Cocoon failli s'etouffer en entendant Yulenka lui dire avec le plus grand naturel du monde, qu'elle allait au feu. Oui quelques jours en allant vite... Pas quoi se faire du soucis... Justement, tout ne se passe jamais comme on le prévoit ! Bien au contraire. Elle pensait faire une balade de santé ? Cocoon flairait à plein nez le danger, ce fut pour cette raison qu'il se proposa de l'accompagner. Après tout, il n'était pas de si mauvaise compagnie... Si ?
Visiblement non, mais il fallait qu'il s'équipe mieux que cela et ce fut avec plaisir qu'elle l'envoya chez Eden, le jardinier, pour qu'il le mène à un alambic tout chaud, prêt à faire fusionner diverse substance. En sortant du salon, L'Orisha perçut un bruit étrange, tonitruant, mais ne s'en soucia pas, et arriva sous la verrière. L'Elfe était là, de dos, en train de s'occuper de ses plantes.

« Eden, Yulenka m'a dit de venir te voir, car tu saurais partager ta table d'alchimie. »

Acquiesçant, l'Elfe l'emmena dans la remise, de manière à lui montrer son laboratoire, mais surtout ses potions déjà faites. De son oeil expert, Cocoon prit ce qu'il jugea utile et surtout nécessaire, tout en parlant avec le jardinier.

« Je sais bien, c'est pour ça que je suis là aujourd'hui. J'empêche Yulenka de mourir, sur ordre de Lyzzie. La vision de la mort est différente pour tous, mais chez elle c 'est particulièrement abstrait faut dire. »

Rangeant quelques décoctions, il en reposa une, puis regarda des ingrédients de bases dans le formol. Rien n'était intéressant. Reposant les bocaux il ajouta :

« Y a des jours je me demande vraiment comment elle fait pour rester en vie plusieurs semaines d'affilées. Bon, merci pour ça, je te rendrai la pareille rapidement. »

Sortant de la serre, il traversa le jardin et atterrit à nouveau dans le salon. Là il demanda à Sue de voir Lyzzie, la gouvernante. Celle-ci l'emmena à ses quartiers et Cocoon entra dans sa chambre. Elle était allongée, en train de souffler doucement, et de commencer à se reposer, bien qu'elle avait quand même l'air de se faire du soucis. Comme un prince au service de sa Reine, l'Orisha s'approcha d'elle et s'agenouilla au pied du lit, pour lui prendre sa main et la porter à ses lèvres.

« Je suis venue voir comment vous alliez ma chère Lyzzie. Ne vous inquiétez pas, je vous ramènerai votre maitresse entière. Reposez-vous, comptez sur moi. »

Lui faisant un sourire à faire tomber les Anges sur Terre, il se releva et la laissa là, pour partir dehors. La vampire était en train de faire calin-calin avec son animal, avant de l'équiper pour monter dessus. Ah oui, il se souvenait parfaitement de lui ! Il l'avait gentiment transporté lors de la réunion des chefs, pour se casser à la tea party. Brave bête.
S'approchant d'eux il dit :

« C'est bon je suis prêt, tu me dis quand on peut partir. Rappelle moi où ça se trouve ? »

Cocoon attendit que Yulenka ait fini son bordel pour à son tour chevaucher l'animal. Il s'assura de ne pas lui faire mal, comme lorsqu'il l'avait enfourché le jour de la partie de thé et, écouta la vampire parler. Dans une grotte ? Un dragon dans une grotte ? Euh... C'était pas un peu étrange comme planque ? Où alors peut etre était-ce une ancienne ville souterraine, creusée à même la montagne, pour... Non, vu que c'est dans les terres arides. Sérieusement, c'était quoi encore cette embrouille ?!
En soupirant il monta alors dessus correctement, et vit Yulenka faire de même devant lui, monter à cru sur Baal. Lorsque leur monture s'envola, Cocoon tendit les bras, hyper rapidement, choppant Yulenka par la taille et la collant à lui. Il planta son visage dans son cou.

