Partenaire(s) : Magicien(ne)s et qui voudra
Intrigue/Objectif : C'est un petit RP détente, peut-être un simple one-shot de mon côté, à voir. Je me suis dit entretemps que ce serait sympa de l'ouvrir à de potentiels intéressés. En gros, c'est un club de lectures, surtout portées sur les histoires d'amour. Essentiellement composé de Magiciennes vu le lieu, mais il peut y avoir des invitées, et aussi des hommes. Latone est du côté des romans érotiques, elle en est devenue gaga grâce à quelqu'un (8D), mais je devrais la faire bouger pour qu'elle étende ses connaissances.

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On invita Latone à pénétrer dans l'enceinte de la véranda. Elle avoua être stupéfaite de l'espace alloué, aussi impressionnant que le salon en lui-même où les invités – en majorité des femmes – sirotèrent une tasse de verveine avant de migrer vers l'activité principale. À son bras, Dame Aethelind la remerciait une nouvelle fois d'avoir accepté son invitation pour ce jour particulier du Club de lecture Vigasior. En aparté, cette manie qu'avait la Magicienne à lui agripper les biceps à la moindre occasion lui faisait bien comprendre qu'elle appréciait les muscles de la Marcheuse. Latone n'en fit guère une scène, consciente que sa longue robe estivale, blanche à motifs fleuris et sans manche, laissait peu de place à l'imagination sur sa carrure ; Kerby lui avait maintes fois conté les mœurs de la cour et de la gestuelle traditionnelle des Mages, et notamment de leur propension à tâter la moindre parcelle de peau d'un Réprouvé. Quoi qu'il en soit, étant donné son hobby plus qu'avéré, la Kirzor fut tentée par cette journée dédiée à l'Amour pour la Littérature, chacun de ces mots ayant une importance capitale pour le thème de cette réunion. Selon Aethelind, le club fut fondé avant tout pour discuter de la bibliographie de l'écrivain Vigasior, versé dans l'art de la poésie et des sérénades. Au fil de sa popularité croissante, le groupe étendit ses intérêts pour laisser place à une pléthore de littéraires. En ces murs, les Magiciennes gloussaient derrière leur éventail sur le dernier tome de tel roman grivois. Les amies des amies se rassemblaient et donnaient une ouverture aux connaissances même lointaines, d'où la présence de l'Orisha. Elle n'était encore qu'une novice en la matière mais elle avait fini par s'acclimater à merveilles à l'ambiance.

En s'installant à la table ovale, sous un faisceau doux de Jeriel, Latone salua d'un signe de tête les Magiciennes qui s'étaient assemblées en ce coin de la demeure. Dans le cadre de son absence, Sir Hildeburg, le propriétaire, avait confié les clés à sa compagne pour qu'elle pût inviter ses amies et autres à passer une bonne partie de la journée entre férues de salacité. Outre les habituées du club, l'occasion s'avérait parfaite pour ouvrir les portes aux curieux et potentiels candidats. Lors de la précédente Galette, Aethelind avait repéré Latone dans une librairie proche du Lac Bleu ; même si la Mage n'eût l'occasion de l'approcher, ses yeux ne la trahissaient pas sur les goûts de la Bleue. Elle était comme elles.

" Mes dames, permettez-moi de faire rentrer la Duchesse d'Arcadia dans notre cercle. "

De petits rires furent émis alors que le fameux cercle se refermait sur quelques élues. Latone passa outre son appellation pour jeter un coup d'œil de là où elles venaient ; même si Prune Númendil était sa Duchesse suppléante, cette dernière demeurait bien plus présente qu'elle en Lyscenni.

" Les autres ne nous rejoignent pas ? "

" Lorsque nous ne nous réunissons pas toutes, et tous, autour du thé, vous verrez alors prendre naissance des petits groupes ci-et-là. Chaque Magicienne préfère parler d'un sujet en particulier, certaines voudront discuter poésie, d'autres de sagas romanesques… "

" Nous ici, on parle de concupiscences. "

Des sourires, de fausses offenses, il semblerait bien que la Marcheuse n'ait pas compris ce qu'elles entendaient par là.

