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 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

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Lyz'Sahale'Erz
Mer 01 Nov 2023, 13:45



Le Roi sadique



J’étais assis autour d’une table que je n’aurais jamais pu oublier. Une impression étrange me serra la poitrine, comme si le fantôme de Montarville était toujours présent parmi nous. Ce n’était cependant pas lui qui parlait, plus lui qui dirigeait. Je pensai brièvement à l’ombre d’Adénaïs que j’avais vue disparaître au-dessus de nous. Je ne l’avais pas suivie. Je ne pouvais pas. Pas maintenant. Je n’étais pas sûr de vouloir m’engager sur ce chemin. Elle était un élément du passé. Je savais que mes émotions étaient réelles mais elles me rendaient aussi instables. J’avais donc demandé à un soldat de s’enquérir de son état. Sa silhouette s’éloignant de moi n’était que l’écho de son comportement général. Parfois, lors de rares accalmies, nous arrivions à être ensemble. La plupart du temps, elle me fuyait. Je chassai son image de mon esprit. Je ne devais pas penser à elle maintenant. Je n’étais pas sûr de survivre. Le futur était trop incertain. Je n’avais rien à lui offrir parce que j’avais promis de tout céder à Zébella d’Uobmab, de la soutenir et de rester à ses côtés tant qu’elle ne me trahirait pas. Je voulais croire en la force de ma parole. Celle-ci avait toujours été vacillante mais je sentais comme un vent de changement. Je fixai mes mains liées. Chacun de mes doigts avaient un jour côtoyé la mort. Celle de Merlin était la plus récente. Elle n’était pas de mon fait mais j’avais contribué à sa chute. Que ferait Judas en l’apprenant ? Une seule de ses actions était-elle prévisible ? Peut-être avait-il laissé ses enfants sur place afin que les tensions explosassent et qu’il pût revenir plus tard, lorsque tous les opposants seraient morts et que les révoltes ne seraient plus que des murmures. Si l’instabilité gagnait la région, que l’économie s’effondrait, que la famine débutait, tous lui mangeraient dans la main. Nous devions redresser la situation à notre avantage. « Je pense que c’est l’une des meilleures stratégies. Assumer vos actes, quels qu’ils soient, vous fera passer pour quelqu’un d’honnête. Que vous soyez bonne ou mauvaise, l’honnêteté reste une valeur appréciée. Quant à votre père, je le connais peu mais s’il vous a laissés tous les deux ici en connaissant les tensions qui vous habitaient, il devait se douter que l’un de vous pourrait périr. » Mon regard se déplaça un instant sur Alembert. Depuis le début de la prise du château, il nous avait suivi sans broncher. Néanmoins, je le tenais à l’œil. « Oui. » Les Reknofed, malgré leur statut de bâtards, n’en restaient pas moins des Uobmab. Leur réputation était synonyme de conquête. Ce n’était pas le seul mais il avait l’avantage de sous-entendre les autres : le chaos, la destruction, les viols, le sang et tous ces mots qui avaient le pouvoir de faire frissonner sans avoir à les vivre. « Nous pourrions tenter de les éloigner un temps… Certains Rois agissent ainsi avec les personnes qu’ils désirent écarter. Ils commencent par les nommer à une fonction prestigieuse afin de flatter leur ego. Puis, avec la fonction, vient le devoir. Ce devoir est souvent le plus loin possible du Royaume. Parfois, il est tellement dangereux qu’ils n’en reviennent jamais. » Je lui souris, d’un air entendu. « Il y a aussi la possibilité de diviser pour mieux régner : faire en sorte que vos opposants soient plus occupés à s’entretuer qu’à tenter de vous déchoir. » Le fait que je pusse parler des stratégies les plus viles de façon libre me plaisait. Régner demandait de valser entre lumière et ombre, que ce fût au nom de la lumière ou au nom de l’ombre. La lumière m’importait aujourd’hui mais je ne pouvais ignorer sa part d’ombre.

Quand elle évoqua Ezidor, je fis un effort pour rester neutre. « Merci. » lui soufflai-je discrètement. Je ne savais pas ce qu’était devenu le médecin entre temps. Je n’avais aucune idée de ce que je ferais une fois qu’il serait devant moi. Mon esprit galopa vers les différentes possibilités alors que la jeune femme s’adressait à Alembert. Il revint se figer autour de la table lorsqu’elle évoqua Garance. « Garance tient à peu de personnes. Son fils en fait partie. Elle se battra pour le récupérer et, malgré la révolte à Narfas, je doute qu’elle soit morte à l’heure actuelle. » Je n’en avais aucune certitude, juste un pressentiment. Nous avions couché dans cette salle. « Je ne préfère pas m’avancer concernant Gustave pour des raisons personnelles. Je ne l’apprécie pas et ai demandé à Ezidor de le tuer la dernière fois que nous nous sommes vus. » Je préférais être honnête parce que lui conseiller de l’être tout en ne l’étant pas moi-même ne me conviendrait pas. Agir ainsi m’aurait fait retomber dans mes travers. « Je pense cependant pouvoir travailler avec lui. Il plaît aux femmes et je le sais bon en communication. Nicodème est spécial mais il a toujours servi Montarville fidèlement. Hermilius… » Je m’arrêtai, hésitai puis tranchai. « S’il ne vous sied pas, inutile que je vous vante de quelconques qualités. » J’acquiesçai à la suite. « J’ai confiance en certains soldats. Si je leur transmets vos ordres, ils obéiront. » Je restai silencieux à la mention d’Adénaïs, le temps de réunir mes idées. « Je pense que nous devrions faire plus que de simplement la renvoyer chez elle. Votre frère n’est pas connu pour sa gentillesse. Nous pourrions nous servir d’elle pour faire comprendre au peuple que vous n’êtes pas comme lui. Avec un élan médiatique et une reconnaissance de sa condition de noble du Royaume, nous pourrions faire passer un message de paix. » J’inspirai. « Le Royaume entier sait ce que vous a fait subir son fils. Celui-ci est mort à présent mais le nom de sa famille entière a été sali par son acte. Je pense que cette femme a assez subi du fait des hommes. » laissai-je échapper pour toute conclusion.

Quelques minutes après, je la regardai. « Je pense que vous devriez vous laver et dormir. Je peux vous accompagner pour vous protéger durant ce temps si vous le désirez. » Je devais également me laver mais je n'étais pas prioritaire. Restait le problème d’Alembert. « Quant à lui, peut-être pourrions-nous faire un test, en lui attribuant une chambre et en le laissant vaquer à ses occupations ? Il a besoin d'un bain également. S’il tente de s’enfuir, nous n’aurons aucun mal à le faire tuer. » Je posai les yeux sur le garçon. « Ta mère t’a élevé dans l’objectif de monter sur le trône, n’est-ce pas ? Je la connais bien. Seulement, il arrive un moment où les attentes des parents deviennent futiles face aux volontés des enfants. Je pense que tu devrais t’absoudre de son ombre et commencer à penser par toi-même et pour toi-même. Ce Royaume a déjà bien assez souffert. Si tu veux te comporter en Roi, commence par avouer la défaite de ta famille et par penser au peuple que tu aurais pu avoir. Nous sommes en train de construire l’avenir… un avenir qui sera bénéfique pour tout le monde. Ne rate pas ta chance d’en faire partie dignement à cause d'un égo mal placé ou des promesses irréalistes qui ont pu t'être faites. »

1168 mots

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mer 01 Nov 2023, 15:31



Le Roi Sadique


J’attrapai ma chemise lorsque mon père entra. Dans ma tête, une scène différente se joua, une scène dans laquelle ma mère aurait pénétré dans la pièce. Elle se serait affolée, aurait eu peur, aurait probablement préféré courir après Yvonelle. Elle aurait rajouté du chaos au chaos, parce qu’elle n’était pas comme lui. Je n’aimais pas mon père parce qu’il était charismatique. Ça en faisait partie, bien sûr, mais il y avait quelque chose en lui qui me rassurait. Je ne l’avais jamais été autant, parce que la force de notre mère avait toujours été toute relative. Elle était trop… pas assez… pas assez autoritaire, pas assez protectrice ou, du moins, pas dans le bon sens. Elle n’était pas une fondation. Elle n’était qu’une toiture qui tentait vainement de résister aux assauts du vent. À y songer, Yvonelle était pareille. Elle subissait, pleurait, criait, fuyait. Je la haïssais. Je la haïssais parce que j’avais l’impression qu’elle me forçait à être violent. En se comportant ainsi, elle n’attirait que le malheur. Je soupirai, chassant les deux femmes de ma tête. J’en avais marre mais la phrase de Gustave ne m’était pas désagréable. Elle n’était pas moralisatrice. Il ne faisait que constater et il avait raison. « Oui. » Je n’en étais pas sûr maintenant qu’il me posait la question. Je sentais sa force dans son propos et, curieusement, j’avais bien plus envie de lui répondre que d’avouer à Yvonelle tout ce qui me passait par la tête. J’avais comme la certitude qu’il ne ploierait pas sous mes aveux, qu’il resterait droit et pourrait trouver une solution. Comme un père. « Hein ? » Ma question était sortie toute seule, marquant mon incompréhension. La suite m’éclaira pourtant. Et toujours, ce même ton qui me rendait tout plus supportable. J’enfilai mon pantalon tout en l’écoutant. Si je faisais confiance à Gustave pour rendre la conversation sensée, cette même confiance s’érodait en ce qui concernait Adénaïs et Yvonelle. Quant à Hermilius, je ne comprenais pas l’intérêt de sa présence. Je fermai les yeux, cherchant en moi de quoi lui répondre sans paraître fébrile. « D’accord. » Sa simple présence avait calmé ma colère et brisé mes résolutions passées. Je me sentais à ma place quand il était là. Tout ce que je portais sur mes épaules s’allégeait. Je n’avais pas envie qu’il partît. « Je vais essayer. » Parce que ce ne serait pas facile. J’en avais marre des pleurs, des plaintes, des cris. J’en avais marre des attentes, des espoirs. Je voulais juste me tenir à côté de quelqu’un qui me proposerait de faire une activité sans devoir évoquer tous les problèmes de l’univers. Je voulais me libérer de ce qui m’étouffait.

Sa dernière phrase me laissa blême. En moi, le barrage que j’avais construit contre tout ce que j’avais enduré jusqu’ici céda petit à petit. Yvonelle ne pouvait pas comprendre. Elle ne pouvait pas recueillir mes aveux parce que notre relation était empreinte d’émotions débordantes. Elle débordait. Ma mère était pareille. Elles ne pouvaient faire abstraction de leur propre personne. Tout revenait toujours à elles, même si elles s’en défendaient. Gustave m’offrait son aide, gratuitement, sans rien attendre. Il était assez solide pour retenir les eaux déferlantes. Et moi, par rapport à lui, j’étais faible. Si faible. Faible et méchant. Si j’aurais préféré être fort à ce moment-là, la pierre présente dans ma poitrine choisit de disparaître, laissant dans mon cœur tout ce qu’elle contenait : la mort de mon frère, la perte de mes amis, le tableau de Déodatus, le statut de prostituée de ma mère, mon mariage décevant avec Yvonelle, mes angoisses par rapport à l’avenir, la découverte tardive de Gustave comme étant mon père, les exigences que je m’infligeais. Le de Tuorp était la meilleure chose qui me fût arrivée jusqu’ici. J’étais vexé que ma femme ne l’appréciât pas. Ce fait me la rendait d’autant plus insupportable. Pourtant, je ne pensais pas à ça. Ma colère s’était fait la malle et, à sa place, une tristesse poignante faisait trembler toutes mes fondations. Il m’avait demandé si j’avais besoin de quoi que ce fût. Oui. J’avais besoin de quelque chose. J’avais besoin d’être rassuré. Je déglutis et sentis les larmes me monter aux yeux. Je serrai mes lèvres, comme pour réfréner les tremblements de mon menton. Finalement, je pivotai et partis à la recherche de Gustave. Quand je le vis, je fonçai jusque dans ses bras. Je pleurais pour de bon, maintenant. « Je veux divorcer. Je… Je ne peux pas la rendre heureuse ! Je ne veux pas tout ça ! Je ne veux pas de famille maintenant. Elle a dit qu’elle était enceinte mais, moi, je veux juste être libre. Je ne sais même pas s'il est de moi ! Je n’y arriverai pas. J’ai envie de la frapper à chaque fois qu’elle pleure tellement elle me pousse à bout… Je vais finir par la tuer ! » Je n’articulai pas le reste. Je ne parlai pas de Déodatus, des amitiés brisées et des autres traumatismes qui avaient ponctué ma vie jusqu’alors. Je voulais juste que tout s’arrêtât.

824 mots
Lucius (Elzibert):

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
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Stanislav Dementiæ
Mer 01 Nov 2023, 15:45


Les portes - Chapitre V
Thessalia

Rôle:
Irène passa les bras autour de sa sœur, dans une étreinte protectrice - ou bien peut-être possessive. Avec amusement, la blanche se demanda à quand remontait la dernière fois que Bélonie avait pu découvrir un visage inconnu. Evidement, la séquestrée avait pu voir les tableaux de collection de sa moitié : chaque pièce avait au moins une représentations de ses idoles. Mais les tableaux n'étaient jamais pareil que de découvrir l'humain fait de chaire et d'os. Lorsque la tortionnaire emmenait sa captive à l'extérieur, elle s'assurait toujours qu'il n'y avait personne aux alentours pour les surprendre dans leurs jeux. Quant aux domestiques, ils avaient pris les repas supplémentaires qu'elle exigeait pour une autre de ses lubies - ils avaient cessé depuis longtemps d'essayer de comprendre ses raisonnements excentriques. Oui, la dernière fois remontait à bien longtemps. Ce choix n'était pas dénué de logique. Il était même loin d'être anodin. L'héritière d'Errazib avait voulut devenir le monde de sa jumelle, son noyaux, sa seule ancre dans tout l'univers. Elle s'était faite sauveuse et bourrelle, avait joué la mère puis l'enfant, elle incarnait le rôle de déesse aussi bien que celui d'amante. Une fois, la sotte avait essayé de s'ôter la vie. Irène était rentrée dans une colère terrible. Heureusement, elle avait pu empêcher que le drame ne tourne à la catastrophe - puis elle s'était vengée, en faisant de cette vie qui n'en était plus vraiment un enfer sans nom. Seule la peur que sa tortionnaire la poursuive éternellement dans la mort avait empêché la victime de réitérer sa tentative.

