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 La Guerre des Crocs – Première Partie

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

~ Eversha ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Ven 15 Jan 2021, 00:36






Une rumeur, pour le moins inusité, se répandit d’un bout à l’autre des tavernes et d’établissements de divertissement en tout genre. De mystérieuses lettres étaient remises ici et là. Certaines de ses lettres étaient remises par des squelettes aux manières de domestique, alors que d’autres étaient livrés par de petits animaux, tous plus mignons les uns que les autres. Dotées d’une calligraphie impeccable, ces lettres étaient rédigées d’or — au sens propre, puisque c’était de la poudre d’or qui composait l’encre — invitant les destinataires à participer à un banquet qui aurait lieu lors de la prochaine pleine lune.

Outre la grande valeur de chacune de ses lettres, ce qui frappait l’imaginaire était que seuls les destinataires desdites lettres pouvaient atteindre le lieu des festivités. Par rien de moins qu’un sort de téléportation, fourni par la lettre elle-même. Apparemment, au moment opportun, chacune des lettres remises allait être téléportée, avec ou sans leur destinataire. Seuls ceux qui accepteraient l’invitation conserveraient la lettre et l’or qu’elle contient, en plus de profiter des bienfaits d’une soirée de célébrations. Il ne va sans dire qu’ils étaient nombreux à ne parler que des lettres d’or et du mystérieux banquet qu’elles présageaient.

Des jours durant, plusieurs centaines de ces lettres furent livrées aux quatre coins du monde. Selon la rumeur, les lettres évitaient soigneusement les plus riches et les plus influents. Bien que certains de ceux-ci mirent la main sur nombre d’entre elles, les efforts seraient toujours en cours pour altérer le sortilège et changer le destinataire sans invalider la magie employée. Au fur et à mesure que les lettres se distribuaient, certains remarquèrent une deuxième constance. Les individus ciblés semblaient, pour la plupart, être des personnalités promues à un avenir grandiose. Peut-être l’auteur de ce manège cherchait à interférer avec le dessein du monde, ou peut-être était-ce les lettres qui donnaient de l’importance à ces individus…

Effets sur votre personnage:

La salle de banquet est finement décorée d’un curieux mélange de rouge et d’argent. Plutôt que de s’agencer ensemble, chacune des couleurs est soigneusement séparée. Il y a ainsi un côté rouge et un côté argenté à la salle, créant une atmosphère de division. Tout, de la couleur des rideaux, des nappes et même le carrelage du plancher semble ressentir le besoin d’afficher son appartenance à sa couleur. La perfection de la séparation est telle qu’on pourrait croire que deux salles différentes ont été coupées en deux, puis assemblées l’une avec l’autre.

Cela dit, la salle n’est pas bicolore pour autant. Un regard approfondi révélera des centaines de nuances de rouge, donnant profondeur et relief à la draperie. Inversement, l’argent est subtilement rehaussé par diverses couleurs froides, tel le bleu, le vert et le violet, mais sans jamais empiéter sur le rouge. Même les flagrances employées venaient renforcer leur couleur, donnant ainsi une odeur propre à chacune d’entre elles, sans jamais tomber dans la surdose ou l’exagération.

L’agencement des tables est simple, mais efficace. Deux rangées de longues tables, colorées selon leur côté de la salle, sont enlignées parallèlement, jusqu’à ce qu’un espace les sépare d’une table plus courte, mais avec la particularité de se retrouver au centre de la salle. Cette table des hôtes reçoit donc à la fois la coloration rouge et argenté, mais avec une division nette en son centre.

De prime abord, la salle de banquet est étrangement vide, mais après l’arrivée des premiers invités, une partie du mobilier semble s’animer du côté rouge. Il est rapidement révélé qu’il s’agit de squelettes animés par la magie, vêtu et décoré de rouge, pour se marier à la perfection à la décoration ambiante. Dès lors, plusieurs animaux en tout genre, au pelage soigné et décoré d’un nœud papillon argenté, sortirent de sous les tables pour venir se tenir aux côtés des squelettes, le tout dans une harmonie asymétriquement symétrique. Ensembles, squelettes et animaux vinrent former une ligne devant les invités, prenant soin de ne jamais empiéter sur la couleur opposée.

Le comité d’accueil ainsi disposé, il n’était pas possible pour les invités de prendre place à table avant l’arrivée des hôtes du banquet. Derrière les invités, toutefois, un immense rideau s’ouvrit en plusieurs endroits pour laisser passer de nouveaux squelettes. Or, ceux-ci n’arboraient pas le rouge de leurs pairs, mais affichaient leur os poli et plaqué d’or et d’ivoire. Ces derniers invitaient les arrivants à les suivre dans des espaces clos, où ils furent à tour de rôle toilettés et vêtus d’habits de soirée faits sur mesure. Ces vêtements avaient été choisis dans des tons s’agençant à la peau, aux yeux et aux cheveux des invités, dérogeant du bicolorisme de la salle de sorte que ceux-ci ressortent, sans toutefois contraster avec le décor.

Effets sur votre personnage:

Pendant la préparation des invités, les hôtes firent leur entrer dans la salle du banquet par un couloir dissimulé du côté opposé de la pièce. Il y avait deux groupes d’individus bien distincts autant physiquement que vestimentaires.

Les uns étaient particulièrement grands et imposants, mesurant dans les deux mètres, portaient des habits de laine agencés de fourrure, de plumes et divers autres éléments de nature animale et naturelle avec divers motifs argentés à l’effigie de la lune. Les autres, d’une taille légèrement inférieure à la normale, arboraient des vêtements de cuir sombre et des soies pâles, agencé d’une imposante cape rouge.

Les hôtes prirent place à la table du fond, chacun du côté de leur couleur désigné, avec les deux meneurs assis côte à côte sur d’imposants fauteuils. Une attention toute particulière avait été donnée aux chaises, de sorte que la différence de taille entre les individus fut amoindrie. Les hôtes restèrent immobiles et silencieux, le temps que les derniers invités furent prêts pour la soirée. Pour combler ce silence, un groupe musical hétéroclite, composé de squelettes et d’animaux, produisit une mélodie d’ambiance.

Lorsque tous les invités furent prêts, les deux principaux hôtes se levèrent et la musique cessa pour leur permettre de prendre la parole.
« À tous et à toutes, je vous souhaite la bienvenue à une soirée bien spéciale. Je me présente, je suis le Marquis de Sanguice, humble Asharg vampire et propriétaire de cette demeure en Myngrimu. Mais bon, ne laissez pas la réputation de notre sombre forêt vous troubler. Vous êtes ici chez moi et je suis le maître de ces lieux. Je peux vous garantir que tout porteur de la lettre d’or retrouvera son foyer sain et sauf. Enfin, sauf, certes, sain, ce sera à voir comment vous réagirez à la nourriture eversha… Soyez toutefois rassuré, le vin provient de ma collection personnelle !
Je suis Typhon de Gargantua, Augure eversha. Je n’ai pas l’habitude de la politique, alors je vais être directe. Vous avez été invité…
Suffit barbare !!! Tu vas t’en tenir au discours qui a été préparé ou je ne réponds plus de moi !
Grrr… Évidemment, sans moi, le marquis n’aurait eu que vin et sang à vous fournir, ce qui en aurait laissé plusieurs sur leur faim. Mais soyez rassuré, les recettes préparées dépassent les frontières du Rocher au Clair de Lune. Vous trouverez des plats traditionnels Démons, Magiciens, Réprouvés et Ygdraë. Comme quoi, même un Eversha peut se montrer serviable !

આ માટે હું તને મારી નાખીશ...

(Traduction du Grimwyn : Je vais te tuer pour ça…)

(Dans quelques heures, sac à puces, mais pas avant !) Mais que d’exotisme ! Vous devriez déjà sentir le doux parfum du parfait mélange entre les vignobles les plus raffinés et les plats les plus savoureux et je ne saurai que trop comprendre votre empressement à bénéficier des largesses de cette soirée !
Mais, en nos noms respectifs, je dois vous implorer de patienter. À l’image des décorations de la salle de banquet, vous devrez vous répartir entre le côté argenté et le côté rouge.
Certes, certes ! Aussi magnanimes que soient vos humbles hôtes, vous devinerez, j’en suis sûr, qu’un tel évènement ne peut être gratuit. Et bien, vous avez raison ! Mais soyez sans crainte, tout ce qui vous est demandé en cette soirée festive, c’est de choisir une couleur !
Choisissez le côté argenté et vous démontrerez votre soutien envers les Evershas. Choisissez le côté rouge et vous démontrerez votre soutien envers les Vampires.
Est-ce tout ? Mais oui ! Asseyez-vous à la table de votre choix et profitez du banquet autant qu’il vous plaira. Au terme de la soirée, vous retrouverez votre foyer où, j’espère, vous dévoilerez au plus grand nombre vos expériences lors de ce banquet.
Profitez du banquet, oui, mais prenez garde aux abus. Nous aurons une annonce à faire avant votre départ. »

Suite au discourt d’ouverture, plusieurs squelettes (vêtu d’une toge rouge) ainsi que plusieurs grands félins (doté d’un nœud papillon argenté) attendirent que les invités choisissent l’une ou l’autre des couleurs pour leur assigné une place. Il fallut près d’une heure à répartir tous les invités aux tables. Pendant ce temps, des entrées étaient distribuées et les plus mignons parmi les animaux passaient de table en table pour se laisser caresser et distraire les occupants. Le groupe de musique reprit également sa musique d’ambiance pour le reste de la soirée.

Effets sur votre personnage:

Une fois tous les invités installés à leur place respective, la nourriture est enfin servie. Les invités de haut rang reçoivent le choix parmi une sélection de plat, alors que les invités de bas rangs reçoivent les plats non désirés, de sorte que les serveurs ne reviennent jamais en cuisine avec des plats non choisis. Cela dit, la nourriture et le vin sont abondants et même les invités de bas rangs peuvent manger autant qu’ils le désirent (pour peu qu’ils patientent jusqu’à leur tour).

Puisque tous les regards sont dirigés vers eux, le marquis et Typhon font de leur mieux pour maintenir un certain décorum, mais ils se jettent de temps à autre des regards meurtriers. Comme quoi ces deux-là n’attendent que la moindre provocation pour sauter à la gorge de leur voisin, mais tous deux possèdent suffisamment de contrôle pour éviter de déclencher les hostilités. Il en résulte donc d’une atmosphère froide entre les deux hommes. Le reste de la table des hôtes est bien plus joviale, du côté eversha comme vampire.

Du côté eversha, Typhon est accompagné d’une femme aussi costaude et corpulente que lui, qui s’en donne à cœur joie pour remplir son énorme panse. Pratiquement géante, elle ne connait guère de rivale en stature, si ce n’est que son compagnon. À sa suite, il y a un homme plutôt âgé et un autre plutôt jeune, qui se comportent de façon bien plus modérée que leur compagne, prenant garde à bien surveiller les arrières de leur chef.

Du côté vampire, le marquis est accompagné d’une femme à la beauté glaciale qui n’hésite pas à sourire à tous ceux qui croisent son regard. Elle contraste fort avec son maître fort moins attirant, bien qu’elle partage son teint si pâle qu’il parait blanc. Les deux hommes occupants les dernières places de la table sont aussi jeunes et séduisantes que leur compagne, si ce n’est du sexe opposé. Contrairement aux evershas, qui veillent les uns sur les autres, les Vampires accompagnant le marquis ne semblent avoir d’yeux que pour les invités.

Mis à part le marquis et Typhon, qui restent assis à leur place, l’un à côté de l’autre, les compagnons de ces derniers font de fréquent allés et venus vers les invités. Il en allait de même parmi ceux-ci, qui étaient libres de se voir entre eux, ou bien d’aller directement parler aux deux hôtes. Somme toute, la soirée s’annonçait conviviale et agréable…

Effets sur votre personnage:

Tout au long de la soirée, la nourriture et le vin ne cessèrent d’affluer. Ce devait être un véritable enfer en cuisine afin de satisfaire tout ce monde, mais l’équipe tint visiblement bon, puisqu’à aucun moment l’approvisionnement ne cessa. L’ambiance calme et sereine du début du banquet s’estompa progressivement pour prendre des airs de festivités bien plus joviale et décontractée. Avec l’influence de l’alcool, la nature de simples hommes et femmes du peuple de bien des invités prenait le dessus sur l’intimidation d’un espace aussi raffiné.

Il y eut des chants et des danses, si bien que l’on réussit à faire sortir les hôtes du confinement de leur table pour se déhancher avec leur compagne respective. Tout semblait aller pour le mieux, malgré une léthargie collective grandissante, probablement due à une surdose de nourriture, de vin ou simplement à l’heure tardive. Après tout, le soleil était couché depuis bien longtemps pour le paysan qui avait pour habitude de se lever à l’aube.

Pour de nombreux invités, il s’agissait de la soirée de leur vie et ils avaient bien l’intention de tenir éveillée jusqu’au bout, ne serait-ce que pour connaître l’intrigante annonce des hôtes, la raison de cette soirée tout entière et des nombreux mystères en coulisse. Minuit approchait à grands pas, alors l’on profitait des derniers instants d’excès ou l’on se reposait tant bien que mal parmi les individus de sa couleur. Sous peu, les invités retrouveraient leur vie normale, pour peu qu’elle pût redevenir normale après une telle soirée…

Effets sur votre personnage:

Ce sont quelques minutes avant minuit que les hôtes se levèrent pour s’adresser de nouveau à la foule. Certains invités étaient devenus plutôt méfiants à l’égard de ceux-ci et la rumeur voulait que le prix réel de ce banquet soit l’énergie vitale des invités. Certains diraient que c’est peu cher payé, alors que d’autres considèrent la manœuvre vicieuse et sournoise. Quoi qu’il en soit, il fut choisi de finir la soirée dans le calme, puisqu’il n’en restait que quelques minutes.

« À tous et à toutes, je vous remercie de votre participation à notre banquet de célébration ! Par chance, Typhon a eu l’obligeance de ne pas consommer toute la nourriture à vos dépens ! Et j’insiste, ce glouton en est capable…
Marquis, s’ils se téléportent avant que tu aies fini, je te dévore sur-le-champ.
Voyez ? Un ventre sur pattes ! Mais bon, je ne peux pas, en toute conscience de cause, vous laisser partir de ce mémorable banquet sans vous dévoiler la raison…
Sanguice !
Bref, dans moins de deux minutes, les Vampires et les Evershas seront en guerre ! Depuis trop longtemps, notre mainmise sur Durienrisda est troublée par ces sauvages indignes…
Je vais te tuer…
Pas avant encore une minute, sac à puces ! Alors, rentrez chez vous et proclamez haut et fort que les Vampires triompheront ! Vous vous en souviendrez, j’en suis sûr, lorsque vous découvrirez mon petit cadeau…
Qu’as-tu encore fait, sangsue !?! »

L’échange fut coupé court par le douzième coup de minuit et la subite téléportation de tous les invités, à l’endroit précis où ils signèrent leur lettre d’or. Ils avaient alors avec eux les habits de soirée, la lettre, et même le serviteur squelettique, un petit extra pour inciter au soutien de la cause vampire dans la guerre qui débuta à l’instant même. Cela dit, seuls ceux qui avaient reçu un serviteur lors du banquet purent recevoir ces cadeaux de la part du Marquis de Sanguice, au contraire du cadeau de Typhon, distribué à tous à l’insu du marquis.

C’est ainsi que chaque invité découvrit cinq poules, trois moutons et une vache non loin de leur lieu de téléportation, ainsi qu’une note pour prouver que ces animaux appartiennent bel et bien aux invités du banquet. Évidemment, jamais une telle ménagerie n’aurait passé inaperçue à la salle du banquet, alors les Evershas s’assurèrent d’apporter tous les animaux à chacun des endroits lors de la soirée et veiller sur ceux-ci jusqu’à l’arrivé de leur nouveau propriétaire.



Explications
Voici le premier évènement de la Guerre des Crocs (1 de 6). Techniquement, il se déroule deux ans après Thogii et 10 ans après la précédente intrigue à Durienrisda. Toutefois, ta gueule c’est magique, alors l’évènement ira bien où vous voudrez dans vos chronologies. À ce stade du conflit, la relation entre les Evershas et les Vampires est minée par un conflit territorial qui dure depuis maintenant une décennie. Cela dit, les deux races cherchent à faire profil bas sur Durienrisda. Les Evershas ne veulent pas admettre qu’ils ont perdu une partie de l’Antre des marais et les Vampires ne veulent pas annoncer leur gain avant d’en avoir le plein contrôle. Pour le grand public, les Evershas et les Vampires ne s’aiment pas, mais sans plus. Du coup, la déclaration de guerre (que vous apprendrez à la fin de cet évènement) semble venir de nulle part.

Les personnages invités sont exclusivement de niveau IV et moins. Les niveaux V et VI ont été soigneusement évités et un réseau de contre-espionnage a été mis en place pour garantir le secret de l’emplacement du banquet. De même, les lettres d’invitation (par téléportation) ont été envoyées assez tôt pour permettre aux invités de se préparer, mais trop tard pour altérer le sort et permettre à un individu non invité d’atteindre le banquet. Cela dit, la restriction n’a rien à voir avec la puissance du personnage. Si vous êtes de niveau V et plus et avez trouver l’un des moyens disponibles pour vous faire inviter malgré tout, envoyez-moi un message privé (afin que je valide votre méthode) et je vous expliquerai les conséquences particulières pour votre personnage.

Vous trouverez une description des personnages utilisés dans ma section PNJ et le regroupement de tous les RPs de la Guerre des Crocs dans mon Carnet de personnage.

L’intrigue secrète de la Guerre des Crocs
Tel que vous avez probablement pu le constater, divers éléments sont laissés en suspend lors du message de description de l’évènement. Il vous sera possible de dévoiler une partie de cette intrigue selon vos actions et celles des autres. N’hésitez donc pas à m’envoyer un message privé avec vos tentatives d’obtenir ces informations.

Au terme de chaque évènement, je ferai un message de clôture pour dévoiler l’envers de la médaille et la perspective du conflit selon le point de vue de Typhon. Vous pourrez alors constater à quel point vous étiez près (ou non) de la vérité.

Gains
Pour un message de 450 mots : une lettre à l’encre d’or, cinq poules, trois moutons et une vache. Vous aurez également un habit de soirée ajusté et un serviteur squelettique aux os plaqué d’or et d’ivoire, si votre personnage a choisi cette option lors de son message.

Pour un message de 900 mots : le gain de 450 mots plus 1 point de spécialité, 6 points de RP ou une arme.

Pour un message de 1800 mots : le gain de 900 mots plus 1 pouvoir mineur ou un compagnon.

Notes :
Le squelette est un assemblage d’os animé par la magie nécromantique du Marquis de Sanguice. Plus de 30 points d’anti-magie sont nécessaires pour détruire le serviteur squelettique par exposition à l’anti-magie. Cette entité magique est toutefois particulièrement vulnérable aux objets contondants, qui l’endommageront irrévocablement. Serviteur dévoué et entièrement non violent, il obéira à chacun ordre formuler par son maître jusqu’à sa destruction.

Les animaux d’élevage ont été améliorés grâce aux soins evershas pour augmenter leur rendement et partager ces traits avec leur descendance. Les poules pondent plus d’œufs, les montons produisent plus de laine et la vache produit plus de lait. Ces augmentations n’étant pas issues de la magie, ces animaux ont une grande valeur auprès des éleveurs.

Date limite pour participer : 1er mars

2532 mots de RP
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Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2366
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Sam 23 Jan 2021, 18:40

La Guerre des Crocs – Première Partie Fm3t
La Guerre des Crocs
Le banquet





Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 8
- Force : 9
- Charisme : 7
- Intelligence : 9
- Magie : 8
Un silence pesant régnait dans le salon, seulement rompu par les allées et venues de Laysa. Je faisais mine de lire un livre car sa nervosité était telle qu'il était compliqué de se concentrer sur quoi que ce soit. Sa lettre reposait sur la petite table, froissée d'avoir été lue à plusieurs reprises. La mienne était pliée soigneusement. Une seule lecture m'avait suffit pour comprendre que ça allait me faire chier. Selyne boudait dans sa chambre, vexée de n'avoir pas reçu de lettre. C'était bien ma seule consolation. «Tu crois que c'est Magnus qui nous aurait mentionnés ?» Je grognais une réponse qui n'était ni affirmative ni négative. Elle était mieux placée que moi pour le savoir, il était son Créateur et je le connaissais bien moins qu'elle. Nerveusement, Laysa lissa le devant de sa robe avant de porter une main à sa coiffure pour s'assurer que pas une mèche ne s'échappait de son chignon. C'était bientôt l'heure. J'avais envie de dormir. Mes insomnies chroniques avaient encore frappé pour ma part et mon visage arborait une élégante teinte maladive de papier mâché. J'espérais qu'on n'allait pas à nouveau nous projeter dans un dîner similaire à celui où j'avais eu l'immense déplaisir d'être entre deux Alfars insupportables. Le souvenir de ces deux dindes me fit grincer des dents et la voix de la Vampire claqua. «Arrête ça. Tu sais combien ça me porte sur les nerfs.» Je lui lançais un regard noir mais laissais ma mâchoire se détendre. Au moins Laysa serait avec moi. Je la laisserai faire les bavardages et j'attendrais que ça passe. Avec un peu de chance, je pourrais faire une sieste ni vu ni connu. Je baillais.

