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 [RPPT] - Le Rêve qui crée le doute, le Rêve qui révèle, le Rêve qui exauce

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Lun 13 Avr 2020, 17:07




Le Rêve
Echanger de place ? Le Chaman pencha la tête sur le côté, se mordit la lèvre d'un air malin. « Non. » Il haussa les épaules. « Kaori te tuerai et je me retrouverai avec un cadavre. Quant à moi, il me faut probablement moins de trois minutes dans une pièce avec un magicien ou un sorcier pour que tout ton double-jeu tombe en petits confettis. » Quoique ce serait amusant de l'imaginer se dépatouiller au milieu des Chamans, même s'il lui faisait entièrement confiance pour analyser au millimètre prêt toute la conduite parfaite à suivre, ce serait déjà autre chose pour lui que de survivre au chaos bordélique qui régnait dans la chambre du Suprême de l'Au-Delà, rien que ça. Il sourit en s'imaginant Kaahl perdre des heures à ranger les millions de petits objets inutiles, cassés ou mystérieux qui jonchaient le sol et les murs de la pièce en les étiquetant par couleurs et par tailles. Il ne parlait même pas de son bureau... « Rappelle-toi que je ne suis pas un acteur et je ne ferais pas l'effort de l'être. J'aime les illusions mais je les utilise pour créer des émotions, pas pour la politique.» Il n'en avait ni la capacité ni la patience, à vrai dire, il était plutôt impressionné par le jeu que son frère pariait au quotidien, car à sa place, il aurait déjà craqué un bon paquet de fois. Devaraj se laissa séduire. C'était tentant, à vrai dire il ne savait pas trop si Kaahl faisait exprès ou non de rebondir sur le côté suicidaire et casse-cou de son propre caractère. « Mettons des conditions. Nous pouvons choisir une situation précise. J'aimerai que tu essayes de séduire un homme à ma place, quand tu voudras bien. » Il sourit comme s'il était en train de discuter de la météo un matin d'été. A ce moment précis, il ignorait que Jezekael était un automate sans sentiments, enfin... Disons que cette information restait dans son propre déni et que la curiosité de cette insaisissable personne le faisait fantasmer sur des choses tout à fait invraisemblables. Il fallait vraiment avoir une case en moins pour s'imaginer coucher avec une Ombre, mais passons. « En échange, je ferais une action à ta place, mais choisis bien, car même en ayant tes souvenirs et ton identité en tête, ainsi qu'en promettant d'essayer de les respecter, je reste un fidèle de Nidalu. »

Devaraj le regarda plus sérieusement, tout en jouant avec la pièce du fou de leur échiquier. Cela lui déplaisait que le Sorcier ait choisit cette scène spécifique de sa mémoire comme nouveau décor, surtout qu'il était assis à la place de l'Æther de la Folie, avec lequel il entretenait des relations digne du domaine divin dont il était question. « Tu ne finiras pas comme moi, tu es trop intelligent pour cela. » Il ne précisa pas plus. Il y avait plusieurs types de démences et le trop-plein de connaissances en faisait parti. « De toute façon, pas une seule tête couronnée n'est saine d'esprit dans ce monde, cela n'a donc aucune importance pour la réussite de tes projets. » Le pouvoir, la gloire, la vieillesse, l'ennui, le fatalisme, tant de monstres qui dévoraient inlassablement les crétins qui voulaient s'asseoir sur un trône. Pourtant, il comprenait l'ambition de Kaahl et arrivait même à en ressentir les effluves. Il comprenait aussi que cela ne lui plaisait pas que tout soit écrit à l'avance dans les lignes du futur. Le Destin était le pire ennemi des ambitieux. Cela lui faisait penser à cette effet étrange pendant la fusion avec un Esprit, lorsque le caractère de se dernier pouvait dépeindre sur celui du Chaman sans frontière nette. S'il méditait un peu plus sur ses ressentis, il pouvait même commencer à avoir envie d'être prudent et de réfléchir correctement à ses futures actions. C'était si ridicule qu'il se mit à rire tout seul. Il allait se réveiller, et hurler en voyant Petit Caleb dormir à ses côtés. Mieux valait qu'il évite Adam pendant quelques jours, si tout ceci était bien vrai, qui savait si une pulsion meurtrière, amoureuse, qui n'était pas la sienne ne surgirait pas au coin d'un couloir ? Les hommes n'avaient pas besoin de voir le monde de la mort pour être hantés, remarqua-t-il avec une certaine tristesse. « Nous sommes tous les deux faibles à cause de nos sentiments. Ce doit être à cause de notre père. L'éducation n'a pas été optimale. » rallia-t-il. « Je dois m'en aller, je suis censé être à mon mariage. » Il se leva et fit un geste de la main pour faire disparaître cette scène qui lui hérissait le poil, car il savait qu'elle n'avait rien à faire dans sa mémoire. Il avait, ils avaient, maintenant, vus l'interdit. « Tu m'expliqueras comment contrôler les momies ? Je n'ai pas envie d'aller chercher dans les parchemins. »

841 mots - post 7
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Lun 13 Avr 2020, 19:06


By Godfrey Escota

Le Rêve qui exauce



Les ailes noires de Morgane bougeaient légèrement, créant une brise qui venait caresser sa peau. Il ne lui opposait aucune résistance. Elle aimait ça, le sentir soumis à ses volontés. Adorait-elle réellement le pouvoir ? Ne se lasserait-elle pas d’être obéie parfaitement à la longue ? Peut-être, lorsqu’elle serait si puissante que personne ne pourrait lui opposer de résistance. Là, oui, peut-être qu’elle s’ennuierait. Elle avait néanmoins un long chemin à faire avant d’arriver à cette finalité alors, oui, elle aimait voir les autres ramper devant elle. Oui, elle avait besoin de ce sentiment, de ce contrôle. Elle ne voulait pas du contraire, être contredite, remise en question. Elle ne pourrait pas le supporter. Ce serait trop douloureux et humiliant. Néanmoins, actuellement, ces considérations étaient loin de son esprit. Elle se contenta donc de sourire lorsqu’elle comprit ô combien l’homme s’était perdu en l’invoquant, ô combien elle avait la main sur cette situation. Son sourire s’accentua lorsqu’il commença à formuler sa demande. Elle hésita à lui insuffler les Vices mais n’en eut pas besoin. Les mains de l’invoquant venaient de se poser sur son corps. Elle se mordit la lèvre inférieure. Si, au début, elle avait eu envie de le torturer, elle venait de changer d’avis. Elle le laisserait faire et verrait jusqu’où il serait capable d’aller. Elle regretta qu’il retire ses mains. Lui faisait-elle peur ? Ça l’excitait de l’envisager. « Oui, tu es à moi. » dit-elle, après sa tirade. Elle ne le vouvoyait plus parce que, au fond, elle savait qu’il était sa chose. S’il voulait la servir, l’aider à s’élever, alors soit, mais il devrait en payer le prix.

Le noir. Morgane sentit les mains de l’homme reprendre leurs caresses. La situation commença à la troubler, en même temps qu’une chaleur inconnue se répandit dans son bas-ventre. Cela n’aurait pas dû être. Elle était une Démone, bien sûr qu’elle avait déjà eu de nombreux amants, par le passé. Alors pourquoi est-ce que cette sensation lui paraissait dérangeante et contre nature ? Pourquoi est-ce qu’elle lui paraissait si plaisante, aussi ? Son esprit se détacha un instant. Elle revit la silhouette de son père et son bassin, qui bougeait dans des mouvements rythmés. Elle l’avait aperçu sur une surface réfléchissante, un court instant. Il se tenait derrière une jeune femme en robe blanche et sale. Celle-ci était baissée au niveau de sa poitrine, laissant un sein dépasser, libre du tissu, vibrant sous les assauts. Cette même robe était remontée, posée sur ses fesses et… Et son père avait fini par comprendre qu’elle était là. Il était sorti de la pièce, l’avait attrapée par le poignet et avait tordu celui-ci tellement fort que la douleur lui avait fait oublier ce qu’elle avait perçu durant quelques secondes à peine. Son père… se tapait une esclave ?

Elle revint à elle, sous les caresses du Réprouvé. Les caresses du Réprouvés… Ces mots se répétèrent dans sa tête, comme une aberration. Elle se faisait toucher par cette… chose, répugnante. Un Réprouvé… barbare, idiot, une espèce qui ne méritait que sa propre disparition. Et elle aimait ça. Et il la suppliait de ne pas l’abandonner, de ne pas le délaisser. Pouvait-elle ? Son identité reprenait ses droits. Elle n’était pas une Démone. Elle était une Sorcière et, cet homme autour duquel ses cuisses étaient enroulées n’était autre que son esclave. « Ah… » Le son sortit tout seul lorsque ses doigts se firent plus rudes. Elle eut du mal à comprendre ce qui venait de lui passer par la tête. Il n’était plus aussi malléable, il semblait bien plus maléfique. Sa voix venait de changer, aussi. Elle se sentit menacée. Elle devait reprendre le contrôle.