La jeune femme était très curieuse de découvrir comment se comporterait sa sœur en présence de ces inconnus. Elle fut satisfaite de constater qu'ici encore, elle restait son pilier, la figure inébranlable vers qui venir se réfugier. Irène grimaça lorsque la voix d'Arcange s'éleva pour l'interroger. Elle glissa cependant un regard en direction de la peintre et prit une grande inspiration. Elle ferma les yeux, s'imagina le médecin à la place du briseur de passion. « Je n'avais pas envie que tu me la voles pour t'amuser à l'un de nos jeux... » répondit la d'Errazib en commençant à passer sa main dans la chevelure blanche. « Elle n'est qu'à moi. » affirma-t-elle d'une voix doucereuse. Derrière les niaiseries, il ne fallait pas oublier la jalousie dont savait faire preuve la jeune femme. Cette déclaration était plus une menace qu'autre chose. Elle l'aurait sans doute été autant en la présence du véritable Ezidor, mais le fait qu'elle fut en présence d'un usurpateur rendait sa menace bien plus viscérale. Si l'ours osait poser une griffe sur sa jumelle, Irène se promettait de de lui taillader le visage jusqu'à s'assurer qu'aucune autre donzelle ne daigne poser les yeux sur tant de laideur.

Lorsque le De Xyno manifesta sa présence, l'orpheline sentit son cœur s'envoler, s'emballer dans une pulsation erratique au creux de sa poitrine. Un sourire éclot sur ses lippes, ses yeux se rouvrirent tandis qu'elle se détournait de sa captive pour se concentrer sur le revenant. Elle s'apprêtait déjà à courir jusqu'à lui pour célébrer son retour. Pourtant, son enthousiasme mourus dans un hoquet de surprise, ses yeux écarquillés d'horreur et de dégoût. Ezidor était méconnaissable. Bien sûr, on parvenait à reconnaître ses traits, malgré la fatigue et la fièvre, malgré la brûlure qui lui léchait son oreille et s'étendait jusqu'à une partie de son visage. Mais il avait perdu tout l'éclat charismatique qui avait tenu la folle au respect et à l'adulation. Désormais, il dégageait quelque chose de... faible. Quelque chose de répugnant. Le regard de l'hôte s'était assombri. Elle n'écoutait l'artiste que d'une attention partielle, son esprit trop accaparé par son observation de l'estropié. Sans le réaliser, la poigne de l'autoritaire s'était refermée autour du poignet de sa moitié, ses ongles s'y implantaient progressivement à mesure que son agacement croissait. Pourtant, la martyrisée ne broncha pas : elle savait qu'en dehors des jeux, ses lamentations et ses complaintes ne faisaient qu'aggraver les colères de sa maîtresse.

Il y eut un léger silence, lorsque la Reknofed eut terminé d'exposer son plan. Irène en profita pour s'approcher du brun sans considérer son interprète. C'était à lui directement qu'elle voulait demander des comptes. « Que t'es-t-il arrivé ? » lâcha-t-elle. C'était intolérable. La blanche n'arrivait pas à recoller les morceaux. Son état ne concordait pas avec la vision qu'elle s'était faite de son départ. C'était mieux que de s'être enfui pour retrouver ce chien d'Ukok, mais il n'était très certainement pas parti pour préparer un brasier de passion en son honneur. « Qui t'as rendu si laid ? » Irène posa sa main libre sur son ventre - de l'autre, elle tenait toujours fermement son sosie. « Est ce qu'ils sont tous morts ? » Car il était certain qu'une unique personne ne pouvait être à l'origine d'un tel carnage. « Il faudra te soigner. Ce qui est possible en tout cas. » déclara froidement l'épouse en baissant le regard sur la main amputée. « Je ne veux pas d'une telle loque comme modèle pour notre fils. » lâcha-t-elle sans réfléchir aux implications de ses paroles. Puis elle se tourna vers ses invités. Cette fois-ci, même la présence d'Ange-Lyne ne suffit plus à lui faire dépasser sa répugnance pour son frère. « Je ne veux plus jouer. » fit-elle. « Partez d'ici. Maintenant. » Dans ces conditions, il était hors de question qu'elle laissa quiconque toucher au moindre cheveux de sa sœur. Certainement pas la blonde, dont elle avait bien saisi le sous-entendu. Pourquoi avait-elle obtenu une entrevue avec son mari ? Une vague de haine brûlait désormais les prunelles de la blanche tandis qu'elle regardait l'autre femme.
1012 mots
Au revoir Ezicouic, au revoir Irène.



Merci Kyky  nastae
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Dorian Lang
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Dorian Lang
Mer 01 Nov 2023, 18:17

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 G7pa
Les Portes V - Le Roi sadique
Dorian, dans le rôle d'Ezidor




Rôle:

« ... » Dans le silence, Ezidor accueillit l'explication qui éclaira sous un jour nouveau la scène qu'il venait de surprendre. Une mise en scène pour immortaliser sa fiancée. Il restait des zones d'ombre à ce tableau en la présence du double souffreteux d'Irène mais une des phrases d'Ange-Lyne résonna plus particulièrement que les autres. Il blêmit alors qu'il mesurait ce qu'elle impliquait. Il y avait une témoin à l'agression dont il avait été victime. Elle n'avait rien dû dire, et cela signifiait soit que Noée avait menacé de la tuer si elle intervenait, soit que les deux femmes étaient de mèche. Après ces semaines écoulées sous l'emprise de la prétendue domestique des de Tuorp, le médecin avait examiné beaucoup de théories, et l'une d'entre elles était de savoir si Noée agissait seule, sur les ordres de quelqu'un, ou si elle travaillait en collaboration avec d'autres personnes comme il avait pu le faire avec Childéric. Si les deux femmes se connaissaient, il était possible que Noée soit une espionne à la solde d'Uobmab. La tête pleine de questions sans réponse, Ezidor s'efforça de prêter attention à l'exposition des souhaits de la blonde. Il n'avait jamais beaucoup aimé ces derniers. Ils vivaient sur une autre planète, les pieds sur terre, la tête dans les nuages, débarrassés des lois et des codes auxquels tous se pliaient. Tout son contraire, sauf sur le dernier point.

Son regard se reporta sur Arcange. Il savait qu'il aurait beau y mettre l'entièreté de son imagination, à aucun moment il ne réussirait à se visualiser à sa place, ils étaient trop opposés. Et s'il avait été né ainsi ? Un colosse charismatique dont la présence rayonnait tant qu'il était impossible à ignorer au lieu d'un brun un peu chétif que personne ne remarquait. À quel point cela aurait modifié la vie qu'il menait ? Serait-il toujours ce médecin dont les pratiques impliquaient de droguer de plus ou moins innocentes personnes pour abuser d'elles avant de jeter leurs morceaux aux cochons ? À l'inverse de bon nombre de ses victimes, Ezidor n'avait pas tué Clémentine à dessein, elle avait juste été trop fragile pour la dose injectée et son corps avait mal réagi et succombé au poison qui n'aurait dû que l'endormir pour quelques heures. Pour autant, il ne culpabilisait pas. Il n'était pas dans ses traditions de regretter ses actes ou leurs conséquences, hormis celle de ne pas avoir su convaincre Childéric de le suivre lorsqu'il avait quitté Lieugro par le passé. De dos, libérée de sa robe et dans la pénombre de sa chambre, il avait cru revoir Childéric adolescent, avant qu'il ne grandisse et développe les muscles qu'il lui avait découvert en revenant. En faisant abstraction de la forme de la taille qui différait légèrement, Ezidor avait plongé dans le passé avec une énergie désespérée et quand il avait enfoui son nez dans la nuque de la plus jeune soeur d'Ukok, il avait même cru déceler quelques notes de l'odeur de son ancien disciple. Puis il avait remarqué qu'elle ne respirait plus. En mourant, c'était son passé qui s'effondrait. Il avait beau vouloir s'y accrocher, revenir à ces années où ses articulations ne le faisaient pas souffrir, où il enseignait à l'adolescent attentif et avide de tout apprendre toutes ses connaissances, où il caressait ensuite son corps après l'avoir endormi. Mais ce passé était mort et il en avait jeté les débris dans la fosse. En regardant les porcs effacer toute trace de Clémentine, il avait songé à l'homme amer qu'il était devenu, tremblant face au spectre de la vieillesse et de la mort qui se rapprochait à chaque inspiration prise et il s'était détesté avec une violence surprenante. C'était avant de discerner Hermilius dans l'obscurité, de s'apercevoir qu'ils n'étaient pas si différents tous les deux.

Un sourire pâle étira ses lèvres, à peine une ombre d'amusement sans joie dans un faciès squelettique absorbé par ses ténèbres internes. « Si j'étais votre frère, je n'épouserais probablement pas Irène. » Avec une nouvelle jeunesse à dépenser, avec un visage et un corps comme celui-ci, Ezidor se serait immédiatement adonné à des recherches intensives pour rester dans ce corps. Il n'avait proposé à la folle de l'épouser que pour profiter d'un argent et d'un toit qu'il ne possédait plus, et aussi car, par chance, la blanche se passionnait pour ses recherches et était désireuse de devenir sa partenaire autant que sa femme. « Mais si c'était le cas. » Il regarda Irène, encore décomposée par le choc de le voir. « Si je devais découvrir qu'elle me cachait des informations comme l'existence de cette soeur, je le lui ferai payer. Car je lui ai tout dit à mon sujet. Si la réciproque n'était pas vraie, je m'assurerai de trouver un châtiment à la hauteur de l'offense. » articula-t-il avec froideur.

Il ne bougea pas alors que sa fiancée faisait fi des exigences de la peintre, bien que cela lui coûta de ne pas reculer. Il ignorait comment il réagirait si elle le touchait. Il craignait que le moindre contact ne brise l'illusion selon laquelle il était encore en vie, que sa peau se racornisse sous ses doigts et s'effrite en cendres à ses pieds. Chaque question était une torture supplémentaire et il ne put soutenir son regard. Il se sentait faible. Malgré les drogues qui réussissaient l'exploit de le faire se tenir debout, il était désormais défini par une fragilité insupportable. Il avait quitté son lieu de convalescence et d'emprisonnement mêlés, mais au fond, il y était encore. Il pouvait fermer les yeux et sentir le matelas sous sa joue et son odeur vaguement pourrie après avoir absorbé toutes ses humeurs, son sang et ses larmes.

Un nouveau tic agita cette fois les doigts encore présents sur sa main mutilée. Il sentait une de ces crises sur le point de survenir. Il avait été idiot de se croire en mesure de faire face à la société. Il n'était pas apte. Puis Irène prononça une remarque qui lui fit relever vivement les yeux. « Notre... Quoi ? » Mais elle s'était déjà détournée. Ezidor trébucha vers elle et attrapa son poignet pour la ramener vers lui. Ses yeux la parcoururent, sa beauté étrange, comme appartenant à un autre temps, cette jumelle plus dérangeante encore, puis son ventre. « Tu es enceinte ? » s'étrangla-t-il, la respiration hachée. « Tu es sûre qu'il est de moi ? » Quand elle s'était montrée trop insistante dans ses avances, le médecin lui avait froidement rétorqué qu'elle pouvait fort bien assouvir ses désirs avec d'autres, qu'il avait mieux à faire. Mais l'adjectif possessif lui interdisait de douter. Il sentit ses jambes flancher dangereusement. « Il faut que je m'assoie. » marmonna-t-il d'une voix mourante. Il repéra un tabouret et s'y laissa tomber lourdement. Son coeur cognait sourdement dans sa poitrine et il entendait le sang pulser laborieusement dans ses veines, assourdir tous les sons. Les drogues allumaient des cierges colorés sur les bords de sa vision, les meubles grossissaient comme si des poumons s'y activaient. Une sueur froide recouvrait tout son visage et collait ses vêtements à son corps ravagé. « Un fils. » répéta-t-il, hébété. Il n'avait jamais voulu de descendance. Hors mariage, c'était hors de question. Si des femmes qu'il avait pu violer étaient tombées enceinte, il l'ignorait et ne voulait rien en apprendre. Mais les choses étaient différentes. Il allait se marier, mais il n'avait plus les moyens d'assurer une descendance, bien que la chose n'ait jamais fait partie de ses objectifs de vie maritale. Il avait tout oublié des invités d'Irène, du projet de l'artiste. Il se sentait juste dépassé. Ses doigts s'enfoncèrent dans ses cheveux et se refermèrent en poings sur les mèches poivre sel.

Message VII | 1364 mots

Je vous jure que j'essaie de faire moins de 1000 mots à chaque fois.


