Aria ne voyait pas à deux mètres, les éclairages de la rue ne semblaient pas fonctionner, la nuit était tombée et nombreuses fois elle se cogna les pieds au bord du trottoir manquant de s’étaler de tout son long sur le sol crasseux. Néanmoins Brac ne semblait pas être dérangé par l’obscurité, les renards comme la plupart des animaux, avaient une meilleure vision dans le noir. Aria énervée pensa *Pourquoi il y a si peu de lumière ! Il pourrait mettre des lampadaires qui marchent !* ce qui exaspéra Brac qui ne se gardait guère de lire les pensées de la jeune magicienne. Cependant il préféra éviter de répliquer car Aria n’appréciait pas qu’il ait libre accès à ses pensées et voyait cela comme une violation de sa vie privée. La dernière fois elle n’avait pas manqué à lui donner des coups de bâton féroces. Mais maintenant, elle marchait prudemment dans la pénombre et à l’aide de son bâton tâtait à l’aveuglette la route. Elle parvint finalement à une intersection éclairée, où elle décida de faire une pose. Fatiguée, elle se laissa tomber sur le sol en soupirant, elle posa son sac devant elle et commença à fredonner une chanson en ôtant ses bottes qui lui faisait mal aux pieds. Elle avait effectivement des ampoules aux pieds, séquelles de son entraînement quotidien qui consistait en une série d’exercices physiques éprouvants, destinés à améliorer son endurance qui demeurait son point faible. Brac la regardait incrédule, il faisait nuit noire et ils n’avaient pas de logement pour la nuit c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils s’étaient aventurer dans le quartier résidentiel. Il explosa :

« C’est pas le moment ! Tu as l’intention de dormir ici ? »

Aria le dévisagea un bref moment de ses grands yeux rouges, puis fit un signe de négation. Elle n’avait pas particulièrement envie de dormir à la belle étoile ce soir, mais elle n’avait plus d’argent pour se payer une quelconque chambre. De plus se promener seule avec Brac la nuit dans le dédalle de ruelles sombres ne lui plaisait point. Brac la réprimanda encore une dizaine de minutes, avant qu’elle ne se décide à se lever. Aria avait remis ses chaussures, et d’un geste désinvolte saisit son sac à dos en jetant un regard noir au renard. Celui-ci l’avait bien harcelé pendant si longtemps qu’elle avait était contrainte de se lever pour qu’il se taise. Cela faisait maintenant un bon bout de temps qu’ils voyageaient ensemble mais leur relation ne se s’améliorait pas. Aria se penchait pour ramasser son bâton, lorsque Brac gronda ; un bruit de pas venait de leur droite. Aria serra un peu plus fort son bâton et se retourna brusquement. En face se détachait une silhouette de la pénombre qui avançait lentement vers eux. C’est à ce moment là qu’Aria remarqua une forme par terre située à quelques mètres aux pieds de la silhouette qui venait d’apparaître, avec effroi Aria réalisa que c’était de forme humaine. Réfléchissant à toute allure et levant son bâton, Aria s’attendait à voir apparaître un meurtrier couvert du sang de sa victime. Cependant avec surprise elle vit apparaître dans la lumière du lampadaire un jeune homme qui paraissait agité et bouleversé

