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 La Guerre des Crocs – Deuxième Partie

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

~ Eversha ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Lun 15 Mar 2021, 14:36



Musique pour les Vampires
Musique pour les Evershas


Le soleil se couchait sur l’Antre des marais et déjà, ses habitants trouvaient refuge où ils le pouvaient. En plein Koza, il ne faisait pas bon vivre dans le marais déchainé. Les animaux, la végétation et même les entrailles stagnantes du vaste marécage étaient animées d’une folie carnassière incontrôlable. Les Evershas n’étaient pas épargnés par le phénomène et l’on ne parlait même plus d’hostilité entre meutes, tout étranger rencontré était tout simplement éviscéré à vue. Seuls les liens les plus solides entre changeurs de forme pouvaient résister à l’influence néfaste de l’Antre des marais dans ses pires moments. Et pourtant, le plateau de Durienrisda était épargné, préservant les Vampires des malheurs qui accablaient les Evershas.

La seule lueur d’espoir dans cet insoutenable climat d’horreur, était qu’une fois sa soif de sang rassasié, l’Antre des marais retournerait en « dormance. » Koza laisserait place à Kita Mara et pendant un bref laps de temps, il ferait bon vivre dans le marais. Ce sera la paix, une paix éphémère, mais ô combien importante. C’est à ce moment que les premières meutes evershas entameraient leur migration vers Durienrisda.

Jusqu’à présent, Evershas et Vampires s’affrontaient lors d’escarmouches, ici et là. Les changeurs de forme ciblaient tout particulièrement le transport des ressources des suceurs de sang, envoyé depuis Myngrimu et Fjörd, lors d’attaques éclairs qui ne laissaient guère de chance aux Vampires de porter la moindre réplique à son ennemi. Cela dit, l’efficacité des Evershas était plutôt faible. Seulement une attaque sur cinq réussissait à neutraliser les escortes vampires et ainsi s’approprier du précieux matériel de guerre. Le reste du temps, les miliciens evershas étaient aux mieux déroutés et au pire, anéanti.

Malgré ces nombreuses pertes, pour peu de gain, le moral des Evershas se portait bien. La nouvelle s’était propagée du soutien que reçut le commandant Typhon de Gargantua au banquet de déclaration de guerre. Ainsi, les forces evershas savaient qu’aux yeux du monde, leur cause était juste et légitime. Cela dit, le Marquis de Sanguice et ses forces vampires n’avaient que faire de l’opinion publique. Ils comptaient défendre farouchement cette terre conquise. Le commandant vampire opta d’ailleurs pour la prudence et recula la ligne de front plus profondément dans les terres saines du plateau de Durienrisda.

C’est précisément vers ces nouveaux espaces disponibles que de nombreuses meutes evershas comptaient se rendre, dès qu’une accalmie se présenterait à l’Antre des marais. Il s’agissait, bien sûr, d’une manœuvre anticipée par le marquis. Somme toute, c’était même à son avantage que les Evershas se rassemblent en Durienrisda. Tant que ces hommes-animaux se cachaient dans les marais, les soldats vampires ne pouvaient pas les pourchasser sans que leur lourd équipement militaire s’enlise dans la boue et fasse d’eux des proies faciles. Au contraire, sur les terres saines du plateau, les Vampires pouvaient maintenant pourchasser les Evershas en déroute et infliger de bien plus lourdes pertes à l’ennemi.

L’autre avantage du vieux marquis était que s’en était fini le temps où les Evershas pouvaient se permettre de simplement harceler les Vampires. Cette fois, chaque camp disposait des ressources de leur peuple pour obtenir la victoire. Ainsi, plus le temps passait et plus le Marquis de Sanguice fortifiait la mainmise de son peuple sur Durienrisda. Il lui suffisait de tenir assez longtemps et les Evershas n’auraient d’autre choix que d’abandonner Durienrisda au peuple de la nuit. Malheureusement pour le commandant vampire, son ennemi compensait leur déficience technologique par le nombre. Il y avait un risque réel d’être submergé.

Sans intervention extérieure, le commandant vampire estimait qu’il avait l’avantage contre son rival eversha. De nombreux Vampires allaient être sacrifiés, mais la horde d’Evershas serait amoindrie une bataille à la fois. C’est ainsi que les Vampires pouvaient être victorieux même dans la défaite. C’était une simple question de mathématiques.

***

Plusieurs des Evershas soigneurs, présents dans la tente des chefs de la meute de Gargantua, se collaient les uns contre les autres, cherchant pour plusieurs à se faire plus petits qu’ils ne l’étaient. L’influence néfaste du marais n’épargnait personne, mais le commandant des forces evershas et son épouse étaient devenus dangereux même pour leur propre meute. Cela faisait plusieurs jours que le couple était confiné à leur tente, et déjà, le sol était souillé de sang, d’os et de rejets corporels.

Contrairement au Marquis de Sanguice, qui se concentrait sur la fortification de Durienrisda depuis le confort de son manoir, Typhon de Gargantua fut envoyé de par le monde pour mener le groupe d’ambassadeurs evershas à la recherche d’alliés pour la guerre. La visite diplomatique chez les Humains sembla fructueuse, mais après le désastre de Port Dirælla, le Grand Totem Rakel dissous le groupe et renvoya dès lors Typhon à l’Antre des marais pour qu’il se concentre enfin sur la guerre.

L’échec de la rencontre avec les Ondins pesait lourd sur la conscience de Typhon. C’est ce qui le motiva à inviter un membre du peuple de la mer à vivre parmi sa meute. Le commandant Eversha espérait ainsi se racheter, en quelque sorte. Évidemment, le but premier de cet échange culturel était de permettre au dénommé Omos de se battre aux côtés des changeurs de forme lors de la guerre. Typhon espérait malgré tout que les connaissances qu’il acquit sur cet Ondin puissent lui permettre d’un jour rétablir la relation Evershas-Ondins, pour peu que ce soit possible.

Avec le fardeau de l’échec, la pression de la guerre et les nombreuses difficultés rencontrées à organiser un peuple chaotique et instable, Typhon devint plus susceptible à l’influence malsaine qui guettait les résidents de l’Antre des marais. L’imposant Eversha tenu bon tout au long de Kita Ohza, où les tragédies s’accumulèrent, mais de subtiles altérations dans son comportement étaient précurseurs du mal croissant en profondeur. C’est finalement une fausse couche de son épouse, Échidna, qui précipita la déchéance du couple.

Par chance, le mal qui affligeait les chefs de la meute fut détecté avant que le pire se produise et ils se confinèrent dans leur tente. Ladon, le principal conseiller de Typhon, était aussi le guérisseur de la meute, mais soulager les blessures mentales était au-delà de ses compétences. Il fallut faire appel à d’autres soigneurs en renfort, et ce, lors du pire moment de l’Antre des marais. Fort heureusement, des soigneurs aux Totems volants purent répondre à l’appel de détresse.

***

Lorsque les soigneurs quittèrent la tente des chefs, un conseil s’organisa dès lors avec les membres éminents de la meute. Il fallait sortir les deux félins géants de l’Antre des marais et le plus tôt serait le mieux. Koza stimulant les pulsions carnassières, les Totems géants se retrouvaient obsédé par le désir de tuer. Typhon avait des moments de faiblesse, mais l’harmonie de son âme avec son Totem de tigre et sa résistance mentale hors norme lui permettait une certaine lucidité. C’était Échidna qui était la plus mal en point.

En tant que Wynmeris, une sang-mêlé, l’âme de la femme n’était pas en harmonie avec son Totem de chat sauvage, et la chatte prenait de plus en plus le dessus sur la femme. Elle était donc sauvage et bestiale, même pour une Eversha. Sans Typhon pour la maintenir dans la tente avec lui, nul doute qu’elle aurait déjà succombé entièrement à la folie du marais et tué une bonne partie de la meute. Toutefois, en restant en présence d’Échidna, Typhon était à son tour tourmenté de plus belle.

Seule la nourriture pouvait alors détourner l’attention des félins géants, dont la gourmandise triomphait sur le désir de tuer. Or, il y avait des conséquences à gaver ces immenses prédateurs. C’était autant pour les concernés, dont la consommation devenait excessive, même pour eux, et pour la meute, qui voyait ses réserves de nourriture chuter drastiquement, alors que la saison était trop dangereuse pour chasser. Il aurait fallu restreindre le couple, mais il n’y avait pas grand-chose à leur épreuve avec les ressources limitées de la meute.

Il n’avait pas été prévu d’envoyé le commandant des forces evershas au front, mais c’était la seule façon de lui permettre, lui et son épouse, de retrouver la santé sans quitter l’Antre des marais. Le plateau de Durienrisda s’élevant au-dessus des marais, les forces malsaines à l’œuvre en contrebas ne semblaient n’y avoir aucune emprise.

Transporter le tigre et la chatte géante, alors qu’ils étaient gavés à l’excès, et ce en plein Koza, ne fut pas de tout repos, surtout lorsqu’il fallut gravir le plateau de Durienrisda. Avec deux meutes en renfort et toute l’ingéniosité disponible ces charges de 600 et 500 kilos, respectivement, furent déplacées, mais l’on y arriva envers et contre tous les efforts du marais pour emprisonner les Evershas en son sein.

***

La présence de la meute de Gargantua sur la ligne de front eut pour effet d’augmenter significativement le moral des meutes en cours de migration vers les abords du plateau de Durienrisda et de déstabiliser les plans du Marquis de Sanguice. Le vieux Vampire avait prévu une guerre d’usure, où les Evershas se jetaient vague après vague sur les défenses vampires. La présence de Typhon en personne impliquait une attaque d’envergure soudaine et sans au préalable tâter les défenses vampires.

C’était de la folie pour Typhon, qui devenait dès lors la cible numéro un des Vampires, mais le commandant vampire n’avait pas prévu une erreur stratégique aussi flagrante. Du coup, le marquis devait décider s’il s’en tenait au plan et sacrifiait les Vampires du front pour amoindrir les forces evershas, ou s’il devançait les Evershas avec une offensive d’ampleur. Évidemment, s’il lançait l’offensive et que Typhon s’en sortait, les Vampires s’exposeraient à une contre-offensive, ce qui pouvait permettre aux Evershas de pénétrer plus profondément et plus rapidement que prévu au cœur des fortifications vampires.

Pendant que le Marquis de Sanguice s’embourbait avec ses conseillés sur comment réagir à la manœuvre osée de son rival, l’absence du commandant eversha au cœur de l’Antre des marais sema le chaos parmi les changeurs de forme. La précipitation de Typhon sur la ligne de front n’avait pas été prévue, du coup, le vaste et abondant territoire de sa meute n’avait pas été réassigné. Devenant soudainement libres, de nombreuses meutes convoitèrent ledit territoire et ce fut l’anarchie et de nombreux morts furent à déplorer.

***

Après bon nombre de petites escarmouches, aucun affrontement majeur n’eut lieu à Durienrisda. Pour le meilleur, ou pour le pire, les conseillers du Marquis de Sanguice convainquirent leur commandant de la pertinence de s’en tenir au plan original, ce qui ramena la guerre au statu quo. Le commandant vampire eut bien du mal à dormir suivant cette décision, mais il eut tôt fait de retrouver ses moyens quand ses espions l’informèrent de la situation des Evershas à l’Antre des marais.

Puisque les Vampires n’avaient pas bougé devant la provocation de Typhon, seuls les Evershas eurent des pertes évitables. Le marquis fit parvenir un cru centenaire de sa réserve de vin en récompense à ses conseillers pour avoir vu juste. À ce rythme, la victoire vampire lui était acquise si les Evershas continuaient de s’entretuer bêtement. Évidemment, le Marquis de Sanguice se garda une gêne à l’égard de ses adversaires. Typhon était incompétent, mais pas à ce point. Quelqu’un, ou quelque chose avait forcément dû lui forcer la main. Il fallait simplement profiter de ces petites victoires faciles quand elles se présentaient.

Typhon et Échidna se remirent assez rapidement de l’influence malsaine qui les affligea. Après quelques jours de repos, ils furent de nouveau aptes à diriger la meute ainsi que l’effort de guerre.



Explications
Voici le deuxième événement de la Guerre des Crocs (2 de 6). Il se déroule quatre mois après le premier événement : la déclaration de guerre. À ce stade du conflit, les Vampires ont consolidé leur position en Durienrisda et les Evershas ont conscrit une énorme armée, réparti aux quatre coins de l’Antre des marais. Plusieurs escarmouches mineures ont eu lieu, mais il ne s’est guère passé de plus que ce qui est courant depuis les dix dernières années. C’est dans ce climat tendu, mais relativement stable, que les Vampires et les Evershas cherchent à sceller les derniers accords avec les peuples étrangers, que ce soit pour éviter les interférences, ou encore, pour gagner quelques ressources supplémentaires avant que les affrontements les plus sanglants ne surviennent.

D’un côté comme de l’autre, quiconque ne fait pas partie de l’armée, ou ne répond pas à un besoin essentiel, sera expulsé des lieux, voire éliminé. Toutefois, qui dit terre défendue, dit possibilité d’affaires. Avec toutes les ressources déployées en Durienrisda et à l’Antre des marais, c’est une situation de rêve pour les contrebandiers, les esclavagistes, les pillards et les pirates prêts à risquer leur vie pour la gloire et la fortune.

Le but de cet événement est d’aider et/ou de nuire à l’effort de guerre d’un ou des deux parties. Exceptionnellement, les personnages de niveaux V et VI peuvent participer ouvertement à cet événement. Cela dit, seuls les personnages rejoignant officiellement l’un des camps (personnages de niveau IV et moins uniquement) pourront fouler impunément le sol de Durienrisda ou de l’Antre des marais.

Pour mieux vous situer et prévoir vos interventions, voici la carte que j'utiliserai.
La Guerre des Crocs – Deuxième Partie _carte12
Cette carte n'est ni officielle ni exacte, mais je m'en servirai pour illustrer certaines interventions des participants de la Guerre des Crocs pour les événements subséquents.

Gains
Pour un message de 900 mots : 1 point de spécialité, 6 points de RP ou une arme.
Pour 1800 mots : le gain de 900 mots plus 1 pouvoir mineur ou un compagnon.

Vous trouverez une description des personnages utilisés dans ma section PNJ et le regroupement de tous les RPs entourant la Guerre des Crocs dans mon Carnet de personnage.

Date limite pour participer : 1er mai

1910 mots de RP
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Aaliah Z'Odra
~ Ombre ~ Niveau I ~

~ Ombre ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2211
◈ YinYanisé(e) le : 22/02/2011
◈ Âme(s) Soeur(s) : On ne peut conquérir un coeur qui abrite l'amour d'un défunt...
◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Ven 02 Avr 2021, 15:57



La Guerre des Crocs – Deuxième Partie


Les Terres de Sympan regorgeaient d’endroit où il ne faisait guère bon vivre, que cela fût par la présence de races hostiles ou bien par une nature sauvage indomptable. L’Antre des marais faisait doublement partie de ces endroits à éviter. Entre les Evershas au Totem terrifiant et les obstacles capricieux du marais, il fallait avoir le pied certains pour ne pas être la proie d’une créature avide de chair. Ou avoir envie de mourir, mais il existait probablement des façons moins douloureuses d’y parvenir. Surtout lorsque le marais entrait dans son troisième moment.  Le koza rendait le lieu plus inhospitalier encore qu’il ne l’était d’ordinaire. Pourtant, la jeune femme ne craignait pas cette période, bien au contraire. Là où la nature devenait sauvage et carnassière pour la plèbe, elle régnait en maitre. Ombre parmi la brume, elle murmura d’étranges sons pour faire venir auprès d’elle ses consœurs de fardeau, Passeurs prêts à se charger du trépas des êtres qu’elle nommerait.

Eviscéré, noyé, démembré, étouffé, empoissonné, la faune et la flore déployaient toutes leurs capacités meurtrières pour happer le marcheur imprudent et garder son corps enfuit dans leurs entrailles. Le spectacle n’était pas beau à voir, sauf pour une Ombre démunie d’émotion. Peu importait l’âge et la manière, seul le résultat final comptait. La mort. Le trépas. Drapée de son pouvoir d’Ezechyel, l’Ombre devenait chimère effrayante pour égarer plus encore le futur défunt. Il lui fallait s’assurer du chemin emprunté, le guider dans la peur pour terminer sa fuite, les pieds englués dans un marécage pestilentiel. L’Ombre le regarda se débattre, résister, tenter de s’accrocher à une liane pour s’extirper de la fange. Il y serait probablement parvenu si l’heure de son trépas n’avait pas résonner en ce jour funeste, mais la Gardienne veillait au bon déroulement du destin. La mort ne pouvait se permettre une seconde de retard. La jeune femme appela à elle un corbeau qui s’empressa de lui obéir. L’homme s’énerva sur le sombre volatil mécontent qui s’attaqua à ses mains à coup de serres et de bec. La victime ne tarda pas à lâcher prise sous la douleur et le bourbier fangeux l’avala dans un son rauque, trahissant une mystérieuse créature affamée, cachée en son sein. L’Ombre regarda la jeune femme, il débutait dans la fonction de Passeur aussi il était encore malhabile lorsqu’il s’agissait de guetter la moindre tentative de fuite. Il fut moyennement rassuré de savoir la Gardienne présente en ce lieu. Plutôt mystérieuse dans ses agissements, peu d’Ombre connaissait son parcours, mais on a la disait ancestrale dans l’errance, peu amicale et un brin tempétueuse. Elle avait ses rares bons jours et ses nombreux jours sans où il valait mieux ne pas la frustrée.  

