire avec Ignis, sans compter que Toble venait de se rajouter à la partie.... mais que diable venait-il faire au milieu de cette scène ?! Et pour faire un câlin à Mancinia.... L'instant avait un petit quelque chose de surréaliste. S'en retournant à la tablée des rois, Yulenka se rassit à sa place. Chacun s'en allait pour festoyer comme il se devait dans ce genre de fête, sauf la reine, attristée d'être constamment la lésée de service à ce sujet. Un petit ange vierge, cela aurait été trop leur demander ? Surtout qu'il devait y en avoir dans les alentours. Mais elle se fit une raison. Assise dans son siège, les jambes croisées, elle observa la plèbe s'adonner à leurs activités respectives. Manger, danser.... Après des combats plus ou moins inégaux qui mirent bon nombres de participants sur le carreaux, cela faisait bizarre. Les mœurs humaines.... Déployant son éventail pour se soulager de la chaleur accablante des lieux, et tandis qu'elle l'agitait doucement, elle se confia à Ethan.

-Pour être sincère, votre arrivée me sauve.... Je m'ennuie terriblement à cette soirée. Je dois être la plus belle potiche huppée de la soirée.... Si vous n'aviez pas été là, je crois que je me serais éclipsée.

Après tout son rôle d'observatrice avait été rempli il y avait un bon moment à présent. Elle n'avait pas forcément compris, ni approuvé toutes les méthodes de la soirée, mais elle avait mis ça sur les mœurs humaines. Après tout, l'important n'était pas que ça lui plaise, mais que ça plaise aux bétails et qu'il se reproduise en masse. Et comme cela semblait plus ou moins convenir aux participants, elle n'avait plus grand chose à faire ici.

J'aurai peut être du me taire. Je voyais le visage de Kain changer au fur et à mesure qui comprenait la gravité des événements. Il serra ses poings bien fermement par colère. Heureusement que l'anti-magie d'Utopia était là pour le contenir, sinon il serait déjà en train de faire monter la température, mais aussi de tout brûler. Je détestais le voir dans cet état là, j'avais l'impression de me voir lorsque mon passager noir prenait le dessus sur moi. Je me souviens du Volcan Ardent, nous y sommes allé tous les deux pour voir si la légende sur le couple de fidèles de Taleörn disait vraie. Des sortes d'esprits m'ont tourmentée, suite à cela, mon passager noir s'est manifesté encore plus violemment que d'habitude. Cette fois là, je m'étais griffée les épaules. Quand je toussais, du sang sortait de ma bouche. Mes larmes était aussi rougeoyantes que le liquide de vie. Mes cheveux avaient prit une teinte noire ténébreuse, sans compter mes yeux qui ont virés au doré. Je m'en souviendrais toujours de ce moment là … Mon passager noir prenait de plus en plus d'ampleur.

Kain devenait violant. Je commençais à être désorientée et perturbée par toutes les émotions qui s'entrechoquaient en moi. La peur, la tristesse, l'angoisse, la colère, l'impuissance … Toutes ces émotions ne donnaient pas un bon mélange. Sans compter que Kain me prit brusquement les épaules, il avait une telle force qu'il me fit mal. La plaie que j'avais au bras se s'ouvrit, commençant à teindre le bandage. Je baissais les yeux, larmes coulant sur les joues, laissant Kain hurler de rage. Après ses paroles non dénudées de rancœur et de haine, il envoya son poings directement dans un mur de l'arène. Un Protecteur d'Utopia arriva à vive allure vers nous, mais il ne fit rien. Il était plus impressionné qu'autre chose. Je ne l'avais même pas vu, trop préoccupée à raisonner Kain, du moins essayer. « Kain ! Sois raisonnable ! C'est un véritable suicide de s'attaquer aux Dragonniers ! Tu ne sais même pas de quoi ils sont capables ! J'ai tenté pendant de très longues heures de parlementer avec eux pour pouvoir conserver mon élevage ! Je te signale qu'en plus on est des Esprits Elémentaires ! On fait partis du Grand Conseil d'Aeden ! Les moindres décisions que l'on prend peut avoir de graves incidences pour notre peuple ! » Je fis une petite pause, avant de reprendre avec une voix un peu plus calme et solennel. « Mon amour pour notre peuple est bien plus grand que celui que je portais aux dragons. C'est pour cela que j'ai préféré céder aux Dragonniers. Cette Caste aurait très bien pu détruire Aeden et même Draguial si j'aurai refusé d'abandonner les dragons. » Je finis par plonger mon regard électrique dans celui de braise du mercenaire. « Je ne veux pas que notre enfant grandisse loin d'Aeden ou de Draguial. Alors, s'il te plaît Kain … Ne te mets pas en travers du chemin des Dragonniers, préservons cette paix qui règne entre notre peuple et eux. Si tu ne fais pas pour moi, fais le au moins pour notre enfant. » J'espérais avoir pu calmer Kain en touchant le point sensible … notre enfant. J'espère qu'il m'écoutera, pour le bien être de notre peuple, mais aussi celui de notre enfant.