Morgane se sentait de nouveau en pleine capacité. Elle l’avait repoussé, pour qu’il reste allongé sur l’autel. Le dos de son esclave reposait sur la matière froide et ses mains à elle maintenaient ses épaules à lui fermement. « Tu vas m’obéir. » dit-elle d’une voix tranchante. Que voulait-elle de lui ? Elle voulait qu’il… Elle voulait le commander, qu’il ose faire des choses uniquement parce qu’elle lui avait dit de les faire. Cependant, ses envies étaient tordues. Elle en avait conscience. « Je veux qu’une nuit, tu te glisses dans ma chambre pendant que je dormirai et que tu commences à me faire des choses, à me toucher, à m’embrasser… » Elle se mordit de nouveau la lèvre. Elle se réveillerait et le frapperait pour avoir osé. « Si tu fais tout ce que je te dis, sans en parler à personne, alors je ne t’abandonnerai pas, jamais. »

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mer 15 Avr 2020, 12:01



Je soupirai devant le refus. Je ne le trouvais plus très amusant tout à coup. L’avais-je seulement un jour trouvé drôle ? Non. Nous étions dans un rêve et j’alternais entre audace et prudence, entre désir de fuite et désir de duel. Ma psyché se fragmentait de seconde en seconde. « Ce n’est pas important. » dis-je, de mauvaise foi ou simplement inconscient. Qui se souciait que nos rôles soient inversés ? Qui oserait dire quoi que ce soit ? Si demain, je réduisais en éclat la personnalité d’Elias en annonçant au monde qu’il n’était qu’un personnage, joué par quelqu’un de bien plus fourbe, qui tenterait de me contredire, de me maudire, de me faire tomber ? Ce n’était que des illusions, des rôles et le monde vivait ainsi, dans une naïveté exaspérante. Plus le temps passait et plus mes mots résonnaient comme une vérité absolue dans l’oreille de ceux qui les entendaient. Il y avait toujours une solution, une maladie à invoquer, une folie soudaine à faire remarquer. Ce n’était pas difficile d’obtenir des autres du respect ou de la compréhension. Beaucoup craquaient sous la pression. La plupart des gens ne souhaitaient pas savoir. Aussi, alors que je me contentais à chaque disparition d’arguer que j’allais dans ma famille, chez les Sorciers, tout le monde me croyait, parce que je paraissais honnête. Des mensonges qui faisaient office de vérité. Je stoppai soudain le flot de mes pensées. Ce rêve commençait à m’agacer. Ce n’était pas ce que je pensais et je savais que si mon frère mettait à mal mon jeu chez les Magiciens, il me serait délicat de le rattraper. Pourtant, si Kaahl tombait, je pourrais parfaitement prendre un autre rôle. Qui m’empêcherait d’assassiner le Nylmord directement et de me faire passer pour lui ? L’Ultimage approuverait puisqu’il s’agissait d’un Reflet aux desseins aussi tordus que possible. L’Ashiril m’appuierait, puisqu’il était corrompu. Je sentis la peur poindre en moi, cette peur de me réveiller un jour et de me rendre compte que les limites n’existaient plus, que personne ne pourrait me faire face, me dire non, me détruire. La méthode rigoureuse que j'employais jour après jour semblait être mon seul salut.

Je levai les yeux vers Devaraj, lorsqu’il parla de conditions. Ma pensée précédente disparut totalement de mon esprit. « D’accord. » J’ignorais réellement pourquoi est-ce que j’acceptais. Je n’étais pas un grand séducteur. Je n’aimais pas forcer les choses et, généralement, elles venaient seules ou, plutôt, je sentais une ouverture que j’exploitais. La question restait de savoir ce que je désirais de lui. Qu’il se fasse passer pour moi auprès d’Adam ou de Laëth, afin de vérifier leur capacité à me reconnaître ? C’était tentant mais bien trop dangereux. Je n’étais pas sûr de supporter les conséquences probables que ce type de jeu entrainerait. Adam le prendrait avec plus de philosophie que l’Ange mais les deux risquaient de m’en vouloir, sans parler du reste. Imaginer Laëth embrasser mon frère me fit grimacer. Impossible de lui donner un rôle qui le placerait trop proche de mes enfants. Ils représentaient un risque que je ne souhaitais même pas envisager. « J’y réfléchirai. » finis-je par murmurer dans un sursaut de prudence. Personne ne prenait ce type de décisions au sein d’un rêve. C’était absurde. Les idées qui me venaient en tête étaient toutes dangereuses. Lui, avait demandé quelque chose de léger tandis que, moi, je ne songeais qu’à des tâches qui me déplaisaient, comme partager le lit de l’Eorane ou aller… « Peut-être que tu pourrais te rendre à ma place au dîner familial des Paiberym. Ou pas. » Ça n’avait rien de plaisant d’être l’un des seuls « Magiciens » de la table et de savoir que tous, sans exception, souhaitassent ma mort. « Non, je réfléchirai à quelque chose de plus amusant. » conclus-je.

Mes yeux fixaient l’échiquier. C’était un jeu que j’appréciais, en temps normal, étant donné les stratégies qui en découlaient. « J’ose espérer que c’est faux, même si le trône noir est maudit. » J’en avais conscience. J’espérais simplement pouvoir compenser la noirceur de Lux in Tenebris avec la blancheur d’Umbra in Lucem, pour éviter de finir comme Orion, notre père ou encore Niklaus. Je souhaitais rester maître de mes décisions, choisir d’attaquer un village par opportunisme raisonnable et non pas par passion déplacée. Je n’avais pas l’intention d’être l’esclave de quelqu’un d’autre, femme ou homme. Je travaillais sur mes obsessions, afin de les maîtriser ou de les faire taire. L’amour et le sexe devaient rester secondaires. Je voulais que ma vie privée soit relativement saine, ce qui semblait compliqué actuellement. Au début de notre entretien, j’avais menacé le Hǫfðingi, à cause d’Adam. Je ne devais pas. C’était stupide et indigne. Je ne brûlerais pas les gens pour lui. Je ne raserais pas le monde pour lui. Mes actions devaient aller dans le seul intérêt de mon peuple et du projet que je souhaitais porter pour ce dernier. Je ne devais pas être intéressé par d’autres considérations. Juste celle-ci. Ma vision de la royauté impliquait un don de soi et du recul, une poigne suffisante pour prendre les bonnes décisions au bon moment et, forcément, des sacrifices. « Sans doute. Jusqu’ici, il n’a pas violé la femme que j’aime. S’il le fait, rappelle-moi de détruire les Ætheri à tes côtés. » dis-je d’une voix neutre, en total contradiction avec le recul souhaité au préalable. L’ambivalence qui me tenait à propos de Lilith me rendait confus. Si je me concentrais sur elle, je ressentais la même trahison vécue par le blond, et le même désir pour elle. Si je me concentrais sur moi, je trouvais ce dernier désir répugnant et les actes de notre père tout autant. C’était désagréable. Doucement, je passai ma main sur le plateau. Toutes les pièces se déplacèrent à cause du mouvement et tombèrent dans le vide. Parfois, quand le jeu n’était plus plaisant, il valait mieux le raser. Parfois.

« Je sais. » C’était les derniers souvenirs que j’avais vus. J’avais ressenti l’intérêt de mon frère pour les chamailleries des Draugrs. Ils lui changeaient les idées. J’avais vu l’Ygdraë se dévêtir et ressentis son dégoût pour les Humaines. J’avais perçu le regard méprisant de Kaori. J’avais entendu le bruit des enfants au sein du palais et ressentis ce mal-être qui le rongeait de l’intérieur. « Je t’expliquerai. » Je soupirai puis finis par le regarder dans les yeux. « Depuis que tu es Suprême de l’Au-Delà, ton peuple a avancé considérablement. Tu peux en être fier. Ça n’écartera pas la douleur, ni les sacrifices mais, pour avoir vu ta vie et les changements opérés au fil du temps, je pense que tu es un grand roi. » Je lui souris. J’allais ajouter quelque chose de désagréable pour contrebalancer le compliment mais me retins. Ça resterait un compliment. Je mis fin au rêve.