« Il vit toujours… » se contenta de chuchoter Aaliah en cinere tout en pointant la zone marécageuse où des bulles d’airs remontaient à la surface, dernier témoin d’un scène tragique. Certaines morts pouvaient être lentes et très douloureuse. Il fallait ôter l’âme d’un être pour lui permettre de passer de vie à trépas. Sans cela, il restait vivant. Cela offrait des légendes à des personnages capables de résister à de nombreux coups sans succomber. L’adage était plus qu’avéré, quand l’heure n’était pas là, l’on pouvait survivre à tout… Le passeur hocha la tête et s’exécuta aussitôt pour dérober l’âme à l’infortuné et mettre ainsi un terme à sa souffrance et à sa vie. Il disparut l’instant d’après dans la noirceur de la brume en emportant le précieux objet de sa récolte pour mener à bien le cycle de la vie. Il n’était pas le seul. En levant le regard vers l’horizon, la jeune femme pu constater que les Passeurs allaient et venaient, réalisant leur mission sans trêve, ni repos. La récolte des âmes était particulièrement abondante en cette période du marais…

L’Ombre continua son démarchage, nommant les égarés du marais qui ne retrouveraient ni abri, ni famille en cette période funeste. La liste était longue, presque sans fin. Il y avait toujours une âme en perdition et de sombres créatures affamées. La jeune femme s’enfonça ensuite dans les profondeurs des marais pour aller à la rencontre d’une meute qu’elle savait apeurée, mais dont le destin funeste se réaliserait plus tard. Vivant reculés et abandonnés, les membres qui la composaient craignaient de s’aventurer plus loin que leur étroit territoire. Délaissant sa silhouette chimérique, l’Ombre retrouva son corps fait de chair pour continuer sa marche assurée vers les chétifs totems. Le départ précipité de Typhon avait déséquilibré les frontières territoriales des marais et certains Eversha s’écharpaient entre eux pour conquérir cette parcelle libérée, menaçant des meutes plus pacifiques qui ne cherchaient qu’à rejoindre la migration vers Durienrisda.

Ses yeux sombres finirent par rentrer en contact avec deux iris d’une petitesse peu commune et d’un vert étonnamment pâle. L’homme qui lui faisait face n’avait pas besoin de voir pour ressentir les choses. Sa peau entière lui offrait un regard bien assez large sur le monde de par sa nature. Totem du lombric, son apparence était menues et son ossature visible à travers la finesse de sa peau. Il n’impressionnait personne au premier regard, mais l’Ombre connaissait ses impressionnantes capacités. Ses ennemis disparaissaient rapidement dans le sol lorsqu’ils ne subissaient pas une décomposition accélérée de leur chair sous la magie du vieillard. Cependant, le koza l’empêchait d’avancer avec sa meute par peur de laisser dans son sillage quelques membres bien plus fragile et faible. La meute s’était formée autour des totems de gastéropodes et d’annélides poussés à l’exil par leur apparence répugnante pour les wynmeris malchanceux ou l’incrédibilité de l’animal qui sommeillait en eux pour les evergrims. Un Eversha escargot impressionnait moins les fables héroïques ou carnassières qu’un Eversha ours et restait nettement moins mignon qu’une Eversha lapine. L’éventail des totems était pourtant large… trop peut-être pour apprécier chaque animal représenté.

La jeune femme salua l’homme en le nommant pour abaisser sa garde et aller à sa rencontre sans subir sous courroux protecteur. Derrière lui, une eversha se faufila pour l’observer. Curieuse, elle ne pouvait s’empêcher de dévisager les nouveaux venus, espérant certainement voir un membre en plus agrandir la meute. L’espoir fut de courte durée, sous sa forme originelle, une marte sommeillait. Certes, l’Ombre ferait partie des meutes peu impressionnante, mais elle restait un totem plus avantageux qu’une limace. Toutefois, les yeux de l’Eversha s’animèrent d’une étrange lueur admirative et il ne lui fallut guère longtemps pour lui trouver un surnom à celle qui leur était encore étrangère.

« C’est l’Eversha de la table des hôtes ! » émit-elle pour aider le vieillard à remettre l’aura qu’il ressentait sur un lieu visité naguère. Il hocha la tête en repensant au banquet où quelques membres, dont il avait fait partie, avaient pris part. Ils étaient restés dans l’ombre des festivités, mais pas Aaliah qu’un Augure avait invité immédiatement après son arrivée à la table des hôtes. Une position dangereuse car sa véritable nature l’obligeait à vivre dans une neutralité qu’une guerre risquait de dévoiler. Elle pouvait difficilement prendre part à un évènement dont elle en connaissait déjà la fin et les répercussions sans pouvoir intervenir sur la destinée des participants. Pourtant, elle avait besoin de cette reconnaissance. Pas pour elle, bien évidement. Elle se moquait bien des rumeurs qui se chuchotaient dans son dos. Elle avait besoin d’une identification Eversha pour l’aboutissement de son projet. Si elle restait méconnue, ils n’accepteraient pas de la suivre sans aucune explication. Les Eversha restaient des êtres à l’instinct bruts et sauvages qui avait besoin de suivre un meneur sur lequel ils pourraient compter. Cette meute ne faisait pas défaut à cette règle, même si elle était moins exigeante sur la force et la carrure de leur chef. Leur assurer nourriture et protection sans jugement était leur critère prioritaire.

« Vous seriez vous perdue ? s’interrogea alors le vieillard, intrigué par la présence de l’Eversha dans les profondeurs hostile du marais.
Nullement, répondit la jeune femme en avançant près de la meute qui s’était regroupé pour observer la nouvelle venue. Elle représentait une interrogation à leurs yeux pour être venue jusqu’à eux. Je suis venue vous indiquer le chemin que vous espériez trouver pour mener votre meute à Durienrisda
Nous avons déjà un guide… commença poliment le vieillard
Il ne reviendra pas.
Ah, émit-il alors en haussant les épaules. Il connaissait la dure loi de l’antre des marais. Aussi, il demanda simplement un instant de recueillement pour leur membre perdu avant de s’approcher de l’énigmatique jeune femme. Soyez notre guide pour cette migration, déclara-t-il à haute voix pour annoncer au reste de la meute le départ imminent, mais sachez que je vous surveille, murmura-t-il dans le creux de l’oreille d’Aaliah, ils sont comme mes enfants et il faudra ma mort pour obtenir un rôle semblable.
Votre mort n’est pas de mon ressort» le rassura-t-elle.

Son l’heure n’était pas encore là et Aaliah ne souhaitait pas aller à l’encontre du destin. Il le lui était de toute façon interdit. La meute ne subirait plus aucune perte… pour le moment, du moins. Aussi, elle garda un air détaché malgré la surveillance accru du vieillard qui analysait chacun de ses gestes pour vérifier qu’elle n’attenterait pas à sa vie pour prendre possession de sa meute. L’Ombre traversa le marais, suivit de près par les membres inquiets de quitter leur territoire. Petit et peu fourni en proie, il n’était guère convoité, mais il offrait une protection à ces totems qui supportaient  mal le regard des autres sur leur condition de créature baveuse et gluante. A chaque bruit, chaque mouvement de la nature, l’un ou l’autre clapissait de peur. Pourtant ils ne risquaient rien, mais cela ils l’ignoraient. Avec le temps, la couardise quitterait leur rang. Ils devaient juste apprendre à reconnaître leur capacité et leur valeur.

Arrivée près de leur destination, la troupe se retrouva à proximité d’autres meutes qui tentèrent l’escalade pour rejoindre les hauteurs de Durienrisda. L’entreprise était réalisable puisque le tigre géant y était parvenu, mais elle n’en demeurait pas moins extrêmement dangereuse. Quelques totems se retournèrent pour toiser la nouvelle meute. Des ricanements se firent entendre çà et là. Escargots, limaces et lombrics n’étaient pas charismatiques, mais la présence d’Aaliah a leur côté fit taire quelques remarques.

« Eh bien, on lézarde ? demanda l’Ombre en levant les yeux vers le plateau qui semblait dure à atteindre pour des êtres pourtant bien bâti.
Ce n’est pas aussi simple, répliqua l’un d’eux en essayant de ne pas prendre le contrôle de son totem. Le marais en mettait plus d’un à rude épreuve. Toutefois, pour répondre à la remarque de l’homme, l’Ombre fit un pas de côté pour laisser passer la meute qu’elle avait mené jusqu’ici. Les hommes et femme au totem escargot crachèrent sur les parois rocheuses avant de plaquer leurs mains sur le mucus émit.
Répugnant… »

C’était un terme adéquat pour décrit l’ascension peu orthodoxe de la meute, mais au moins elle y parvenait avec aisance et sans perdre un membre dans une chute mortelle. Bien accrochés et s’éloignant du marais et de l’ambiance que le koza y faisait régner, chacun prenait un peu plus d’assurance. Ils n’étaient pas forts, mais ils avaient de la ressource. Participer à l’effort de guerre leur donnerait peut-être accès à un statut qu’ils avaient perdu en vivant reculé. Certains voulurent remercier leur guide, mais celle-ci avait déjà disparu, au grand étonnement même du vieillard qui avait pourtant juré de surveiller ses faits et gestes pour protéger sa meute. Il avait senti sa présence sur le plateau de Durienrisda, mais une seconde d’inattention de sa part lui avait suffi pour s’éclipser. Peut-être était-elle retournée auprès de totem plus glorieux. Après tout, elle était la femme de la table des hôtes et ceux-ci étaient présents en ces lieux.


1956 mots
Merci pour l'event


La Guerre des Crocs – Deuxième Partie CLDAsI2

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Astriid
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◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Mer 07 Avr 2021, 15:38

La Guerre des Crocs – Deuxième Partie Fm3t
La Guerre des Crocs II



Explications (pour ceux qui liraient nos bêtises) : Avec Faust, on utilise le gain de Noël de l'Echange de corps (guirlande argentée) :
Spoiler:



Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : II | Zvyar

Spécialités :
- Agilité : 10
- Force : 10
- Charisme : 10
- Intelligence : 11
- Magie : 10
Les bras chargés d'une caisse de bouteilles de vin, je succombais progressivement à l'état second qui précédait généralement l'endormissement. De manière diffuse, comme si je m'étais enfoncé sous l'eau, je percevais vaguement le murmure de la conversation entre Laysa et le caviste. J'étouffais un bâillement. Je dus manquer de discrétion car la Vampire me lança un regard appuyé. Avec une lenteur neurasthénique, je compris finalement le message logé dans ses prunelles impatientes. «Je t'attend dehors.» Marmonnais-je en traînant des pieds pour sortir. Happé par l'air glacial de Merhonëan, je résistais au frisson qui s'empara de moi et qui chassa la brume qui enveloppait mon esprit. Un air maussade peint sur le visage, j'ignorai les passants qui emplissaient rapidement les ruelles aux premières heures nocturnes pour vaquer à leurs occupations. Appuyé contre le mur, la tête calée en arrière, j'exhalais un lourd soupir. Je suivis du regard la vapeur qui sortit de ma bouche et m'abîmait dans la contemplation du ciel obscurci par les éternels nuages. Un temps de dépressif.
La porte tinta et le parfum fruité de Laysa révéla sa présence à mes côtés. «Tu penses qu'on a bien fait de refuser l'offre du Marquis ?» Demandais-je soudainement. Elle posa un regard surpris sur moi. «J'ignorais que ça pesait tant sur ta conscience.» Ironisa la brune avant de marcher d'un pas vif dans la ruelle. Je la suivis en replaçant maladroitement la caisse encombrante dans mes bras endoloris. Je reniflais avec dédain. «N'exagérons rien. Je me demandais juste comment le vieux s'en sortait avec Durienrisda.» La Vampire haussa les épaules. «N'y pense plus. Ça ne nous concerne plus. Et Magnus n'a pas non plus vu d'intérêt à s'investir.» Ah. C'était donc ça la vraie raison sous-jacente à son refus. Pour une fois que les décisions du Vampire étaient alignées avec mes désirs, je n'allais pas insister. De plus, si même la Lignée de Thanos rechignait à soutenir le Marquis, ça ne devait pas encourager les autres à aider Sanguice dans sa guerre de fierté. Qui se souciait de ce marais puant et inhospitalier de toute façon ? Qu'on y laisse croupir les bêtes si elles voulaient tant ce lopin de terre putride, moi ça me convenait. C'est là toute la beauté de l'ironie comme j'allais le constater très prochainement. Sentant un tiraillement, je ralentis pour regarder autour de moi, mon instinct à emmerdes s'affolant. «Qu'est-ce que tu fabriques ?» Râla Laysa, visiblement pressée de retrouver la chaleur et le confort de notre maison. Basculant le poids de la caisse sur un bras, je palpai ma poitrine en cherchant l'origine de la tension. «Je...» Balbutiai-je, déconcerté, avant de voir ma vision se troubler pour laisser place à un lieu puant et radicalement différent des rues étroites et pavées où je me trouvais une seconde auparavant.
J'eus à peine le temps de siffler un juron, je chutais lourdement sur le sol, m'éraflant tout le côté droit. Dans les secondes qui suivirent, je restais prostré au sol, analysant la situation. J'étais nu. Première constatation, et peut-être la pire. Je ne reconnaissais pas du tout l'endroit où je me trouvais mais j'avais un mauvais pressentiment et je révisais mon jugement précédent. Être nu n'était peut-être pas mon problème le plus pressant.
Je me redressais et braquais mon regard sur ceux qui m'observaient avec curiosité. Certains ne purent se retenir de lancer des railleries. Dans le plus grand des calmes, je déclarais : «Bonjour.» J'écarquillais aussitôt les yeux, ne reconnaissant pas la voix qui prononça ce mot. Je ramenais mes cheveux en arrière, beaucoup plus longs qu'ils ne devraient l'être. J'étais aussi plus grand. Mon regard tomba alors sur une ignoble bestiole perchée sur mon épaule. Avec horreur, je reconnus le répugnant macaque miniature de Faust. Dans un réflexe presque instinctif, je balayais cette saleté bourrée de tiques d'un revers de la main. C'était pénible mais force était de constater que, selon toute vraisemblance, j'étais dans le corps de ce Rahzdens obscène. L'immonde bestiole fixait sur moi des yeux globuleux chargés de ressentiment et je fis mine de lui lancer un coup de pied pour l'éloigner un peu plus par précaution. Moi vivant, ce truc ne me toucherait pas.
Ignorant ceux qui m'observaient comme un animal particulièrement insolite, je me drapais dans ma dignité à défaut d'autre chose et quittais la place publique - d'un pas un peu plus rapide que la moyenne malgré tout - comme si j'avais la situation sous contrôle. J'avais à peine parcouru quelques mètres que je tombais sur Zoya. Si la voir me soulagea, la Vampire blonde en revanche riva un regard stupéfait sur moi. Finalement, elle se pinça l'arrête du nez - comme je la comprenais - et déclara d'un ton menaçant : «Faust, si tu penses que c'est le bon moment pour tester ma patience, je...» «Euh, une petite seconde.» Je lui avais coupé la parole et je crus qu'elle allait m'arracher la tête pour mon impudence. Précipitamment, j'ajoutais : «C'est que je ne suis pas Faust.» Ma réponse sembla énerver davantage la Vampire et, encore une fois, comme je la comprenais. «Je suis Dorian, vous vous rappelez, à Merhonëan, avec Laysa.» «Ça commence à bien faire cette obsession pour l'autre bigleux. Respecte-toi un peu. Je veux bien tolérer ta cochonne et tous les animaux qui te chantent mais...» C'était regrettable qu'elle refuse de m'écouter car j'étais sincèrement d'accord avec elle. «Mais je...» Elle leva la main pour m'interrompre, elle en avait gros. «Silence. Il est temps de te reprendre en main. Dès que nous aurons quitté Durienrisda, je vais...» «Durienrisda ?» Répétais-je, consterné. Mon terrible soupçon se confirmait. C'était bel et bien le plus beau jour de ma vie. Merci Lubuska, je n'en demandais pas tant. «Oui abruti, ne me dis pas que tu es amnésique en plus ? Et il est où ce canasson ? Tu vas me dire qu'il a volé tes vêtements et s'est enfuit avec ?» Tout ça commençait à franchement me gonfler. J'avais beau essayer, rien à faire, je n'arrivais pas à me rappeler à quel moment j'en avais quelque chose à faire de tout ça. Seul le respect que j'avais pour Zoya me retenait de ne pas lui tourner le dos et de me tirer. Et peut-être un chouïa de peur aussi. «Ecoutez. Je pense que Faust s'est retrouvé dans mon corps et moi dans le sien. Aidez-moi s'il vous plaît car, croyez-moi, je n'éprouve aucun plaisir à cette situation.» À mon ton suppliant, elle me jeta un regard dégoûté. J'avais apparemment déçu ses attentes qui n'étaient déjà pas excessives. Elle marmonna quelque chose comme "tous pareils" et "faites des gosses" ou encore "je vais prendre une retraite anticipée avec toutes ces conneries" et "ou partir en thalasso avec Laysa tiens" puis finit par soupirer. «Mmh. Je suis sûre que tout finira par rentrer dans l'ordre. C'est ennuyeux mais finalement, ça me fera des vacances.» Elle réfléchit, m'évaluant et je me couvris de mes mains, légèrement mal à l'aise face à cet examen. «Eh bien c'est dommage pour toi mais tu vas quand même m'aider et te rendre utile. Ça te changera et moi, je ne perd pas de temps. Je ne tiens pas à rester ici plus longtemps que nécessaire. Les Evershas ne sont pas loin, ça se sent à plein nez.» Vexé, je me renfrognais. Elle n'y prêta pas attention et me fit un rapide résumé de ce qu'elle avait envoyé Faust faire. J'intervins : «Pardonnez-moi mais je ne vois pas bien pourquoi je devrais faire le boulot de Faust.» La Vampire me frappa et ma rébellion cessa aussi net. «Et habilles-toi pour l'amour de Lubuska !» Zoya était aussi hargneuse qu'un de ces ridicules petits chiens qui aboyaient au moindre pet de vent. J'en venais presque à regretter ma Créatrice. Ne voyant pas d'autre issue à ce cauchemar, je dus me plier à ses ordres et partis à la recherche d'un cheval avec la mort dans l'âme.