Aria serrait toujours son bâton et d’un œil avisé et attentif regardait la scène qui se déroulait sous ses yeux, prête à se battre s’il lui était nécessaire, bien qu’elle préférait éviter toute confrontation si possible. L’homme lui demandait de l’aide, et vu sa chute grossière il était déboussolé et en piteux état. Etait-ce une feinte ? Aria restait sur ses gardes jetant des coups d’œil inquiets en direction du corps inerte. A genoux sur le sol poussiéreux, l’homme la dévisageait et figé semblait attendre une réaction de sa part, visiblement qu’elle accepte de l’aider. A ce moment une inconnue apparut et s’accroupit devant l’homme pour l’aider apparemment. Aria les observa un long moment silencieuse, ils ne bougeaient pas et ne semblaient pas vouloir l’attaquer. Brac aussi était nerveux, les babines retroussées, il montrait ses puissantes canines et grognait le pelage dressé. Aria analysa brièvement la situation ; un inconnu se baladait dans les rues la nuit avec un cadavre lui demandant de l’aide pour lui trouver une sépulture et là apparaissait maintenant une autre inconnue à ses cotés. Quelques instants plus tard la nouvelle venue lui demanda également son aide. Des complices ? Voulaient-ils se débarrasser du corps ? Effacer les seules traces du meurtre ? Si ils étaient vraiment des meurtriers, ils essaieraient forcement de se débarrasser du seul témoin c'est-à-dire elle-même. Elle déglutit, et elle imagina un instant la une des journaux du lendemain matin : Une jeune femme sauvagement abattue dans la nuit. Aria frissonna, il ne fallait surtout pas montrer sa peur… Elle jeta un coup d’œil furtif à Brac, celui-ci la regardait depuis un moment déjà. Il devait lire dans ses pensées pensa Aria ce que le renard confirma aussitôt en hochant de façon pratiquement imperceptible la tête. En effet, Aria ne savait pas si les inconnus pouvaient parler aux animaux et donc comprendre les paroles de Brac, il fallait mieux se révéler prudente surtout si c’était bel et bien des criminels. Elle les dévisagea l’un après l’autre, celui à genoux avait l’air plutôt désarçonné et jetait des regards emplis de tristesse en direction du corps étendu un peu plus loin dans la pénombre. Aria avait l’impression qu’il disait la vérité mais ce n’était qu’une intuition, elle ne pouvait pas prendre de risques inutiles. Elle pensa très fort à l’intention de Brac

* Brac, tu peux lire dans leurs pensées ? Sont-ils dangereux ?*

Le regard soutenu que lui adressa le renard montra qu’il avait saisit, il était suffisamment proche des deux individus pour sonder leurs esprits. Quelques secondes plus tard Brac bougea la tête en signe de dénégation signifiant ainsi qu’aucun d’entre eux n’avait de mauvaises intentions. Immédiatement soulagée, Aria baissa lentement son bâton. Ils paraissaient louches mais elle avait confiance en Brac et ses capacités malgré leurs habituelles chamailleries, c’est pourquoi elle regagna assez rapidement son sang froid. Brac avait cessé de grogner et la regardait le regard sérieux, elle fit un premier pas plutôt hésitant mais les signes encourageants que lui montrait Brac lui était d’un grand soutien. Finalement, elle s’avança le regard déterminé vers les deux inconnus bien décidée de mettre la situation au clair.

Aria s’était rapproché du jeune homme à genoux, elle n’avait pas remarqué à cause de la pénombre, mais il ne semblait pas menaçant. De ses yeux gris argentés, son regard se posa sur elle puis sur Brac, il eut alors l’air inquiet. Il avait sans doute réalisé la singularité de la situation, ainsi qu’elle pouvait prêter à confusion. Mais ce qui intriguait le plus Aria c’était cette femme, une bélua vu son apparence, qui n’avait pas hésité une seule seconde à s’approcher du jeune homme. Son attitude la dépassait, Aria se demandait si la bélua était tout simplement inconsciente du danger ou si elle avait perçu qu’elle ne risquait rien. Elle le tenait toujours par les épaules compatissante à la peine qu’il endurait et essayant de toutes ses forces de le faire tenir debout.
Le corps inerte de la maîtresse de l’homme était toujours étendu à quelques mètres d’Aria. En avançant Aria vit une flaque de sang sur le sol, la jeune femme avait été blessé mortellement à la tête apparemment. C’était la première fois qu’Aria voyait un cadavre, elle eut une envie de vomir. Cette femme était si jeune, mourir à cet âge là était horrible. Aria était profondément désolé pour cet inconnu qui était sûrement la personne la plus proche de la défunte. Elle contempla silencieusement le corps quelques instants, rendant un dernier hommage à cette femme qui d’ailleurs était très belle. Aria révoltée savait que la vie était injuste, son passé le lui avait bien fait comprendre et dans un sens se sentait assez proche du malheureux. A l’écouter, il semblait aimé très sincèrement cette femme qui était sa maîtresse. Aria s’interrogea un moment sur la race du jeune homme qu’elle ne connaissait toujours pas, mais décrétant que ça n’avait aucune importance du moins dans l’immédiat, elle se contenta du peu qu’elle savait à présent. Devant la souffrance du jeune homme, une phrase qu’elle avait un jour lue à la bibliothèque lui revint : Il y a plusieurs remèdes qui guérissent de l’amour, mais il y en a point d’infaillibles. Aria n’avait jamais éprouvé l’Amour, à vrai dire elle en était plutôt effrayée car celui-ci lui apparaissait comme une fatalité, et l’état du jeune homme devant elle après la mort de sa moitié n’avait fait que renforcer cette peur. Elle regardait cet homme brisé qui seul appelait à l’aide, elle se jura alors de ne jamais devenir comme cela, elle haïssait plus que tout l’idée d’un jour devenir quelqu’un de si fragile. La femme bélua la regardait lui priant de l’aider à le mettre debout, Aria s’avança pour lui prêter main forte. Elle s’accroupit pour passer un bras de l’homme sur ses épaules, mais suspendit son geste. Quelque chose n’allait pas, depuis un bon moment elle se sentait observée. Elle se retourna discrètement, ses yeux rouges balayant rapidement le périmètre. Cependant l’obscurité réduisait son champ de vision. Elle pensa