« Bordel... Yuli, j'ai le vertige... »

Oh mon Dieu !!! Comment un type comme lui pouvait avoir des frayeurs si bénignes et enfantines ? Il se doutait que la vampire allait se mettre à rire à gorge déployée devant son défaut patologique, mais il n'y pouvait rien. Et bien qu'il complexait dessus, il dit en boudant :

« Et y a personne qui le sait alors tiens ta langue... »

Le voyage allait être terrible ! Suffirait qu'ils parlent au pire... Ça le ferait surement penser à autre chose.
Cocoon ne connaissait pas du tout les terres arides, il y était allé une fois, pour recevoir le miroir de l'éternité, sans plus et ne s'y était pas attardé. Bien sur, ce n'était pas le genre de région où on s'arrêtait pour faire du tourisme.

Une fois la traversée du diable effectuée -Cocoon n'avait pas lâché une seule seconde nounours Yuli, de son étreinte brune et musclée- il descendit, les jambes un peu molle, le regard floue, sur le sol poussiéreux. Devant eux se profilait une grotte tout à fait basique et banale, un trou béant mais de taille relativement humaine, peut être trois mètres de diamètre tout au plus. S’époussetant les épaules l'Orisha dit :

« Bha si c'est ici, le dragon a du entrer à l'intérieur quand c'était un oeuf... »

Sinon, il aurait défoncé la façade, à coup sur. Seulement un monstre, enfermé toute une vie dans une cavité rocheuse... Pour peu qu'il soit prisonnier ou attaché, il allait être sacrément en colère.

« Bien sur, pas de plan, ni d'autres indications hein ? A l'aveugle, comme on aime. »

Ouais c'était pas franchement être doué de conscience de faire ça, mais quand la vampire avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs, alors pour Cocoon c'était comme ça, ils devaient aller la dedans, se jeter tous les deux au feu, de la manière la plus inconsciente qui soit, c'était toujours mieux. S'agenouillant au pieds de la parois de la grotte, il trouva des ingrédients alchimiques fort utiles qu'il ramassa avec soin, prenant même la peine d'enlever ses gants, pour manier les plantes avec douceur. Une fois sa dinette terminée -ca ne prit que cinq minutes- il se releva, mit ses gants noirs et dit :

« Bon, je crois qu'on est paré. »

Les deux s'enfoncèrent dans la grotte sombre et inadaptée, en longeant les murs. On pouvait entendre des gouttes d'eau tomber, il faisait frais et humide, et c'était difficile d'avoir des repères visuels. Cependant, ils avançaient toujours tout droit, jusqu'à un croisement. Deux branches partaient de chaque côté et l'Orisha dit :

« Je propose d'emblée qu'on ne se sépare pas. Pour le reste je fais confiance au sixième sens des femmes. »

Elles étaient connus pour avoir un sens de l'orientation à mourir de rire, alors il préférait laisser choisir Yulenka qui serait surement certaine d'une direction, que choisir lui-même, en prenant cent ans pour se décider.

L'attitude qu'eut Yulenka envers lui le surprit. Sa main dans ses cheveux l'apaisa, le froid de sa peau, le contact de son amie, la compréhension qu'elle avait à son égard, c'était particulièrement plaisant, et rassurant. Il ne rechigna pas lorsqu'elle lui parla, et resta planqué dans son cou, ne voulant observer ce qu'il se passait aux alentours. Il savait qu'il n'avait pas à avoir honte, Nydelia aussi lui avait dis ça mais sérieusement, quel homme avait peur du vide ? Quel VRAI homme se sentait défaillir dès que ses pieds se décollaient du sol ? Aucun ! Alors pourquoi ça devait tomber sur lui ? Ah... Sale chienne de vie...