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 O5u6
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Aubépine Percefeuille
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
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◈ Activité : Étudiante à Basphel
Aubépine Percefeuille
Mer 01 Nov 2023, 20:34


Les Portes V - Le Roi sadique
Aubépine dans le rôle d'Olivette

Rôle:
Olivette avait dû garder les paupières fermées pendant de longues secondes pour s’empêcher de lever les yeux au ciel face aux idioties que sa sœur débitait sans sourciller. C’était donc ça ? Il n’y avait bien qu’elle pour arroser ainsi la conversation d’eau de rose alors que le sujet abordé était aussi sérieux. La blondinette semblait incapable de mettre son sens de l’observation et de la déduction à un autre profit que celui de ses chimères rocambolesques. En la matière, il fallait avouer que son imagination était sans pareille ; avec un peu de chance, leur mère l’embaucherait pour la rubrique courrier du cœur de son journal sous peu. Nulle doute que l’aventure romantique et scandaleuse d’une jeune fille de bonne famille et de son jardinier saurait attirer l’attention d’un certain lectorat. Voilà tout ce qu’était cette idylle qui avait été échafaudée à son insu : une fiction visant à divertir les demoiselles prépubères et les femmes mariées nostalgiques d’une jeunesse gaspillée.
Une erreur qu’Olivette ne commettrait pour rien au monde ; non pas parce qu’elle avait peur d’avoir des regrets à propos d’une quelconque passion, mais parce qu’elle comptait bien jouir de sa liberté le plus longtemps possible.
Cela ne lui plaisait guère d’être ainsi prise pour cible par les fantasmes débridés de sa sœur. Elle devait cependant ronger son frein et retenir les paroles acerbes qui lui picotaient les lèvres, avides de déchiqueter la mièvrerie que l’aînée semait dans l’air en même temps qu’elle disposait les confiseries sur la nappe à carreaux. Il était peut-être encore possible de tirer profit de ce traquenard pour éclaircir certains points. Et si elle pouvait en profiter au passage pour dissiper les illusions qui encombraient la cervelle de la petite blonde…

« Stéphanette, il y a méprise. Je peux t’assurer que ni moi ni Doléas n’éprouvons de sentiments l’un envers l’autre. C’est un bon employé qui travaille bien et sait se montrer discret et efficace, rien de plus. Il ne me montre pas plus de respect qu’à toi ou à nos parents. Quoi qu’il ait pu te dire, je suis certaine que tu as mal interprété ses propos. » Elle soupira malgré elle, excédée. « Si j’ai accepté ton invitation, ce n’est pas pour parler de ça. »

Il lui semblait clair désormais que Doléas n’était pas l’homme qui donnait rendez-vous dans les bois à la fillette pour qu’elle y dépose ses sous-vêtements. Cette dernière n’était pas suffisamment sournoise pour ne pas se trahir plus tôt lorsqu’Olivette avait prudemment évoqué ses suspicions  ; peut-être qu’il lui fallait retirer ses gants et tenter une approche plus directe, quitte à prendre le risque de l’effaroucher.
Mais Stéphanette n’en avait pas fini et lorsqu’elle mentionna ses craintes du bout des lèvres, Olivette se radoucit malgré elle. Stéphanette, sa gentille grande sœur qui pourrait tout aussi bien être la petite.

« C’est donc ça qui te chagrine au point de te pousser à me jeter dans les bras d’un de nos domestiques ? N’aie crainte, ma sœur, je ne compte pas me marier de sitôt. Que ce soit avec un jardinier... ou même un roi. » Du coin de l’œil, elle guetta la réaction de Stéphanette. Il n’était pas complètement exclu qu’elle ait eu vent des projets de leur mère et s’inquiète de ne pas être la candidate numéro un.  Je t’enjoins à ne pas te précipiter, toi non plus. Nous aurons tout le temps de grandir et de vivre nos vies d’adultes plus tard. Profitons de l’enfance qu’il nous reste. »

Pour sa part, elle avait remisé son enfance au placard depuis longtemps, ne sortant cette carte que lorsqu’elle lui était utile.
Elle allait retourner à son interrogatoire lorsque la blondinette s’échappa, prétextant un oubli quelconque. Le visage de la petite brune vira au rouge. Cette crétine n’avait pas écouté un mot de ce qu’elle venait de lui dire. Comme d’habitude, elle n’en faisait qu’à sa tête. De rage, Olivette manqua de tourner les talons et de la planter là, mais déjà Doléas approchait. Lui aussi était une victime des manigances de sa sœur. Résignée, elle se pinça l’arrête du nez le temps de reprendre ses esprits ; un geste qu’elle tenait de son père.

Le pauvre jardinier lui semblait encore plus mal à l’aise qu’elle. Qu’est-ce Stéphanette avait bien pu être allée lui raconter ? Elle lui accorda un léger sourire contrit, comme pour s’excuser de l’attitude de sa sœur.
Très vite, son sourire s’effaça. « Oh… en effet. Mes parents ne cessent de me presser pour que je me trouve un passe-temps qui me fasse prendre l’air. » Négligemment, elle attrapa une fraise nappée de chocolat et la porta à ses lèvres pour masquer son saisissement. Elle pensait avoir été discrète. Stéphanette était plus attentive qu’elle n’en avait l’air. « Eh bien, puisque vous me le proposez… il se trouve que j’ai quelques interrogations que personne ici ne serait mieux à même d'éclaircir que vous. » Elle se tut un instant, le jaugeant du regard. « Voyez-vous, j’avais pour idée de préparer une salade de fleurs. Évidemment, il faudrait qu’elles soient comestibles. J’aimerais en utiliser une grande variété, de formes et de couleurs différentes, mais je voudrais éviter celles qui sont néfastes pour la consommation. Sauriez-vous m’aiguiller à propos de celles qui sont les plus toxiques ? » Le ton badin qu’elle avait employé au début de leur conversation se dénudait peu à peu pour laisser entrevoir le tranchant de ses réelles intentions.
« C’est bien dommage. Notre Roi m’a fait part de son goût pour ce genre de confections lors de notre rencontre. Gardez cela pour vous, mais notre mère semble vouloir faire de moi sa prétendante. Mais, bien entendu, je veux l’impressionner, pas l’empoisonner. Qui saurait tenir les rênes de notre bon royaume si malheur devait lui arriver ? » La question n’était pas rhétorique. Elle appelait à une réponse. Les iris verts de l’adolescente miroitaient, durs, provocateurs.
Olivette avait le jeune homme dans sa ligne de mire depuis un moment comme un candidat potentiel pour rejoindre les rangs du Cercle des Amis d'Éliséa. Tout dans ses actions le désignait comme un pacifiste, loin de la barbarie des sauvages d’Uobmab. Il ne pouvait évidemment pas se déclarer ouvertement contre Merlin. Elle n’attendait qu’un mot, un sous-entendu, un infime indice qu’il puisse être de son côté et désireux de s’investir pour la cause.

Avant qu’il n’eut le temps de lui répondre, Stéphanette fit son retour, piétinant l’étrange ambiance qui s’était installée avec ses gros sabots. Olivette maintint le regard encore un instant, lourd de sens, avant de se retourner vers sa sœur qui lui présentait un petit paquet.
Elle haussa un sourcil. Qu’est-ce que la fillette était allée chercher pour justifier une aussi longue absence ? À moins qu’elle n’ait vraiment planifié quelque chose ?
La déclaration de l’effrontée lui étira les lèvres en un rictus moqueur. Elle avait vraiment de la peine pour le domestique.
« C’est un adorable mensonge, mais je ne pourrais de toute façon pas accepter un cadeau de la part d’un de nos employés. » Sauf s’il s’agissait d’un assemblage de fleurs empoisonnées, peut-être.

Plus curieuse qu'elle ne voulait se l'avouer, la jeune fille ouvrit l’écrin et en retira précautionneusement le petit trésor qui s’y trouvait. Elle en perdit ses moyens pendant quelques instants. C’était un très bel objet, de qualité supérieure ; la plume était fine et délicate, de belle facture. Olivette le fit tourner dans sa main, éprouvant son poids, la finesse du grain, la façon dont il se logeait entre ses doigts. Elle sut immédiatement qu’il serait un délice de le faire courir sur ses parchemins.
« Il est parfait. » L’émotion faisait très légèrement vriller sa voix. Elle ne s’était pas attendue à une aussi belle attention. « Merci, Stéphanette. Peut-être qu’à l’occasion, nous pourrions aller faire les boutiques, toi et moi. Tu pourrais choisir quelque chose qui te plaît. Et me conseiller sur ma toilette. »
C’était une sortie que son aînée lui réclamait depuis longtemps et qu’elle repoussait d’un revers de la main, toujours trop occupée et peu intéressée. Une pointe de culpabilité avait percé sa carapace, ramollie par la tendresse que lui inspirait sa petite sotte de sœur. Quel mal y aurait-il à jouer à l’enfant qu’elle était, pour une fois ?              

Message VI - 1383 mots



Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 Ziy3

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Unknown

Le Roi sadique

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Rôle - Arcange Reknofed :

Note : violence, torture, viol et meurtre sont au rendez-vous.


Le vieux médecin croulait sous la faiblesse. Arcange décortiqua sa silhouette. La « domestique » ne l’avait pas raté. Il se demanda pourquoi elle ne l’avait pas tué. Il pourrait se charger de finir le travail. Il lui semblait pouvoir écarteler les côtes du docteur d’un seul regard, tant il lui paraissait démuni, comme déjà désossé de son esprit et de son âme. Un cadavre ambulant. Un tas de poussière qu’un simple coup de pied aurait suffi à éparpiller. Il jeta un coup d’œil à Ange-Lyne, incertain quant à la suite qu’elle désirait donner à sa mise en scène. Comme il l’écoutait, le blond plissa les yeux, avant d’esquisser un vague sourire en soufflant par le nez. Il regarda les concubins et croisa les bras. Les mots d’Ezidor lui plaisaient. Ils résonnaient en lui et amplifiaient l’écho de son propre chaos. Il sentait les velléités de la destruction et de la violence pulser au bout de ses doigts. Il s’imagina les enfoncer dans le corps d’Irène, dans des interstices qui n’étaient en rien destinés à les recevoir, dans des béances qu’il aurait lui-même créées, dans les écartèlements que ses muscles auraient déchirés. Il resserra ses phalanges sur ses coudes, comme pour retenir un coup de partir avant l’heure. En soldat aguerri, il savait se montrer discipliné – sous le joug de sa sœur, il se révélait même étrangement docile. Il n’échappait à son contrôle que lorsqu’elle lâchait la bride et lui demandait de déployer les horreurs qui peuplaient son esprit et que ses mains savaient si bien retranscrire. Quand Irène parla, pourtant, il sentit une vague de brutalité le secouer, et sa contenance vaciller. Ses iris céruléens la cisaillèrent. « Ce n’est pas un jeu. » grogna-t-il. Et ça le serait encore moins quand elle subirait ses assauts. Toutes ses révoltes mouraient dans l’essoufflement de ses hurlements. Sa détermination à la ruiner augmentait d’autant plus qu’il percevait la haine qui brillait dans ses yeux dirigés vers sa sœur. Il décroisa les bras, prêt à lui broyer le crâne à la moindre tentative de violence à l’égard d’Ange-Lyne. La réaction du médecin détourna à peine son attention. Il se fichait des difficultés qu’éprouvait le vieux décrépi à avaler le fait que sa femme fût enceinte. Cet enfant n’avait pas d’avenir. Il allait le lui arracher des tripes, et le médecin se rendrait alors compte qu’il y avait des choses bien plus ardues à avaler que la vérité. Quand il le lui aurait enfoncé dans le gosier, peut-être que tout s’éclairerait enfin. Il était ridicule, à s’écraser sur son séant. C’était à se demander comment il avait pu saillir et féconder cette chienne.

À nouveau, Arcange fixa son attention sur son aînée. Il était persuadé qu’elle allait lui ordonner de tuer la folle et d’amocher ce qu’il restait du médecin. Peut-être qu’après, elle le prendrait en elle. Il pourrait regarder. Il s’imaginerait à sa place, entre ses cuisses, mais loin de l’inactivité qu’elle imposerait à Ezidor. Il s’enfoncerait profondément en elle, vigoureusement, aussi puissamment qu’il le faudrait pour lui arracher des cris de jouissance, voir son bassin trembler et entendre son souffle s’amenuiser. Y penser suffisait à l’exciter. Peut-être qu’il ne tiendrait pas et pousserait le vieillard pour prendre sa place. Les scénarii défilaient derrière l’écran de ses rétines ; mais ils se brisèrent tous quand il comprit d’un regard échangé qu’Ange-Lyne souhaitait qu’ils emmenassent la jumelle. Il fronça les sourcils. « Quoi ? » Ses mâchoires se contractèrent. Il tourna vivement la tête vers les deux femmes. Il aurait préféré les tuer toutes les deux. C’était ce que le médecin avait suggéré, non ? Faire payer à Irène le prix fort pour ses mensonges. Qu’elle fût enceinte n’y changeait rien.

