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 [Événement] - La vie s'essouffle lorsque la mort l'enlace

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Mer 13 Juin 2018, 21:55

La vie s'essouffle lorsque la mort l'enlace




La gorge serrée, la Reine fixait le corps sans vie du Nylmord. Elle n’avait pu se libérer plus tôt mais ses songes l’avaient prévenue. Elle n’aurait réussi à l’expliquer mais elle l’avait su, bien avant de le voir. L’une de ses mains se posa sur la joue froide de l’homme qu’elle caressa doucement. La Reine Blanche avait perdu bien des alliés et des connaissances, notamment du fait des caprices du Temps qui ne la prenaient pas en compte. Voir son entourage vieillir, petit à petit ; voir les Magiciens naître et mourir, dans une infinie ritournelle… Tout ceci lui semblait habituel, sans saveur ou, tout du moins, n’éveillait plus chez elle une quelconque émotion. Elle avait appris à s’incliner devant la Mort et à respecter son œuvre. Pourtant, malgré tout ce qu’elle savait, malgré sa tolérance aux pertes de ceux qu’elle aimait, le Nylmord était particulier à ses yeux. Il était là lorsqu’elle était montée sur le trône. Il était là lorsqu’elle avait mis à jour la félonie de tous ces Archimages véreux qui servaient les Sorciers depuis des siècles au sein de son conseil. Ses lèvres se serrèrent et ses yeux ne tardèrent pas à se remplir d’eau. Elle inspira, essayant de retenir ses larmes et de rester digne. Elle n’osa pas contempler le Monde des Esprits. S’il la voyait pleurer, elle était certaine que son air compatissant la ferait s’effondrer. Ils avaient eu de nombreux désaccords, elle avait même failli le tuer une fois, mais cet homme avait veillé sur elle tel un père. Il avait guidé ses pas, l’avait forcée bien des fois mais, sans lui, elle n’aurait sans doute jamais pu supporter le fardeau que représentait la Royauté. Elle déglutit, passant ses doigts sur ses yeux. À l’autre bout de la pièce, un homme l’observait depuis quelques longues minutes. Il n’avait pu s’entretenir avec elle au préalable et le Nylmord avait décidé seul de sa succession, tant d’un point de vue personnel que d’un point de vue fonctionnel. L’ancien Nylmord s’était éteint et un nouveau avait pris sa place. Il espérait que la Reine confirme son rang. Ils devraient apprendre à se connaître et, finalement, le Comte Vaughan savait à quel point il serait difficile de se faire une place dans le cœur de celle qu’il devrait à présent épauler, ne serait-ce que du fait de son jeune âge. Prendrait-elle ses conseils au sérieux ? L’écouterait-elle ? Surtout, saurait-il se montrer à la hauteur de la direction des armées ? Il soupira, fixant le corps sans vie. Il ressentait la tristesse de la Reine, une tristesse qui faisait écho à la sienne et qui se répercutait dans les méandres de son inquiétude. Il finit par s’approcher, doucement, posant le plat de sa main sur l’épaule de l’Ultimage. Elle ne sursauta pas. Au final, il se demanda si elle savait qu’il était présent depuis qu’elle était entrée dans la pièce. « Je suis désolé » murmura-t-il. C’était délicat. Il ne la connaissait pas ; elle non plus. Il faudrait du temps avant qu’ils se fassent confiance, du temps avant qu’elle ne lui confie ses secrets. Le Nylmord lui avait légué des bibliothèques entières de manuscrits. Dedans, étaient retranscrits tous les entretiens qu’il avait eu avec l’Impératrice Blanche, tous les secrets qu’elle lui avait confiés et toutes les actions qu’il avait entreprises pour elle. Seul un Nylmord pouvait les lire.

Après quelques instants, le Vallen entra dans la pièce. L’ancien Archimage n’avait pas attendu sa mort pour confier son office à un homme plus jeune. Bientôt, le Conseil serait presque entièrement renouvelé. Escrimeur de talent, celui qui était en charge, en outre, de la gestion des morts, était un homme carré et talentueux. « Il est l’heure, Majesté. ». Le peuple attendait, entourant le Lac Bleu. Il était de coutume chez les Magiciens de brûler les morts sur les eaux pures. Cependant, exceptionnellement, beaucoup de Mages Blancs et d’habitants des Terres alentours étaient réunis, en plus des plus hauts dignitaires de l’armée Magicienne, accompagnés de leurs plus grands et fidèles soldats. Tous avaient revêtu les vêtements blancs du deuil.

Une fois que l’ancien Nylmord fut sorti de la salle et placé sur la barque qui le mènerait au centre du lac, l’Ultimage s’avança vers l’un des pontons, accompagnée d’une enfant. La cérémonie mortuaire se passait de tout discours. Un chant fut entamé par les deux protagonistes, un chant en l’honneur d’Ezechyel, une invocation pour que le Dieu de la Mort vienne chercher les souvenirs enfermés dans le corps du Nylmord qui allaient être libérés par le feu. L’embarcation fut poussée avec soin afin qu’elle s’écarte de la berge et rejoignit doucement l’endroit escompté, bercée par les notes des musiciens. Edwina eut enfin le courage d’ouvrir sa magie au monde des morts. À ses côtés, l’esprit de son conseiller regardait son propre corps. Plus que les Vivants, autour du Lac, se tenaient les Morts, ceux à qui le Nylmord avait sauvé la vie plus d’une fois et les soldats qui avaient, jadis, combattu à ses côtés. Plusieurs générations s’étendaient là, tous ces Magiciens qu’il avait connu et qu’il avait honoré durant des siècles et des siècles de service. Il y avait également les représentants d’autres peuples. Voilée, la Reine essayait de limiter les tressautements de sa voix. Sa main dans celle de la fillette, il lui semblait se comporter de façon presque mécanique, comme si la douleur s’était transformée, comme si cette même douleur savait parfaitement qu’elle n’avait pas d’autre choix que d’être refoulée. On ne porte pas l’avenir de tout un peuple en s’épanchant. On ne porte pas l’avenir de tout un peuple en laissant des vérités éclater au grand jour. Le nouveau Nylmord s’avança, créant au creux de sa main le feu qui consumerait le corps de son prédécesseur. Doucement, il marcha sur l’eau pour rejoindre la barque. La déchéance de l’un, la naissance de l’autre. Les flammes ne tardèrent pas à s’étendre, attaquant le linceul, attaquant le bois. L’homme scella magiquement le tout pour que les cendres soient récupérées. Elles représentaient la vie entière de cet homme d’exception et, comme le voulait la tradition, elles reviendraient à l’un des spectateurs, un homme ou une femme qui serait l’élu du mort, sa dernière volonté, son dernier souhait. Ce soir, un pèlerinage aurait lieu sur les Terres du Lac Bleu. Les parents parleraient de la mort à leurs enfants. Ils leur diraient qu’un jour, eux-aussi, rejoindraient Ezechyel mais que les fragments de leurs souvenirs veilleraient toujours sur eux. Les yeux d’Edwina fixèrent l’Esprit de l’ancien Nylmord. Il lui sourit, tristement. Elle essaya de faire de même une fois le chant terminé mais les mouvements involontaires de son menton tiraient ses lèvres vers le bas. C’était idiot car elle savait qu’il serait toujours là, qu’elle pourrait toujours lui parler, mais les choses ne seraient plus jamais les mêmes.