Debout, je tentais de dissimuler le tremblement de mes jambes. Les téléportations me donnaient le tournis ainsi qu'une vague envie de vomir. Pour me recentrer, je fixais mon attention sur la grande salle. La dichotomie des couleurs était le premier élément notable, l'écarlate rencontrant l'argenté dans une symbolique qui m'échappait. Laysa et moi demeurions silencieux et bien que la Vampire soit plutôt excitée, elle restait sur ses gardes et restait en marge des autres invités. Les hôtes étaient pour le moment invisibles ; ce que je trouvais un peu malpoli après nous avoir téléporté ici sans nous donner beaucoup d'explications. Grâce à la présence de ma Créatrice, j'étais moins méfiant que d'ordinaire et je lui touchais le bras du bout des doigts pour attirer son attention. «Regarde.» Non loin de nous, des formes s'étaient animées, squelettes fixant sur nous leurs yeux morts et leurs doigts décharnés. Habillés comme des domestiques, ils formaient un comité d'accueil glaçant. Je feignais l'indifférence mais leur présence me mettait mal à l'aise tout en éveillant aussi ma curiosité. Magnus possédait probablement des ouvrages sur la nécromancie, c'était un art couramment pratiqué parmi les Enfants de la Nuit mais Laysa n'en faisant pas usage, c'était la première fois que j'en étais témoin. Si je comprenais leur fonctionnement, il n'y aurait plus lieu de se méfier de ces cadavres revenus à la vie. Je fronçais les sourcils en voyant des animaux rejoindre les squelettes. Qu'est-ce que c'était encore que cette mascarade ? Je jetais un coup d'oeil aux invités mais ils avaient tous le même air perplexe. Je me renfrognais. Au moment où j'allais râler sur le temps d'attente, le rideau dans notre dos s'écarta pour laisser une véritable armée de nouveaux squelettes s'approcher de chaque invité avec détermination. Je retins un mouvement de recul quand quelques uns s'approchèrent de moi et me contentais de les défier d'un oeil mauvais. Au cas où. Je doutais de ma capacité à survivre s'ils venaient à nous attaquer mais je vendrais chèrement ma peau. Laysa posa une main rassurante sur mon bras et tira dessus pour que je me penche et qu'elle puisse me chuchoter : «Détends-toi et fais comme moi. Ne t'éloigne pas où c'est moi qui te le ferai regretter. Et pour l'amour de Lubuska, ne...» «Ça va. J'ai compris l'idée.» La coupais-je en levant les yeux au ciel. Je n'avais plus quinze ans et n'avais pas le moindre désir de créer une scène. Un squelette appuya sur mon épaule pour m'inviter à le suivre jusqu'à une des alcôves où des invités s'étaient déjà rendus, leur squelette assigné tirant les rideaux sur eux pour préserver leur intimité. Je grognais sur le mien : «Me touche pas.» Puis, sentant le regard lourd de Laysa sur ma nuque, je suivis le domestique en traînant des pieds, ma Créatrice et son squelette sur les talons.
Puisant dans une réserve insoupçonnée de patience, je me résolus à endurer l'humiliation d'avoir une aide pour me laver bien que je lui assurais maintenir une hygiène irréprochable et m'être lavé avant de venir. Toute cette situation était ridicule. Après un débat stérile avec le domestique, je fus forcé de le laisser m'habiller d'un ensemble trois pièces à peu près similaire à ceux que je portais pour notre Maison de Jeux mais d'une coupe de bien meilleure qualité. Le tissu était léger, d'une teinte noire mate et n'entravait pas mes mouvements. Un peu court au niveau des jambes, le squelette reprit rapidement l'ourlet et je résistais à l'envie de lui donner un coup de pied. Une fleur rouge ridicule avait été accrochée au veston. Une chance que je ne puisse plus me voir dans les miroirs. La cravate me serrait trop la gorge mais je renonçais à la desserrer après une bataille silencieuse avec le squelette d'environ quarante secondes où il s'évertua à la resserrer à chaque fois que je la touchais. À deux doigts de l'étouffement, je laissais tomber en me promettant d'éradiquer cette horreur dans un futur proche. Quand il voulut toucher à mes cheveux, je le balayais d'une main en montrant les dents, franchement irrité à ce stade. Comme pour se venger, il m'aspergea sauvagement de parfum et je battis en retraite, mortellement blessé dans mon ego. J'avais les sourcils si froncés qu'ils se rejoignaient presque. Laysa n'était pas encore sortie et je dus prendre mon mal en patience, lançant des regards assassins aux autres invités qui attendaient comme moi. Certains avaient refusé de suivre les domestiques et je maudis Laysa de m'avoir forcé à le faire. Le squelette patientait à mes côtés, sans me toucher et je fis comme s'il n'existait pas. Ma Créatrice sortit enfin, vêtue d'une longue robe rouge au décolleté timide mais qui s'évasait dans son dos jusqu'au creux des reins. Son domestique lui avait tressé les cheveux dans lesquels brillaient des fils rouge et or. Maquillée et habillée ainsi, elle semblait laisser éclater sa beauté froide et sèche plus que d'ordinaire et je devais admettre que j'étais moi-même sans voix devant elle. Malicieuse, elle ne commenta pas la tête stupide que je devais sûrement afficher et glissa son bras sous le mien. Elle profita que je ne disais rien pour passer une main dans mes cheveux et je jurais entendre mon domestique pousser un soupir soulagé.
Les hôtes arrivèrent et deux d'entre eux prirent la parole. À peine cordiaux entre eux, ils semblaient développer un effort surhumain pour coopérer sans s'étriper. Je me raidis devant le Marquis et accordait toute mon attention à leur discours. Pourquoi ces deux représentants de deux races qui se détestaient se seraient mis d'accord pour organiser une petite fête ? L'illogisme me donnait mal à la tête. Peut-être voulaient-ils déclarer la paix entre nos deux peuples ? Les méninges en feu, j'étais impatient d'interroger Laysa. Elle correspondait beaucoup avec Magnus, elle savait peut-être de quoi il en retournait ? Sans hésiter, nous fûmes dirigés vers la longue table à la nappe cramoisie après avoir indiqué notre souhait aux squelettes. Sitôt installés, je me penchais vers Laysa. «Qu'est-ce que ça signifie ?» Tout aussi bas, elle murmura à mon oreille, sans cesser de lancer des regards vifs autour d'elle. «Tu as dû entendre de Durienrisda.» «Vaguement.» «C'est un territoire déchiré entre les bêtes et les Enfants de la Nuit depuis quelques temps et il est très flou aujourd'hui de savoir qui a le contrôle dessus.» Honnêtement, je n'en avais rien à foutre. Toutefois, j'avais du mal à comprendre pourquoi nous n'éradiquions pas tout simplement Durienrisda de la vermine. Un peu de poison, beaucoup de sang et le tour était joué, non ? Je n'avais clairement pas de vastes connaissances sur eux mais j'avais du mal à comprendre comment nous, chasseurs par nature, ne parvenions pas à les exterminer. «En tout cas, si nous sommes ici, nous devrions en profiter pour tenter d'en savoir plus. Discrètement. C'est aussi le moment de se faire bien voir, Dorian. Ne me déçois pas. Oublies que tu as été paysan et on devrait pouvoir s'en sortir sans que tu nous couvre de honte. Si on te parle et que tu ne sais pas quoi dire, donne-moi un coup de pied sous la table.» Elle n'exagérait pas un peu là ? J'acquiesçai pour qu'elle me fiche la paix et regardait les autres invités. Il y a avait des Vampires comme nous, mais aussi des représentants d'autres races. J'étais un peu perdu et imitais Laysa quand elle se servit un verre de sang. Les non Vampires festoyaient autour de nous et des bavardages s'élevèrent bientôt alors que tout le monde se détendait un peu grâce à l'abondance de l'alcool et des différents mets. À la différence de l'atroce dîner où j'avais été projeté, nous n'étions pas forcés de garder notre place et certains convives se déplacèrent bientôt pour discuter avec d'autres. Je tentais de ne croiser le regard de personne, heureux si je pouvais terminer ce repas sans avoir à parler à quiconque. Les relations sociales, c'était bien pour les autres. Laysa se montrait charmante sitôt qu'on l'abordait, faisant preuve à la fois d'humour et d'élégance. Elle se leva même quelques fois pour aller saluer des connaissances parmi les Enfants de la Nuit, sûrement des clients de notre Maison de Jeux. J'enviais son aisance en société mais je n'étais pas encore capable de faire preuve de cet hypocrisie soignée qu'elle tentait de m'inculquer. Alors je boudais dans mon verre, admirant son manège et essayant de ne pas avoir l'air trop antipathique et ruiner ses efforts. Les autres Vampires, en tout cas ceux qui avaient l'air de savoir exactement pourquoi nous étions réunis, déployaient des trésors d'éloquence en discutant avec les invités qui s'étaient assis du côté argenté. Je regardais ce théâtre de faux semblants avec un intérêt proche du néant. Je fis juste un effort quand Laysa me supplia d'aller danser avec elle. La Vampire paraissait heureuse de cette soirée et se nourrissait de ces interactions autant qu'elles m'horripilaient. «Il y a vraiment des personnes intéressantes ce soir, tu ne trouves pas ?» «Oh oui, on a déjà prévu d'aller se faire une après-soirée avec certains après.» Ironisais-je. Elle rit, laissant passer mon insolence pour cette fois. «Quand est-ce que ça se termine ?» Dis-je d'une voix plaintive. Elle leva les yeux au ciel et ne répondit pas.
La soirée dura pour ce qui me paraissait une éternité. Imbibé de sang, ma tête était lourde et j'étais prêt à m'effondrer sur la table pour dormir. La cacophonie ambiante me montait à la tête comme une mauvaise sinusite. Je ne savais pas comment faisaient les autres pour supporter tout ça. Une forme d'excitation les animait alors que le repas touchait à son terme. Les squelettes revinrent bientôt chercher les invités qui leur étaient assignés. À ma grande horreur, le mien persista à me laver à nouveau avant de me vêtir d'un nouveau vêtement, en velours épais couleur nuit. La veste était plus longue et des arabesques noires la décorait. J'aurais bien admis que j'appréciais ces toilettes si je n'étais pas irrémédiablement traumatisé par l'insistance du squelette à me rendre présentable et à m'habiller comme un enfant handicapé. Nous fûmes tous réunis à nouveau pour écouter les hôtes. Une langueur s'était emparée de tous et j'appréciais ce calme. J'aimais encore plus l'idée que c'était la fin de ce banquet interminable. Laysa avait troqué son étroite robe écarlate pour une robe d'un pourpre si sombre qu'il en paraissait noir. Le col relevé lui donnait un air plus strict et en prenant son bras, je vis qu'il s'agissait également de velours. L'Augure et le Marquis reprirent un discours à deux comme ils l'avaient fait au début mais à l'impact bien plus conséquent. Je sentis mon visage se décomposer et plusieurs personnes autours eurent des exclamations de surprise. Une guerre ? À mes côtés, Laysa affichait un air avide et profondément satisfait. Ses yeux brillaient d'une lueur malsaine et ses ongles s'enfoncèrent dans mon bras. Par Lubuska, j'étais foutu.

Fin | 2258 mots (Oops?)

Si vous voulez parler à Dodo, vous pouvez, je vous laisse l'utiliser, il sera globalement désagréable avec vous et plus ou moins respectueux en fonction de votre charisme par rapport au sien. Avec Laysa à côté de lui, il est obligé de bien se tenir de toute façon. Il est assis à la table des Vampires (la rouge donc) et Laysa est à sa gauche donc si vous voulez dire que vous êtes à sa droite, vous pouvez o/

Mon personnage et ses PNJ n'ont aucune valeur diplomatique ici malheureusement donc je n'ai pas pu aller proposer aux autres races de les corrompre négocier à la cause des Vampires mais le coeur y était. Voilà, s'il y a quoi que ce soit, tu me dis Typhon et j'irais modifier.

Et sinon euh, votez Vampires, on offre des sucettes au sang /sbaff




La Guerre des Crocs – Première Partie Aoyv
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Ven 29 Jan 2021, 22:01

La Guerre des Crocs – Première Partie T6c5
« On fête la mort de mamie ? »



Mireille, pourquoi es-tu Mireille ? De ta chair rosée jusqu’à tes petits petons de cochonne, mon cœur balance la chamade à la même fréquence qu’une pendule lors des douze coups de minuit. Ces coups, moi aussi j’aimerais de te les… Ah ben tiens, quelqu’un me dérangeait en plein milieu de la rédaction de mon poème, me confisquant au passage l’inspiration qui était venue jusqu'à moi. J’avais à peine mis trois lunes entières pour coucher ces deux lignes sur un manuscrit, de quoi casser mon rythme soutenu de prestation artistique. Mais bon, peu importe, car j’y reviendrais autant de fois qu’il le faudrait. L’amour n’attendait pas, c’est pourquoi lorsqu’un homme décidait de déclarer sa flamme, j’estimais qu’il devait être prêt à se heurter à tous les murs pour y parvenir. Bon, pour des raisons techniques, je n’avais plus du tout de murs justement ; seulement une porte plantée au milieu de nulle part. La prochaine fois, je retiendrai néanmoins la leçon ; ne pas nourrir Coquin avec des noix de cajous, car il perdait tout contrôle de lui-même. En attendant de rénover ma suite classée une canine au guide Foufoune, célèbre pour avoir investi dans les menstruations, je jouissais d’une vue à ciel ouvert, sur les centaines d’étoiles qui gravitaient dans ce tableau ombragé. Mais pour en revenir au dérangement dont je fus victime, elle prit la forme d’une enveloppe qui vint se poser sur mon bureau. Depuis quand m’écrivait-on pour commencer ? Grendel avait-elle retrouvé ma trace ? Souhaitait-elle m’engager dans son cirque pour figurer en tête d’affiche à côté du phoque ? Je l’espérais avec la même jubilation qu’un enfant qui attrapait les flocons de neige pour la première fois. Seulement non, rien à voir avec ma dulcinée. À côté de ça, une simple invitation pour participer à un évènement du genre nature et découverte. Ça ne comblait pas le gros manque de miss gueulante, mais j’acceptais toutefois de m’y rendre. Aussitôt fait, je me fis aspirer par la lettre dans un lieu qui changea du tout au tout ma vision des choses sur les aristochats.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça envoyait du lourd, aussi bien sur les belles couleurs disparates d’un côté et de l’autre que de la disposition de la table qui me donnait l’eau à la bouche. J’ignore ce que cela signifiait, mais j’avais l’impression d’avoir droit à une grande promotion au sein de la race. J’avais pourtant rien fait de plus que d’habitude ces derniers jours. Hm. Songeant à mes faits d'armes récents, je réfléchissais à ce qui aurait pu conduire les miens à me grader de la sorte. Ah ! Je me souvenais avoir réussi un jeu d’éveil, ça venait peut-être de là. Quoiqu’il en soit, là où je fus le plus étonné se trouva lors de l’apparition d’animaux et de squelettes qui s’alignèrent en rang comme de bons élèves. D’une certaine façon, ils étaient mes amis puisque nous étions tous les deux morts, donc peut-être comprenaient-ils ma langue. Pour le savoir, rien de mieux que de se lancer dans le dialogue. « Pssst, vous savez quel animal on préfère le plus, nous les Vampires ? La chèvre de monsieur Sanguin. » Je ne pus m’empêcher de rire face à cette excellente blague. La seule que j’avais saisie depuis le jour où un type vêtu d'un imperméable m’avait confondu avec son confident. On me coupa néanmoins dans mon élan de mec hyper avenant pour venir me coiffer et m’habiller d’une drôle de manière, mes lunettes m’étant confisquées comme si j’avais fait une bêtise. Je laissais faire ce squelette sans rien dire, parce que j’avais laissé ma fierté de côté sans avoir la possibilité de la joindre, mais dès que je la retrouverais, il entendrait parler de moi. Après m’avoir coiffé comme un poney et vêtu comme une princesse, des individus défiants entrèrent solennellement dans la pièce pour s’installer avant nous. Quel toupet. Sur deux immenses fauteuils ; deux gars au gabarit pour le moins impressionnant se tenaient légèrement en hauteur, sans doute pour sauter dans la foule une fois la musique arrêtée. Ah non. Encore planté. « Ces formalités sont d’un ennui consternant. Ils devraient se magner le cul, ils font chier tout le monde. » Zoya dans toute sa splendeur émergea à mes côtés. Elle portait admirablement sa tenue brodée d’or, sa chevelure ambrée n’ayant à l’évidence pas été retouchée.

Le contraire m’aurait étonné, le squelette n’avait pas dû beaucoup insister devant son sale caractère, sans quoi elle l’aurait emplâtré quelque part non loin d’ici et les chiens s'en seraient donnés à cœur joie. Comme d’habitude, elle ne mâchait pas ses mots, sa franchise se dévoilant dans toutes les circonstances. Elle avait toutefois terriblement raison à propos de cette attente interminable. « On a pas été invités pour dévoiler nos incroyables talents ? » « Ton seul talent c’est de me taper sur le système. Tais-toi et écoute, abruti. Ils vont causer. » En effet, les deux hommes qui m’étaient étrangers prirent la parole, mais pour être sincère, je ne retins pas grand-chose hormis les fions qu’ils se balançaient à la poire. Apparemment, il fallait aussi choisir sa couleur pour apporter son soutien à l’une des deux espèces, donc les Vampires — mon peuple — ou les Canidés — pas mon peuple. Par précaution, la teinte argentée me sembla plus conviviale, donc je m'attelais à m’y rendre, bien que très rapidement arrêté par les doigts de Zoya qui broyèrent mon épaule. « Pas de ce côté, crétin. Suis-moi sagement sans poser de questions, sinon je t’étripe. » La désillusion me frappa avec la même sévérité qu’un coup derrière la nuque. J’aurais tant voulu apprendre à les connaitre, ne serait-ce que pour les honorer de ma présence et apprendre à aboyer tout comme eux. Ce qui me consola se trouva néanmoins aux pieds des chaises, en la présence de pleins de bêbêtes qui vinrent à notre rencontre en pointant leurs museaux vers nous. C’était donc ça, nous étions tous ici pour… parler de nos animaux chéris, et donc de Mireille ; autrement dis un sujet que je maitrisais sur le bout des doigts. Et pas que.

Portant ma main vers le bas pour caresser le lapinou qui me fit les petites oreilles, j’en profitais pour me renseigner auprès de ma Créatrice. Elle devait être au courant des choses qui se tramaient ici. Ouais, je sentais comme une entourloupe quelque part, à croire qu’on me préparait une fête d’anniversaire surprise avec tous mes copains. Et d’autres gens qui parlaient fort. « Alors, t’as prévu de m’offrir quoi ? Des ouvrages sur les plus belles porcheries dédicacées par Justin Bridou ? Je dis oui. La dernière collection de lingerie de Luxus Paddfut ? Je dis non. En plus Mireille ne rentrerait pas dedans et j’ai peur que Grendel se transforme en Démon si je l’enfile de force. Faut pas les embêter après minuit ces bêtes-là. Ni avant d’ailleurs, c’est de la saloperie. » J’étais bien placé pour le savoir avec la romance qu’on avait entamée et l’abandon de son enfant dans la foulée. « Mais qu’est-ce que tu me chantes encore !? Tu vois pas que tout ceci est scénarisé ? Les meneurs font bonne figure, mais ça peut partir dans le pif à tout moment. C’est une guerre territoriale. Du moins c’est ce qui la précède. » Une guerre ? Mais pourquoi faire ? On ne pouvait pas simplement régler ce conflit en jouant à "tire mon doigt" ou en tirant à la courte paille par exemple ? Franchement, si j’y participais, je ne donnais pas cher de ma peau. Sauf si éventuellement je perfectionnais ma technique qui consistait à tuer trois hommes en un coup rien qu’avec une feuille morte. Mais à vue d’œil ils étaient un peu plus que trois, donc ça ne fonctionnerait pas. Quoiqu'il en soit, je sentis ma maîtresse être sur ses gardes. Elle regardait partout, les sourcils froncés, saisissant des détails qui m’échappaient probablement. En jetant une œillade à l’assemblé, je remarquais la présence d’un individu qui m’était familier. Je ne sais pas exactement d’où, mais son visage ne m'était pas étranger ; un cousin éloigné, un ami de longue date, une ancienne conquête éventuellement.

En tout cas, il était particulièrement apprêté ce beau gosse, de telle sorte que je me sentis immédiatement attiré par les fluides corporels qui émanaient de ses cuisses galbés. Je le fixais avec un grand sourire droit dans les yeux tandis que l’animal que je caressais plus tôt grimpa sur ma tête. Pourvu de grands yeux bien ronds qu’il orienta dans la même direction que moi, il mastiquait une brindille avec application. Il me ressemblait beaucoup je trouve, l’intelligence en moins, même si à première vue ce n’était pas très flagrant. Je m’en ferais bien un petit casse-croute de celui-là, avec son air renfrogné qui le rendait d’autant plus appétissant. Miam. Le tarsier continua à le toiser tout du long, mais pour ma part, quelqu’un vint à m'aborder pour me souffler quelque chose dans l'oreille. « Vous êtes sûr de votre choix malgré vos origines ? Vous serez grassement récompensé en changeant de bord, vous savez ? » « Sûr non, mais si je quitte mon camp je vais me faire tabasser. C’est une tentative de drague c’est ça ? » « Quoi ? Mais… pas du tout. Je… » « J’ai déjà eu affaire à ce genre de plans, vous savez. Pas plus tard qu’hier, une femme est venue m’accoster rien que pour me dire à quel point j’étais exceptionnel. Je me souviendrais toujours de sa voix suave comme le parmesan me susurrer dans l'oreille : tu dois tomber du ciel parce que t’es éclaté au sol. Aaaaah. Quel beau compliment n’est-ce pas ? » « Euh… oui. Oui. Assurément. Je ne vous dérange pas davantage, monsieur. Au revoir. » Elle s’en alla avec la vélocité d’un petit lièvre, à croire que je les impressionnais toutes. Par fierté, je tapais même une pose, ma main frottant mon menton alors que mes yeux fixèrent un point d'axe sur ma gauche. Zoya me gratifia cependant d’une taloche sur la nuque pour me réchauffer les neurones. La panique me gagnant, je manquais presque de m’étouffer alors que je n’avais pas englouti le moindre des aliments qui se tenaient sur la table. « Ressaisis-toi. Ça sent pas bon cette histoire. » « J’y suis peut-être pour quelque chose. » « Non, pas ça ! T’es sûrement trop benêt pour le saisir, mais la tension est palpable. Sans parler des comportements suspicieux de bon nombres d'intervenants ici. » Elle avait certainement raison, son flair étant plus affuté que le mien, mais à part le fait que je m’ennuyais un peu, je ne relevait rien d’étrange. Quelques instants après, les squelettes insistèrent même pour me refaire une beauté, après quoi seulement les deux hommes au centre de l’attention reprirent de plus belle leurs disputes. Je peinais à suivre le sens de leurs paroles, mais je fus encore plus hébété lorsque mon corps fut aspiré de nouveau, cette fois pour me rapatrier dans ma demeure. Ainsi donc, j’étais de retour chez moi et donc… MIREIIIIIILLE ! Quelle joie immense de la retrouver, contrairement à elle qui m’ignorait comme si je n'étais qu'une fiente séchée. A l’inverse, elle sortit à l'extérieur pour une quelconque raison, et c’est là que je les vis ; des poules, des moutons et des vaches. Énorme ! J’avais pas graillé en plus. À moins de les garder pour m’en faire de nouveaux compagnons, mais j’avais déjà ramené quelqu’un de cette soirée alors… à voir.  


