« Les rouges-gorges sont arrivéééésss ! » La voix sortit Éris de son livre. Elle releva la tête et fixa les alentours. La bibliothèque, normalement silencieuse, était animée depuis qu’elle y avait mis les pieds le matin même. De nombreux étudiants étaient partis à Boraür, ainsi que la majorité du personnel éducatif. Les cours avaient été remplacés par différents ateliers et tout le monde semblait de bonne humeur, sauf quelques indécrottables ronchons. « Trop bien ! J’ai toujours voulu les voir ! » s’égaya un autre élève. « Viens, on y va ! Ils sont trop mignons ! Si c’est comme la dernière fois, ils sont des milliers ! » Éris regarda à droite et à gauche. Toutes les silhouettes s’activaient. Bientôt, si elle restait là, elle serait seule. Ses yeux se posèrent sur la silhouette dessinée de Cyrius Windsor sur la page de gauche de son livre. Elle hésita puis, finalement, curieuse, elle referma l’ouvrage, le fourra dans son sac et suivit la masse. Elle se demanda si Muscarine était restée à Basphel ou si elle était actuellement dans la neige de Boraür. On disait qu’il s’agissait d’un endroit magique mais au sein duquel la magie individuelle n’avait pas sa place, un endroit où tout le monde était heureux, au moins un peu. Si elle avait voulu y aller, ses parents lui avait formellement interdit de s’y rendre. Elle aurait aimé avoir la force de désobéir, comme pour le tatouage, mais elle avait renoncé à la dernière minute. Elle se retrouvait donc à Basphel, avec les autres étudiants contraints de rester. Certains étaient là par choix mais ils étaient rares. Les autres étaient punis ou étaient dans son cas.
Dans le couloir, elle suivit deux garçons qui discutaient. « Pendant les derniers événements de l’AAAP, y en a qui ont niqué pendant la séance de maquillage. » « Ah ouais ? » « Ouais. Les organisateurs ont dit que ça puait le sexe dans certaines pièces. » Il se rapprocha de son camarade. « Encore un coup de Nel et des autres Luxurieux ça… » La mine de son camarade se fit pensive. « Franchement, ça ne te plairait pas à toi qu’une nana se jette sur toi par surprise ? » « Quoi ? Non, pas du tout ! C’est complètement déplacé ! » « Bah moi ça me plairait bien. » Éris fit la moue et se posa la question à elle-même. Que ferait-elle, si un garçon se jetait sur elle ? Elle imagina l’Empereur Noir et rougit. Dans sa tête, il n’y avait rien de réellement sexuel, plus des regards et des avances. Néanmoins, elle arriva à la conclusion que ça marchait parce que c’était lui. Avec un autre… En dépassant les deux zigotos, elle envoya dans la face de l'envieux : « Vivement que Muscarine se jette sur toi alors. » Puis, sans attendre sa réponse, elle détala pour aller admirer les rouges-gorges. « C'est quoi son souci à celle-là ? »
Elle fut estomaquée. Depuis l’un des balcons donnant sur une cour intérieure dans laquelle un arbre géant avait poussé, elle fut la témoin de la danse des rouges-gorges parmi la neige. « Waa… » Elle voulut poser ses mains sur la rambarde. Ses doigts, néanmoins, rencontrèrent la peau de quelqu’un d’autre. Elle les retira sans regarder à qui ce qu’elle avait touché appartenait.
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Pour rappel, l'objectif d'un rp filé est de repartir du dernier message et de continuer l'action =) Comme dans la scène d'ouverture de ce James Bond qui est un plan séquence de plusieurs minutes (il n'y a jamais de coupure caméra pendant toute la scène). L'objectif c'est qu'on poste chacun à la suite de l'autre pour dresser un portrait de Basphel à Noël comme dans Portrait de Basphel
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 227 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Le laboratoire était plongé dans le noir, à l'exception d'une orbe illuminant l'une des paillasses. Voûté au dessus, Eutropius cilla en sentant ses cornées sèches irritées s'embuer de larmes. Il n'avait pas beaucoup dormi ces derniers mois. Ses inscriptions aux clubs de sciences avalaient voracement tout son temps libre et il n'était pas rare que l'aube le trouve debout, encore habillé, plongé dans ses recherches. Une bonne partie de l'école avait quitté les îles suspendues pour se rendre à Boraür et il en profitait pour intensifier le rythme de ses études. Il n'y avait personne pour l'ennuyer, pour essayer de lui parler, pour lui demander pourquoi on ne le voyait jamais participer aux évènements organisés par l'AAAP ou autres, personne. Ou presque. Des exclamations admiratives étouffées parvinrent jusqu'à lui, qu'il ignora. Concentré, il introduisit la seringue dans le dernier sablé. À l'intérieur, un liquide contenait un virus qu'il avait étudié et tenté de reproduire. Il n'était pas sûr s'il avait échoué avec celui-ci. Il avait beau apprendre par coeur la théorie, lire tout ce qu'il existait sur le sujet, sa magie ne lui obéissait pas parfaitement et demander de l'aide à quelqu'un n'était pas envisageable. On risquait de lui interdire l'accès aux clubs de virologie si on le surprenait. Une fois qu'il eut fini, il mit de côté la seringue. Dans une boîte laquée de rouge, il déposa soigneusement les petits gâteaux de différentes formes à l'intérieur puis enleva ses gants de travail. Avec une grimace, il fit craquer son épine dorsale en s'étirant et se frotta ses yeux injectés de sang. À force d'observer les bactéries à travers l'appareil magique permettant de les observer à l'oeil nu, il voyait trouble en revenant au monde réel. Il se massa la nuque en grognant en se demandant à quand remontait son dernier repas. Il se blâma intérieurement. À ne pas prendre davantage soin de lui, son corps manquait de l'énergie dont il avait besoin. C'était une lutte incessante entre le temps perdu et l'énergie nécessaire pour continuer.
