Le dîner de l'apocalypse

« Tu devrais partager ton enchantement, Jijil. »

L’espièglerie passa dans mes yeux. Je dormais vraiment bien. Rien ne m’empêchait de dormir en fait, aussi parce que j’avais tendance à consommer avant de me coucher et que je me laissais ensuite porté par la redescente que subissait mon anatomie. Néanmoins, je ne cracherais pas sur quelques heures de sommeil supplémentaires. Étudier les autres races et écrire des livres prenait du temps. J’avais d’autres activités également, comme contenter un Souverain et profiter du harem d’un autre. Dans ces conditions, il valait mieux être en forme.

« On pourra jouer dans la far… »

Jil passait toujours du coq à l’âne. Parfois, elle parlait même pendant l’amour. Le phénomène devait en surprendre plus d’un, là où j’essayais d’orienter la conversation vers des trucs coquins qui m’excitaient encore plus.

« Oui merci. »

Je pris la tapenade. J’avais faim et pas que de nourriture. C’était dommage qu’elle ait interrompu ses caresses sous la nape. Je regardai mon voisin de gauche. Je n’avais rien contre les gros mais là c’était trop. À mes débuts, lorsque la Luxure était plus forte que tout, je l’aurais supplié d’abréger mes envies. Aujourd’hui, c’était différent. Rapidement, en suivant la conversation de l’obèse et de son homologue, je compris de qui il s’agissait. Je fis l’autruche quand le mépris fusa. Je ne me sentais pas de jouer les héros. Malheureusement pour eux, ils étaient trop aveugles pour se rendre compte d’un léger petit détail qui aurait tout changer dans leur relation familiale. Le frère, vilain petit canard, était en réalité l’Empereur Noir. Je souris. Quels cons.

« J’aime bien fourrer, c’est vrai. »

Je l’avais dit en regardant Laëth de nouveau. Elle m’évitait. Tant mieux, qu’elle boude. Qui a besoin d’une Ange dans sa vie ?

« Mais je ne sais pas si elle aime ça elle. Elle me parait plutôt préférer tout ce qui est sec. »

Je fis craquer mon cou, me sachant sur une mauvaise pente. Heureusement que je ne pouvais pas bouger, je l’aurais sans doute secouée davantage, avant de la plaquer contre un mur pour lui faire cracher le morceau. Il y avait quelque chose entre nous et elle n’arrivait pas franchement à le cacher.

« Oui c’est Zane Azmog. J’ai appris à sucer à mon apprentie sur sa statue. Il était bien membré si on en croit les proportions de l’œuvre. »

Je tournai la tête vers Daé.

« Oh c’est vous ! Rabibocher ? Non. Par contre si vous voulez toujours d’un plan, ça peut s’arranger. »

Je souris. Je ne disais presque jamais non. Mes yeux se fourrèrent dans le décolleté d’une femme. Ce n’était pas que mes yeux que je voulais y fourrer. Elle me disait quelque chose.

Je donnai un coup de coude à Jil.

« Tu veux qu’on baise avec eux ? Dans la farine, je veux dire. Oriane ? Ça te dirait ? Mancinia ? »

Pour Mancinia, je plaisantais.

J’évitai de regarder Kaahl consciencieusement.

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SKÁLD - Sækonungar

« Wooo ! » J’écarquillai les yeux devant la montagne de gibier qui se trouvait devant moi. C’était la première fois que j’en avais autant, pour moi seul. À l’odeur, je me dis que ça devait être du sanglier. C’était fort. Ça avait la même odeur que les chasseurs qui revenaient, transpirants, après des jours passés dans la forêt. Il fallut un moment avant que je ne me rendisse compte de deux éléments perturbants : je n’étais plus avec les autres enfants et je ne voyais plus les Esprits. Je baissai les yeux sur mes vêtements. « Wooo ! » répétai-je. J’étais habillé avec une tenue particulière. La fourrure se mêlait à la peau pour donner un ensemble qui me donnait l’allure d’un chef de guerre, respectable et respecté. Je n’étais qu’un enfant mais ce nouveau style me contenta. « T’as vu ma tenue ? » tentai-je avec mon voisin. J’étais à Stenfek depuis quelques temps maintenant et je ne parlais toujours pas Zul’Dov. La communication était compliquée mais avec des efforts et des gestes qui semblaient presque universels, on arrivait à se faire comprendre nos envies. Je boudais toujours la Raya. Je n’aimais pas l’effet qu’elle me faisait. Les filles c’était nul. J’avais compris rapidement qu’il ne fallait pas parler des Esprits avec les non-Chamans. De toute façon, ils étaient bêtes et ils ne comprenaient rien. C’est ce que l’une de mes nourrices m’avait dit. Les Réprouvés étaient des hérétiques. Ils ne croyaient pas aux Ætheri. J’avais essayé, en représailles, d’arrêter de jouer avec eux. Néanmoins, les journées se faisaient longues et, dans une ville constituée d’une grande majorité de Bipolaires, mon entreprise s’était vite avérée impossible.