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Mar 02 Fév 2021, 22:35

La Guerre des Crocs – Première Partie Oyy2
« Si tu dois choisir entre deux poisons, prends celui qui te tue le moins rapidement. »



Avachi sur un siège monarchique qu’il avait ramené de ses précédentes escales dans les Landes, l’homme semblait perdu dans ses pensées. Poing contre joue, il se remémorait les différents lieus dans lesquels ses enquêtes l’avaient mené. À l’heure actuelle, il ne disposait d’aucune piste fiable sur l’évaporation de son frangin, si ce n’est l’existence d’artefacts dont nombre d’étrangers avaient entendu parler. S’il est fort plausible qu’il les ait délégués à des personnes dignes de confiance, Deccio était incapable d’identifier ces derniers. La plupart de ses fils avaient étés décimés, et en dehors de Lucius, il n’avait jamais accordé du crédit à aucun d’entre eux. Quant au gamin prodige, il ne donnait pas plus de signes de vie que son paternel. Noyé dans ce trouble, le blond serra la mâchoire, ses phalanges broyant accidentellement la sphère en bois poli présente sur le trône vacant. Cette impasse lui apportait l’inspiration nécessaire pour briser des nuques à la chaine, mais fort heureusement pour les victimes fictives de cette humeur exécrable, l’apparition d’une lettre vint modifier tous ses plans. La capturant entre son index et son majeur, il déchira le sceau avec ses ongles pour en saisir le contenu sans perdre une seconde. Une invitation autour d’un bon buffet aux côtés d’autres intermittents du spectacle ; l’absence de détails constituait un élément indéniable sur le véritable sens de cette cérémonie. En acceptant d’y participer, il se portait volontaire pour assister aux balbutiements d’une énième intempérie. Plus que jamais convaincu et dans l’espoir qu’ils réussissent à lui vider l'esprit, l’homme apposa sa signature comme pour certifier le destinataire de sa présence.

Aussitôt fait, son corps se fit de nouveau extirper de la réalité avant de reprendre forme dans une immense salle de célébrations. Au milieu d’individus qui ne lui disaient absolument rien hormis quelques têtes prestigieuses, deux voix féminines familières se détachèrent du lot. Déposant immédiatement un visage et un nom sur celles-ci, un sourire ravi accompagna son faciès. « Vous m’avez retrouvé plus vite que je ne l’aurais espéré. Bien joué, mesdemoiselles. » Tira et Misu, ses deux plus fidèles subordonnées se placèrent à ses côtés avec la prestance inaltérable qui les caractérisait. Endimanchées de robes à faire pâlir n’importe quel asexuel, les deux meurtrières conféraient toute la noblesse qui était due au plaisir charnel. Chaque fois qu’il jetait un œil aux courbes démentielles dont le ciel les avait nanties, son appétit ne faisait que croitre inexorablement en dépit de sa mémoire infaillible. Il connaissait chaque parcelle de leur peau dénudée, à tel point qu’il pouvait les dessiner les yeux fermés sans l’once d’une incertitude. « Il y avait peu de chance que quelqu’un comme toi ne soit pas convié si nous-même nous l’étions. » « Nous avons donc supposé que tu accepterais à juste titre, alors on t’as emboité le pas. » Comme toujours, elles raisonnaient avec un syllogisme infaillible ; des qualités propres aux lignées de la famille Calburry formées dans des conditions extrêmes, où la moindre faute de jugement pouvait s’avérer funeste. « Vos considérations me flattent. » L’homme focalisa son esprit sur la scène du crime, ou plutôt, celle qui présageait le délit. Les bras croisés, il détaillait déjà chaque plan dans son ensemble, imbriquant certaines pièces en en désassemblant d’autres alors que rien n’augurait des complications. Un détective devait néanmoins recueillir toutes les subtilités en ayant cure du protocole habituel. « Eraḍu – Hasiru » Un message codé qu’elles seules comprendraient lorsqu’il faudrait passer à l’action, car Deccio suspectait déjà quelque chose au moment où des squelettes flanqués d’animaux vinrent s'assurer de faire les fanfarons autour des tables.

En tout cas, il espérait que cette comédie aille plus loin qu’un numéro pour des enfants de bas âge, car pour l’instant ils ne leur prêtaient pas de meilleur jugement que la note minimale. Après des temps immémoriaux à avoir observé le comportement des uns et des autres, les serviteurs avec lesquels on les avait associés les installèrent à des places qui ne laissèrent présager aucun hasard. Impassible, le Démon accepta de se rendre dans les filets afin de se rapprocher au mieux de la vérité. Une véracité qui selon lui était admirablement maquillée par l’ambiance festive, davantage soignée pour les invités qui jouissaient de plus de prestiges que les ingrats qui ne se pliaient pas aux règles. Malinx les lynx. La rousse prit place à sa droite, se servant de la télépathie pour lui transmettre des informations. « Tira à fait ce que tu lui as demandé en refusant de se laisser choir par ces foutus squelettes. » Liant ses doigts à hauteur de ses lèvres en s’accoudant sur la table, le Vil dissimulait ses intentions faciales, à ne pas confondre avec les éjaculations. « Parfait. Il est préférable d’avoir les yeux partout lors de ce genre d’événements. Nous appliquerons la même recette en changeant de camp au moment propice. » « Ce que tes yeux ne peuvent percevoir, ton ouïe le peut. » L’enseignement de la garde des tueurs pourpres portait perpétuellement leurs fruits puisqu’ils étaient couramment exposés aux soûleries pour entreprendre toutes sortes de missions, l’espionnage en priorité. Les deux femmes maniaient donc leurs cinq sens avec autant d’habilité que leurs langues ou leurs cuisses. Dans l’attente de pouvoir se réjouir d’obtenir des données exclusives, le blondinet attacha une importance cordiale à s’occuper des animaux qui vinrent à sa rencontre, du moins jusqu’à les intimider en affirmant son aura meurtrière pour les contraindre à garder une distance raisonnable — règles sanitaires obligent. « Un poil trop indiscret comme procédé. Mais belle tentative. » La jeune femme invoqua une lame métallique par-delà sa paume, ses fesses se décollant doucement du siège. La main du Vil intercepta son poignet de façon à lui intimer de rester tranquille. « Inutile de s’alarmer pour les autres, chacun doit tirer son épingle du jeu. S’ils sont incapables de remarquer ce qui cloche, ça les regarde. » Toute cette mise en scène qui allait des domestiques décharnés aux couleurs disparates, ou bien des animaux à peine trop chaleureux à son goût et le service impeccable a table pour ceux ayant accepté de se faire appareiller par les tas d’os lui sautaient tellement aux yeux dans les manigances qu’il commençait à trouver le tout un peu maladroit.

Il n’était pas inenvisageable d'émettre l'hypothèse que leurs discussions furent interceptées d’une manière ou d’une autre, soit par le biais des harnachements avec lesquels on les avait vêtus de force, soit par la simple présence d’espions dissimulés dans l’assemblée, et c’est justement cette raison qui obligeait les Démons à prendre toutes les précautions indiquées. Quand les deux instigateurs libérèrent la parole, Deccio reconnut immédiatement la voix du tigre qu’il avait rencontré au détour d’un séjour à Stenfek. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’amitié n’avait pas été au cœur de ce tête-à-tête malgré la viabilité d’une bromance qui aurait pu naitre. Contre une telle bête, l’homme s’était rapidement trouvé acculé par la différence de pouvoirs. Mais en l’observant aujourd’hui, ce même carnivore ne l’impressionnait plus autant. Curieux de savoir qui l’emporterait si une autre confrontation devait avoir lieu, le Démon chassa néanmoins très vite cette préoccupation qui ne convenait qu’à ces barbares sans cervelles de Réprouvés. Le simple fait de voir le représentant des Vampires et des Evershas se tirer dans les pattes en disant long sur la dimension de ce diner. « Ils tentent vraiment de nous faire avaler que c’est par bonté qu’ils nous ont gentiment conviés à leurs tables ? » « La sélection par les lettres n’a rien d’un hasard. Ils font un premier écrémage en manipulant les plus influençables et vont très certainement essayer d’enrôler les plus exigeants avec quelques promesses bas de gamme. » « Quel camp devra-t-on soutenir si ton hypothèse s’avère exacte ? » « Aucun des deux. Du moins, pour l’instant. » Toutes proportions gardées, choisir qui soutenir durant une guerre - que son incidence soit mondiale ou territoriale - reflétait le même enjeu. Pour Deccio qui considérait cela comme une partie d’échecs, aucune décision ne devait être prise au hasard s’il voulait préserver la plupart de ses pions. Toutefois, il ne s’attendait pas à recevoir la visite des charmantes compagnes de ces messieurs, qui sous couvert d’avoir certains privilèges hiérarchiques se permirent de remettre en question son adhésion pour telle ou telle nation. Et bien, elles avaient entièrement raison de tenter le tout pour le tout, car ainsi elles s’assuraient au moins le soutien des girouettes ; c’est-à-dire les gens tels que lui, qui n’avaient aucune race de changer ses couleurs pour une offre plus alléchante.

D’un autre côté, les Vampires parvenaient presque à lui faire ressentir de la peine. Il suffisait de les regarder pour voir qu’ils ne payaient pas de mine, et que sans alliés de circonstances, ils courraient à la catastrophe au même titre que ce fut le cas pour eux à une sombre période de leur histoire. Le contexte n’étant pas le même, ils pouvaient toujours s'en sortir avec l’intervention du Saint-Esprit, si tant que ce dernier eût l’envie de se bouger les fesses. La chance d’avoir l’honneur de se rendre à la table des hôtes capta son attention. Vénal jusqu’au bout des ongles, l’homme accepta la proposition inespérée de se rapprocher davantage de l’ennemi en levant son seigneurial postérieur de la chaise. « Vous ne le regretterez pas. » Lui souffla la demoiselle. Bien sûr qu’il n’en aurait pas. Pourquoi faire ? Avec sa désinvolture routinière, le Vil détective prit place au sein de la communauté des pucés. Premier détail et non des moindres : ils sentaient le lard et le poisson malgré la quantité astronomique de parfum diffusé dans l’air. À croire qu’ils en abusaient pour mettre au monde une nouvelle espèce de mutants, un croisement entre les Evershas et les plantes peut-être. Changeant de toilette dans la foulée grâce à une faculté acquise, l’épuisement de sa magie se fit ressentir à ce moment précis. Tiens donc. Il zieuta dans la direction opposée. « J’imagine que tu n’es plus en mesure d’implorer le sceau ? » « Non. Tu sais ce que ça signifie ? » « Que ce sont des enfoirés comme je les aime. » Un rictus se saisissant du coin de ses lèvres, le renard prit la parole afin d'exposer son opinion. « Honnêtement, si je retourne ma veste, c’est pour les beaux yeux de Sir Typhon. Un Typhon, font, font, les petites marionnettes ♪. Excusez mon incartade. À vrai dire, je jette uniquement mon dévolu sur vous car vous m’inspirez davantage que les léthargiques, et je n’ai pas pour principe d'embrasser le mouvement des perdants. Après, il ne tient qu'à vous de me garder dans vos rangs. » Deccio s’amusait plus qu’il ne se confiant sur les raisons qui le poussaient à changer de côté maintenant. Ce qu’il se gardait bien d’avouer, c’est qu’il attendrait la toute dernière minute avant de faire son choix. En effet, les deux chefs d’orchestre mirent enfin les choses au point lorsqu’ils soulignèrent les préludes de cette fameuse guerre. La réaction du public ne se fit pas attendre, bien qu’à partir de là, ils n’eurent pas l’occasion d'extérioriser leurs joies, leurs colères ou leurs dégouts, puisque tous sans exception furent ramenés au point de départ, pile à l’endroit où ils avaient signé la lettre. De retour sur son siège fastueux, l’homme finit par trouver cela assez exaltant. Que ferait-il ? Quelle coalition disposait des meilleurs arguments pour le convaincre à combattre en leurs noms ? Les Vampires qui avaient perdu de leurs superbes, mais qui jouissaient d’un marché fructueux en matière de sang, ou bien fallait-il conclure un pacte avec les Evershas, qui avaient mainmise sur les plus belles tulipes de la région ? Cruel dilemme. Quoiqu’il déciderait, le Vil ne donnerait aucune réponse définitive, sa lame pouvant aussi bien réduire un ennemi en charpie que de se planter dans le dos d’un allié.


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Kitoe
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Kitoe
Lun 08 Fév 2021, 22:51

Kitoe
La Guerre des Crocs
Le nez collé au papier, Lia analysait le tracé doré avec tout l’émerveillement du monde. Eclairée par la lueur d’une chandelle, elle faisait doucement bouger le papier pour déceler les petits cristaux brillants qui reflétaient la lumière à leur surface. Cette caractéristique de l’encre la fascinait plus que tout. La Démone n’avait pas encore prêté attention au message apporté par la lettre. Si la recevoir l’avait extasiée, car rares étaient les personnes qui se donnaient la peine de lui écrire, la couleur de l’encre avait tellement transcendé Lia qu’elle n’avait pu s’empêcher de prendre le contrôle. Une fois que cette dernière eut suffisamment contemplé l’objet de sa fascination, au bout d’une dizaine de minutes, elle recula enfin la feuille et la posa sur la table, son doigt glissant sous chaque mot tandis qu’elle les déchiffrait. Lia n’était pas plus forte en lecture qu’en écriture. Au fur et à mesure de sa progression, ses yeux s’arrondissaient et elle s’y reprenait de plus en plus à deux fois pour lire les phrases. Elle découvrait que cette lettre était une invitation, et pas à n’importe quel événement : à un banquet ! Sa joie s’élevant de plusieurs niveaux, la gamine serra la missive dans ses bras avant de faire un tour sur elle-même. Un banquet ! Un banquet de princesses rien que pour elle ! D’ores et déjà, elle réfléchissait à la jolie robe qu’elle pourrait porter pour l’occasion, mais avant, il lui fallait accepter la proposition. S’emparant d’une plume, Lia réfléchit à la manière dont elle devait signer, car l’enfant n’avait encore jamais paraphé un papier d’une telle importance. Elle regrettait de n’avoir aucune encre de la même couleur que le message pour faire en sorte que l’ensemble soit harmonieux… Devait-elle agrémenter son prénom de quelques cœurs pour compenser ?

-La lettre est adressée à Kitoe, pas à toi Lia. Intervînt Ellie avant que l’enfant ne fasse une bêtise.

Alors qu’elle était sur le point de poser la pointe de la plume sur le papier, elle suspendit son geste pour relire l’intitulé. Sa déception fut grande lorsqu’elle réalisa qu’effectivement, Kitoe était la seule concernée.

-Mais je veux aller au banquet… Geignit Lia en affichant une moue.

Sa main se retira du papier pour s’y reposer aussitôt, possédée par Kitoe. Sa mine triste avait laissé place à un visage plus sérieux.

-Je te laisserai y assister. Promis juré craché et tout ce que tu veux, mais tu resteras sage et sous ma tutelle.

La Démone apposa son nom sur le papier, puis l’abandonna, le sourire aux lèvres. Elle ne vit pas les lettres de son nom s’illuminer comme par magie avant de disparaitre, embarquant sa signataire dans son périple. L’immense salle dans laquelle elle atterrit était somptueuse. Impressionnée par la décoration, Kitoe levait les yeux pour détailler un à un les bords rouge et argenté qui scindaient la pièce en deux. Comme promis, elle permettait à Lia de voir à travers ses yeux, ce qui exacerbait quelque peu ses réactions. Elle était époustouflée par cette grandeur et cette richesse abondante. Ne prêtant qu’assez peu d’attention aux autres invités, la Démone était seulement captivée par l’atmosphère nouvelle, ces immenses tables et ces squelettes qui venaient les aborder pour s’occuper d’eux. Ce fut avec une curiosité toute particulière que Kitoe accepta les services de l’un de ces tas d’os vivants. Puisqu’ils n’avaient pas de chair, elle se demandait s’ils avaient de la moelle, mais la question resta en suspend sur ses lèvres, comme des milliards d’autres, trop perturbée par ce qu’il lui arrivait. Ce fut ainsi qu’en toute gratuité, la brune se retrouva lavée, toilettée, coiffée, habillée et parfumée avec toutes les grâces de la haute noblesse. Dans cette petite robe noire et légère, la Démone était séduisante. Ni elle ni Lia n’avait l’habitude de porter cela, mais elles s’accordaient pour dire que ça lui allait à merveille. Ce fut donc pas peu fière de sa prestance qu’elle rejoignit la salle du banquet.

-Awwww ils sont trop mignons !

A peine arrivée, l’exclamation n’avait pu que lui échapper et elle ne mit pas longtemps avant de se mettre à table. C’était décidé : ce sera du côté argenté qu’elle trouverait sa place. La main plongée dans le pelage d’un petit lapinou trop choupinou-pinou-pipouchou avec des petites zoreilles et des yeux aussi grands que des billes, Kitoe avait su être conquise par un argument conséquent pour un enjeu qu’elle n’estimait pas le moins du monde. A vrai dire, l’enjeu en question était le cadet de ses soucis depuis le début de son aventure. La Démone se laissait volontiers guider par l’instant présent pour profiter du faste du banquet. Pour le reste, on verrait plus tard. Ce qui l’intéressait actuellement était davantage la quantité astronomique de nourriture qui fut servie que le reste. La Gourmande sut remplir son assiette en conséquence, ce qui eut tôt fait d’interroger ses voisins de table pour lesquels elle ne prêta aucune considération. Jusqu’à ce qu’on vienne l’aborder, du moins.

Le jeune Vampire était particulièrement séduisant et charismatique. Il allait sans dire que Kitoe considérait sa largeur d’épaules avec une certain intérêt, bien qu’elle appréciât moins sa pâleur. Ensemble, alors qu’elle mangeait, ils discutèrent de choses et d’autres. Il était gentil, mais ce qui l’ennuyait était sa manière récurrente de revenir au sujet des Evershas et des Vampires, expliquant pourquoi les premiers n’étaient que des sauvages indignes et les seconds de fières et élégantes créatures. La Vile s’en foutait pas mal de savoir qui en avait une plus grosse que l’autre, à moins qu’on ne lui parle de tarte aux pommes, de note d’état corporel ou d’épaisseur de gras dorsal. Néanmoins, elle sut changer d’avis. Il n’y avait pas que les animaux mignons dans la vie ; il y avait aussi d’énormes raclures. Kitoe se leva, en s’en rendant à peine compte, son visage se tordant subitement à la vue de ce grand blond qui l’avait lamentablement humiliée dans sa propre maison. Elle eut envie d’aller le voir pour lui planter son couteau et sa fourchette dans la jugulaire. Cependant, elle ne le fit pas pour une raison bien simple : elle le boudait. La dernière chose qu’elle avait envie de faire était justement d’entrer en contact avec lui. Elle préférait largement s’éloigner, et pour cela, elle allait changer de camp.

-Vous faites le bon choix. Soyez-en garantie.

-La nourriture a intérêt à être bonne de votre côté. Menaça-t-elle en bougonnant.

De toute manière, ça l’arrangeait d’être chez les Vampires parce que le rouge c’était plus joli et que c’était à moitié des cannibales, donc ils devaient être plutôt cools, non ? En plus, ils avaient de beaux habits, même si les squelettes étaient moches. Satisfaite par la quantité d’arguments qu’elle avait trouvé pour légitimer son choix, Kitoe reprit son repas du côté pourpre en songeant à la meilleure manière de tuer Deccio.

Ce fut fastueux. Kitoe put se remplir l’estomac plusieurs fois sans qu’il ne vienne jamais à manquer de rien. Lorsque ce fût terminé, on l’emmena pour une seconde toilette. La Démone laissa échapper un commentaire sur la fréquence dérisoire de cette attention mais se laissa faire malgré tout, incapable de refuser un quelconque bon traitement. Elle bâilla. Elle se rendait soudainement compte qu’elle était très fatiguée. La digestion allait être rude. Retournant au centre des festivités, elle accepta volontiers une tasse de thé et attendit avec le reste des invités l’annonce qui devait avoir lieu. Elle avait les paupières lourdes et son corps était en compote. Quitte à devoir patienter, la Vile espérait que l’annonce vaudrait le détour.

Et elle le valut certainement. La déclaration parvînt aux oreilles de Kitoe en même temps que tout le monde. Néanmoins, elle ne traversa pas tout de suite son cerveau. De retour dans sa maison, la brune resta un instant debout, immobile, à ressasser les mots de leur hôte pour y trouver un sens. Les Vampires et les Evershas venaient d’entrer en guerre.

-Oh.

D’accord. C’était inédit, mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid. A titre personnel, elle savait que son quotidien n’en serait pas modifié. Alors ça ne faisait rien. Toujours était-il qu’elle avait bien mangé et que ça, c’était chouette. Les idées enfin claires, Kitoe céda à la fatigue : elle s’écroula dans un fauteuil et s’endormit à la seconde même. Elle se réveillerait le lendemain avec les articulations d’un deux-centenaire.

1393 mots




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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Jeu 11 Fév 2021, 16:33

Sekiro. The deep forest par Anato Finnstark
La Guerre des Crocs | Partie I

Èibhlin tendit la missive à son précepteur qui dépliât le papier d'un geste lent. Plissant le regard, Emrys détaillât avec insistance le message puis rapprochât la lettre d'une chandelle. Là, il la fit doucement vaciller de droite à gauche avant de la poser à plat, sur la table. La Sarethi observa le Senthandas faire en silence, celui-ci glissant son pouce sur le papier. Alors il posa un œil attentif sur son épiderme, brillant de l'encre. De la poudre d'or. Il arqua un sourcil peu convaincu, et reprit la lettre entre deux mains. S'ils n'avaient pas lésiner sur l'encre, la qualité du papier était à revoir. C'était un travail bâclé où l'objectif était seulement d'en mettre plein la vue à celui qui découvrait le message. Il relu la missive, toujours enfermé dans son mutisme, faisant fit de l'angoisse grandissante de la Sarethi. Enfin, il referma la lettre et la rendit à sa propriétaire. « Dos saw ge cen í habled balaef. Lodh dikawr. (Ce n'est rien d'autre que ce que le message énonce. Une invitation à un bal.) » déclara finalement le Senthandas. « Jarna ? Elmâ. Jarna gí ? Ethol dos hatraden miltef. Rhe saw atriâ. (Mais pourquoi ? Enfin. Pourquoi moi ? Ça semble important. Vous n'en avez pas reçu vous ?)  ». Un rictus se glissa sur les lèvres du Mævan. « Gí odarmir. Dos adamas nâ hatraden ge im fœrn dafra horaef ? (Je me demande si c'est réellement aussi important que la lettre le laisse paraître.)». Èibhlin papillonna des yeux. Elle ne comprenait pas. Les formes avaient pourtant été mise dans ce message.