La boîte sous le bras, il sortit du laboratoire et laissa ses pieds le traîner vers l'origine des piaillements agaçants des autres élèves en se demandant ce qu'il y avait maintenant. L'esprit d'Essë'Aellun ne l'impactait absolument pas. Il n'avait donc pas désiré suivre les autres à Boraür, ni profiter de ses journées libres pour revenir voir les Dogma. Pas particulièrement attaché à sa famille, il ne tenait pas à dépenser du temps et de l'énergie à se déplacer jusqu'à Amestris. Il s'approcha, posa la boîte d'un côté et scruta les volatiles s'ébaudir dans l'arbre sous les yeux émerveillés des élèves. Impassible, Eutropius se demanda s'il pouvait créer quelque chose qui tuerait mystérieusement les oiseaux un par un. Il sursauta soudain en sentant une main recouvrir la sienne. Sourcils froncés, il tourna la tête brusquement et retira sa main en même temps qu'elle faisait de même. Il la détailla un instant, lui trouvant un air vaguement familier sans réussir à mettre de nom sur ses traits. Ce n'était pas important, elle ne l'intéressait pas. Sauf si... Douce était partie rejoindre sa famille pour les vacances, et il avait besoin de se détendre un peu. Cette fille avait l'air quelconque, oubliable, ce qui la rendait parfaite. « Il n'y a pas grand monde maintenant que presque tout le monde est parti. L'école paraît trop grande, déserte. » Il laissa son regard suivre les descentes en piqué des rouges-gorges et revint sur elle. « Je suis souvent au département des sciences, ou à la bibliothèque, si tu te sens seule. » Il espérait qu'elle n'était pas bavarde, même si, une fois droguée, elle parlerait beaucoup moins. « J'ai assez pris l'air. J'y retourne. À plus tard, peut-être. » Eutropius quitta le balcon et abandonna la boîte de sablés sur un banc dans le couloir.
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C'est un virus qu'il a lui-même tenté de reproduire donc ça peut fonctionner ou non, je laisse celui qui trouve la boîte décider s'il veut jouer ça ou non. Les effets du virus sont ceux de la tuberculose : toux (avec du sang dans les cas graves), douleurs thoraciques, détresse respiratoire, poussées de fièvre, manque d'appétit, perte de poids et sueurs nocturnes. Amusez-vous bien. Si ça vous tente, on peut jouer une propagation du virus pour ceux restés à Basphel en disant que c'est contagieux 8D
Orphée Dasgrim ~ Orisha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 113 ◈ YinYanisé(e) le : 11/03/2023◈ Activité : Voyager avec les Enfants de Yanna
Avec véhémence, Lazare froissa la lettre de ses parents et la jeta dans la poubelle du dortoir. « Bande de gros débiles. Putain. » Il croisa les bras, avant de les défaire pour donner un coup de poing dans un matelas. Ça le saoulait. Peu calmé, il s’approcha de son bureau et balaya son contenu d’un geste violent ; les livres, les cahiers et les plumes s’éclatèrent au sol dans un fracas étouffé. Le Magicien enfouit ses doigts dans ses cheveux et resserra ses phalanges autour des mèches, comme s’il s’apprêtait à les arracher. Ses mains tremblaient de colère. Après avoir reçu un premier refus de la part de ses parents, il les avait priés de le laisser aller à Boraür dans une lettre soigneusement rédigée, en y étalant les efforts qu’il prétendait avoir faits. La réponse avait été aussi ferme que la première fois, en plus d’enfoncer le clou : non seulement, l’interdit de se rendre sur l’île avec une bonne partie de l’école avait été réécrit noir sur blanc, mais en plus, son père avait pris le soin de souligner que sa version des faits occultait une grande partie de la vérité – les remontrances du personnel, les avertissements, l’insolence, les heures de colle, dont celle qu’il avait récemment refusé de faire parce que Susannah, punie avec lui, ne s’y était pas présentée. « Putain ça me gave ! » D’un pas assiégé par l’ire, l’élève sortit en trombe dans le couloir, avec en tête l’idée d’aller frapper des sacs dans la salle de boxe.
Dans les corridors de l’école, il se faufila comme il le put entre les étudiants rendus extatiques par la période d’Ësse’Aëllun. Ils étaient tous pareils. Lui n’avait pas vraiment hâte. Rentrer chez lui l’enthousiasmait assez, parce qu’il ferait en sorte d’avoir le temps de voir ses amis – et de ne jamais remettre les pieds ici –, mais l’idée de passer des heures à table à écouter les conversations à mourir d’ennui des gens de sa famille lui donnait envie de s’enfoncer une épée dans le cœur. Un garçon plus haut et plus large que lui le bouscula. « Eh, putain ! Connard ! Fais attention ! » s’écria-t-il, sa voix couverte par la musique d’ambiance qui résonnait entre les murs pâles – et par l’indifférence flagrante du type. Les poings serrés, il s’apprêtait à se jeter sur son dos lorsque ses iris rencontrèrent une boîte de gâteaux aux couleurs des événements. Aussitôt, il pensa à la fille aussi gourmande qu’elle était peu fiable. Il attrapa le coffret d’un geste rageur et se tourna vers la première silhouette venue. « Eh, toi ! » Il lui colla les sablés entre les mains, sans véritablement faire attention à qui il s’adressait. Ils l’énervaient tous et, à cet instant, il avait juste envie de tous les buter. « Trouve Susannah, rends-lui ça, et dis-lui qu’elle a intérêt à se pointer à notre heure de colle, parce que je prendrai pas pour sa gueule une deuxième fois. Et que j’espère qu’elle est en forme pour mettre un peu d’animation. » Il redressa le menton, puis repartit d’une démarche décidée, en lançant : « Et si tu tombes sur Muscarine entre temps, cours ! » Puisque ses parents ne semblaient pas décider à lui lâcher la bride, il la leur arracherait des mains. Elle leur brûlerait tant les paumes qu’ils regretteraient de n’avoir pas cédé avant.