Il plissa les yeux et s’avança vers les sœurs. Son poing se referma autour des cheveux de la plus maigre et il l’arracha sans mal à l’étreinte de la folle. Il frappa sa tempe et la repoussa plus loin. Elle chuta comme une vulgaire poupée de chiffon. Sans laisser le temps à Irène de réagir, il referma ses doigts autour de sa gorge et la plaqua contre le mur le plus proche, en la soulevant de terre. « Je vais jouer le rôle jusqu’au bout. » la prévint-il. Il avait dit qu’elle devait payer. Elle paierait. Le coup de griffes que lui asséna la furie ne fit qu’accroître sa volonté de la démanteler. Il grogna et passa sa main libre contre sa pommette où le sang perlait, avant de lâcher sa gorge pour s’emparer de ses poignets. D’une violente torsion, il les lui ramena dans le dos, et sourit en entendant le craquement éloquent des os. Il l’attrapa par les épaules et la jeta au sol. Dans ses veines, son sang bouillonnait, propulsé par l’adrénaline. Son pied s’enfonça dans les côtes de la femme, puis dans son ventre. Il y porta plusieurs coups, avant de s’accroupir près d’Irène pour cercler sa tête de sa large paume. « Ta sœur paiera pour le reste. » souffla-t-il. Un crachat lui répondit : il s’écrasa sur sa figure. « Putain ! » Le poing d’Arcange heurta le visage de l’adolescente, avant de lui frapper le crâne contre le sol, de sorte à l’assommer. Il aurait pu lui fracasser l’occiput. L’ingrate ne noterait probablement pas sa clémence, de la même manière qu’elle ne l’avait pas remercié pour son sauvetage. S’il avait eu une torche sous la main, il aurait mis feu à son corps dans l’instant. D’un revers de manche, il s’essuya le visage. « Pauvre folle. » Lorsqu’il se redressa, il se dirigea d’un pas mesuré vers la jumelle. Il l’attrapa sans mal et la jeta sur son épaule. Son regard d’acier remonta sur le médecin. « Vous n’avez qu’à finir le travail. » lui dit-il.



D’un geste ferme et lent, Arcange enfonça le fragment de miroir dans l’entrejambe de Bélonie. Un cri vrilla la gorge de la jeune femme. Il exécuta quelques va-et-vient en changeant l’orientation du bris de verre, puis l’extirpa et s’y introduisit à sa place. Le préservatif qu’il portait avait été enduit de colle et de particules de miroir pilées. Quoi qu’il fît assurément souffrir sa partenaire, il ne gênait en rien ses mouvements, portés par la force et l’habitude. Le sang était un excellent lubrifiant, en plus de proposer une nuance de couleurs que la palette de sa sœur savait retranscrire à la perfection. Il la regarda, assise dans un coin de la pièce, devant son chevalet. Il aimait la voir peindre ; il la trouvait encore plus désirable. Les miroirs qu’ils avaient disposé tout autour démultipliaient leurs reflets. Le corps mutilé de leur victime se fragmentait à l’infini. Des morceaux de glace étaient éparpillés sur le lit, entre les draps rougis. L’homme plaça celui qu’il tenait entre ses doigts à la commissure de la bouche de la blonde, fixa son autre main sur son front pour l’empêcher de bouger, puis tira. Elle n’avait plus vraiment la force ou la possibilité de se débattre. Çà et là, des lambeaux de peau lui manquaient, dévoilant une chaire à vif. Il l’avait rendue plus rachitique encore qu’elle ne l’avait jamais été. Des fragments de glace étaient ancrés entre ses muscles. Il avait sectionné la plupart de ses ligaments. Les leçons d’anatomie d’Ange-Lyne, qui s’y était intéressée afin de mieux représenter ses modèles, trouvaient tout leur intérêt dans l’exécution des tortures de son frère. Il plongea encore en elle, profondément, son corps en équilibre sur ses mains accentuant l’ouvrage de celles-ci. Il la trouvait belle, ainsi retaillée. Les perles qui luisaient à son cou et à ses oreilles surlignaient l’éclat du sang. Il accéléra ses coups de reins. Son regard remonta vers Ange-Lyne, et dès qu’il se sentit partir, il planta l’éclat de miroir dans la jugulaire de la suppliciée et déchira tout ce qui tenta de lui résister. Ses doigts tremblèrent. Lorsqu’il se retira du cadavre et quitta le lit, il tituba. Dans un grognement, il se raccrocha d’une main à l’un des miroirs, qui vacilla sous son poids. Durant la soirée, il s’était par moment senti plus fébrile que d’habitude. Il avait attribué cela à la frustration de l’après-midi, à son désir brûlant de voir se consumer la folle. En vérité, le poison de cette dernière œuvrait. Bientôt, il le mettrait à genoux, et saperait les fondations de sa conscience.



Message VII – 1389 mots

Moi aussi j'ai essayé de faire moins de 1000 mais j'ai échoué. MAIS ! Ezicouic et Irène sont vivants. Pour l'instant. Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 1628


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Jeu 02 Nov 2023, 14:14




Le Roi sadique

En groupe | Lana


Rôle - Yvonelle d'Etamot (mariée de Tuorp) :


Le sexe, l’argent et la violence régissaient le monde. L’avidité et la cruauté y régnaient en maîtresses. Il n’y avait pas de place pour l’amour, la famille et la douceur. Elzibert – celui qu’elle aimait, celui qu’elle avait tant cherché à ressusciter – n’avait jamais existé. S’il avait été un autre toutes ces années durant, son véritable visage s’était révélé. L’illusion dont elle était tombée amoureuse était morte. Il l’avait tuée. Il n’y avait rien qui n’allât pas : il était simplement enfin lui-même. Même sa mère n’avait trouvé aucune explication à son comportement. Gustave avait juste dévoilé la vérité. Son mari était comme leur frère, comme Déodatus, juste un homme brutal et imbécile. Les masques tombaient les uns après les autres. Il ne l’avait pas suivie, il n’avait pas cherché à la rattraper, il n’avait même pas crié son nom. Elle aurait pu se briser la nuque dans les escaliers qu’il y serait demeuré indifférent. Elle portait son enfant, mais quelle importance cela avait-ce quand il pouvait répandre son foutre dans toutes les putes du monde ? Il ne l’aimait plus. L’avait-il aimée un jour ou n’avait-il voulu que la posséder ? Avait-elle perdu tout intérêt parce qu’elle avait tout abandonné pour lui, parce qu’ils s’étaient mariés, parce qu’il n’avait plus à souffrir de la concurrence de Natanaël ? Hermilius avait prédit qu’il finirait par se détourner d’elle.

Son regard protégé par le chapeau s’assombrissait à mesure qu’elle avançait aux côtés du conseiller, qu’elle n’écoutait que distraitement. Elle se sentait flouée, humiliée, trompée. Elle n’avait jamais voulu de tout ça. Elle avait tout fait pour qu’ils pussent avoir la vie dont ils avaient tant rêvé, et Elzibert avait tout gâché. Quand elle revoyait le visage de Gustave croisé dans l’escalier, ses muscles tremblaient de colère. Il n’avait rien dit. Pas un mot, rien. Il aurait pu lui demander ce qu’il se passait, essayer d’arranger la situation entre eux, prendre les responsabilités que son fils rejetait, mais il s’était contenté de la laisser filer. Il avait sans doute retrouvé le brun, et ils devaient rire tous les deux de ses émotions bouillonnantes, de ses désirs qui se heurtaient à leurs jeux malsains et de ses rêves qui contrevenaient aux leurs. Elle les détestait tous les deux. Elle les haïssait. Elle aurait voulu qu’un éclair frappât la maison et les tuât. Qu’ils mourussent ensemble, en père et fils inséparables et parfaits. Pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de jeter des coups d’œil par-dessus son épaule. Comme s’il allait apparaître au bout du chemin, alors que même quand il la tenait entre ses bras, il était incapable de l’aimer convenablement. Elle se sentait idiote. Elle l’était sans doute.

Quand ses iris se figèrent sur la cabane, elle retint sa respiration. Une moue blessée tordit ses traits, puis elle serra les dents et les poings. Tout ce qu’il y avait là, c’était un passé innocent, peuplé de leurs espoirs d’adolescents, auréolé de leurs liens d’amitié puissants. C’était un passé révolu. Tout avait brûlé. Il ne demeurait que des souvenirs stupides et inutiles. Yvonelle hésita, puis emboîta finalement le pas à Hermilius. Elle ne voulait pas rentrer. Elle ne voulait plus le voir, plus jamais. Ses yeux se posèrent presque immédiatement sur la bibliothèque. Il lui avait vendu des rêves qu’il avait pris un malin plaisir à déchiqueter les uns après les autres. Elle s’avança et attrapa l’un des livres. Elle se rappelait bien de celui-ci. Il l’avait passionné et il lui en avait parlé durant des semaines. Elle aimait quand les mots du roman s’imprimaient sur ses lèvres, quand il les lui lisait en parcourant sa peau du bout des doigts, quand elle voyait étinceler mille histoires dans ses yeux. Elle aurait voulu pouvoir tout oublier. Elle l’aurait peut-être moins haï, mais elle aurait pu ne plus l’aimer du tout. Elle replaça le livre sur son étagère.

« Je n’ai aucune raison d’avoir peur de vous ou de vouloir vous tuer. » finit-elle par répondre à Hermilius. Ses prunelles glissèrent vers lui, s’attardant au passage sur les oiseaux de papier de Rosette, les carnets de voyage de Natanaël, les dessins de Déodatus, et ses propres partitions. Elle avait l’impression d’avoir été projetée dans un univers parallèle. Tout cela ne remontait pourtant qu’à quelques mois. « Vous n’avez jamais cherché à me cacher qui vous êtes et ce que vous voulez. » Dans tous ses manèges, en mettant à l’œuvre sa fourberie, il s’était paradoxalement toujours montré honnête avec elle. Il ne lui avait pas proposé monts et merveilles. Il l’avait confrontée à la vérité et elle avait choisi de fermer les yeux, parce qu’elle avait été incapable d’y faire face. Elle s’approcha, puis s’assit sur le bord du canapé. Elle regarda les roses. « Avez-vous déjà aimé quelqu’un ? » Elle le considéra quelques instants, puis attrapa l’une des fleurs qui reposaient sur son torse. Du bout de l’index, elle traça le contour de la corolle. Sa main vogua jusqu’au chapeau placé sur le visage d’Hermilius et elle le repoussa doucement vers l’arrière, appuyant sa paume sur l’accoudoir du canapé. Ses gestes se voulaient mesurés, mais ses mains tremblaient. Elle sonda son regard. Peut-être aurait-elle dû choisir un homme comme lui ? Un homme qu’elle n’aimait pas et dont elle n’attendrait rien sur le plan sentimental. Si elle n’avait pas aimé Elzibert, elle aurait pu accepter ses tromperies et son attitude. Elle aurait cherché sa satisfaction ailleurs, avec d’autres hommes. Elle aurait construit son bonheur sur autre chose que leur couple. Ils auraient fonctionné en tandem, en laissant à chacun le soin de gérer sa vie intime comme souhaitée.

Elle jeta un regard circulaire à la pièce. « Vous aviez raison, pour Elzibert. » La colère dominait sa voix. Il l’avait trahie, et tout ce en quoi ils avaient cru. Tout ce qu’ils avaient forgé ici même. « Il s’est bien moqué de moi et je ne peux pas compter sur lui. De toute façon, j’ai commencé à faire ce qu’il faut pour être indépendante. » Elle ne voulait pas se retrouver dans la même situation que sa mère. Lorsqu’elle en aurait les ressources, elle la sortirait de son impasse. Si elle devait tuer Merlin de ses propres mains, elle le ferait. Elle planta son regard dans celui d’Hermilius. « Introduisez-moi à la cour. Je dois continuer à faire connaître ma musique. » La réception organisée chez Gustave lui avait permis de faire ses premiers pas mais elle devait persévérer. « Je donnerai des concerts, ici ou ailleurs, et je trouverai des mécènes. J’imagine que je suis sur la bonne voie, puisque vous avez déjà rempli ce rôle une fois. » Elle pensait aux instruments qu’il lui avait offerts en remplacement de ceux qui avaient brûlé lors de l’incendie. Elle plia le coude pour se pencher davantage sur lui. La détermination frappait ses iris assombris par la noirceur qui les aveuglait. Le sexe, l’argent et la violence. « Si vous ne voulez pas faire ça par bonté, je peux vous payer, ou vous aider moi aussi. Dites-moi ce que vous voulez. » Elle reposa la rose sur sa poitrine et y laissa sa main. Ses doigts descendirent brièvement le long des tiges, effleurant le tissu de la chemise. « À part coucher avec moi. » Elle ne vendrait pas son corps. Pas comme sa mère, pas comme les putes d’Elzibert. S’ils faisaient l’amour, ce serait uniquement parce qu’elle en aurait envie. Parce qu’elle en avait envie. Plus rien ne la rattachait aux promesses du mariage. Elzibert les avait brisées pour elle.



Message VII – 1256 mots

J'essaye pour de vrai de faire moins de 1000, je suis juste nulle /sbaf


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Jeu 02 Nov 2023, 18:13

Gustave
Le roi sadique
Charlie Puth - Done For Me (feat. Kehlani)

TW : ça faisait longtemps que j'avais pas sorti des sexisteries pareilles


Gustave avait à peine redescendu les escaliers, les mains enfoncées dans ses poches comme un homme satisfait se devait de l’être. Il avait prévu de faire un tour dans les pièces de vie avant de passer dans les cuisines. Ensuite, il serait sorti faire un peu d’exercice avant de retourner à son bureau. Cependant, un élément perturbateur, sous la forme de son fils, se jeta littéralement dans ses bras en geignant à la manière d’un nourrisson. Un nourrisson qui faisait quasiment une tête de plus que lui. Il ne le remarquait que maintenant, alors qu’Elzibert ne lui était jamais apparu aussi vulnérable.

Gustave le laissa déblatérer en silence. Son cœur s’emballa en apprenant qu’il allait être grand-père et il réprima un sourire. Ce n’était pas le moment. Le moment était de sécher les larmes de son fils. Cela le ramenait des années en arrière, ces fois où il avait dû consoler Ludoric après que celui-ci eût fait une chute à cheval, ou qu’il eût fait un mauvais rêve. Il se rappelait d’être accroupi tellement de fois afin d’être à son niveau, afin de le regarder dans les yeux et lui rappeler qu’il était un garçon, que les bobos n’étaient là que pour le rendre meilleur et qu’il devait être fort. Il dut l’avouer : cela l’attendrit autant que cela l’agaça. Il ne comprenait pas qu’à son âge, Elzibert put avoir de telles angoisses, mais cela prouvait bien une chose terrible et qui était en partie de son fait : toute son enfance, le fils d’Etamot avait manqué d’un père. Acceptant l’étreinte, Gustave passa sa main entre les omoplates du jeune homme et lui offrit une petite tape.