En silence, Èibhlin balaya du regard la salle. Elle était partagée entre dépit, peur et honneur. Le dépit, car elle avait l'impression de se trouver au milieu d'une véritable foire avec tout ces hommes et toutes ces femmes de tout les horizons raciaux, mélangeant la barbarie à la minauderie inutile. La peur, car malgré tout elle se rendait bien compte que certains d'entre eux, aussi sauvages soient-ils, avaient la prestance et sûrement la puissance de ses précepteurs. L'honneur, car elle se trouvait justement en compagnie de ces puissances, invitée comme eux à un bal dont les hôtes leurs étaient inconnus, tenu dans un lieu inconnu, organisé pour une raison inconnue, et en l'absence d'Emrys et de Cerys et d'aucun autre de ses superviseurs. A force de dévisager le monde, elle y retrouva des visages familiers, du moins lui sembla-t-elle. Probablement parce qu'elle les avait vu dans des gazettes ou ce genre de support. Tandis qu'elle continuait sa prospection des lieux et en détaillait ses ornements, un squelette l'approcha, l'invitant à rejoindre une salle à part. S'attardant sur le mort-vivant, elle se souvint des paroles du Mur. Ce fut un squelette qui leur porta la missive. « C'était vous ! » lâcha-t-elle, prise d'un éclair de lucidité. Ou presque. Car il n'y avait rien de certain dans cette affirmation. Ils se ressemblaient tous. Ainsi, après cet instant de stupeur, l'Alfar se reprit et suivit le squelette.

Toilettée et nouvellement habillée, Èibhlin s'avança avec un pas hésitant à travers la foule, essayant toutefois de mettre en pratique les leçons de Iseabail, cherchant du regard l'un des siens, sinon un allié potentiel. La solitude avait quelque chose d'effrayant en soi. « Finalement tu es là toi aussi. ». C'était moins une question qu'une constatation qui résonna à ses oreilles. Toutefois, la voix, familière, survenant de façon inattendue, la fit se retourner dans un mouvement vif. « Jämiel ! » s'exclama-t-elle les yeux brillants de surprises. Lui ne le semblait pas, surprit. Elle le détailla un instant. Lui aussi était richement vêtu de nobles tissus aux nombreuses brodures d'or. « Bellone n'est pas là ? ». Elle n'eut pas l'occasion d'avoir une réponse. La musique cessant, l'attention des deux Alfars fut portée au-delà de la foule, au centre de chacune des tables, là où se dressait à présent deux individus imposant, par leur carrure et leur charisme. Èibhlin écouta avec attention le discours et le dialogue que se tenaient chacun des deux hommes. À l'évidence, ils ne s'appréciaient pas. Le miel qui enrobait les paroles du Vampire était empli de venin. Quant aux mots de l'Eversha, ils étaient aussi tranchants qu'une lame à blanc. « Soutenir l'un des camps ? ». Surprise ? Un peu, oui. Son partenaire le semblait également. Sérieusement. Ils étaient obligés ? Se ranger du côté des bêtes ou de celui des animaux, le choix était bien ardu. Pourtant un micro détail dans le paysage la décida sur quel côté de la table elle se dirigera. « Fais ce que tu veux. Je vais du côté de ces animaux ratés. » fit-elle avec un regard en direction de son comparse qui l'observa d'un œil curieux. « Moi qui allait te proposer de rejoindre les morts-vivants. ». Le clone lui offrit un sourire désolé. « Vas-y toi. Moi je n'y mettrai pas les pieds. » rétorqua-t-elle comme elle commençait à s'éloigner sous le regard interrogatif de l'Arcesi qui tournât les talons à son tour.

Une fois installée, la Sarethi offrit un sourire poli à ses voisins, dévisageant chacun d'eux au passage. Muette, elle se laissa servir, se contentant d'écouter les avis des uns et des autres sur la situation actuelle. Comme elle, certains étaient juste perdu et dans l'incompréhension. À l'inverse, d'autres semblaient avoir quelques idées derrière la tête quant à la raison de leur présence. Ce furent sur les paroles de ces derniers que son oreille s'arrêta, attentive et curieuse jusqu'à ce qu'un quidam - un Vampire, à en voir ses crocs aiguisés - ne l'interpelle et l'interrompe dans son investigation. Aussi laissa-t-elle flâner un soupir non dissimulé. Cet idiot lui avait fait perdre le fil en plus de l'empêcher d'entendre une conversation intéressante. Elle prit une inspiration, se redressa, leva le menton et répondit enfin. « Inutile de dire un mot de plus. Me tenir à cette table, aux côtés de cette... Race - ce dernier mot était sorti aussi méprisant que le ton était arrogant - me révulse au plus au point. ». Elle marqua une pause comme elle se saisit du verre face à elle. Chacune de ses paroles lui demandait un certain effort mental pour ne pas céder face à la prestance plus impressionnante de certain. Elle ne devait pas se laisser impressionner et démonter pour autant. Elle savait qu'une Ombre planait constamment au-dessus d'elle. Aussi, s'humectant les lèvres, elle tourna son visage vers l'impoli avant de lui adresser un sourire factice facilement remarquable. « Néanmoins, il m'est encore moins vraisemblable de me joindre aux vôtres alors que vos rangs comptent quelques parasites, et croyez bien qu'il s'agit d'une chose dans laquelle je m'y connaisse assez bien. » conclu-t-elle en se détournant du Suceur de Sang.

La soirée passa trop lentement aux yeux de l'Alfar. Elle n'échangea que peu de mots avec ses voisins, et n'attendait finalement qu'une chose : la fin. Si elle avait su que ce bal était donné par deux races de barbares pour uniquement se donner en spectacle, elle n'aurait jamais signé ce papier. Emrys avait eut raison. « Mais les Evershas et les Vampires ne sont pas en bon terme. C'est étrange un banquet donné par ces deux races ensemble. » commenta Jämiel alors qu'Èibhlin fini par le retrouver à l'écart des tables et lui faire part de ses pensées. « Je n'y avais pas songé. » confia-t-elle en se tournant vers leurs hôtes. « Une tentative de réconciliation ? » s'interrogea-t-elle en reportant son attention sur l'Arcesi pour finalement refouler cette théorie en captant le rictus qui se dessinât sur les lèvres de celui-ci avant qu'il ne lui expose sa propre hypothèse. Tout l'inverse. C'était une étrange façon de faire cependant. Mais pourquoi pas. Un poison était parfois plus efficace qu'une lame.

Ils n'eurent pas l'occasion d'échanger plus. Chacun se vit interpellé pour quitter les lieux, à nouveau, et rejoindre les pièces annexes, à nouveau, afin de s'y changer, à nouveau. Le vêtement, bien plus simple mais toujours aussi riche, lui seyait bien mieux. Du moins, elle s'y sentait plus à son aise. Elle n'avait pas encore l'habitude des robes de cérémonies - et des cérémonies tout court - ainsi que des trop nombreuses parures qui allaient avec. Elle passa une main dans ses cheveux, à l'écoute. Son regard traversa la foule. Puis elle fronça des sourcils. Enfin elle revint sur leurs hôtes qui continuaient à s'aboyer mutuellement dessus. En effet, la réconciliation était loin. Et c'était peu dire. Ses yeux s'ouvrirent en grand devant l'annonce du Vampire. Une guerre, rien que ça. Était-ce pour ça le choix des couleurs ? Le "soutien" à l'un des camps ? C'était ridicule. Elle n'avait aucun droit de parole ou de décision.

La Sarethi papillonna des yeux. Les murs avaient changés. Le monde avait disparu. La fatigue, elle, était bien présente. Pourtant, elle devait lutter contre encore un peu. Elle avait rapidement reconnu le lieu. Le manoir d'Emrys. Dans une inspiration, elle traversa les couloirs pour rejoindre le bureau du Senthandas où elle supposait se trouverait. C'était l'avantage des membres de l'Ordre de Galeri, ceux-ci ne dormait que peu et même la nuit il était possible de les voir. Pourtant, ce ne fut pas le Mævan qu'elle rencontra dans la pénombre des chandelles. « Datrimaol rhe ûs ? (Où étiez-vous ?) ». Le ton glaçant de la Númendil stupéfia Èibhlin sur place. Tout chez cette femme la terrifiait. De son regard noir à la bête qui dormait en elle. « Gí... Kawr. Í kawr. Le... Le olhos è... (Je... Un bal. Le bal. On m'a... On m'a téléporté et...) » - « Saw rota hart vorkaraylt. (Ne refaite jamais ça.) ». L'injonction avait claqué dans l'air comme un fouet. « Lîm. Faná ali. Sílkjao. (Oui. Très bien. Compris.) » répondit le clone en baissant les yeux, laissant planer un long silence entre les deux femmes. « Gí wasir en Senthandas Mævan Emrys igwole. Dos hatraden. (Il faut que je parle au Senthandas Mævan Emrys. C'est important.) » lui dit-elle enfin après une profonde inspiration, sans oser pour autant lever le regard sur elle.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE



Mots 1632
(et premier crash-test du Llandreri inRP). Merci pour l'event <3.
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Sam 13 Fév 2021, 03:57



La Guerre des Crocs – Première Partie



Omos était la tête penchée dans les fleurs, non pas que ces dernières étaient jolies, mais parce que la téléportation lui avait retourné l’estomac. C'était sa première téléportation et cela ne lui avait pas beaucoup plus. Il comprenait le côté pratique de la chose, mais s’il fallait vomir l’intégralité de son petit-déjeuner, c’était non merci. Après avoir pris de grandes inspirations, en dehors de son pot de fleur, je vous rassure, Omos se tourna vers le reste de la salle pour essayer de comprendre où il avait atterri. La masse de personnes présentes devant lui l'empêchait de voir plus loin, il décida de jouer des coudes pour s’avancer et voir ce qu’il l’attendait. L'ondin ne fut pas déçu. Omos n'était jamais allé dans une salle de banquet d'un somptueux palais, mais ce qu'il avait devant ses yeux lui fit penser que c'était ce qui s'en rapprochait le plus. Son étonnement se fit plus grand quand un cordon d’animaux et de squelettes se mire devant eux, bloquant l’accès au reste de la salle. D’autres squelettes vinrent à eux avec comme proposition de les préparer pour le repas qui allait suivre, Omos, qui lui avait prévu le coup, refusa poliment la proposition et attendit avec les autres. L’ondin regarda un peu autour de lui les autres personnes présentes, de ce qu’il voyait, il y avait de tout. Il s’approcha de la personne la plus proche de lui, afin de savoir comment avait-elle reçu sa lettre et surtout si elle savait comment ? Et pourquoi ?



- J’en sais pas plus que vous. J’étais à mon travail quand un messager m’a apporté ceci.


- C’était un squelette ?


- Non. Un petit animal ressemblant comme eux. Dit-elle en désignant les animaux présents devant eux.


- Je vois… Merci quand même.



Il eut soudainement du mouvement de l’autre coté de la pièce. Se hissant sur la pointe des pieds, Omos vit des hommes et des femmes s’avancer pour prendre place sur une belle table que la décoration avait particulièrement soignée. Surement nos hôtes. Pensa Omos. Au bout d’un moment, ceux qui avaient choisi de se faire pomponer revinrent laver et habillé. C’est avec une expression consternée qu’Omos remarqua qu’on faisait un groupe avant eux. Ceux qui avaient accepté l’offre des serviteurs avaient plus la possibilité de prendre les meilleures places et ils étaient traités comme des hôtes de royaux. Au bout d’une longue attente, ils furent finalement placés eux aussi. Quelque chose dérangeait Omos, leurs hôtes semblaient aussi différent que la salle. Argent et Rouge… Grand et musclée d’un côté… Raffiné et pale de l’autre. L’ondin ressentait de l’animosité vis-à-vis de ces derniers. Il avait l’impression d’être face à des vampires. La confirmation ne tarda pas à venir. C’était bel et un bien un suceur de sang qui les avait invités et il se trouvait dans la maison de l’un d’eux. Il sentit l’envie de vomir revenir à grands pas. Omos fut content d’avoir choisi la couleur argentée, couleur qui semblait d’ailleurs appartenir à l’autre groupe d’hôte. D’ailleurs la chose était parfaitement visible, mes les deux hommes n’avait pas l’air de beaucoup s’aimer. Omos entendit des brides de chuchotement provenant de sa table.


- C’est bizarre de voir des hommes-bêtes avec des vampires…


- Peut-être qu’ils cherchent à montrer qui à la plus grosse…


- Bah… Je ne parierai pas sur le maigrichon.


- Haha ! T’es con !


Ceux qui furent en bout de table furent les derniers servis, mais Omos remarqua qu’ils avaient quand même de belles assistes. L’apprenti hésita à manger de la nourriture servie dans la maison d’un vampire. Il jeta un œil à la table des hôtes et quand il vit ce Typhon mangeait le contenu de son assiette, il se dit qu’il pouvait faire de même avec la sienne. Alors qu’il discutait avec ses voisins, Omos fut interrompu par deux fois. Une vampire qui ne lassa pas Omos indifférent, commença à lui à parler avec lui. D’abord hésitant, l’ondin se fit catégorique quand elle lui proposa de venir rejoindre l’autre table. Avec un trésor de politesse, il répondit.


- La dernière fois que je me suis tenu proche de quelqu’un de votre engeance, cela s’est très mal terminé. Je vous demanderai donc de bien vouloir ne plus m’importuner et d’aller glisser votre venin dans l’esprit de quelqu’un d’autre.


Une moue apparut sur le visage de la femme et elle repartit. Tout en continuant son assiette, Omos fit plus attention à la salle dans son ensemble, mais une autre personne vint l’interrompre. Il s’agissait de la femme qui était assise à coté de Typhon. La voir de si près lui fit prendre conscience de la stature forte de cette personne. Elle lui fit remarquer qu’elle l’avait vu repousser les avances de la vampire. Au fil de la discussion, Omos lui raconta en deux mots le massacre que les corbeaux avaient découvert sur l’île et à quel point cela l’avait révulsé. L’ondin ne sut pas si c’était à cause de son histoire, mais elle l’invita à se rendre à la table des hôtes afin de pouvoir avoir peut-être des réponses à ses questions.


Omos avait l’impression d’être un élève se rendant au bureau de son professeur pour rendre un devoir. Le vampire et l'eversha virent leur invité se présenter à eux et ils prêtèrent attention aux questions d’Omos.


- Ainsi donc c’est comme ça que l’on a était choisit. Merci pour vos éclaircissements. Je dois d’ailleurs vous dire que votre partenaire eversha à était particulièrement agréable. Je suis ravi d’avoir pu échanger avec elle. Omos tourna son regard vers Sanguice. J’en profite de me trouver avec un vampire suffisamment sain d’esprit afin de pouvoir vous poser des questions sur l’attaque de vos congères sur l’île d’Özgürlük, vos semblables n'ont manifestement pas votre sens de la courtoisie. Auriez-vous des informations à ce sujet ?


Le vampire sembla ne pas savoir quoique ce soit, Omos hésita à pousser avec plus de véhémences ses questions, mais l’éducation qu’il avait reçu lui interdit de continuer. L’ondin inclina la tête afin de prendre congé et adressa quelques paroles supplémentaires de respect envers Typhon.

- Je vous remercie pour votre temps.


Omos retourna donc à sa place et à son assiette. Quelques minute plus tard, la femme eversha revint le voir et lui fit une proposition à laquelle ne s’attendait pas et l’ondin ne put qu’accepter l’idée de revoir cet homme. À voix basse, l’ondin questionna la femme.


- Allez… Vous pouvez l’avouer… Y a un truc qui se prépare ? Je veux dire ... Ca crève les yeux. Je veux en être ! J’ai un compte à réglé avec ses animaux à longues dents.


La femme ne répondit pas, mais elle lui fit comprendre de tenter sa chance avec son entrevue avec son compagnon.


- Je suis sûr que vous préparez quelque chose… Vos peuples ne s’entendent pas. Vous voir faire amis-amis comme ça… Ca sent mauvais.


Le reste de la soirée fut plus calme, Omos se surprit à plusieurs reprises à piquer du nez. La digestion était violente, il faut dire que c’était exceptionnel pour lui de manger autant. L’ondin ne fit pas attention à un nouveau type de discussion qui commençait à se répandre, il était concentré à voir que le groupe qui avait eu le droit à une toilette lors du début de soirée, était invité à être préparé de nouveau.


- Privilégiés cracha Omos.


La musique s’arrêta pour la deuxième fois de la soirée. Les hôtes allaient-ils annoncer la fin du banquet ? Le discours qui s’ensuivit choqua toute l’assistance. Effectivement, le banquet était fini, mais quelque chose venait de commencer : une guerre ! Alors que les voix s’élevèrent. Omos se retrouva téléreporter à l’endroit qu’il était avant le début du banquet.


- Je le savais !





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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Ven 19 Fév 2021, 21:53

Sekiro. The deep forest par Anato Finnstark
La Guerre des Crocs | Partie I

Jämiel relisait les lettres d'or de la missive, Noírin a ses côtés. « Ladhaefre œber ? (D'autres ont été invités ?) » - « Gí hattae. Nei. Le kawr. (Je l'ignore. Sûrement. C'est un bal.) ». La Déléis fronça du nez lorsque le Sarethi prononça ces mots. Un bal où elle n'avait pas été invitée, contrairement à son promis. « Fodayr nu ? (Tu iras ?) » - « Gí saw oln kawnae. Vèi. Le vegr láya ge enen Élus d'Hel'dra karaos. Le nèma diek í œber lítefre. (Je ne sais pas encore. Peut-être. C'est possible que cette proposition n'ait été faite qu'aux Élus d'Hel'dra. Ce serait une occasion de savoir à quoi ressemble les autres.) » - « Vegr. (Possible.) » rétorqua la jeune Alfar dans un soupir de dépit. « Atriâyo le saw awkimál bered sjá ? Hvatlen ua udurhendr tíraefre. Gí saw frege ge we dilio gódyomh doe ua kara gânliae. (Mais ce ne serait pas une raison supplémentaire de se méfier également ? Certains vous voient d'un mauvais œil et je ne doute pas qu'ils seraient prêts à n'importe quoi pour vous faire disparaître.) » - « Sánnr. Evia saw gí daghar. Ôl í Acanthys gí vaglaunor doe lass. Gí Maorchant en Hel'dra sannr gáfaos e í halwreidi gí liviaos. (C'est vrai. Toutefois je ne suis rien actuellement. Même l'Acanthys m'est inutile pour l'instant. Être Maorchant en Hel'dra ne m'a pas offert le privilège d'avoir été prit en main par la haute hiérarchie moi.) » glissa-t-il d'un ton neutre en toute réponse. Pourtant Noírin savait très bien qu'il gardait rancune du sort d'Èibhlin. Elle le comprenait. Depuis quand l'échec menait-il à la gloire ? « Jämiel ? » - « Hum ? ». Elle baissa le ton de sa voix. « Etlen nu en Amránth... ? (Est-ce que tu crois que l'Amarante... ?) ». Jämiel ouvrit de grands yeux. Elle allait s'aventurer sur un terrain glissant et dangereux. Aussi se leva-t-il brusquement et la coupa-t-il avant qu'elle ne conclut sa phrase, quoi qu'elle ne craigne probablement pas grand chose du fait de leur situation actuelle. « Ua tirayra. Gí cen dikawr spýjay. Ablio gí hattae egir le adamas einnlodh enen Élus d'Hel'dra vitaef. Vèi le odri feirn vitae olges bregiaos. (Nous verrons bien. Je me rendrais à ce bal. Après tout, j'ignore s'il s'agit réellement d'une invitation exclusive aux Élus d'Hel'dra. Peut-être qu'il s'agit juste d'une lettre envoyée au hasard.) ».

Ça n'était pas une lettre envoyée au hasard. Il s'en rendit compte une fois sur place. Il fut cependant surpris de ne voir nul visage décisionnaire. En d'autres termes, les personnes en présence étaient connues, d'une façon ou d'une autre. Mais elles n'avaient aucun réel pouvoir au sein de leur peuple. Il tira la grimace en constatant la présence de l'un d'eux en particulier. Èibhlin. S'approchant de celle-ci, il annonça sa présence à ses côtés. Si des visages connus devaient être présent, il ne s'étonna pas de sa présence en ces lieux. La peste devait être devenue plus importante que certains de ses cousins vivant pourtant sur les plateaux supérieur. Elle ne s'en rendait même pas compte. « Bellone ? » répéta-t-il sèchement. Le faisait-elle exprès ? L'image de l'Orine endormie s'imprima dans son esprit. Comment pouvait-elle être présente alors que son esprit résidait en des confins inconnus ? Les mots restèrent bloqués dans sa gorge, interrompu par un tiers à l'aura plus importante. Leur hôte vraisemblablement. Ils étaient deux, bien différents. L'un d'eux ne lui était pas méconnu d'ailleurs. Il se souvenait l'avoir vu lors de Thogii. Ce qu'il avait dit ? Il ne s'en souvenait pas. Ce ne devait pas être mémorable. En même temps, cet événement dans son ensemble n'avait pas été des plus palpitant. Cette fois-ci cependant il se dégageait quelque chose d'autre de l'animal. Il avait réussi. C'était évident. Il n'était plus un simple lambda dans la masse. Quant aux mots du Vampire, ils le firent sourire. Intimidé ? Par leur forêt ? Il était prêt à faire le pari qu'il arriverait à vivre au sein de Myngrimu plus de temps que n'importe quel de leur neo-Vampire. Cette forêt était enchanteresse à côté des ténèbres qui enveloppaient la Forêt des Murmures. Son regard se tourna alors vers le clone lorsqu'elle dévoila son étonnement, un rictus se glissant sur ses lèvres. « C'est une drôle d'initiative. Demander à la peuplade de tout bord de choisir un camp. » Certains se contenterons de suivre quand les autres agiront soit par le jeu des alliances, soit par hasard, soit par préférence ou en allant au moins pire. Ce qu'il fit, Èibhlin également. Son choix le surprit cependant. « C'est toi qui vois. » conclut-il leur échange en s'éloignant du côté carmin de la salle.