Message unique – 566 mots
Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 430 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
« C'est ce qu'il a dit ? » « Mot pour mot. » confirma l'élève sur un ton d'excuse. « Il avait l'air vraiment mécontent. » Cela fit brièvement sourire la Sirène. « Qu'est-ce que ça peut me faire ? » « Tu vas encore sauter la colle ? » ne put-il s'empêcher de lui demander, hésitant entre l'admiration et la réprobation. « J'aimerais bien. » maugréa-t-elle. La convocation d'un enseignant le lendemain pour la sermonner avait été un moment très déplaisant à vivre et on lui avait fait comprendre qu'il valait mieux ne pas jouer avec le feu plus longtemps si elle ne voulait pas être renvoyée quelques jours. On l'avait déjà temporairement exclue de l'équipe de Puffball après s'en être pris à Titouan. Les punitions s'accumulaient mais elle ne regrettait rien. Le Lyrienn avait mérité chaque coup, et elle avait mille fois préféré manger des sucettes avec Johannês que ranger les décors du labyrinthe pour l'AAAP avec Lazare. « Il a dit pourquoi il me donnait ça ? » « Simplement de te le rendre. C'est pas à toi ? » « Maintenant, ça l'est. » Elle se demanda si le Magicien essayait de lui faire passer un message en lui offrant de façon biaisée des gâteaux. Ça l'amusait. Elle lui poserait la question, sa réaction promettait d'être divertissante. Elle se souvenait encore son expression outragée dans le labyrinthe. Idiot de Gælyan.
L'élève jeta un coup d'oeil à sa montre. « Je dois y aller. » Susannah ne répondit pas, occupée à ouvrir la boîte et il partit en haussant les épaules. Une odeur de cannelle et d'orange l'enveloppa quand elle souleva le couvercle et l'eau lui monta à la bouche. Elle prit un sablé et croqua dedans. Ce n'était pas mauvais, mais son entraîneur lui avait recommandé de diminuer sa consommation d'aliments sucrés si elle voulait avoir de meilleures performances sur le terrain. Sa mine se renfrogna. Passer Essë'Aellun à Basphel devenait lentement mais sûrement un cauchemar. Johannês était parti à Boraür, Lana aussi, et elle était toute seule dans l'école devenue presque déserte, à essuyer des heures de colle et à s'occuper en rattrapant le retard pris dans ses devoirs. Et pour couronner le tout, elle devait désormais surveiller son régime alimentaire. Au moins, elle avait trouvé de la lecture plus intéressante que les traités commerciaux raciaux qui avaient changé le monde lors de la dernière ère. Elle ne l'avait pas encore ouvert mais la suite du conte de Lieugro attendait d'être ouvert sur la table où elle s'était installée pour étudier. Ses yeux se baissèrent sur les sablés. Elle ne pouvait pas les manger, et n'avait personne à qui les offrir. Elle se leva et alla ouvrir la fenêtre. Le froid piquant la fit frissonner mais elle se pencha. En bas, des silhouettes sillonnaient dans la neige. Avec une expression vaguement ennuyée, Susannah piocha dans la boîte et se mit à lancer au hasard les sablés sur les élèves en contrebas.
509 mots
Merci Jil :
Jasmin & César ~ Eversha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 25 ◈ YinYanisé(e) le : 20/10/2023
Jasmin ricana en chœur avec le groupe de garçons qui l’entouraient, donnant l’illusion qu’il s’intégrait à leur clan. En réalité, il n’avait pas entendu la blague qui avait fait naître l’hilarité entre les adolescents. Sa synchronisation n'était due qu'au hasard. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il avait cessé de les écouter parler. Il n’avait conscience ni des moqueries, ni des insultes. Son regard s’était braqué sur les silhouettes qui s’étaient agglutinées dans la cour afin de pouvoir admirer les décorations d’Essë’Aellun autour de l’arbre. L’un des anonymes de l’écoles avait glissé et s’était retrouvé tête la première dans la neige. Cette vision l’avait amusé, et il avait laissé un sifflement narquois lui échapper.