" Vous voulez dire de fess— "

" Par conséquent, je vous invite toutes à sortir votre recommandation du jour. Damoiselle Kirzor, nous ferez-vous l'insigne honneur de commencer ? "

À peine Latone eût le temps de sortir son bouquin qu'une autre Magicienne poussa un tout petit hoquet de stupeur.

" "Damoiselle" ? Vous n'êtes pas mariée ? "

" Euh… non ? "

" Pas même promise ? Je connais quelques chevaliers qui seraient ravis de vous faire la cour ! "

" Avec deux forteresses aux mains de la Marche, vous n'aurez que l'embarras du choix. "

Latone n'accompagna guère leur innocente hilarité, se contentant d'un bref sourire et d'un regard évasif.

" Pour le moment, les chevaliers, je les préfère dans mes livres. Et à ce propos, elle exhiba la couverture de son offrande au club. Voilà, j'ai amené ce roman : Sabina, écrit par Fara Genofeva. Captivées, les Mages burent ses paroles, l'une s'abstenant simplement de commenter qu'elle connaissait de nom cette écrivaine. Je l'aime bien parce que c'est le premier livre de ce genre que je me suis acheté. Les autres, on me les a offerts. La Mort qui lui donne des romans coquins, cela ressemblait à une plaisanterie pas drôle, alors que c'était littéralement la vérité. C'est l'histoire d'une fille de famille de Chevaliers… Passionnée, elle se lança sur le fil du récit, épargnant les détails les plus importants et surprenants, afin de se concentrer sur l'idylle de la demoiselle avec un noble auquel elle prêtât serment d'allégeance. Elle a vraiment un fort caractère, profitant de son statut pour semer des répliques phénoménales. Il y en a une qui m'a marquée et qui mène à une scène-clé, je veux trop vous la lire. Puisque cela faisait aussi parti des habitudes du club, la lectrice en herbe retrouva illico le passage afin de le conter à leur modeste assemblée. "Puisque vous vous éprenez tant de vos pastèques, Sir, il vous intéressera d'apprendre qu'à leur instar, une partie de moi est tout aussi rosée, douce et juteuse. Hélas, sans pépin… mais vous pouvez changer ça." Hop, petit clin d'œil. Déjà des éventails furent secouées, alors que Latone ne touchait qu'à peine la surface du plus croustillant. Et là, boom, scène de la table, il la nique. "

" Par Suris, Damoiselle Kirzor a un langage cru ! "

Souriant de pleines dents à leurs différentes réactions – entre malaise, jubilation et séduction – la Bleue commençait à croire qu'elle se plaisait bien ici, point trop loin de ses montagnes. Même les aventures encrées sur le papier pouvaient charmer son esprit intrépide.

1014 mots ~

Du champagne ne survécut pas à son envolée lyrique, pourtant si raccord avec sa recommandation du jour. C'était juste si tentant de jauger le degré de tolérance de ces bonnes âmes, au moins pour savoir sur quel pied danser. Ensuite de quoi, Latone s'adapterait, puisqu'elle comptait bien adhérer définitivement à ce club de lecture. Posséder sa propre carte de membre du groupe Vigasior ! D'ici-là, la Kirzor devait encore se familiariser avec les habitués et éviter de les incommoder autrement que par sa stature déjà trop intimidante. À quelques places d'elle, ce fut un jeune homme qui fit tout un manège avec le champagne susdit. Il parait que l'exploitation principale de cette boisson provenait des caves Sorcières, cette simple pensée lui hérissa le poil autant de déplaisir que d'allégresse : assister à l'irrespect du savoir-faire d'un vigneron de Nementa Corum, si tant il était possible de faire pousser quoi que ce soit là-bas. Tu cultives des poires en haute altitude. Elle secoua la tête, consciente qu'avec une étincelle de magie, tout pouvait être possible.