Une fois entrée dans la grotte, Yulenka lui attrapa la main, de manière à le guider dans le noir, marchant ainsi sur les pas de la vampire. Là où le chemin se sépara, son amie -comme il l'avait prédit- ne prit pas cent ans pour décider d'une issue, et tous deux s'y engouffrèrent. La roche était légèrement plus friable, se qui fit plisser le nez au bronzé, mais en regardant devant, tout avait l'air normal. Des champignons et des sortes d'algues phosphorescentes, avaient poussé un peu partout sur les murs, et Cocoon pu y voir un peu plus distinctement que plus tôt. Il voyait les reflet verdatre sur les parois, annoncer encore un énième long couloir. Yulenka lui lâcha la main et marcha vers le centre, du tunnel avant de lui dire comment c'était beau. Seulement un bruit sourd retentit et d'un coup, en une seconde, un éboulis débarqua pile sur la vampire. Et puis pas un petit éboulement, non non bien sur, des rochers faisant une sacrée taille !

Cocoon n'y croyait pas, il n'avait rien pu faire que déjà elle était ensevelie sous la roche. Il n'attendit pas mille ans et sauta à côté du tas de pierres pour les enlever une par une, à la force des bras. Allié à sa rapidité, il arriva à presque reformer un tas non loin, jusqu'à voir apparaitre enfin des bouts de cheveux bleus. Là, il accéléra la donne, son cœur battant à mille à l'heure. Il s'en voulait trop. Il allait avec elle pour la protéger et voilà qu'elle se faisait avoir à une dizaine de mètres de lui, à peine ! C'était rageant !
Prenant soin d'enlever toutes les pierres qui pouvaient recouvrir son corps, il vit certaines blessures physiques visibles et se dit qu'elle devait en avoir des internes.

« Yulenka ! Reponds moi ! »

La prenant dans ses bras, il l'emmena un peu plus loin, s'assurant que la zone fut sécurisée. m*rde pourquoi fallait-il que ça arrive ? Pourquoi maintenant ?
La vampire reprenait connaissance, mais il voulut s'assurer que tout allait bien :

« Je suis là, ne te lève pas de suite. Tu as mal quelque part ? »

Là encore, ses talents d'alchimistes demandèrent d'être mit à l'épreuve ! Il fallait qu'il soigne la jeune femme si elle s'était cassé quelque chose, et pire encore, peut être la raisonner de faire demi tour car si à ce stade là il y avait un tremblement qui leur arrivait sur la gueule, alors plus tard qu'est ce que se sera ?

Cocoon avait bien comprit que Yulenka essayait de faire ce qu'elle pouvait pour arrêter le feu mais lui ne prit pas cette peine et préféra se barrer rapidement au cas ou y aurait de l'échec à l'horizon. L'Orisha fut bien surpris de voir qu'elle n'a pas essayé de partir de son étreinte, juste repousser un peu le feu sans plus. Commençait-il enfin à un peu imposer du respect ? Ou pas ! Après tout, elle avait quand même voulut participer en sauvant le dos de l'orisha, et c'était ten mieux car sinon, il aurait en ce moment même de jolies marques de brûlures. Tous deux soupirèrent en se disant que de toute façon ils n'avaient plus d'issus, et fallait prendre cette voie là.

Yulenka serra la main brune de l'Eshu, en le guidant dans le noir. Ses pas n'étaient pas rassurés, il ne savait pas vraiment où il marchait mais il faisait assez confiance à son amie pour qu'elle lui indique les obstacles du parcours. Mais le sol était escarpé, et il fallait qu'elle utilise ses deux mains si elle voulait se frayer convenablement un chemin. Cocoon lâcha sa main à contre-coeur, essayant de se repérer comme il pouvait, en essayant de ne pas se crouter. L'Orisha était tellement concentré, qu'il se prit la main de Yulenka sur le torse, et capta qu'après, qu'elle s'était stoppée. Attrapant son poignet pour voir si elle repartait ou non, il entendit sa voix, feutrée, parvenir à lui. Alors il leva la tête, mais ne distingua pas grand chose pour le moment.