Avec un air curieux, je portai attention à ceux qui se trouvaient non loin. Je n’hésitai pas à me tordre sur ma chaise et à me contorsionner pour apercevoir le maximum de visages possible. En face de moi, il y avait un garçon aux cheveux presque blancs, avec un chien. « Dasäha'lhm'Melerdi ! » m’écriai-je, en apercevant l’un des époux du Fumeur Macabre. « Dasäha'lhm'Melerdi ! » répétai-je, pour attirer son attention. Dire que j’avais cherché à apercevoir les époux avant la cérémonie du mariage sans y arriver et que, aujourd’hui, l’un d’eux était à ma table ! Les Dieux avaient entendu mes prières ! Je ne savais d’ailleurs pas où j’étais mais il me paraissait clair que c’était un signe d’au moins un Æther. Étais-je dans le monde de l’un d’eux ? Un monde sans Esprit ? Ce que je pensais n’être qu’une théorie était en réalité la vérité. Je remontai les yeux, pour voir une silhouette que je connaissais. Pourtant, j’avais l’impression de ne pas la reconnaître. Le trouble m’en fit oublier l’envie de manger. Je poussai sur ma voix. « Oh ! Tu connais Soa'Lêtó'Ha ? Parce que tu lui ressembles ! » Je ne pouvais pas concevoir que la Reine portât ce genre de vêtements bizarres.

487 mots
Tekoa arrive. Il reconnait Adam mais ne voit pas Circë parce qu’elle est trop loin. Il lui semble reconnaître Léto aussi mais il préfère se dire que la personne lui ressemble à cause de son accoutrement qui est bizarre pour lui. Il est assis à droite de Maximilien.

Le Dîner de l'Apocalypse
Shut It Down - Frida Johansson and Henrik Oja

Je récupérais l'origami de papier, remarquant que celui-ci n’était pas le seul à voltiger au milieu de la table. Pourtant, avant même que je puisse y lire ce qui était inscrit, je perçu le contact d’un corps contre le mien. Mon regard se retourna en direction de l’Elfe à mes côtés. Il perdit de son éclat et mes épaules s’abaissèrent légèrement.

« Ne vous excusez pas », lui assurais-je d’une voix redevenue calme et plate, tout en la laissant reculer.

Elle n’avait pas à être désolée. C’était ce spectacle qui était exécrable. Tout autour de la table, je pouvais entendre des voix, quelques-unes plus reconnaissables que d’autres. J’avais identifié la Matasif ainsi que le Capitaine Katzuta. J’avais également remarqué la Recrue Belegad à proximité du Démon qui ne bougeait plus sur son assiette. Elle était vraiment mal entourée.

« Comment vous sentez-vous? »

Avec grands efforts, je la gratifiais d’un léger sourire, qui se tordit en un rictus maladroit, l’éclat de voix de sa voisine couvrant subitement tout le bruit qui nous entourait pendant un instant. Je soupirais, relevant la tête vers le faciès d’une jeune et grande femme aux cheveux bleus qui, par une énième extravagance, voulu rajouter un peu de son art à la représentation. Les plats commençaient à s’empiler sur la table; nous étions loin de terminer ce repas et pourtant, j’avais déjà la folle envie de le quitter pour retrouver la tranquillité de mon appartement.

« Non », répondis-je simplement à la Bleue, tout en la considérant tranquillement des yeux jusqu’à ce que sa propre attention soit de nouveau titillée par ce Mage Noir.