1411 mots


La Guerre des Crocs – Deuxième Partie Aoyv
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
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Stanislav Dementiæ
Jeu 08 Avr 2021, 10:29


Image par Angju .
La guerre des crocs - II
Vulpina

« J'ai entendu dire que tu avais fait appel aux services des Borja. » Vulpina, allongée sur la méridienne, lisait paresseusement son recueil de poésie, dans l'espoir de se familiariser davantage avec la langue locale. Le Geludah restait d'une complexité prodigieuse, l'obligeant à s'exprimer en langue commune. Une tare qui ne cessait de la discrédité aux yeux de ses nouveaux voisins. La sorcière cherchait donc à effacer ce défaut au plus vite, prenant des cours particuliers chaque jours, s'empreignant de l'écriture et des sonorités en s'y confrontant le plus longtemps possible. La voix de Nino, qui n'usait ni du dialecte de Pabamiel ni de celui du sud de l'archipel, la tira donc de ses rêveries. Le Fiamme s'était approché de sa concubine, jusqu'à s'arrêter à sa hauteur. Debout, il semblait la dominer par sa posture, les bras croisés sur son torse et son visage trahissant clairement son mécontentement. « Est-ce vrai ? » insista-t-il d'un ton bourru. La blonde soupira tout en se redressant, fermant le petit livre après avoir corné la page à laquelle elle s'était arrêtée. Elle se para d'un sourire charmant, comme si l'interrogatoire de l'homme ne l'importunait aucunement. « Bonjour Nino. Je suis ravie d'enfin pouvoir profiter de ta compagnie. Tu étais tant occupé ces derniers temps, avec tes voyages d'affaires et tous ces comptes à rendre qui te gardaient loin de moi... Si j'avais su qu'il me suffisait de si peu pour enfin attirer ton attention, j'aurais sollicité les Borja bien plus tôt. » nargua-t-elle en se levant, le contournant pour ne pas avoir à lui faire face directement. En usant de leur service, la sorcière savait pertinemment qu'une confrontation avec l'homme serait inévitable. Cela ne signifiait pas pour autant qu'elle avait envie de s'y frotter. Dans l'état actuel des choses, le mage noir restait bien plus puissant qu'elle - sans doute trop pour qu'elle puisse lui tenir tête indéfiniment : sa seule manœuvre était de jouer du chantage qu'elle exerçait sur lui depuis son arrivée à Spectre, et si la menace l'avait tenu docile jusqu'à présent, elle se doutait qu'il agissait dans l'ombre pour se défaire de cette emprise. Elle n'aimait pas du tout cette situation. Elle se devait d'équilibrer la balance, en scellant leurs épousailles, mais devait avant cela régler quelques soucis. Ce délai retardait l'échéance et la contrariait davantage encore. De toute manière, elle avait su que cette discussion se déroulerait en sa défaveur : elle n'était pas dupe au point d'imaginer pouvoir affronter Nino sur un pied d'égalité. « Tu es allé quémander l'aide d'une autre Maison, sans passer par moi au préalable. Tu me fais paraître faible, en refusant mon aide de façon aussi évidente ! » tonna-t-il, un orage dans son regard anthracite. « Allons allons, calmez-vous très cher. » minauda la vipère, continuant à déambuler dans ses appartements sous le regard implacable de son hôte. « Dois-je vous rappeler que vous ne porter pas votre masque ? Paraître aussi furibond pourrait nuire à - » « Foutaises ! » pesta-t-il en se rapprochant dangereusement de la femme, la forçant à reculer jusqu'au mur, plaquant ses bras de chaque côté de sa tête pour lui barrer toute retraite. « Pourquoi ? » Ce n'était pas une question. Plus un ordre : répondre de ses actes. « J'avais besoin qu'un travail soit exécuté. Les Borja en sont simplement les exécutants, voilà tout. » « Et quelle est la nature de ce travail, exactement ? » « Rien qui ne concerne Spectre, de près ou de loin. » essaya-t-elle de l’apaiser, se rapprochant de lui comme pour l'embrasser. Aucunement déstabiliser par ses caresses, Nino fronça davantage les sourcils. « Réponds à la question. » Vulpina soupira, s'appuyant de nouveau contre le mur de marbre, inspectant ses ongles parfaitement limés pour essayer, en vain, d'échapper au regard tranchant de son interlocuteur. « J'ai simplement décidé d'aider mes nouveaux alliés. Comme je te l'ai laissé savoir, une guerre est en train de se dérouler. Elle a beau être loin d'ici, elle reste concrète et me concerne, que tu le veuilles ou non. » La vipère gigota, inconfortable dans cette position de soumission. A l'intérieure, elle bouillait au moins autant que son juge. « Pour l'instant, aucun des deux camps ne semble prendre le dessus sur l'autre mais la situation reste tendue. Lorsque cet équilibre éclatera, la victoire sera écrasante. Tu me connais, je ne compte pas rester sagement les bras croisés et attendre de voir comment les choses évoluent. Je ne compte pas être dans le camp des perdants. » Un rictus agacé se dessina sur le faciès du fiancé. « Tu me fais passer pour un sot, tout ça pour soutenir une guérilla de pacotille à l'autre bout de l'océan ? » Sa voix tremblait, menaçant d'exploser. « Je te l'ai dit. Que tu le veuilles ou non, je suis désormais concernée par cette "guérilla de pacotille". Et cesse de t'inquiéter pour si peu. Je ne suis pas idiote, je ne me suis pas présentée à eux sous cette identité. » lâcha la femme en s'extirpant de force de l'emprise du Spectre. « Et tu crois que ce sera suffisant ? J'ai réussi à entendre parler de cet échange et à remonter la piste jusqu'à toi aisément. » « Seulement parce que tu m'as fait suivre par l'un de tes domestiques. » répliqua aussitôt l'accusée, balayant cet argument d'un geste de la main. « Et quand bien même ils parviendraient à remonter jusqu'à moi... J'ai déboursé suffisamment d'or pour m'acheter leur discrétion. Là encore, si cela venait à ce savoir, il y aurait peu de répercussion : cette affaire ne concerne pas Spectre et son implication reste minime. Je serai, tout au plus, celle qui aura misé sur le mauvais cheval, si la guerre venait à pencher du mauvais côté de la balance... Rien qui puisse nuire à ta précieuse réputation, ni à ton honneur. » La plaidante savait cependant qu'il ne s'agissait pas de son seul tort. Elle lui avait refusé un contrôle total sur ses agissements au sein de Spectre, pour la seconde fois déjà, et cela le rendait fou. Nino traça lentement son chemin jusqu'à sa camarade. Son aura était menaçante, déclenchant même un frisson d'horreur chez sa cible. « Ce n'est pas comme si j'étais la seule à m'offrir les services des Borja. Tout le monde en use. Cela ne veut pas dire qu'ils perdent la main. » essaya de se justifier la blonde. L'homme ignora son argument et, arrivé à sa hauteur, il s'empara du visage délicat de Shiva, avec une délicatesse alarmante. « Ne me défie plus, Vulpina. Tu ne veux pas savoir ce qu'il arrivera si tu viens à bout de ma patience... » Et, tout aussi tendrement, l'homme se baissa pour déposer un baiser sur la joue de son otage. Sans lui adresser un autre regard, il la contourna pour sortir de la chambre.

Vulpina resta immobile quelques secondes, essayant de contrôler les tremblements qui la prenaient d'assaut.




« Madame Vaughan. » salua l'homme en embrassant la main que lui tendit son invitée. Celle-ci se fendit d'un sourire. « C'est un plaisir d'enfin pouvoir associer un visage à votre nom, lord Berminton, après ces mois de discussion. » Le comte acquiesça poliment avant de diriger sa compagne jusqu'à un fauteuil. « Joie partagée, ma chère. D'autant plus que j'ai la chance de m'entretenir avec celle à qui l'on doit la réussite de nos opérations... Vos hommes ont fait un travail remarquable. » Vulpina accepta volontiers le verre de vin qu'on lui proposa. « Ils n'auraient pas pu se révéler aussi efficace sans votre aide. Les informations que vous leur avez fourni ont été cruciales. » le flatta-t-elle. Elle avait lu le rapport envoyé par ses subordonnés. Les Borja avaient effectivement réussi à intercepter plusieurs meutes se dirigeant vers l'Antre des Marais pour venir en soutien à Typhon. On ne les avait plus revu depuis leur échange avec les bourreaux de Spectre. « A notre réussite ! » trinqua le noble. « Et à celles à venir. » La sorcière bu quelques gorgées du vin. Il était loin d'être mauvais. « Qu'en est-il de votre côté ? » voulut savoir la mage des ténèbres. Après tout, l'avancée de ses affaires la concernait également.  A la suite du banquet, la vipère avait prit contact avec plusieurs de ses alliés, sous l'identité d'Anne-Lise. Elle avait, avec leur support, organisé plusieurs assauts pour déstabiliser les forces ennemies. Ses efforts semblaient commencer à payer. Il ne fallait cependant pas se contenter de ces maigres victoires : les hommes-bêtes ne resteraient pas les bras croisés non plus. Elle se doutait que des plans similaires se mettaient en marche de leur côté, par l'intermédiaires des recrues obtenues lors du banquet. « Le convoi est bientôt prêt. Nous leur ferons parvenir des vivres ainsi que des armes et un support financier. » résuma l'homme d'affaire. « Ainsi que mes hommes et ceux de nos collaborateurs. » La fausse magicienne lui répondit par un sourire satisfait et complice. « Les Borja resteront aux alentours du Marais pour essayer de retarder l'arrivée des renforts, épaulés par les milices de Sir Petrov et Lazemny. » « Excellent. » approuva la femme en terminant son verre. « Ce sang ne sera plus de première fraîcheur, mais sera toujours meilleur que celui des proies chassées sur leur terres, ou pis encore : celui de ces sauvageons. » plaisanta l'Ombra. « Aucun doute que nos produits raviront les papilles des combattants. » assura le marchand avec satisfaction. Vulpina laissa une légère pause s'installer avant de reprendre. « Ajoutez-moi également parmi les recrues envoyées auprès du Marquis. Je me rendrai à Durienrisda avec le convoi. » L'homme sembla surpris par la requête, papillonnant bêtement des yeux. « Vous, Madame ? » « Moi. » confirma simplement la mage. « Je n'en ai peut-être pas l'air, mais une fois sur le terrain, je saurai me montrer redoutable. » La femme comprenait cependant son inquiétude et sa décontenance. Son apparence chétive laissait effectivement peu de place à un imaginaire combatif. Même sans cela, elle ne s'était jamais livrée à une bataille de front, à attaquer un ennemi de plein fouet. Elle excellait davantage dans la surprise. Difficile, cependant, de s'en prendre de cette manière à ces bêtes sauvages capable de la repérer avant même qu'elle n'entre sur leur territoire, tout particulièrement en cette période : elle avait entendu dire que les Béluas se montraient plus bestiaux encore qu'à l'accoutumée, leur instinct primitif ravivé par Koza. Son départ était davantage animé par un désir d'échapper à la surveillance que Nino avait renforcé que par un réel dévouement pour leur cause. Cette dernière lui offrait cependant un parfait prétexte pour s'échapper de l'emprise du Fiamme. « Je resterai ici en attendant le départ. » trancha finalement la sorcière.
1807.
Merci pour l'event !  nastae
Il y a une milice qui essaye de repousser l'arrivée des secours Eversha. Vous pouvez dire que vous les repoussez.




Merci Kyky  nastae
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Ven 09 Avr 2021, 01:13

La Guerre des Crocs – Deuxième Partie Nucc
« Le nion n'a jamais eu de placard. »



Cette guerre ne me seyait guère. Je la trouvais relativement grégaire, et un tantinet vulgaire, c’est pourquoi je ne touchais terre en dépit de mon acte volontaire. Au lieu de pisser sur un réverbère, j’aurais sans doute dû me rendre aux sanitaires pour ne point contrarier mon beau-père. Le fait d’être célibataire depuis autant d’années n’arrangeait rien à mon caractère. Tant pis, j’en toucherais un mot au petit Robert, le voisin de ma voisine, un petit délateur à la con. Ouais. J’avais développé beaucoup de qualités des mains de Dimitri, à commencer par mes envolées lyriques. Désormais, je savais compter deux par deux et lacer mes chaussures, et cela sans aucune intervention extérieure. Je prenais un peu d’aises aux abords de la rivière qui bordait la forêt de Durienrisda en attendant les injonctions de Zoya. Elle m’avait mené ici sans en clarifier les raisons – hormis au sujet de canassons – avant de s’éclipser dans la pénombre. Au début, je pensais qu’elle souhaitait simplement me noyer pour en terminer au plus vite sans engendrer d’effusions de sang superflues, mais ça ne semblait pas aussi anodin. D'autant qu'elle avait apporté ce panier-repas dans lequel gisait un cordon. Je patientais donc, une pierre à la main en m’amusant à faire des ricochets. Je venais à l’instant de battre mon record avec le nombre hallucinant d’un rebond et demi. Pris d’une envie irrésistible en raison de l'ennui, je jetais la guirlande autour de mon cou comme je l’aurais fait avec un foulard. Ça m'allait plutôt bien, elle me donnait beaucoup de sex appeal. Zip Zap, mon tarsier, se laissa submerger par la curiosité. Grimpant sur mon épaule, il manipula le feuillage argenté de mon accessoire de mode. Pour célébrer cette acquisition, je me rendis sur la place du village, et me positionnant contre un mur, je me joignis à la fête en versant ma tête au sol tout en orientant les deux pattes en l’air. Zizi se percha sur le mien, le regard morose. Il contemplait les gens qui nous étudiaient, probablement conquis par notre art divinatoire. Et puis la magie opéra ; luisant tel un diamant, la guirlande fut secouée de spasmes. Quelque chose se produisit, et ce quelqu’un chose m’amena à changer d’endroit, à changer de vie, à changer de corps. Pas n’importe lequel. Lubuska avait enfin entendu mes prières en réalisant mon souhait le plus cher : celui de pénétrer la chair de Dorian.

Une caisse entre les bras, je la lâchais aussitôt, surpris par le bris de verre qui s’opéra. Celle qui ressemblait à ma Créatrice sans y ressembler me jeta un regard noir. Elle me glaçait le sang, mais ça venait aussi du fait que je me retrouvais à poil avec une température en chute libre. « Qu’est-ce que tu fous ? T’as craqué ? » En dehors de son envie de m’étriper, d’autres adolescentes me dévisagèrent en minaudant. Je m’attendais à une vie moins trépidante, limite parsemée d’embûches. Mais ce n’était pas le cas. A contrario, il bénéficiait d’une solide réputation, surtout auprès de la gent féminine. J'esquissais mon plus beau sourire. Enfin, j’essayais, car un truc semblait enrayer l’engrenage du mécanisme. Mes lèvres se distendirent avec une peine considérable. Toutefois, je ne renonçais pas pour si peu, c’est pourquoi à force de lutter, mes lippes se prolongèrent en un étrange rictus. Celui-ci mit aussitôt le feu aux joues de la jeune femme qui prit la poudre d’escampette. En revanche, c’est à ce moment précis que Laysa me dévisagea de la tête aux pieds, la bite a l’air et le sourire le plus consternant qu’elle ait dû voir de sa longue carrière. « Qu’as-tu fait de Dorian ? Réponds avant que je ne m’énerve. » Un sens de la déduction sans pareille. Je fronçais aussitôt les sourcils, crispant mes lèvres en une moue infâme, courbant à peine le dos. Enfin, je plaçais mon index sur ma tempe, entreprenant la pose de quelqu’un que j’imaginais avec un balai dans le fondement. Échec. On avait surtout l’impression que je me payais la plus grosse constipation de ce siècle. « Je te laisse trois secondes supplémentaires, pas une de plus. » J’agitais les mains dans tous les sens, espérant de tout cœur la dissuader de s’en prendre à moi. Épris par la peur la plus primitive qu’il m’ait été donné d’éprouver. « J’suis Faust ! Pas taper, madame, j’ai la phobie des taquets ! » Elle s’arrêta nette, stupéfaite par la révélation que je venais de lui apporter. Un état de choc que je ne comprenais que trop bien. C’était comme de lui apprendre la mort de son enfant. Et la naissance d'un autre, plus moche. « Bien. Continuons. » What ? Enfin… quelle femme. Sans un mental d’acier aussi élagué, je présume qu’elle aurait été inconsolable face à cette funeste nouvelle. « Si tu es dans son corps, alors lui est dans le tien, et donc avec Zoya. Je ne me fais pas trop de soucis, ni pour lui ni pour elle. » Des étoiles se logèrent dans mes mirettes. « Vous êtes si forte. » « Rien à voir. Je me fais avant tout du souci pour toi. Qui sait combien de temps je vais tenir avant de t’étrangler ? Ma patience est très limitée comparée à la sienne. » « Oh, si c’est que ça, n’ayez crainte. J’ai promis à Dodo de plus pisser dans votre maison. Et puis, je dois trouver des alliés pour la guerre à venir. Et je sais parfaitement où chercher, attendez-moi ! » Dépitée, elle me laissa partir tandis que je courrai cul nu les bras levé tel un gosse qui découvrait pour la première fois les joies de la nature. Et du naturisme du coup.