-Calme-toi. Murmura-t-il. Il s’écarta. Son visage n’exprimait rien d’autre qu’un sérieux professionnel. Viens, suis-moi.

Il le conduisit dans sa chambre. Ici, le diplomate savait qu’ils seraient tranquilles. Pas un domestique ni un habitant ne pourrait rentrer sans avoir préalablement frappé. Il offrit à Elzibert à boire – il avait toujours une bouteille chez lui maintenant – puis s’installa sur son lit en l’invitant à faire de même.

-Est-ce que tu dis tout ça parce qu’Yvonelle a découvert que tu la trompais ? Ou parce qu’elle te trompe aussi ?

Apprendre que sa femme se tapait son cousin l’avait rendu fou, alors il comprenait tout à fait ce sentiment. Lui-même avait douté de la paternité de Ludoric. Maintenant, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Plus rien ne l’atteignait vraiment dernièrement.

-Un enfant représente plus de peur que de mal. Tu as la chance d’avoir du personnel qui pourra s’en occuper. Et puis je serai là pour te guider. Fit-il avec un sourire. Ce sera un être à qui tu pourras tout enseigner et de qui tu pourras être fier.

Mise à part sur la fin, Gustave n’avait vécu que des bons moments avec Ludoric. Il avait aimé le voir grandir et lui apprendre des trucs d’hommes, comme les gros mots ou le tir à l’arc. Il ricana, à la fois parce qu’il était nostalgique et embarrassé.

-Je n’ai pas pour habitude d’aborder ce genre de sujet. Nous nous connaissons encore très peu Elzibert, mais je crois comprendre que tu te laisses beaucoup influencer par tes émotions, non ?

Cela s’expliquait facilement : il avait été élevé par une femme seule. Adénaïs avait été inconsciente et aurait dû se remarier tout de suite après le décès de son premier mari. Gustave se pencha vers son fils, comme pour lui faire une confidence.

-J’ai été un peu comme toi par le passé.

Il l’avait été pour des raisons différentes, car Gustave avait bien connu son père, un homme très très viril, et il était très important de le souligner. Il avait du mal à admettre avoir déjà perdu son sang-froid en public, mais il ne pouvait pas faire comme s’il n’avait jamais giflé Elzibert. Il ne pouvait pas faire comme s’il n’avait jamais appris qu’Éléontine l’avait dépucelé.

-J’aimais Éléontine et je crois qu’elle m’aimait aussi jusqu’à l’heure de sa disparition. J’ai eu la chance de l’avoir à mes côtés car jamais ou presque, je n’ai eu affaire à son hystérie féminine. Mais j’ai été chanceux, c’est une chose très rare chez une femme, tu sais : la stabilité. Parfois, je devais la recadrer, mais cela restait exceptionnel.

Il l’avait frappée plusieurs fois mais si rarement que c’était comme si cela n’avait pas compté. Maintenant qu’il y pensait, il se demandait si Hermilius n’y était pas pour quelque chose. L’avait-il battue lui aussi ? Ou l’avait-il lui aussi baisée au point qu’ensemble, ils l’avaient rendue facile ?

-Yvonelle est très différente. Elle t’aime et tu l’aimes aussi, n’est-ce pas ? En tant que mari, tu dois être capable de la recadrer. Tu dois lui montrer que tu domines. Cette maison est la tienne et ta femme doit t’écouter. Tout est une question de mesure et si tu t’y tiens, tu ne la tueras pas. Au contraire, tu lui apprendras simplement à se stabiliser et à trouver le bonheur. Bien sûr, tu dois aussi l’écouter. Elle a besoin d’un confident et c’est ton rôle. Du moins, prétend l’être. Fais en sorte de lui montrer qu’elle a de la chance de t’avoir dans sa vie. Montre-lui qu’elle peut se confier à toi, qu’elle peut croire en toi.

Tout était une question d’équilibre. Gustave espérait qu’en appliquant ces conseils, Elzibert parviendrait à la calmer. Si elle devenait heureuse, alors elle réaliserait la chance qu’elle avait et peut-être qu’enfin, elle serait reconnaissante.

-La vie est une pièce de théâtre et c’est d’autant plus vrai maintenant que les Uobmab sont à la tête de ce royaume. Tu es un homme, mon fils, et si je comprends que tu t’effondres devant moi, ne montre jamais cette facette en plein jour, tout comme ta colère. Montre que tu maîtrises la situation. Yvonelle a besoin de se sentir rassurée. Fais en sorte qu’elle le soit et elle sera à toi tout entière, peu importe le nombre d’autres femmes que tu ramèneras dans ton lit.

Il laissa passer un silence. Il ne souhaitait que le meilleur, aussi bien pour son fils que pour Yvonelle. Il était attristé que cette dernière ne l’appréciât pas autant qu’elle ne l’aurait dû. Il lui avait pourtant donné beaucoup.

-Je songeais aussi à divorcer. Je voulais me laisser le temps de la réflexion, car cela ne fait que quelques semaines qu’Éléontine a disparu, mais je crois qu’elle a choisi de partir pour de bon. Confia-t-il.

Il n’était pas du genre à annoncer cela en temps normal, mais ça lui semblait important. Gustave prit une profonde inspiration, puis posa une main rassurante sur son épaule.

-Essaie encore un peu et si tu vois que ça ne marche pas, on en rediscutera.

1119 mots
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Jeu 02 Nov 2023, 18:56



Le Roi Sadique


Mon pinceau caressait la toile. Derrière moi, le corps d’un vieil homme se balançait tranquillement, presque immobile à présent. Je n’avais pas apprécié qu’un individu vînt se plaindre du bruit. Par chance, il était assez vieux pour faire l’affaire. D’un geste vif j’avais lacé un fil de métal autour de sa gorge et, une fois qu’il avait cessé de se débattre, je l’avais accroché au système de poulie que j’avais installé dès notre arrivée pour le hisser bien haut. J’avais côtoyé un homme atteint de priapisme adolescente et m’étais, par la suite, renseignée sur la question. Ma folie créatrice avait donné naissance à des toiles aux organes génitaux disproportionnés et gorgés de sang fut un temps. À présent, je me servais de mes connaissances pour mon propre plaisir. Ezidor m’avait laissé en bouche un goût d’inachevé. L’homme, tel un cadavre ambulant, n’aurait probablement pas survécu à mes coups de bassin. Le geignard était donc tombé à pic. Il était néanmoins trop laid pour qu’il me vît écarter les cuisses de son vivant. Je souris, en me concentrant de nouveau sur le tableau. La mise en scène était parfaite et les corps d’Arcange et de sa victime ne faisaient que la magnifier. J’avais reproduit les miroirs, en veillant à y faire figurer chaque partie importante : le verre s’enfonçant dans le vagin de la jumelle, le sexe de mon frère le défigurant davantage, les bouts de chair répandus, l’horreur sur son visage, les cris qui défiguraient ses lèvres. Et puis, dans l’un des miroirs, la silhouette enceinte d’Irène regardait le massacre, une main sur son ventre rond. Son expression était perverse. Le vice s’y lisait facilement, ainsi que la fureur de se voir arracher son jouet favori. L’acte qui se déroulait devant moi était loin de me laisser indifférence. Petit à petit, l’humidité avait pris place entre mes cuisses. Cela ne m’étonnait plus depuis longtemps. À chaque fois que je peignais mon frère, le même phénomène se produisait. L’horreur m’excitait. Je ne le montrais cependant pas et gardais mon secret pour moi. Je m’arrêtai de peindre lorsqu’il vint et observai la tension sur son corps, l’expression de son faciès et ses mains terminer celle qui n’existait probablement déjà plus depuis longtemps du fait de sa condition de captive de la d’Errazib. Je songeai un instant à la scène qui s’était déroulée chez cette dernière, le jeu qui avait été lancé, les mots d’Ezidor, les réactions d’Irène. J’avais jugé bon de ne pas tuer le couple, de faire comprendre à Arcange qu’enlever la jumelle suffirait. Peut-être s’autodétruirait-il lui-même. Peut-être le manoir n’était-il plus qu’un lieu saccagé où l’un baignait dans son sang et où l’autre faisait office de loque en quête d’un peu plus de temps pour exister. Un rire bref s’échappa de ma bouche. J’allais rajouter le médecin à la toile, ainsi que le cou tranché, écartelé et rempli de morceaux de chair ensanglantés de la blonde.

Arcange tangua. « Tu devrais te reposer. » dis-je à mon cadet, en actionnant le mécanisme pour descendre le corps du vieillard. L’urine s’était répandue sur le sol bien plus tôt. Parfois, la rigidité cadavérique n’opérait pas et il n’y avait que du mucus, de l’urine ou du fluide prostatique. C’était alors décevant. Je retirai le pantalon de ma victime, constatant avec plaisir que la magie avait opéré. J’allai chercher de quoi le laver, pris mon temps et le tirai dans un lieu propre avant de lui enfiler un préservatif semblable à ceux qu’utilisaient mon frère mais sans colle ni verre pilé. Je retirai mon pantalon puis ma culotte et m’installai sur lui au beau milieu de la salle. Je n’avais aucune envie d’attendre ni besoin d’intimité ce soir. Je n’avais jamais laissé Arcange m’observer dans une telle position, sauf une fois. Il m’avait surprise et j’avais vu son reflet dans un miroir de ma chambre. Ça avait rendu le coït encore meilleur. Cette fois, j’avais envie de le laisser voir. Néanmoins, l’envie mourut lorsque je mesurai véritablement sa faiblesse. J’arrêtai de bouger et retirai mes doigts d’entre mes cuisses. J’attendis un instant, incertaine, avant de me lever en abandonnant le cadavre. « Arcange ? » Je me collai à lui et plaçai son bras sur mes épaules, avant de prendre sa température. Il était livide et peu réactif. « Viens avec moi. On va t’allonger. » Je songeai aux médicaments d’Ezidor qu’Irène lui avait fait ingérer. Le temps de rejoindre notre chambre, il somnolait presque. Je l’installai sur le matelas. De l’acier passa dans le bleu de mes yeux. Si cette garce avait empoisonné mon frère et qu’il mourait, j’allais découper son corps en fines lamelles jour après jour jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien d’elle.

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Jeu 02 Nov 2023, 21:53



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Alcide


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Dès qu’Ezémone commença à parler, Nicodème sut qu’elle n’allait pas se ranger à son avis. Il aurait pu le prédire simplement en évaluant son sourire. Ils se côtoyaient depuis des années. Ses manies ne lui étaient plus étrangères. S’il lui était parfois difficile de comprendre ce qu’il pouvait se tramer dans la tête des autres, il pouvait prétendre connaître suffisamment son épouse pour savoir où elle souhaitait aller. Généralement, il ne résistait pas. Quoi qu’il ne fût pas nécessairement d’accord, il reconnaissait son intelligence et ses aptitudes sociales, et la laissait volontiers faire ce qu’elle entendait. Cependant, cette fois-ci, il ne pouvait se résoudre à ployer face à sa détermination. Il lui semblait que son désir d’unir Olivette à Merlin relevait d’une ambition démesurée et, surtout, inconséquente. Il retint un soupir, au lieu duquel il se pinça l’arête du nez, les sourcils froncés. Son regard fila à nouveau en direction de l’extérieur, jusqu’à redescendre sur leurs mains liées. Sans opposer de résistance, il s’assit à côté d’elle, sur le rebord de la fenêtre, dos à l’azur. Il n’aimait pas débattre et argumenter sur ces sujets-là. Il pouvait discourir des heures sur une œuvre d’art ou l’état des finances et ce qu’il convenait d’en faire, mais les affaires courantes l’ennuyaient avec une intensité abyssale. Elle le savait pertinemment.

Il la regarda. Un sourire discret étira le coin de sa bouche. En elle, il voyait autant l’une et l’autre de leurs deux filles. Olivette avait pris de sa mère sa force de caractère et le courage d’assumer ses opinions ; Stéphanette avait hérité de sa passion pour les cercles sociaux et tout ce qu’ils impliquaient de frivolité et de légèreté. Quand elle parlait de mariage, elle lui faisait davantage penser à leur aînée, mais il ne la contredit pas. Sa main libre rejoignit l’autre, qui entourait déjà celle de la violette. Il caressa délicatement cette dernière. Le contact ne faisait pas partie des besoins viscéraux de Nicodème. Il ne le recherchait que rarement et ne s’y égarait jamais, mais lorsqu’il s’y adonnait, c’était toujours avec un grand soin et une attention particulière. Il y mettait la même méticulosité qu’un peintre sur sa toile ; ses doigts devenaient pinceaux et chaque toucher devait apporter une couleur singulière. Sans la regarder, il écoutait Ezémone. Elle avançait toujours des arguments qu’elle croyait imparables ; d’ordinaire, même s’il y percevait des failles, la bercer de cette illusion ne le dérangeait pas. Il n’avait jamais possédé un ego qui ne pût souffrir la contradiction ou le silence, au contraire. S’il était une chose qu’il avait pu mesurer sa vie durant, c’était à quel point le mutisme sélectif et l’accommodation intelligente aux caractères des autres pouvaient être précieux. L’envie impérieuse d’avoir raison et d’asseoir sa supériorité, beaucoup moins.