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Mer 15 Avr 2020, 14:25

[RPPT] - Le Rêve qui crée le doute, le Rêve qui révèle, le Rêve qui exauce  - Page 9 Gj07
Le Rêve qui révèle
[Dahlia - Arz'Lus]

Elijah était fort. Dahlia s’en était doutée. Elle ne l’avait jamais sous-estimé. Bien au contraire. Pour elle, l’Ange était capable de faire des choses grandioses. Il avait un cœur bon et il lui semblait que son corps prenait de plus en plus de muscles. Le poing qui rencontra son abdomen lui démontra d’ailleurs une partie de sa force. Dahlia n’avait pas su esquiver ce coup-là. Il savait percer sa défense. Elle expira un souffle sous le choc. Cependant, elle essaya de ne pas perdre sa concentration et sa combattivité. Durant toute sa jeunesse, elle s’était prise des coups. Elle savait les encaisser. Cependant, aujourd’hui, une chose avait changé : elle pouvait les rendre.

La petite fleur sourit. La lèvre inférieure de sa bouche s’était légèrement fendue dans le combat. Elle ne s’en était même pas aperçu. L’adrénaline faussait ses sens. La douleur existait, certes, mais elle semblait terriblement lointaine face à l’excitation grandissante que le combat réveillait en elle. Rapidement, celle que l’on appelait parfois l’Aiguille enfonça l’extrémité de son bâton dans les côtes de son adversaire. Elle aurait pu aussi bien attaquer ses bourses mais cela lui aurait fait un drôle d’effet de penser à cette partie anatomique de son ami. Elle repoussait donc l’idée avec persévérance.

Le coup fit reculer Elijah. Dahlia en profita pour reprendre son souffle. Elle était en sueur. Le combat perdurait depuis trop longtemps. Aucun ne semblait prendre l’avantage. La force contre l’agilité. Les style de combat étaient bien différents mais ni l’un ni l’autre n’étaient plus avantageux. Les deux adversaires se battaient à forces égales depuis le début… Avec son poignet, Dahlia essuya la perle de sang qui s’échappait de sa lèvre blessée. Elle allait lui faire mordre la poussière. Elle le souhaitait de tout son être. Elle voulait être plus forte. Elle voulait que le combat s’achève. Elle voulait gagner. Les coups reprirent. Elle voulait être plus rapide. Elle le devenait. Elijah, lui, semblait ralentir. C’était sa chance.

Dahlia frappa dès que l’occasion se présenta à elle. Trois coups bien placés eurent raison de l’Ange. Elle le frappa au niveau de sa joue, à côté de ses lèvres qu’elle voulait capturer. Elle le frappa au buste, près de ce cœur qu’elle voulait obtenir. Elle lui faucha les jambes une dernière fois pour que jamais il ne lui échappe. Là, au sol, il était à sa merci. Il était à elle. Dahlia avait gagné. Elle souriait avec fierté. Les battements de son cœur s’apaisaient doucement. La bataille était terminée. Ses muscles, gainés jusqu’à présent, se relâchèrent.

C’est à ce moment que son ami, plus imprévisible qu’elle ne le pensait, la tira à lui. Ses jambes n’arrivèrent pas à maintenir l’équilibre sous la tension soudaine qui l’attirait au sol. Elles furent elles-mêmes balayées. Dahlia chuta sur son ami. Avant qu’elle ne l’écrase de tout son poids, elle frissonna en sentant ses bras se fermer autour d’elle. Elle-même avait posé ses mains sur la poitrine d’Elijah pour ne pas se vautrer sur lui dès qu’elle l’aurait atteint. Dahlia ne s’était pas attendu du tout à se retrouver couchée sous Elijah. Son expression était confuse. Son sourire avait disparu. Son cœur s’était remis à battre rapidement. Elle essayait de se convaincre que ce nouveau rythme cardiaque avait été causé par la frayeur de tomber. Pourtant, elle sentait ses mains devenir moites. Un drôle de fourmillement se réveilla dans son ventre quand elle vit le visage de son Ange s’attendrir. Les mots qu’il prononça ensuite lui laissèrent une sensation douce et amère en même temps. Elle lui avait manqué. Un peu. Elle aurait voulu lui manquer bien plus. Ce constat lui rappela alors la vérité de leur relation. Il l’embrassa. Leur baiser avait un goût de sang. Il était révélateur : prendre ensemble le chemin de l’Amour ne serait qu’une succession de douleur. Elle ferma les yeux, lui rendant son baiser comme si c’était le dernier qu’ils s’échangeaient. Une larme coulait sur sa joue. Un amour entre eux était impossible. Elle ne voulait pas qu’il souffre à cause d'elle ou à cause du mariage angélique qui le liait. Doucement, elle décolla ses lèvres d’Elijah et posa son front contre le sien. Elle voulait lui dire qu’ils ne pouvaient pas continuer, que tout cela était mal, qu’ils étaient allés trop loin, qu’il devait penser à sa femme. Elle n’arrivait pas à prononcer tout cela. « Je crois que t’aime, mon Ange. » Dahlia ouvrit les yeux et regarda Elijah. Doucement, sa silhouette disparut tandis que la rêveuse se réveillait sur l’Île Maudite. Elle aussi allait se marier. Ils ne pouvaient pas s’aimer.

765 Mots | Post III | Fin

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 15 Avr 2020, 15:46



Mes yeux étaient posés sur eux. Je savais que je pouvais contrôler mon ressenti, que je pouvais faire disparaître la douleur qui m’enserrait la poitrine. Pourtant, je ne le fis pas. Je venais de m’apercevoir de quelque chose concernant Laëth. Je valsais beaucoup trop proche de l’amour, la concernant. Si ça n’avait pas été le cas, pourquoi est-ce que cette scène m’aurait-elle dérangé, au fond ? Adam avait de multiples partenaires, ça avait toujours été et ça le serait toujours. Qu’il se mariât avec mon frère avait un goût immonde, pour les liens de parenté qui me liaient à lui. Ces considérations familiales me dégoûtaient et uniquement elles. S’il n’avait pas été de mon sang, je n’aurais sans doute pas le même arrière-goût dans la bouche. Le mariage en lui-même me dérangeait pour la forme mais il n’avait rien à voir avec un amour partagé. Il s’agissait de purifier un peuple. Quand bien même, je savais que le Déchu n’était pas fait pour ces formalités. S’il l’avait été, je n’étais pas sûr de pouvoir l’épouser. Pourquoi faire ? Je préférais que notre relation fût invisible tant qu’il serait inutile ou obligatoire de la faire apparaître. Je ne pourrais jamais l’empêcher d’être ce qu’il était : un Luxurieux. Je le savais dès le début. Jamais il ne m’avait promis quelque chose. Je serrai les dents. Jamais nous n’avions réellement échangé sur nos sentiments. Juste dans ce rêve, alors que Laëth se tenait entre nous deux. Devais-je en arriver à la conclusion que les rêves fussent prémonitoires, parfois ? Le savoir en elle m’était difficile. J’étais le seul à avoir initié le mouvement, à les avoir liés. Je l’avais fait pour des raisons logiques, parce que j’espérais que cette configuration, jamais, ne se produirait dans la réalité. Pourtant, je comprenais également que, en étant conscient du rêve, en pouvant le contrôler, ce que je ressentais était très proche de la réalité. Ce que je voyais m’ébranlait et je ne pourrais pas l’oublier. Je prenais conscience que cette réalité resterait marquée dans ma mémoire, qu’il y aurait une fissure à l’intérieur de moi. Eux oublieraient. Ce ne serait qu’un songe, un cauchemar pour les deux, auquel ils ne repenseraient probablement qu’en de rares occasions, qu’ils oublieraient peut-être, même. Ce ne serait pas mon cas. J’étais responsable de cette situation.

Mes doigts coururent dans les cheveux de l’Ange. Je ne regardai plus ce qu’il se produisait. J’étais concentré sur ses cheveux. J’aurais dû l’offrir à Devaraj, lui dire que, s’il le souhaitait, il pouvait la courtiser. Cela l’aurait éloigné d’elle. Mes caresses étaient douces, appliquées. Je n’avais pas envie de la blesser et c’en était tellement agaçant que je me mis à vouloir qu’elle fût morte. Je ne pouvais pas me permettre de l’aimer plus que ce que j’avais décidé, à la base. Là où le Déchu couchait par envie, par habitude, elle ne pouvait le faire que par amour. C’était bien plus important. C’était aussi bien plus cruel de les voir tous les deux, ainsi, de l’entendre gémir sous ses caresses à lui. J’éloignai ma main d’elle. Je ne voulais plus la toucher. Je voulais qu’ils meurent tous les deux sous le poids de la culpabilité, comme j’étais en train de m’effondrer. Je sentais l’Ange en moi réagir à son contact. Je saisissais ce qu’il essayait de faire : me tirer vers le Bien, m’attacher à elle bien trop profondément. Elle n’était pas qu’un pion que je désirasse placé à mes côtés. Je ne l’avais pas choisie pour ça. J’aurais pu prendre n’importe qui. Je voulais que ce fût elle parce que je savais qu’il y avait une brèche en moi. Je savais qu'elle avait le pouvoir de m'émouvoir. L’Ange qui m’habitait l’aimait. Le Vampire la voulait. Le Magicien devait l’aimer, la chérir, la combler. Le Sorcier la haïssait, du seul fait de sa nature. Tout ceci n’avait rien de simple, contrairement à ma relation avec Adam. Elle et moi, c’était… compliqué, une union emplie de mensonges et de faux-semblants. Je la manipulais, parce que je voulais qu’elle restât à mes côtés, pour servir mes intérêts et pour ne pas la faire souffrir inutilement. Le Déchu en moi savait parfaitement que je péchais par Gourmandise. Qu’y pouvais-je ? C’était trop tard, à présent.