Bien que déambulant dans le plus simple appareil, j’avais une mission à remplir, à défaut d'autre chose. Et puis la vue d’un pénis aussi conséquent ne me dérangeait pas outre mesure. En cas de besoin, j’aurais tout le loisir de m’en servir comme d’une béquille pour supporter mon poids, ou éventuellement l’utiliser comme levier pour exhumer quelqu’un, et en dernier recours me défendre avec comme un gourdin. Pour autant, je ne devais pas oublier les directives de Zoya au sujet de la guerre. À mon niveau, je ne pouvais distribuer que des encouragements. À moins que... Mais bien sûr. En tant que séducteur attitré dans le dernier magazine en date, j’aurais sans doute de quoi faire pour recruter un nombre conséquent de courtisanes. Parfait. Pour se faire, rien de mieux que de me rendre là où elles se rassemblaient en masse, à savoir la ruche. Je crois que c’est ainsi qu’on nommait les bordels de Durienrisda. J’appris à mes dépens que je me fourvoyais en soutirant des renseignements aux locaux, puisque ceux-ci m’orientèrent vers les ruches. Par les ruches coquines, mais insecticides, ce qui provoqua quelques péripéties pas piquées des hannetons. Entre le fait d'être pourchassé par des abeilles qui m’éperonnèrent le cul et les accusations pour attentat à la pudeur, je fus pratiquement associé aux péchés avec plus de correspondances que les Démons eux-mêmes. Caché derrière un rempart, j’attendais patiemment le passage des gardes pendant que je grattait mes pieds suite aux démangeaisons. Pour ne point me faire occire, je n’avais d’autres choix que de dégoter une tenue qui saurait protéger mes jolies fesses blanches et ainsi circuler incognito auprès des intolérants à la nudité. D’une certaine manière, j’arrivais à concevoir la jalousie qu’ils éprouvaient envers moi. « Je me trouvais dans un corps jeune, beau et plein d'entrains », pensais-je en me décrottant le nez de la plus digne des manières.

M’introduisant à l’intérieur de cette maison presque abandonnée, je me saisissais de la grand-mère et des trois enfants couchés à l’intérieur pour presque les laisser en vie. Ils gisaient à présent au sol, dépouillés d’une grande quantité de leurs sangs. Ils pouvaient se sentir honorés, car grâce à eux je me voyais de nouveau revigoré de toute mon énergie. Gonflé à bloc pour repartir du bon pied, il me restait désormais à m’affranchir de ce corps pour qui j’éprouvais une attirance sincère. Heureusement qu’il m’était impossible de le refléter dans la glace, sans quoi j’aurais très certainement perdu le contrôle. Touchant mes biceps, je glissais mes mains d’un geste lascif sur mes triceps, contournant les lignes de mes abdos et de mes hanches pour les poser sur mon sexe et… me prendre pour un sabreur chevronné. Prends ça, et ça ! Et encore ça ! M’en servant comme d’une épée, je renversais tout sur mon passage. Le pouvoir de la teub, inexpugnable, vainquait n’importe qui. Lorsque j’eus terminé mes conneries une bonne fois pour toutes, je m’empressais d’aller regarder à l’étage histoire de fouiller dans les placards. Peut-être y trouverais-je mon compte. Mes doigts délogèrent une écharpe ainsi qu’un vieux chapeau jonché de trous. Avec si peu, je ne pensais pas pouvoir couvrir toute la surface de ma peau, déjà que ça me paraissait déficitaire pour mon pénis… Je ressortis quelques instants plus tard, vêtu intégralement de l’habillement de la grand-mère qui se retrouvait désormais dévêtue dans le salon. Je manquais de temps pour attendre leurs réveils et leur expliquer la situation, c’est pourquoi je leur avais laissé un mot à l’intérieur : « . ». Comme je ne savais ni lire ni écrire, c’est tout ce que je pouvais leur dire.

Cette tenue, bien que trop courte, me rendait indétectable aux yeux d’autrui. Ils me lorgnaient certes curieusement, mais rien d’inhabituel dans mon cas. Sans doute qu’ils connaissaient Dorian et que lui aussi assouvissait certains penchants mal perçus. Je ne le jugeais pas, car aussi bizarre soit-il, je l’accepterais. La bromance entre nous, indéfectible, serait de toute façon récompensée dès lors qu’il se soumettrait à mes fantasmes. S’il résidait dans mon corps comme je jouissais du sien aujourd’hui, il devait sûrement être fou de joie.  Quoiqu’il en soit, je repris ma route en direction du centre hippique. Très accueillants, les gens de là-bas m’adressèrent la parole sans manquer de discernements. Ils fumaient beaucoup, parlaient très lentement et portaient de drôles de couvre-chefs, certes, mais au moins ils ne s’indignèrent pas de ma présence. Qui plus est, ils conservaient un bon paquet de chevaux. « Hey, les gars, vous pourriez me laisser passer ? Je ne dirais rien à personne, alleeeez. » « Ha ha, trop délire mec. J’adore ton déguisement. Tu peux y aller, mais ne touche à rien, OK ? » « Pas de prob, Bob ! » Avec cette apparence, j’attirais la sympathie avec d’autant plus de facilité. Ma réputation en tant que Faust — la bête noire — ne m’aurait jamais permis d’y entrer normalement. En parcourant les différentes boxes, je m’arrêtais devant l’inscription sur laquelle figurait une plaque. Ou inversement. « Ca-nna-bis. » Appuyant sur la poignée, j’entrais discrètement à l’intérieur, me glissant subrepticement derrière le tas de foin. Je m’emparais ensuite de la fourche et ouvris la portière de l’animal ; un splendide cheval s’offrait à moi, sa robe immaculée me saisissant d’effroi. Je le mis aussitôt en selle avant de l’enfourcher, pas peu fier d’avoir dégoté cette merveille. Me cramponnant à lui, je remuais sur son dos afin de le faire bouger sauf que… et bien il ne fit expression d’aucune réaction. J'avais beau me tordre dans tous les sens, il resta là à brouter sa paille. « Tu n’avances pas du tout, Cannabis. » Au terme de nombreux efforts et six heures de durs labeurs, ma monture et moi étions libres. Deux vieillards et une tortue nous dépassèrent en chemin, mais je restais convaincu que nous allions faire un malheur lors de cette guerre.


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Dim 11 Avr 2021, 20:44

La Guerre des Crocs – Deuxième Partie Eo2v
« Toute guerre est un manichéisme. »



Sa démarche qui consistait à prêter main-forte aux Evershas se résumait en un concours de circonstances. Au vu de ce qui se dégageait des deux clans et des organisations de chacun, les Vampires ne feraient pas long feu. Pas s’ils ne se posaient pas les bonnes questions. Assis autour d’un verre en plein air — au milieu de nulle part pour ne point se planter — avec l’un de ses plus fidèles camarades, Deccio et lui débattaient. « C’est la poussière qu’ils vont mordre. Rien d’autre. Sanguice est un vieux croulant pathétique, son temps est révolu. Certains lui manquent même de respect en l’appelant Joe Biden, je me demande pourquoi. Et j’te parle même pas de ceux que j’ai croisés récemment. Lors d’un séjour à Myngrimu, je suis tombé sur l’un d’entre eux qui devisaient avec un porc. Et à Durienrisda c’est pas mieux, j’ai vu un Vampire fringué en grand-mère. Autant te dire qu’ils partent avec un paquet de points de retards. » « À ce niveau-là, j’sais même pas si on peut qualifier ça de retard. Nous, on a du retard sur l’extension des territoires. Eux ils sont toujours à l'arrêt. » « Ils se portent mal, c’est un fait. Et pourtant, l’histoire nous a maintes fois prouvé qu’aucune guerre n’était gagnée d’avance. Comme n’importe quelle créature, les Vampires sont acculés. Par essence, c’est dans cette configuration qu’ils sont les mieux lotis. » « Ne me dis pas que tu penses qu’ils ont l’avantage. » « Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils avaient prévu ce qui est en train de se produire. Toutefois, force est de reconnaître que les différences culturelles entre ces lignées sont un atout majeur. Les Thanos excellent en stratégie martiale, et je peux te le confirmer, je me suis retrouvé confronté à l’un deux. » « Au fait, pourquoi soutenir ces fauves puants ? Ils t’ont promis monts et merveilles ? » Interrogea gentiment le second Vil en arrachant non sans peine un raisin de sa grappe qu'il jeta dans sa bouche.

Deccio agita sa main sous son nez. « C’est vrai qu’ils sentent forts quand ils font trempette. Ce sont les genres de gars à déblatérer des : “retenez-moi sinon ça va mal se passer”. Sauf que personne ne les retient, et il ne se passe rien quand même. Tout ça pour dire que la raison est assez simple. J’ai déjà rencontré Typhon, c’est un homme de parole. » « Mais pas toi. » « Hm. Si le vent tourne, j’irais dans son sens. Savoir changer son fusil d’épaule au moment propice, ça fait partie des talents innés de la famille. Un Démon libéré de tout contrat est pire qu’un poison. S’il est mal dispersé, c’est toute l’alliance qui peut en pâtir. C’est fou de constater que même encore aujourd’hui, ils déprisent la dimension du pacte. » « Quel que soit le camp que tu choisiras à la fin, tu en sortiras victorieux. Si tu te bats pour Typhon et les siens comme promis, il te récompensera. Si tu retournes ta veste en alignant la victoire aux Vampires, Sanguice ne restera pas insensible et te sera redevable. » Le blondinet changea de costume, enfilant celui de son alter ego ; Damon Harris, artiste peintre et stratège à ses heures perdues. « Tout est question de timing et de subtilité. L’avantage, c’est qu’ils sont tous persuadés que cette guerre ne concerne qu’eux et personne d’autre. C’est là qu’ils ont tort, car quel que soit les intervenants qui les soutiendront, chacun essaiera de tirer son épingle du jeu. J’ai la chance de prôner l’indépendance. Si je foire mon coup, les Démons ne pourront pas être tenus pour responsables et ma marge de manœuvre est plus large. Je ne représente personne sinon moi-même. Mon rang est miséreux et je jouis d'une réputation flétrie qui ne vaille la peine d’attirer l’attention, c’est pourquoi ils n’ont aucune raison de me garder à l’œil. » « La notoriété est un instrument conséquent pour diriger des troupes sur la bonne voie. Mais toi tu te sers de ton anonymat pour fomenter tranquillement dans ton coin. Habile. » « Enfin, je n’ai rien décidé encore. Mes caprices varient selon mon humeur, du coup je dois anticiper. » Au même moment, l'affluence de charrettes drapées coupa court à la discussion des deux hommes. Agrémenté de son identité de stratège, Damon s’approcha du milicien en tête de file qu’il salua d’une virile poignée de main.

Ôtant la bâche qui retenait l’un des véhicules, le Démon inspecta la première caisse. Ces dernières transportaient des tonneaux et des bouteilles en quantité suffisante pour satisfaire toute une armée. Il attrapa un récipient qu’il présenta à son ami. « Que penses-tu d’une offrande de cette envergure ? » « Bsartek » Toutes les caisses étaient bourrées de ces bouteilles, celles-ci renfermant un grand cru. Au premier coup d’œil, elles ressemblaient aux plus luxueuses productions de vins du pays. Évidemment, une fois le goulot dérobé, l’amertume révélait sa supercherie puisqu’il s’agissait du liquide dont se délectaient tous les Vampires ; du sang rassemblé et collecté par Deccio et ses contacts. Il lui avait fallu des semaines de préparations pour obtenir ce rendu supérieur. L’odeur et le goût resteraient inchangés, contrairement aux mutations qui se déclencheraient en eux dès lors qu'ils seraient imprégnés du nectar. « Vlad est un tacticien de la lignée des Thanos et un ancien commandant de garnison. Nous avons jadis travaillé conjointement pour démanteler une organisation peu soucieuse de leur bien-être. » Les deux frères se firent une accolade avant de s’appliquer respectivement une main sur l’épaule. « Je te dois bien ça. Comme convenu, je ferais parvenir ces cargaisons à bon port. J’ignore ce que tu as derrière la tête, mais je te fais confiance. » « Merci, mon frère. Tu ne le regretteras pas. Contente-toi de suivre ces instructions et tout se passera pour le mieux. » En lui remettant ce vélin, il signait un accord allusif avec le camp opposé. D’un autre côté, personne — hormis lui — ne savait ce qu’occultaient ces mixtures. Ils pouvaient aussi bien précariser la ligne ennemie que de leur attribuer un atout déterminant pour la suite. Tout ne dépendait pas de lui.


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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Lun 12 Avr 2021, 00:29

Warning : Bon, vous avez l'habitude.


Kitoe
La Guerre des Crocs
Experiment On Me - Halsey


-Pardon ? S’écria Ellie.

Les poings sur les hanches, une liste de courses froissée dans l’une de ses mains, elle se pencha légèrement en avant, la tête inclinée sur le côté. Les sourcils froncés, ses yeux cherchaient à capter l’attention de Toki pour la faire répéter. Le corps tout entier de la Démone était figé dans cette phase qui précédait le frémissement de la colère. Les étoiles s’alignaient assez mal. Ellie n’était pas de bonne humeur, car elle n’était pas sortie depuis trop longtemps. Et quand elle n’était pas de bonne humeur, non, les révélations sur les plans débiles de Kitoe et du Reflet ne lui faisaient pas plaisir.

-Ouais. Du coup faudrait que t’y ailles maintenant, comme ça tout sera prêt rapidement. Ajouta Toki, indifférente, en continuant de faire les comptes, assise à la table de la salle à manger.

-Il va falloir m’expliquer quelque chose. A quel moment tu t’es dit que c’était une bonne idée ?

-Alors déjà, c’est pas mon idée mais celle de Kitoe… Le Reflet la pointa du doigt.

-Oh la ferme, c’est ton idée seulement quand ça t’arrange ! Et ça ne justifie pas le fait que tu aies adhéré à ses propositions de merde.

Elles étaient forcément d’accord, puisqu’elles étaient la même personnalité. Ellie en était consciente, mais comment pouvait-elle ne pas perdre patience lorsque la connerie de sa consœur était doublée ?

-… J’y venais justement. Kitoe et moi on pense que ça pourrait être marrant. Et comme c’est toujours moi qui me tape ce genre de corvée, ben on a décidé que cette fois-ci, puisque tu voulais sortir, ça serait à ton tour. En plus c’est toi qui négocies le mieux. Si on peut avoir tout ça à bas prix, on ne va pas cracher dessus. Ça va nous coûter suffisamment cher comme ça.

Ellie plissa les yeux. Elle aurait trouvé le moyen de ravaler sa colère, flattée qu’on la nomme meilleure négociante du groupe, si Toki n’avait pas prononcé cette dernière phrase.

-Vous êtes vraiment connes. Tu vois pas où est le problème ? Si vous arrêtiez avec vos conneries, on ne serait pas à se soucier de l’argent, merde ! On en a, certes, mais c’est pas une raison pour le balancer par les fenêtres plus que nécessaire, vous le faites déjà en temps normal ! Vous n’avez vraiment que ça à foutre ? Et la boulangerie ? Et la boucherie ? Faut que ça tourne ! Vous pensez que se mêler d’une guerre qui ne nous concerne pas va améliorer nos affaires ?

Le Reflet haussa les épaules. Ellie pouvait se mettre dans tous ses états, ça la laissait complètement indifférente. Son projet à elle et Kitoe était amusant alors elles allaient le faire, point barre. Elles ignoraient à quel point l’idée était bonne ou non. Elles avaient justement l’opportunité de le savoir.

-De toute façon tu sais qu’avec Kitoe on va le faire quoi que tu fasses et quoi que tu dises. Allez, s’il-te-plait. Promis, on va s’amuser.

-Je ne participerai pas à ce truc de merde. Vous pouvez aller vous faire foutre toutes les deux.

Brutalement, Toki lâcha son crayon. Sa chaise racla bruyamment le sol et elle se leva, les pupilles ancrées dans celles de l’insolence. Elle avança vers elle. Le Reflet n’était plus aussi indifférent, tout à coup.

-Dans ce cas on va rappeler Kitoe pour qu’elle s’en charge. Les changements de personnalité forcés étaient très désagréables. Et une fois que ce sera fait, je ferai en sorte de te museler pendant plusieurs mois sans que tu ne puisses jamais sortir, fumer ou exprimer ta colère.

La mâchoire d’Ellie se contracta.

-Tu n’oserais pas.

-Tu sais que si. Les deux Viles se défièrent du regard. Puis, Toki sourit. Mais si tu coopères, on te garantit que tu pourras tuer des gens et jouir du malheur des autres en toute liberté. Certes, on va perdre un peu de sous, mais on a déjà vécu pire, non ?

Elles avaient déjà vécu dans un taudis, plus précisément. Jugeant la discussion terminée, le Reflet lui tendit un gros paquet d’argent. Levant les yeux au ciel, Ellie s’en empara. Elle souffla bruyamment.

-Très bien. La Démone sortit une cigarette, qu’elle utilisa pour pointer Toki. Mais je te préviens, vous avez pas intérêt à me prendre pour votre cueilleuse de pâquerettes après. C’est la dernière fois que je fais ça.

-Si tu le dis.

Ça, nul ne pouvait le garantir. Ne voulant pas en entendre plus, Ellie alluma sa clope et quitta la maison. Une petite exclamation satisfaite s’échappa des lèvres du Reflet. Elle se tourna ensuite vers les trois personnes installées dans son salon. Ils étaient là depuis un bon quart d’heure mais n’avaient pas encore prononcé un seul mot. Ce trio n’était pas très loquace.

-Quant à vous, voici votre commande. Dit-elle en leur tendant trois papiers ainsi que trois bourses. Et une partie du paiement. Nous vous verserons le reste en fonction de ce que vous nous ramènerez. Plus ils seront en bonne santé, plus le prix sera élevé, évidemment.