*Brac, tu perçois quelque chose ?*, celui-ci en alerte lui fit un très léger signe d’affirmation.

Il continua de scruter la pénombre, à la recherche du potentiel ennemi qui se tenait assez à distance pour que Brac n’ait pas accès à ses pensées. On ne pouvait pas le voir mais son odeur ne pouvait pas échapper au flair du renard. Pendant ce temps, Aria souffla rapidement à l’oreille du bélua :

« On nous observe, je ne sais pas d’où. Mieux vaut se tenir prête »

A peine avait elle prononcer ces mots qu’une silhouette apparue, accompagnée de quelque chose de gigantesque. Une personne portant un capuchon et un énorme lion se tenaient à présent devant eux.

Il n'y avait pas de danger, du moins pour l'instant, Takias passa sa main droite dérrière son dos et retira délicatement-et discrètement- son gant et ses griffes -en prenant bien soin de ne pas s'écorcher avec- et les rangea dans une pochette attaché à sa ceinture. Elle préféra quand même garder le deuxième sur sa main gauche par précaution. Acvant de dire quoi que ce soit elle étudia avec précaution chaque personne présente, la jeune Bélua tenait encore le jeune homme par les épaules, tentant de le maintenir debout ce qui n'était pas une bien mince affaire vu son état de fatigue, il avait l'air complètement perdu et pleurait cet être d'une charmante beauté qui gisait sous ses pleurs. Takias serra les poings décidément le pire sentiment qui puisse exister était bien l'amour, n'était-ce pas lui qui engendrait la haine, la vengeance, la tristesse , la colère? N'était-ce pas lui qui poussait au suicide ou au meurtre? Elle n'avait que trop vue de cadavre mais il y en avait encore deux qu'elle voulait voir, il y avait encore deux personnes qu'elle souhaitait voir périr dans les pires souffrances qui puissent exister, aprés tout, n'était-ce pas à cause de l'amour que la haine et la vengeance était rentrés dans son coeur? La jeune "magicienne" semblait maintenant compatissante à l'égard u pauvre homme et il sembla à Takias qu'elle s'était avancer pour l'aider.Elle ota sa capuche faisant découvrir ses longs cheveux noirs teintés de rouges et ses yeux de la couleur du sang, plus d'une fois, Takias à été confondue avec un Démon, chose qu'elle n'étaient pas en dépit de son phisique. Elle se retourna alors vers la "magicienne" et dit d'une voix claire et sure d'elle:

"Je peux vous aider, je connais bien le quartier"

En effet, la jeune fille connaissait quasiment par coeur chaque bâtiment et chaque allée, elle n'y habitait que depuis peu mais, lorsqu'on sort quasiment tous les soirs parceque l'on arrive pas à dormir, on finit forcément par connaître les lieux aussi bien qu'une personne qui y habite depuis trente ans ou plus.