Je finis par disparaître de la scène, totalement, cherchant un autre endroit au sein duquel ils ne seraient pas. En tailleurs quelque part, je fis apparaître le Miroir. Je regardai à l’intérieur. Je voulais la voir, savoir, être sûr. Pour elle, ce n’était pas un rêve, c’était un cauchemar, tout comme le serait l’amour qu’elle me portait.

754 mots

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
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Kyra Lemingway
Mer 15 Avr 2020, 17:45

La Déchue se laissait guider par les gestes et les mots d'Adam, frissonnant sous ses baisers et ses caresses. Ses mains enlaçant le coup de ce dernier lorsqu'elle se retrouva sur ses genoux, un sourire apaisé se dessinant peu à peu sur son visage au fil de ses paroles.  Tout semblait si facile lorsque l'on regardait les choses de son point de vu. Peut-être l'était-ce réellement ? Oui, chez les races éternelles, notamment chez les peuples tels que les Déchus, s'il était bien une chose qui avait des chances  d'arriver c'était cela. Elle n'y avait pas songé. Ensuite, oui, elle devait bien se dire qu'elle avait été terrifiée lorsqu'elle s'était sentie faiblir sous les crocs d'Elias  Salvatore. Mais oui, elle avait tellement aimé les premiers instant de la morsure. Et enfin, oui, jusqu'alors, que ce soit les informations obtenues du Prince des Cauchemars comme du celles du Prince Noir, elle était toujours là, vivante et en bonne santé, car murée dans un silence malgré tout un peu plus pesant depuis quelques temps. Au final, depuis le début elle se torturait l'esprit, se battant contre des révélations qu'elle avait du mal à assumer, alors que la solution était pourtant si simple lorsque l'on résumait tout cela. Accueillir les informations et les accepter telles qu'elles étaient et telles qu'elles venaient. Se tenir à l'écart d'un jeu et d'un pouvoir trop puissant contre lequel elle pouvait lutter et faire comme si rien n'était, et oublier. Comme si... En fait, ça, ça faisait depuis un certain temps qu'elle s'afférait à le mettre en oeuvre, même si elle avait quelques difficultés à concilier sa vie et ce principe depuis peu. Quand à oublier... Probablement la partie la plus difficile de cette histoire. Mais elle essaierait. Si c'était la meilleure des solutions, alors elle elle essaierait, oui.

Comme elle penchait la tête sur le côté, un mince sourire amusé se dessinai sur ses lèvres à la remarque du Déchu avant de répondre par un « Oui. » concis. C'était une réponse un peu globale à tout ce qu'il avait dit, quoi que principalement concentrée sur ces derniers mots, il fallait l'avouer. Elle avait bien remarqué qu'autre chose de plus plaisant que cette histoire avec le Prince Noir hantait ses pensées. Et elle-même ne pouvait que l'admettre. C'était vrai. Ce qui était fait, était fait, et si elle pouvait revenir en arrière, elle ne changerai rien à cette soirée. Elle se pinça la lèvre en y repensant, ses yeux brillant d'une lueur lascive, avant de changer légèrement de position, faisant à présent face au Luxurieux. Une de ses mains glissa langoureusement dans ses cheveux pendant qu'elle se penchait lentement sur lui, partant à la recherche de ses lèvres pour jouer docilement du bout des dents avec. Le doute envolé et la crainte atténuée, à cette proximité elle pouvait le ressentir. « Tu as raison. C'est bien plus plaisant. », lui souffla-t-elle en laissant redescendre son autre main le long de son torse, se dirigeant lentement vers son entre-jambe. Entre-temps, son vêtement se volatilisa, ce qui ne la troubla pas outre mesure, sinon qu'un long frisson couru le long de sa colonne vertébrale suite à cette soudaine presque-nudité.  En effet, subsistait malgré tout, comme ultime rempart, le fin sous-vêtement de dentelle, cachant d'une façon toute relative son anatomie. Après avoir, d'un geste habile, défait le bouton de son pantalon, comme elle se pinçait la lèvre, Oriane y glissa sa main d'un mouvement lent, laissant couler un regard coquin dans les prunelles du Déchu.



Son regard ravie lorsqu'elle remarquait ta présence marquait ton visage d'un rictus satisfait. Tu la laissait quelques secondes supplémentaires face à son reflet. La dernière fois qu'elle aurait l'occasion de se contempler à travers son propre regard. Alors tu la saisis par la main, la guidant lentement afin qu'elle se retrouve face à toi. Là, tu réduisais la distance vous séparant, déjà minime, à quasiment nulle, laissant une main glisser dans son dos tandis que la seconde allait se cacher derrière sa nuque. Tu t'attendais un instant sur la gorge tendue, humant son parfum avec délice, avant de lui souffler « Rejoins-moi dans la mort. ». C'était faux. Pas tout à fait du moins. Tu ne la laisserai pas succomber. Sur ces paroles, tu pénétrai la tendre peau de la Magicienne, et fermait quelques instants les yeux, laissant tes autres sens jouir de l'instant. C'est quand tu la sentis faiblir dans tes bras que tu reposais ton regard sur elle, surveillant d'un œil attentif son état, l'accompagnant lorsque son corps s'affaissa au sol jusqu'à la serrer dans tes bras. Non, tu ne la laisserai pas.

Doucement tu ouvrais les yeux. Par un étrange réflexe, tu passais ta langue le long de tes dents. Pourquoi ? Tu te souvenais avoir fait un rêve étrange. C'était ce qui t'avais réveillé. Tu cherchais à te le remémorer. Les premières choses qui te revinrent furent la personne qui t'accompagnait. Nymeria. Et aussi que ce n'était pas un rêve désagréable. Décidément. Ton subconscient cherchait désespérément à te faire passer un message. Pourtant... Il y avait autre chose. Ça aussi tu t'en serai souvenu. Mais ce n'était pas ça. Et tu étais incapable de te remémorer de ce dont il s'agissait. D'un côté, ça t'attristait. Parfois les rêves sont de véritables puits à idées.
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Bellada Ward
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Bellada Ward
Mer 15 Avr 2020, 22:08


Les terres dorées laissèrent place à différents tableaux. La toile, qui était jusqu'alors unie en un fond homogène, se fragmenta en plusieurs centaines de scènes : ici, la maison de sa cible, là, un parc abandonné où se rejoignent les amants du sang. On voyait les duos se former, s'enroulant dans ce repli du monde onirique comme pour chercher plus d'intimité que dans ce décor ouvert où chacun pouvait être le partenaire de tout le monde. Cette intimité désirée n'était que chimère. Des êtres, issus de la même matière que cet univers fantastique, évoluait librement, se faisant voyeur des scènes les plus secrètes. Ils étaient là, observateurs évident mais pourtant invisible, se faisant esclaves et manipulateur à la fois des désirs des rêveurs.

Phobos s'arrêta un instant pour observer la bulle secrète d'un couple. Ils ne l'étaient sans doute pas dans la vie réelle, celle qui les attendrait une fois le songe terminé. Ils semblaient pourtant se chercher, ici, se retrouvant inlassablement dans la liberté qu'offrait ce monde. Le faiseur de miracle les avait déjà aperçu s'adonner à une lutte incessante pour obtenir les lèvres de l'autre, lors du fantasme précédent. Voilà qu'ils se retrouvaient à nouveau dans les bras l'un de l'autre, s'adonnant à un jeu de cache-cache différent. Plus sensuel. Plus subtile. Les deux races incarnées étaient bien trop différentes les unes des autres pour pouvoir comparer les jeux auxquels ils s'adonnaient. S'il avait été capable de ressentir des émotions aussi vives que par le passé, ce passé où il avait lui aussi été fait de chaire et de sang, de sentiments et d'idées propres, sans doute aurait-il apprécié le spectacle en essayant de s'y retrouver. Mais non. Il ne ressentait rien. Juste le vide qui anesthésiait tout, qui enserrait sa poitrine. Il se contentait d'exister dans ce monde, dans l'attente d'un soupir déçu, à l’affût du moindre vœux, conscient ou refoulé, prêt à se dévoué de toute son âme pour exhausser les désirs.