Jämiel resta une majeure partie du repas silencieux, se contentant d'écouter et d'observer. Finalement un rictus étira la commissure de ses lèvres avant qu'il ne se risque à prendre enfin la parole. Sans s'adresser directement à leurs hôtes, il haussa tout de même suffisamment le ton pour se faire entendre de ces derniers. « C'est amusant. À quelques détails près et l'on pourrait se croire dans une partie d'échec à taille réelle où nos hôtes en seraient les Rois - ou les maîtres du jeu, au choix - et leur suite leurs pièces maîtresses. Quant à nous, nous ne serions que les pions sacrifiables ajoutés pour compléter le jeu. ». Le Sarethi marqua un temps, celui pour finir son verre. « Il y a sûrement une grande différence tout de même avec un jeu d'échec et ce qu'il se passe ici. Aucun des pions présent n'est de la même couleurs que son voisin et l'est-il encore moins de celle du Roi au côté duquel il se trouve. Sauf certains peut-être, qui sait. ». Car il était bien certain que lui ne se voyait ni du carmin opaque des Vampires, ni de l'argenté iridescent des Evershas. Il était le rouge éclatant de l'amarante, le gris brumeux de la Forêt des Murmures ou le mauve  obscure de la rose de sa Famille.

C'était un drôle de jeu qui avait court ici. Personne n'avait les mêmes règles, les mêmes codes. Comme il se redressa pour quitter la table, Jämiel fit un bref signe à l'attention d'Eìbhlin qui le rejoint quelques minutes après. « Qu'est ce que tu en dis ? » l'interrogea-t-il alors. « Je ne sais pas trop. Il y a du monde de tout bord. Certains sont méfiant quand d'autres profites pleinement du festin. À part les Vampires et les Evershas déjà présent, je n'ai pas le sentiment de quelques hostilités. C'est un bal pour de l'esbroufe et c'est tout si tu veux mon avis. ». Jämiel détailla un instant le clone. Il n'était pas d'accord. Ces deux races ne pouvaient pas donner une réception comme celle-ci juste pour se faire voir. D'autant plus qu'il n'y avait pas de réelle personnalité présente. « Non, il y a autre chose. Un serpent se cache entre les roses, c'est évident. Je ne serai pas étonné qu'ils tâtent le terrain pour savoir vers qui se tourner lorsqu'ils chercheront des alliés potentiels. ». Il marqua un temps, tournant son regard vers le Vampire. « Personne n'aime les conflits qui s'éternisent. ».

Nouvelle toilette, nouvelle annonce. Un rictus se glissa sur la commissure des lèvres du Sarethi. Il avait eu en partie raison. La différence étant que le conflit se transformait en guerre bien plus rapidement qu'il ne l'avait songé. Ça lui faisait une belle jambe. Pourtant il ne savait s'il devait s'inquiéter ou non. Est-ce que ce "choix" qu'ils avaient fait plus tôt allait les impacter eux - lui - directement ? Le Haut-Plateau risquait de s'agacer à ce que le sort des Enfants de Dothasi soit continuellement mit en jeu par les décisions aléatoires d'Alfars n'appartenant pas à la haute classe politique. Les murs se transformèrent et il fut de retour chez lui. Un bâillement lui échappa. Il réfléchirait à cette histoire plus tard et l'esprit posé. Il avait besoin de repos avant. L'Aube était trop proche et malheureusement ce n'était pas jour de repos.
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Dim 21 Fév 2021, 00:41


La Guerre des Crocs



Esther Vixen« J’exige que vous me laissiez voir l’Empereur Noir ! »

Ma voix tonna comme la foudre lors d’une tempête et des éclairs sombres jaillirent de mon regard assombri. La magie se mêla à la scène, ajoutant à la violence de mon ton. Je me dressai de toute ma taille, jouant de tous mes atouts, pour intimider le domestique qui me barrait la route. Pourtant, qu’importe mes tentatives, il se refusait à m’obéir. L’homme vacilla mais s’interdit de céder face à ma menace, trouvant son courage dans la certitude que - quoi que je pusses lui faire - Elias lui en ferait subir le double.

« Je regrette mais Sa Majesté Impériale n’est pas disponible pour le moment. Je vous invite à… »

Je frappai mon talon sur le sol, tant pour exprimer mon mécontentement que pour faire taire l’avorton.

« Je vous jure que vous regretterez de vous être dressé sur ma route. »

Je fis volte-face et me dirigeai telle une furie vers mes appartements. L’insolent n’avait fait aucun effort pour répondre à ma requête. J’imaginais déjà les sévices et tortures qui le hanteraient des années durant, par-delà les limites de ce monde étriqué. Je me promis de le couvrir de cauchemars si terribles qu’il redouterait à jamais le sommeil.

J’observai mon reflet dans le miroir de la coiffeuse. La colère tirait mes traits en une expression effrayante. Je descendis le regard vers la lettre d’or posée entre les crèmes et les poudres des maquilleuses. Je ne savais que faire de cette invitation. A en croire le contenu, j’étais conviée à un banquet organisé de concert par des chiens galeux et des moustiques squelettiques. Et, si mon intronisation en tant que Dame Noire m’avait confié certaines prérogatives, elle m’avait dotée - en contrepartie - d’un bon nombre d’obligations. Sous cette identité - créée de toute pièce pour servir mon époux - je n’étais plus totalement libre de mes actes. De par ma nouvelle condition, et pour gagner les faveurs d’Elias, je me devais de représenter et de préserver les intérêts des Sorciers. Et, forte de ce constat, j’ignorai ce qui - de ma présence ou de mon absence - entacherait le plus la réputation de ce peuple. Pour couronner le tout, je n’avais aucune idée des intentions d’Elias quant à ce dîner mondain ; avait-il choisi de s’y rendre ? Pis, souhaitait-il y inviter une autre de ses prétendantes ? Cette soudaine pensée attisa encore davantage ma rage. Je ne le permettrai pas. Si le Grand Chaos avait décidé de s’isoler, il ne me restait plus qu’à m’entretenir avec le Chancelier Sabnac et - si son avis divergeait de celui du monarque - il ne tiendrait qu’à ce dernier de s’en vouloir. SéparateurLe soir venu, je m’étais apprêtée de mes plus beaux atours. Je portais une élégante robe bordeaux dont le tissu satiné était richement décoré de broderies, dentelles et autres perles d’obsidienne. Ma taille de guêpe était soulignée tant par le corset qui m’enserrait le buste, que par les cerceaux qui offraient de l’ampleur à mes jupons. Mes cheveux courts étaient relevés d’un serre-tête d’argent tandis que deux pendants d’oreilles étaient suspendus à mes lobes.  Je me tournai une dernière fois face au psyché, pour éprouver la perfection de mon accoutrement.

Le soleil déclina à l’horizon. Je me sentis alors aspirée dans un tourbillon de magie. Le décor autour de moi disparut un bref instant et, lorsqu’il réapparut, il n’avait plus rien à voir avec la chambre que j’avais quittée. Je me tenais au centre d’une immense salle décorée de nuances rouges et argents. Les tables étaient alignées de part et d’autre de la pièce, arborant tantôt la couleur du sang, tantôt celle de la lune. L’endroit exprimait un sentiment de scission qui me donnait mal à la tête. Le contraste dessinait une frontière imaginaire qui m’effrayait de par son existence. Sur ma droite, de petits squelettes vêtus de vermillon quittaient le couvert des meubles ; ils s’avançaient d’un pas lent mais déterminé à la rencontre des nombreux invités qui continuaient à affluer. Je mis plus de temps à me rendre compte que - de l’autre côté - de petits animaux sauvages les imitaient. J’observai tantôt les morts, tantôt les vivants à la recherche d’un indice sur la suite des événements, balayant des yeux l’intégralité de la salle. Puis, à l’orée de mon regard, de nouvelles ossatures - d’ivoire et d’or cette fois-ci - s’extirpèrent de lourdes tentures suspendues. Ils claudiquaient vers nous, nous appelant à les suivre de leurs gestes évocateurs. Désireuse de ne pas froisser nos hôtes, je n’hésitai que peu avant de les suivre.

L’un d’eux me mena vers un espace exigu au centre duquel trônait une bassine d’eau chaude. Je jetai un oeil gêné au domestique, réfléchissant à la formulation de mes pensées.

« Vous savez, je me prépare depuis le milieu d’après-midi. Je peux vous assurer que tout ceci n’est pas nécessaire. »

L’individu ne répondit rien et se contenta de me désigner la baignoire. J’acquiesçai à contrecoeur, passablement irritée de m’apprêter à nouveau. J’avais l’impression de perdre mon temps en barbotage inutile.

« Faites bien attention à mes affaires, je compte bien tout récupérer à la fin du banquet. »

Le squelette hocha la tête et m’aida à me dévêtir. SéparateurJe reparus vêtue d’une nouvelle tenue, dénuée de corset et de crinoline. Ce soudain regain de liberté aurait pu m’embarrasser si je n’avais pas la certitude que personne ne s’en offusquerait. L’étoffe soyeuse qui coulait le long de mon corps offrait de superbes nuances de vert, tantôt émeraude tantôt jade, au gré des reflets de lumière. La robe suivait le contour de mes formes sans rien dissimuler des rondeurs de ma poitrine. Ignorant cette impudicité nouvelle, je me dirigeai vers l’amas des invités d’une démarche altière.

Nos hôtes étaient arrivés sur ses entrefaites. J’observai les deux protagonistes qui siégeaient fièrement sur deux imposants fauteuils. L’un était grand et robuste, l’autre distingué et frêle ; ils étaient si différents que - même sans les couleurs représentant leur peuple, je n’aurais eu aucune difficulté à déterminer leur appartenance respective.  La musique cessa soudain. Le silence s’installa. Les deux chefs se levèrent d’un même geste. Et celui qui paraissaient accuser davantage les affres de l’âge s’adressa à l’assemblée. Ils se passaient la parole l’un à l’autre, jouant devant nous une scène digne des plus mauvais théâtres. Leur mésentente transparut bien vite - et le choix qu’ils nous imposaient de faire était lourd de conséquence. Je regardais autour de moi tandis que les invités s’attablaient peu à peu. Je n’avais aucune idée de la conduite à tenir. Pour moi, il n’était question que d’un dîner mondain, d’une vulgaire apparition au sein de la société pour entretenir des liens politiques au mieux cordiaux. Je regrettai tant l’absence de l’Empereur que celui de l’Archimage ; abandonnée à mon sort, je ne savais comment me comporter. Je ne voulais pas prendre parti. Le malaise s’installa comme un parasite. Je devais faire ce qui était le mieux pour la nation Sorcière - ce qui était le mieux pour ma réputation ; mais je n’étais pas qualifiée pour prendre une telle décision. Mes yeux parcourraient rapidement la foule à la recherche d’un allié, mais je ne percevais aucun des miens. Je commençais à trembler. La multitude se dissipait progressivement et - si je traînais trop - mon allégeance serait visible de tous. Je cherchais une stratégie capable de me sortir de ce mauvais pas. Je n’en trouvai qu’une - et elle m’exposait davantage que je ne l’aurais souhaité.

« Excusez-moi, pourriez-vous me mener aux commodités je vous prie ?»

ShalendraLe squelette m’observa un instant avant de se mettre en branle. Je m’empressai de le suivre à l’abri des regards. Esther Nixen ne prendrait pas partie. Elle ne serait même jamais venue. Je m’éclipsai dans l’intimité de la cabine. Lorsque j’en ressortis, mon apparence n’était plus celle de la Dame Noire ; j’étais une jeune femme naïve, aux yeux céruléens et aux longs cheveux noirs parcourus de reflets prunes. Le domestique m’attendait à l’entrée et, malgré ce nouveau physique, il me reconnut comme celle qu’il devait servir.

Je retournai dans la salle principale. Les invités de haut-rangs étaient presque tous installés, et je me pressai à une table non loin de là. La nappe d’argent m’indiquait que je m’étais ralliée aux plus poilus. Sous couvert d’observer les déambulations de deux petits écureuils, je m’attardai sur les individus qui siégeaient à la table des hôtes. La relation entre les deux chefs paraissait tendue, mais cette tension ne semblait pas se répercuter sur leurs congénères. Je m’interrogeai sur la nature de cette rivalité naissante : une femme ? Pourtant, ni l’un ni l’autre ne semblait lorgner sur la même demoiselle. Je regrettais de ne pas être plus en avant pour capter les bribes de conversation qu’ils s’échangeaient parfois entre eux.

La nourriture était bonne et abondante. Je goûtai les mets qui m’étaient servis avec beaucoup de curiosité. Lorsque le serveur m’avait questionné sur les plats qui me seyaient, je m’étais confronté à la dure réalité de ma condition : je ne connaissais rien à la gastronomie. J’avais alors décidé au hasard, accordant davantage d’importance à la tonalité des appellations, qu’à l’association des aliments. Finalement, après plusieurs heures d’un copieux repas, certains hôtes se levèrent pour venir à la rencontre des invités. Je me levai à mon tour pour me détendre les jambes, frôlant les groupes qui s’étaient formés dans l’espoir de saisir la teneur des échanges. Malheureusement, je ne tardai pas être abordée, d’abord par un Vampire, ensuite par un Eversha. Leur comportement me semblait étrange mais ils éludèrent tout deux la question. Chacun d’eux voulait s’assurer de mon soutien - et le candidat vampire insista lourdement pour connaître ce qui aurait pu me faire changer d’avis. Aucun des hôtes que je croisais ne souhaitaient s’exprimer sur les événements qui se tramaient ici. Et lorsque certains invités se dirigèrent directement vers le Marquis et le dénommé Typhon, je songeai à les rejoindre. Mais la raison me susurrait de rester à l’écart : je n’étais pas tout à fait celle que j’aurais dû être - aussi, valait-il mieux se faire discrète.

La soirée battit son plein et les heures s’égrènèrent. L’ambiance festive avait remplacé l’atmosphère tendue qu’il m’avait semblé percevoir peu après le discours. Je me demandais si je n’avais pas réagi de manière trop excessive ; mis à part la propagande rien ne semblait différencier cette soirée des autres. Peut-être ne s’agissait-il là que d’un concours bizarre entre nos hôtes, à l’instar de ces hommes qui se disputaient parfois à qui avait la plus grosse ? Je tentai de me détendre à mon tour et rejoignis la piste de danse.

Minuit n’était plus très loin. Le domestique m’invita à me laver à nouveau. Je me moquai ouvertement de lui avant de comprendre qu’il était sérieux.

« Me préparer ? Encore ? Mais cela fait déjà trois fois aujourd’hui ! » rétorquai-je.

Mais face à son insistance, je ne tins pas très longtemps. SéparateurLorsque je revins dans la salle principale, j’accusai le coup de la soirée. Une fatigue inhabituelle alourdissait mes paupières. Je me sentais exténuée. La sensation était étrange ; j’avais l’impression d’avoir couru durant des heures tout en maintenant une illusion complexe. Alors que je me servais un thé pour reprendre des forces et chasser mon affaiblissement, le marquis reprit la parole. La déclaration de guerre me fit l’effet d’un électrochoc. Je me devais d’en informer l’Empereur Noir ; l’information n’aurait peut-être aucun effet sur les Sorciers, mais il s’agissait là d’un élément important. Je me félicitai soudain de ne pas avoir donné mon soutien de manière officiel à l’une ou l’autre partie. J’eus à peine le temps de vider ma tasse que la magie de téléportation fit son oeuvre.SéparateurLe décor familier de ma chambre reparut autour de moi, mais je n’étais pas seule. Le squelette se tenait toujours à mes côtés ; et des bruits animaliers retentirent en dessous de ma fenêtre. Je me penchai pour découvrir le troupeau qui m’accueillit dans un mélange de beuglement, de bêlement et de piaillement. Je me composai une contenance et quittai les traits de Shalendra. Déployer la magie me parut un effort surhumain, et je luttai pour ne pas sombrer. J’entrouvris la porte qui menait au couloir et entrepris de descendre les marches du grand escalier.

« Ma Dame, vous allez bien ? » s'enquit l’une des domestiques du château en observant ma démarche lasse. Je relevai la tête pour croiser son regard. Un soupçon d’intelligence semblait luire dans son regard noisette.

« Je suis épuisée, voilà tout. Mais vous allez m’aider. Il faut que vous préveniez Sa Majesté Impériale et le Chancelier Sabnac : je suis revenue du banquet organisé par le Marquis Sanguine et Typhon de Gargantua. Les Vampires et les Evershas se sont déclarés la guerre.

— Maintenant ? questionna-t-elle en tremblotant

— Non. L’information est importante mais pas au point de les réveiller. Ils devront être informés à la première heure demain matin, c’est compris ? »

La jeune fille hocha la tête timidement. Elle hésita un instant avant de prendre mon bras pour me soutenir.

« Je vais vous ramener à votre chambre » m’indiqua-t-elle.

Je ne luttai pas. Mes forces me quittaient bien trop vite pour que cela fusse naturel. Arrivée à la porte de mes appartements, je la congédiai.

« Une dernière chose, précisai-je à son attention, il y a des animaux en bas de ma fenêtre. Menez les ailleurs - mais ne les tuez pas. Je m’en occuperai demain. »

Mais le lendemain, je ne me réveillai pas.


2222 mots - Merci pour l'Event !
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
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Stanislav Dementiæ
Mar 23 Fév 2021, 20:32


Image par Julian Futanto
La guerre des crocs
Nostradamus



Nostradamus observait, méfiant, la lettre qui reposait désormais sur son bureau. « La lettre dit vrai, monsieur. Elle est enchantée par plusieurs sorts de téléportations : un aller et un retour. La magie qui s'en dégage est suffisante pour emmener une seule et unique personne. » expliqua le scientifique, se tenant droit devant le bureau de son supérieur. Le mage noir fronça les sourcils tout en s'emparant de la missive pour la relire une fois de plus. « Je suppose que la destination est ce bal. » Il doutait qu'il s'agisse véritablement d'un bal ou d'une réception mondaine comme le laissait penser le contenu de l'invitation. Qui se donnerait autant de mal ? La démarche lui rappelait cette célébration où l'on avait révélé le nom des Elus d'Hel'Dra. Etait-ce une nouvelle soirée organisée par le même individu ? L'idée de retrouver madame De Marny ne lui était pas déplaisante. Cependant, il doutait qu'il s'agisse à nouveau du couple. La paranoïa le gagnait peu à peu et il craignait que ses ennemis tentent de lui tendre un piège. « Avez-vous réussi à localiser précisément la destination vers laquelle je serai envoyé si je signe ce parchemin ? » devant le malaise évident de l'homme, le Dementiæ conclut qu'il s'était heurté à un échec. Il soupira, las. Il n'aimait pas ça. Cependant, il n'avait pas le choix. Bien qu'il soupçonne un piège de la part des personnes retenant Alice loin de lui, il se devait de prendre le risque. Cela lui permettrait peut-être de découvrir leur identité. Peut-être même la retrouverait-il. « Vous pouvez disposer. » lâcha le tenancier, agacé, illustrant son propos d'un geste de la main pour faire décamper l'incapable. Pendant un instant, il songea à retourner en terre magicienne pour faire analyser cette missive par les soins de madame Tilluiel, avec qui il avait récemment fait affaire. Son don lui aurait été très utile, dans cette situation. Malheureusement, le temps manquait : la pleine lune était dans quelques jours seulement. Il ne pouvait se permettre de rater l'opportunité de retrouver son Âme-Sœur. Contrarié, il s'empara d'Elegance et apposa sa signature en bas de la lettre.


Nostradamus esquissa un pas en arrière, comme pour échapper à une menace invisible. A sa grande surprise, personne n'essaya de l'attaquer ou de lui sauter dessus. La salle dans laquelle il était arrivé semblait vide, à l'exception des autres invités qui, un à un, apparaissaient autour de lui. Leurs mines curieuses mais pas moins troublées lui indiquèrent qu'ils n'étaient pas là pour lui. Légèrement soulagé mais pas pour autant satisfait, le sorcier toisa le reste de la salle : elle semblait scindée en deux, chaque côté arborant des teintes diamétralement opposées - rouges d'un côté, argenté de l'autre. Nostradamus se demanda ce qui avait bien pu créer un tel rassemblement. Gardant le silence et prenant soin de ne se mélanger à personne de la foule, il patienta, attendant que quelqu'un daigne leur expliquer pourquoi tous ces gens avaient été amenés ici. A la place, lui et les autres convives se firent diriger par l'étrange armée de serviteurs qui venait de se manifester : des squelettes et des animaux. Toujours méfiant, le Dementiæ se laissa néanmoins vêtir de la nouvelle tenue que lui prodigua l'esclave d'or. L'habit qu'on lui fit revêtir était un simple costume noir, élégant. Après l'ajustement, les mensurations étaient parfaites : les vêtements lui allaient comme un gant. Changé, l'homme regagna la salle principale. « Moi qui m'attendais à une soirée dansante. » laissa échapper une voix féminine à ses côtés. « Je me demande quel genre de réception peut bien se profiler. » continua-t-elle sur le ton de la conversation. « Nous sommes sur le point de le découvrir. » répondit son interlocuteur en désignant d'un mouvement de tête les hommes et femmes qui s'étaient placés à la table centrale. L'inconnue leur glissa un regard curieux avant de reporter son attention sur son voisin. « Je m'appelle Anne-Lise Vaughan. Et vous ? » demanda-t-elle en lui tendant une main. Le sorcier toisa sa silhouette menue et joignit sa main à la sienne. Vaughan. Le nom lui était familier : son esprit fut submergé par les souvenirs de la petite magicienne qu'il avait tourmenté. Il esquissa un sourire poli. « Nostradamus Dementiæ. » dit-il. Discrètement, il inspira : son parfum empli son odorat. Pourtant, il y avait là quelque chose d'étrange. Comme si son nez était saturé d'un parfum entêtant. Trop imbibé pour réussir à capter les subtilités de la fragrance. Il fronça les sourcils. « Mmh... Nous sommes nous déjà rencontrés ? » « Je ne crois pas, non. » Alors qu'il s'apprêtait à insister, il fut coupé par l'intervention de leurs hôtes qui, enfin, leur apportait quelques éléments de réponse sur la question qu'ils se posaient tous.