L’urne mortuaire fut scellée par le Nylmord, le nom de famille du défunt gravé sur le contenant bleu-gris : « Taiji. ». L’objet flotterait au-dessus du Lac, baigné de magie, jusqu’à ce qu’il s’impose à un être, aujourd'hui, demain, nul ne savait.

1176 mots

Explications


Hello ^^

Voilà, le Nylmord est mort. Je vous invite donc à participer à la cérémonie qui, en soit, est plutôt simple. Vous pouvez ensuite partir en pèlerinage sur les Terres du Lac Bleu, le soir. Il s'agit de marcher pour honorer la Mort. La marche n'a pas à être silencieuse. Souvent, des histoires sont racontées, les Magiciens se remémorant leurs ancêtres et leurs exploits. De même, il y a souvent des chants qui sont repris par les marcheurs. Le pèlerinage peut se réaliser seul ou en groupe. Chaque individu a un lampion et sa marche s'arrête quand la lumière de son lampion s'éteint. Elle dure donc plus ou moins longtemps ^^

Juste, en temps normal, il y a simplement une crémation sur le Lac Bleu et les cendres sont récupérées dans une urne qui est placée dans un lieu particulier (je ferai un message dans le sous-forum pour en parler plus en détails quand j'aurai un moment =) Mais, en gros, c'est un endroit magique où se trouvent toutes les urnes des Magiciens morts).

L'image sur le côté est le nouvel Archimage Nylmord.

Ce lieu est un lieu Magicien. Néanmoins, les habitants du Lac Bleu, les Anges et les personnages qui ont de bonnes raisons d'être ici peuvent participer (autre que "J'ai vu de la lumière, je suis entré xD". Si vous avez un doute venez me voir). Bien sûr, ceux qui possèdent la Couronne, un collier ou une DN peuvent également venir. Vous avez jusqu'au 15 Août 2018, 23h59, pour poster.

Gains


Vous devez faire 900 mots au minimum, dans un message unique ; Le gain général est un point de spécialité au choix.

Je tirerai au sort le personnage qui remportera les cendres du Nylmord. Richesse à vie viendra avec l'urne car la personne en question devra l'entretenir et honorer la mémoire du Nylmord.

N'oubliez pas de déclarer vos gains ^^

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 16 Juin 2018, 22:47




La vie s'essouffle lorsque la mort l'enlace

# Nos destins se croisent tous en un point



Je poussais soigneusement la porte qui s’ouvrait sur la chambre de convalescence de mon frère. Ce dernier dormait profondément, indifférent à ce qui se tramait aux alentours, et à ses côtés, le jeune Hemmiel veillait toujours, telle une parfaite sentinelle qui garde sa tour. Cependant, au contraire d’un véritable gardien, l’aspirant s’était profondément endormi sur le lit de mon frère, sa respiration basse soufflant légèrement sur les draps de la couche. De l’autre côté de la porte, je les observais calmement, tous les deux, un sourire se dessinant imperceptiblement sur la commissure de mes lèvres. Depuis que nous nous sommes parlés la dernière fois, il y a quelques jours de cela, l’aspirant prenait à cœur de venir, à tous les soirs, passer quelques heures au chevet d’Isley. En toute franchise, nous avions besoin de cette conversation, lui et moi, car les regrets du jeune Immaculé commençaient à le brûler intérieurement, mettant à feu sa confiance et en fusion son assurance, détruisant et ravageant le jeune homme qu’il était. Toutefois, à présent, il semblerait que ce brasier s’éteigne progressivement et que le jeune Hemmiel que nous avions toujours connu ressurgissait de ses cendres, fin prêt à reprendre le contrôle de son être et de son esprit.

Je m’approchais des deux soldats endormis, dépliant une couverture qui se trouvait dans l’armoire de la pièce, pour l’étendre sur les épaules de l’apprenti guerrier. Puis, je m’approchais du lit de mon frère afin de l’examiner quelques secondes, conscient qu’aujourd’hui encore, il ne se réveillerait pas.

« Le Chancelier Nylmord, le chef des Armées magiciennes, est mort, murmurais-je d’une voix à peine audible au-dessus du visage de mon frère, ce dernier restant aussi inébranlable qu’un mur. Je suis allé à la cérémonie funéraire avec le capitaine et Faith, un peu plus tôt dans la journée et, dans quelques minutes, je vais devoir les rejoindre pour que nous nous joignions à la procession qui leur sont dédié, à lui et à Ezechyel. »

Je savais qu’il ne me répondrait pas, mais lui parler me faisait néanmoins du bien. J’oubliais momentanément qu’il était complètement perdu dans les vapes à rêver d’un monde ou d’un avenir que lui seul était en mesure d’observer à travers ses mires. Pour autant, ce doux soulagement m’était éphémère, puisque la réalité me frappait aussitôt par le mutisme et l’immobilité de mon jumeau. Sincèrement, qu’est-ce qui pouvait le retenir ainsi dans les limbes? Il était guéri, les soignants s’étaient assurés de cela avant de nous accorder le droit de lui rendre visite quand bon nous semblait, et pourtant, il n’ouvrait toujours pas les yeux. Pourquoi? Était-ce de sa propre volonté ou quelque chose de plus… astral, céleste ou spirituel l’empêchait de s’éveiller? J’esquissais un vague geste dans l’intention de le secouer, mais à la dernière seconde, je suspendis ma main dans les airs, m’abstenant violemment de le brusquer. Après tout, il ne semblait pas souffrir, ni même pris d’un mal lancinant dont il aurait apprécié que nous le sortions rapidement : son visage était serein, relâché; je pouvais le comparer sans peine à un enfant qui somnolait au creux d’un rêve. Lentement, je m’éloignais du lit, fixant Isley une dernière fois avant de me détourner.