Une étrange grimace, qui ressemblait à ce que ces êtres matériels appelaient rictus, se dessina sur le visage brumeux de l'être chimérique. Il venait d'entendre le cri du cœur. Un premier vœux, qui n'en était pas vraiment un. Elle voulait qu'il l'entende. Qu'il la rejoigne. Qu'il vienne à elle, appelé par une envie dévorante. Le tisseur de rêve s'évertua à rendre ce désir réel. Chaque bruit devenait anormalement élevé, sourd : la cible ne pouvait qu'entendre le vacarme que produisait l'intruse, à tel point qu'il ne pourrait pas l'ignorer, même s'il l'avait voulu. Le bruit devenait telle une mélodie enchanteresse que l'on se devait de poursuivre. Bien sûr, dans ce monde édulcoré, les sensations étaient naturellement amplifiées ou, au contraire, atténuées, selon le subconscient des protagonistes. La petite touche rajoutée par le voyeur ne se ferait aucunement remarqué. Tel un fantôme, il se glissa dans le paysage, fusionnant avec le flou artistique du décor intangible. Phobos aurait facilement pu disparaître, passer à un autre coin d'intimité factice. Mais non. Il était intrigué par la dynamique des émotions. Par le jeu des sentiments. Curieux, il observa le duo qui s'était présenté sur son chemin, par hasard. Il s'imprégnait de ces effluves qu'il percevait. Désir. Tentation. Envie. Il devenait tour à tour le Vampire et le magicien. Le Mystérieux et l'Agneau. Le tentateur et la proie. Sans s'en rendre compte, il copiait l'image de l'un avant d'adopter l'apparence de l'autre, fusionnant les deux dans un mélange grotesque et distordant, qui n'aurait jamais eu sa place dans l'autre réalité. Peu importait. Ici, il pouvait s’entraîner à être ce qu'il devait être. A écouter les murmures que seuls les siens percevaient, et à s'y soustraire pour mieux raffermir sa propre prise sur celui ou celle qui pensait le dominer, ignorant tout des tourments qu'il lui ferait subir pour se venger.

La scène changea. Les protagonistes disparurent, remplacés par d'autre acteurs sur le parquet d'une autre scène. Cette fois-ci, ils étaient plus. Une douce créature attirée par les monstruosité d'un univers cruel, dont le cœur s'adoucissait sous les visages difformes et répugnants. Une autre, impatiente à l'idée de céder aux ordres de celui qui faisait palpiter son cœur, de briser les verrous qui restaient scellés hors du rêve. Tout aussi fasciné, l'être de magie patientait. Là aussi, il essayait de comprendre les rouages d'une mécanique qui lui échappait. Les uns rougissaient, souriaient, s’impatientaient. Il sentait les cœurs vibrer d'excitation. De se jeter sur les lèvres ou sur la jugulaire. Peu importait. Il s'agissait, dans les deux cas, de souhaits à exhausser. Le génie observa quelques instants supplémentaires les pions lui instruire ce qu'il devait apprendre. Amour et faim. Deux sensations étonnement similaires : les entrailles qui brûlent, l'impatience de se jeter sur l'autre et de le consumer, d'une façon ou d'une autre. De le faire sien à tout jamais.

Le voyeur passa à la scène suivante. A peine arrivé, il ressenti le besoin du Vampire. Aussi facilement que l'on bat des paupières, le génie tissa une réalité alternative. Dans ce monde, le charmeur était capable de se déplacer avec plus d'agilité, plus de rapidité. Sa vitesse était magiquement accélérée, donnant l'illusion de se téléporter. Le bienfaiteur sourit. Cette scène à elle seule était emplie de désirs inassouvis. L'envie de charmer pour conquérir la créature qui les attirait. Phobos observa encore, témoins silencieux et discret mais attentif. Il percevait ici les échos de frustrations, celles créées et accumulées dans leur vie. Après tout, n'était-ce pas ce qu'était censé représenter le rêve ? L'assouvissement de dessins inachevés, impossibles à atteindre dans l'autre univers ? Là où la conscience ne pouvait s'exprimer, le rêve prenait le dessus et s'assurait de ravir ou de mettre en garde celui qu'il contentait.C'était pour ces raisons que les rêveurs se laissaient si facilement emprisonner dans ces chimères.

Autre scène où ses semblables ne s'étaient pas encore incrusté, tels de vicieux profiteurs. Ici, c'était le cœur d'une femme innocente et la luxure d'un homme que l'on percevait, reflet d'une réalité à moitié cachée. Le péché prenait une autre forme mais n'en restait pas moins présent. Il se parait simplement d'artifices pour mieux se masquer. Les sentiments étouffés, en revanche, semblaient exploser ici. Là où elle se forçait à les masquer lorsqu'elle était éveillée, le couvert de la nuit lui apportait suffisamment de sérénité pour lui permettre de les laisser éclater au grand jour. Ici, elle pouvait se permettre de franchir des limites qui lui étaient inatteignables ailleurs. Toujours aussi fasciné, le Djinn se prêta au jeu et à la contemplation. Il écouta les aveux. Lorsqu'elle en eut besoin, il fit apparaître l'aiguille dans la main de la rêveuse. Puisqu'elle avait cédé à la tentation et demandée, puisqu'elle s'était laissée manipulée, elle subirait le prix de sa demande. En retrouvant la conscience, elle serait attirée par ce liquide vital qui hypnotisait celui qu'elle convoitait. Elle connaîtrait à son tour cette obsession, jusqu'à pouvoir enfin y goûter. Il était curieux d'apprendre sous quelle forme elle atteindrait son but. Il ne serait pas là pour le découvrir, malheureusement.

Lui était dans une réalité bien différente de la sienne. La magie bleue du peuple auquel elle appartenait lui aurait sans doute été bénéfique. Pourtant, il se trouvait à des milliers de kilomètres de Cael et du palais royal, où la brune laissait entendre des soupirs. Non, lui était en route pour la suite de son destin. Sur un navire, prêt à accoster. Il se trouvait au milieu de marchandises étranges, qui ne possédaient, pour la plupart, pas un cinquième de sa valeur. Bientôt, il rencontrerait sa nouvelle maîtresse. Mais pour l'instant, il avait encore un tas de rêveur à sa disposition.
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Mer 15 Avr 2020, 23:52




Le Rêve qui exauce


Quelque chose clochait. J’arpentais les corridors du palais à la recherche d’une explication au trouble qui m’agitait. Les lieux m’étaient familiers mais se découvraient pourtant à mesure que je m’enfonçais dans le dédale. Le sentiment d’oppression auquel je m’habituais à peine se fit moins présent, plus distant, laissant sa place à un intense désir.

« Viens à moi »

Ces trois mots sonnèrent à la fois comme une supplique et comme un ordre. Ma démarche s’affirma et se fit plus rapide sous l’impulsion de cette avidité impérieuse. Je descendis l’escalier qui menait au tréfonds de cette antique bâtisse. Mes talons claquaient contre les marches de marbre, soulevant des nuages de poussière depuis trop longtemps figées. En bas du colimaçon, il y avait une porte. Sculptée dans un bois sombre, elle me barrait la route, m’interdisant l’accès à la pièce qu’elle gardait. Tandis que je me rapprochai, les glyphes ornant le linteau s’illuminèrent d’une intense lueur bleu électrique.  

« Viens à moi »

L’injonction fut plus forte, plus intense. Instinctivement, j’effleurai les symboles du bout des doigts. Immédiatement, un cliquetis retentit et la porte bascula sur ses gonds. Mon regard plongea dans la salle nue, siège d’une antique psyché.

« Rejoins-nous »

Je m’avançai jusqu’au miroir qui reflétait un décor lointain. Une jeune femme aux cheveux d’or haranguait ses disciples, soutenue par deux êtres charismatiques et mystérieux. L’écho de ses mots traversait l’image et m’attira un peu plus profondément vers elle. Elle m’appelait ; elle nous appelait à participer à son œuvre. Je caressai le miroir d’un revers de la main et, une fraction de secondes plus tard, je la rejoignis dans le monde onirique.