« Les conjectures, c’est la base de mon métier. » glissa-t-il, dans l’espoir qu’elle marquât une pause dans le flot de ses paroles. Parfois, il se demandait si elle n’avait pas développé cette capacité à parler sans discontinuer afin d’étourdir les victimes de ses entretiens, lorsqu’ils prenaient le tournant d’interrogatoires. Il avait la déformation professionnelle des probabilités et elle, des assommoirs. « Ce n’est pas rester passifs, c’est se montrer prudents. » Il soupira. Son index s’attarda sur la deuxième jointure de l’annulaire de sa femme, juste au-dessus de son alliance. « Je ne doute pas que vous défendriez nos filles corps et âme. » Il se tut, hésitant. Finalement, il reprit : « Mais je n’ai déjà pas l’habitude de jouer avec l’argent, et je sais d’expérience que lorsqu’une crise économique éclate, il est délicat de réajuster la balance, même avec toute la bonne volonté du monde. Avec des vies humaines, ça me semble d’autant plus pernicieux. Je ne souhaite pas voir nos filles prises dans la tourmente d’une crise politique ou conjugale. Patientez jusqu’à ce que la situation soit plus sûre, je vous en prie. Nous serions tous deux incapables d’exprimer assez de regrets si Stéphanette et Olivette devaient pâtir de démarches précipitées et d’une ambition parentale démesurée. » Il pressa sa main entre les siennes et releva le visage vers elle. Il détailla son regard, que la forme de ses sourcils et l’épaisseur de ses cils avaient toujours rendu particulièrement expressif, puis son nez et ses lèvres, ses pommettes fières, tout ce qu’il avait passé des années à étudier sans s’en rendre compte – tout ce que, il l’avait récemment réalisé, il ne voulait ni perdre ni oublier. « Je ne suis pas en capacité de me passer de l’une d’entre vous. » Il inspira et appuya son dos contre la vitre. La fraîcheur de celle-ci le fit frémir. Il leva les yeux vers le plafond. « Parfois, je rêve de l’incendie, et que vous n’êtes plus là. La vie a un goût fade qu’aucune œuvre d’art ne parvient à rehausser et je ne suis plus tout à fait certain de vouloir la vivre. » Il marqua une pause. « Je n’ai pas besoin de plus. »



Message VII – 829 mots

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Adriæn Kælaria
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Jeu 02 Nov 2023, 22:02

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Le Roi sadique



Rôle:

« Bien sûr. » répondit-il. « Je ne suis pas un monstre. » Un sourire apparut sur ses lèvres, sous son chapeau. Il avait aimé Éléontine plus jeune. Ils s’étaient toujours correspondus. Le sexe n’avait jamais été aussi bon qu’avec elle. Leurs plans avaient souvent fonctionné à la perfection. Quand ça n’avait pas été le cas, ils s’étaient entraidés pour éviter le pire et l’avaient évité avec brio. Il aimait son esprit tordu, le fait qu’elle cachât ses pires travers à Gustave et que l’homme crût être le seul à jouir de la vie. Éléontine avait beaucoup joui aussi, dans ses bras à lui. Néanmoins, l’amour avait fané et il avait commencé à songer se ranger. Il ignorait si les sentiments qu’il avait éprouvés pour Clémentine étaient de l’amour. Sans doute, un amour d’un genre différent, un amour qu’il n’avait pas pu tester ou voir se fructifier. S’ils avaient passé du temps ensemble, peut-être aurait-il arrêté de fantasmer sur la d’Ukok, peut-être se serait-il ennuyé avec elle, à parler fleurs et tisanes. C’était même certain. Il avait essayé et ça ne l’avait conduit nulle part. Une vie de débauche était bien plus facile. Célibataire, personne ne pouvait lui poser de limites. Lorsque le chapeau glissa, son regard fit de même, sur elle. Quelques secondes plus tard, il rejoignit le plafond et les oiseaux qui y pendaient. Il resta silencieux à ses aveux. Écouter faisait partie de ses qualités. C’était aussi indispensable pour deviner autrui. Et puis, il avait remarqué très jeune que beaucoup adoraient se confier et parler d’eux-mêmes. Parfois, ça lui arrivait aussi. Il l’avait fait le soir où Zébella d’Uobmab s’était fait violer. Il avait eu tort. Une nouvelle fois, il la regarda. Ce qu’elle voulait serait compliqué. Elzibert ne la laisserait probablement pas partir. Il sourit lorsque la main de la jeune fille le caressa en même temps que les roses. Elle semblait déterminée mais elle n’était pas la première à l’être parmi celles qu’il avait pu côtoyer. Ce genre d’histoires ne se terminait jamais bien.

Doucement, il amena ses doigts sur le dos de la main d’Yvonelle, celle-là même qui avait glissé le long des tiges. Il se redressa légèrement et la regarda. « Je ne veux rien. » Il était sérieux. « Je n’ai pas besoin que vous me donniez quoi que ce soit pour vous aider dans le domaine musical. J’aime réellement ce que vous faites. Je ne vous pose pas des questions sur vos œuvres uniquement pour vous attirer dans mon lit. Je le fais aussi parce que ça m’intéresse et que je pense que vous mériteriez d’être connue. » Il lui sourit. « J’ai des connaissances, je pourrais leur parler de vous. » Il s’assit et les roses tombèrent sur son pantalon. Son torse se trouvait maintenant à côté du buste de la blonde. « Ce que je crains c’est que votre mari ne vous laisse pas faire. Il m’a proposé un projet d’entreprise qui ne m’a pas surpris mais qui est loin d’être anodin. Il veut créer un bordel sadomasochiste dans lequel les femmes seraient soumises, bâillonnées et attachées. » Il marqua une légère pause puis reprit. « J’ai dit que je garderais le secret mais je préfère vous en parler. Ne me voyez pas comme quelqu’un de gentil et d’attentionné. Je veux juste vous détacher de lui pour la raison que vous savez. » En plus, il l’imaginait bien plus chevaucher son partenaire que se faire soumettre par lui. « Et aussi parce que je pense que vous risquez votre santé à rester à ses côtés. » Il n’en était pas certain mais il avait capté plusieurs fois chez Elzibert des tendances brutales. Il ne le jugeait pas, puisque lui profitait d’autrui impunément. Néanmoins, il était souvent doux. Même avec les prostituées, la violence ne le caractérisait jamais. Il pouvait être un peu rude, parce qu’il n’était pas là pour leur faire plaisir mais pour se faire plaisir à lui, mais il n’en avait jamais étranglé aucune et n’avait jamais songé à en fouetter non plus. « Je ne crois pas que vous soyez l’innocence incarnée mais je crois que vous méritez mieux que lui, quelqu’un qui vous respectera. Ce ne sera pas facile si vous désirez le quitter mais je vous aiderai si vous voulez. » Il planta ses yeux dans les siens. « Je vais bientôt acheter un bien immobilier. Si vous ne savez pas où aller, vous pourrez venir chez moi. Vous pourrez répéter quand bon vous semblera et organiser des soirées. Vous n’aurez qu’à me payer un loyer pour vos appartements, comme ça vous serez indépendante. Je ne viendrai pas chez vous, sauf si vous m’y invitez. » Sa main remonta sur son avant-bras puis sur son bras. Il l’arrêta sur son épaule quelques secondes avant de la glisser dans son cou. « Et puis, pour le reste… » Ses doigts remontèrent et caressèrent ses lèvres. « … je sais que je ne vous rends pas indifférente. » Il les retira et se laissa tomber de nouveau sur le canapé. Un rire amusé lui échappa. « Mais on le fera quand vous me désirerez tellement que vous n'aurez plus d'autres choix que de vous jeter sur moi. » articula-t-il, une once de taquinerie dans la voix.

864 mots



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Ven 03 Nov 2023, 07:49

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Les Portes V - Le Roi sadique
Ezémone




Ezémone d'Ecirava:

Une petite moue de dépit brouilla la courbe de ses lèvres et le sourire en coin qui s'y logeait souvent. Par pure mauvaise foi, Ezémone aurait voulu pouvoir lui répondre qu'il gaspillait sa salive à la brider dans ses plans, mais elle ne détestait pas qu'il s'impliquât. Elle aimait la nouveauté autant que n'importe quel journaliste, et celle-ci se glisserait en première page de son journal personnel, dans la section des évènements marquants et bienvenus. L'éducation de leurs filles se faisait au sacrifice de nombreuses heures de sommeil. Prendre seule toutes les décisions avait parfois été fastidieux, notamment maintenant que les filles arrivaient à cet âge où elles pensaient que leur opinion et leurs volontés pouvaient et devaient être prises en compte au mépris du reste. Leurs caractères s'affirmaient et ça lui faisait parfois peur, elle craignait de ne pas être à la hauteur. Que Nicodème montrât que la question ne l'indifférait pas eut le mérite de faire tenir sa langue à la mère. Elle regardait sa main prise entre celles du blond mais restait songeuse, reprenant chacun de ses arguments, les pesant soigneusement pour les décortiquer et juger objectivement de leur pertinence. Nicodème n'était pas juste un passionné d'art et excellent dans ses fonctions à la cour, il était aussi d'une intelligence qui aurait mérité qu'il sorte davantage de ces silences qu'il affectionnait tant. Elle n'aimait pas être contredite, mais avec lui, elle découvrait que cela ne lui était pas si intolérable. Au besoin, elle pourrait l'avoir à l'usure mais insister aujourd'hui serait contre-productif. Sa prochaine remarque lui fit relever les yeux pour l'observer à son tour. Quelque chose dans sa voix était différent, brisé. Il y avait des fissures dans cette façade qu'il n'avait probablement même pas conscience d'avoir. Il montrait rarement, ou jamais, ses faiblesses. Même dans l'intimité, il y avait toujours ce vernis, cette réserve dont elle n'avait pas su trouver la clé. Son regard suivit la ligne de sa mâchoire qu'elle avait toujours trouvée séduisante, remonta jusqu'à l'ombre projetée par ses cils sur ses joues mais c'est la nature de sa confession qui firent s'envoler les palpitations de son cœur. Il était rare de réussir à réduire Ezémone au silence et elle se tint coite avant de glisser sa main jusqu'à sa joue pour orienter son visage vers le sien. Elle se tendit vers lui pour l'embrasser, non pas rapidement comme plus tôt mais comme la première fois, obéissant à l'élan impulsif créé par ses mots. Elle le relâcha et appuya sa tête contre son épaule. « Si vous continuez ainsi, je vais devoir vous séquestrer dans notre chambre. » le menaça-t-elle, un sourire dans la voix. Elle poursuivit avec plus de sérieux. « Nous n'irons nulle part sans vous. Je sais que je suis celle qui manœuvre les rênes de notre famille, mais n'allez pas croire que je puisse le faire sans vous. Je ne vous aurais pas épousé si je n'avais pas eu besoin de vous. Je n'avais en revanche pas anticipé que vous soyez si poète. Vous devriez cesser de toucher mon cœur de la sorte, vous ne m'avez pas habituée à cela, et si je ne vous connaissais pas, je soupçonnerais que vous l'ayez fait exprès pour que j'accepte d'attendre encore un peu. Mais soit. Laissons le Roi retrouver sa santé, et attendons de voir comment les prochaines semaines vont se dérouler. » Elle aurait bien aimé le rencontrer en tête à tête pour échanger avec lui, dans le cadre de son journal, afin de voir l'homme derrière le monarque, et ainsi mieux évaluer s'il ne serait effectivement pas dangereux pour Olivette.

La porte s'ouvrit sur le bureau et une petite femme aux joues rubicondes et au chignon un peu fou entra avec un plateau dans les mains. « Est-ce que Madame revoudra un peu de thé ? Oh. Toutes mes excuses. » « Je vous en prie, Suzette, vous n'interrompez rien d'inconvenant, ne rougissez donc pas ainsi. Oui je reprendrai du thé, s'il vous plaît. Vous voulez bien aussi aller me chercher Stéphanette pour lui dire de nous rejoindre ? Elle se trouve dans le jardin avec sa soeur. Merci. »