Et comme d’habitude, l’homme à l’extrémité de table ne répondait pas à mes questions. Je fermais les yeux. Je soupirais. Les souvenirs de l’Ultimage ne mentaient pas. En revanche, impossible de véritablement savoir ce qui lui traversait l’esprit. Cet homme était une énigme, aussi bien que les tenants et aboutissants de ce dîner. Ne prêtant pas attention à ma nouvelle nourriture, je me mis simplement à observer le morceau de papier, lisant rapidement le mot qui était écrit. Cela ne me fit ni chaud, ni froid. Je le repliais simplement, continuant le « jeu. » À un moment, je levais le regard, observant successivement l’hôte et le Belegad. Comment se faisait-il qu’il soit allé plusieurs fois dans la cité des Déchus? Nos deux peuples n'étaient pas en bons termes. La remarque qu’il avait également lancé au soldat Valärunkar m’avait intrigué. Pourtant, l’arrivée d’une nouvelle criarde m’amena à fermer les yeux un instant. Le temps avait passé, et comme de fait, il fallait en plus que nous réentendions la voix narquoise du Démon de l’autre côté de la table, qui venait d’être réveillé. Je me tournais lentement vers l’hôte. J’avais remarqué son geste de la main.

« … Pourquoi êtes-vous intervenu? »

L'inflexion des voix recommençait à s’élever, à gronder, et ce, vraiment tout près. Trop près. J’expirais doucement.


◆ 486 mots | Post IV

Isiode parle à Circë et répond à Latone. Il parle à ???.

« C’quoi c'te merde ? » grogna la vieillarde en jetant un regard soupçonneux au cerfeuil. Elle lui asséna une pichenette qui le fit tomber à la renverse. « Oucht ! » dit-elle, la bouche pleine – le servant avait remplacé sa salade par un assortiment de petits gratins. Elle reporta son attention à la feuille qu’elle observait précédemment. « Et puis c’quoi c'bidule ? Ç'a l’air nul. » commenta-t-elle, incapable de comprendre son fonctionnement.

Continuant à s’empiffrer – elle piquait régulièrement sa fourchette dans l’assiette de son voisin – elle observait tout ce qu’il se passait avec amusement. Un sourire médisant tractait ses lèvres et elle se plaisait à commenter tout ce qu’elle voyait. « 'l'a pas fini d'brailler c'te dinde ? » dit-elle lorsque la bipolaire apparut. « S'elle a 'core la force d'beugler com'ça, c’est qu’son morveux l'a pas assez explosé l’ent'jambe. Pourtant, j’croyais qu'les réprouvés r'ssemblaient à des ogres dès la naissance. » Laids et inutiles. Stupides également : cette Za l’était forcément puisqu’elle avait refusé de s’allier à l’homme le plus puissant du monde. « E'f'rait mieux d'rester à sa place. » conclut la vilaine. « Bon, et est c'qu'quelqu’un peut rendormir c'chieur s’i'vous plait ? » demanda Mertle à l’assistance lorsque le démon, qui avait fini sa sieste, recommença à raconter des bêtises. Lorsque le blond parla de ramener des gens à sa cause, la vieille harpie laissa un rire gras lui échapper. « Il avait déjà l’air con quand i'pionçait, mais réveillé, c’est encore pire. S’il vous plait, abrégez nos souffrances. » dit-elle à un serviteur en lui faisant signe d’égorger le diablotin. Le serviteur sembla pantois et n’osa pas bouger, ce qui fit lever les yeux au ciel à la vieillarde.

La biquette posa son regard sur le nouveau Chancelier lorsqu’il s’adressa à l’angelotte. Elle le toisa avec dédain : elle n’aimait pas cet homme. Il y avait quelque chose en lui qui la mettait profondément mal à l’aise. Et puis, il avait organisé un concert avec des magiciens. Des MA-GI-CIENS ! Vous vous rendez-compte ? Quelle ineptie ! C’était certain, il était fini au pipi. Mertle avait toujours admiré l’Ultimage – le vrai, pas la gourdine masquée – mais elle ne comprenait pas cette décision. La couardise poussa la harpie au silence : une sage décision qui ressemblait à de l'instinct de survie. Elle préféra donc se concentrer sur les deux Paiberym près d’elle : eux, c’étaient de véritables mages noirs ! Fierté de leur nation ! Elle fusilla du regard la demoiselle qui s’était attirée les faveurs du Talleb : elle jalousait toutes les femmes qui possédaient la beauté dont elle n’avait jamais pu jouir. « Votre frère a raison. I'n'faut pas trainer 'vec la vermine. » avait-elle ajouté, bien que sa remarque ne soit pas écoutée.