Après avoir consulté leurs listes respectives, les trois chasseurs hochèrent la tête et partirent aussitôt au travail. Ils avaient du pain sur la planche. Leur chasse ne promettait pas seulement d’être longue de par sa technicité, mais aussi et surtout de par sa taille. Celle-ci devait se dérouler en deux étapes. Lors de la première, il leur fallait ramener en tout une douzaine d’Evershas vivants. Lors de la seconde, Kitoe attendait autant de personnes de races bénéfiques et de préférence vierges. Sa cave n’aurait jamais accueilli autant de monde. Au retour des trois traqueurs, un travail de titan les attendrait. Mais c’était pour la bonne cause.

_

-Bonjour. Dit mollement le vendeur, une clope au bec.

Son attention rivée sur une lame qu’il aiguisait, il ne lui lança même pas un regard. Ellie lui répondit à peine. Entre personnes désagréables, faire des efforts n’était pas nécessaire. La coutellerie était bien calme aujourd’hui. Plus précisément, elle était vide, ce qui était étrange. D’habitude, il y avait toujours un ou deux péquenauds qui rodaient dans les rayons. Mais soit. N’ayant pas de temps à perdre, la Démone s’approcha du comptoir à grand pas.

-Qu’est-ce que vous avez comme drogues ? J’ai besoin d’acheter en quantités aujourd’hui.

Le vendeur quitta enfin son travail des yeux. Son faciès changea un peu lorsqu’il la reconnut. Ellie n’était pas une grande cliente, mais elle était régulière. Même s’il ne connaissait pas son nom ni ne savait ce qu’elle faisait dans la vie, il connaissait ses habitudes.

-Tabac ?

C’était ce qu’elle prenait toujours. Rien de plus, rien de moins.

-Mettez moi un paquet. Mais j’ai aussi besoin d’autres choses. Elle fouilla dans sa poche et ressortit le morceau de papier qu’elle avait massacré en apprenant les plans de Kitoe et Toki. Elle tenta de déchiffrer les différents noms des substances désirées, mais n’y parvînt pas. Elle avait trop bousillé la fibre. Oh, fait chier. Bon, montrez-moi tout ce que vous avez en stock, ça ira plus vite.

Le type lâcha son matériel et lui fit signe de la suivre. Ellie passa le comptoir et lui emboita le pas jusque l’arrière-boutique, après avoir emprunté un couloir sombre. Ils arrivèrent dans un large entrepôt. Entre les stocks de métal, de lames et d’autres outils de coutellerie se trouvaient des caisses, des sacs et des tonneaux, qui contenaient visiblement autre chose que des O’Pinelle ou des La Guiolle.

-Quel genre de produit vous voulez ? J’ai des centaines de substances différentes là-dedans, va falloir m’éclairer.

-De quoi rendre n’importe qui infatigable, hyperactif et de booster ses capacités physiques. J’ai aussi besoin de poisons, du genre qui pourrit doucement le corps de l’intérieur.

Il siffla, amusé. Sa cliente allait faire des choses monstrueuses, il le sentait.

-J’vais vous trouver ça.

_

Les carcasses de leurs premières victimes étaient suspendues au plafond de la cave. Une telle concentration de chair dégageait une odeur plus forte qu’à l’accoutumée et envahissait toute la cave. Le travail n’avait pas été simple. Kitoe et Toki avaient dû gérer à deux une dizaine de personnes aux capacités de métamorphose d’un chiant spectaculaire. Difficile de maintenir captif une femme-corbeau ou un homme-élan avec le matériel adéquat. Pour palier ce problème, les deux Démones les avaient rapidement drogués, suffisamment pour les mettre hors d’état de nuire. Si Kitoe avait foiré ses dosages plusieurs fois, tuant prématurément ses rats de laboratoire – c’était le cas de le dire – elle avait finalement réussi à ajuster la dose de chacune des substances pour qu’elles ne soient pas léthales. Les survivants avaient donc été rendus malades à cause des poisons et des sédatifs avalés quotidiennement. Leurs corps entiers étaient imbibés de toxines en tout genre, et leur viande était devenue immangeable. C’était quand elle avait constaté qu’ils n’en avaient plus pour longtemps, trop affaiblis, que Kitoe avait décidé qu’il était temps de les abattre.

Le deuxième lot de victimes était arrivé quelques jours après. Leur traitement, drastiquement différent, avaient également commencé dès qu’ils avaient mis les pieds dans l’établissement. Plutôt que de se transformer en zombies pâles et incapables de parler, ces personnes, de races bénéfiques ou neutres, étaient au contraire devenues particulièrement enthousiastes, fortes et dynamiques. Les surdoses avaient mené à des arrêts cardiaques, mais pour les autres, ils étaient en pleine forme. Peut-être un peu trop. A vrai dire, ils étaient difficiles à gérer, car ils manquaient parfois de briser leurs liens tant ils devenaient agités. Ces derniers jours, les Viles avaient été contraintes de les ligoter de la tête aux pieds pour limiter leurs mouvements. Lorsqu’ils s’étaient mis à crier, puisque c’était devenu leur unique façon de se défouler, elles les avaient bâillonnés.

-Ramène un seau. Je pense qu’ils sont prêts.

Toki obéit, puis attrapa une première fille, une Ange. Ensemble, les deux brunes la trainèrent jusqu’à un crochet, qu’elles fixèrent aux liens qui maintenaient ses pieds joints. Grâce à un système de poulie, elles la tractèrent jusqu’au plafond, la tête en bas. Tel une chenille formant sa chrysalide, la jeune fille se tortillait. Ses yeux révulsés aux pupilles dilatées désiraient visiblement leur dire quelque chose, à défaut d’avoir la bouche libre. Elle bavait à force de mordre son bâillon à pleines dents et s’était pissée dessus. Sans plus attendre, Kitoe plaça le seau sous le corps suspendu, dégaina son couteau et égorgea la blonde. Celle-ci émit un râle répugnant tandis que son sang se déversait dans le contenant. En attendant qu’elle se vide, Kitoe considéra les prochains. Ils s’étaient tous mis à hurler comme des gorets. Ça risquait d’être long, mais c’était la dernière ligne droite avant qu’elles ne puissent s’accorder un peu de repos.

-Je vais préparer les bouteilles.

Ce serait une sacrée cuvée. Kitoe espérait qu’elle serait bonne, et pour cela, elle tiendrait à l’essayer avant son départ. Pas elle-même, non, mais sur un énième cobaye. La jeune femme ne tenait pas à se miner à la drogue avant un événement aussi crucial. Evidemment, il en irait de même pour la chair empoisonnée qu’elle réservait aux Evershas : les pâtisseries et les plats qu’elle préparerait avec amour sauraient-ils ravir les estomacs de ces hommes-bêtes, comme escompté ? Elle espérait que ça en vaudrait la peine. En s’engageant à mener ce subterfuge jusqu’au bout, Kitoe ne s’était pas attendue à ce que les préparatifs soient aussi éreintants. Elle qui avait prévu de faire un petit détour dans l’Antre des Marais afin de livrer ses préparations en mains propres, voilà qu’elle envisageait plutôt de payer un livreur, qui se chargerait de distribuer des paniers avec des petites cartes « Quelques douceurs pour vous mener vers la victoire ! Signé : une admiratrice secrète. ». Ainsi, la Démone pourrait directement rejoindre Durienrisda et plutôt s’occuper de la superbe cuvée qu’elle destinait aux suceurs de sang. De cette manière, elle pourrait voir les dégâts qu’elle espérait causer avec de la hauteur aux côtés de Vampires devenus un peu trop sanguinaires.

1994 mots
Kitoe s'est-elle compliquée la vie dans cette aventure ? Réponse A : oui ; Réponse B : oui.

Compte seulement Kitoe, Toki ne participera pas à cette guerre nastae



Bijin
nastae:
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Jeu 22 Avr 2021, 19:13


La guerre des crocs II
Nostradamus
« Une Eversha au totem de Martre aurait été aperçue dans l'antre des marais, aux abords de Durienrisda. » informa l'espion. « Elle rassemblerait les meutes qui s'aventurent dans les marécages et les conduirait jusqu'aux troupes de Typhon Gargantua. » Face à lui, Nostradamus écoutait patiemment, son regard braqué sur son subordonné, son menton posé sur ses mains qu'il avait jointes. « Elle aurait été identifiée comme la femme de la table des hôtes. » répéta l'informateur, usant des mêmes mots que ses sources avaient utilisé. Le mage noir inspira profondément, s'enfonçant de nouveau dans son siège. Un léger silence s'installa. « C'est elle. C'est Aaliah. » lâcha finalement le mage. Il y avait dans sa voix une tension palpable, résultat de ses émotions. Il ne savait, qui de la hargne ou de la joie, faisait le plus tambouriner son palpitant. L'ambivalence de ses états d'âme l'épuisait plus encore que ses longues nuits d'insomnies. Elles le tiraillaient et, sans doute, étaient l'une des raisons pour lequel il ne parvenait plus à trouver le sommeil. « Où se trouve-t-elle, à présent ? » voulut-il savoir. Le subordonné sembla hésiter un instant avant de répondre. « Il est impossible de savoir... Elle apparaît ici et là, puis dès qu'elle a accompli sa mission, elle semble disparaître. On ne la revoit plus pendant des jours, avant que quelqu'un d'autre la signale soudainement à l'autre bord de la ligne de front... » Cette réponse ne sembla pas convenir au mage noir, qui fronça les sourcils. « En d'autres termes, vous ne savez pas. » L'espion déglutit. « Non. » finit-il par admettre à contre cœur. « Puis-je envisager de m'y rendre moi-même ? » voulu savoir l'allié des Eversha. Son interlocuteur hocha négativement la tête. « Je vous le déconseille fortement. Les bêtes sont instables, pour le moment. Un tel rassemblement de Béluas dans un territoire aussi restreint, à une période comme celle actuelle... On déplore quelques carnages. » expliqua l'espion. « Je ne saurais que vous conseiller d'attendre que la saison de Koza passe. Les totems seront alors moins voraces et les risques, bien que toujours présents, seront amoindris. » Nostradamus acquiesça, pour signifier qu'il avait bien compris la mise en garde. « Nous avons également entendu parler d'un blocus. Plusieurs meutes se retrouvent arrêtées en chemin pour rejoindre leur chef. Peut-être essayera-t-elle de palier ces adversaires. Il serait plus raisonnable d'essayer de patrouiller aux alentours de ces milices, plutôt que d'aller jusqu'à l'Antre des Marais. » L'homme inspira profondément avant de soupirer. « Bien. Vous pouvez disposer. » dit-il. Dès lors qu'il se retrouva seul, il plongea la main dans son tiroir pour en retirer un miroir. « Montre-toi Aaliah... Je t'attends. » murmura-t-il à la fumée qui parasitait le reflet.



« Qu'est-ce ? » demanda Hécate en lorgnant suspicieusement sur les artefacts alignés devant Nostradamus, s'attardant particulièrement sur celui qu'il tenait entre ses mains. L'objet en question était recouvert d'un voile, si bien qu'elle était incapable d'en voir la nature. Néanmoins, sa forme vaguement familière lui évoquait quelques funestes histoires qu'elle avait entendu, au sujet des trouvailles que dégotait le mage noir. Ca ne présageait jamais rien de bon. C'était au mieux quelques histoires curieuses sur les propriétés magiques de ces objets - souvent, ils permettaient de commettre les plus horribles méfaits, à un prix qu'il ne valait mieux pas payer - au pire, des présages funestes. Les collections du tenancier étaient en réalités bien plus complexes que cela mais la Vile ne s'y intéressait pas suffisamment pour faire la différence, ni même en apprécier la beauté. Elle comprenait encore moins comment des gens pouvaient bien payer pour venir voir ce spectacle morne et ennuyeux. Elle était rustre, ne portant à l'Art qu'un regard dédaigneux : il ne nourrissait pas et ne lui était d'aucune utilité apparente. « Cela, ma chère, est ma contribution à l'effort de guerre. » répondit enfin Nostradamus en reposant l'artefact sur son promontoire. Il esquissa un sourire malicieux. Il avait sentit la méfiance de la démone et s'en amusait visiblement. Elle avait raison de se montrer suspicieuse, pour une fois. Croisant les bras sur sa poitrine, la femme fronça les sourcils. Finalement, elle désigna l'artefact d'un mouvement de tête. « En quoi ce truc est-il censé vous aider à obtenir la victoire ? » demanda-t-elle, presque dédaigneuse. L'Apôtre obscur fit un pas de côté et l'invita silencieusement à le rejoindre. Après un instant d'hésitations, la mercenaire soupira et s'avança finalement aux côtés de son protégé. « Vous n'avez qu'à voir par vous-même. » dit finalement le Dementiæ, incitant sa partenaire à ôter le voile qui recouvrait l'un des objets. L'aventureuse trépigna sur place, mal à l'aise. Elle regrettait soudainement d'avoir posé la question. Ne pouvait-il pas simplement lui expliquer ? Finalement, venant à la conclusion qu'elle n'y échapperait pas et qu'il valait mieux en finir au plus vite, elle arracha le tissu qui obstruait sa vue d'un geste sec. Pendant une seconde, son cœur se serra d'appréhension, le temps que son cerveau assimile ce qu'elle avait sous les yeux. Il s'agissait d'un fémur. L'os ne semblait pas présenter de particularité. En réalité, il semblait tristement banal, si bien que la femme en fut presque déçue. « Quoi, c'est tout ? Vous comptez remporter cette guerre avec un vulgaire squelette ? » se moqua la Vile en désignant le reste des ossements toujours recouverts. « Je ne voudrais pas vous décourager mais vous devriez savoir qu'un vieil os ne fera pas le poids face aux crocs de ces sangsues enragées. Et devant une arme magique, mieux vaut ne pas imaginer le carnage. » Nostradamus, pourtant, ne se départit pas de son sourire en coin. Bien au contraire, il avait cet air supérieur, de ceux qui se délectent de l'ignorance des autres. Il s'empara du voile qu'il replaça ensuite sur le fémur ; l'os avait effectivement quelques propriétés magiques que le tenancier ne désirait pas activer ici. « Avez-vous déjà entendu parler de Nezera Bodrov ? » demanda-t-il à son interlocutrice. Son silence fut une réponse suffisante pour le collectionneur qui reprit : « Il s'agissait d'une Vampire particulièrement Vorace. On n'a plus entendu parler d'elle depuis des siècles, si bien que de nombreuses rumeurs la veulent morte - d'autres préfèrent répandre la rumeur selon laquelle elle serait endormie, plongée dans un Sommeil Éternel, attendant simplement que ses descendants la réveillent de nouveau... » La démone lâcha un ricanement moqueur : elle avait entendu parler de cette pratique vampirique, mais n'y apportait que peu de crédit. La race des Enfants de la Nuit était mal connue, si bien qu'il était parfois compliqué de discerner la vérité du mythe. Selon elle, cette capacité à hiberner durant des siècles voire des ères relevait du mensonge, d'une légende colportée par les sangsues elles-mêmes. « Toujours est-il... » reprit le mage noir, ignorant le manque de manière de sa garde du corps. « ...que l'on ne retrouvait rien d'autre de ses victimes que leurs os. » Hécate toisa le sorcier, ne comprenant pas où cette histoire pouvait bien la mener. « Et donc ? Qu'est ce que cela a à voir avec votre guéguerre ? » L'homme soupira à son tour, visiblement excédé par la bêtise de la Succube. « Voyez ensuite cette dague, qui a transpercé le cœur du Baron Grigoriev, ou encore cette fiole contenant le poison qui aurait permis à Bianca Kozyrev de transformer tout un village en Vampire en une nuit seulement. Ses infants auraient fait un véritable carnage. » La démone affichait désormais un visage morne et ennuyé, commençant à inspecter ses ongles, n'écoutant les explications que d'une oreille distraite. « Mouai, une collection sur les Vampires, quoi. » lâcha-t-elle distraitement. « Exactement. » reprit Nostradamus. « Une collection qui me permettra d'attirer des sympathisants à leur cause : ceux-là seront extorqués ou bien éliminés, selon la menace qu'ils représentent. Cette exhibition amènera également quelques détracteurs : connaître ses ennemis est une nécessité. Ceux-là rejoindront au contraire notre cause. » expliqua le tenancier, claquant la main de la spectatrice qui avait essayé de soulever d'une coupelle pour s'emparer de l'artefact qu'elle protégeait. « On ne touche pas aux objets. » gronda-t-il.



« Votre chargement est arrivé. » informa Zaahlik après s'être respectueusement incliné pour marquer son respect à son employeur. « As-tu récupéré un échantillon comme je te l'ai demandé ? » « Oui. » Le démon déposa une bourse sur le bureau de son supérieur. Ce dernier s'en empara en en déversa le contenu sur son bureau. Une bague et un médaillons roulèrent sur la surface plate, jusqu'à ce que l'homme abatte sa main dessus pour arrêter leur course. Avec lenteur, il approcha le bijou de ses yeux pour mieux l'examiner. Il n'était pas très impressionnant en apparence, il avait l'air banal et à vrai dire, de pauvre facture. Ça ne ressemblait en rien à ce que pouvait habituellement se procurer le Dementiæ. Pourtant, la valeur de l'objet était bien supérieure à ce que l'on pouvait se douter au premier coup d’œil. « Le sortilège a été lancé par plusieurs mages pour garantir son fonctionnement. » expliqua le démon avant d'être interrompu par le tenancier qui lui signifia de se taire d'un mouvement de la main. Nostradamus enfila la bague. Aussitôt, sa vue se brouilla. Avec un grognement, le maître de maison se leva et ferma les rideaux pour se plonger dans la pénombre. Aussitôt, les contours devinrent plus nets, son acuité renforcée. Il voyait dans le noir comme d'autres voyaient en plein jour. Finalement, le collectionneur retira l'artefact. « La vision nocturne est suffisante. Néanmoins, elle altère celle de jour. Ce n'est pas bon. Renvoie les jusqu'à Nashalæta et demande à ce que ce défaut soit corrigé. » ordonna l'homme. Cela retarderait encore la livraison de plusieurs semaines : il faudrait plusieurs jours pour que ces équipements regagnent Valera Morguis. Les expériences prendraient davantage de temps encore, et il faudrait ensuite parvenir à les expédier jusqu'au Marais, où ils trouveraient leurs nouveaux propriétaires. Heureusement, la guerre froide qui se jouait lui permettait de prendre davantage de temps et d'améliorer ses armes. Certains Eversha étaient dotés d'une vision nocturne rivalisant avec celle des Enfants de la Nuit. Ce n'était cependant pas le cas de tous. Ces équipements, qui seraient distribués sur les lignes de front des hommes-bêtes, permettraient à ceux ne disposant pas de telles capacités physique à riposter face aux assauts nocturnes de leurs ennemis. « Une fois que ce sera fait, fait les acheminer jusqu'à un commandant des armées qui sera capable d'en faire bon usage. » Zaahlik exécuta une courbette avant de s'éclipser.
1831 mots
Nostradamus récolte des fonds + des partisans pour les Eversha grâce à des cabinets de curiosités.
Ne pas compter les bagues comme un atout. Si quelqu'un veut qu'elles arrivent jusqu'aux Eversha, faudra en reparler, sinon, les mercenaires de Vulpina intercepteront la cargaison.