« Et toi Halloy, pourquoi t’es là ? » Le rouquin tourna brusquement la tête vers celui qui s’était adressé à lui. « Tu suis encore Lazare ? T’es sûr que t’es pas un clébard, plutôt qu’un chat ? » La taquinerie ne chamboula aucunement l’Eversha. Il toisa son interlocuteur avec un air hautin, le détaillant de haut en bas, lentement. Qu’il était con celui-là, pour se méprendre sur la race suprême à laquelle il appartenait. Décidément, ces humains n’étaient pas les plus brillants des esclaves. Peut-être devrait-il changer. Sans prendre la peine de répondre, le félin haussa les épaules détourna à nouveau le regard. En parlant de son frère, peut-être qu’il ferait mieux de le rejoindre et – « Eh, le matou, j’te cause. »
Le Maine Coon sauta pour se jucher sur ses deux jambes. Les éclats de voix l’avaient de nouveau distrait. Cette fois-ci, son regard s’était accroché aux oiseaux volant autour du sapin. Ses pupilles s’étaient soudainement dilatées. Il se lécha les babines, puis se pencha progressivement en avant. Là, il se mit à agiter ses fesses – ou plutôt, à échauffer ses jambes pour préparer le bond qui ne tarderait pas à arriver, mais un spectateur extérieur aurait surtout eu l’impression qu’il se dandinait l’arrière-train. Puis, alors qu’une nuée de rougegorges s’approchait de sa position, le garçon-chat s’élança à leur poursuite. Il avait l’impression de bénéficier de la même agilité que sous sa forme d’origine, sa souplesse et sa vitesse également. Il n’en était rien. Il était lent, pataud et pour arranger le tout, la neige lui rentra dans les souliers. Aussi, lorsqu’il s’essaya à un saut, bras tendus en l’air et griffes dehors pour essayer d’attraper un piaf au vol, il se retrouva surpris de sentir son corps valdinguer dans une direction qu’il n’avait pas du tout prédit. Sans comprendre ce qu’il lui arrivait, il chutait, inévitablement, jusqu’à atterrir à ventre plat sur le sol. La poudreuse se montra intransigeante, et glaça son ventre, qui s’était découvert sous l’effet de ses cabrioles, déclenchant une violente succession de frissons. Pour couronner le tout, un sablé lui tomba sur la tête. Il avait beau porter un bonnet, qui plaquait son épaisse tignasse contre son cou, il sentit l’impact. Furieux de cette attaque – ou peut-être de son échec à attraper sa proie – il s’empara du biscuit et se redressa aussi promptement qu’il le pu. « QUI A FAIT CA ! » rugit-il férocement. Il aperçut un élève avec un gâteau similaire à l’arme qui l’avait touché. Sans réfléchir, il visa, tira, puis se rua sur le trublion.
537 mots
Ssyi'hæ ~ Eversha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 64 ◈ YinYanisé(e) le : 21/08/2023
« AAAAATCHOUM ! » Un frisson secoua l'échine du Démon. Il renifla bruyamment. À force d'oublier de se couvrir en sortant, le froid lui donnait une leçon en gorgeant ses orifices nasaux d'une mélasse épaisse qui le faisait ronfler la nuit. Il aurait pu aller prendre quelque chose pour se soigner mais, souvent distrait, il finissait par oublier d'aller à l'infirmerie même quand il en avait l'intention. Comme il n'y avait pas cours, Jezeṃiās ne portait pas l'uniforme, qu'il n'aimait pas beaucoup, et avait plutôt enfilé un pull d'une chaleur très théorique. À Liluvel, il était rare pour les orphelins de porter des vêtements neufs et de qualité, et l'adolescent n'était pas très soigneux de ses affaires ce qui n'arrangeait rien. En Enfer, il était de toute façon compliqué de garder ses frusques intactes. Ce pull, vétéran à plus d'un titre, avait connu plus d'une volée d'excréments, plus encore de sang et les griffes d'un animal qui avait jugé ne pas être nourri assez vite l'avaient émaillé de nombreux trous.
Ainsi armé pour affronter l'extérieur, Jezeṃiās fit de petits sauts en l'air pour se réchauffer. L'école n'était pas très active depuis que la majorité s'était rendue à Boraür ou chez eux pour les vacances, et il s'ennuyait. Son ami Faust n'était pas là, et il ne connaissait pas encore bien les autres. Il s'était donc décidé à élargir le champ de ses connaissances en sympathisant avec les laissés pour compte comme lui. Tout en frottant ses paumes l'une contre l'autre, le Démon observa le curieux manège d'un rouquin. Est-ce qu'il s'exerçait à une chorégraphie pour une danse, objectivement ridicule ? Il rit en le voyant se tortiller, puis s'élancer en avant tel un crapaud maladroit.
Un objet volant non identifié heurta soudain le sommet de sa tête avec un bruit sec. Surpris, il y porta la main et trouva dans le nid de ses cheveux emmêlés un biscuit. Il n'eut pas le temps de lever le nez pour chercher l'initiateur de cette attaque que le danseur, lui aussi victime de l'attentat pâtissier, l'interpellait avec une hostilité qui lui fit hausser les sourcils. « Euh... » Avant d'avoir pu démentir l'accusation, Jezeṃiās se prit un second biscuit sur le torse. « Hé ! » Ses poings se serrèrent et ses pieds se plantèrent dans la neige pour se préparer à l'impact. Il n'allait certainement pas fuir, il adorait se bagarrer, et il en avait l'habitude, que ce soit à Liluvel ou en Enfer. Dès que l'assaillant fut assez proche, il lança sa main en avant pour saisir par derrière la touffe rousse qui dépassait du bonnet et tira brusquement pour le déséquilibrer. « Couché ! » rigola-t-il, puis, comme il n'était finalement pas assez fort pour parvenir à ses fins, il envoya son talon s'écraser dans l'estomac de son adversaire. Il voulut s'asseoir sur le rouquin pour le terminer mais celui-ci prit la fuite prestement. Déçu, le Démon se gratta le cuir chevelu et fut secoué d'un nouvel éternuement. Cette fois, il eut la bouche et le menton couvert de matière collante et il tâcha de s'essuyer comme il put avec le dos de la main. Avisant un autre élève, il s'approcha et tira sur son écharpe. « Tu veux pas me filer ton écharpe ? »
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C'est vu avec Jasmin pour le fait qu'il prenne la fuite pendant leur bagarre.
