Raphaël se baladait encore à Utopia, dans la rue marchande, s’intéressant un peu à tout et n’importe quoi. Il discutait avec les gens, se penchaient sur ce qu’ils vendaient, observaient ce qui était des fabrications. Parfois des œuvres d’arts, parfois de simple plat en bois, ou en argile. Mais il finissait toujours par repartir, sans rien acheter. Il n’avait pas énormément d’argent, et préférait ne pas s’encombrer de choses et autres inutiles. Au final, il n’avait que peu de choses de matériels auquel il tenait. Sa bague de Maître du temps, et son bâton étaient les deux seuls choses qu’il gardait en permanence sur lui. Beaucoup ne supportait pas une vie comme la sienne. Beaucoup essayait de se trouver un endroit pour vivre, et ne plus en bouger, en se contentant de ce qu’ils avaient, entassant des choses et autres dans une maison, avoir une famille. Raphaël se serait cette vie qu’il ne supporterait pas. Il adorait voyager, et voir le monde. Il y avait tellement de choses à voir, qu’il ne comprenait pas comment les gens pouvaient avoir une vie sédentaire. Et lui, en plus de pouvoir visiter le monde, il pouvait également visiter le passé, et en connaître ses moindres détails lorsqu’il serait plus puissant. Avec toutes ses choses à voir, il risquait d’y passer beaucoup plus qu’une seule vie. Tant de choses à découvrir, tant de mystère, mais aussi tant d’horreurs. C’était peut-être ce dernier point que les gens fuyaient.

Enfin, pour le moment il n’était pas là pour penser à ça. Il essayait d’en apprendre un peu plus sur la vie des Humains, leurs rites et coutumes. C’était plus compliqué que pour d’autres peuples, car son pouvoir d’apprentissage accéléré n’était pas actif ici, mais il s’en contre-fichait. Cela lui prendrait autant de temps qu’il le faudrait. Il y a un certain temps, cela lui aurait fait peur d’apprendre seul, sans ses pouvoirs, sans modèle, mais, maintenant, il n’en avait plus rien à faire. Une fois passé les premières appréhensions, c’était beaucoup plus facile. Et puis, il avait une sorte d’admiration pour les Humains, grâce à leur courage, et leur force, il pouvait bien faire quelques efforts pour eux. Une chance qu’il ne soit pas totalement dépendant de sa magie. Certains étaient incapables de s’en passer, comme si elle les définissait, et c’est pour cela qu’ils avaient peur des Humains. Raphaël trouvait cela assez idiot comme raisonnement. La magie, certes, était très utile et ancré dans leur être, mais elle ne définissait personne. Le monde devait sérieusement penser à changer de façon de voir, ça en devenait tout à fait ridicule.

Au fil de sa marche, l’Elémental finit sur une petite place. Il y entra, regardant un peu les bâtiments, les gens qui s’y trouvaient. Et il vit quelqu’un d’étrange, planté en plein dans milieu de la place. Soulevant un sourcil, il s’arrêta, gênant quelques passants qui le contournaient. L’homme était plutôt grand, et sa carrure assez impressionnante, même si elle ne faisait ni chaud ni froid à Raphaël. Une peau mate, marqué par le soleil, un visage balafré, et des yeux noirs assez marquant, que le jeune homme pouvait soutenir sans problème. Son apparence laissait tout à penser qu’il vivait dehors, en tant que vagabond. Avec ses vêtements, il devait sérieusement avoir chaud pendant les journées, mais moins pendant la nuit. Raphaël avait chaud rien qu’en le regardant. Il ne supportait pas énormément la chaleur, préférant la fraicheur de l’eau, d’où le fait qu’il est un certain mal à supporter la traversée du désert. Qu’il ne faisait plus vraiment maintenant, sauf s’il avait envie. Il lui suffisait de se téléporter, ça n’était plus impossible, ni difficile pour lui. Raphaël s’appuya sur son bâton, écoutant les paroles de l’homme. Tout le monde détournait la tête, certains parce qu’ils semblaient d’accord, d’autre, au contraire, par honte. Quelle idée de crier la gloire à Sympan alors que les Humains étaient du côté des Aetheri. C’était comme se jeter dans une foule en colère et espérer survivre.


L’homme finit par se taire, l’air déçu, et en colère que personne ne l’écoute. Puis il finit par remarquer Raphaël, qui n’avait rien fait pour être discret aussi. Replaçant sa besace sur son épaule, l’Elémental hésita. Est-ce que cela valait la peine d’aller parler à un type comme lui, alors qu’il prônait la guerre contre tous les autres. Il se fichait de ses propos diffamatoires. Il pouvait dire n’importe quoi sur les Elémental, ça n’avait pas d’importance pour lui. De toute façon, il ne faisait pas vraiment partie de sa race. Pour lui c’était plutôt l’idée de faire la guerre qu’il n’aimait pas. Enfin, il verrait bien. Faire la conversation face à quelqu’un qu’il ne connaissait, et avec un point de vue aussi opposé au sien pourrait être intéressant. S’approchant de l’homme, plus grand d’au moins dix centimètres, il le regarda dans les yeux.  « Tu sais, c’est pas vraiment malin de ta part de crier gloire à Sympan alors que les Humains se sont placés du côté des Aetheri. Sauf si tu veux te faire poursuivre par des tas d’assassins, et autres, parce que ta tête est mise à prix ». Raphaël en savait quelque chose, ça lui était arrivé, et ça pouvait encore arriver. Il s’en sortait toujours.