« Dors bien, mon frère… »

La tête basse, je quittais la chambre en refermant doucement la porte derrière moi. Je pris une profonde respiration avant de relever la tête et d’effacer, sous un lourd maquillage de sérénité, mon trouble de plus en plus grand, marchant d’un pied droit et ferme jusqu’à l’extérieur, là où m’attendait le capitaine et le soldat Vaughan. Les deux m’accueillirent chaleureusement, le premier par un simple signe de la tête tandis que la seconde m’adressa un grand sourire.

« La procession a déjà commencé à avancer. Rejoignons-les. »

Et, à la demande de Faith, nous nous mîmes aussitôt en route, suivant des marcheurs, originaires des Jardins, qui marquaient leur chemin d’une douce et bienfaitrice lueur ocre, la lumière dégagée par le lampion repoussant les ténèbres de la nuit qui les enveloppaient de toute part. Leurs voix et leur chant accompagnaient également chacun de leurs pas et lorsque nous parvînmes à atteindre leur hauteur, nous fûmes accueillis par un jeune couple, la demoiselle caressant son ventre bien rond tandis que l’homme la serrait amoureusement dans le creux de ses bras. Ils se contaient une histoire, un vieux souvenir d’époque, qui relatait le passé du grand-père de la jeune fille qui avait livré bataille sous les ordres de l’ancien Archimage. S’il ne s’était jamais adressé à lui personnellement et ne le connaissait que de réputation, il n’avait cessé de dire, de son vivant, qu’il donnerait volontiers son épée et sa vie au Nylmord, le défunt ayant insufflé l’inspiration et le courage dans le cœur de ses soldats, l’estime et la dévotion dans le cœur de ses subalternes et l’affection de tout un peuple qui l’admirait du plus profond de leur cœur. Si des larmes ont été versé au courant de la cérémonie funéraire, à présent, tout le monde s’accordait à chanter et à parler doucement, la nostalgie et le charme inspiré par le partage de leurs souvenirs prenant le pas sur la tristesse et la désolation. Parce que la Mort n’était pas une fin en soi. Elle nous privait de notre corps physique, certes, mais l’esprit prospérait parmi les siens et protégeait ceux qu’il aimait. C’était certainement pour cela que les Magiciens parlaient aussi ouvertement de la mort avec leurs enfants, parce qu’ils étaient persuadés que leur esprit resterait auprès de leur proche pour les aider et les guider à travers les chemins tortueux de la vie, comme la flamme de ce lampion qui nous montrait la voie au cœur de la nuit.


948 mots


It's a little price to pay for salvation
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Dim 24 Juin 2018, 21:37


« Ana ? Il est l'heure de partir. » Zolyana entendit la douce voix d'Illys à travers la porte. C'était la grande-sœur dont elle était devenue inséparable, dans le manoir Nilsson. « J'arrive. » La magicienne termina sa prière à Natyrië, Æther de la nature, accroupie devant ses plantes. Rien ne pouvait se mettre en chemin de son habitude quotidienne. Une fois que ce fut fait, elle prit une chaussure dans chaque main et rejoignit le reste de la famille, à pas lourds, comme une adolescente allant vers sa punition. Le manoir Nilsson comprenait de nombreux orphelins ; c'était toute une foule qui s'était rassemblée devant le gigantesque portail. Tous partaient pour la procession du défunt Nymlord. Une personne que Zolyana n'avait évidemment jamais rencontré, et elle ne savait pas non plus grand chose sur lui. Elle restait encore étrangère à une grande partie de la politique des magiciens : elle se concentrait encore sur les sciences et le langage. En revanche, les mines lugubres s'affichaient sur les visages ridés des aînés de la famille. L'une d'eux avait même mis un voile blanc pour cacher ses larmes, mais ses soubresauts trahissaient son émotion.

Pour Zolyana, c'était spécial : son règne avait commencé avant-même que la magicienne ne naisse. Autant dire que l'annonce de son décès ne lui avait fait aucun effet particulier, et elle se forçait à aller à cet événement. Mais elle faisait bien semblant ; Illys lui avait donné des conseils. « Prends mon bras. » Zolyana obéit à Illys, puis le groupe Nilsson se mit en route pour le Lac Bleu. Dans les rues, la foule était telle que les Nilsson furent très vite mélangés au reste des habitants du lieu. Et chose plus surprenante encore : le regard de Zolyana se porta sur des pointes d'ailes blanches. Des anges étaient même venus pour rendre hommage. Ses yeux s'ouvrirent comme des billes. Lentement, la foule arriva autour du Lac Bleu où un nombre de personnes impressionnant attendait. La magicienne put voir le visage des anges, une vision qu'elle n'avait encore jamais eue. Leurs traits étaient d'une finesse incroyable. « Ana ! Ne fais pas cette tête, pour l'amour des Ætheri », lui chuchota Illys en lui donnant un coup de coude dans les côtes. « Pardon... » maugréa-t-elle comme une enfant.

Les chants commencèrent ; une, puis dix, puis plus de trente personnes joignirent leurs voix pour chanter leur sentiment de deuil. Et puis, le cercueil apparut sur le Lac. Zolyana ne comprit pas réellement pourquoi, mais en voyant cette boîte, un choc lui serra la gorge, sensation désagréable que renforçait le chœur entamé. Dans cette cercueil se trouvait un homme mort. Sans qu'elle puisse le contrôler, ses yeux devinrent douloureux et des larmes commencèrent à couler sur les joues de la magicienne. Elle ne connaissait pas cet homme ; mais il était mort, et c'était quelque chose d'horrible. Zolyana serra le bras de sa grande-sœur, qui affichait une mine impassible.

Une fois le rituel accompli, chacun alluma son lampion ; d'autres retournèrent chez eux avant de faire la procession. Zolyana suivit les Nilsson et Illys, le regard perdu dans une profonde réflexion. « ...homme bien. Je me souviens encore, lors du festival ; il était venu saluer la foule. Rien ne l'obligeait à le faire, et pourtant, il prenait du temps pour voir ce qu'il se passait sur ses terres. Ah... » Un Nymlord était un rôle que peu de personnes pouvaient encaisser. Rien que pour ça, elle ne pouvait qu'admirer ce dernier. Elle se sentait bien faible, bien fragile à en cette soirée. Petite, rabougrie. Elle aussi, finirait par mourir. Curieusement, cela ne lui était encore jamais venue à l'esprit. Une ultime larme roula sur sa joue. « Ana ? » Sans répondre, la magicienne sécha ses yeux d'un revers de la main et se tourna vers Illys. « As-tu peur de la mort ? » Zolyana réfléchit un moment. Elle avait honte, mais ce sentiment qui continuait à lui serrer la gorge était bien celui-ci. Elle était effrayée.