Mazda & Lucas ~ Eversha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 13 ◈ YinYanisé(e) le : 20/10/2023
La tête rentrée dans ses épaules, un gros livre fermement calé entre ses avant-bras devant elle, Mazda marchait vite. Son souffle formait une buée épaisse qui, si elle pouvait en amuser certains, ne présageait rien de bon selon elle. Un frisson descendit tout le long de sa colonne vertébrale. Il faisait trop froid et elle craignait que l’humidité de la neige ne s’immisçât dans ses chaussures. Ainsi n’empruntait-elle que les chemins couverts et les sentiers tracés par le passage d’autres étudiants avant elle, afin de rentrer à son dortoir. Elle s’imaginait déjà ouvrir la porte avec hâte et pénétrer dans la chaleur, se débarrasser de son manteau et de toutes ces couches de vêtements qui l’engonçaient, s’ébrouer et filer tout droit vers son lit, sous sa couette, pour entamer sa nouvelle lecture.
Lorsqu’on lui avait proposé de partir en voyage scolaire sur Boraür, avec la bénédiction de leurs parents, Blu et Lupio avaient accepté avec un plaisir non dissimulé. Mazda, quant à elle, avait refusé, causant l’incompréhension de plus d’une personne. On disait que l’île était fabuleuse, qu’elle donnait la joie de vivre et que tous ceux qui s’y rendaient rentraient chez eux avec le sourire. Mazda ne trouvait aucun intérêt à tout cela. Elle préférait largement rester chez elle, emmitouflée dans ce confort qu’elle avait pris du temps à trouver, et profiter de son dortoir quasi-désert depuis le départ des plus chanceux. Spéculer sur tant d’apaisement suffisait à couvrir son cœur de guimauve.
Un objet non identifié vola jusqu’à ses pieds. De peur, Mazda fit un bond sur le côté, regardant avec horreur le biscuit qui avait failli l’atteindre. Elle leva les yeux vers la cour enneigée, puis vers le ciel. Des gâteaux tombaient du ciel et une agitation avait gagné les étudiants qui se trouvaient aux alentours, ce qui ne manqua pas de faire monter son rythme cardiaque. Elle aperçut Jasmin effectuer une acrobatie aléatoire avec une incompréhension quasi-totale, puis le garçon qui s’en prit à lui. L’adolescente enfonça davantage son nez dans son écharpe en émettant une sorte de couinement grondant. Il était l’heure de filer. Mazda ne voulait rien avoir à faire avec tout ça.
Une tension dans son cou l’incita à s’arrêter. Si elle avait été dans l’un des parcs de l’école, elle avait pensé que le tissu de son écharpe s’était accroché à un buisson. Mais l’effroi la prit aussitôt quand elle comprit que ce qui avait coupé son élan fluide était un être humain. Avec une lenteur blafarde, elle se tourna vers l’individu, celui-là même qui avait tiré les cheveux de son voisin de lit. Les globes qui lui servaient d’yeux détaillèrent l’énergumène. Malgré le froid, l’odeur ne trompait pas : malpropre, les cheveux gras, c’était à croire que ce garçon ne s’était jamais léché de toute sa vie. Une boule nauséeuse se condensa au fond de sa gorge à la vue du liquide visqueux qui décorait son visage mal essuyé.
-... Non. Chevrota-t-elle, s’aplatissant encore.
Elle reprit une inspiration. Ses yeux larmoyaient à cause du froid et elle était tellement nerveuse qu’une seule syllabe était parvenue à l’essouffler.
-Lâche-m…
Prise d’une panique soudaine, elle se soustrayait au contact du Démon et prit la fuite, retournant à l’intérieur sans se soucier des étudiants qu’elle bousculait et qui déambulaient en sens inverse.