Je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de côtoyer d’autres membres de ma race – et je m’étonnais d’en voir tant réunis en ces lieux. Devant l’abondance de mes congénères, je réalisai soudain la puissance du Marid et de son armée. C’était une chose à laquelle je n’avais jamais vraiment songé pourtant, en cet instant, un sentiment de satisfaction et de sérénité m’envahit. Je me laissai quelque peu bercé par le spectacle de mes compatriotes qui s’activaient à la tâche, accordant leurs dons à des mortels paresseux. SéparateurJe m’introduisis dans l’utopie de ma première victime. Mes traits s’adaptèrent à l’ambiance du lieu : l’air arrogant, l’allure gauche, la démarche lourde, je collais parfaitement à l’image de ces barbares de réprouvés. Mon visage aux traits durs esquissa un sourire mesquin quand elle défia son opposant. Elle était trop frêle pour ne serait-ce qu’espérer gagner son pari. C’était l’instant idéal pour entrer en piste et lui faire exprimer les mots magiques qui débridaient ma magie. Je n’étais peut-être qu’une Sylphe mais je sentais le pouvoir affluer en moi ; je me sentais plus forte en ces lieux, plus inspirée, plus apte à distordre la réalité.

J’apposai avec douceurs mes mains rêches sur ses épaules, massant délicatement sa musculature quasi-inexistante. Mon souffle chaud caressa son cou tandis que je lui proposai mon aide d’une voix suave. Elle n’attendit pas et réalisa son premier souhait : éviter la nausée. Je ne compris pas tout de suite ce qu’elle attendait de moi, la réconfortant tout d’abord d’une brève formule de politesse sans y prêter plus attention. Pourtant, je ressentis la magie courir le long de mon épine dorsale, m’annonçant que l'intention exprimée dans ce vœu était plus profonde qu'elle n'y paraissait de prime abord.

« Vos désirs sont des ordres »

J’avais prononcé ces quelques mots sans qu’aucun son ne s’échappe.

Alors que la magie opérait, je ressentais la profondeur des désirs de la jeune femme. Elle voulait – non elle devait – gagner ce combat. Son existence tout entière semblait avoir été taillée pour ce moment précis. La puissance de l’amour qu’elle portait à cet homme m’écœurait. Dans d’autres occasions, ma magie aurait œuvré pour détruire cette idylle, pour lui faire ouvrir les yeux sur l’inconsistance de ce sentiment.

Sa douce voix prononça un second souhait, plus précis. La fragile demoiselle n’était pas dupe : livrer combat à mains nues sans une once de force physique ne ferait que la mener à l’échec. Elle avait besoin de plus de puissance pour vaincre son opposant. Cependant, elle se devait de rester belle aux yeux de son prince ; devenir un gorille ne l’aiderait pas à conquérir le cœur de son doux bâtard. Je bandai ma concentration et tissai des liens magiques autour des muscles de ma protégée, favorisant ainsi l’élasticité et la tonicité de ses membres.

Enfin, la petite évoqua une paire d’ailes. La nébulosité de sa requête me permettait de laisser libre cours à mon imagination. J’hésitai un instant à l’affubler d’ailerons à l’air ridicule, anéantissant ses efforts de séduction pour transformer son rêve en un délicieux cauchemar. Cependant, je décidai de faire preuve de complaisance ; de toute façon, tout ce qui se passait dans ce monde n’était que pure fantaisie. D’un claquement de doigt, je lui accordai ma magie. Ses omoplates se courbèrent en deux excroissances osseuses qui se déplièrent comme l’armature d’un voilier. Un plumage aux teintes de l’innocence se développa sur les ailes elliptiques dont je lui avais fait cadeau, accentuant les traits fins de son visage. Elle ressemblait à un ange dans son habit de plumes.

Je restai encore un instant pour regarder la suite du rêve. Comme il fallait s’y attendre, l’homme sembla quelque peu déstabilisé par la force dont faisait preuve ma protégée. Il se reposa sur ses acquis, refusant même de se laisser tenter par l’appel du rêve, délaissant les possibilités infinies de son inconscient. Il se battait à la loyale mais la jeune fille avait la rage de vaincre. Après de multiples coups dans le vent, elle réussit à atteindre son adversaire qui finit par s’avouer vaincu. Consciente qu’il n’y avait plus rien à attendre pour moi dans cette chimère, je m’éclipsais avant qu’elle obtienne le répugnant baiser couronnant sa victoire.SéparateurAutre scène, autre décor. D’un geste brusque, l’homme l’attira à lui sans aucune considération pour l’effroi qui teintait son regard. Les jambes de la gamine s’enfonçaient lentement dans l’épaisse fange de boyaux et de viscères qui s’étalaient sur le sol de pierre. J’observais la jeune fille horrifiée. Elle ne bougeait pas, pétrifiée par la peur, tandis que son profanateur se délectait de la souiller ainsi. Elle aurait voulu fuir loin de cette vision macabre mais les ronces enserraient son corps délicat. Pourtant, c’était elle qui avait si ardemment désiré ce contact. Elle qui s’était tenue devant l’autel de ronces, elle qui avait déversé le parfum rituel, elle qui s’était étendue nue sur le marbre…

Alors que je me préparai à intercéder en sa faveur, le temps se figea un bref instant. Je ressentis une pression au niveau de mon poignet droit et détournai la tête pour apercevoir qu’un autre génie s’était également glissé dans le phantasme. Rien qu’à son aura, je ressentis qu’il était plus mature, plus à l’aise dans son rôle de marchand de rêve. Il secoua la tête de droite à gauche et me fit signe de ne pas m’en mêler.

Le temps reprit son cours et un troisième individu pénétra le songe, dissipant l’illusion morbide de son homologue.  Il le réprimanda gentiment avant de libérer la fillette du joug de son agresseur. A son tour, il viola l’intimité de la demoiselle, baladant ses doigts au cœur de sa féminité… Le corps de la fillette désemparée se contractait, épris de léger soubresauts, à mesure qu'il jouait avec elle. Lorsqu'il plongea sa langue rapeuse au coeur de son intimité, elle ne put s'empêcher de gémir. Elle agrippa les cheveux de son bienfaiteur pour le maintenir en position, l'invitant à poursuivre son œuvre.

Je regardais la scène et comprenais un peu mieux l’erreur que j’avais failli commettre. La jeune fille désirait ce contact, plus ardemment que son corps ou son esprit ne semblait l’accepter. Le désir profond, l’essence même du souhait et de ce rêve était masqué derrière une façade de pureté et d’innocence. Elle reniait la vicissitude de ses envies et tentait de les écarter, tout en les réclamant sans cesse. Je détournai la tête pour regarder mon compère qui remua la tête en silence, m’avouant par ce simple geste que la psychologie de cette femme était bien plus compliquée que ce que j’étais en mesure de comprendre. Je me mordis la lèvre de rage sous le poids de cette faiblesse. J’étais trop jeune, trop inexpérimentée pour pouvoir traiter avec cette rêveuse. Son âme torturée était trop complexe pour mon jugement étriqué. Sans attendre la fin de la scène, je m’éclipsai pour rejoindre le monde onirique.

De longues heures s’étaient écoulées depuis mon arrivée en ces lieux. Je fus épris d’un vertige et me laissai tomber lourdement sur le sol. J’étais épuisée. Je n’avais pas l’habitude de dépenser autant d’énergie en une seule journée ; la réalisation des vœux de ma première rêveuse et l’investigation dans l’esprit de la deuxième avait consumé toute mon ardeur. Cependant, je ne voulais pas partir ; je me sentais trop à mon aise dans ce berceau d’illusions. Je patientai le temps de recouvrer mes forces avant de me fondre dans la toile des rêves, cherchant de nouveaux mortels à combler.


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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Ven 01 Mai 2020, 13:49


Images de nephila clavipes # & Sabrina Glik#

« Si tu parles, je ne te reverrai jamais. » La sentence était tombée. Implacable. Douloureuse. La blessure n’était pas visible : elle t’avait atteint en pleine poitrine, là où les mots torturent bien plus efficacement que n’importe quelle arme. Tu aurais préféré qu’elle te gifle. Qu’elle te poignarde. Qu’elle use de sortilèges pour t’attaquer et se débarrasser de toi. Qu’elle fasse resurgir les ombres de son être et les manipules contre toi. Il s’agit du seul monde avec lequel tu sais interagir, dans lequel tu puisses riposter. Mais non. Laëth était bien trop pure. Bien trop bonne pour imaginer réagir de cette façon. Elle avait ce quelque chose qui te rendait faible et qui te faisait pourtant la désirer plus ardemment. Si seulement elle avait pu user de cet amour sincère pour toi… Mais non. Son cœur battait déjà pour un autre. Ses pensées lui étaient déjà toutes réservées et malgré tes efforts, malgré la promesse que tu lui faisais d’essayer de rejoindre son monde, elle refusait encore et toujours de te voir… L’Ange était cruelle sans en avoir conscience. Sans le vouloir. Contrairement à ceux de ton engeance, elle n’essayait pas de blesser, de répandre le mal. Elle se contentait d’appliquer ses principes, ses valeurs, d’aller là où son cœur la guidait. Et cela rendait la situation plus insupportable encore, puisque son palpitant la jetait dans les bras d'un autre.