Mertle posa son regard sur l’excentrique en face d’elle. Elle était bien trop joyeuse à son goût. Pour remédier à ce problème, elle essaya de lui donner un coup de pied sous la table.

499 mots.
Mertle commente un peut tout ce qu'il se passe, en parlant un peu toute seule mais ses voisins peuvent l'entendre.
Elle s'intéresse surtout à Za, Deccio, Cyrius, Khaal et Kaalh. Elle est jalouse d'Oriane.
Elle essaye de donner un coup de pied à Jil sous la table.

Matthew K. Heafy - My Mother told me

Si je réfléchissais aux différentes combinaisons possibles pour résoudre la grille que j’avais devant moi, je n’en restais pas moins concentré sur ce qu’il se passait autour de la table. Le Boucher, la Dasäha'lha'o'Raanu et l’Enök avaient une relation spécifique. J’essayais de faire taire l’instinct protecteur que je ressentais, contre-coup des émotions de Devaraj à l'égard de la jeune femme. J’avais autant envie de l’attacher à moi que de la fuir. L’Ange que j’étais penchait davantage vers la protection. Mon frère était un homme aussi fou que paranoïaque. Il avait des espions pour espionner ses propres espions. Il aimait tout savoir et, par conséquent, je savais tout aussi. Vivre son existence entière et l’avoir en tête était un lourd fardeau. Les rares fois où je réussissais à m’endormir et où je ne parvenais pas à contrôler mes rêves, il m’arrivait de faire d’horribles cauchemars et d’être sujet à des terreurs nocturnes. On ne devient pas si proche de Nīḍalu sans conséquences.

Mes yeux s’attardèrent sur le mot que l’Ygdraë transmit à l’Aslak. L’envie de savoir me prit. Devaraj était curieux, et bavard aussi. Je n’en étais cependant pas à débiter des mots à n’en plus pouvoir respirer. Comme je luttais contre sa présence, j’en devenais encore moins expressif. Je brisai néanmoins mon silence pour regarder la Princesse de Raanu. « Ce n’est pas Zane Azmog. Personne ici ne vous fera le moindre mal. Vous êtes bien entourée. » Le Sorcier était curieux. Pourrait-il la tuer, en allant à l’encontre des émotions de Devaraj ou en serait-il incapable ? Je le fis taire et tournai les yeux vers Priam, en remontant légèrement Sjar sur moi. L’Humain n’était pas le seul ailé à cette table. Il y avait l'Obstiné. Cyrius n’y avait pas fait attention, parce qu’il vivait dans son monde. Peu de choses lui importaient. Seulement, il défendait celles auxquelles il tenait bec et ongles. J’ouvris la bouche. « Je sais que vous ne m’appréciez pas, même si je ne suis pas sûr d’en connaître les raisons exactes. Je me demande si vous seriez plus détendu si nous buvions une bière ensemble et effectuions une joute, Fus’Naakar’Lus ? » Je souris. « Au cas où, je ne suis pas aussi terrible que j’en ai l’air. »

Je surveillais mes frères de loin, guettant également les réactions de Cyrius. S’il n’en tuait pas un avant la fin du repas, ce serait un véritable miracle. Si je ne tuais pas Kaalh avant la fin, c'en serait un aussi. Laëth était très mal placée. Adam me snobait. Je profitai de l’apparition de Za pour attirer l’attention de Latone. Mes mots résonnaient parfaitement, malgré le chaos ambiant. « La magie que vous avez utilisée plus tôt m’a interpellé. » Elle aussi, je la connaissais. Peut-être se rappelait-elle de moi, en tant que Kaahl. « Je suis curieux à son égard. » Comme j’étais curieux de savoir pourquoi une touffe de cheveux de l’homme, qui était censé garder la Réprouvée, se trouvait dans la main de celle-ci. Je pris l’origami et le lus à Sjar. « Donnez à ceux que vous aimez des ailes pour voler, des racines pour revenir et des raisons de rester. »

496 mots sans les paroles du Dalaï Lama
Kaahl s'adresse à Circë, Priam, Latone et Sjar
Elias va finir par épouser Mertle