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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Ven 23 Avr 2021, 22:20


La guerre des crocs II
Thessalia

Roulée en boule dans un coin, cachée entre deux caisses, tu attends. Les grognements et les gémissements des autres te rappellent sans cesse que tu n'es pas seule, enfermée dans cette grange humide. Parfois, deux nouveaux-nés se rentrent dedans : c'est alors le début d'une dispute mortelle ; les deux assaillants rendus fous par leur soif de sang, aveuglés par leur faim morbide, s'entre-déchiquettent jusqu'à ce que le vainqueur parviennent à prendre le dessus et se repaisse de sa victime. La plupart, comme toi, se trouvent un coin où se cacher et s'y terrent bien sagement; ou bien errent le long des murs, à la recherche d'une faille pour parvenir à s'enfuir. Les bruits de mâchoires qui claquent, des os qui craquent et des halètement t'informent qu'une nouvelle bagarre vient d'exploser. Resserrant les bras autour de tes genoux, tu risques un coup d’œil, essayant de percer la pénombre pour voir qui lutte. « Encore Dewey. » penses-tu en apercevant la silhouette désormais familière de l'un des combattants. Tu ne sais pas quel est son vrai nom mais, à force de le voir s'engueuler avec n'importe quel autre démon qui oserait poser les yeux sur lui, tu finis par le reconnaître, il t'est presque devenu familier, dans cet environnement sinistre. Voilà pourquoi tu lui as donné ce surnom. Dewey. Le prénom de ton cousin, qui cherchait toujours un prétexte pour mettre la zizanie dans votre meute, essayant sans succès de renverser l'alpha. Sauf que ce Dewey-ci est indéniablement l'Alpha. S'il est encore ici, après toutes ses querelles, c'est qu'il était assez fort pour imposer sa domination sur les autres. Dewey est puissant ; méchant ; cruel. Tu l'entends rire lorsque la nuque se brise et qu'il plante ses canine dans la gorge du pauvre qui s'est attiré son ire. Tu frémis : l'odeur du sang qu'il a fait éclater en tranchant la jugulaire t'excite et te dégoutte à la fois. Non. Si tu es honnête, le liquide vitale t'allèche, il t'appelle, t'affame, te tiraille par son manque : c'est cet attrait pour lui qui te répugne, te fais réaliser que tu n'es plus celle que tu étais. Tu n'es plus Oana, la louve. Tu es devenue l'une de ces maudites sangsues, ces parasites que tu désirais hier encore exterminer pour regagner vos terres. Tes muscles se bandent : tu t'apprêtes à sauter sur la victime du belliqueux. Un simple grognement néanmoins, et il vous tiens tous en respect, bien loin de son repas. Un courageux - ou plutôt, un suicidaires, penses-tu - ose s'approcher. Il rampe, jusqu'à la flaque formée aux pieds du cadavre et sort une langue rappeuse pour laper ce qui, peut-être, apaisera son estomac. Dewey n'apprécie pas ce manque de respect : en un clin d’œil, le malheureux perd sa tête.

Le flot de sang en excite plus d'un : on entend les complaintes, les cris de désespoirs - un buffet si proche qui vous est pourtant interdit. Un supplice. Néanmoins, tous se retiennent. Ceux qui vivent encore on compris qu'il ne faut pas empiéter sur le territoire de Dewey. Un instinct de survie qui vous maintient à distance de sa silhouette imposante. Finalement, la vie ici n'est pas si différente de celle que tu menais précédemment : la meute est toujours régie par une hiérarchie rigide ; il faut apprendre sa place et s'y tenir. Tu frissonnes, te mordant l'intérieur des joues et les lèvres pour résister à la tentation. Tu serres les poings, enfonçant tes ongles dans ta paume puis, haletante, tu fermes les yeux et reposes ta tête sur les genoux. De toute façon, tu as déjà trop regardé de cette altercation. Si Dewey te surprends en train de lorgner sur ses proies, c'est toi qui finira dans son ventre, la prochaine fois.

« Ils vont nous retrouver. Ils vont gagner cette fichue guerre et lorsqu'ils me retrouveront, ils me transformeront de nouveau. » murmures-tu entre tes lèvres pour essayer de penser à autre chose que le carnage qui a lieu à quelques mètres de toi. C'est cette pensée qui te fait tenir le coup. L'espoir que lorsque les Eversha auront remporté cette guerre, ta meute parviendra à te retrouver. Il te suffira alors de supplier Kellam -votre Alpha - de te mordre. Tu pourras alors réintégrer votre clan. Tu ne seras plus une Bêta, comme avant, une simple Omega, mais ce serait toujours mieux que la chose que tu es devenue. Cette pensée t’exècre et te fais grimacer. Tu as l'impression de ne plus être dans ta peau. D'être dans le corps d'une autre. De ne plus t'appartenir - tu n'es plus qu'une esclave de ta faim, de ta soif et de cet instinct qui te maintient loin de Dewey. Tu parviens difficilement à penser à autre chose que cet appétit insatiable. Parfois, lorsque le dîner viens d'être servi, tu peux ne plus y penser pendant près d'une demie-heure. Puis le cauchemar recommence. Tu oscilles entre tes idées morbides et ton rêve de retrouver ta famille. Cette fois-ci, c'est le danger incarné par le Vampire qui te permet de penser à autre chose : une nécessité, sans quoi la folie te prendrait à ton tour et tu te jetterais toi-même entre les crocs du buveur de sang.

La porte de la grange grince. C'est le signal. Tous les nouveaux-nés - toi y compris - sont sur leurs jambes, prêts à se ruer sur l'homme qui entre dans votre prison. Comme toujours, il observe les résultats des carnages puis pousse un long soupire avant de déverser sur le sol le contenu de son sac de toile : des animaux encore vivant - plus pour longtemps - tombent. C'est la débandade : tout le monde se rue sur le butin, essayant de s'octroyer le plus gros morceau de viande. On chasse, on saute sur le rats plus gras. On n'est plus maître de soi-même. Tu t'abats sur l'un des rongeurs et y plantes tes crocs : tu ne réfléchis même pas. Le liquide explose sur ta langue, dévale sur ton palais, coule le long de ta gorge. Le goût est exquis : plus encore que lorsque tu étais une louve. Tu bois, jusqu'à la dernière goutte. Ce n'est pas assez. Tu as encore faim. Tellement soif. Tu grognes, sans t'en rendre compte, tellement la frustration te gagne. Vite. Tu dois trouver une autre proie, avant qu'elles aient toutes disparues. Tu en aperçois une, qui tente de se faufiler dans un trou, derrière tes caisses en bois. Tu le comprends. Ces caisses font une très bonne cachette. Néanmoins, pas pour lui. Tendant les bras devant toi, tu bondis pour attraper le rongeur. Quelqu'un est plus rapide que toi : une paire de main se referme sous les tiennes. Guidée par ton estomac, tu hurles, griffes, essayes de faire lâcher prise à ce voleur ! Tu relèves la tête, pour découvrir l'identité du fautif. Tu te glaces. C'est Dewey. Tes lèvres tremblent et, pendant un instant, tu t'imagines partir en retraite, bien docilement, comme tu t'es toujours assurée de le faire jusqu'à présent pour rester en vie. Cette fois-ci néanmoins, tu ne parviens pas à te reculer, à te soumettre : tu montres les crocs, en signe de défiance. « A moi ! » parviens-tu à feuler entre tes dents serrées. Le vampire grogne plus fort, abandonne le rat pour te sauter dessus. « RAAAH ! » Tu roules sur le dos, emportée par son poids. Tu essayes de le maintenir à distance, mais sa taille, bien plus imposante que la tienne, lui permet de t'asséner plusieurs coups qui te font hurler. « Le rat ! Le rat s'enfuis ! » penses-tu avec désespoir, tandis que tu perçois du coin de l’œil ton repas s'échapper. « C'est la fin. Je vais finir mangée par Dewey. »

Soudainement, tu es libérée du poids du prédateur qui, entraîné par une force prodigieuse, voltige plusieurs mètres plus loin. « Arrête de chercher la bagarre. » ordonne la voix rauque de l'Homme. Il se tient debout, à côté de ta tête. Tu trembles, encore secouée par votre rixe. Lorsqu'Il pose les yeux sur toi, tu te figes. Lentement, il s'accroupit et tend le bras au dessus de toi. Dans sa main : le rat. « Ne t'en fais pas. Il en reste encore plein. » Il serre le poing, faisant éclater le corps du petit animal, qui se débattait encore en couinant, dans l'espoir d'échapper à son funeste destin. Le sang chaud dégouline sur ton visage. De nouveau, tu te transformes en cette bête sans pensées autre que celle de la Soif. « Mange, et ensuite, ce sera à ton tour. » Tu n'écoutes pas ce qu'il dit, trop absorbée par le sang qui te coule directement dans le gosier. « Nous allons te poser des questions. » Tu n'écoutes pas. Tu n'entends pas. Pourtant, le festin s'arrête, trop vite à ton goût. Pleine d'attentes, tu te retournes de nouveau vers l'homme, comme s'il pouvait encore cacher d'autres rats entre les poches de son pantalon. Il esquisses un rictus en remarquant la façon dont tu le détailles. « Allez. Assez mangé. » décide-t-il finalement. En se relevant, il t'empoigne par le bras, te forçant à te redresser également. Tu essayes de te libérer mais il t'est bien supérieur : il ne semble même pas remarquer tes protestations.

L'Homme t'entraîne hors de la grange, laissant derrière vous les autres Vampires s'entre-déchirer pour ces pauvres rats. La crainte de l'inconnu te gagne et, un moment, tu cesses de te débattre, trop occupée à scanner ton nouvel environnement. Tandis que ton geôlier te dirige au milieu d'un dédale de ruelles, tu observes les maisons, lorgnes sur les silhouettes vivantes qui semblent être à ta merci : si seulement Il voulait bien te lâcher, tu pourrais leur sauter dessus et les vider de leurs sang, comme le ferait Dewey. Un coin de ta lèvre se soulève tandis que tu grognes. « Arrête de baver. Si tu essayes de t'en prendre à eux, tu vas vite perdre ta tête. » préviens l'Inconnu. Tu ignores sont commentaires et continues à scruter les visages, les corps, les gorges. Finalement, on te fait rentrer dans une demeure, après plusieurs minutes de marche. L'Homme te lâche au milieu d'un cercle, où tu chois. De nouveau libre de tes mouvements, tu te relèves presque instantanément, scrutant celles et ceux qui te font face. Tu respires bruyamment, tremblant des pieds à la tête : trop de possibilités. Tu ne sais sur qui bondir. Tes yeux se posent sur un visage fin : celui de l'immonde créature qui a planté ses crocs dans ta chaire et qui a fait de toi l'une des leurs. La rage se mélangeant à la faim, tu ne réfléchis plus et te rues dans sa direction. « Couchée. » Un simple mot. Et pourtant, c'est suffisant : sans comprendre ce qu'il t'arrive, tu te jettes par terre. La surprise passée, tu essayes de te redresser, sans y parvenir. Tu gigotes, clouée au sol. La femme soupire, las. Une autre, qui se tient à ses côtés, fronce les sourcils. « Quelle idée de transformer ces sauvages en Vampires... Il ne font que de terribles Enfants. Bonne chance, ma chère, pour contrôler celle-ci. Elle a l'air particulièrement enragée. Regardez-moi toute cette bave, là... Êtes-vous certaine qu'elle n'est plus l'une de ces bestioles ? » Ton propre sang semble bouillir, se transformer en colère liquide. Tu n'as plus qu'une idée en tête : te venger de celle qui a ruiner ton destin. « Oui, je suis certaine. C'est bien ma Fille. » déclare ta Mère. « Bien, maintenant que les retrouvailles sont faite, on peut enfin passer à l'interrogatoire. » intervint un second homme, esquissant un sourire malsain en posant les yeux sur toi.

2022 mots
Des vampires transforment des Eversha. Grâce au lien de soumission, ils récoltent des informations stratégiques.



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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mar 27 Avr 2021, 14:53

Cognitive par Lordigan
La guerre des crocs | Partie II
Installés autour d'une table ronde, dans un coin tranquille de la bibliothèque, à l'étage de celle-ci de façon à être le moins dérangés possible, Jämiel et Èibhlin étaient perdus au milieu d'une pile de livres et de parchemins de toutes tailles. Sur leurs visages on pouvait lire la concentration de chacun. À les voir de loin ainsi, face à face, échangeant de temps à autre un mot et se partageant les ouvrages de connaissances, on pourrait croire à un travail de groupe. Il n'en était rien. Chacun des deux Sarethi était affublé d'un travail, certes, mais bien différent quoi que le thème soit identique : les affrontements qui avaient cours en Durienrisda. « Pourquoi le Hlendrisa n'a pas voulu nous laisser voir Gargantua et Sanguice selon toi ? » demanda Èibhlin après un silence, ses deux améthystes partant à la recherche des ambres du regard de l'Arcesi. Celui-ci poussa un soupir avant de quitter ses notes des yeux. « Sûrement pour éviter un potentiel fiasco identique à celui qui a eût lieu avec les Sorciers. ». La clone grimaça. L'attaque avait été directe et sans réel détour. Vexée, elle claqua l'ouvrage qu'elle feuilletait jusqu'alors et s'ancra profondément dans les iris de son vis-à-vis pour répliquer vivement « Alors dis-moi ! Qu'est-ce que tu aurais fais à ma place ? ». Jämiel ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de la réflexion, son regard figé dans celui d'Èibhlin. « Possiblement aurai-je accepté. » déclara-t-il enfin avant de se remettre à l'ouvrage, se saisissant du livre que la clone, stupéfaite, venait de fermer. « Je me dis qu'il vaut mieux faire semblant d'avoir les Sorciers — surtout eux — en alliés que de se montrer ouvertement hostile. J'aurai sûrement dû m'expliquer auprès de la Hiérarchie, mais la finalité aurait été la même. J'imagine. Même si, en vérité, ma seule difficulté dans ce choix résidait en ce compte rendu avec Rîgardh ou avec l'Empereur Noir à la fin. ». Èibhlin se pinça la lèvre à ses dernières paroles. Il avait raison. Elle avait dû, en plus, ajouter dans la balance des conséquences sa main à marier, elle. Une donnée non négligeable. Être simplement collaborateur était bien plus simple à gérer que de se retrouver directement lié à la Royauté. « Enfin, c'est facile de parler après coup. » ajouta l'Arcesi à la surprise de la clone, loin de s'attendre à ce genre de commentaire. « J'imagine, oui. » ponctua-t-elle en attrapant le premier rouleau lui parvenant sous la main. Un long silence s'installa entre les deux Alfars jusqu'à ce qu'Èibhlin ne vienne le briser. « Jämiel ? » - « Qu'est-ce qu'il y a ? » - « Tu ne trouves pas ça étrange ? » - « Quoi donc ? » - « Ça. Que l'on doive trouver un moyen d'apporter du soutien à chacun des camps, et qu'on nous autorise à nous voir avec la possibilité d'en discuter donc. ». Une nouvelle fois, le jeune Sarethi prit le temps de la réflexion avant de répondre. « Je ne sais pas trop. Je ne pense pas. Je ne crois pas en tout cas. Tu connais l'adage, sois proches de tes amis... » - « ... Mais plus encore de tes ennemis. » conclut Èibhlin, voyant à peu près où voulait en venir l'Arcesi. Travailler de concert avec l'adversaire pour mieux aider son camp et faire plonger l'autre.



