Lazare ne se résignait pas. Non. Ce n’était pas parce qu’il s’était inscrit à la soirée pyjama que cela voulait dire qu’il acceptait son sort et se conformerait aux désirs de ses parents. Jamais de la vie. Il avait juste décidé de s’investir à sa manière : en créant un maximum de problèmes. Il n’était pas très malin, mais avec un peu de concentration, son imagination pouvait se déployer efficacement pour jouer les trouble-fêtes. C’était la seule et unique raison de sa présence ici. Quand Susannah apparut enfin dans son champ de vision, il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle fût devant lui. « Salut. » Il se redressa et gonfla un peu le torse, pour donner l’illusion qu’elle ne l’impressionnait pas. C’était faux. On la disait redoutable, et quand on la voyait, on ne pouvait pas douter de cette réputation. Il n’avait pas peur, parce qu’il n’avait peur de rien, mais il lui semblait qu’il valait mieux ne pas s’en faire une ennemie – ce qui n’était pas nécessairement aisé, compte tenu de ce qu’on lui avait relaté sur le caractère de la Sirène. Il avait appris qu’elle avait explosé la figure d’un pauvre type – son ex ? – qui avait eu le malheur de dire qu’elle sortait avec Johannês. Le Magicien ignorait si cette rumeur était vraie. On racontait trop de choses, surtout depuis la bagarre qui avait éclaté dans un couloir parce que le Taiji n’avait pas supporté qu’un type traitât Kiara de pute. Et puis dans le fond, il s’en foutait. Il voulait juste mener sa vie comme il l’entendait, loin d’ici, immergé dans sa passion pour les jeux et les grands plaisirs de la vie.
« Parfait, vous allez pouvoir y aller ! Tiens. » fit le membre de l’AAAP, en tendant son kigurumi à Susannah. Comme Lazare repérait la fourrure grise pourvue de deux longues oreilles, il s’esclaffa : « Un lapin ? » Sa spontanéité lui arracha un rire franc. Il avait du mal à imaginer l’Ondine déguisée en petit rongeur adorable. Elle paraissait plus taillée pour incarner un gorille. « On va faire une sacrée équipe, tiens. Toi en lapin et moi en cheval. Je t’aurais bien proposé une leçon d’équitation, mais bon… » Il sourit, ravalant le reste des sous-entendus qui lui venaient à l’esprit. Ses hormones le travaillaient, mais pas assez pour qu’il eût envie de risquer sa vie. Il n’était même pas certain que devant une fille comme elle, il pût réussir à maintenir une érection. Il aurait sans doute trop peur qu’elle lui croquât la carotte. Le garçon de l’AAAP leur expliqua le reste des règles. Lazare jeta un coup d’œil à la main de Susannah et l’imagina se contracter pour former le poing qui s’était écrasé contre le visage de son ex-petit-ami. Il n’était pas certain de vouloir la tenir entre ses doigts.
Dans le labyrinthe, il entreprit de déplier son kigurumi. L’entrée était décorée de toiles d’araignées, de citrouilles et de chauve-souris, créant une atmosphère lugubre, propice aux frissons. « T’es plutôt comment, dans la vie, toi ? Du genre à suivre les règles ? Parce que je t’avoue que c’est pas vraiment mon objectif. » attaqua-t-il de but en blanc, mais assez bas pour qu’elle fût la seule à l’entendre. « J’aime bien qu’on ne s’ennuie pas. » Et il aimait qu’on le remarquât. Qu’on murmurât sur ses hauts faits. Qu’on s’amusât de ses bêtises. Qu’on glorifiât ses actes de rébellion. « On pourrait prendre une de ces bougies et hum… réchauffer un peu l’ambiance. » Un sourire amusé étira ses lèvres. Toutes ces décorations devaient constituer des combustibles de qualité.
Message I – 605 mots
Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 430 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
« Essaie de ne pas frapper ton partenaire, cette fois. » conclut le garçon de l'AAAP qui venait de lui résumer les règles de l'activité. « Cela dépendra du partenaire que vous m'aurez trouvé. C'était entièrement de votre faute, la dernière fois. » rétorqua la bleue du tac au tac, pas un poil démontée. « Et je suis avec qui, cette fois ? » Si ça ne lui convenait pas, elle tournerait simplement les talons et quitterait les lieux. Il y avait des limites à ce qu'elle pouvait tolérer. « Lazare Halloy ! » « Qui ? Ce n'est pas un de ces sales Démons, au moins ? » « Non. C'est un Magicien. » Le garçon se permit de sourire et Susannah le foudroya du regard. « Je vais finir par rejoindre votre association. C'est assez ahurissant un tel niveau d'incompétence. » articula-t-elle. « Ça ne te va pas ? » « J'ai le choix ? » « Non. Pure curiosité, tu aurais voulu être avec qui, à la place ? » Susannah le considéra froidement puis se détourna sans prendre la peine de répondre. Elle ne pouvait pas toujours répondre avec ses poings chaque fois que quelqu'un l'agaçait, ses mains finiraient en sang en une demi - journée.