Un choix. C'était là tout ce que l'on attendait d'eux. Nostradamus s'accorda quelques secondes de réflexion. Il n'avait aucune affinité avec le peuple vampirique - bien qu'il partagea le délice de la chaire et du sang, il ne considérait pas ses lubies culinaires comme suffisantes pour faire pencher sa décision en faveur des Enfants de la Nuit. En revanche, il s'était intéressé aux hommes-bêtes : les plans d'Aaliah l'y avaient poussé. Même si la femme avait disparu, entraînant dans son sillage les prémices de son Empire, le sorcier avait suffisamment côtoyé les sauvageons pour se sentir accroché à leur culture - ou du moins, l’ersatz qu'il avait effleuré en restant aux côtés de l'Humaine. Dans ce choix manichéen, c'était là les seuls éléments sur lesquels il pouvait s'appuyer. Aux vues de la mauvaise ambiance que les principaux personnages tentaient de masquer, le Dementiæ se doutait qu'il découlerait de cette décision des implications plus importantes. Puisqu'il n'avait pas d'autre piste, il devrait se contenter de cette mince expérience. Sans trop d'hésitation, il se dirigea vers la table à sa droite : celle arborant les couleurs des Evershas.

Le repas se déroula tranquillement. Leurs hôtes n'avaient pas mentis : la nourriture était de qualité, ravissant les papilles du gourmet, et le vin glissait avec délice sur son palais. Se détendant au fur et à mesure - l'idée que Vulpina et ses associés puissent être derrière cette mascarade lui semblait de plus en plus improbable - il commença à échanger avec ses voisins de table. « Je pense, mon cher, que vous vous êtes assis à la mauvaise table. » Le sorcier releva le visage pour se concentrer sur l'importune qui venait d'interrompre sa conversation. « Détrompez-vous, ma chère. Je suis, au contraire, très satisfait de la place où je me suis installé. » « Mmh, vraiment ? Un homme aussi distingué que vous trouve-t-il plaisir à rester au milieu de ces sauvages ? » demanda la femme - une vampire, à n'en pas douter par sa tenue et ses manières raffinées - tout en donnant un coup de pied discret dans le chien qui trottinait devant la table contre laquelle elle s'appuyait. Le geste arracha un rictus à l'homme, ce qui encouragea son interlocutrice à continuer sur sa lancé. « Vous n'êtes pas comme eux. Vous êtes un prédateur redoutable, pas une stupide bestiole aux instincts primitifs... Je le sens. » insista-t-elle. « Venez parmi nous. Vous vous épanouirez à nos côtés, bien plus qu'en restant avec cette bande d'incapables. Notre tableau de chasse vous ravira, j'en suis persuadée. » « L'offre est alléchante. Je me vois cependant dans l'obligation de refuser. » déclina poliment le mage noir tout en portant sa coupe de vin à ses lèvres, son regard rivé dans celui de l'éconduite. « Lorsque je chasse, je n'aime pas partager. » « Mmh... Je vois. Si vous êtes certain de votre décision, il n'y a rien que je puisse faire... » La femme fit mine de se lever pour s'en aller mais, au dernier instant, se pencha près de l'oreille de l'homme, passant ses mains sur ses épaules avec une sensualité exacerbée. « Cependant, si vous changez d'avis... Vous pourrez venir me retrouver. Je saurais vous remercier de façon généreuse. » Puis, tel un courant d'air, elle s'éclipsa. Nostradamus resta immobile un moment. Il hésita à rejoindre son hôte, qu'il repéra à l'odeur, plus loin. S'il se décidait à franchir le pas, ce ne serait cependant pas pour les réjouissances auxquelles l'avait invité la Vampire : elle lui avait donné envie de chasser, et puisqu'elle s'était montrée aguicheuse, il avait envie d'en faire sa prochaine proie... La tentation lui fit tourner la tête mais, finalement, l'homme resta raisonnable et conserva son assise : ce n'était pas le moment de faire une esclandre. Les organisateurs le connaissaient, savaient où il habitait. Ils n'auraient aucune difficulté à le faire payer. « Alors, vous êtes un chasseur ? » demanda une voix innocente à ses côtés. « On peut dire ça, oui. » affirma le Dementiæ, reprenant un air plus doux que ce qu'il avait laissé transparaître durant sa conversation avec la tentatrice.


Nostradamus soupira tout en soufflant sur la tasse de café que lui avait servit le squelette, après qu'il eu de nouveau été toiletté. Autant de coquetterie lui semblait être insolite mais pas moins appréciable. Cependant, après l'effervescence de cette soirée - le bon repas et les quelques danses qu'il avait échangé - il se sentait épuisé. Les courtes nuits qu'il avait enchaîné n'y étaient sans doute pas pour rien non plus. Sirotant le liquide amer, il releva la tête lorsque le meneur des Vampires s'adressa de nouveau à eux. L'annonce de la guerre ne lui fit pas grande émotion. S'il s'en doutait déjà, il était las d'y être mêlé de force, alors que le conflit ne le concernait aucunement. La demoiselle qui avait soupé à ses côtés, et avec qui il avait longuement discuté lors de la soirée, semblait cependant bien moins sereine. « Une guerre ? Mais, je n'ai aucune raison de - » Le sorcier était subitement réapparut dans sa demeure, à Amestris, ne sachant aucunement ce que la petite magicienne n'avait pas raison de faire. Peu lui importait. Son esprit avait cessé de l'écouter à la seconde où il avait aperçu la silhouette d'une femme, qu'il cherchait depuis déjà trop longtemps. Comment ne l'avait-il pas remarqué plus tôt ? Le mystère était total. Sa rage n'en était que décuplée.

Sans s'embarrasser de modération, il se mit à hurler et à renverser les meubles à côtés desquels il passait.
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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Ven 26 Fév 2021, 10:25



La Guerre des Crocs – Première Partie


Dire que la jeune femme recevait peu de visite était un euphémisme pour éviter de nommer l’absence abyssale de contacts sociaux donc elle n’avait que faire. Elle voyait le monde à travers les brumes et voyageait ci et là dans les ténèbres pour accomplir le destin de chacun et là s’arrêtait ses déplacements. L’Ombre n’avait besoin de rien. Pas même d’un festin puisque, la faim ne savait lui tirailler les entrailles. Pas plus encore que du confort d’un chez soi chaleureux, car ni le sommeil, ni le froid ne pouvaient l’abattre. Quant à l’amitié ou l’amour… Elle ne pouvait apprécier ces émotions. A par sous la magie d'une illusion. Elle l’avait fait. Elle avait tenté. Créer des liens. Fonder une famille. Passer pour une autre, plus avenante. Cependant, l’aura d’illusion dont elle se servait pour se mêler à la plèbe vivante ne résista guère au temps et à son caractère tempétueux. Loin des yeux, loin du cœur, terrée dans le silence et les brumes invisibles, cela lui convenait. L’Ombre n’avait pas besoin de la reconnaissance de ses pairs.

Pourtant, un animal avait trouvé sa demeure pour lui déposer une lettre. Ou plutôt une invitation à un banquet. Et pas n’importe quel banquet ! L’écriture du parchemin était travaillée et l’encre composée d’or. L’Ombre avait entendu parler de ces mystérieux envois. De par sa double nationalité Eversha, il était normal qu’elle fût invitée, bien que l’Ombre eût cru que sa race officieuse l’aurait pensé morte depuis des siècles. Elle n’avait guère fait grand-chose pour les  soi-disant siens. Aussi, elle hésita à accepter l’invitation, faisant glisser la lettre sous ses doigts pensivement. La finalité du banquet, elle le connaissait. Les guerres et les paix rythmaient le monde comme le cycle de la vie et de la mort. Inlassablement, comme un éternel recommencement. Sa famille s’y rendrait-elle ? Elle s’était rapprochée des siens pour finalement mieux s’en éloigner. Ils lui avaient tous reproché son caractère emporté et sa froideur avant de tourner les talons devant son incapacité à reconnaître ses torts et s’excuser. Avait-elle vraiment envie de prendre le risque de se retrouver en face d’eux ? De toute manière, il lui faudrait bien un jour où l’autre mener une vie d’Eversha si elle souhaitait donner le change. De plus, le conflit qui se préparait amènerait son lot de mort et d’âmes à gérer. Une façon d’être sur place en toute légitimité. D’un geste vif, pour ne pas regretter son choix, elle griffa le parchemin de sa plume et y apposa son nom.

Au crépuscule de la pleine lune, l’Ombre ne fut pas étonnée d’être téléportée audit banquet. Celui-ci arborait deux teintes bien distinctes. Divers ton rouges d’un côté et de l’argenté miroitant de l’autre, donnant l’impression d’une fusion incomplète entre deux banquets. Créature de la nuit et créature bestiale affichaient ainsi leur différence et ne se mélangeait guère. Squelettes à la robe rouge et animaux au nœud papillon argenté comme accueillant. Même dans les conflits, il fallait savoir se montrer élégant pour appâter des membres dans son camp. L’absence de surprise attira chez l’Ombre quelques regards étonnés. Beaucoup devait se demander à cet instant qui était cette parfaite inconnue. La magie des Eversha l’entourait, mais aussi une aura mystérieuse. Inexpressive comme si rien ne l’atteignait, l’absence de meute était un étonnement de plus. Les Eversha solitaires n’étaient pas courants, ou du mois, ils ne vivaient pas assez longuement pour jouir d’une telle liberté. Race brute et sauvage, les totems s’affrontaient entre eux pour un territoire ou un regard trop provocateur. Surtout les plus jeunes qui ne parvenaient pas à maitriser l’animal qui sommeillait en eux. Aaliah n’avait ni un totem impressionnant, ni une maîtrise de son animal puisqu’elle n’avait jamais cherché à le dompter pour se mêler à cette race bestiale et donner l’illusion d’une parfaite Eversha accomplie. Aussi, le charisme et la magie qui l’entouraient contrastaient fortement avec son impopularité au sein des Eversha. Elle eut été un ours que cela aurait moins choqué ; une hibernation un peu trop longue aurait pu servir d’explication, mais les martres n’hibernaient pas… Toutefois, l’animal était réputé solitaire, l’Ombre ne dérogeait pas à ce trait de caractère, tout comme son côté de petit prédateur insupportable. La jeune femme n’était ni grande, ni très avenante.

Elle balaya la salle d’un simple regard, cherchant des visages familiers, même si personne ne lui était vraiment inconnu. Elle n’eut cependant pas le temps de s’attarder sur cette observation que de nouveaux squelettes vinrent à leur rencontre pour les invités à changer de toilettes dans des espaces clos dédié cette intimité. Certains invités refusèrent et l’Ombre aurait bien fait de même, mais ne souhaitait pas faire d’esclandre et attiraient plus encore les regards sur elle. La jeune femme suivit donc l’un des squelettes, résignée à perdre une part de son intimité et de sa fierté. Considérée comme une noble par son étrange serviteur osseux, elle fut toilettée, parfumée et habillée. C’était la première fois qu’une personne s’assurait de la propreté de son corps. Habituellement, l’Ombre n’en avait que faire. Fait de brume et d’illusion, l’hygiène corporelle n’était pas un besoin essentiel, d’autant plus qu’un bain chaud et mousseux ne provoquait en elle aucune sensation de bien-être. Sauf si elle usait de son pouvoir, mais elle n’avait pas envie de profiter de cet instant. Son servant attitré pour la soirée réalisa la prouesse de lui proposer une robe qui flattait sa silhouette ombrageuse. Peu habituée à porter des habits colorés, elle dû reconnaitre que le tissu bleu royal mettait sa chevelure ébène bien plus en valeur que ses éternelles tenues noires qui la faisait d’avantage disparaitre dans le décor. Ainsi vêtue, difficile de se fondre dans un coin sombre et de toute manière, le squelette l’invita à prendre place au banquet.

Lorsque tous furent apprêtés, les deux meneurs de la réception se levèrent afin d’ouvrir les festivités et la rivalité qui opposait les deux hommes ne se firent pas attendre. Les attaques ne volèrent guère hautes entre les deux hommes qui se voulurent malgré tout rassurants. Mangez et buvez était le leitmotiv de cette soirée. Leur seule requête était de choisir leur camp, rouge ou argent ; vampire ou Eversha. Du moins, d’après leur dire… La vérité était tout autre. Opter pour un camp ne sera pas sans conséquence non plus, l’Ombre le savait déjà. Sa double nationalité lui donnait cet avantage sur certains invités, elle n’eut pas de choix à faire. Toutefois, la jeune femme n’eut pas le temps de choisir sa place qu’un Eversha s’empressa de se diriger vers elle pour l’inviter à la table des hôtes, auprès du titanesque Gargantua et de l’austère marquis de Sanguice. Aaliah aurait préfère suivre la suite de leur débat d’un regard plus éloigné, mais l’Augure Furtif se fit insistant. Aussi, elle hocha la tête et suivit ses pas. Elle prit place sur une chaise aux couleurs du camp Eversha. Le marquis de Sanguice appréciait peu sa présence dans le camp adversaire, une Eversha de plus parmi les invités étaient un combattant de moins dans ses rangs pour la guerre avenir. Quant à Typhon, l’Eversha tigre, il semblait perplexe face à son aura comme s’il savait qu’elle devait posséder un secret mais il se garda bien de lui soutirer la moindre information à ce sujet. Les regards échangés avec l’Augure qui l’avait conduit à la table des hôtes n’étaient pas innocents dans cette absence de questionnement. Ni l’un, ni l’autre ne chercheraient à percer la véritable nature qui sommeillait en elle. Au moins, elle pourrait profiter de ce banquet sans subir un interrogatoire, ni l’absorption vital d’énergie qui frapperait les invités plus tard. Elle avait vu le sommeil difficile de certains…

Son regard se posa sur des invités pas vraiment invités. Mêlés innocemment parmi la foule, ils susurraient à qui voulait bien les écouter des infamies sur les Evershas pour les aider dans leur choix. Ou plus exactement pour les guider vers l’autre camp et les enrôler de manière discrète. Quant aux innocents animaux qui bondissaient de tables en tables pour divertir les convives, certains semblaient un brin trop à l’écoute pour ne servir que d’amusement. Toutefois, l’Ombre ne s’opposa ni à l’un, ni à l’autre. Elle n’avait pas à interférer dans le destin des Hommes et ils étaient libres de se laissés ainsi berner. L’Ombre fut interloquée par un serveur lui proposant divers plats succulents. La jeune femme n’en douta pas et comme ses congères de race attablés, fit ses choix parmi les menus proposés. Peu importait le contenu de son assiette ─ bien qu’elle évitât volontairement les mets carnés ─ le festin était ailleurs assurément.

« Divertissant… émit-elle à l’attention de l’augure tigre lorsqu’il s’enquerra de l’avis du banquet auprès de sa convive et soi-disant consœur. Ce n’était qu’une question basique pour ouvrir le dialogue sans attirer l’attention du marquis vampire. L’Eversha souhaitait en savoir plus à travers des sujets passe-partout pour conserver un dialogue banal de prime abord.

« Je me suis égarée et je n’ai pas souhaité retrouvé mon chemin dans l’immédiat, résuma-t-elle pour répondre à l’interrogation sur son absence de vie au sein de la race. La solitude ne m’a jamais effrayée, c’est dans ma nature. Répondit-elle sur un ton non dépourvu d’une pointe d’amusement devant la double correspondance de sa réponse. En effet, Ombre ou Eversha martre, les deux étaient solitaires. Et la solitude évite bien des désagréments…» ajouta-elle en regardant la table et leurs hôtes. L’animosité qui régnait entre les deux meneurs était palpable et une simple provocation de l’un ou l’autre suffirait à déclencher des hostilités précoces. Cependant, les deux hommes parvenaient à se contenir et à donner le change entre deux regards assassins. L’Ombre ne chercha pas à fragiliser cette entente et évita d’échanger un regard trop appuyé entre les deux hommes et leur compagnon. Entre stature imposante et beauté glaciale, la jeune femme ne souhaitait pas être prise à partie.

Le vin aidant, la nature de certains invités se réveilla et la fête s’anima un peu plus. Musique, chant, danse. Les invités commencèrent à se lever et à partager des instants plus conviviaux. Le banquet prenait des allures moins sectaires et les cuisines tenaient étonnamment le rythme pour sustenter tout ce petit monde bien actif. L’Ombre se garda bien de participer à ces distractions grivoises. Elle se contenta de grignoter les plats servis pour remplir un estomac qui ne réclamait rien en attendant l’heure de la révélation de toute cette mascarade festive. Minuit était toutefois long à venir et les compagnons des deux hôtes de ce banquet partirent à leur tour pour aborder leurs convives. L’Ombre fit de même pour ne pas rester seule et paraître plus intrigante encore aux yeux des Eversha. Loin de participer à la fête, elle se contenta d’observer squelettes et animaux qui tentèrent de convaincre les invités du bon choix de leur couleur. Dans son sillage, le squelette aux os d’or et d’ivoire qui lui servait apparemment de servant sans faille l’invita à une seconde toilette tandis que fêtards semblaient épuisés.

« Je veux bien admettre que mes bains soient rares, mais… une seconde toilette… sur une même soirée ? N’est-ce vraiment pas quelque peu exagéré ? murmura-t-elle au squelette en se penchant vers lui. Soit, je te suis » fit-elle résignée. Apparemment, elle n’était pas la seule personne dans ce cas. Tous étaient invités à se refaire une beauté pour la suite des festivités. Probablement pour être sous leur meilleur profil pour l’annonce finale.

Quelques instants plus tard, l’Ombre reprit sa place, recoiffée et parfumée par son serviteur squelettique. Devant elle, les plats avaient été remplacés par un large choix de thé. La jeune femme se servit par politesse bien qu’elle savait d’avance qu’elle n’aurait pas le temps de le finir. Le banquet approchait de sa fin, aussi pour ne pas paraître impolie devant son hôte elle répondit à sa demande.

« Je saurai venir à vous le moment venu, n’ayez crainte » fit-elle. L’Ombre n’était jamais en retard à un rendez-vous. Une habitude prise de par sa nature. Il était malvenu à la mort de retarder une échéance de quelques secondes même si certains êtres, aussi bref fut-il, aimeraient bénéficier d’un sursis.

Le Marquis de Sanguice prit alors la parole non sans piquer l’Eversha par des paroles provocantes. Il révéla la vraie raison de ce banquet. La guerre entre les deux peuples aux crocs acérés. L’Ombre tourna la tête, curieuse de voir les émotions que pourraient éprouver les invités en cet instant. Son regard fut intrigué par un homme au visage bien plus familier que les autres. Un croisement de courte durée car le douzième coup de minuit raisonna et emporta avec lui chaque convive. La jeune femme retrouva son chez soi solitaire tout en conservant un sourcil perplexe. Était-ce réellement lui ? Avait-il eut le temps de la reconnaître ? De toute façon, cela importait peu. Il y avait peu de chance pour que leur route se recroisèrent. Elle allait se reposer sur une chaise lorsqu’elle vit le squelette du banquet lui avancer l’objet sous son séant pour qu’elle n’eût pas à se déplacer.

« Qu’est-ce que tu fais là, toi ? » s’interrogea-t-elle. Le serviteur était apparemment livré avec la téléportation. Le Marquis de Sanguice avait-il eut pitié de la solitude de la jeune femme ? Le meuglement d’une vache se fit également entendre dans une autre pièce. L’Ombre tendit la main pour ouvrir la porte et aperçu, en plus d’une vache au pis gorgé de lait, trois moutons laineux et cinq poules dont l’une se servait déjà d’un vieux cousin éventré pour y faire son nichoir. Etrangement manière de soudoyer les invités pour les inciter à choisir leur camp.

« Heureusement que ce n’est pas une guerre opposant des déchus luxurieux » ne put s’empêcher d’émettre Aaliah à voix haute en n’osant même pas imaginer ce que ceux-ci auraient pu lui proposer.



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Merci pour l'event


La Guerre des Crocs – Première Partie CLDAsI2

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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Sam 27 Fév 2021, 01:19

La Guerre des Crocs | Partie I

Maximilien fit claquer sa langue sur son palais. Ce n'était pas exactement le moment pour partir à un bal quelconque. D'autant qu'il n'aimait pas franchement ça. Pas de noms. Pas d'indication ni de lieu. Seulement une date présumée. Pas que ça lui rappelait quelques souvenirs dérangeant. Un peu tout de même. « Tu ne peux pas refuser. ». Antonija était catégorique. « Réfléchis. Le fait qu'on l'on songe à y inviter quelqu'un pour vous représenter est formidable en soit, qu'importe celui à l'origine de l'invitation. Il serait de mauvais goût de l'ignorer. Le peuple Humain est déjà trop dénigré par le monde pour te permettre telle chose. ». Elle marqua une pause devant l'air dubitatif de son Protégé. « Le monde n'a pas beaucoup de visages récent à qui rattacher les Humains. La Reine Scylla Taiji bien sûr. La Marquise Leenhardt. Je dirais bien les Enfants des Cieux mais ils ne sont pas connus individuellement. ». Le rouquin soupira, voyant où la Vertueuse voulait en venir. « Très bien. Admettons. Mais comment j'y vais à ce truc si j'ai aucune informations sur l'endroit, dis-moi ? ». L'Ange se saisit du message qui traînait sur la table et le porta à la lueur d'une lanterne. « Hum. Je ne suis pas persuadée que ce soit à toi d'y aller. Ce qui est plutôt curieux. » - « Comment ça ? » - « Ça me semblerait crédible qu'il s'agisse d'un parchemin de téléportation. Seulement... » - « Si c'est ça c'est rien de moins qu'un bout de papier standard ici et entre mes mains. » compléta Maximilien à la place de la Wun. Antonija haussa des épaules, une moue d'incompréhension sur le visage comme Maximilien roula des yeux, las. « Mais j'imagine que ça a été réfléchi. Peut-être que hors des cités Humaines ça fonctionne ? » - « Peut-être ? » - « Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ? ». Maximilien fixa un instant sa Gardienne qui lui offrit un large sourire avenant. Alors il laissa fuir un soupir. « On verra demain. Je dois en parler au Sarīraka avant de toute façon. ».