Toutes ces émotions m'ont mit dans un tel état, je tremblais. Mon bandage était taché de sang, à cause de ma plaie qui s'était réouverte quand Kain m'avait saisit par les épaules. Je me tournais vers le centre d'Utopia où se tenait la suite des festivités. C'est alors que je vis le fameux Protecteur qui avait assisté à toute la scène. « Je vous prit de bien vouloir nous excuser. Je vous donnerais de l'argent en dédommagement pour les dégâts occasionnés. » Je me tournais vers Kain. J'aurai bien voulu lui demander si on pouvait retourner au sein des festivités, mais je commençais à avoir de nouveaux des nausées. C'était la goutte de trop. De trop vives émotions et maintenant ça … mon corps était saturé. Je commençais à avoir la tête qui tournait. « Kain ... » Je ne pus finir ma phrase. Mes jambes ne voulaient même plus me tenir. Mon corps s'écroula et tomba à terre. Je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien … je venais de faire un malaise.






¤ 760 mots

L’Ombre avait l’impression d’une cavalcade traversait son esprit, tant la douleur se faisait vive. Et la seule chose qui l’empêchait de mettre un terme à cette souffrance grandissante, c’était le souvenir du résultat de l’anti-magie sur sa personne. Aaliah savait très bien que si elle retirait cette maudite couronne en cet instant, la douleur disparaîtrait, mais elle aussi. En d’autre temps, peut-être qu’elle l’aurait fait, pour mettre un terme à son errance. Cependant, elle venait à peine de se trouver un nouveau but, alors elle devait tenir le coup, jusqu’au bout. Elle maudit le chaman qui par défi l’avait amené à se présenter à ce bal en portant cette couronne pour survivre à l’anti-magie qui y régnait. Lorsqu’elle serait de nouveau une Ombre et en peine possession de ses moyens, elle le lui ferait regretter. Pour le moment, elle devait prendre appui sur Serica pour parvenir à se redresser. Elle n’aimait pas donner la vision d’une faible femme, aussi elle tenta de faire fi des douleurs et de la nausée qui lui tiraillait chaque parcelle de son corps.

« Tant qu’il reste en vie, ça m’ira » se contenta-t-elle de dire pour ne pas avoir à formuler de mots sur son état.

Elle porta une main à son front, essayant un massage d’abord délicat pour calmer la migraine qui raisonnait jusque dans ses tympans. Rien n’y fit. Alors, ses doigts ses refermèrent sur une masse de cheveux, cherchant à agripper la couronne invisible et insaisissable. Elle se griffa au passage jusqu’au sang, du moins le supposa-t-elle lorsqu’elle vit un fin filet rougeâtre brillant sous ses ongles. Discrètement, elle les frotta contre sa robe pour effacer les traces de sa bataille capillaire.