« Bonjour. » En plus, il avait les cheveux bleus. Elle se demanda une seconde s'ils avaient fait exprès. Son regard descendit sur le costume et elle palpa les longues et douces oreilles, interdite. « ... » L'éclat de rire à ses côtés lui fit relever vivement la tête. Ce Gælyan devait être suicidaire, ou juste simplet. Son enthousiasme fit remonter un de ses sourcils de quelques millimètres. Elle le regarda mieux, de haut en bas. Oui, maintenant, ça lui revenait, elle l'avait croisé à l'écurie. Elle ne faisait jamais trop attention à son entourage lorsqu'elle y était, principalement parce qu'elle gardait sa vigilance sur Crasse qui essayait de la mordre sitôt qu'elle lâchait le poney des yeux. Elle ne savait toujours pas ce qui la retenait d'achever la bête. « Mmh. Je ne crois pas que tu sois assez robuste pour ça. » lâcha-t-elle, et elle lui rendit un sourire narquois. Il était taillé comme une baguette, facile à casser en deux.
« On n'y voit rien, ici. » Certains avaient peur du noir, ce n'était pas le cas de Susannah. Depuis qu'elle avait ouvert le Conte du Royaume de Lieugro, elle se sentait pousser des ailes, inarrêtable, et ce n'était pas leurs ridicules pièges dans le labyrinthe qui allaient lui faire quoi que ce soit. « Je suis plutôt d'accord. » Et elle en était la première surprise. Peut-être l'AAAP avait-elle vraiment mieux fait son travail cette fois. Elle baissa les yeux sur son kigurumi et un claquement de langue désapprobateur lui échappa. Le premier qui se moquerait récolterait le fruit de son inconscience. Elle commença à se défaire son uniforme et le laissa tomber au sol. « Si tu veux. J'ai bien envie aussi de faire peur aux autres. » Les premiers cris des froussards résonnaient dans le labyrinthe. En sous vêtements, l'élève enfila le costume. Ses doigts rencontrèrent la boule touffue juchée sur son postérieur et une expression meurtrière se peignit sur ses traits. Ils allaient le lui payer. « J'ai bien envie de faire développer aux autres une phobie des lapins. » Elle scruta les environs et repéra une poupée ensanglantée, pendue à l'un des murs. Elle l'arracha de sa corde et se mit à la frotter sur le pelage immaculé. Une fois satisfaite des traînées rougeâtres, elle jeta la poupée au sol et avança sur Lazare, les mains maculées de faux sang. « Bouge pas. » Sans douceur, elle tartina son visage. « Voilà, c'est mieux. Tu ne fais pas trop peur mais heureusement, il fait sombre, ça fera l'affaire. On y va ? » Sur le côté, elle avisa un couteau en bois, lui aussi tâché de sang. Elle s'en empara avec un sourire féroce. « Allons faire crier ces chiens. »
Message I | 659 mots
Merci Jil :
Orphée Dasgrim ~ Orisha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 113 ◈ YinYanisé(e) le : 11/03/2023◈ Activité : Voyager avec les Enfants de Yanna
La bouche sèche, Lazare suivit du regard l’uniforme de Susannah, avant de remonter lentement sur sa silhouette. Il avait déjà vu des filles en maillot de bain à la piscine ou au lac et une fois, aux Palais de Coelya, à l’abri dans un placard, une élève lui avait montré ses seins. Le soutien-gorge qu’elle portait n’avait cependant rien à voir avec la dentelle qui recouvrait la poitrine et les fesses de la Sirène. Un coup de chaud secoua le Magicien, jusqu’à se concentrer entre ses jambes. Rouge écarlate, il ne trouva rien de mieux à faire que de se racler la gorge en papillonnant des yeux, avant de se détourner vivement. Durant quelques secondes, il fixa bêtement le kigurumi qu’il tenait entre ses mains – mais il ne voyait que le corps de la bleue. Peu à peu, il se remit de cette attaque envers sa pudeur et ses hormones, et entreprit d’enfiler le vêtement par-dessus les siens. Il ne se déshabillait pas devant les filles, et il aurait trop mal vécu de lui montrer qu’effectivement, il n’était pas très robuste. Il en profita aussi pour rajuster son pantalon et son caleçon. Il était déguisé en cheval, mais n’avait pas l’intention d’en incarner tous les attributs. « Une phobie des lapins ? » Il détesta le son de sa voix. Malgré lui, elle était mal assurée, encore hantée par le trouble suscité par la vision de Susannah en sous-vêtements. On disait des Sirènes qu’elles avaient le pouvoir d’ensorceler les marins et, bien qu’il n’eût rien d’un matelot, il était quasi certain qu’il était sous l’emprise d’un sortilège.