Dans le bureau d'Emrys, Èibhlin relisait avec attention sa propre missive qu'elle eût remit au Senthandas il y a quelques jours de ça. Rien n'allait. Elle s'en doutait un peu. « Je ne sais pas comment trop m'y prendre autrement... » fit-elle les lèvres pincées sans détacher son regard du message qui n'avait plus rien d'un message sinon un bout de chiffon. « Commencez par ne pas vous faire passer pour une Réprouver, se sera un bon début. » répondit le Nyëva le plus naturellement du monde en refermant dans un silence presque surréaliste le dossier dans lequel il était plongé pour se saisir d'une liasse de papier traînant dans un coin de son bureau. Une grimace se dessina sur le visage de la Sarethi. C'était à ce point là ? « Très bien, je veillerai à améliorer ma syntaxe pour la prochaine fois. » fit-elle sans chercher à débattre sur l'exagération ou non de la critique. Repliant le lettre, elle fixa longuement son précepteur en silence jusqu'à ce que celui porte enfin un regard sur elle. « Si vous avez quelque chose à dire, faites donc plutôt que me fixer ainsi comme un poisson que l'on serait à asphyxier. » assena-t-il. La jeune Alfar déglutie avant de prendre la parole. « Hum. Oui. En fait, je me demandais... Est-ce qu'on a des espions chez les Vampires ? » - « Les Vampires ? Bien sûr. Les Ailes de Dothasi couvrent la majorité des races de ce monde. » - « La majorité ? Toutes les races ne sont pas infiltrés donc ? ». Elle n'eut pas sa réponse, Emrys ne lui répondant que par un vague rictus mystérieux — elle cru même y voir l'irritation, sans pour autant en être absolument certaine — avant de reprendre. « Pourquoi cette demande ? » - « Oh ! Et bien en fait... Je réfléchis pour cette guerre qu'ils mènent contre les Evershas à Durienrisda et ce que l'on pourrait faire pour les aider. Les Evershas ! Aider les Evershas. Et, je me dis que ça peut peut-être être utile et.... ». Elle s'arrêta nette au milieu de sa phrase en croisant le regard d'Emrys lui indiquant clairement qu'il avait parfaitement compris ce qu'elle voulait et pourquoi et qu'elle devenait lassante à justifier plus que nécessaire sa demande. « Merci, je vous laisse. » fit-elle finalement pour conclure cette conversation avant de s'emmêler plus encore dans ses explications.



Adossé à la structure du lit, Jämiel — ou, Fedouchia en ces lieux — notait, par point chaque idée lui venant à l'esprit. Il avait étalé devant lui ses différents jeux et cherchait comment en user correctement. Il avait songé à faire profiter du Monde des Contes et de ses infini possibilité à Sanguice et ses hommes. Puis il s'était souvenu de la présence de l'Eversha dans la  création du Conte. Il devait donc avoir l'opportunité lui aussi d'user de la magie des Faes. Il l'ignorait et ignorait jusqu'à quel point si c'était le cas, aussi préférait-il éviter d'amener le combat jusqu'ici. Il leva la tête en direction de la literie avant de se pencher à nouveau sur les feuillets. Il y avait la magie Démoniaque aussi. Toutefois il n'en maîtrisait pas encore tout les tenants et préférait garder ce pouvoir secret. Ne restait que lui et ce qu'il était réellement et avant tout. Et, finalement, peut-être était-ce là que se cachait la meilleure des idée. Il leva une nouvelle fois le visage. Ses iris s'attardèrent plus longuement sur le visage paisible de Bellone. Cela commençait à faire bien trop longtemps. Ça ne lui plaisait pas. « Est-ce que c'est parce que je l'ai emmené ici qu'elle se maintient dans cet état de léthargie ? » interrogea-t-il. « Non, c'est autre chose qui est la cause de son état. » répondit la Fae tout juste apparu. Autre chose. Il fallait absolument qu'il trouve quoi.



Traversant le plateau, Jämiel vit passer Èibhlin à toute allure au loin, celle-ci talonné de près par une fillette sûrement pas Alfar à première vu. La Sarethi remarqua également sa présence et se précipita vers lui. « Jämiel ! Je t'en pris, aide-moi je ne sais pas comment me débarrasser de cette gamine ! ». Jämiel se tourna vers la fillette en question. Derrière son énorme peluche, celle-ci affichait un air morose, comme si elle était déjà blasée de tout. « Qui est-ce ? » - « J'en sais rien justement ! » - « Mais... Si ! Je suis ta fille ! Pourquoi est-ce que tu m'ignores comme ça ? » répliqua sans attendre la concernée entre tristesse et colère. Jämiel arqua un sourcil, fixant longuement la blondinette avant de se tourner, un rictus aux lèvres, vers Èibhlin désespérée. « C'est pas drôle. » siffla celle-ci en voyant l'expression de son vis-à-vis. Un peu quand même, avait-il envie de dire. A la place il se tourna vers l'enfant. « Tu es sûre que tu ne confonds pas ? » lui demanda-t-il, la fillette répondant par un air boudeur. À l'évidence, non, elle était certaine de ce qu'elle avançait. « Et il est où ton père ? ». Lorsque Jämiel reprit avec cette question, une salve de frissons glacés parcouru le corps de la Sarethi comme ses yeux s'ouvrirent en soucoupe. Par Dothasi, elle ne voulait pas savoir qui pouvait être le père de cet enfant, même s'il était aussi peu impliqué qu'elle dans sa conception. « Tu ne peux pas le rejoindre et laisser Èibhlin ? Elle est très occupée. ». À nouveau l'enfant s'exprima d'une moue boudeuse en se cachant derrière sa peluche. « Elle a pourtant pas l'air. » souffla-t-elle, arrachant une grimace outragée de la part de sa "mère" et un nouveau sourire amusé de la part de l'Arcesi. Elle ne manquait pas de toupet. « Et puis c'est pas un papa que j'ai ! C'est une maman ! » ajouta-t-elle dans une exclamation. « Par Dothasi mais puisque je te dis que je ne suis pas ta mère. » s'exaspéra Èibhlin. « Beuh ! Même que je parle pas de toi mais de mon autre maman ! » répliqua la petite en tirant la langue, perdant par la même les deux Alfars. « L'autre ? » - « Oui ! Oriane ! Et même que... ». Elle s'arrêta net, plaquant les mains sur sa bouche avant d'afficher un sourire malin. « Même que quoi ? » - « Nan tu sauras pas t'es méchante ! » gronda la petite les sourcils froncés. « Pffff... Je sais pas qui c'est cette Oriane, mais elle va me payer cette mauvaise blague. » siffla alors la Sarethi. « Moi ça me parle ce prénom. Je l'ai vu y a pas longtemps. » répliqua Jämiel plongé dans ses pensées. Alors il posa les yeux sur la petite et s'agenouilla à son niveau. « Dis-moi. C'est quoi ton nom ? » - « Andromeda ! » annonça-t-elle fièrement. « Andromeda, tu pourrais nous parler un peu de cette Oriane ? ». La fillette approuva vivement. Ainsi, après le rapide récit de la petite, se relevant, Jämiel se tourna vers Èibhlin, un rictus aux lèvres. « Qu'est-ce qu'il y a ? » l'interrogea-t-elle. « Zegrath Lubuska. » - « De quoi ? » - « Tu te souviens de l'épreuve des Vampires pour la dernière Coupe des Nations ? » - « Hum, plus ou moins. C'était une de ces épreuves où tous n'en sont pas revenus, n'est-ce pas ? » - « C'est peu dire. Je suis sûr qu'ils ont surtout utilisés la Coupe des Nations en prétexte pour se faire un festin justifié et approuvé du monde. Quoi qu'il en soit, cette fille fait partie des survivants. » - « Et donc ? » - « Rien. Je me disais seulement que l'information était bonne à prendre en l'état actuel. Tu en est où d'ailleurs toi avec les Evershas ? » - « Je dois retourner voir Emrys ce soir. Je vais essayer de récupérer des... documents. ». Un rictus glissa à la commissure des lèvres de l'Arcesi. Bien sûr, il aurait fait pareil. « Je viens avec toi ! » déclara la petite voix d'Andromeda qu'ils avaient presque oublié. « Non ! Surtout pas ! » paniqua Èibhlin, son attention toute focalisée sur la fillette. « Où tu vas ? » demanda-t-elle rapidement à Jämiel tandis qu'il s'éloignait du duo avec un rapide salut silencieux de la main. « De l'autre côté de Mornhîngardh. » répondit-il seulement.



Èibhlin suivait le Mur, elle-même suivit d'Andromeda qui observait son environnement avec curiosité. La Sarethi avait les yeux rivés au sol, n'osant croiser le regard de son guide qu'elle savait la jugeait gravement. Elle n'avait pas réussi à se débarrasser de l'enfant et c'en était des plus problématique. Elle savait que le moindre mot qu'elle prononcerait la mettrait dans une fâcheuse situation. Sa seule présence rendait la situation fâcheuse. Des coups résonnèrent sur une épaisse porte de bois sombre. De longues secondes s'écoulèrent, puis une voix retenti. « Entrez ! ». Le Mur ouvrit la porte, délaissant Èibhlin sur le pas. Un nouveau long silence s’établit avant qu'Emrys ne l'achève. « Qui est-ce ? » fit-il en indiquant d'un air dédaigneux du menton la petite blonde. « Je suis... » - « On peut en parler plus tard ? » coupa la Sarethi, retardant l'inévitable. « J'aimerai vous demander quelque chose avant de commencer. » - « De quoi s'agit-il ? » - « Vous vous souvenez ce que je vous ai demandé, sur les espions ? » - « Oui. » - « Je voulais savoir si je pouvais avoir les informations sur les Vampires de Durienrisda ? ». Le Senthandas exhala un souffle. « Vous avez mis bien du temps à vous décider. » - « Pardon ? » s'étonna Èibhlin. Elle le vit sortir trois rouleaux différents. « Qu'est-ce que c'est ? ». Le Nyëva se saisit d'un premier rouleau pour le mettre en avant. « Ça, ce sont les renseignements sur les Vampires présent en Durienrisda. Leur nombre approximatif, leurs positions, les chemins de ravitaillement... ». Èibhlin le fixa stupéfaite. « Ça, ce sont toutes les informations que l'on a pu recueillir sur le Marquis de Sanguice. Ses Infants, son Créateur, ses frères et sœurs etc. » continua-t-il d'un air peu concerné en indiquant un second rouleau. « Étant donné que c'est une personnalité mise sous surveillance depuis peu, il manque encore certaines informations, principalement sur sa vie d'avant. » - « Et le dernier ? » interrogea Èibhlin, curieuse de savoir à quoi pouvait correspondre ce papier si les informations les plus importantes avaient déjà été citées. Un rictus s'esquissa sur le visage de son précepteur. « Votre assurance. La même chose, mais à propos de Typhon Gargantua. Et quelques données de base sur sa meute et les membres influents se trouvant sur place. » - « Mais... Je fais quoi exactement de ça ? ». Elle n'avait pas prévue de récupérer des renseignements sur les Evershas également. « À vous de voir. Vous pouvez le lui donner, en gage de bonne foi pour prouver la véracité des informations des deux précédents rouleau, ainsi qu'en signe de prévention. Vous pouvez sinon l'amener aux Vampires. Ou bien vous pouvez le brûler si le cœur vous en dit. » - « Je vois. » rétorqua Èibhlin, les yeux rivés sur le rouleau. « Comment je m'y rends ? » - « Vous ? Vous croyez avoir le temps pour ça ? ».



Jämiel poussa la porte d'un parfumeur se trouvant à l'autre bout du Plateau. Pour ce qu'il voulait, il avait besoin de la meilleure aide possible et, à défaut de ne pouvoir se fournir sur les Plateaux supérieurs, il allait chercher la main d'œuvre là il pouvait l'atteindre. « Bonjour mavèr Lorden. » salua-t-il en s'avançant dans l'atelier. Des étagères fermées par une épaisse vitre de verre piquée protégeaient un nombre incalculable de flacons, transparent pour la plupart. Certains étaient vide. D'autres contenaient déjà un liquide clair parfois légèrement teintés. A leurs côtés étaient rangés, dans des commodes fatiguées, des flasques en métal poli cachant leurs contenus. Un large alambic éteint trônait fièrement derrière un comptoir en bois brut vermoulu. Le Sarethi arqua un sourcil. Était-ce réellement celui dont on lui avait parlé. L'état du mobilier laissait clairement à désirer. Quoi que le matériel, lui, semblait pour ainsi dire neuf. C'était d'un contraste détonnant. « Morchant en Hel'dra, bonjour à vous. Je vous attendez. Vous disiez dans votre missive que vous aviez une commande particulière ? » fit l'Alfar en retour à son salut. « En effet. En réalité j'aurais besoin de deux types de parfums différents. En quantité importante si possible. » - « Et bien, ça va dépendre du parfum que vous cherchez, mais oui c'est possible. Vous pensiez à quoi ? » interrogea son vis-à-vis en ouvrant une porte pas moins abîmée que le reste de la boutique. Un vive et désagréable odeur saisit le nez de l'Arcesi. A l'évidence, des préparations étaient déjà en cours. « Tenez. » fit le Nerethi en tendant un cache-nez à son visiteur après s'être lui-même équipé. Il valait mieux en effet. « Il m'en faudrait un premier lot qui apporte un soutien à une armée. J'ai pensé à une sorte de tonifiant qui leur ferait oublier la fatigue, un peu comme ce dont sont capable la Guilde de Galeri. » commença Jämiel en suivant le parfumeur dans une immense pièce souterraine, bouillonnante et fumante de partout. « Hum hum. » fit le parfumeur en attrapant un carnet dans la sacoche accrochée à sa ceinture pour griffonner à l'intérieur au fur et à mesure que son commanditaire évoquait ses envies. « Quel genre d'armée ? » interrogea-t-il. « Des Vampires. » - « Hum hum. » fit-il à nouveau en notant rapidement l'information avant de poser le carnet pour préparer un alambic. « Puis il me faudrait un second lot aussi important. Également pour une armée, des Evershas cette fois-ci. J'imaginais un parfum confusant, de sorte que leur esprit inverse les essences des races. » - « Hum oui je vois. Les Evershas seraient vu comme Vampires et les Vampires comme Evershas. ». Jämiel affirma d'un signe de tête. Le Nerethi alla préparer un autre alambic après avoir de nouveau noté dans le livret les désirs de l'Arcesi. « Ce serait pour quand ? » - « Le plus rapidement. » - « Hum... Ce genre de parfum, je ne pourrai pas le faire en quantité suffisante pour une armée entière dans un temps limité. Ce que je peux faire à la place c'est l'inverse des Vampires sinon. Un somnifère. Éventuellement je peux faire votre première demande en parallèle. » - « Si c'est possible, ça me va comme ça. » - « Toutefois, les Evershas ne sont pas le genre de créatures à se parfumer ou embaumer leur environnement. » commenta le parfumeur. « Il suffit que quelqu'un le fasse à leur place. ». Il y eu quelques secondes silencieuses avant que le Sarethi ne reprenne la parole. « J'ai vu que les parfums pouvaient avoir des couleurs différentes. Est-ce que ce serait possible que les deux soient identiques ? ». Le parfumeur détailla son client quelques instants avant qu'un rictus ne se dessine sur son visage. « Bien sûr. Les caisses également j'imagine ? ». Jämiel opina du chef. Il avait parfaitement saisi où il voulait en venir. « Je vous préviendrai quand tout sera prêt. » conclu le parfumeur. Ne restait à l'Arcesi que préparer un message pour expliquer le contenu des caisses. "Oublierait-il" toutefois d'énoncer quelle caisse contenait quoi. En serait-il en fait incapable du fait de sa demande. C'est ainsi qu'il verrait si ces Suceurs de Sang parient sur la chance ou s'ils sont assez pernicieux pour sacrifier les leurs afin de discerner le bon du mauvais parfum.



Eldora avançait à travers les arbres, aux aguets. Un air de mort régnait dans l'air. Plus que ça, elle le sentait, au sens le plus propre du terme. Elle avait l'impression de se trouver en plein Llodien, quoi que les créatures de la Forêt des Murmures savaient se montrer plus civilisées. Les ordres avaient été simple. Ne pas se mêler — pour l'instant — au conflit. Rejoindre le campement des hommes-bêtes pour rendre les rapports. Elle avait malgré tout due montrer les crocs face à une troupe d'aventureux miliciens. Le corps secoué de spasme par la Main de Dothasi de l'un des leurs, un second en proie à Nathys — sa créature — et la nature semblant soudain se tourner contre eux les dissuada de chercher les ennuis plus que nécessaire. A l'évidence, ils n'étaient pas Evershas. Des soutient à la cause Vampire ? Possiblement. Evitant les marais, se fondant à l'intérieur des arbres, usant de la sylve pour éviter autres déconvenue et Nathys se chargeant de protéger ses arrières, elle se dirigeait d'un pas assuré vers sa destination. La tension régnait à l'intérieur du campement. Elle se moquait de savoir pourquoi. Elle avait bien d'autres choses à faire et plus vite cette mission serait pliée, mieux ce sera. Son regard acéré balaya l'assemblée présente. Sa magie s'agita, prête à répliquer. Derrière elle, les crocs rougis par le sang de ses assaillants, Nathys veillait sur son réceptacle, menaçant d'un grognement le premier qui bougeait. « Je viens trouver Typhon Gargantua. J'ai un message à lui donner. Qu'on me mène à lui. ».
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 3197 (oopsy.........)
- Eibhlin : Elle confie aux Evershas les récents rapports d'espionnages sur la zone de Durienrisda + Sanguice. Pour l'instant elle garde pour elle celui sur Typhon.
- Jämiel : Il fait parvenir aux Vampires deux caisses de parfums avec une missive pour expliquer les effets de chacun et leur fonctionnement maiiiiiiis il "oublie" de préciser lequel est dans quelle boîte et les deux caisses sont en tout point semblables 8D (bref, je te laisse voir comment Sanguice gère ça /sbam). Plus en détails :

Les parfums
Parfum sulfureux:
Le tonifiant se basant sur la magie des membres de la Guilde de Galeri
La Guilde de Galeri | La Détermination de Dothasi:
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http://yinandyangpower.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#70079
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Mer 28 Avr 2021, 00:33



La Guerre des Crocs – Deuxième Partie


Le groupe parti tôt, bien avant les premières heures du jour. Ils étaient cinq à partir, quatre Evershas d’un totem du crocodile d’une espèce différentes et un Ondin. Le plus imposant du groupe et qui fut choisit pour diriger le groupe s’appelait Lolong, c’était un très bon chasseur au sein de la meute de Typhon Gargantua et aussi un excellent combattant d’après ce qu’Omos avait put apprendre sur lui au cours des mois passé dans l’Antre des Marais. Les trois autres, étaient des Evershas que l’Ondin avait eu l’occasion de sympathiser, sans pour autant travailler sur une mission de cette envergure et il y avait lui, un jeune ondin avec pour envie de faire ses preuves et d’aider à faire gagner cette guerre pour le compte des Evershas. Ces derniers s’étaient vu voler leur terre par les vampires, il y a de cela plusieurs années. Omos n’était pas née à cette époque et jusqu’au banquet qui avait initié cette guerre, il en avait que très vaguement parlé. L’Ondin put rattraper son retard d’histoire en vivant parmi les Evershas, il voulait aider ces gens à récupérer une terre qui leur appartenait de droit, mais ce n’était pas la seule motivation d’Omos. Le jeune homme n’approuvait aucune sympathie envers le peuple de la nuit et il ressentait même une pointe de haine contre ces immondes suceurs de sang, alors avoir la possibilité d’en combattre était presque un plaisir pour lui. Ensuite, il avait envie d’apprendre de nouvelles choses et notamment sur le plan martial, mais Omos apprit aussi beaucoup d’autres choses en vivant avec la meute de l’Augure Gargantua : comment évoluer en terrain hostile, une autre vision du vivre en communauté différente de ce qu’il avait connu en vivant chez les Ondins et les Corbeaux, la culture Evershas aussi et sa manière de fonctionner. Omos se souvint de ses premiers jours et de ses incompréhensions devant le peu d’encadrement imposé à la meute, mais il apprit rapidement à passer outre et comprendre pourquoi et comment ils arrivaient à vivre de cette manière. Il avait aussi appris les bases du Grimwyn, un dialecte propre aux enfants de Phoebe, c’était une langue particulièrement dure à apprendre, car très différente du Valærian, si ses parents apprenaient qu’il commençait l’apprentissage d’une langue aussi différente que la leur, il passerait sûrement un mauvais quart d’heure.