La dénommé Serica l’avait amené vers la salle de réception où un nouveau buffet attendant les convives. L’Ombre soupira et se concentra sur les plats devant elle pour trouver celui capable de lui faire oublier la souffrance endurer par la couronne et l’absence de partenaire. Le déchu n’était guère sympathique, mais il lui avait permis de penser à autre chose. Lorsqu’elle repéra un récipient plein d’alcool local, elle ne laissa guère la possibilité à d’autres d’y goûter. S’il avait pu la faire vivre une fois, cela fonctionnerait bien une deuxième fois. Elle n’avait de toute façon pas vraiment le choix. Aaliah était humaine depuis peu, maîtrisait mal ses émotions ravivées et n’avait aucune connaissance sur les limites de son corps. Entre deux gorgées plus brûlantes que désaltérantes, elle grignota quelques plats, mais la saveur n’était plus la même que lors du premier buffet où elle avait découvert la sapidité des aliments. Ses nausées se firent grandissantes et insistantes. Un homme qui passait près d’elle l’informa des méfaits de l’alcool, mais la jeune femme savait très bien que ce n’était ce dernier le responsable de son état dégradant. Il lui fallait transmettre sa douleur sur quelque chose… ou quelqu’un. Aaliah se redressa, tituba un instant à cause d’un voile qui se plaça devant ses yeux, rendant flou les alentours. Elle respira longuement à plusieurs reprises pour retrouver un semblant d’équilibre, mais cela ne fit que lui tourner la tête. Elle avait envie de vomir, mais sa dignité parvint à dompter son estomac pour lui laisser de s’éloigner des convives. Une autre femme semblait connaître les mêmes difficultés qu’elle, car elle l’a vit tourner de l’œil pour s’effondrer sur le sol. L’Ombre espérait ne pas atteindre une telle extrémité.

Afin de penser à autre chose et pour s’éloigner de la foule, Aaliah décida de partir à la recherche de son partenaire. Il était désagréable, mais il était le seul à lui avoir permis d’oublier le mal qui la rongeait.

L’Ombre ignora comment, mais ses pas hésitants parvinrent à la guider vers le déchu et la matasif. Elle reconnaissait leur voix, mais les échanges semblaient irréalistes. Sa migraine devait être plus puissante qu’elle ne le pensait car il lui semblait avoir entendu le mot « peluche ». Aaliah avança vers eux afin de montrer sa présence, même si elle doutait d’avoir été assez discrète pour passer inaperçue. Elle dévisagea le déchu avant d’afficher un sourire narquois pour masquer sa souffrance.

« Eh bien, z’êtes pas encore mort, lança-t-elle pour débuter la conversation. Tant mieux, il y a de la musique, vous venez danser. Après tout, vous restez mon partenaire de ce bal »

La jeune femme n’était pas vraiment sûre d’être une bonne danseuse en ce moment, car ses jambes la portaient difficilement. Elle cherchait surtout à faire réagir le déchu. Le taquiner était comme un exutoire. La douleur semblait se promener dans son corps sans aucun sens logique, après sa tête, c’était son ventre qui se tordait et lui arracha un cri.  

786 mots
post 10

L'orisha en vint à apprendre les raisons de cette appréciation de la vampire face à la rouste imposé au déchu ou du moins ce qu'il en reste. Affichant un sourire au coin des lèvres lorsqu'elle exprima le même ordre d'idée que lui sur la souffrance plutôt que la délivrance dans le cas d'une personne que l'on déteste. Regardant la scène dans l'arène, y prenant de moins en moins goût, se concentrant plutôt sur Yulenka qui acceptait sa présence à la table des rois pour le festin qui s'annonçait comme le réconfort de cette journée. Il était venu sur un coup de tête mais la rencontre fut un échec partiel, il croiserait sûrement de nouveau cette orisha et aurait l'occasion de discuter en dehors de ce cadre pour faire plus ample connaissance. Mais pour l'heure il se devait de profiter du moment présent, d'avoir nul autre que la reine de la nuit à ses côtés.