Il déglutit, puis s’humecta les lèvres, le regard fuyant. Ses yeux tombèrent sur les bougies, et il se rappela soudain de son idée précédente. Il en attrapa une, avant de sentir les mains de la bleue attraper son visage. « Qu’est-ce que t- aïe, mais quelle brute, putain, woh, doucement, mon nez. » Quand elle eut terminé, il se frotta l’appendice désigné. Sacrée délicatesse. « Ouais. » Pour reprendre ses esprits, il se passa une main sur la figure, avant de l’essuyer sur le pyjama. Sa bougie à la main, il tourna sur lui-même pour trouver une arme, comme elle. Il avisa une hache ébréchée, qu’il décrocha du mur. « C’est bon, je suis prêt. » assura-t-il, en jetant la bougie dans un décor de papier et de carton. En voyant les premières flammes se dresser, il sourit. « Va falloir se dépêcher. J’espère que tu cours vite. » Il lui attrapa la main. Un picotement chaleureux parcourut sa peau. L’adrénaline, rien de plus. Rien à voir avec son petit numéro de dénudement. Simplement, semer la pagaille avec quelqu’un d’autre était toujours plus amusant que seul.
Lazare se mit à courir, s’enfonçant dans les entrailles du dédale. Sa partenaire tenait parfaitement le rythme, mieux que lui. Il fut obligé de ralentir, mais tenta de donner l’impression qu’il le faisait pour observer leur environnement. Pas question de perdre la face. Surtout pas devant elle. C’était devenu encore plus important, d’un coup. Des hululements, des cris, des grondements et autres s’amoncelaient à ses oreilles. Dans la pénombre, il sentit une main remonter dans son dos. Il rougit brusquement. « On devrait pas f… » Soudain, alors qu’il sentait un souffle contre sa nuque, il percuta. Ses doigts étaient toujours entrelacés aux siens. Le Magicien sursauta violemment et lâcha l’Ondine pour faire volte-face, les poings serrés sur sa hache mais incapable d’émettre le moindre son.
Message II – 579 mots
Susannah ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 430 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Les décorations prirent feu immédiatement. Ils n'avaient pas le temps de profiter du spectacle, ils ne pouvaient pas rester sur les lieux du crime sans en être accusés. Main dans la main avec son partenaire de bêtise, Susannah prit la tête de la course, ses oreilles de lapin oscillant au dessus de sa tête au rythme de leurs foulées. Parfois, elle se retournait le temps de voir si les flammes les rattrapaient mais elle ne vit qu'une vague lueur orangée, puis plus rien quand ils prirent un couloir, puis un autre jusqu'à perdre complètement la notion d'orientation. Cela lui était égal. C'était les élèves qui l'intéressait, pas la sortie.