Comme par exemple, le fait que ce garçon trop prude ou facilement perturbable ressemblait – par tout hasard – à un fichu Dieu de la Mort. Sans trop s'en rendre compte, sous les gloussements encore frais du terme tabou "nique", l'Orisha dardait de travers ce jeune homme. Ses yeux ne la trompaient pas, elle ne se faisait pas toute une scène. C'était du moins ce qu'elle voulait croire, alors qu'elle s'était promis de demeurer calme, intègre, affable au possible. Mais comment ? Comment faire lorsque l'un des convives ressemblait à Jun en jeunot ? Avec cet énergumène dans son réseau, il lui était impossible d'adhérer à une coïncidence. Il avait enfin fini par pointer le bout de son nez, après lui avoir balancer toutes ses conneries à la gueule ? Elle était encore furieuse du coup de l'Aile de Dothasi, qui lui avait bien cassé les pieds… Malgré tout, sans ça, il n'y aurait pas eu la roulotte, ni tout ce qui s'ensuivit. Le jardin, les livres, l'apprentissage de la Vie ; la nuit avec Miles. Un bref grognement traversa ses lippes. Qu'importe tout cela, Latone n'avait pas prévu de se fricoter avec lui pour aujourd'hui, sans parler du fait que rien ne lui prouvait que ce fût bien Jun Taiji.

Et pour ce faire, il n'y avait qu'une seule manière de procéder. Sur une brève excuse gestuelle, la Bleue se déporta afin de rejoindre cette fois-ci les deux adolescents. Ils n'avaient pas l'air d'avoir tant échangé avant son arrivée, ce qui lui laissait l'occasion de s'insérer avec toute la délicatesse dont elle était capable.

" Tu t'en es mis partout. Jun ou pas, la moquerie était de mise ; elle ne comptait pas s'excuser de toute façon. Bonjour. Fit-elle d'emblée à la jeune fille, posant sa main sur son propre buste. Latone. Avec ça, elle espérait bien grapiller une explication auprès de cette engeance d'Ezechyel, en vain. J'ai l'impression qu'on s'est déjà vu… "

Ce qui était entièrement vrai, hélas le tombeau d'Amsès demeurait sceller dans un coin de son esprit. Elle lui avait crié dessus puisqu'elle y avait fini en tenue de danseuse de cabaret. En tout cas, ce prétendu Magicien ne se montra pas plus coopératif concernant ses suspicions ; soit elle se trompait lourdement, soit il cachait vraiment bien son jeu. Tant pis, il ne lui manquait plus qu'à poser les mains sur la table, se pencher à sa hauteur et lui susurrer un doux déclencheur.

" Dis-moi, tu aimes les poires ? "

L'échange chuchoté fut écourté par l'arrivée impromptue d'Aethelind qui l'entraîna – par on ne savait quelle force – un peu plus loin de la table pour le moment. Cette Dame était une imposteuse, sûrement une complice du Taiji pour être aussi envahissante et capable de l'attirer par sa seule volonté ! Soudain, la Kirzor se posa une seconde, inspiration et expiration pour évacuer en toute légèreté cette montée de stress qui lui prenait à la gorge. La colère persistait à conserver son emprise sur elle, depuis l'apogée de sa Mort. Cette fureur dirigée vers tout et tous. Pourquoi était-elle devenue ainsi ? Qu'avait-il bien pu arriver à Lolaha Kirzor pour créer une telle monstruosité ? Non, grâce à un entourage aimant et compréhensif, elle avait fini par devenir comme eux : humaine et perfectible.

" Damoiselle Kirzor, regardez donc ce roman, il devrait vous intéresser ! "

À force de la côtoyer, Aethelind avait dû comprendre que la Bleue raffolait des histoires romancées, d'autant plus lorsqu'elles s'agrémentaient de quelques scènes bien salaces. Le pouvoir de la frustration s'avérait si pénible à partir d'un certain seuil ; et encore, l'ancienne Hozro ne se souvenait plus trop de Linos. Ainsi, avec un certain entrain pour la découverte, elle feuilleta la quatrième couverture et son faciès devint mitigé.

" Une étudiante aux cheveux bleus qui fréquente un Vampire ? Vraiment ? "

La Mage eut beau contourner autant qu'elle le désirait, le parallèle entre cette fameuse Léonie et Latone semblait avoir charmé sa nouvelle amie du club Vigasior. Malgré tout, aussi arriéré que pût être ce synopsis, l'Orisha voulait bien lui accorder le bénéfice du doute. Un soir à la Vigilante, elle découvrira bien combien de fois ce Séméas avait pu sucer Léonie.