Quelques minutes plus tard, Ezémone siégeait de nouveau à son bureau. Elle versa le thé dans deux tasses et en poussa une vers Stéphanette assise face à elle. Nicodème avait repris sa position initiale. Le temps que le breuvage refroidisse, la violette installa son menton dans ses mains croisées. Elle avait invité son aînée à lire le contenu des lettres qu'Arcange Reknofed leur avait adressé. Elle se délectait des réactions de la blonde. Peut-être que le héros de Lieugro, ou nouvellement Uobmab, saurait lui faire oublier le Roi et les prétendus sentiments qu'il avait pour elle. Sa fille avait la tête pleines de rêves, elle rechignait à la plonger dans la réalité. Son innocence était précieuse, c'était aussi ce qui faisait son charme. « Nous allons lui répondre. Toi aussi, bien entendu. Mais est-ce que tu comprends ce que cela signifie ? » Elle savait que oui, mais il était important de le souligner. « La nature s'est montrée impatiente avec toi, mais tu es jeune encore. Arcange est jeune aussi, mais il est néanmoins un adulte, et en âge de se marier. Qu'il t'envoie cette lettre n'est pas anodin. Que nous y répondions non plus. Les intentions ne sont jamais écrites noir sur blanc dès le début, mais c'est d'union que nous parlons. Ce n'est qu'une éventualité, bien sûr, rien n'est encore décidé. En outre, je veux que tu aies le choix entre plusieurs prétendants, mais celui-ci n'est pas un mauvais choix. Je n'entends que des éloges à son sujet depuis qu'il a sauvé plusieurs convives de la soirée. De plus, il vient d'Uobmab et du sang royal coule dans ses veines. Il pourrait succéder à Merlin s'il devait lui arriver malheur. Et pour couronner le tout, il n'est pas désagréable à regarder, n'est-ce pas ? » La violette lui envoya un sourire entendu par dessus la tasse de thé qu'elle venait de porter à ses lèvres. Elle fit courir son index le long du rebord. « Nous allons proposer de l'inviter, ainsi que sa soeur. Je pense que ton père aimerait la rencontrer. » Elle glissa un coup d'oeil à son époux. « Je te laisse écrire un premier brouillon de la réponse que tu aimerais lui faire pour que ce soient tes mots qui transparaissent en premier, et je la relirai ensuite. Nous ne devons faire aucun faux-pas et tu es trop jeune pour entretenir des correspondances avec des prétendants sans supervision. » Il lui semblait que ses filles grandissaient trop vite. Leurs corps avaient mûri trop tôt, comme si le printemps avait volé des mois à l'hiver, et qu'on lui avait volé à elle en tant que mère ces précieux moments passés avec ses petites filles. Elles devenaient femmes, et c'était difficile à accepter. « Est-ce que tu voudras que nous allions toutes les deux en ville faire quelques achats ? Maintenant que tu es entrée officiellement en société, nous allons devoir laisser de côté tes toilettes de petite fille. Je te le dis d'avance en revanche, avant que ça ne te vienne à l'idée, mais nous resterons sur des tenues sages. Je ne veux pas entendre parler de décolletés. Il n'est pas question que tu sois vêtue comme une femme de petite vertu à exhiber tes attributs à quiconque croisera ton chemin comme Irène d'Errazib l'a honteusement fait lors de la soirée chez les De Tuorp. Mieux vaut les réserver à celui qui les méritera. » Et ne pas faire comme elle, à se donner imprudemment au premier venu qui la séduisait. Il y avait tant d'autres conseils à lui donner, à lui répéter jusqu'à pénétrer sa cervelle étourdie. La tâche lui semblait parfois insurmontable. « Je suis heureuse de voir que vous passez du temps ensemble avec Olivette. J'ai eu peur en vous voyant grandir que vous vous éloigniez. Dans ce monde, vous pourrez toujours compter sur la famille, sur nous, évidemment, mais sur l'une l'autre aussi. N'oublie pas ceci, et sois bienveillante avec elle. Je lui ferai parvenir le même message. »

Message VII | 1427 mots

Heureusement qu'ils ne sont pas amoureux comme écrit dans le rôle hein, ha ha ha.


Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 8 009 :
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Sam 04 Nov 2023, 12:14

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes V

Après une rapide toilette, Adénaïs avait appris ce qui s'était passé plus tôt dans les cachots. Installée sur une chaise face à la fenêtre, elle se résumait mentalement les événements récents. Tout ce qui l'avait mené à cet instant, à cet état. Les malheurs de sa fille. Le rendez-vous que désirait Gustave — grand dieu, elle l'appréhendait tant maintenant. Le retour de Zebella. Celui de Childéric — au côté de la d'Uobmab, en soutien. La mort de Merlin. Depuis ce bal sanglant, ça avait été sa colère envers le meurtrier de son fils qui l'avait maintenu debout et offert un nouveau cap. Puis la découverte de cette vie qui grandissait en elle l'avait encore mené sur un chemin plus compliqué qu'il ne l'était déjà. Sous son habit on pouvait apercevoir son ventre légèrement arrondi de cette présence nouvelle qu'elle n'avait pas bridée en se changeant, brisant de ce fait le secret qu'il avait été jusque-là. Elle avait cru que la mort de Merlin, entraînant la sécurité de l'enfant à naître, rallumerait une étincelle de sérénité en elle. Ça avait été tout le contraire. Elle ne se sentait plus que comme une coquille vide. La route sur laquelle elle s'était aventurée venait de s'effondrer sous ses yeux et, aujourd'hui, elle ignorait quel chemin elle pouvait à présent emprunter. Son esprit s'égarait dans l'horizon lointain. Il vagabondait entre cet inconnu étranger qu'elle songeait plus vert qu'ici — aucune terre ne pouvait être pire que celle sous le joug d'Uobmab — et le néant de son cœur. La luminosité commençait déjà à s'éteindre pour tranquillement céder sa place au voile hideux de la nuit.

La veuve ne se souciait pas de la présence du garde à l'entrée de la pièce et veillant sur elle — pour ne pas dire qu'il la surveillait. L'unique cause pour laquelle elle n'avait pu quitter ce lieu de malheur. À mesure que le temps avait passé, qu'elle en avait arpenté les couloirs, elle s'était mise à en répugner les murs. Le sang et la mort en imprégnait chaque pièce. Elle sentait l'intention du garde focalisée sur sa personne, probablement malgré lui. Elle s'en souciait guère. Il l'avait trouvé dans un piètre état, aussi pâle qu'un cadavre contre le mur sur lequel elle avait pris appui, un mouchoir sur la bouche, tout juste après avoir régurgité sa bile. Elle avait fixé le soldat d'un œil morne avant d'user de ses quelques forces pour se redresser, laissant tomber le mouchoir bon à jeter au sol avant de prendre la direction de ses appartements, le soldat sur les talons.

Une main sur le ventre, elle se mit à songer à ce petit être en elle. À l'avenir qu'elle pouvait lui offrir et celui qu'il n'aurait pas. Celui qu'il ne pourrait avoir à ses côtés. À ses ambitions, à celles qu'on lui imposerait et celles sur lesquelles il serait contraint de faire une croix. Ses espoirs. Ses rêves. Ses amours. Ses déceptions. Le poids de l'évidence s'écrasa sur sa poitrine. Elle était peut-être en âge d'enfanter encore. Elle n'était cependant plus en condition de l'élever correctement. Une question s'imposa à son esprit : avait-ce été égoïste de vouloir aller jusqu'au terme de sa grossesse ? La quatrième. Il était des femmes qui n'avaient pas survécu à leur premier. Qu'en serait-il d'elle cette fois-ci ? Un rictus cynique dessina la commissure de ses lèvres à cette pensée qui s'infiltra en elle. Elle ne serait pas étonnée qu'elle survive à cet enfant. La vie lui crachait depuis trop longtemps sur la gueule, comme si elle s'amusait de ses ténèbres et son infortune. Or, on se débrassait rarement d'un jouet qui plaisait. Un soupir fuita d'entre ses lèvres et s'évada à travers la fenêtre ouverte. Lasse, elle se redressa pour prendre la direction de la sortie. « Madame, je suis désolée, vous ne pouvez partir. » intervint le soldat en s'interposant. La captive posa un œil sévère sur celui-ci. « Childéric compte-t-il à son tour me faire prisonnière ? ». Le garde demeura muet. Non, évidemment. Il avait cependant demandé à ce que l'on garde un œil sur elle et la tâche était plus aisée si elle demeurait à l'abri ici plutôt qu'à vaquer au milieu du tumulte du changement de royauté. « Je vais seulement dans les jardins, inutile de vous inquiéter. » siffla-t-elle en contournant la silhouette du soldat.

Arpentant les couloirs dans un silence de mort, le visage aussi figé qu'une statue de calcaire et aussi blême qu'un linceul, elle paraissait un fantôme rôdant dans ce lieu de tourmente. Elle n'était désormais plus que ça. Une âme errante privée de tout et n'attendant plus rien du monde. Une représentation vivante de ces esprits des mères saisis trop tôt par la mort et pleurant l'amour, hantant le bonheur des autres pour faire peser sur leurs épaules le chagrin qu'elles-mêmes avaient subi de leur vivant. On avait gelé son âme, brisé son esprit et assassiné son cœur. À quoi d'autres pouvaient-ils tous s'attendre ?
© ASHLING POUR EPICODE




Post VII | Mots 832 | dans la famille dépressif, je demande la mère
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Seiji Nao
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Seiji Nao
Sam 04 Nov 2023, 17:22





Rôle:

Par un phénomène que la blondinette ne s’expliquait pas, la réalité s’employait à décevoir son imagination. De la formidable complicité, née d’une déclaration passionnée, qui aurait dû unir le jardinier et sa soeur, elle ne ressentait rien. Un vague sentiment de gêne flottait dans les airs : sans doute s’agissait-il des derniers vestiges de leur timidité. Incapable d’envisager l’échec de son stratagème, elle demeura aveugle à l’évidence. Les yeux rivés sur le visage d’Olivette, impatiente de voir la joie s’imprimer sur ses traits, elle jubila lorsqu’elle s’empara de l’écrin, certaine de voir sa volonté s’exaucer. L’idée d’un mariage emplirait bientôt la tête de la studieuse aussi sûrement que la sienne, d’une manière bien différente. Gaiement, elle croqua dans une fraise. L’amour triomphait de tout, et avec un petit coup de pouce, il remportait la victoire plus tôt que prévu. Ne resterait plus qu’à attendrir le cœur de sa mère et le tour serait…

Brandissant la vérité comme une épée, Doléas réduisit tous ses efforts à néant. Abasourdie, elle battit bêtement des cils, étonnée par sa soudaine rébellion. Qu’espérait-il gagner à montrer que l’initiative ne tenait pas de son fait ?

« Je vous prie de m’excuser. Je me suis montrée maladroite. Je ne cherchais pas à vous offenser, ni à vous mettre dans l’embarras. Parfois, je me laisse un peu emporter par mon imagination. »

Plus surprise que contrariée, l’adolescente s’oublia dans la contemplation de la nappe, qu’une tâche de chocolat brunissait. Profitant de son inhabituel mutisme, Olivette se réfugia une fois encore derrière les bonnes manières. Alors, la blondinette sut que l’occasion était perdue. Un voile de désespoir alourdit ses paupières ; comment pourrait-elle convaincre sa sœur, quand ses propres sentiments n’y suffisaient pas ? Sans son soutien, leur mère ne céderait jamais. D’humeur chagrine, elle songea à la robe de mariée qu’elle esquissait depuis leur retour de la réception, dans le secret de sa chambre. Un pincement lui serra la poitrine. Pour qui la porterait-elle, si ce n’était pour le Roi ?

Au moins la frivole eut-elle la satisfaction d’apercevoir le plaisir illuminer les prunelles de sa cadette. Quelque peu adoucie par cette vision, et par la tendresse qu’elle percevait dans sa voix, elle s’arracha sur-le-champ à ses sombres pensées.

« Oh ! Vraiment ? Je serais si heureuse de faire les magasins avec toi ! Je me souviens d’avoir aperçue une capeline la dernière fois qui… Mais… Tu n’aimes pas ça. »

Pensive, elle prit le temps de mâcher un deuxième morceau de fraise, résistant à l’envie de dévorer le saladier entier : le sucre tâchait les dents, et un joli sourire comptait parmi les meilleurs atouts d'une jeune femme.

« Peut-être pourrions-nous plutôt aller chez Geneviève, la couturière. Je pourrais te dessiner une tenue, et elle la confectionnera. Comme ça, on aura juste à trouver quelques accessoires, ça ne prendra pas trop de temps. Et puis… Je serais très émue que tu portes ma première création. »

Depuis que ses doigts lui permettaient de tenir un crayon, Stéphanette noircissait sans relâche des carnets. Au grand désespoir de leur père, son talent s’exprimait surtout pour les croquis de mode, et autres futilités vestimentaires. L’idée qu’une toilette qu’elle ait imaginée devint réelle la réjouissait presque autant que la perspective de ses noces.

« Et vous ? Connaissez-vous des boutiques intéressantes, en ville, ou des endroits qui vaillent le détour ? Où allez-vous dépenser votre argent de poche ? »

Il existait bien des mystères dans la vie de Doléas, que la frivole se devait d’éclaircir. Ces zones d’ombre, sans doute, réfrénaient les ardeurs d’Olivette. Quelle femme aurait voulu d’un époux qui lui cachât des choses ?

« Je m’aperçois que je vous voie souvent, mais que je ne vous connais pas beaucoup. Vous êtes toujours si discret. Que faites-vous de votre temps libre ? Je ne peux croire que ce soit vrai, mais une amie m’a racontée que vous fréquentiez des filles… »

Au fait des aventures de toutes ses connaissances, et experte attitrée de ces dernières en matière de séduction, l’adolescente savait que la jalousie faisait parfois mouche mieux qu’un discours enflammé. Si elle parvenait à allumer une étincelle d’envie dans le cœur de sa sœur, alors…

Ce fut le moment que choisit Suzette pour les interrompre, leur imposant la vision de son chignon grossièrement exécuté et de ses mains rougies. La blondinette prit à regret congé de sa cadette et du jardinier, se demandant ce que sa mère pouvait bien lui vouloir. Résistant au désir brûlant de rectifier la coiffure de la servante, elle se laissa conduire jusqu’au bureau, s’installa dans un fauteuil qui semblait engloutir sa silhouette _ elle soupçonnait Ezémone de l’avoir installé là pour intimider ses interlocuteurs _, et parcourut du regard les lettres. Ses mains tremblaient contre le papier, et à mesure de sa lecture, ses joues s’empourprèrent jusqu’à ne plus être qu’un rideau de feu.

Les paroles de la violette en toile de fond, Stéphanette caressa l’encre du bout des doigts, songeant à la main qui avait tenu la plume. Quelques mots parvenaient à ses oreilles, embrasant son imagination et ses entrailles.

« C'est un honneur de recevoir une lettre du héros dont parle tout le royaume, assurément. »

Réfugiée derrière les convenances _ un réflexe qu'elle reprochait si souvent à Olivette _, elle balbutia sa réponse, peinant à penser clairement. Son teint vira à l'écarlate lorsque le physique de l'expéditeur fut mis sur la table. De sa bouche d’ordinaire si bavarde ne sortit qu’une approbation timide.