« Quoi ? » Elle se retourna alors qu'il lâchait sa main. Sa mâchoire se décrocha. Un loup à silhouette vaguement humanoïde se dressait de tout son haut, debout sur ses pattes arrières. Ses crocs luisaient de bave et ses yeux rouges brillaient comme des rubis en fusion. La bleue évalua leurs chances. Avec leurs armes en pacotille, ils n'en avaient pas. La bête faisait bien deux bonnes têtes de plus qu'eux. Un grognement grave monta du poitrail du loup et Susannah se décida. « Reste pas planté là, stupide Gælyan ! » Elle crocheta le Magicien par sa capuche et le tira en arrière pour le sortir de sa torpeur. Elle se réappropria sa main et le traîna derrière elle pour fuir le monstre. Il lui sembla entendre le son de son galop dans leurs dos, et l'odeur de son haleine, fétide et métallique comme de la charogne, sur sa nuque. Elle accéléra et aussi soudainement qu'il était apparu, l'homme-loup se volatilisa. Le souffle court, elle s'arrêta et rabattit en arrière sa capuche avant de s'éventer. « Cette chose est beaucoup trop chaude ! » râla-t-elle en tirant sur le devant de son kigurumi avant de jeter un coup d'oeil à Lazare. « T'as eu les chocottes ? J'espère que tu ne t'es pas uriné dessus. » sourit-elle. « Le prochain, on le démonte, d'accord ? Vu comme il a disparu, je me demande si ce n'était pas juste une illusion. » Une illusion sacrément bien réussie. Il lui semblait encore sentir la chaleur de sa gueule menacer son dos. « Ça ira ou t'as besoin de courage pour continuer ? Dans les Contes de Fae, la princesse donne un baiser au chevalier. Ça doit fonctionner vu comme c'est récurrent, qu'est-ce que tu en penses ? » Ses lectures de chevet en comprenaient quelques uns et leur mièvrerie lui avait donné envie de vomir, ce qui ne l'avait pas empêchée de continuer à en lire. C'était un petit plaisir coupable. Est-ce que Lazare était un niais nourri à ces fadaises ? On disait que les Magiciens ne lisaient que de ça. Ce n'était pas étonnant qu'ils déraillent tous ensuite. Une lueur vicieuse dans les yeux, la bleue réduisit la distance entre eux. Sa main libre grimpa jusqu'au visage de l'adolescent et se faufila sur sa nuque. Sa bouche s'approcha, ses lèvres entrouvertes, et vira sur le côté avant d'effleurer la sienne. « Même pas en rêve. » souffla-t-elle dans son oreille, avant de le repousser en riant, moqueuse. « Je n'embrasse pas les canassons. »
Son rire résonna dans le dédale un bon moment après. Sa bonne humeur disparut en arrivant à la sortie quand, jubilant d'avoir pu effrayé quelques élèves, ils tombèrent sur un adulte qui les attendait visiblement. Susannah lâcha la main de Lazare et croisa les bras dans une attitude défensive automatique, un air ennuyé peint sur le visage. Le professeur les toisait, et elle remarqua soudain que la moitié de sa moustache avait brûlé et que des fumerolles noirâtres s'échappaient de ses vêtements. Elle dut se mordre l'intérieur de la joue pour retenir une envie de rire. « L'AAAP sera ravie d'apprendre que vous vous êtes portés volontaires pour ranger les décorations et nettoyer les lieux après la fin de l'évènement, mademoiselle Dæloran, monsieur Halloy. » articula-t-il sèchement, et Susannah perdit toute envie de rire.
Message II | 691 mots
Fin ?
Merci Jil :
Stanislav Dementiæ ~ Sorcier ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1372 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique. ◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Pindépine ne quittait pas souvent la salle de lecture où elle avait élu domicile. Pourtant, certaines occasions justifiaient qu’elle quitta sa haute tour de tiroirs. La soirée pyjama était définitivement l’une de ces opportunités à ne pas manquer pour trouver de bonnes inspirations ! A coup sûrs, Pindépine allait revenir de son exploration la tête remplie d’idées, et avec ça, elle écrirait un conte qui rendraient jalouses toutes les autres Faes du continent !
Comme pour lui confirmer cet espoir fou, l’autrice ne tarda pas apercevoir un couple inattendu se former sous ses yeux ébahis. La princesse Zébella, et Primaël le vagabond ! Qu’est ce qu’un esprit révolutionnaire faisait à fricoter avec une dame de la noblesse – même pire ! une femme de sang royal. Le bleu faisait-il des infidélités à Ivanhoë ? Une romance était-elle possible entre ces deux esprits fougueux ? Ça avait de quoi faire couler l’encre, nourrir les passions interdites, raviver l’imagination débordante des lecteurs les moins effarouchés. Une idylle interdite, la trame d’une trahison sentimentale, des complots politiques menés d’en haut et d’en bas à la fois… Tout ça avait de quoi donner naissance à un roman trépident, capable de tenir en haleine ses lecteurs ! Sentant le bout de ses doigts crépiter sous l’envie de saisir une mine et commencer à rédiger sa prochaine épopée, Pindépine n’hésita pas une seule seconde avant de suivre le couple dans le labyrinthe sombre.
Suivant les deux personnages – ou du moins, les muses d’après lesquelles ils avaient été conçus – la Sylkel essaya de s’approcher le plus possible sans attirer l’attention de ceux qu’elle suivait à la trace, telle une abeille suivant l’effluve d’un parfum floral. Elle trouva justement la cachette parfaite, dans un carton du décor. Friande des situations coquines, elle observa avec un mélange d’excitation et d’impatience le changement de tenues. Elle nota la jolie lingerie de la Princesse, là où le joueur n’avait daigner retirer ses vêtements. Ça n’était pas grave : rien n’empêchait la fiction d’embellir la réalité. Sous son encre, le bleu abandonnerait toute pudeur. Le maquillage improvisé du duo évoquait à l’autrice un massacre sanglant : voici donc la preuve qu’un complot se tramait dans les couloirs sombres ! Et à en voir leurs tenues, il y aurait beaucoup de morts, tant que leur sang viendrait les recouvrir ! Pindépine en était certaine, elle avait le flaire pour ce genre de choses, depuis qu’elle avait participé à la rédaction du Conte de Lieugro.