À la mention d'Hébé, la Championne se détourna de sa nouvelle lubie pour faire face au couple qui les rejoignit. Avec une élégance sans faute, Dame Aethelind mena les présentations, ayant donc affaire avec Pulsar Verhoeven et sa compagne June. Au fil de la journée, Latone n'était pas bien sûr de retenir tous les noms et encore moins les visages, mais cela ne lui coûtait rien d'essayer. Se cantonner aux fréquentations de Ciel-Ouvert ne lui seyait plus ; ceci ne représentait pas la vision de Senere.

" Enchantée, appelez-moi Latone. " Elle préférait le préciser d'emblée maintenant que la majorité des Magiciennes s'amusaient à la cantonner aux surnoms et hauts-faits.

" Damoiselle Kirzor. " Rectifia alors Aethelind.

" C'est pareil. Bouda-t-elle, bras croisés. Encore une stratégie pour rappeler que je ne suis mariée, Dame Aethelind ? "

Derrière son éventail, la malice devait s'y dessiner.

1068 mots ~

D'un Chant, faire tomber des murs. C'était tout à fait authentique. Du moins, dans le propre imaginaire de son vécu. À cette exploit mentionné, Latone posa les mains sur ses hanches et sa posture laissa deviner qu'elle était emplie de fierté quant au retour de June sur les événements. Des étoiles pourraient scintiller le long de ses traits, son regard goguenard et son sourire mesuré dans le narcissisme. L'honneur, l'exagération, tant d'autosatisfaction dont se nourrissait une orgueilleuse de sa trempe. Déjà Hozro, elle accaparait son emprise pour focaliser toute la lumière sur sa personne, par tous les moyens possibles. L'attention était à l'époque sa gourmandise la plus vorace. Encore aujourd'hui, c'était bien évidemment le cas, puisque naître cantatrice attirait forcément un goût prononcé pour la fatuité.

" Leurs vulgaires pierres ne sont rien face à la puissance de ma voix. " Même si, techniquement, c'était le pouvoir conjugué des Marcheurs qui avait en toute simplicité exploiter une brèche dans les défenses d'Arcadia.

Pour un peu, Latone pourrait très bien encourager June – encore une homologue à l'autre taré ? Elle commençait vraiment à s'en méfier – à étaler davantage ses faits d'arme afin d'être repue pour un certain temps. Et ce fut ce que fit la Magicienne, bien qu'elle évoquât un aspect que la Bleue ne se serait pointé douter jusqu'à maintenant. Une histoire sur elle ? En tant que Fille des Chants, elle ne s'était vu grandir qu'à travers les poèmes. Les romans – du goût des Magiciennes présentes – la transportait presque autant, mais de là à fouler les terres inconnues de l'Imaginaire… La requête de Canna lui revenait en tête. Les Faes représentaient un mystère qui l'intriguait davantage, mais son devoir était bien plus important que servir autrui pour le moment. L'Ordre d'Hébé avait été un interlude nécessaire, puisqu'il aurait été plus que problématique de se retrouver entre deux feux alors qu'ils focalisaient toute leur attention sur Linos. Quoi qu'il en soit, cette perspective tissée par la Hautbourg fit germer des idées jusqu'alors enfouies dans son âme artistique. Un jour plus propice, il se pourrait qu'elles éclateront avec brio.

Les vicieuses florales furent notamment remises sur le devant de la scène via Pulsar, qui n'avait pas l'air d'avoir apprécié sa propre expérience lyrique. Latone se garda de tout commentaire, songeuse quant à l'influence que semblait posséder les Faes sur leurs lectures quotidiennes. Leur pouvoir lui paraissait si immense, si disproportionné… Se pourrait-il que Clo et Canna lui aient cachée une telle capacité ? À l'instar du Khitarr, un tel contrôle ne se cantonnait qu'à un territoire limité, néanmoins – pour y avoir elle-même goûté – se laisser transporter par de telles magies se montrait grisant, addictif. L'expérience avec les contes, pour autant, n'avait pas l'air d'avoir enchanté le fameux Magicien. C'était intéressant dans un sens, Latone put se confronter aux deux points de vue, dans l'éventualité où elle retrouvait embarquer dans les fourberies de ses amies qui chuchotaient aux pétales.