« ...oui. » La mort signifiait une fin. La fin de tout ce qui était connu d'elle, pour laisser place à un inconnu qui lui glaçait le sang.  « Tu ne devrais pas. La mort est une renaissance ; ce n'est rien de plus qu'un passage vers une autre vie. » Sa grande-sœur lui sourit pour la rassurer et la serra contre elle, en marchant lentement. « Comment tu le sais, toi ? » Zolyana fixait tristement son lampion, dont la lumière se consumait petit à petit.  « On ne le sait pas. On le croit, et c'est tout ce que les Ætheri nous ont donné. » Comme pour conclure leur conversation, un nouveau chant s'éleva au devant de la procession. Encore un qu'Illys reprit, en se détachant de Zolyana. Cette dernière se mura dans son silence en écoutant les diverses histoires qui se racontaient ici et là. Son rythme cardiaque s'accéléra alors que le chant gagnait de plus en plus de personnes, jusqu'à la majorité de la foule. Ce fut à ce moment-là que son la lumière de son lampion s'éteignit. Zolyana lâcha le bras d'Illys et s'en alla vers le manoir, le cœur lourd. Un jour, la mort viendrait pour elle aussi. Pour une enfant comme elle, c'était encore un choc. Que ça soit dans un siècle, une lune, une journée. Et qui sait ce qu'il se passerait après ? Quel avenir leur réservait les Ætheri ? Zolyana voulait croire que c'était un futur qui récompenserait les bonnes personnes. Le Nymlord, lui, devait s'être vu offrir la meilleure des secondes vies.
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Dim 01 Juil 2018, 12:17

Nikolaz marchait dans le paysage du Lac Bleu. Il avait besoin de se ressourcer dans le clapotement lointain et omniprésent de l’eau. Dans les trilles bavards des oiseaux. Dans la solitude.
Il avait besoin de s’éloigner des Jardins de Jhën.
Il était chez les Anges depuis bientôt quatre semaines. C’était peu, mais il avait la sensation qu’il était parti de Bouton-d’Or depuis des années, tant sa vie avait été remplie depuis.
Aux Jardins, il n’avait pas une minute à lui. Il avait décidé d’ignorer son sentiment de détresse mêlée d’horreur face à la vue des blessés qui affluaient et s’était mis à travailler d’arrache-pied à l’infirmerie. Le personnel recrutait en continu et n’était pourtant jamais de trop, car il y avait toujours quelque chose à faire.
Passer ses journées là-bas lui avait permis de tisser ses premiers liens. Et malgré toute la misère à laquelle son quotidien le confrontait, il était chaque jour émerveillé par ce peuple qu’il découvrait. Son peuple.
Mais aujourd’hui, Nikolaz était mélancolique. La veille au soir, il avait eu du mal à s’endormir, sur la couchette qui occupait la pièce à vivre d’Anita. Ce matin, lorsqu’il s’était réveillé, il avait inspiré l’odeur des champs de blé et de la terre fraîchement retournée, pas celle des fleurs et de l’eau stagnante. Plus encore, il avait éprouvé ce besoin urgent et occasionnel que tout être éprouve de temps à autre, lorsqu’il lui faut se retrouver en face à face avec lui-même.
Nikolaz avait tout de même pris le temps d’annoncer son absence pour la journée à l’infirmerie. On ne lui en avait pas tenu rigueur.
On le comprenait. Les regards que l’on s’échangeait dans les couloirs de l’hôpital étaient compatissants.
Peut-être était-ce cela qui avait déclenché la mélancolie de Nikolaz.
Le Nylmord était mort.
Nikolaz n’avait pas eu l’occasion de rencontrer de Magiciens depuis son arrivée. Il était si occupé chez les Anges qu’il n’avait pas quitté leur territoire, et les Magiciens avaient beau être les véritables propriétaires des Jardins de Jhën, ils respectaient le lieu de vie de leurs hôtes et ne s’y rendaient qu’exceptionnellement.
Cela n’avait pas empêché la nouvelle du décès du plus fidèle conseiller de l’Impératrice Blanche de remonter aux oreilles du peuple angélique. La peine qu’avaient ressentie les Ailes Blanches était sincère, car la gratitude qu’il éprouvaient à l’égard des Magiciens était sans limite et que par conséquent, chaque coup dur qui leur était porté les touchait également.
La vie était-elle donc si fragile ?
C’était la question qui avait surgi en lui lorsqu’il avait appris la nouvelle. Une question qui, en réalité, flottait en latence autour de lui depuis qu’il avait rejoint les Anges.
Nikolaz était entouré de mort depuis bientôt un mois. Malgré la façade paisible des Jardins de Jhën, le peuple angélique n’était qu’un membre mutilé. Sous le soleil des Terres du Lac Bleu s’étendait un champ de cendres. Plutôt qu’un jardin, Nikolaz avait élu domicile dans un cimetière.
Et aujourd’hui, rien qu’aujourd’hui, il avait besoin de s’en éloigner.
Se laissant bercer par le rythme de ses pas, Nikolaz autorisa pour la première fois des personnes lui parler dans une langue qui lui était familière.
Un pas. Bonjour, papa, maman. Comment va la plantation ?
Un pas. Salut, Laëth, salut, Priam. La vie est-elle toujours la même à Bouton-d’Or ?
Un pas. Anîhl. Tu me manques.
Nikolaz laissa les larmes rouler le long de ses joues et remplir de sel sa bouche. Il ne savait pas pour quelle raison il pleurait. Pour beaucoup de raisons différentes, probablement.
Il se laissa traverser par les émotions sans opposer de résistance. Au loin, il voyait la procession en hommage au Nylmord prendre progressivement forme. La lueur du bateau funéraire se refléta dans les eaux de plus en plus sombres du Lac. C’était beau.
Nikolaz avait envie de prendre part à la procession. Il n’aurait pas besoin de parler aux gens. Le deuil se passait de mots. Et aujourd’hui, chaque âme présente autour du Lac était venue pour faire le deuil du Nylmord et de beaucoup d’autres choses.
Guidé par le chant mortuaire qui s’élevait en volutes dans le crépuscule, Nikolaz rejoignit l’assemblée. À mesure qu’il s’approchait, des groupes de personnes fleurissaient sur son chemin. Les visages étaient éclairés par la lueur tremblotante des lampions qu’ils portaient au creux de leurs mains. Nikolaz ne chercha pas à croiser des regards mais il en effleura quelques-uns. Les yeux étaient tous les mêmes, ce soir. Noyés dans le Lac.
Après avoir observé quelque temps la haute silhouette des flammes sur le Lac, Nikolaz alla s’allumer un lampion à son tour. Il rejoignit le rang des pèlerins, qui déambulaient le long de l’étendue d’eau. Dans l’air pâle de la nuit, Nikolaz devinait des voix de conteurs, qui peignaient leurs histoires sur le mur d’imagination de leur auditoire. La curiosité effleura Nikolaz un instant. Mais il n’avait pas envie de se mêler aux gens.
Suivant des yeux le tressautement du lampion au bout de sa perche, Nikolaz marcha le long du Lac. Le bruit de ses pas s’associait au clapotis de l’eau s’échouant sur les rives et l’apaisait. Pour la première fois depuis le matin, il n’avait plus la sensation qu’un gouffre géant béait en lui. Comme une lampée d’eau fraîche estompait la douleur de la gorge, ce pèlerinage colmatait les brèches qui s’étaient ouvertes en lui.
Nikolaz croisa un chœur. Ils s’étaient arrêtés et, rassemblés en cercle, chantaient en mélangeant leurs voix. Pour la première fois de la soirée, l’Ange consentit à s'approcher. Un long frisson descendit le long de son échine. Le chant était très beau. Il le traversa avec puissance et chassa des larmes au coin de ses yeux. Mais ce n’étaient pas les larmes qu’il avait versées plus tôt. Seule une vive émotion l’étreignait présentement.
Nikolaz ignora le temps qu’il passa à écouter le chœur, tant il était transporté. Il ne fut ramené à la réalité que lorsque la lueur de son lampion disparut d’un coup. Il baissa les yeux vers le brusque retour de l’obscurité.
C’était le signal qu’il fallait rentrer.
Nikolaz jeta un dernier regard vers le chœur qui, pleinement immergé dans son propre monde, ne sembla remarquer ni la présence, ni le départ de son auditoire.
D’un pas tranquille, Nikolaz rebroussa chemin. Il se sentait drainé.
Il irait déposer le lampion éteint au stand, puis il retournerait aux Jardins, là où il avait pleinement sa place.