Tu la regardes, impassible. Tu l’écoutes sans réagir. A te voir aussi imperturbable, on pourrait penser que tu n’as pas entendu. Tes yeux ne se décrochent pas de celle que tu convoites. Si tout ceci n’avait pas été un songe, si vous vous étiez trouvé dans la réalité, tu aurais sans doute essayé de t’en prendre à elle, pour apaiser le trou béant qu’elle venait de creuser dans ta poitrine. Tu aurais fait en sorte qu’elle se soumette à toi, tu aurais essayé d’effacer de sa mémoire cet homme qui te menaçait de bien des manières. Cela n’aurait jamais abouti, cela dit : sa force surpassait la tienne, et de loin. Tant sur le plan physique que mental. Elle ne se serait pas laissé faire. Elle aurait riposté, ravivant ta rage et ton besoin de la contrôler. Fort heureusement pour toi, les bains te préservaient d’une réaction malheureuse, te privant de toute envie sanguinaire. Ne restait plus que la douleur que tu ne savais pas gérer et cette envie débordante de la connaître. Alors, finalement, tu acquiesces. C’est la seule chose à faire, après tout. « Je veux te revoir. » répètes-tu d’une voix sourde. Lentement, tu te lèves. Te rapproche. Son visage est la seule chose que tu perçois : le reste du décor disparaît. « Je veux te revoir, souvent. » Tu murmures. « Alors… Je ne dirai rien… » De toute façon, tu n’en serais jamais capable. Comment réagirait-elle ; lorsqu’elle s’en rendrait compte ? Tiendrait-elle sa promesse ? L’oublierait-elle en ouvrant les yeux ? Se contenterait-elle d’ignorer sa parole, sous prétexte que son secret serait bien gardé avec toi ? « Mais… garder un tel secret… Cela peut être dangereux, pour moi aussi. » Si quelqu’un parvenait à sonder tes pensées et ta mémoire, et qu’il y trouvait la preuve que tu étais au courant, ton destin serait sans aucun doute semblable à celui de cet espion. Peut-être plus terrible encore. « Je veux quelque chose en échange. » Elle, de toute évidence. Mais tu ne pouvais rien exiger de sa part qui aille contre sa volonté. Tu voulais qu’elle exécute tous tes désirs de son propre chef. Le lui arracher n’aurait aucune valeur. Elle perdrait cet éclat intact que tu convoitais en elle. Seul le temps et la patience te permettrait d’obtenir ce que tu voulais. « Tu dois me jurer quelque chose aussi... Promets-moi de venir me voir… A chaque fois que tu iras le voir lui. » Cette idée lui déplairait sans doute. Elle objecterait. Prétendrait ne pas en avoir les moyens, encore moins le temps. Que son devoir d’ange l’en empêcherait… Peut t’importait. Les bains avaient beau t’apaiser et te garder de devenir violent envers elle, il ne refluait en rien ton envie de te l’approprier entièrement. Si elle trouvait du temps pour son baron, elle devrait en trouver pour toi aussi. « C’est le prix de mon silence. » D’un geste tendre, tu t’empares d’une mèche de ses cheveux que tu portes à ton nez, en inspirant le parfum. « Et je saurais si tu mens… » Tu ne savais pas d’où te venais cette certitude, mais il ne s’agissait pas d’un mensonge. « A bientôt, Laëth… Je vais trouver le temps long, sans toi… » Avec un dernier sourire, qui était autant promesse que menace, tu regagnais le néant nébuleux du monde des rêves.
768 mots




Merci Kyky  nastae
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Jeu 14 Mai 2020, 19:05




Un premier haut-le-corps.

Les quatre murs qui l’entourent se fracassent l’un dans l’autre. Se dédoublent, se superposent et se séparent, se mettent à onduler tranquillement. La cloison en bois de cerisier, au sud de la pièce, s’effondre sur elle-même pour finir en un amas de poussière sur le sol.

Ses yeux remontent vers le plafond. Lui aussi ondule, se gonfle et s’affaisse, bat d’un pouls étrange et irrégulier.

Un deuxième haut-le-corps.

Un murmure chaud se répand dans son être. Des mots qui se présentent à elle comme une évidence attendant simplement d’être reconnue. Une requête qu’on lui souffle à l’oreille et qui gagne sa conscience, sans effort, sans résistance. Ses paupières se referment pour accompagner son dernier haut-le-corps. On l’appelle.

Elle répond.

[RPPT] - Le Rêve qui crée le doute, le Rêve qui révèle, le Rêve qui exauce  - Page 9 555969singatureBLACKOSS

C’est la matière dont est faite le rêve que Circe distingue en premier. Tout autour d’elle, la chimère construite par les rêveurs s’élève et serpente comme de la fumée. Elle tend la main pour y toucher; n’y arrive pas, la matière se soustrayant à elle. Un amalgame de consciences, de chimères, de désirs cachés. Des possibilités illimitées prenant racine dans la profondeur des esprits de ceux qui rêvent. Circe observe la matière qui, autour d’elle, se tend comme le voile infiniment mince d’une tente, alors qu’elle se drape autour des rêveurs comme une lourde étoffe recouvrant leurs esprits. Aucun choix pour eux, mis à part s’y complaire, s’y lover. Capituler et se laisser bercer par le rythme du songe. Elle en voit d’autres, comme elle, qui rayonnent comme des phares au milieu de la matière onirique. Au lieu de se faufiler dans les crevasses de leur conscience, la toison du rêve se déroule, les caresse, suit leurs mouvements avec un synchronisme parfait. Se mélange presque à leurs êtres au fil de leurs pas à travers les masses de rêveurs. Elle n’avait jamais vu autant de Génies réunis au même endroit. Décide de garder ses distances.

Elle hésite à respirer. N’ose pas bouger. Ne risque pas faire plus que d’observer la toison onirique et ceux qui y évoluent. Comme si le plus infime mouvement pouvait balayer le rêve et la ramener entre les quatre murs dont elle était prisonnière. Quatre murs qui avaient été un refuge pour elle, dans une autre vie; quatre murs qui la répugnent, à présent. Son être y étouffait, condamné à faire les cent pas dans la loge comme un animal en cage. En comparaison, la sensation d’absolue liberté ressentie dans sa réalité présente menace de la faire chavirer. Elle reste longuement immobile, à surveiller les lieux, à admirer les vas-et-viens du tissu des rêves, à voir les rêveurs s’y complaire et s’en envelopper. À voir quelques autres membres de sa race s’avancer vers les rêveurs et, saisissant la matière du rêve entre deux doigts, la façonner de manière à exaucer quelques vœux. Des gens qui se provoquent en duel, puis d’autres qui se pourchassent, avides de sang. Elle ose prendre une première inspiration. Timidement, du bout du nez. Aucune odeur de parfum Alfar, aucune odeur de bougie. Une deuxième, plus franche. Que l’odeur indescriptible propre à la Porte des Songes, écran de fumée aux dimensions multiples et insaisissables. Elle ferme les yeux un instant. Se sait condamnée à retourner à son habitacle un jour. Y échapper pour un moment l’emplit d’une satisfaction presque jouissive.

C’est un homme qu’elle voit en premier lorsqu’elle rouvre les yeux. Les siens sont d’un brun profond, mi-clos. Sa tête pend dans le vide, ses cheveux raides plaqués contre son front en sueur. Ses sourcils se rejoignent presque au-dessus du nez dans une expression perdue quelque part entre l’extase et le tourment. Le reste de son corps, quant à lui, est attaché solidement à l’autel sur lequel il est allongé, des épines et des ronces entaillant sa peau d’apparence délicate. Nu comme Adam, l’homme balbutie des mots vers une autre rêveuse, une Ygdraë aux cheveux roux et aux yeux violets qui remplissait dans le rêve le rôle d’une Démone. Circe incline la tête et s’approche. Sent la matière du rêve lui faire de la place pour qu’elle avance, d’un pas mesuré, vers la scène qui se déroule devant elle. Elle hume un parfum dans l’air, différent de celui qui embaume la loge qui lui fait office de prison, mais tout aussi épicé et sulfureux. S’attarde un instant sur le flacon de verre vide qui juche le sol avant de poursuivre sa route vers les deux rêveurs.