Installé à la table d'une auberge d'un petit village des Terres d'Emeraudes, Maximilien observait le contenu de sa choppe avec un rictus aux lèvres. « Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? » l'interrogea son compagnon de voyage. « Rien. Je me dis juste qu'à force de départ pour sollicitations diverses et variées, mon Sarīraka va finir par me faire rattraper ces heures d'absences par des jours et des nuits non-stop à effectuer tout autant d'actions diverses et variées. ». Même si au moins, cette fois-ci, ils avaient trouvé un compromis. Un groupe de commerçants devait quitter le Désert et avait requit du soutien pour ce départ. Il avait donc été ajouté à la troupe devant assurer leur protection, bien qu'initialement n'appartenant pas à l'Al Gārada. C'était dans cette auberge que leur travail prenait fin. « Le revers de la médaille. On peut pas non-plus avoir la crème et les cuisses de la crémière. » - « Sauf à Avalon. ». La remarque, lancée avec un naturel désarmant, arracha un rire au Sainika qui répéta ses paroles sur un ton amusé. « Sauf à Avalon. ».

Jusqu'à ce que ça arrive, Maximilien ne cru jamais que le sort puisse fonctionner. Il se rendît compte qu'il eût fait erreur en se retrouvant au milieu de panoplie de visages en tout genre, de tout âge et de toute contrée. Il retint un soupir en voyant un périmètre se dessiner autour de lui. Possiblement ne s'en rendaient-ils pas même compte. L'effet était faible ; son Ma'Ahid  pouvait être consistant, il n'était pas imposant et  donc rapidement absorbé en de tel lieux. Mais l'évidence étant qu'à trop grande proximité, ces êtres étaient malgré tout déstabilisés. Ce qui, en soit, confirma sa première impression à savoir que ces hommes et ces femmes n'étaient majoritairement pas des monstres de magies. Une grande partie semblait en vérité être de simples gens. Son regard passa sur le visage des plus proches de lui. Peut-être n'étaient-ils pas si "simples" qu'ils ne le paraissaient. Peut-être qu'au lendemain de cet événement ils ne le seraient plus. Sa vision de la simplicité était quelque peu faussée, revisitée depuis ses propres expériences. Il eut soudain un mouvement de recul. Un squelette, entièrement décharné mais étonnement bien présenté, s'approcha de l'Humain pour lui faire signe de le suivre. C'est en découvrant le cadavre éveillé qu'il comprît pourquoi la magie de la lettre pût fonctionner. L'homme, ou la femme, en étant à l'origine devait être puissant. Observant le reste des invités, il songea un instant à ignorer la demande du mort-vivant, jusqu'à se souvenir des paroles de sa Gardienne. Alors il exhala un souffle de dépit avant de suivre le macchabé.

Le rouquin se confronta à plusieurs reprises avec les revenants, s'essayant à expliquer avec une diplomatie toute relative qu'il était assez grand pour qu'il n'ait plus besoin qu'on l'aide à se toiletter et s'habiller. Cependant c'était borné contre borné, et une perte de temps que de lutter pour que ces morts-vivants ne daignent le laisser tranquille. À défaut de retrouver un semblant de vie grâce à la magie de leur maître, il leur manquait la conscience et cette capacité intellectuelle à penser par soi-même. Fixant l'un des squelettes, Maximilien ne put que songer que la nécromancie était terrible en cela. Elle privait les défunts du repos de leur trépas en plus de les rendre plus servile que des esclaves, totalement détachés de ce qu'ils étaient et devaient être. Il était certain que le Kan'Ghar pouvait faire de belles choses. Il était également certain qu'il se montrait abominable dans bien d'autres situations, comme ici.

Avec un râle agacé, le rouquin défit les premiers boutons de sa chemise trop serrée. C'était quoi cette manie de vouloir toujours compresser les gens dans des vêtements trop étriqués pendant ce genre d'événements ? Comme si la population et le décorum n'étaient pas déjà assez carrés et stricts. Du moins, presque toute la population. Fut-il rassuré en voyant une partie de ceux qu'il supposât être les maîtres de cérémonie se moquer éperdument de ne pas être vêtus d'un habit tiré à quatre épingles. À l'égal des autres, l'ailé fut attentif aux paroles et explications donnés principalement par celui nommé Comte de Sanguice. En premier aperçu ce n'était rien de méchant. Il l'assura même à plusieurs reprises. Pourtant, ce fut cette même insistance qui renfrognât l'Obstiné. Il y avait anguille sous roche, et il n'aimait pas ça. Outre le fait que le Vampire et l'Eversha semblaient vouloir mutuellement s'égorger, ils cachaient quelque chose et Maximilien comptait bien trouver quoi exactement. Aussi rejoint-il rapidement la table argentée pour prendre place. Sans être réellement un choix diplomatique, malgré les anciennes querelles qu'avaient connues son peuple et les Enfants de la Nuit, c'était avant tout le choix de la sûreté. Il savait qu'auprès des Evershas, il ne risquait pas d'être considéré comme le gigot trônant au milieu de la table. Il ignorait cependant beaucoup de choses de ces hommes-bêtes, aussi resta-t-il méfiant. Toutefois n'hésita-t-il pas à engager la conversation et aller dans le vif du sujet avec ses voisins, tout aussi inconnus à ses yeux et vraisemblablement pas de son peuple. « Je ne suis pas allé dans beaucoup de réceptions. ». Son interlocuteur devait l'avoir comprit en quelques coups d'œil rapide sur sa personne. « Mais celle-là est assez curieuse j'ai l'impression, non ?  Nous demander de choisir une couleur pour savoir quel peuple on soutien, c'est étrange comme concept. ». L'homme dévisagea l'Humain quelques secondes avant de répondre, dans un étonnant mélange de mépris et de politesse. « En effet. Les placements libres sont peu communs sur ce genre de festivités pour éviter... ». Il marqua un temps, posant un œil vif sur le rouquin, avant de finir «... d'éventuels désagrément ou conflit qui pourraient nuire à la soirée.  ». Maximilien fixa l'homme durant de longues secondes, muet. Qu'il le dise clairement s'il le faisait chier plutôt que de s'ennuyer avec des ronds de jambes inutiles. « Bien sûr, c'est évident. » répliqua-t-il enfin avec cynisme.

À plusieurs reprises, alors qu'il était en plein repas ou échange, Maximilien fut abordé tantôt par les Vampires cherchant à négocier son changement d'avis et le ramener à leur table, tantôt par les Evershas, souvent après le passage des Vampires d'ailleurs, afin de s'assurer de son soutien et de le conserver derrière leur nappe argentée. Sa réponse était toujours la même. Non il ne changerait pas d'avis. Pas comme ça. Non ils n'avaient pas son soutien total. Ça ne se ferait pas de cette façon. À l'évidence, ce n'était pas suffisant. Aussi changea-t-il de technique lorsqu'on l'approcha à nouveau « Dîtes-moi pourquoi on est vraiment là et je reconsidérerai la question, oui. ». La Vampire se pencha légèrement vers lui, cachant avec difficulté une grimace, dessinant au passage un rictus sur le visage de l'Obstiné. « Reconsidérez la question et je pourrais éventuellement vous en dire plus. ».  Le rouquin marqua un temps avant de répondre, cynique et son regard ancré dans celui de la femme. « Ça pourrait éventuellement se faire comme ça. » commença-t-il doucement. « Ou pas. » conclut-il sèchement avec un visage dur, faisant clairement comprendre qu'elle n'avait plus rien à faire ici et que ce marché ne lui convenait pas. Avec un sifflement mécontent, celle-ci fit marche arrière comme il s'enfonça sur son assise, son regard glissant sur les différents protagonistes dont certains navigant d'une table à l'autre, probablement suite à ces mêmes propositions auxquelles il eut droit. Son voisin lui-même avait disparu au profit d'un autre. Finalement, dans un long soupir, il prit une décision. Celle de la vérité.

Quittant sa chaise à son tour, il contourna la table d'argent pour trouver les hôtes de la soirée. Il n'avait pas été le premier à les soliciter. Il n'avait pas été le premier à être curieux de connaître ce qu'il se cachait derrière ce rideau de festivité. Il ne serait sûrement pas le dernier. « Selamat » commença-t-il, le poing sur la poitrine. « Comte de Sanguice, Srī de Gargantua. ». Bien sûr qu'il se doutait que l'Alikir devait leur être inconnu. Qu'ils ne pouvaient que supposer sans avoir l'exactitude du sens de ses mots. C'était simplement une petite pichenette pour leur faire comprendre qu'il était bien désagréable lorsque l'esprit était dans l'incertitude. « Je me présente à mon tour. Del Haftâvan Maximilien Eraël. Je vous dérangerez pas longtemps, je vois bien que je suis pas le seul à demander votre attention. ». Il marqua un temps, son regard partant un instant sur un Eversha en pleine discussion avec un invité. « Vos sbires mettent du cœur à l'ouvrage pour nous rameuter à votre cause ou nous garder de votre côté. Si on mettait cartes sur table ? Pourquoi ? En quoi est-ce si important ? ». Ce fut la mauvaise question. Non, ce n'était pas si important. Alors l'Obstiné fronça des sourcils et croisa les bras dans une longue inspiration. Si ce n'était pas si important, pourquoi tant d'insistance ? « Admettons. Mais ne me faites pas croire que tant de moyens ont été déployés pour quelque chose de "pas si important". » reprit le rouquin en fixant chacun de ses interlocuteurs. « Je ne pense pas avoir été le seul à y songer. Alors si on cessait les mensonges ? D'autant que j'aurais du mal à offrir mon soutien à quelqu'un qui me cache la vérité. ». Mais rien à faire. L'un n'avait aucunement l'intention de cracher le morceau. Quant à l'autre, à peine avait-il le temps de l'ouvrir que son voisin lui intimait avec une politesse toute relative de la fermer. Qu'il en soit ainsi. Aussi, Maximilien resta un court instant muet avant d'enfin rétorquer, dans un salue et avec une expression neutre « Dans ce cas, Srī de Gargantua, Comte de Sanguice, sasère. ». Sur ces mots il fit demi-tour, attrapant un verre de vin appartenant probablement déjà à quelqu'un au passage, et ne se rassit pas.

Finalement on vint de nouveau le chercher pour une nouvelle toilette. « Encore ? L'eau n'est pas une denrée rare ici, ça se voit. » lâcha-t-il alors que le squelette insista encore un peu pour qu'il le suive. Pourtant il n'en fut pas mécontent quand il vit les vêtements proposés. Bien plus à l'aise dedans, il s'étira le dos et les bras jusque là coincé dans sa tenue de soirée. A l'évidence, aurait-il effectué les mêmes mouvements précédemment, le vêtement n'aurait-il pas survécu. Ainsi, nouvellement vêtu d'un large sarouel et d'un haut ample en lin, il rejoint la salle où tous étaient changés d'un vêtement moins formel. Pour quelle raison ? Qu'est-ce qui avait été prévu encore ? Lorsque le Vampire se leva pour annoncer une importante nouvelle, Maximilien roula des yeux. Il avait une étrange et désagréable impression de Déjà-Vu. Alors quoi ? Qu'est-ce que ça allait être cette fois ? Puis il arqua un sourcil. Une guerre ? Était-ce une blague ou bien ? Avaient-ils réellement organiser une fête pour célébrer le début d'une guerre ?
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We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Sam 27 Fév 2021, 11:02


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La guerre des crocs - I
Vulpina

« Vous comptez véritablement vous y rendre ? » demanda Slen. Dans sa voix perçait l'incrédulité que lui inspirait cette décision ; sur son visage était marqué le mécontentement qui en découlait. Malgré ses mises en garde, la sorcière n'en faisait qu'à sa tête. Il était pourtant persuadé qu'il ne s'agissait pas d'une sage décision. Il l'avait souligné à plusieurs reprises : la femme avait ignoré ses remarques. Sa décision était prise depuis longtemps : elle avait déjà signé le parchemin. Maintenant que l'heure fatidique approchait, elle s'était préparée de façon coquette. Elle avait créé une robe aux tons pourpres et noirs, qui se rapprochait davantage du style vestimentaire propre à la société Sorcière qu'à celles de Spectre. « Cesse de t'inquiéter pour si peu. Ce n'est qu'un bal. » renchérit la mage noire en observant son nouveau visage dans la glace. Elle ne ressemblait plus du tout à Shiva, l'apparence de son hôte ayant été modifiée pour ressembler à une parfaite inconnue. Ses traits s'étaient faits plus strictes, ses courbes plus sensuelles. « Un bal dont nous ne connaissons pas l'identité des organisateurs. Ça pourrait être un piège. Vous êtes la première à prétendre devoir faire preuve de prudence et pourtant, dès que l'opportunité se présente, vous n'hésitez pas à vous lancer dans la gueule du loup ! » tonna l'homme, avec un emportement qui faisait écho à son péché originel. « Ni Dolores, ni Nostradamus ne s'embêteraient d'un tel stratagème pour me coincer. » « Ce ne sont pas là vos seuls ennemis. » « Les seuls qui aient conscience de ma présence, en tout cas. Je doute que l'un comme l'autre aient pu me retrouver ici. Et puis, je ne m'aventure pas à cette soirée sans protection : on ne me reconnaîtra pas. » dit elle en passant sa main sur sous nouveau visage : elle était particulièrement fière de cette apparence-ci. Peut-être la garderait-elle. « L'auteur de cette lettre sait qui vous êtes. Changer d'apparence ne parviendra pas à le berner ! » « Slen. Il ne sert à rien de parler de ça maintenant. J'ai signé l'invitation. Je m'y rends, voilà tout. » « Et pour Nino ? S'il demande où vous êtes ? Il vous a interdit de partir sans qu'il soit mis au courant. Vos escapades l'interrogent de plus en plus, il commence à se méfier. » « Sa méfiance n'a jamais cessée. C'est ce qui l'a gardé en vie si longtemps, d'ailleurs. » soupira la brune en se tournant vers le Déchu. Il avait réussi à la mettre de mauvaise humeur. « Mais s'il vient à poser des questions, je compte sur toi pour couvrir mes arrières. Prétends que je me suis rendue à une soirée quelconque organisée dans la cité. Maintenant, laisse-moi seule. » ordonna-t-elle pour retrouver la paix.




Vulpina vacilla un instant, se sentant nauséeuse. Elle songea d'abord qu'il s'agissait d'un contre-coup dû à la téléportation mais, bien vite, elle identifia la source de son inconfort : l'Humain aux cheveux incandescent qui se tenait à quelques pas d'elle. Fronçant le nez dans une mine répugnée, elle prit soin de s'éloigner du gêneur. Elle profita de sa balade pour observer à la fois la foule de convives qui arrivait ainsi que le décor splendide de la salle dans laquelle ils avaient atterris. La scission des couleurs et des ambiances ne lui échappa pas et, curieuse, elle se demanda ce que cela présageait. Lorsqu'on la conduisit vers les cabines pour refaire sa toilette, elle se laissa accompagner puis, dès qu'elle eu enfilé la robe rouge qu'on lui avait attribué, elle continua son inspection. Tandis qu'elle se questionnait sur la raison de ce bal, elle aperçut le visage familier de l'homme qui lui avait offert sa protection. Nostradamus. Pendant un instant, elle se figea, craignant qu'il puisse la reconnaître comme le lui avait répété Slen. Sa gorge se noua, son ventre se tordit : l'appréhension créait en elle des réactions qu'elle ne parvenait pas à maîtriser. Cette constatation était plus insupportable encore que son angoisse. Déglutissant, elle s'astreint au calme. Elle avait pris des mesures pour qu'il ne puisse pas la reconnaître. C'était là l'occasion de s'assurer que ces défenses marchent bel et bien. Un sourire narquois aux lèvres, elle s'approcha du chasseur. « Moi qui m'attendais à une soirée dansante. » lâcha-t-elle, soudainement joueuse. La sensation du danger faisait désormais couler l'adrénaline dans ses veines. Le frisson de l'excitation rendait la situation délicieuse à ses yeux. «  Je me demande quel genre de réception peut bien se profiler.  » Le manque de réaction du sorcier était jouissif. La Raagus aurait voulu rire, afficher un sourire triomphant, lui prouver sa supériorité en se moquant de lui, qui ne parvenait pas à percevoir la supercherie. Elle n'en fit rien. Elle sentait vibrer sa magie, comme si cette dernière sentait la malédiction qu'elle avait jeté sur l'homme, reconnaissant sa trace. L'arrivée de leurs hôtes ne l'intéressa finalement que peu : elle se délectait de la duperie dans laquelle elle avait enfermé le Dementiæ. « Je m'appelle Anne-Lise Vaughan. Et vous ?  » Vaughan. Comme le nom de celle qui lui avait récemment fait tourner la tête. C'était jouer avec le feu que de lancer de tels indices. Cependant, il s'agissait là d'un nom très répandu dans la population magicienne, à tel point qu'il s'était propagé au sein des autres peuples. Lorsqu'il la questionna sur leur rencontre, elle fit mine de réfléchir avant de répondre par la négative. Finalement, leur discussion fut interrompue par la prise de parole du Marquis de Sanguice.

Sans grande surprise, Vulpina vit son Némésis se diriger vers la table aux décorations argentées. Poussée par le goût du jeu plus que par véritable conviction, la sorcière décida donc de se diriger de l'autre côté de la salle. Elle ne savait pas encore ce qui se cachait derrière cette soirée mais il était évident que les deux camps étaient sciemment opposés. Elle sentait qu'une compétition se mettait en place. Dans ce cas, elle deviendrait l'adversaire du mage noir.



« Vous avez fait le bon choix, en changeant d'avis. » assura le vampire en accompagnant un homme jusqu'à son côté de la table. Il était allé le dégoter de l'autre côté de la salle pour le ramener dans son camp. Vulpina observait ce petit jeu auquel se prêtaient les organisateurs avec une certaine curiosité. Ils mettaient beaucoup d'efforts et d'énergie pour essayer d'attirer le plus de monde possible dans leur camp. Les Evershas s'y adonnaient pareillement, venant chercher dans la réserve des vampires pour trouver de nouvelles recrues. La Raagus ne savait toujours pas à quel genre de compétition cela les préparait, mais eu vu des moyens employés, ce devait être un sacré championnat. Avait-ce quelque chose à voir avec la Coupe des Nations ? Celle des Vampires avait déjà eu lieu mais ce n'était pas le cas de la Coupe des Evershas. Cette hypothèse avait cependant vite été écartée : il n'y avait pas de raison pour que cet affrontement n'oppose que ces deux races. Devait-on alors s'attendre à d'autres bals de ce genre ? C'était, de l'avis de la sorcière, fort peu probable. Et puis, on ne s'attendrait jamais à quelque chose d'aussi distingué venant de la part de ces barbares d'hommes-bêtes. « Vous ne le regretterez pas. » promis le buveur de sang en tapant sur l'épaule de son nouvel allié. Vulpina croisa les mains et posa son menton dessus, se penchant légèrement vers son nouveau voisin de table. « Bienvenue parmi nous. » s'amusa-t-elle avec un sourire. « Qu'est ce qui vous a fait changer d'avis ? » « La nourriture n'étais pas aussi bonne que monsieur Gargantua l'avait promis. » répliqua l'inconnu, ce qui élargit le sourire de son interlocutrice. C'était un mensonge, bien sûr : les mets étaient absolument délicieux. Une façon de lui dire de s'occuper de ses affaires, donc. « Notre amis semblait particulièrement satisfait de vous avoir ramené de ce côté de la salle. Qui êtes-vous donc ? » demanda-t-elle, curieuse. Il était vrai que l'homme dégageait quelque chose d'attractif, qui la poussait à s'intéresser également à lui. Elle ne le connaissait pas pour autant. « Vous pouvez m'appeler Ronan. »



« Qui est-ce ? » demanda Vulpina en donnant un coup de menton en direction d'une femme, assise à la table centrale. Une aura mystérieuse l'auréolait, malgré son comportement austère. Son visage, pourtant, n'était pas inconnu à la partisane des Vampires : elle avait été témoin des nombreuses heures qu'avait passé Nostradamus à l'observer, dans le miroir qu'il chérissait tant. « Aaliah Z'Odra. » pesta l'enfant de la nuit. « Une Bélua. » expliqua-t-il. On avait l'impression qu'il vomissait les mots, tellement le dégoût marquait ses traits. « Aucune chance qu'elle vienne parmi nous. Ne perdez pas de temps avec elle. » La curieuse resta cependant quelques minutes à l'observer, aussi discrètement qu'elle le pu. Son regard glissa de la femme au Dementiæ, avant de retracer le chemin en sens inverse, répétant ce schéma à plusieurs reprises. Il ne la reconnaissait pas. Cette idée s'implanta profondément dans la conscience de la vipère. A tel point qu'un instant, elle douta de son assurance. Se pouvait-elle qu'elle se trompe ? Qu'il ne s'agisse pas de la femme à laquelle elle pensait ? Non, impossible : le Vampire lui avait dévoilé son identité. C'était bien elle. Alors pourquoi le sorcier ne s'était-il pas encore précipité vers elle ? Pourquoi n'avait-il rien tenté pour l'aborder ? Il lui fallut plusieurs minutes pour comprendre. Pour sentir sa magie vibrer autour de l'homme, lui livrant sa réponse : la malédiction qu'elle avait lancé avait débordé, plus encore que ce qu'elle avait prévu. C'était-elle qui empêchait le mage de percevoir l'Eversha. De nouveau, un sourire triomphant s'invita sur le visage de la manipulatrice. Cette soirée était véritablement captivante. Elle ne regrettait pas de s'y être rendue.



Minuit approchait. Ce qui signifiait que la soirée touchait également à sa fin. On conduisit les convives - du moins, ceux qui ne passaient pas la soirée comme des pouilleux - vers les mêmes vestiaires que plus tôt, les gratifiant d'une seconde toilette. Vulpina s'y prêta volontiers, s'amusant de sa singulière compagnie. Enfin, elle revint vers le reste des convives, où l'on servait des boissons chaudes. Déjà repue, la mage noire refusa poliment, prenant place sur une assise tout en observant Nostradamus, de loin. Il ne se doutait pas un instant de sa proximité avec la femme de ses passions. Elle était là, à portée de main, et pourtant inaccessible. Seulement, il n'en avait pas conscience. La mage noire devait remédier à cela. Tandis qu'elle se concentrait, elle se rendit soudainement compte de la fatigue qui la submergeait. Elle se sentait éreintée. Comme si elle avait trop puisée dans ses forces vitales. Les murmures qu'elle avait intercepté lui revinrent alors en mémoire : la rumeur courrait que leurs hôtes avaient profité de la soiré pour les dépouiller de leurs forces -raison pour laquelle ils s'étaient bien gardés de justifier la raison de cette mascarade. La Raagus n'y avait pas porté d'importance, s'imaginant qu'il ne s'agissait là que d'une théorie élaborée par quelques curieux ne trouvant pas la soirée à leur goût... Elle revenait sur cette conclusion. Peut-être n'était-ce, finalement, pas que des sornettes. Se sentant affaiblie - si elle n'avait pas été assise, elle se serait sans doute effondrée par terre - elle écouta les révélations de leurs hôtes.