1 065 mots
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Sam 07 Juil 2018, 18:30



Quand l'être cher vient d'expirer,
On sent obscurément la perte,
On ne peut pas encor pleurer :
La mort présente déconcerte ;
[...]
C'est aux premiers regards portés,
En famille, autour de la table,
Sur les sièges plus écartés,
Que se fait l'adieu véritable.

La vie s'essouffle lorsque la mort l'enlace


Tu regardais le tissu plié avec soin presque avec consternation. Qui l’aurait cru. Devoir porter une nouvelle fois aussi tôt ce vêtement. Mais ce soir il sera teinté de blanc, contrairement à la dernière fois. Il serait dommage de froisser le peuple voisin par une différence d’us et coutumes. Surtout aujourd’hui. Le Nylmord s’était éteint. En réalité, tu ne connaissais l’homme en question que d’après ce qu’en disaient les Mages Blancs. Mais il semblait avoir été un homme de bien selon l’avis de tous. C’est donc vêtu de la tenue du deuil que tu quittais les Jardins de Jhēn pour rejoindre le lieu de la cérémonie funéraire. Il y avait du monde pour l’occasion. Beaucoup de monde. Plus qu’une personne de haut rang, il était évident qu’il avait été une personne très estimée. Tu te pinçais les lèvres, ne pouvant qu’imaginer la peine de ces personnes. Tu t’attardais alors sur les visages des uns et des autres, observant des yeux rougis par des larmes trop abondantes ou des visages ternis par la tristesse. Tu connaissais ces expressions. Tu les voyais encore parfois dans ton quotidien. Finalement ton regard fini sur le cercueil reposant sur la barque, songeant à ces hommes et ces femmes en peine. La mort avait quelque chose de terriblement fataliste. L’on avait beau savoir qu’elle nous guettait à toute heure de notre vie, qu’un jour indéniablement elle s’abattrait sur nous, il était toujours difficile d’accepter le moment où Ezechyel venait s’emparer de l’âme du défunt. Il est toujours trop tôt lorsque ce jour arrive, peu importe le temps qui était passé.

La cérémonie terminée, tu restais un instant lampion en main, à observer l’urne, dernier témoignage de l’ancien Nylmord, flotter passivement. Chacun avait commencé sa procession à son rythme. Tu entendais des bribes d’histoires des uns et des autres lorsque ces derniers passaient à proximité de toi. « …de lui. C’est idiot en y repensant aujourd’hui. », fit d’un air amusé une voix féminine derrière toi. « Ouai, je m’en souviens comme d’hier, y av... », ajouta un homme un peu plus loin pleins d’entrain. Un fin sourire étira tes lèvres. La chaleur des lampions semblaient avoir chassé la tristesse dans le cœur de ces personnes au profit des souvenirs les plus heureux. Tu n’étais peut-être pas accompagné toi, mais tu ne pouvais pas rester à végéter ainsi indéfiniment. Tu te décidais alors enfin à quitter ta place et rejoindre la marche, te remémorant également tes souvenirs les plus heureux. Et doucement, petit à petit, tu remontais le fil du temps. L’arrivée inattendue d’Avetis. Un peu plus loin. Le sourire de Shiva. Encore un peu. Ta famille réunie. Puis, alors que tu étais profondément plongé dans les fantômes de ton passé dans un silence solennel, une voix chaleureuse et chevrotante te ramenais à la réalité des choses. « Pauvre enfant, arriver après un tel homme ça ne va pas être facile. Mais si l’ancien Nylmord l’a désigné pour lui succéder, c’est qu’il doit avoir les épaules pour. ». Tu observais la vieille dame au dos courbé par le poids de l’âge. Tu ne l’avais pas entendu approcher. « Je suppose, oui. ». Tu la vis te décocher un sourire en même temps qu’elle reprit la parole. « Vous sembliez bien concentré. Je ne vous ai pas dérangé j’espère ? » - « Non, je repensais au temps passé. », lui répondis-tu avec le même sourire. Un rire aigu s’échappa d’entre les lèvres de la vielle femme. « A défaut de ne pouvoir le partager avec un autre, vous le partagiez avec vous-même ? ». Tu ne répliquas pas. C’était la vérité.  