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Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2458 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Sur le chemin du stade — parce que même avec ce temps glacial et une partie de l'équipe manquante, Élisa avait trouvé bon de continuer les entraînements —, le regard rivé sur le manteau blanc qui tapissait le sol de la cour, Melissandre pensa à la chaleur d'Utopia. Elle n'aimait pas la neige. C'était froid. Ça s'immiscait partout dans les vêtements. Elle imprégnait les tissus au moindre contact et gelait la peau. Le seul moyen d'en faire disparaître le souvenir était de se déshabiller et se mettre prêt d'un feu. « Je devrais m'ajouter d'autres flocons. ». L'albinos se tourna sur sa clone. « À côté de celui que j'ai dans la nuque. » précisa-t-elle en plaçant l'index sur ledit tatouage. « Peut-être je vais en faire tout le long de la colonne vertébrale même. Ça donnera l'impression que ça tombe sur le sapin. ». Sapin verdoyant de vives couleurs imprimé au niveau de son sacrum. « T'en penses quoi ? » - « Comme tu veux. Aux dernières nouvelles, tu disposes librement de ton corps sans dépendre des autres. » - « Jusqu'à ce que quelqu'un l'enchaîne. » - « Comme une chienne. ». Melissandre s'empressa d'engager un nouveau sujet de conversation avant qu'elles n'envahissent son esprit de pensées qu'elle savait lui seraient déplaisantes. « Ce que tu crois. » - « Dis, c'est vrai ce qu'on raconte ? » - « Je sais pas ? C'est quoi qu'on raconte ? » - « Que tu sortirais avec Zeryel. ». Ça ne lui paraissait pas si improbable que ça en réalité. Maya lui avait raconté qu'ils avaient été mis en duo lors des speed-dating, puis qu'ils s'étaient à nouveau trouvés ensemble lors de l'épreuve du labyrinthe de la soirée pyjama. Il était un joueur de Puffball, elle était puff-puff gueurle. « C'est vrai que tu voles les sous-vêtements de tes colocataires ? » répliqua la jumelle, rieuse, connaissant déjà la réponse de sa sœur et offrant à Melissandre celle qu'elle attendait. « Sûrement pas ceux de Musc– Hé ! » interrompit-elle sa phrase pour héler la brune l'ayant bousculée sans même s'excuser, passant du dégoût à l'agacement. Une seconde s'écoula avant que Maya ne reprenne la parole. « Je sais pas ce qu'il lui est arrivé, mais ça a l'air de l'avoir perturbée en tout cas. » - « Et ça lui donne le droit de foncer dans les gens comme ça du coup ? ». Maya sourit de l'agacement de son modèle. « Il faudra un jour travailler sur ta susceptibilité. » - « C'est pas qu'une question de susceptibilité... » se renfrogna l'albinos. « Quoiqu'il en soit ça explique ce bouquin qu'on m'a offert ce que tu me dis. » reprit Maya pour détourner la conversation de cette fille. « Un bouquin ? » - « Comment sortir avec un être magique quand on est un Humain ? ». Melissandre papillona des yeux. C'était quoi encore ça ? « Et alors ? C'est intéressant ? » - « C'est surtout bourré de préjugés. C'est pas le genre de truc à lire au premier degré. ». Puis elle sourit. « Le pauvre. Tu te souviens ? Pour le Secret Ësse'Ællun, c'est à lui que j'ai dû faire un cadeau. Ça va pas aider à faire taire la rumeur si ça se sait. » - « Je pourrais te prêter mon cadeau d'Ësse'Ællun pour t'aider à le séduire si tu veux. » rit à son tour Melissandre. Devant le regard interrogateur de Maya, elle révéla ce dont il s'agissait. « Un ensemble de sous-vêtements. » - « Ah ? De quel genre ? » - « Du genre de ceux que porte Nel. » - « Tiens donc ? Ma sœur a-t-elle un admirateur ? » s'amusa la clone. « Ou un pervers. Les mensurations sont plutôt bien ajustée. » grimaça la concernée. « Ou Nel elle-même. » - « Ou Nel elle-même, oui. ». Elle irait lui demander. Sinon, elle allait investiguer. Et s'il s'agissait réellement d'un pervers... « Il servira de mannequin pour le prochain cours de criminologie. ».
Les doigts à l’abri d’épaisses moufles en laine de Wëltpuff, Phèdre plongea ses mains dans la neige pour en réaliser une boule bien compacte. À côté d’elle, Iphigénie, habillée exactement de la même façon, opérait similairement. Cachées derrière des buissons, elles s’amusaient à bombarder les passants. Dès qu’un regard se tournait vers leur base de tir, elles rabattaient leurs capuches sur leurs têtes blondes et partaient en courant dans le petit bosquet d’arbres qui jouxtait la zone de leurs méfaits, le cœur battant, les joues rouges et le cerveau bouffi d’adrénaline. Elles reprenaient rapidement leur position, après s’être assurées que personne ne leur tomberait dessus. C’était jour d’entraînement, aussi les victimes ne manquaient pas : Puff-Puff Gueurles, Puff-Puff Boïses, joueurs de Puffballs, capitaines, entraîneurs… Un joyeux cortège défilait depuis le début de la matinée. Ayant réussi à fausser compagnie au domestique que leurs parents avaient envoyé pour les faire surveiller à Basphel, les jumelles avaient aussitôt trouvé refuge dans cet endroit quelque peu excentré des couloirs de l’école, où le pion ne manquerait pas de les chercher.
« Pssst, Phèdre. » Iphigénie lui donna un léger coup de coude. À quatorze heures, deux silhouettes cheminaient. Loin de connaître tous les élèves de Basphel, elles ignoraient qui étaient Mélissandre et Maya. Les deux têtes blondes se redressèrent et se penchèrent au-dessus de leur buisson, interloquées. Leurs deux frimousses affichaient une expression semblable, entre l’agacement et la jalousie. « Ce sont des jumelles ! » Fières de leur sororité particulière, elles s’enorgueillissaient d’être rares, spéciales, uniques dans leur duo, et supportaient mal de côtoyer d’autres âmes gémellées. À Basphel, elles n’étaient pas les seules. Les plus connus étaient sans doute Adriæn et Lana, mais puisqu’il s’agissait d’un garçon et d’une fille, ça ne comptait pas vraiment. Ils étaient aussi des Ondins, ce qui ne comptait pas vraiment non plus. Les poissons n’avaient leur place que dans des assiettes.
Après un court conciliabule, les deux Borgia sortirent de leur cachette et entreprirent de contourner la paire de filles pour se glisser dans leur dos, prêtes pour un nouveau méfait. Mains derrière elles, elles essayaient d’avoir l’air d’avancer tranquillement, mais leurs regards pétillants de malice en disaient long. Pourtant, à mesure qu’elles s’approchèrent, l’éclat de leurs rétines se ternit. L’une comme l’autre se sentirent vaseuses, puis nauséeuses. « Je crois qu’elles nous ont repérées… » chuchota Phèdre à l’intention de sa sœur. « Oui… j’ai l’impression qu’elles… » Iphigénie plaqua une moufle sur sa bouche pour contenir un rot malvenu. « Qu’elles nous ont lancé un sort. » Sa jumelle eut à peine le temps d’acquiescer qu’elle rendit brutalement son petit-déjeuner sur le froid manteau de neige. Sa double la suivit immédiatement dans la manœuvre. La honte colora aussitôt leurs joues, et du même coup, la noirceur de la vengeance mordit leurs esprits.