Elle revêt l’apparence d’une femme maigre, parsemée de taches de rousseurs. Une mâchoire carrée, des boucles brunes qui s’arrêtent juste au-dessus des épaules. S’y reprend à deux fois afin de pouvoir maintenir son apparence. L’homme la regarde avancer. Elle peut presque ressentir les secousses de plaisir qui le parcourent alors que les lèvres de l’Ygdraë vont se perdre quelque part entre sa mâchoire et son oreille. Il resserre le poing et les ronces enroulées autour de son poignet se compriment, faisant perler une goutte de sang sur sa peau mate. Circe maintient le regard de l’homme alors qu’elle s’arrête à ses côtés. Le fouille du sien. Peut percevoir le désir qui irradie de son être et qui vient s’enrouler autour de sa conscience comme maintes tentacules. Elle esquisse un mouvement vers les ronces qui enserrent la chair de l’homme, juste au-dessus de sa taille. Sa main descend doucement vers les lianes. Espère ardemment qu’une aiguille s’enfonce au creux de sa paume, qu’un glapissement s’échappe d’entre ses lèvres, qu’un liquide jaillisse de sous sa peau. Sa main passe obstinément à travers les ronces sans lui procurer la sensation de douleur convoitée. L’homme, quant à lui, pousse un gémissement bref mais intense. Sa compagne s’écarte de la peau délicate de son cou, où une morsure s’y étale. Elle pousse un rire fluet, examine son travail. Passe un index sur ses lèvres. La voix de l’homme jaillit de ses lèvres aussi soudainement que ses gémissements précédents. « Sälina… » Son regard va se perdre quelque part dans la chevelure de sa compagne. « Sälina, je t’aime. » Les mots sont répétés quelques fois, presque fiévreusement. L’Ygdraë demeure silencieuse. A presque l’air de ne pas avoir entendu la voix de l’homme, préoccupée à passer ses mains sur son propre corps. Le plaisir de son partenaire semble secondaire au sien. Secoue sa chevelure alors qu’elle monte sur l’autel aux côtés de l’homme, se positionne de manière à enserrer sa taille de ses cuisses. Son mouvement de la main est bref alors qu’elle guide l’homme en elle. « Ah… » Étrange, pour Circe, d’observer les ébats sans être sujette au moindre désir, à la moindre envie. Sa mâchoire se tend malgré elle.

Circe s’agenouille auprès de l’homme qui pousse soupir après soupir. Une goutte de sueur perle au bout de la gemme qui est incrustée au milieu de son front. Un Orisha. L’impassibilité de l’autre a fait naître un désespoir qui apparait lentement sur ses traits, s’emmêle au plaisir et à la douleur qui les déforment déjà. L’Ygdraë poursuit sa chevauchée. « Que désirez-vous? » La voix de la Génie s’était élevée tout doucement vers l’oreille du rêveur, profitant d’une pause à ses gémissements pour se faire entendre. L’Orisha se retourne vers elle, conscient pour un moment de la créature qu’est Circe, soupèse l’offre qui lui est faite. « Il ne désire que moi. » L’Ygraë susurre ses paroles, enfonce un peu plus ses ongles dans le cou de son partenaire. L’homme fixe toujours Circe, les yeux embrumés par le voile du désir. « Je veux… » L’Ygdraë lui arrache un nouveau soupir. « Je veux qu’elle m’aime. »

Circe détache ses yeux de l’homme un instant. Elle peut sentir la toison dont est faite le rêve se mouvoir en leur direction. Elle observe, fascinée, alors que le Lien du Rêve se forme entre elle et l’Orisha ligoté. Le matériau onirique qui les entoure se transforme, prend un aspect plus solide, semble s’alourdir sous le poids du Lien. S’enroule et se replie autour de lui-même à l’infini, alors que viennent s’y tisser un mélange de l’essence du rêveur et de la sienne. Un métissage de Magie Bleue et de celle de l’Orisha s’emparant des propriétés du rêve. Une broderie propre aux deux esprits se soumettant au Lien. Elle se sent plus fermement ancrée dans la réalité qu’est le rêve, y glisse moins comme une couleuvre entre les draps. L’homme la fixe toujours. Elle se relève, se soustrait du pitoyable regard.

Un pincement des lèvres. Une moue qui se veut moqueuse face à la demande de son nouveau Maître, mais qui n’arrive pas entièrement à dissimuler la colère qui monte juste en dessous. Elle n’aime pas se faire rappeler des limites de ses pouvoirs. Du poids minime de sa puissance qui peine à exaucer un souhait à peine complexe. Créer des sentiments à partir de rien, invoquer la bénédiction d’Isahora à partir du néant – le vœu était définitivement au-delà de ses capacités. Ses yeux errent sur les deux corps qui se chevauchent devant elle. Transperce presque leurs peaux de par l’intensité de son regard, comme si la réponse au vœu ignare de l’Orisha était enfoui quelque part sous leurs dermes.

Elle agite distraitement ses doigts dans l’air. Prend un souffle pour penser. Sa magie est décuplée ici, elle peut le sentir. La Magie Bleue qui sommeille dans son essence plus facile à utiliser, à extraire, à moduler comme de l’argile. Comme si elle ne demandait qu’à être maniée. Circe voit les fils composant le tissage du Lien du Rêve se resserrer un moment alors qu’elle se penche vers l’Ygdraë. « Ah… »Ses cheveux roux ébouriffés suivent d’un mouvement fluide le vas-et-viens qu’elle effectue sur le bassin de l’Orisha. Les ronces s’enfoncent un peu plus loin dans la peau de ce dernier avec chaque allée et venue. Elle n’a pas l’air de s’en formaliser, avide de combler sa propre envie, sans s’attarder sur les sensations ressenties par l’autre. Les yeux clos, la bouche légèrement entrouverte, les pommettes rougies par son plaisir. Une amante égoïste.

Circe se penche vers son oreille, y murmure de manière à ce que l’Orisha ne distingue pas ses paroles. «Avouez. » La cadence ralentit. « Avouer quoi? » « Que vous l’aimez.» L’Ygdraë pousse un rire qui ressemble davantage à un sifflement. «Jamais je ne m’abaisserais à une telle chose. » Les yeux de Circe se plissent. « Vous n’avez pas à en avoir honte. Maints sont les gens qui se sont laissés capturer par le filet de sa chevelure rousse. » « Ses cheveux ne sont pas roux. » « Certaine? » Sa voix est à peine plus haute qu’un soupir. La Magie Bleue se matérialise au bout de sa langue. Un filet de fumée à peine visible. S’éteint avant de pouvoir se rendre aux oreilles de la femme rousse. « À quoi jouez-vous? » Un autre pincement de lèvres chez Circe. Elle sent ses forces diminuer alors qu’elle redouble d’efforts pour que sa magie prenne forme. « Regardez comme elle vous regarde. »

Elle voit la Magie Bleue se déverser d’entre ses lèvres au fil de ses paroles. Une fumée qui s’échappe de sa bouche et qui s’élève vers l’oreille de l’autre. Ses mots s’empreignent de la Magie, se teintent de la réalité que Circe lui suggère. La proposition y miroite alors que ses dires se répandent à l’oreille de la rousse. Le subtil mensonge est reçu, mais n’a pas encore pris racine. L’Ygdraë ne discerne pas encore ce que Circe souhaite qu’elle voit. Le visage qu’avait choisi Circe, celui de la jeune femme aux cheveux bouclés, vacille, expose ses propres traits. Une nouvelle vague de frustration monte en la Génie. Elle se sait si près du but alors que ses forces la quittent. Sa magie commence à s’échapper d’elle. Elle la ressent suinter de tous ses pores, cogner contre la mince enveloppe qui retient son essence. Sa limite sera bientôt atteinte.

La Génie déglutit. Se concentre. Envisage les vagues de plaisir qu’elle a vues déformer le visage de l’Orisha se métamorphoser. Les traits durs, angulaires de l’homme se radoucir, devenir minces et délicats. Sa chevelure s’allonger et prendre une teinte ocre. Les yeux pâlir jusqu’à devenir violets. Elle chuchote à nouveau à l’oreille de l’Ygdraë, le tressautement de sa voix trahissant sa fatigue grandissante. « Regardez-la. » L’Ygdraë ouvre les paupières. « Vous la voyez? » La  magie gagne ses traits un par un. La bouche se détend, les yeux se voilent alors que son esprit s’embrume. « Ah…oui, je la vois. » La respiration se fait plus laborieuse. « Vous l’aimez, n’est-ce pas? » Ses yeux détaillent ses propres traits qui s’étalent sur le visage de l’Orisha. Ce dernier laisse s’échapper un glapissement. Pour l’Ygdraë, c’est sa propre voix qui résonne à ses oreilles. « Oui…je l’aime. » Un ricanement, chez la Génie. « Alors, dites-le lui. » L’Ygdraë se penche vers le visage de l’Orisha, action qui sous l’influence de Circe équivaut à se pencher vers la glace. Elle fouille son propre regard des yeux. « Je t’aime. »

Les traits de Circe se détendent. Chancelante, elle se détourne du couple pour se fondre à nouveau dans la toison des rêves. « Elle vous aime aussi. »

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