« Vous n’êtes plus seul, pourquoi ne pas discuter un peu en attendant que l’obscurité ne saisisse l’un d’entre nous ? », fit-elle en désignant le lampion qu’elle tenait du bout de ses doigts usés. « De quoi vous rappeliez-vous ? ». Un nouveau sourire apparu sur ton visage. « De mes meilleurs moments. Ceux qui ramènent la chaleur dans mon cœur même dans les instants les plus douloureux. Mais je pense que vous avez bien plus à raconter que moi. ». Aussitôt la Magicienne pris un air contrit. « Vous dites ça parce que je suis plus ridée qu’un pruneau et voûtée qu’un plafond de cathédrale n’est-ce pas ? ». Le ton employée ainsi que les expressions utilisées par ton interlocutrice te laissèrent un instant bouche bée avant de t’arracher un rire. Oui, elle avait raison à nouveau. Tu ne pouvais nier que tu l’avais totalement jugée à son physique qui était déjà loin de la jeunesse. « Je vous rappelle monsieur l’Ange que nous ne sommes pas éternel contrairement à vous. Nous en avons eu la belle preuve aujourd’hui avec la disparition du Nylmord. Vous pourriez très bien me dépasser de mille an en âge que vous n’auriez pas beaucoup changé. » - « Oui, vous n’avez pas tort. » - « Bien sûr que j’ai raison ! ». Un nouveau rire t’échappa. Tu ignorais qui était cette femme, ni même d’où elle venait. Mais tu étais heureux de l’avoir rencontré. « Cependant si j’avais réellement mille an je n’aurais pas suggéré que vous auriez plus d’expérience que moi. », ajoutas-tu avec un sourire malin. Tu n’attendis cependant pas qu’elle proteste. Tu avais compris que la grand-mère avait de la répartie et que tu serais surement perdant à cette joute verbale. « Il y a quelques temps on a abandonné un enfant devant ma tente alors que j’étais en mission. J’ignore pourquoi, ni qui. Mais… Je me dis parfois qu’il s’agit simplement d’un don des Aetheri pour toutes ces épreuves subis. » - « J'en suis même certaine. », répliqua-t-elle chaleureusement. Il était évident qu'elle avait dit cela en songeant à la situation démographique catastrophique des Anges qui était loin d'être inconnu du monde, même si les épreuves auxquelles tu faisais références étaient plus personnelles. « Lorsque je suis parti il semblait perdu dans les bras d'Harabella le bienheureux. ». Une seconde de silence marqua ta phrase avant que la vieille ne reprenne. « Mais... Rassurez-moi un instant... ». Le ton chevrotant et inquiet de la vieille femme t'inquiéta également. Tu compris alors où était le problème et lui adressais un sourire rassurant. « Allons, bien sûr qu'il n'est pas seul. ». Tu sentis la vieille Magicienne se détendre soudainement à tes côtés. « Faites attention à ce que vous dites, j'ai bien cru avoir un arrêt... Et croyez-moi il est assez malvenu de décéder en même temps qu'une personne renommée... Retenez ça ! Ne laissez pas Ezechyel venir à votre rencontre le même jour qu'il a rendu visite à une personnalité ! Vous serez totalement ignoré sinon, et personne n'aime être ignoré, même dans la mort. ». C'était étrange. Cette femme parlait du jour que tous attendaient le moins, et pourtant il y avait presque quelque chose de drôle dans ses propos.  

Tu continuais à marcher un temps à ses côtés, échangeant mutuellement des anecdotes et des expériences jusqu'à ce que la lumière de la vieille femme s'éteigne. « Oh ! Je crois qu'il est l'heure. Vous avez encore du temps devant vous, profitez-en. », conclua-t-elle apposant une main chaleureuse sur ton bras avant de t'abandonner. Étrangement, tu ignorais comment interpréter ces derniers mots. Les derniers mots d'une femme dont tu ignorais même le nom. Pas à un seul moment tu n'avais songé le lui demander, comme elle ne t'avait pas interrogé sur le tiens. Un sourire resta gravé sur ton visage. Voilà des funérailles des moins communes et qui resterons dans tes mémoires, c'était certain.
Le temps passe et la mort vient