" Ça ne me dérangerait vraiment pas d'être dépeinte comme une Déesse, au contraire ! " Ce serait si grandiose : elle serait encore plus grande, plus forte, plus rusée, plus belle pour charmer qui elle voulait, dont Miles ! Mince, ses réflexions avaient encore dérapé.

Par réflexe – puisque l'importance des regards comptait toujours autant pour l'Éclat – Latone suivit le tracé visuel de Pulsar pour ne rencontrer qu'un groupe de femmes, des Orines plus particulièrement. Elles aussi, au même titre que les Faes, elles les intéressaient. Mais ce ne devait pas être le même motif pour Pulsar qui avait l'air, eh ben, bizarre. La Bleue se fit aussi harponnée par la Magicienne ; d'ailleurs, Dame Aethelind semblait s'être éclipsée entretemps, sûrement un dessein de haute voltige.

" Les Trois Royaumes ? Répéta-t-elle, hébétée. Cela ne lui disait rien et cela se lisait bien sur son visage. Et c'est inspiré de certaines personnes pour les personnages ? Le Comte Verhoeven semblait avoir eu sa place… et cela lui fit soudainement écarquiller les yeux, une veine apparente au niveau de la tempe. Pourquoi je ne suis pas dedans alors ?! Aethelind me trouve une fillette aux cheveux bleus dans un roman à l'eau-de-rose mais pour les conquêtes sensationnelles et la gloire royale, il n'y a plus personne à ma porte ! Latone avait beau être coquette dans cette robe, l'attitude du corps altérait tout autant son image. Qui est l'auteur ? S'il ou elle prévoit une suite, je compte lui faire corriger cet affront ! "

La Marcheuse pourrait faire un carnage pour si peu…

791 mots ~

Grivoiserie
Bellada

Impossible Opening (Finding Neverland/Soundtrack Version)

Bellada se joignit aux applaudissements de ses voisines, accompagnant les congratulations d'un sourire bienveillant. « Félicitation, Léonore. J'ai beaucoup apprécié votre interprétation. » commenta-t-elle la première. « Vous avez dans la voix une fêlure qui dévoilait à la perfection les sentiments brimés du héro, et les attentes passionnées de l'héroïne. » continua-t-elle en glissant son regard sur l'assemblée, comme pour s'assurer que ses paires partageaient son avis. Elle capta plusieurs dames en train d'acquiescer ses dires. « La plume de l'autrice était légère et pourtant poignante. Je comprends pourquoi cet extrait vous a autant plus. Personnellement, il m'a fait chavirer du début à la fin. On sent la tension qui monte jusqu'à son apogée pour éclore sur ce dénouement tant attendu... Très bien choisi. » approuva-t-elle en adressant un clin d’œil complice à la lectrice. Cette dernière esquissa un sourire timide. Léonore était la plus jeune du groupe qui s'était formé : du haut de ses seize ans, elle était une nouvelle recrue du club de lecture. Elle avait été impressionnée par ses aînées et avait hésité à lire le roman qu'elle avait sélectionné. Finalement, suite aux encouragements de ses camarades, elle avait fini par surpasser son appréhension et à partager sa trouvaille... Ça n'avait pas été aussi terrible que ce qu'elle avait craint : une fois lancée, elle s'était laissée entraîner dans l'exercice et la lecture avait accaparé toute son attention. D'autres auditrices donnèrent leurs avis quand à cette lecture.