Des éclaireurs Evershas d’un totem avien avaient repéré un petit port sensiblement différent des autres. Il était tous aussi bien défendu que les autres et en cela, ce n’était pas très intéressant. C’était par contre au niveau de la cargaison que les navires amenés à ce port-là que ça devenait intéressant. Ce port réservait essentiellement des armes et des caisses de flèches. Détourner un de ces navires permettrait de donner un coup aux forces vampiriques, mais ça serait un seul coup, car les suceurs de sang réagiraient aussitôt en changeant les voies d’approvisionnement. Cependant, cela les priverait de ressources et les forcerait à revoir la méthode de livraison. Les éclaireurs avaient fini par découvrir qu’un de ces navires arrivait de jour et à un certain moment de la semaine. Le navire question n'était pas très défendu, seulement de quoi le défendre en cas d’attaque de sirènes, les vampires étaient au courant que les Evershas n’étaient pas un peuple maritime, il était peu probable de recevoir une attaque de leur part en pleine mer. La stratégie serait la suivante : le groupe arriverait à la poupe du bateau et grimperait ensuite afin d’attaquer les gardes présents. Les Evershas se transformeraient ensuite pendant qu’Omos changerait la direction du navire et une fois cela fait, il saboterait le gouvernail afin que si les gardes des vampires arrivent à reprendre le contrôle de leur bateau, ils ne puissent pas remettre le cap vers la destination initial. Après, s’ils en avaient la possibilité, ils feraient couler le navire, faisant perdre ainsi un navire et des armes attendus.




Le groupe arriva finalement à la lisière du marais, qui donnait sur la vaste étendue bleue. Ils étaient loin du territoire des vampires, donc ils ne craignaient pas de se faire surprendre. Néanmoins, ils se dépêchèrent de rentrer dans l’eau. Omos se jeta directement la mer, se transformant ainsi un ondin et ses quatre compagnons changèrent d’apparence à l’ombre des arbres et le suivirent. Avec sa nageoire, Omos mesurait dans les deux mètres cinquante, mais il gardait sa corpulence, celle d’un jeune homme dans la vingtaine, endurcie par quatre mois de vie dans des marais, et même si lors de la période de Kita Mara, il avait mangé en quelques jours ce que d’habitude, il mangeait en mois, il n’avait pas grossi énormément. L’énorme apport de calories avait été contrebalancé avec les efforts physiques qu’Omos s’était forcés à fournir afin d’être utile à la meute de Typhon. Cependant, l’Ondin ressemblait à une branche d’arbre comparé aux quatre Evershas transformés. Hormis Lolong qui atteignait les six mètres et une bonne largeur, les autres était plus petit que leur ainée, mais toujours plus grand qu’Omos. Pour leur part, sous la forme de leur totem, ils atteignaient la taille respectable de quatre à cinq mètres. Le groupe nagea assez profondément quand ils atteignirent les eaux vampiriques, afin de ne pas se faire remarquer. Ils avaient de la chance, la mer n’était pas translucide, mais ils avaient décidé de mener leur attaque de jour, donc il leur fallait éviter d’être trop près de la surface.




Lolong fit claquer sa mâchoire et tous s’arrêtèrent. Ils venaient d’arriver à l’endroit du passage de leur proie. Omos ne savait pas quelle heure il était, mais il n’était pas inquiet. Le navire arrivait après que le soleil soit à son zénith et ils étaient partis assez tôt pour ne pas le rater. Une heure passa, puis deux. Alors que la troisième heure d’attente allait se conclure, Lolong réagit en fixant le nord. Omos et les autres se tinrent près pour le signal. L’imposant crocodile fit claquer sa mâchoire une nouvelle fois et fixa tour à tour Omos et les autres Evershas. C’était le signal et effectivement, l’Ondin le perçu à son tour : le fond d’un bateau perçant la surface.


Il n’eut pas d’hésitation. Tout avait été réfléchi et planifié à l’avance. Omos agita sa nageoire le plus rapidement qu’il le pouvait et s’aida de son trident pour s’accrocher au navire. Une fois à l’aise, il commença à grimper ainsi. Plantant son arme dans le bois du navire afin de grimper petit à petit. L’Ondin finit par sortir complètement de l’eau ne continua pas son ascension tout de suite. Le navire n’allait pas à une allure très rapide, mais suffisant pour que l’eau sur la nageoire d’Omos se fasse balayer faisant apparaître les jambes du jeune homme, ce qui lui fut plus pratique pour escalader la poupe du bateau. C’était maintenant que le plus dur allait se jouer. Un homme était au gouvernail afin qu’ils ne dévient pas de leur trajectoire, personne d’autre à côté ou derrière lui. Omos enjamba le bastingage et resta accroupi, il put voir que sur le pont, il y avait une dizaine de marins en train de nettoyer le pont et de vérifier les cordages. De temps à autre, des hommes rentraient et sortaient du porte qui avait l’air de donner aux étages inférieurs du navire et probablement à la cale. Omos attendit le moment où personne ne regardait dans leur direction et se saisit de l’homme. Il passa un bras sous son cou et avec l’autre le lui bloqua derrière la nuque et avec geste fort, brisa les os. Le marin s’effondra sur le sol. Omos resta accroupi et jeta son trident à l’eau. Quand Lolong avait créer le plan, l’Ondin avait été moyennent inspiré par ce moment-là, cependant il s’exécuta. Attendant la suite des éventements, Omos commença à tourner la barre du gouvernail, pour que le navire se détourne de son objectif. Les marins remarquèrent très vite le changement et des voix s’élevèrent. Omos commençait à paniquer et accentua les mouvements sur la barre jusqu’à ce qu’elle ce bloque. Il entendit des bruits de pas, dans quelques instants, ils seraient sur lui, mais il se força à poursuivre la suite du plan. Un homme arriva et le vit. Alors que ce dernier s’apprêtait à donner l’alerte en levant son arme, d’autres marins crièrent avant.


- Des Monstres ! Des monstres nous attaquent !


Tout se passa très vite. Le marin qui lui faisait face abattit son épée et Omos dut rouler sur le côté pour l’éviter et en profita pour ramasser l’arme de la personne qu’il avait tué plutôt et commença un échange acharné contre l’homme, mais au même moment, un son effrayant et grave se vit entendre. Tous, Omos et son opposant comprit, se tournèrent vers la source du bruit. L’Ondin crut qu’il allait crier en même temps que le marin qu’il affrontait. Un immense crocodile s’éjecta de l’eau à une vitesse impressionnante et atterrit sur le pont. Omos reconnut la forme animale de Lolong, ce dernier n’attendit pas et commença son carnage, sa queue fouettait l’air, ses mâchoires déchiquetées les marins qui s’approchaient trop près. Omos profita de l’étonnement de son assaillant et le bouscula, ce dernier heurta le bastingage et l’Ondin en profita pour le faire tomber par-dessus bord.


- Omos ! Aide-moi à grimper !


Omos se pencha par-dessus bord pour essayer de voir d’où venez l’appel à l’aide. Il vit un homme, l’un des Eversha qui était venu avec eux, sous forme humaine entrain d’essayer de grimper, un trident à la main et l’autre accroché au bois du navire.


- Jette-moi le trident !


L’Eversha lui jeta l’arme qu’Omos attrapa, le laissa tomber sur le plancher du navire et se repencha pour aider l’homme à monter. Ce dernier ne s’attarda pas en compliment et se transforma aussitôt, forçant Omos à s’écarter pour ne pas se faire écraser par la masse d’écaille qui se jetait sur le pont pour aider son camarade. Les marins ne savaient plus où donner de la tête, ils essayaient de courir et de se mettre à l’abri pour certains, mais les accès aux cabines et la cale étaient bloqués par les deux énormes crocodiles. Les marins encore courageux s’étaient équipés pour s’attaquer aux prédateurs, de temps en temps, des hommes d’équipage étaient venus pour s’attaquer à Omos.


L’attaque dura environ une heure avant que les deux Evershas et Omos finissent par avoir le dessus et l’emporter. Des marins tentèrent de se jeter par-dessus bord, mais ils rencontrèrent bien vite les deux Evershahs restés dans leur forme animal, présents dans la mer et à proximité du navire. Une fois qu’ils furent les seuls maîtres à bord, les deux crocodiles restants se transformèrent et rejoignirent leurs compagnons sur le pont. Le groupe entreprit de jeter l’ancre, afin d’arrêter le navire. Lolong décida quand même de fouiller plus le bateau et ils trouvèrent des parchemins contenants des informations en langue commune qui étaient destinés aux soldats non-vampires. Le groupe enregistra le maximum d’informations et ils firent ce pour quoi ils étaient là. Ils trouvèrent des outils et ils se mirent à percer la coque du navire afin de le faire couler. L’entreprise dura une bonne heure, mais ils y arrivèrent et l’eau commença s’infiltrer. Lolong sonna l’heure de partir et ils repartirent en direction de l’antre des marais, satisfait d’avoir porté un coup aux vampires et d’avoir recueillis des informations, ils espéreraient, qui pourraient se trouver utile.






Mots : 1908
Spoiler:
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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

~ Eversha ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Lun 03 Mai 2021, 16:40



Fin de la deuxième partie de la Guerre des Crocs !

D’abord, un gros merci à tous ceux qui ont participé ! Les Evershas comme les Vampires ont fait appel à leurs alliés pour complémenter leurs forces en Durienrisda, chacun espérant faire pencher l’équilibre des forces en sa faveur.

Alors, voici les résultats de l’évènement :

  • Il y a eu cinq points de soutien par camp, alors c’est l’égalité pour cet événement. Pour référence, chaque joueur pouvait cumuler un maximum de deux points par message. Ces points étaient octroyés pour les actions en faveur de son camp, ainsi que celles en défaveur du camp adverse.
    Points de soutien:
  • La mission secrète de l’événement a été échouée. Il s’agissait d’une position de soutien auprès du Marquis de Sanguice qui accordait une influence politique en échange des abus reliés au service dudit marquis. Puisque le marquis se nourrit exclusivement de sang vampire, seuls les personnages Vampires étaient éligibles à cette mission spéciale. Conséquence de l’échec : -1 point de soutien par refus.
  • L’intervention de Deccio n’a accordé aucun point de soutien, puisque la finalité reste indéterminée. Elle pourra toutefois s’appliquer lors d’un événement futur.


Puisqu’aucun camp ne l’emporte, c’est l’avantage de moral des Evershas du premier événement qui leur permet d’atteindre leurs objectifs. Les deux lignes de défense vampire sont brisées, acculant les suceurs de sang dans leurs derniers retranchements. Cela dit, grâce au soutien de leurs alliés, les Vampires ont réussi à limiter considérablement leurs pertes tout en occasionnant de nombreuses pertes ennemies.

Résultat : les deux camps débuteront le prochain événement sur un pied d’égalité. Les Evershas n’ont plus qu’une ligne de défense à briser pour atteindre le manoir du Marquis de Sanguice, mais les Vampires sont toujours assez nombreux pour reprendre Durienrisda dans une contre-attaque décisive.

Ensuite, comme pour le premier événement, des cadeaux thématiques sont donnés aux participants. Les personnages concernés devront m’envoyer un message privé pour confirmer qu’ils acceptent leur cadeau et discuter des implications. Dans le cas contraire, je vais considérer que le cadeau a été refusé.

Cadeaux de Typhon de Gargantua

  • Aaliah : le parrainage. Aaliah dispose du soutien de Typhon afin d’évoluer parmi les Evershas. Elle, ainsi que la meute qu’elle choisira d’intégrer, pourront bénéficier de l’appui et de l’aide de l’Augure aussi souvent que souhaité.

  • Nostradamus et Èibhlin : les contributeurs. Les vins les plus précieux et les plus rares de la collection du Marquis de Sanguice ont été dérobés par les Evershas pour vous y être acheminés. Libre à vous de consommer ou de vendre ces vins. Vous pouvez aussi retourner ces biens dérobés à leur propriétaire légitime en guise de bonne foi, ou encore extorquer ce dernier contre des richesses ou des faveurs.

  • Omos : la promotion en grade. Omos est promu au grade d’office de terrain dans l’armée Eversha. Il reçoit le commandement de l’escouade crocodile. Il s’agit d’une escouade de quatre Evershas avec un Totem à l’aise dans l’eau (un crocodile marin de 6 mètres pesant une tonne et trois autres [un crocodile du Nil, un crocodile marin et un crocodile américain] de tailles plus modestes, mesurant entre 4 et 5 mètres et pesant entre 500 et 700 kilos) et de trois Evershas de Totem volant (un aigle, un faucon et un hibou).

    Grâce à cette promotion, Omos et son escouade participeront aux efforts evershas pour devenir maître des eaux de Durienrisda. Les Borja, en particulier, sont ciblés grâce aux informations récoltées lors de la précédence mission de l’escouade.


Cadeaux du Marquis de Sanguice

  • Dorian : le Fléau du patriotisme. Lorsque le Marquis de Sangucie constata que le corps de Faust était habité par Dorian, il jeta à ce dernier la « malédiction du patriotisme » afin de tirer profit de la situation. Cette malédiction empêche Dorian de quitter Durienrisda avant le terme de la guerre, peu importe les moyens entrepris pour quitter le plateau. Si un nouvel échange de corps à lieu, ce seront les corps qui seront échangés plutôt que les esprits. Dorian retrouvera son corps, mais restera en Durienrisda, là où il se trouvait dans le corps de Faust. Ayant rejeté l’offre du marquis, Dorian est envoyé se battre au front avec la créatrice de Faust.

    Pour l’aider dans sa tâche, Dorian reçoit un artéfact de la collection du marquis : Fléau. Il s’agit d’un fouet magique permettant au propriétaire de gagner les compétences martiales du légendaire Simon Belmont, qui s’y trouve emprisonné corps et âme. Quiconque peut dominer les incessantes plaintes et supplications du captif devient un virtuose de cette arme dévastatrice. Attention toutefois à ne pas libérer Simon Belmont de sa captivité… Le légendaire chasseur de Vampires peut offrir richesses, faveurs et protection à son libérateur et ses proches, mais déchaînera sa fureur contre tous les autres Vampires.

  • Vulpina : la promotion en grade. Vulpina est promu au grade d’officier de liaison dans l’armée vampire. Elle reçoit donc des troupes et du financement pour continuer les opérations des Borja. Suite à l’avancer des Evershas, la priorité est donnée pour escorter et protéger les dernières lignes de ravitaillements.

  • Faust : la conscription. Puisqu’il a échangé de corps avec Dorian, Faust reçoit la mission de tirer profit de la situation pour revenir en Durienrisda avec des renforts. Il reçoit donc un ordre de conscription. Ce document officiel permet de conscrire tout vampire n’occupant pas une fonction essentielle dans les terres vampires.

    Note : en l’absence de Faust, ce cadeau peut être transféré à la créatrice de Dorian.

  • Kitoe : la contributrice. Les talents culinaires ont trouvé parti pris au manoir du Marquis de Sanguice en tant que délicatesse exotique. La démone y est donc invitée à séjourner et à profiter de la luxure offerte aux invités de marque du marquis. Des discussions sont entamées afin de distribuer les créations de Kitoe dans les terres vampires.

  • Thessalia : la noblesse. La Comtesse Xéria est l’un des alliés les plus fidèles du Marquis de Sanguice. Les deux Vampires possédant des terres adjacentes, la bonne fortune de l’un se reflète inévitablement sur l’autre. Progéniture de Xéria, Thessalia sera amené à évoluer dans un environnement mondain.

  • Jämiel : la correspondance. Les goûts raffinés de Jämiel plaisent au Marquis de Sanguice, qui tire plaisir à débattre des enjeux du monde grâce à une correspondance écrite entre l’Alfar et le Vampire. Le sujet de la guerre en cours se glisse ici et là, mais l’intérêt premier est le divertissement et les échanges d’idées entre deux grands esprits. De plus, Jämiel peut désormais compter sur le vaste savoir et l’imposante bibliothèque du marquis pour l’assister au cours de son ascension au sein de son peuple.

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La Guerre des Crocs – Deuxième Partie

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