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Lun 30 Juil 2018, 06:17

La Mort, parfois, était semblable à une tempête, capable de tout emporter sur son passage. Elle créait un ouragan qui s’abattait sur l’existence de ceux qu’elle n’était pas venue chercher. En cela, sans doute était-elle triste. Mon regard se porta sous le voile de l’Impératrice Blanche. J’étais caché parmi la foule parce que j’avais la conviction que ma présence ici ne serait pas la bienvenue. Certains peuples avaient été trop impactés par mes actes pour qu’ils me pardonnent un jour. Avais-je besoin de cette absolution ? Objectivement, non. Subjectivement, mes perspectives me poussaient à vouloir vivre parmi les Mages Blancs. Ce n’était guère pour rien qu’elle s’était mariée avec l’un d’eux ; pour me fuir, en quelque sorte. Oh, elle n’était pas sotte au point de penser que je ne pourrais pas me créer une identité d’emprunt et justifier ma présence en terres Magiciennes d’une quelconque manière mais la chose serait alors bien trop fade. Elle aimait les surprises et si je voulais lui en faire une, je devrais renoncer à ma liberté un temps. Edwina et moi-même nous étions revus à de nombreuses reprises depuis l’Ère du Chaos du Cristal. Parfois, je me présentais dans sa chambre et j’attendais qu’elle me prête un soupçon d’attention. Sans doute voyait-elle en moi une partie de son demi-frère disparu. Si elle pouvait me tolérer dans la sphère privée, il n’en serait pas de même en public, pas encore. Même si la chose me débectait, mon statut était semblable à celui du Diable vis-à-vis d’elle, à l’exception près que je ne lui avais jamais exhibé mes parties intimes et que je n’avais pas l’intention de la faire mienne, aveuglé par une quelconque malédiction. Nous étions tous les deux tolérés dans la clandestinité. Ce serait une faute politique de se montrer à ses côtés comme si de rien n’était, comme cela en était une d’être aperçue en ma compagnie. Pour l’instant. C’était justement mon objectif : prouver au monde que j’étais devenu blanc comme neige ; en plus d’une dernière pensée à l’attention de l’un de mes enfants. Le corps de l’ancien Nylmord partait en fumée et était à l’image des émotions d’Edwina, ces émotions qui la consumaient, petit à petit. Je me dis alors que la Mort faisait bien des ravages, même dans l’esprit de ceux qui avaient conscience de certains rouages du cycle. Parfois, durant des années, voire des siècles, les êtres s’ignoraient, ne s’écrivaient que pour les grandes occasions, sans en ressentir la moindre tristesse. Cependant, quand la Mort touchait le proche en question, alors les perspectives changeaient. Qu’y avait-il de si différent ? L’Homme était égoïste, égocentrique et particulièrement possessif. Plus d’une fois, j’avais observé ces couples qui s'éloignaient dans la monotonie de l'existence avant que la crainte de perdre l’autre ne vienne raviver les flammes des premiers instants pour quelques temps. À trop se convaincre que le Monde nous appartient, on finit par tomber de haut lorsque l’on se rend compte que l’on n’est qu’un grain de poussière insignifiant dans l’ordre de l’existence. Edwina en était un, un peu plus gros que les autres, certes, mais tout de même. Je ne m’étais jamais aperçu, avant de devenir Immortel, à quel point cette même insignifiance habitait les plus grands assassins, les plus grands Souverains, les plus grands bienfaiteurs. Je jouais avec elle parce que c’était ce qu’elle souhaitait mais, à vrai dire, tant qu’elle ne retrouverait pas son statut divin, je partais gagnant. Cette victoire ne me dérangeait pas. Je me fichais bien du résultat. J’étais assez épris pour lui faire plaisir. N’importe quelle autre Mortelle me semblait fade à vrai dire et s’en doute l’était-elle aussi actuellement. Seulement, quoi qu’elle en dise et quoi qu’elle en pense, elle avait été Edel et le serait de nouveau. Je devais juste lui laisser croire qu’elle avait le choix jusqu’à ce qu’elle le redevienne effectivement. Dans ce futur certain, je ne manquerais certainement pas de lui signifier en une phrase que, depuis le début, j’avais raison. Cela dit, qu’est-ce que la raison contre une femme qui se targue d’être intelligente mais qui, contre toute attente, et en l’ayant été elle-même, décide soudain de défier un Dieu ? Je souris. Elle avait autant de raison qu’un aliéné. Elle avait surtout de la chance de m’avoir défié moi et non un autre, moins magnanime. Contrairement aux temps anciens, elle n’avait plus la capacité de me faire perdre patience, de me plonger dans la démence, de jouer avec mes faiblesses. L’inverse n’était pas vrai. Néanmoins, sur les terres magiciennes, j’avais prévu de perdre de ma superbe pour être à même de jouer réellement avec elle, à un jeu dangereux, à un jeu de pouvoir qui ne manquerait pas de l’émoustiller. Entre les cérémonies, les titres et les faux semblants, nous rejouerons ces scènes du passé, à l’époque où nous étions deux sots incapables de visualiser leur avenir. Avant cela, il fallait en passer par une étape fondamentale. C’était pour celle-ci que j’étais là.

Mon regard suivit la fin de la cérémonie et le ciel ne tarda pas à s’assombrir. J’attendis, patiemment que l’heure soit arrivée et, une fois que ce fut le cas, j’apparus soudainement devant l’Ultimage et son cortège. Celle-ci se figea, incertaine. « Bonsoir ! » dis-je d’une façon un brin théâtrale. Les Magiciens les plus jeunes qui l’accompagnaient ne semblaient pas particulièrement réagir à ma présence. Ce n’était pas le cas des adultes qui savaient parfaitement qui j’étais. Si la plupart n’avait pas vécu en ce temps-là, tous étaient instruits. Une mère eut même le réflexe de se placer devant sa progéniture. Sous son voile, je voyais la mine déconfite d’Edwina. Elle prenait mon acte comme une trahison d’un côté et, de l’autre, ne savait qu’en penser. Un soupçon de sa réflexion me fit rire. En effet, elle s’inquiéta pour moi une fraction de seconde, soucieuse vis-à-vis de mon devenir. En d’autres circonstances elle n’aurait sans doute pas pris une décision allant à mon encontre mais, actuellement, elle n’avait pas le choix. Tout comme elle avait été obligée de considérer publiquement le Diable comme persona non grata, elle était obligée de s’en prendre publiquement à moi. C’était ce que je voulais. Je sentais une forme de colère surgir dans ses pensées. L'idée de la trahison était décidément tenace. Une fois qu’elle fut certaine que je ne pouvais pas ignorer les conséquences de mes actes, elle déclara d’une voix ferme que compte tenu de mes crimes contre l’Humanité en son ensemble, elle allait devoir me mettre à l’arrêt. La scène qui suivit me parut un tantinet irréaliste. Des gardes apparurent et m’encerclèrent. J’aurai beau avoir été le plus puissant Mortel des Terres du Yin et du Yang, à moins d’un miracle d’ingéniosité, je n’aurai pu m’échapper. L’Extinction était en cela particulièrement efficace. Comme je le disais… l’insignifiance absolue. Il suffisait de priver un Roi de sa magie, de lui envoyer dessus plusieurs hommes et femmes à la force physique prodigieuse et les choses étaient terminées. Rien de palpitant. Cependant, je fis mine de me débattre, frappant un homme en pleine face pour la forme après avoir argumenté pour me défendre. J’étais bon. Le mal m’avait quitté. J’avais lavé mon âme. Elle devait me croire. L’avantage c’est qu’elle ne pourrait ignorer mes revendications.

Ainsi commença l’histoire du Dieu qui finit en prison. Nul doute que la nouvelle de la capture de mon identité Mortelle ne tarderait guère à se répandre, pour mon plus grand plaisir et son plus grand étonnement.