« Bordel c'est vraiment de la m*rde cette grotte. »

L'Orisha avait chuchoté cela, et c'était déjà bien assez fort et langoureux, alors il ne fallait pas qu'il hausse plus le ton. Même s'il était énervé et peu confiant par ce qui l'entourait, il devait garder son sang froid. Oui il n'était pas pour cette expédition et il sentait très très mal la fin de tout cela. Mais ce que lui dit la vampire un peu après fut plus que flippant. Quoi ?

« Quoi ? Comment ça plus dangereux ? »

Mais elle n'eut pas le temps de lui répondre que des bruits se firent entendre. Ne voyant strictement rien, Cocoon laissa faire son amie, mais il ne trouva pas cela très pro de s'engager sur des chemins où il ne pourrait même pas la protéger. Cependant ce furent juste des rats qui sortirent d'un trou, pour fuir vers le bout du couloir, comme s'ils savaient où ils allaient. L'Orisha resta silencieux mais dès que les bruits cessèrent, ils se remirent en marche. Pas de quoi s'affoler étrangement.

Après avoir marché dans ce tunnel accidenté, voilà qu'il commençait à s'élargir, toujours un peu plus, jusqu'à devenir un trou vraiment béant dans la roche. Puis la lumière apparut. Une lumière qui semblait naturelle mais qui ne l'était pas, rendait enfin la vue à Cocoon. Le jeune homme mit sa main devant ses yeux en un premier temps, et quand sa vision s'adapta à la clarté, il pu enfin distinguer quelque chose. Quoi ? Ses yeux se dilatèrent, et il dépassa Yulenka pour se précipité au la sortie de la grotte. Devant eux, une énorme battisse en ruine se tenait là. Comme si dans cette montagne, avait été construit un château fort, avec ses résidents, et que maintenant tout était mort et détruit et surtout, noir. Les pierres des fondations étaient encore là, des murs tenaient tan bien que mal, mais sans se leurrer, la forteresse, ou ce qu'il y avait pu y avoir, était complètement détruit et tout ouvert. Il y avait eu de la vie sous terre !

Sortant complètement de la grotte, l'orisha s'avança alors vers ce qui était surement une grande pièce, au vue du carrelage, et se baissa, pour toucher les pierres. Tout autour était déposé une épaisse poudre noire, comme dans les parois de la grotte, et elle était beaucoup plus épaisse que la suie. Ainsi, c'était quelque chose qui brûlait même la roche. Se redressant, un bruit sourd et tonitruant se fit entendre, assez loin quand même, mais Cocoon tourna machinalement la tête vers la source du bruit. La grotte était gigantesque, le plafond anormalement haut et tout l'espace était constitué des ruines en pierres du bâtiment. Ainsi ils marchaient sur des mosaïques, des carrelages, puis un peu de verdure, puis de la terre, puis de la pierre...
Sentant quelque chose qui n'allait pas, il dit :

« Tu sens ça ? »

Son empathie était très raffinée et pouvait capter la moindre arrivée de la moindre bestiole. Faisant un bond en arrière, il vit le sol se craqueler là où il se tenait deux secondes au paravent. Sortant son épée, il se mit directement en position de défense, comme pour accuser un coup, et vit avec stupeur une plante géante sortir de là. Une sorte de tentacule de pieuvre, avant au bout une mandibule et des "pétales" (merci les pétales sur un monstre pareil) autour de cette bouche carnassière. Il avait déjà combattu des fleurs carnivores, de plusieurs pieds de haut, mais elles avaient l'air beaucoup plus inoffensive que ça à côté ! Seulement, la technique était la même. La fleur se jeta sur lui, et il para le coup en disant :

« Il faut lui couper la tête ! »

C'est à dire qu'il fallait que Yulenka s'envoie en l'air pour sectionner la tige, là où elle est la plus vulnérable.