Bellada profita des retours que faisaient ses camarades sur le dernier partage pour observer ce qu'il se passait tout autour d'elle. L’œil acéré cherchait à déceler les nouveaux potins avant tout le monde : quelle tenue portait-on ; quel livre faussement scandaleux avait-on pu choisir ; avec qui était-on venu accompagné ou, au contraire, qui avait-on soigneusement laissé à la maison ; quels rapprochements s'étaient effectués ici et là ; qui étaient les nouveaux visages présents. L'aïeule était une habituée de ce genre de rassemblements et elle avait eu l'opportunité de participer à plusieurs de ceux organisés par dame Hildeburg. Ce jour là, les portes avaient été ouvertes à de nouvelles lectrices amatrices de romans à l'eau de rose - et à quelques connaisseuses un peu plus coquines, également. Bellada étira son éventail et fit mine de s'aérer, en profitant pour dissimuler ses lèvres tandis qu'elle se penchait légèrement pour atteindre l'oreille de sa voisine. « Oh regarde, là-bas. » La magicienne esquissa un signe de la tête en direction d'une jeune femme se tenant légèrement à l'écart, le nez plongé entre les pages d'un livre, picorant parcimonieusement les sucreries d'un buffet. « La vicomtesse Hoodnis est encore seule... » En réalité, la concernée se complaisait dans sa solitude. Elle appréciait venir à ces événements pour découvrir de nouvelles lectures mais ne cherchait pas particulièrement la compagnie des autres. « Ne penses-tu pas que ce serait l'occasion de lui faire rencontrer ton neveu ? Il est bien venu cet après-midi n'est ce pas ? » L'idée que la pauvrette put passer la journée seule, éconduite, alors que le thème de la journée était tourné vers l'amour était ironiquement douloureux pour la grand-mère qui s'inquiétait du confort de la jeune femme. « Oh oui, c'est une idée. Peut-être que sa compagnie calmera ce garçon... Où est-il passé celui-là, d'ailleurs ? » Bellada rangea son éventail. « Bien, mesdames, que diriez-vous d'une pause avant de passer à la prochaine lecture ? Ça nous permettra de remplir nos tasses de thé et de recharger nos assiettes, n'est ce pas ? » Quelques acclamations gourmandes accueillirent la proposition.

Madame Ward déambula d'un pas léger, sa démarche ayant la conviction des gens qui ont une destination. Au passage, elle perçut quelques bribes d'une conversation entre deux adolescents, concernant les contenus quelque peu olé-olé de certains livres. Un sourire se dessina sur son visage en remarquant la réaction contestataire de la brune. Un jour sans doute découvrirait-elle les plaisir de ces lectures qui faisaient fantasmer l'imaginaire. Ne s'arrêtant point, elle continua son chemin jusqu'à arriver auprès de l'invité d'honneur. La championne d'Hébé était plongée dans une conversation qui attira l'attention de la mage bleue. « Pas d'inquiétude, ma chère. Je suis certaine qu'une autrice téméraire saura compter à la perfection vos exploits héroïques, et qui sait, peut-être vous érigera-t-elle même au statut de divinité toute puissante. » rassura Bellada en s'avançant d'un pas. L'âge lui avait retiré toute trace de timidité : elle s'immisçait sans gêne là où elle désirait s'incruster. L'expérience lui avait trop souvent montré qu'il était nécessaire de prendre soi-même ses opportunités en main, plutôt que d'attendre qu'elles ne viennent à vous. « Peut-être pourra-t-on bientôt lire vos discussions avec le grand Hadès autour d'un thé, comme nous le faisons aujourd'hui. » s'amusa-t-elle en glissant son regard vers le comte. « Et cela tombe bien, car aussitôt qu'un tel ouvrage aura été rédigé, vous pourrez compter sur notre chère dame Verhoeven pour le publier, n'est-ce pas ? » continua-t-elle en se tournant cette fois-ci vers la jolie magicienne, arborant un sourire charmant. « Comment vont les affaires ? Avez-vous de nouveaux livres trépidants qui se préparent à l'abri de nos yeux voraces ? » questionna la curieuse, avant de partir dans un grand rire. « Pardon, veuillez pardonner mes manières. Je ne me suis pas présentée comme il se doit avant de sauter dans votre conversation. Je suis madame Ward. Vous pouvez m'appeler Bella. » C'était, après tout, de cette manière que tout le monde s'adressait à elle. « Si je suis tout à fait honnête avec vous, ma curiosité n'est pas tout à fait dénuée d'intérêt : elle est animée par un projet de collaboration avec votre entreprise. » La grand-mère but une gorgée de thé avant d'esquisser un sourire complice avec son interlocutrice. « Seriez-vous disposée à discuter d'un tel sujet ? » Puis elle se tourna vers la demoiselle aux cheveux bleus. « A condition que le sujet puisse vous intéresser également, bien entendu. »

1028 mots