Cette dernière avait pris soin de lui apporter une chaise, prenant place après celle-ci, non sans un regard sur son charme envoutant. Après tout il était un homme et avec autant de charisme, elle ne pouvait passer inaperçu bien qu'en principe il devrait s'en méfier vu la situation politique entre leurs races. Ethan penchait toujours vers l'approche diplomatique et verbale pour régler les conflits, à moins d'extrême nécessité.
- Belle ironie que je sois votre sauveur au vu du conflit qui se dessine lentement entre nos peuples. Qui sait serais-je le diplomate ou le modérateur qui mènera à la solution.
Il restait souriant, appréciant cette liberté qu'il avait prit de jouer avec le feu, si on pouvait appeler cela ainsi. Le conflit restait pour l'instant au stade embryonnaire bien que des escarmouches étaient rapportés au siège du pouvoir orisha. Mais pour l'heure il ne voulait pas plus de détails, le lieu et n'était pas propice à ce genre de discussion. Trop d'oreilles pouvant écouter alors que d'aucun autre n'était concerné par cette histoire.

Attrapant un fruit frais et juteux, chose presque surprenant vu la chaleur accablante qui règne en cet endroit. Il le croqua avec envie, goût rafraichissant qui lui vola un soupir de satisfaction. Reprenant ses esprits après ce moment d'égarement, il comprit que tandis qu'il appréciait les victuailles offertes, elle ne pouvait se rassasier comme il se devait.
- Il aurait été décevant de vous voir quitter sans avoir pu échanger quelques mots, notre dernière rencontre remonte déjà à un petit moment. Il me fait presque étrange de remercier la liberté de mon geste de vous aborder pour prendre de vos nouvelles plutôt que de me diriger vers la table qui m'est réservé.

Tournant la tête vers Mancinia qui était au prise avec une attaque de câlins d'un côté et le souhait de mise à mort de l'autre. Le second étant rejoint par celle qui avait été sa cavalière en début de bal et qui semblait vouloir continuer à agir comme tel en l'approchant. Le premier cessant son étreinte pour engager la discussion que l'orisha ne pouvait entendre. Cette situation prenait des allures de plus en plus étranges mais après tout, cette journée en était une plein de rebondissements. Succession de départ pour des raisons plus diverses les unes que les autres, certains seuls, d'autres en couple, les placent vides aux tables démontrant presque un aspect chaotique. L'orisha se disant qu'il s'agissait peut-être d'un aspect normal, après tout, personne n'était retenu prisonnier. Recentrant son attention sur la reine de la nuit qui ne touchait à rien de ce qui était offert en guise de repas, après tout, avaler l'un ou l'autre de ces aliments n'aurait été que tromperie puisqu'elle n'en ressentait aucun bénéfice. Se risquant à porter de nouveau son attention sur la matasif et lui faire un signe de la main pour qu'elle s'approche.
- Vous n'auriez pas une boisson écarlate et fraiche de préférence pour la reine ? Il ne faudrait pas qu'un malaise lui arrive ou qu'une perte de contrôle surviennent n'est-ce pas ?
Il avait peut-être un peu exagérer la seconde partie, mais ne sachant pas particulièrement le niveau de soif et de contrôle de la vampiresse, valait mieux envisager le pire et être soulagé ensuite.

Neah haletait. C'était éprouvant de se battre contre plusieurs adversaires de force équivalente. Il n'aurait pas imaginé son premier véritable combat de cette manière. En se redressant, l'Ange savait aussi d'instinct que le plus dur n'était pas terminé en voyant un adversaire sortit d'un autre plan d'existence lui faire face. Le jugeant avec un éclat malsain dans le regard, à lui glacer le sang malgré la température ambiante. En son for intérieur, l'Ange ressentait la menace qui pesait sur sa vie et sa main en tremblait doucement. A croire que les conflits étaient délimités par niveaux : en commençant du plus faible au plus ardu, voire mortelle. Tous deux restèrent de marbre plusieurs longues secondes, se laissant glisser lentement vers cet état quasi-animal où les réflexes et les sens prennent le pas sur la réflexion. Leurs regards déterminés se croisèrent plusieurs fois, les muscles de son ennemi roulaient sous sa peau et sa poigne enserrait son avec un savant mélange de fermeté et de délicatesse. Puis, sans que personne ne comprenne pourquoi, le premier assaut débuta. Neah prit l'initiative et se projeta deux pas en avant, frappa un coup de taille, recula, se décala. L'acier chanta, le sable se souleva et les souffles rauques des deux guerriers s’accordèrent. Ils se tournèrent autour, se jaugeant du regard. Et là où un semblait confiant, l'autre commençait à ressentir quelque chose de sournois.