Ce que la violette n’avait pas anticipé, en revanche, c’était que l’incendie se déclarerait juste sous sa cachette. « Non ! Non NON NON ! » essaya-t-elle de dissuader l’adolescent, qui approchait la flamme du décor sous la boîte qu’elle avait utilisé comme point d’observation. Son appel à l’aide fut ignoré, et bientôt, le brasier se déclara. Le cœur battant la chamade, l’espionne prit son envol, faisant basculer sa cachette dans la fournaise. « Flûte ! » pesta-t-elle en réalisant qu’elle n’avait pas suivit ses muses. Hésitante, elle emprunta un couloir au hasard, espérant retomber sur les protagonistes du conte.
Lazare ne se résignait pas. Non. Ce n’était pas parce qu’il s’était inscrit à la soirée pyjama que cela voulait dire qu’il acceptait son sort et se conformerait aux désirs de ses parents. Jamais de la vie. Il avait juste décidé de s’investir à sa manière : en créant un maximum de problèmes. Il n’était pas très malin, mais avec un peu de concentration, son imagination pouvait se déployer efficacement pour jouer les trouble-fêtes. C’était la seule et unique raison de sa présence ici. Quand Susannah apparut enfin dans son champ de vision, il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle fût devant lui. « Salut. » Il se redressa et gonfla un peu le torse, pour donner l’illusion qu’elle ne l’impressionnait pas. C’était faux. On la disait redoutable, et quand on la voyait, on ne pouvait pas douter de cette réputation. Il n’avait pas peur, parce qu’il n’avait peur de rien, mais il lui semblait qu’il valait mieux ne pas s’en faire une ennemie – ce qui n’était pas nécessairement aisé, compte tenu de ce qu’on lui avait relaté sur le caractère de la Sirène. Il avait appris qu’elle avait explosé la figure d’un pauvre type – son ex ? – qui avait eu le malheur de dire qu’elle sortait avec Johannês. Le Magicien ignorait si cette rumeur était vraie. On racontait trop de choses, surtout depuis la bagarre qui avait éclaté dans un couloir parce que le Taiji n’avait pas supporté qu’un type traitât Kiara de pute. Et puis dans le fond, il s’en foutait. Il voulait juste mener sa vie comme il l’entendait, loin d’ici, immergé dans sa passion pour les jeux et les grands plaisirs de la vie.
![[Basphumi] Nul ne rira de notre audace | Susannah Wqgw](https://zupimages.net/up/23/42/wqgw.jpg)
« Essaie de ne pas frapper ton partenaire, cette fois. » conclut le garçon de l'AAAP qui venait de lui résumer les règles de l'activité. « Cela dépendra du partenaire que vous m'aurez trouvé. C'était entièrement de votre faute, la dernière fois. » rétorqua la bleue du tac au tac, pas un poil démontée. « Et je suis avec qui, cette fois ? » Si ça ne lui convenait pas, elle tournerait simplement les talons et quitterait les lieux. Il y avait des limites à ce qu'elle pouvait tolérer. « Lazare Halloy ! » « Qui ? Ce n'est pas un de ces sales Démons, au moins ? » « Non. C'est un Magicien. » Le garçon se permit de sourire et Susannah le foudroya du regard. « Je vais finir par rejoindre votre association. C'est assez ahurissant un tel niveau d'incompétence. » articula-t-elle. « Ça ne te va pas ? » « J'ai le choix ? » « Non. Pure curiosité, tu aurais voulu être avec qui, à la place ? » Susannah le considéra froidement puis se détourna sans prendre la peine de répondre. Elle ne pouvait pas toujours répondre avec ses poings chaque fois que quelqu'un l'agaçait, ses mains finiraient en sang en une demi - journée. ![[Basphumi] Nul ne rira de notre audace | Susannah 7qoc](https://zupimages.net/up/22/45/7qoc.jpg)
![[Basphumi] Nul ne rira de notre audace | Susannah 009](/users/3014/30/04/80/smiles/009.gif)
:![[Basphumi] Nul ne rira de notre audace | Susannah Epuo](https://zupimages.net/up/22/46/epuo.png)