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Stanislav Dementiæ ~ Sorcier ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1372 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique. ◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Mar 27 Fév 2024, 08:20
Image par Pauline Voss.
Portrait de Basphel Pindépine
Pindépine avait décidé d’adopter un insecte de compagnie. L’idée lui avait pris comme ça : elle en avait eu marre de parler au vieux mannequin fait de noisettes, de branches et de feuilles qu’elle s’était fabriqué pour discuter de ses projets de romans. Bien sûr, cet épouvantail miniature lui avait bien servi. En lui parlant, cela lui avait permis d’y voir parfois plus clair dans ses propres idées, de faire parfois le tri dans ce qu’elle devait garder ou oublier, et savoir quand une idée avait encore besoin d’être peaufinée. Le problème, c’était que cette silhouette inanimée n’avait pas beaucoup de répondant, et la petite Fae en avait assez de ses monologues. Elle ressentait le besoin d’échanger avec un partenaire vivant.
Les élèves de Basphel auraient pu être une bonne idée mais ils ne lui prêtaient pas beaucoup d’attention – pour ne pas dire aucune – et l’autrice était encore un peu trop timide pour s’imposer à eux. Le compromis avait donc été l’insecte. Pindépine ne se montrerait pas trop compliquée. Elle espérait attirer une araignée, ou peut-être une chenille. Elle se contenterait cependant d’une abeille solitaire ou d’une punaise, elle serait reconnaissante du moment qu’elle n’attirait pas un moustique ou un papillon – elle avait du mal avec les deuxièmes depuis un incident de vol qui avait terminé en joute verbale.
La miniature avait tout préparé, dans le tiroir qu’elle avait aménagé. Elle avait entassé des touffes de poils qu’elle avait recouvert d’une feuille verte et tendre pour faire office de lit. Ne restait plus qu’à faire savoir aux intéressés qu’une place était libre à ses côtés. Pour régler ce problème, Pindépine avait entrepris de tracer un chemin de délicieuses miettes, comme dans son second conte préféré – une histoire avec une forêt de gourmandises et un chemin succulent conduisant à la maison d’une sorcière. Elle avait méticuleusement placé les miettes trouvées dans les chambres d’une Déchue de la Gourmandise et d’une Sorcière un peu gorette, depuis la salle du club d’écriture jusqu’à la cour. Ça lui avait pris plusieurs jours, mais elle arrivait enfin au but, la sortie se rapprochant de plus en plus !
Pindépine se mit à agiter ses petites ailes translucides, ce qui lui permit de léviter à quelques centimètres du sol. Elle gagna l’extérieur, où la vague de froid la fit frissonner. Elle savait qu’un écureuil avait enfoui sa réserve de noix non loin, et avait décidé d’aller lui emprunter quelques graines.
La violette tourna la tête et hoqueta de surprise. Sans comprendre ce qu’il lui arrivait, elle voyait double ! Deux silhouettes – enfin non, plutôt quatre – se faisaient face. Pindépine papillonna des yeux, malgré son animosité envers ces insectes colorés, pour essayer de retrouver une vue normale. A la place, elle observa, médusée, les deux figures blondes se pencher pour rendre leur petite déjeuner. Elle-même ne tarda pas à être gagnée par une violente nausée. Haletant sous l’effet du malaise, la pauvrette essaya de s’appuyer contre le mur derrière elle – sa main glissa sur le givre et, au lieu de trouver un appui stable, la Sylkel se cogna la tête. A moitié assommée, l’autrice se laissa glisser à terre dans un gémissement piteux.
« Les rouges-gorges sont arrivéééésss ! » La voix sortit Éris de son livre. Elle releva la tête et fixa les alentours. La bibliothèque, normalement silencieuse, était animée depuis qu’elle y avait mis les pieds le matin même. De nombreux étudiants étaient partis à Boraür, ainsi que la majorité du personnel éducatif. Les cours avaient été remplacés par différents ateliers et tout le monde semblait de bonne humeur, sauf quelques indécrottables ronchons. « Trop bien ! J’ai toujours voulu les voir ! » s’égaya un autre élève. « Viens, on y va ! Ils sont trop mignons ! Si c’est comme la dernière fois, ils sont des milliers ! » Éris regarda à droite et à gauche. Toutes les silhouettes s’activaient. Bientôt, si elle restait là, elle serait seule. Ses yeux se posèrent sur la silhouette dessinée de Cyrius Windsor sur la page de gauche de son livre. Elle hésita puis, finalement, curieuse, elle referma l’ouvrage, le fourra dans son sac et suivit la masse. Elle se demanda si Muscarine était restée à Basphel ou si elle était actuellement dans la neige de Boraür. On disait qu’il s’agissait d’un endroit magique mais au sein duquel la magie individuelle n’avait pas sa place, un endroit où tout le monde était heureux, au moins un peu. Si elle avait voulu y aller, ses parents lui avait formellement interdit de s’y rendre. Elle aurait aimé avoir la force de désobéir, comme pour le tatouage, mais elle avait renoncé à la dernière minute. Elle se retrouvait donc à Basphel, avec les autres étudiants contraints de rester. Certains étaient là par choix mais ils étaient rares. Les autres étaient punis ou étaient dans son cas. 