Le corps à corps dura quelques dizaines de secondes, une éternité pour les combattants. Chacun testa les défenses de l'autre, sans succès. Neah se défendait bien malgré les coups d'une puissance absolue qui s'abattait sur lui. Il voyait son arme subir les assauts et distinguait les fissures qui apparaissaient sur sa lame. Il ne tiendrait pas longtemps en combat conventionnel, mais son avantage était qu'il était un Ange au milieu d'êtres Humains et que si l'antimagine ne l'affectait pas, ce n'était pas le cas de son adversaire. En espérant que ses capacités physiques suivent, le guerrier concentra toute la magie qu'il pouvait autour de lui et fit se déchaîner le vent ambiant. Cette attaque surprise ne semblait pas vraiment prendre de court le Démon qui, au contraire, semblait attendre cette astuce de pied ferme. Il n'était décidément pas comme les autres. De son côté, Abigor fit une analyse rapide de la situation. Son expérience parlait pour lui, peut-être un peu trop. Il recula d'un bond pour prendre l'appui nécessaire à se propulser avec des flammes explosives derrière lui qui grandissaient, attisés par les vents. Le vent vibrait à leurs oreilles, tournant dans un sens contraire avec une certaine vitesse pour calmer le Démon et le maintenir au sol. L'un comme l'autre était en mouvement et Neah savait éperdument qu'il lui était totalement impossible d'esquiver cet assaut.

Sa force écrasante souleva Neah du sol pour l'envoyer à quelques mètres de là. Qu'est-ce que... ?! Cette réflexion avait à peine eu le temps d'effleurer son esprit que Neah ressentit le choc dans le sable qui lui coupa le souffle. L'Ange lâcha son arme sous l'impact et il n'eut pas le loisir de se redresser qu'un pied d'une lourdeur affreuse vint s'écraser contre son sternum, lui coupant le peu d'air qu'il aspirait. Une vive douleur s'emparait de la partie haute de son corps, comme si quelque chose venait de se brisé sous l'impact. C'est alors qu'il l'a vit. La hallebarde du Démon tournoya dans les airs, mais Neah n'avait pas l'intention de fermer les yeux. Il n'avait pas l'intention d'abandonner face à la Mort. Non. Il ne mourrait pas en restant au sol et en attendant la mort telle une amie !

— Hé hé hé. Je t'accorde pour ta mort un combat infernal. Sois en reconnaissant.

Son ennemi fit un nouveau moulinet avec son arme, celle qui ôterait la vie de Neah avec assurance.

— Ne…Ne t'en fais pas pour ça ! On saura avec quel acharnement nous avons luttés !

Le Démon exerça une pression plus forte avec son pied et Neah se sentait partir. Loin, très loin.

— Nous sommes parvenus à les repousser.
— Au prix de lourds sacrifices...

Son esprit était embrumé, mais Neah savait qu'il était allongé sur quelque chose de plus agréable qu'un sable bouillant. Et à l'ombre. Il voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient trop lourdes. C'est alors qu'il sentit un linge humide sur son visage. Lorsqu'il voulut avaler sa salive, une douleur lui vrilla le torse, lui rappelant qu'il était en vie. Visiblement, le Démon l'avait épargné. La question était de savoir pourquoi...