« Si vous pensez qu’il serait avisé de l’inviter, je vous confiance. Je tâcherais de faire honneur à notre famille, et de me montrer courtoise et agréable, sans dépasser les limites de la bienséance. »

En son for intérieur, la blondinette eut envie de rire des précautions que prenait sa mère. Les chaperons n’empêchaient rien : nombre de ses amies trompaient aisément leur vigilance, et certaines lui avaient même confié que leur présence les avait poussées à aller plus loin que si elles avaient été seules. Elles avaient souri du même air entendu qu’arborait sa mère en évoquant la beauté d’Arcange, et si elle ne comprenait pas tout à fait la complicité qu’elle lisait dans leurs expressions, elle frémissait à l’idée de sentir ses lèvres sur le dos de sa main.

Toutefois, il lui faudrait rassembler tout son courage pour laisser de côté ses palpitations, et ne pas gâcher ses chances. Elle qui se trouvait toujours si confiante devant les garçons, devant Merlin lui-même, sentait ses jambes se changer en coton à l’idée de revoir le blond.

« C’est une excellente idée. Cela fait des mois que je vous dis qu’il me faut de nouveaux vêtements. Après tout, c’est le plus grand atout d’une femme. Et puisque vous en parlez, nous devrions inviter Olivette. Si je dois me marier bientôt, je ne veux pas perdre une minute du temps que je pourrais passer avec elle. »

Ce n’était pas tout à fait la vérité, mais pas un mensonge non plus. De jour en jour, imperceptiblement, l’adolescente sentait sa poitrine gonfler sous ses linges, et chaque millimètre gagné la rapprochait de l’heure où elle dirait adieu à sa famille.

« Mère… Comment avez-vous choisi entre vos prétendants ? Pourquoi est-ce Père que vous avez épousé ? »

Il semblait inconcevable à la blondinette que sa génitrice n’eût pas eu d’autres soupirants. Malgré l’empreinte des années sur son visage, elle conservait belle allure ; dans sa jeunesse, elle avait dû être splendide. Nul doute que sa propre splendeur venait de là. Quant à son père… S’il ne manquait pas d’élégance, elle peinait à croire qu’il eût fait chavirer autre chose que la bourse des artistes.

« Quand le moment sera venu, me laisserez-vous vraiment le choix ? Pourrais-je épouser l’homme que je souhaite, même s’il n’est pas à vos yeux le meilleur candidat ? »

La frivole releva la tête, plongeant son regard dans les iris d’acier de la journaliste. À l’abri de ses boucles violacées, elle devinait une intelligence dont elle ne mesurait pas pleinement l’ampleur. Stéphanette rêvait d’un statut que rien ne saurait ébranler, et, contrairement à ses amies, avait toujours soupiré après une position plutôt que devant celui qui pouvait la lui offrir. Drapé de son halo de bravoure, Arcange faisait vaciller ses habitudes. Quand Merlin se déciderait à lui écrire, que se passerait-il ? Sa mère accepterait-elle qu’elle épousât un homme de moindre condition ? Valait-il mieux être heureuse que renommée ?

Epuisée par ces considérations d’adulte, elle descendit d’une traite la tasse de thé.

« Je ferais mieux de me retirer, pour réfléchir à une réponse appropriée. Bien sûr, vous la relirez avant que je ne l’envoie, mais je veux vous prouver que j’ai grandi, et que sur certains aspects au moins, je peux m’en sortir seule. Après tout, je ne serais bientôt plus une enfant, et vous ne serez pas toujours là pour veiller sur moi. »

De retour dans sa chambre, la blondinette ferma la porte à clef, et se laissa tomber contre le battant de bois. D’un geste fébrile, elle porta la lettre à son nez, et en inspira profondément le parfum. Ses pieds vinrent tapoter le plancher, tandis que de petits cris de joie lui échappaient. Avant toute chose, il lui fallait lancer la rumeur de son mariage à venir ; aussi se précipita-t-elle à son bureau. Nul besoin de nom : quelques propos bien choisis suffiraient à faire s'envoler l'imagination des plus bavardes de ses amies. Trempant sa plume dans l'encrier, Stéphanette sourit de toutes ses dents. L’avenir lui tendait les bras : il ne lui restait plus qu’à saisir sa chance.

1 507 mots | Post VII

Résumé:

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Stanislav Dementiæ
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Lun 06 Nov 2023, 00:48


Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle - Alembert De Lieugro:
Résumé ; Alembert écoute Zébou et Chichi parler (faudra qu'on lui trouve un nom de plante verte pour la suite. 8D) avant de proposer une alliance entre Zébella et lui-même pour apaiser les tensions qui pourraient subsister chez les pro-Lieugro.

Alembert essayait de garder son esprit rivé sur ce qu'il se disait autour de la table. Il s'agissait indéniablement de l'un de ces moments fatidiques qui marquent l'Histoire, et l'adolescent avait le privilège de pouvoir y assister. Que la situation tourne à son avantage ou non, une part de lui ne pouvait s'empêcher d'être légèrement enthousiaste à l'idée de faire partie du trio. Pourtant, rester concentré se révélait plus ardu qu'il ne l'aurait songé : à chaque fois qu'il posait les yeux sur la Bleue, la scène dont il avait été le témoin se rejouait devant ses yeux. L'odeur ferreuse s'était imprégnée dans ses narines et ne le quittait plus depuis qu'ils avaient quitté les cachots. Dès que la voix de la nouvelle monarque s'élevait, elle résonnait d'un écho, celui du dernier souffle de feu son frère. Le brun pressa ses lèves l'une contre l'autre. Il avait la nausée. Pour essayer de masquer le léger tremblement qui faisait trembler ses membres, il plaqua ses deux mains sur ses cuisses. Qui eut cru qu'il se trouverait dans un tel état à cause de Merlin d'Uobmab. Voir le sang de l'usurpateur couler aurait dû le réjouir. Même s'il n'avait pas pu jouer le rôle chevaleresque qu'il s'était attribué en pensé, Zébella avait réglé une partie du problème auquel faisait face le royaume.

« Ils n'ont qu'à les séparer. » songea le silencieux lorsque le sujet des Reknofed arriva. « Venter les qualités stratégiques de l'un et le garder à ses côtés. Envoyer le second près des frontières, sous prétexte de les surveiller. Si l'homme est aimé du peuple, jouer sur le fait qu'il saura rassurer la populace. Narfas a sombré sous la venue des réfugiés de Lieugro : des représailles seront peut-être à redouter. Ou bien l'envoyer aux frontières d'Uobmab, en tant que représentant des deux nations, en tant que représentant de la paix entre les deux pays. De toute façon, il n'aura pas le choix : refuser et désobéir pourrait constituer un acte de rébellion. Quand à la sœur, en faire une conseillère, du moins lui en accorder le titre officiel sans se fier à ses paroles. Garder son ennemi proche pour mieux la surveiller, en somme. Séparés l'un de l'autre, ils seront moins à même de comploter. Leur force sera amoindrie et il sera plus aisé de les contrôler. » Ses pensées défilaient, mais le garçon se garda de les partager. Il avait beau être assis à la table, il doutait d'avoir droit de parole.

Alembert riva son regard sur la Reine et l'ancra au sien. C'était la première fois depuis qu'ils étaient remontés après le meurtre de Merlin. Il fut surpris de ne pas se ratatiner sous son intensité, mais il parvint à conserver une posture droite et à peu près digne. Il poussa l'outrage jusqu'à esquisser un rictus à sa remarque. Elle avait un sens de l'humour particulier. « Je ferai ce qu'il siéra à Sa Majesté. » glissa-t-il avant que ses deux interlocuteurs embrayent sur Garance. Oui, elle était vivante. Il en était certain. Il le savait, parce qu'il ne pouvait en être autrement. Sans elle, la terre aurait cessé de tourner rond, le cosmos entier aurait tremblé sous la perte de cet être unique. Une autre mère vint se mêler à la discussion, et le De Lieugro ne put retenir une grimace aux paroles de Childéric. Songeait-il sincèrement qu'une mère puisse oublier si facilement le lien qui rattachait Zébella à la fin tragique de son fils ? La raison penchait évidement en faveur de la Bleue mais les sentiments brisés avaient la fâcheuse tendance de se rallier aux passions aveuglantes et dévastatrices. La Princesse d'Uobmab avait traîné la réputation d'être une femme forte : si elle avait plié face à un spécimen aussi faible que Déodatus d'Etamot, c'est sans doute qu'elle n'avait pas assez luté. Peut-être avait-elle regretté en cours de route et avait crié au viol. Personne ne saurait jamais, le doute planerait toujours : on n'avait jamais entendu la version du condamné. Ces pensées n'étaient pas propres à l'adolescent : il avait surpris une conversation de ce goût là au campement, pendant leur migration vers Narfas. Elle lui révulsait toujours autant mais si certains pouvaient formuler ces idées, il n'était pas à douter qu'Adénaïs le pourrait également, et qu'elle s'y accrocherait comme une diablesse pour essayer d'apaiser sa peine. Une gardienne de la paix ? Elle serait d'une force de volonté redoutable si elle parvenait à surmonter son désir de vengeance envers la famille d'Uobmab.

Alembert écouta le beau discours de Childéric en silence. Je la connais bien. Ses mots résonnèrent aux oreilles du brun. Dans quel cadre se connaissaient-ils ? N'était-ce qu'au stade de conseiller, ou bien y avait-il eu plus ? Etait-ce lui, l'homme qu'il avait surpris entre les bras de sa mère ? Cela se pouvait : sa corpulence aurait pu correspondre... L'idée le répugna et le fils de Garance serra les poings sous la table. Il aurait voulu lui en coller un en plein nez. Il n'en fit rien. A la place, il inspira grandement. C'était le moment ou jamais. Il avait déjà trop tardé pour exposer son idée, les choses avaient eut le temps de s'envenimer plus qu'il n'avait voulu. S'il laissait encore manquer cette occasion, ses chances seraient peut-être perdues à jamais. « Vous connaissez peut-être ma mère, mais vous ne me connaissez pas, moi. » rétorqua-t-il en fixant le d'Etamot. « Contrairement à ce que vous sous-entendez, je n'ai pas eu besoin d'attendre votre discours paternaliste pour commencer à penser par moi-même. » Alembert toisa avec agacement le chef des armées avant de se tourner vers la nouvelle reine auto-proclamée. « Vous pouvez m'exécuter ici et maintenant, je serai une menace en moins. Attendez-vous cependant à des représailles de taille de la part de ma mère. Comme l'a souligné Childéric, je fais partie des rares personnes à vraiment compter pour elle et je puis vous assurer qu'elle ne laissera pas mon meurtre impuni, qu'importe que cela prenne des années, elle trouvera un moyen de se venger. » S'il y avait un doute concernant le caractère rancunier d'Adénaïs, il n'y en avait aucun concernant Garance De Lieugro. « Ou bien continuer comme vous avez commencer, à m'utiliser comme un pion. Là encore, je ferai une redoutable monnaie d'échange contre ma mère, un poids de levier contre lequel elle ne pourra que plier. Mais dans ce cas là, je serai un rappel constant de ce que votre famille représente aux yeux du peuple : des envahisseurs, une tumeur venue gangréner notre royaume. Si certains semblent s'être alignés sous les ordres de votre frère, je ne vous ferai pas l'affront de vous croire suffisamment stupide pour penser un instant que le peuple dans son entièreté se soit rangé de son côté. Son enlèvement en est un exemple flagrant. Les gardes s'en étant chargés sont ceux ayant servi sous les ordres de sir d'Etamot... » Le garçon marqua une légère pause pour jeter un regard à l'homme avant de revenir sur la Bleue. « Combien pariez-vous qu'une partie a cru à un stratagème pour rétablir la lignée royale initiale ? Quand aux nobles, les conspirations sont plus subtiles, mais il est à parier qu'une bonne partie d'entre eux n'hésiterons pas à vous renverser à la moindre occasion pour rétablir la monarchie De Lieugro. » Alembert marqua une légère pause, le temps de reprendre son souffle. Il s'était exprimé avec ferveur, une volonté qu'on ne lui avait sans doute pas prêté jusqu'à présent, en le voyant plongé dans son mutisme artificiel. « Seule, vous vous heurterez à des ennemis des deux camps : ceux de votre patrie d'origine, et celle de votre royaume d'accueil... » résuma-t-il. « Mais si nous faisons alliance... Alors mon nom permettra d'apaiser les tensions. Je ne suis pas l'héritier auquel le peuple s'attendait, mais je suis de la famille de Montarville, et je reste un De Lieugro. Alors faites ainsi : devenez Reine, et faites de moi votre roi, par mariage. Voir nos deux familles s'unir, et non pas se livrer une guerre de pouvoir donnera un véritable signal de paix pour le peuple. » Alembert se tourna de nouveau vers Childéric pour s'adresser à lui directement. « Il y a sans doute des choses à redire sur le règne de mon oncle, mais s'il y a bien une chose de sa mémoire que je tiens à faire vivre, c'est l'amour qu'il avait pour son peuple, et le bien-être qu'il leur assurait. En tant que consort, je n'aurais pas de pouvoir décisionnel, mais si ma présence peut aider à maintenir un équilibre et apaiser les contestataires, je m'en contenterai amplement. » Finalement, le brun reporta son attention vers la jeune femme, dans l'attente de sa réaction. Le souvenir du meurtre qu'elle avait exécuté de ses propres mains dansa devant les yeux du prisonnier.
1549 mots mots.



Merci Kyky  nastae
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