Une guerre. Cela dépassait de loin ce qu'elle s'était imaginé. Elle avait constaté la rivalité qui existait entre les deux peuples. Elle n'était pas allé jusqu'à croire que cela puisse signifier un tel dénouement. Plus encore : elle ne comprenait ni les raisons de ce conflit, ni pourquoi elle avait été convié à en prendre part : elle ne s'était jamais intéressée à aucun des deux peuples concernés. Contrariée, la sorcière fit claquer sa langue contre son palais. Le regard sombre, elle se retourna vers Nostradamus. Là, elle rassembla sa concentration pour maîtriser sa magie : elle affaiblit volontairement la malédiction qu'elle avait levé. Juste assez pour que son regard puisse se poser sur Aaliah. Les yeux de l'homme s'écarquillèrent, juste avant que tous soient de nouveau téléportés chez eux.

Vulpina s'effondra sur le sol, le souffle court. « Vous êtes encore en vie. » constata Slen, sans savoir si cette nouvelle le rassurait ou l'attristait. Pour toute réponse, la Maîtresse se mit à rire - ce rire qu'elle avait contenu tout le long de la soirée. « Tu ne croiras jamais qui j'ai rencontré, là-bas. » susurra-t-elle finalement, se tournant face au déchu après avoir retrouvé son calme.

2177 mots, sans le dialogue du poste précédent.
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Dim 28 Fév 2021, 21:03



La Guerre des Crocs

Thème.

e4oj.jpgImmobile au milieu de la mezzanine, la jeune femme observait silencieusement le parchemin. Quelques jours plus tôt, elle avait trouvé un écureuil à la porte de l’atelier. Étonnamment sociable, l’animal l’avait laissée caresser son pelage, avant de lui délivrer son paquetage. Ayant pris connaissance de son contenu, elle avait été surprise de découvrir qu’il s’agissait d’une invitation à un banquet. Honorée de recevoir pour la première fois une demande de ce genre, elle avait joyeusement apposé sa signature en bas du document. Son impatience n’avait cessé de croître, nourrie par une imagination fertile. Allongée sur le matelas, à l’étage, elle avait passé à des heures à fuir le sommeil, brodant de toutes pièces des aventures, tantôt paisibles, tantôt invraisemblables. De ses fantaisies étaient nés des visages et des rires qu’elle ne verrait et n’entendrait sans doute jamais _ elle avait inventé à chacun une vie toute entière : c’était là le fabuleux pouvoir de la pensée. Les interrogations avaient afflué. À quels sourires devrait-elle répondre, et quels regards croiserait-elle ? Qui allait-elle rencontrer, et surtout, pourquoi l’avait-on invitée ? Qu’allait-elle manger ? À quoi ressemblerait la table ? Que devait-elle porter ? Ce dernier point, en particulier, avait failli lui donner des cheveux blancs. À présent que le mystère s’apprêtait à être levé, une pointe d’anxiété s’était logée dans sa poitrine, l’empêchant de savourer pleinement le moment. Sous ses iris ébahis, les lettres d’or se mirent soudain à remuer. Absorbée par leur contemplation, elle ne remarqua pas l’évanouissement du paysage autour d’elle. Lorsque sa vision se stabilisa, elle esquissa par réflexe un mouvement de recul.

La pièce dans laquelle la Déchue venait d’apparaître se faisait le théâtre d’un curieux manège. Où que se portât son regard, des couleurs affichaient leur superbe. Du carrelage aux tentures, des couverts aux boiseries, tout débordait de rouge ou d’argent. Cela n’enlevait rien à l’élégance de la décoration : elle songea que pour la concevoir, il fallait être doté d’un œil d’artiste. L’ensemble avait de toute évidence été soigneusement réfléchi. Toutefois, l’omniprésence des pigments lui donna un instant le tournis ; l’impression étouffante qu’elle allait se noyer dans une mer pourpre l’incita à se placer hors de sa portée sanguine. En une mécanique savamment huilée, des serviteurs accueillaient les nouveaux venus. Un squelette se présenta à elle, lui proposant l’accès à une garde-robe. Alléchée par la perspective de passer du temps à fouiller dans des armoires, elle accepta de bon cœur. En chemin, elle aperçut quelques invités, paraissant délaissés par le personnel. « Vous devriez vous occuper de ces gens d’abord. Je viens tout juste d’arriver. » Sans prêter attention aux concernés, il balaya son objection d’un revers de la main _ ou d’un geste destiné à à l’un de ses collègues, elle n’aurait su dire _, et la conduisit à l’écart. Néanmoins, aucun coffre débordant de vêtements ne l’attendait. À la place d’une montagne de tissu, elle disposait du nécessaire pour sa toilette. Au centre du cabinet se trouvait un bassin de pierre où dansaient des volutes de vapeur. Impressionnée par le luxe d’une pareille structure, elle en oublia sa déception. Discrètement, le squelette s’éclipsa, la laissant profiter de l’intimité d’un bain.

Ayant rarement l’occasion de s’immerger de la sorte, la blonde apprécia particulièrement le moment. Au contact de l’eau, la tension dans ses membres s’évapora. À des lieues de ses interrogations de la journée, elle ne pensait qu’à profiter de la chance qui lui était accordée. Distraitement, elle traçait de son index des motifs à la surface. Un frémissement suffisait à les faire disparaître. Observer l’éphémère apaisait ses angoisses. Rassérénée, elle finit par sortir, et saisit la serviette que le serviteur lui tendait _ elle ne s’était même pas rendue compte de son retour. À l’abri de son examen, elle récupéra sa lingerie et l’enfila en silence. Une pensée la traversa : pouvait-elle considérer une créature faite d’ossements comme un être vivant ? Son attention se détourna cependant bien vite de cette considération. Pendue au bout d’un cintre, sa tenue attendait qu’elle voulut bien l’essayer. Se débarrassant des gouttelettes qui s’attardaient encore sur sa peau, elle s’en approcha joyeusement. Presque religieusement, elle effleura la soie. Il lui avait suffi d’un bref coup d’œil pour en deviner la qualité, et son instinct ne l’avait pas trompée. D’une profondeur obscure, le bleu se déclinait dans toute sa sobriété. À la pointe de son dos dénudé, une rose fermait la taille. Des volants vaporeux arrondissaient ses épaules. L’asymétrie de la manche ajoutait une touche d’extravagance. Sa coquetterie se réjouit du serre-tête qui accompagnait l’ensemble. Des plumes à la douceur majestueuse en marquaient le bord. Pour finir, le squelette lui proposa un flacon de cristal. Poliment, elle refusa le parfum : depuis l’enfance, les fragrances prononcées lui donnaient la nausée.

e4oj.jpgC’est ainsi que, parée à la mode magicienne, l’Envieuse se mêla aux convives. Quelque peu désemparée par la foule, elle n’osa aborder personne, sentant le désir ramper au fond d’elle. Comme une bête pernicieuse n’attendant que l’occasion de surgir, elle l’invitait à détailler la courbure d’un verre ou à remarquer la sophistication d’un chapeau. Tout lui semblait source de tentation. Pourquoi ne possédait-elle pas les merveilles et les simplicités que ses prunelles captaient ? Et ce château, ne pouvait-elle en trouver le maître, et le convaincre de lui en céder la propriété ? Nerveusement, elle frotta ses doigts gantés les uns contre les autres, à la recherche d’une distraction. En un mouvement familier, la frustration remontait le long de ses entrailles. La gorge nouée, elle progressa jusqu’à un recoin moins fréquenté. Perdre le contrôle alors qu’elle avait été si généreusement traitée aurait été désastreux. Une silhouette se glissa dans son champ de vision. « Vous n’avez pas l’air dans votre assiette. » Un homme au teint hâlé lui souriait. Les cheveux en bataille, et vêtu d’un haut en cuir souple, il ne paraissait pas véritablement à sa place. Toutefois, il dégageait quelque chose de chaleureux. « C’est la première fois que je viens à un banquet, alors, je ne me sens pas très à l’aise. » Il ne s’agissait pas strictement de la vérité ; détourner ses inquiétudes lui servait parfois à retrouver un semblant de sérénité. Son interlocuteur acquiesça. « Je comprends. Vous ne devriez pas vous en faire. Je suis certain que tout va bien se passer. » Amicalement, il posa une main dans le creux de ses omoplates.

Ils discutèrent de tout et de rien, évoquant des sujets au hasard d’une pensée. Ravie de découvrir un être dont elle ne savait rien, Calanthe se montrait tantôt curieuse, tantôt attentive. Pourquoi ne prenait-elle pas plus souvent le temps de rencontrer des gens ? Bien sûr, elle adorait passer des heures avec Joliel ou les membres de sa famille, mais la nouveauté embellissait l’inconnu. De bon cœur, ils échangèrent leurs points de vue sur tout ce que la salle avait à leur offrir, soulignant la finesse de la décoration ou le plissé d’un pantalon. Une mélodie ponctuait leurs silences, et, lorsqu’ils cessaient de parler, elle s’imaginait naïvement qu’un lien se tissait entre eux. La compagnie du brun lui étant agréable, le monstre délaissa un instant sa proie. Leurs hôtes se décidèrent alors à faire un discours, leur expliquant vaguement le déroulé de la soirée. Perplexe, la jeune femme battit des cils. « Notre soutien ? Vous comprenez ce qu’ils veulent dire ? » De mémoire, il lui semblait n’avoir jamais rencontré de Vampire ni d’Eversha, et elle commençait à penser que sa présence en ces lieux était le fruit d’une erreur. Ne l’avait-on pas confondue avec une autre ? Haussant les épaules, l’homme ne semblait pas accorder d’importance à leurs propos. « Si vous voulez mon avis, cet homme a bu un peu trop de vin. Pourquoi ne pas m’accompagner ? Nous aurons tout le temps de finir notre conversation. » Rassurée par la désinvolture qu’il manifestait, elle accepta volontiers, et ils se dirigèrent ensemble vers les tables.

e4oj.jpgAvant que de s’asseoir, Shangri La salua l’une de ses connaissances. Bêtement, la jeune femme reporta son attention sur une femme, non loin d’eux. Riant aux plaisanteries de son groupe, elle arborait une robe de laine teintée de beige. Autour de sa gorge s’étalait un splendide collier. Un pendentif en forme de lune se logeait entre ses clavicules _ il n’était pas sans lui rappeler celui que César lui avait offert, et qui, sous son tour de cou, lui brûlait soudainement la peau. Soudainement sourde à la voix de son camarade, il lui semblait ne plus être capable de voir autre chose. Ses iris tressautaient sitôt que le bijou se déplaçait. Inextinguible, la convoitise s’éveillait une fois de plus. « Il te plaît, n’est-ce pas ? Je te le donnerais, si tu viens manger à côté de moi. » Souriante, la jeune femme portait déjà ses phalanges vers le fermoir. Incapable de résister, la blonde fit un pas dans sa direction. Comment aurait-elle pu refuser ? La main du brun se posa sur son avant-bras. « Vous devriez vous méfier des propositions de ce genre. Si elle voulait vraiment vous faire plaisir, cette femme ne vous demanderait aucune contrepartie. » Toute chaleur éteinte, il ne cachait pas son animosité envers la nouvelle venue. Qu’il se dressât entre elle et l’objet de son désir contrariait la Déchue. Jouir de sa liberté lui avait toujours semblé aussi naturel que de respirer, et elle détestait qu'on l'entravât. Sourde à son avertissement, elle se dégagea de son emprise. « Merci pour votre gentillesse, mais je sais prendre mes propres décisions. » La mâchoire de l’homme se contracta : il n’aimait pas qu’on lui échappe. « Vous risquez de le regretter. » Son ton lui faisant froid dans le dos, elle rejoignit l’inconnue.

Gaiement, elles prirent place sur des sièges argentés. L’Envieuse ne pensait plus du tout à Shangri La, obnubilée par la possibilité de posséder le bijou qui, depuis tout à l’heure, excitait ses sens. Il lui fallut être patiente. Les premiers plats arrivèrent rapidement. L’attente contribuant à l’appétit des convives, la jeune femme aux cheveux bleus entama sur le champ son repas, s’interrompant seulement pour descendre sa chope de bière. Ayant remarqué les penchants de Calanthe, elle la laissait volontiers piocher dans son assiette, et lui proposer même d’échanger leurs entrées. Conquise par sa générosité, elle en profita pour picorer une poêlée de champignons particulièrement savoureuse. En attendant que la suite arrivât, Amishala lui dévoilait des anecdotes sur son quotidien au sein de la meute. L’impatience au bord des lèvres, la Déchue n’écoutait que d’une oreille ses aventures. Une seule chose l’intéressait : et le collier en venait à emplir son champ de vision, comme si, les minutes s’écoulant, il devenait le centre de son horizon. La nourriture elle-même perdait ses saveurs, et les rires leurs éclats. Finalement, l’Eversha tint sa promesse. Suspendue à ses gestes, la blonde reçut son présent, les doigts tremblants. « C’est un symbole important pour mon peuple. Je compte sur toi pour en prendre soin. » L’innocence de sa victime lui conférait un charme doux, lui donnant presque envie de la serrer dans ses bras. Dommage qu’elle ne put raisonnablement lui trancher la tête. S’apprêtant à lui demander ce qu’elle pensait des étreintes fraternelles, elle s’interrompit. Le marquis et l’Augure prenaient à nouveau la parole. Lorsque la déclaration de guerre chatouilla les neurones de la Déchue, elle laissa tomber son verre de surprise. Le fracas ne lui parvint jamais ; elle était de retour chez elle. À quoi diable venait-elle d’assister ?

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

~ Eversha ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Mar 02 Mar 2021, 21:32



Fin de la première partie de la Guerre des Crocs !

D'abord, un gros merci à tous ceux qui ont participé ! La guerre est maintenant déclarée entre les Evershas et les Vampires et la nouvelle se répandra rapidement grâce aux nombreux « messagers » qui ont participé au banquet de déclaration de guerre.

Pour ceux qui veulent plus de détails sur les événements précédant le banquet, vous pouvez en lire plus ici : L'Envers du décor.

Alors, voici les résultats de l'évènement :

  • Il y a eu cinq personnages qui ont choisi le côté rouge et huit qui ont choisi le côté argenté.
  • Personne n'a cherché à influencer le public, alors la répartition des invités s'est fait à peu près égale entre les deux côtés.
  • Un personnage a été invité à rejoindre la table des hôtes en compagnie des Evershas.


Le camp vainqueur de cet évènement est donc le camp des Evershas. Grâce à cet appui populaire, les Evershas disposeront d'un avantage moral lors des événements à venir.


Ensuite, le banquet aura été une opportunité pour Typhon et le marquis de rencontrer des alliés potentiels pour rejoindre leur cause. Afin de démontrer leur intérêt à développer ces interactions, des cadeaux supplémentaires sont offert à certains participants de la soirée (les personnages).

Note : les personnages concernés devront m'envoyer un message privé pour confirmer qu'ils acceptent leur cadeau et discuter des implications. Dans le cas contraire, je vais considérer que le cadeau a été refusé.

Cadeaux de Typhon de Gargantua

  • Omos : le membre honoraire. Il s’agit d’une invitation à rejoindre la meute de Typhon à l’Antre des marais lors un échange culturel avec les Evershas. Cet échange permettra à Omos d’en apprendre plus sur la culture des changeurs de forme en vivant parmi eux.
  • Aaliah : une place dans la société. Il s’agit d’une invitation à rejoindre Typhon à l’Antre des marais pour discuter de la place que souhaiterait obtenir Aaliah dans la société eversha. Qu’elle souhaite une existence vagabonde ou rejoindre une meute, il est dans les capacités de l’Augure de faciliter le cheminement de l'Ombre.
  • Maximilien : un duel à Utopia. Il s’agit d’une invitation à un duel amical avec Typhon à la résidence des diplomates evershas à Utopia. Les Evershas sont à Utopia pour négocier des entraîneurs humains pour former les troupes evershas, mais Typhon souhaite affronter Maximilien depuis qu’il a entendu parler de lui suite à Odon do Dur.
  • Deccio : la faveur du tigre. Il s’agit d’un échange de faveurs entre Deccio et Typhon. La faveur que pourra demander Deccio à Typhon sera à la hauteur des efforts que le Démon déploiera dans la Guerre des Crocs.
  • Calanthe, Èibhlin  et Léandra : l’audience. Il s’agit d’une invitation à une rencontre privée avec Typhon au lieu de votre choix.


Cadeaux du Marquis de Sanguice

  • Dorian et Faust : le recrutement. Il s’agit d’une demande du Marquis de Sanguice pour faire de Dorian et Faust ses assistants pendant la Guerre des Crocs. Cette requête s’accompagne d’une promotion pour les maîtres respectifs de ces deux jeunes Vampires à officiers de l’armée vampire, ainsi qu’une place parmi les conseillers du commandant en guise de « dédommagement. »
  • Jämiel : le jeu d’échecs. Il s’agit d’un jeu d’échec sculpté à la main fait d’or, d’ivoire et d’ébène. Les pions blancs représentent les Vampires, alors que les noirs, les Evershas. Ce cadeau s’accompagne d’une invitation à une séance de jeu avec le Marquis de Sanguice. Peut-être l’Alfar se dévoilerait-il comme un partenaire de jeu à la hauteur du Marquis ?
  • Kitoe : le tablier de sang. Il s’agit d’un élégant et léger tablier de soie rouge qui a la propriété de s’autonettoyer s’il entre en contact avec du sang. Ainsi, il est possible de charcuter de la viande à longueur de journée, en toute élégance et sans jamais devoir s’abaisser à la tâche ingrate de nettoyer ce vêtement utilitaire.
  • Vulpina : la cape anodine. Il s’agit d’une élégante cape, mais pas trop, qui permet à son porteur de paraître moins important qu’il ne l’est réellement. Pratique pour manipuler les autres et assister personnellement au résultat.



Finalement, comme plusieurs l'auront deviné, l'événement n'était pas qu'un simple concours de popularité. Le banquet de la déclaration de guerre permettra aux Evershas et aux Vampires de donner vie à de puissantes créatures (des PNJs). Ces créatures ont développé la personnalité (mais pas la mémoire) et un lien avec la principale source d’énergie ayant servi à leur conception.

Note : Aaliah ayant été invitée à la table des hôtes, elle n'a pas été victime du vol de son énergie vitale. Aucune créature n’a donc été engendré avec son énergie.

Initialement soumis par magie, cette obédience s’érodera alors que les créatures gagneront en expérience et en puissance, jusqu’à s’affranchir de tout contrôle. Toute créature survivante assez longtemps pour gagner son libre arbitre sera alors attirée par le personnage avec qui elle est liée. Lors de cette rencontre, le lien entre la créature et le personnage pourra être brisé ou renforcé.

À chaque événement de la Guerre des Crocs, les PNJs pourront être incarnés dans un message de 720 mots. Ce faisant, ils réduiront leur degré de soumission. Après une participation à trois événements, le PNJ disposera de son libre arbitre. Il pourra continuer de participer à la guerre ou partir à la rencontre du personnage lié (ou les deux pour les motivés). Inversement, si le PNJ n’est pas joué pendant trois événements, alors il périra au cours de la guerre.

Note : il reste cinq événements à la Guerre des Crocs.

Créations des Vampires
Vulpina : Demona, la Gargouille. Il s’agit d’une ancienne statue de pierre qui a été éveillée par magie. Agile, robuste et puissante, elle voue une haine farouche aux peuples humains, pour avoir détruit les statues de sa famille il y a fort longtemps.

Demona:

Kitoe : Shalltear, la Sanguinaire. Il s’agit d’une puissante créature mi-vampire, mi-mort-vivant. Lorsque le sang se répand autour d’elle, la personnalité de Shalltear dégénère progressivement, déformant ses traits et augmentant sa soif de sang. Il s’en suit alors d’une incontrôlable frénésie meurtrière.

Shalltear:

Jämiel : Mumm-Ra, l’Immortel. Il s’agit d’un sorcier mort-vivant qui peut faire appel aux Anciens Esprits du Mal pour augmenter temporairement sa puissance physique.

Mumm-Ra:

Dorian : Jason, le Revenant. Il s’agit d’un mort-vivant quasi immortel animé d’un insatiable désir de venger sa mère, tuée devant ses yeux. Il compense une faible intelligence par une grange force et agilité.

Jason:

Faust : Freddy, le Croque-Mitaine. Il s’agit d’un mort-vivant revenu d’entre les morts après avoir été brûlé vif par les parents de ses jeunes victimes. Il se sert de la peur pour affaiblir ses adversaires avant de brutalement les assassiner.

Freddy:

Créations des Evershas
Deccio : Cerbère. Cette créature chimérique est un imposant chien à trois têtes aux traits démoniaques. Il s’agit d’une créature puissante et résistante.

Cerbère:

Léandra : Chimère. Cette créature chimérique est un lion avec un serpent comme queue de serpent et une tête de chèvre sur le dos. Il s’agit d’une créature capable de cracher le feu par chacune de ses têtes.

Chimère:

Nostradamus : Hydre. Cette créature chimérique est un énorme serpent sur pattes avec cinq têtes. Il s’agit d’une créature capable de régénérer ses têtes quand elles sont coupées.

Hydre:

Omos : Scylla. Cette créature chimérique à un haut de corps humanoïde jumelé aux corps de nombreuses espèces marines pour le bas du corps. Il s’agit d’une créature aquatique.

Scylla:

Èibhlin : Sphinx. Cette créature chimérique à le corps d’un lion, les ailes d’un aigle et un visage humanoïde. Il s’agit d’une créature intelligente et douée de la parole.

Sphinx:

Calanthe : Lamia. Cette créature chimérique à un torse et des bras humanoïdes, mais la tête et le corps d’un serpent. Il s'agit d'une créature agile et sournoise.

Lamia:
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