Post X | 750 mots

D’un poing rageur, le guerrier envoya ce dernier percuter violemment le mur de la tribune tout près de lui. Et d’un craquement net, le bois se cassa sous l’impact, créant ainsi un véritable vide dans la structure. Ce que ne manqua pas de remarquer l’un des gardes de la soirée, mais il n’intervint pas, plus abasourdit qu’autre chose sans compter qu’il n’aurait fait qu’envenimer le situation actuelle entre les deux Elémentals.
Ayant donc expulsé une partie de sa colère sur un pan de mur, le fils du feu se retourna alors en direction de sa compagne, les dents serrées par la rage, pour trouver cette dernière en larme face à lui. Ce qu’il pouvait détester cela. En la voyant dans cet état, l’homme fut terriblement partagé. D’un côté cela ne faisait que renforcer sa fureur. Il détestait voir de ces pleurnichards rester là à verser toutes les larmes de leurs corps sans rien faire d’autre que de pleurer à nouveau. Pleurer était un signe de faiblesse, et le guerrier haïssait cela. Mais d’un autre côté, un sentiment de tendresse le prenait, car il avait Alyska devant lui et pas quelqu’un d’autre. Il voulait la prendre dans ses bras et sécher ses larmes en lui disant que tout irait bien, que tout allait s’arranger. Et de part ces deux sentiments contradictoires, Kain ne fit absolument rien, se contentant simplement de regarder, impuissant, la jeune femme. Jusqu’au moment ou cette dernière prit alors la parole pour répondre à son amant et aussi essayer de la calmer. Ses mots vissèrent juste, pour une personne sensé, ce que n’était pas le guerrier. Il se fichait bien d’être un Esprit Elémentaire et d’Aeden, en cet instant seul comptait le fait de faire payer à ces maudits Dragonniers pour ce qu’ils avaient fait à Alyska. Ils allaient tous le regretter amèrement et Kain le fit bien comprendre. D’un ample geste de la main, déplaçant l’air, faisant voler les cheveux de sa compagne, il répliqua :

Peu m’importe. En les exterminant, aucune représailles !

Il était sérieux, étant prêts à la faire dans l’instant, mais la suite des paroles de l’Elémentale de la foudre le fit réfléchir un peu plus. Apparemment, même ses dragons perdues, Alyska attachait plus d’importance à la citée d’Aeden qu’à ces derniers. Pour le coup, faire tomber leur foyer pour une vengeance n’était peut-être pas la meilleur des décisions à prendre. Mais plus important encore, il y avait leur enfant à naître. Où allait-il vivre si les Elémentals n’avaient plus de citée ? Dehors, dans la nature ? Non ce n’était pas une vie. Kain soupira alors, vaincu et calmé, juste assez du moins pour ne pas entreprendre une guérilla contre les Dragonniers.

Bon… très bien. Ils ont eut ce qu’ils voulaient, mais qu’ils ne s’approchent plus de ton domaine ou d’Aeden, sinon je ne répondrai plus de rien.

Et sur ce, ils repartirent en direction de la sortie, vers la salle où tous les convives furent précédemment. Alyska s’excusa auprès du garde pour les dégâts causé, là ou Kain ne lui jeta même pas un seul regard. Celui-ci se contenta de marcher droit devant lui, sans prendre la peine de se pousser, libre au garde de la faire ou bien de se prendre un coup d’épaule de la part du guerrier lors de son passage.

Ensuite, les deux Elémentals se dirigèrent vers la suite des festivités. Ils allaient être bien en retard, bon dernier même, mais peu importait, car soudainement, Kain sentit et vit sa compagne s’écrouler au sol. In extremis, l’homme la rattrapa, un bras passé sous sa poitrine afin de stopper sa chute. Il l’allongea sur le sol et cria son nom. Malheureusement, elle n’eu aucune réaction. Le guerrier tenta bien de lui tapoter les joues, mais cela n’offrit pas de meilleur résultat. Jurant comme jamais, Kain la prit dans ses bras afin de la porter et s’adressa alors aux gardes non loin de là.

Hey ! Vous là. Ouais vous ! Vous ne savez pas où je pourrais trouver un médecin ou tout autre chose qui y ressemble ? J’ai une urgence là !
Grouillez vous !