Le laboratoire était plongé dans le noir, à l'exception d'une orbe illuminant l'une des paillasses. Voûté au dessus, Eutropius cilla en sentant ses cornées sèches irritées s'embuer de larmes. Il n'avait pas beaucoup dormi ces derniers mois. Ses inscriptions aux clubs de sciences avalaient voracement tout son temps libre et il n'était pas rare que l'aube le trouve debout, encore habillé, plongé dans ses recherches. Une bonne partie de l'école avait quitté les îles suspendues pour se rendre à Boraür et il en profitait pour intensifier le rythme de ses études. Il n'y avait personne pour l'ennuyer, pour essayer de lui parler, pour lui demander pourquoi on ne le voyait jamais participer aux évènements organisés par l'AAAP ou autres, personne. Ou presque. Des exclamations admiratives étouffées parvinrent jusqu'à lui, qu'il ignora. Concentré, il introduisit la seringue dans le dernier sablé. À l'intérieur, un liquide contenait un virus qu'il avait étudié et tenté de reproduire. Il n'était pas sûr s'il avait échoué avec celui-ci. Il avait beau apprendre par coeur la théorie, lire tout ce qu'il existait sur le sujet, sa magie ne lui obéissait pas parfaitement et demander de l'aide à quelqu'un n'était pas envisageable. On risquait de lui interdire l'accès aux clubs de virologie si on le surprenait. Une fois qu'il eut fini, il mit de côté la seringue. Dans une boîte laquée de rouge, il déposa soigneusement les petits gâteaux de différentes formes à l'intérieur puis enleva ses gants de travail. Avec une grimace, il fit craquer son épine dorsale en s'étirant et se frotta ses yeux injectés de sang. À force d'observer les bactéries à travers l'appareil magique permettant de les observer à l'oeil nu, il voyait trouble en revenant au monde réel. Il se massa la nuque en grognant en se demandant à quand remontait son dernier repas. Il se blâma intérieurement. À ne pas prendre davantage soin de lui, son corps manquait de l'énergie dont il avait besoin. C'était une lutte incessante entre le temps perdu et l'énergie nécessaire pour continuer. 
![[Basphenoël] - Portrait de Basphel O5u6](https://zupimages.net/up/23/39/o5u6.jpg)
Avec véhémence, Lazare froissa la lettre de ses parents et la jeta dans la poubelle du dortoir. « Bande de gros débiles. Putain. » Il croisa les bras, avant de les défaire pour donner un coup de poing dans un matelas. Ça le saoulait. Peu calmé, il s’approcha de son bureau et balaya son contenu d’un geste violent ; les livres, les cahiers et les plumes s’éclatèrent au sol dans un fracas étouffé. Le Magicien enfouit ses doigts dans ses cheveux et resserra ses phalanges autour des mèches, comme s’il s’apprêtait à les arracher. Ses mains tremblaient de colère. Après avoir reçu un premier refus de la part de ses parents, il les avait priés de le laisser aller à Boraür dans une lettre soigneusement rédigée, en y étalant les efforts qu’il prétendait avoir faits. La réponse avait été aussi ferme que la première fois, en plus d’enfoncer le clou : non seulement, l’interdit de se rendre sur l’île avec une bonne partie de l’école avait été réécrit noir sur blanc, mais en plus, son père avait pris le soin de souligner que sa version des faits occultait une grande partie de la vérité – les remontrances du personnel, les avertissements, l’insolence, les heures de colle, dont celle qu’il avait récemment refusé de faire parce que Susannah, punie avec lui, ne s’y était pas présentée. « Putain ça me gave ! » D’un pas assiégé par l’ire, l’élève sortit en trombe dans le couloir, avec en tête l’idée d’aller frapper des sacs dans la salle de boxe.
![[Basphenoël] - Portrait de Basphel 7qoc](https://zupimages.net/up/22/45/7qoc.jpg)
![[Basphenoël] - Portrait de Basphel 009](/users/3014/30/04/80/smiles/009.gif)
:![[Basphenoël] - Portrait de Basphel Epuo](https://zupimages.net/up/22/46/epuo.png)
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gotheim pour 
![[Basphenoël] - Portrait de Basphel 3881576816](/users/3014/30/04/80/smiles/3881576816.gif)
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Les doigts à l’abri d’épaisses moufles en laine de Wëltpuff, Phèdre plongea ses mains dans la neige pour en réaliser une boule bien compacte. À côté d’elle, Iphigénie, habillée exactement de la même façon, opérait similairement. Cachées derrière des buissons, elles s’amusaient à bombarder les passants. Dès qu’un regard se tournait vers leur base de tir, elles rabattaient leurs capuches sur leurs têtes blondes et partaient en courant dans le petit bosquet d’arbres qui jouxtait la zone de leurs méfaits, le cœur battant, les joues rouges et le cerveau bouffi d’adrénaline. Elles reprenaient rapidement leur position, après s’être assurées que personne ne leur tomberait dessus. C’était jour d’entraînement, aussi les victimes ne manquaient pas : Puff-Puff Gueurles, Puff-Puff Boïses, joueurs de Puffballs, capitaines, entraîneurs… Un joyeux cortège défilait depuis le début de la matinée. Ayant réussi à fausser compagnie au domestique que leurs parents avaient envoyé pour les faire surveiller à Basphel, les jumelles avaient aussitôt trouvé refuge dans cet endroit quelque peu excentré des couloirs de l’école, où le pion ne manquerait pas de les chercher.