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Bellada Ward
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Bellada Ward
Ven 03 Aoû 2018, 08:46


Pour la première fois depuis très longtemps, Bellada avait arrêté de bavarder. Ce n’est pas qu’elle y avait été contrainte, non, elle n’en avait simplement pas le cœur. Debout au milieu de la foule, elle serrait fort la main de son époux, les lèvres pincées et le cœur lourd. La mort du Nylmord avait été annoncée, causant un choc dans la petite chaumière de Haute-Terre. S’ils s’y étaient attendus, cette annonce n’en avait pas moins été douloureuse. La magicienne n’avait jamais rencontré en personne le conseiller de la reine mais Gilbel avait eu cette chance. Il décrivait ce souvenir comme l’un des plus chers qu’il possédait. Elle-même était bouleversée, mais elle n’osait imaginer ce que d’autres, ayant connu ce grand homme, devaient ressentir. Silencieuse, elle écouta la mélodie entamée par la reine, son cœur flanchant en voyant l’homme qui remplacerait celui dont on célébrait la fin. Les flammes bleues léchèrent le corps de celui qui avait rejoint les bras d’ Ezechyel, et pendant un instant, une pensée terrible la traversa. C’était quelque chose d’égoïste et pourtant, en se trouvant ici, sur le rivage du Lac Bleu, elle ne pouvait s’empêcher d’y penser : Un jour, son tour viendrait. Pire encore, Ezechyel viendrait lui arracher Gilbel, il faucherait ses enfants… Elle espérait simplement qu’il arrive le plus tard possible. Silencieusement, elle fit également le vœu d’être la première à partir. Elle ne se souvenait même plus d’avoir réussi à vivre sans son époux. Elle savait que cette époque avait existé, mais elle était incapable de s’en souvenir. Sa mémoire lui jouait des tours et il lui semblait qu’il avait toujours été à ses côtés. Comment ferait-elle pour vivre s’il n’était plus là ? Le vide qu’il laisserait dans sa poitrine l’emporterait sans doute de chagrin. Serrant plus fortement la main qu’elle tenait, elle secoua lentement la tête, tandis que ses yeux se remplissaient de larmes. Elle n’était pas ici pour penser à cela. Elle devait honorer la mémoire de l’ancien Nylmord. Prier pour que la Mort l’accueil à ses côtés, pour qu’il puisse ensuite continuer à veiller sur les siens… Et puis, elle devait avouer être curieuse quant à celui qui occuperait dorénavant ce poste.

Finalement, la nuit arriva. Bellada, toujours de blanc vêtue, attrapa le lampion qu’on lui tendit. « Merci, mon canard. » Elle sourit tendrement à l’enfant qui alla distribuer les antres lanternes. « Tu es prête, Mamie ? » « Oui Loustique, j’arrive. » Tenant d’une main l’objet, elle attrapa celle que l’enfant lui tendait. Pour l’occasion, toute la famille s’était déplacée. C’est ensemble qu’ils procèderaient au pèlerinage. Le premier groupuscule, composé du couple Ward, de Ronald et sa famille ainsi que celle de Maya, se mit à avancer dans la longue avancée qui les attendait. Ils marchèrent d’abord en gardant le silence, chacun perdus dans leurs pensées. Puis, alors qu’ils progressaient dans la nuit tombante, un ancien chant qu’elle avait entendu il y a fort longtemps revint en tête à la vieille dame. D’abord doucement, à peine un murmure, elle commença à chantonner pour elle-même. Puis les paroles prirent de l’ampleur et bientôt, les visages curieux de ses enfants se tournèrent vers elle. Le chant fut repris par Gilbel, de l’autre côté du groupe, leurs voix se mélangeant dans le silence ambient. Finalement, la chanson se termina, laissant une drôle de sensation dans le cœur de la grand-mère. Une main tira sur sa manche pour attirer son attention. « Qu’est-ce qu’elle veut dire, cette chanson. » « Oh ça mon trésor, c’est une excellente question. J’aimerais beaucoup le savoir, moi aussi, mais ce n’est pas le cas. » « Et où est ce que tu l’as appris ? » « C’est ma bonne mère qui l’a chanté, lors de l’enterrement de son père. Enfant, j’avais tellement aimé cette chanson que je l’avais apprise par cœur. Il y a des petits villages où on la chante encore. » Elle avait en effet eu l’occasion de la réentendre depuis cette fois-là. « Je te l’apprendrai un jour, si l’envie te prend. » « Oh ça oui alors ! »

Le petit groupe continua sa marche, de timides discussions commençant à s’élever ici et là. On racontait des souvenirs, des anecdotes sur les uns et les autres. Sur les visages des plus âgés, un air nostalgique planait. « Et toi mamie, c’est quoi, ton plus beau souvenir ? » La vieille dame réfléchit un instant. Elle aurait pu parler du jour où Gilbel s’était mis à genoux devant elle, lui demandant sa main. Ou de celui où elle avait annoncé au mage qu’elle attendait son premier enfant. Mais tous ici en avaient déjà entendu parler lors d’un repas de famille. Mais ce soir, la magicienne avait envie de parler de quelque chose de spécial. Un souvenir qu’elle chérissait autant qu’il la tourmentait. Après tout, cette soirée devait être dédiée aux anciens, à ceux qui les avait quittés et ceux qui prendraient leur place. « Ce n’est pas un souvenir heureux mais… C’est quelque chose qui m’a profondément marqué. » Les têtes de ses descendants étaient toutes tournées dans sa direction désormais. « Ma rencontre avec Dame Anastasia. Je ne connais pas son véritable nom mais tout le monde l’appelait ainsi. » Bellada entreprit alors de parler de cette femme, qu’elle n’avait vu qu’une seule et unique fois, mais qui avait pu l’inspirer pour toute une vie, de part sa bonté. Dame Anastasia possédait une magie de guérison particulièrement puissante, qui lui permettait d’absorber les blessures d’autrui. En contrepartie néanmoins, sa longévité diminuait grandement. Sentant que sa fin approchait, elle avait décidé de guérir les maux des malheureux qu’elle n’avait jamais osé soigner auparavant. Accompagnant une amie dont la vue avait été perdue, elle avait assisté à un miracle. Malheureusement, la jeune femme mourut peu de temps après cela. C’était une drôle de chose que la mort. Souvent, Bellada se demandait comment Ezechyel choisissait ceux qu’il arracherait à ce monde.

Bellada posa les yeux sur son lampion et sourit. « Mon chemin s’arrête ici. Je vous attends près du lac. A tout à l’heure. » Elle était la première à s’arrêter. Elle voyait ceci comme une promesse. La promesse qu’Ezechyel avait entendu sa prière, et qu’elle ne vivrait pas assez longtemps pour voir les siens mourir.

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Mitsu
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Mitsu
Mar 14 Aoû 2018, 18:15

« Et vous, très chère, qu’avez-vous à raconter sur vos ancêtres ? ». Le regard d’Edelwyn se ficha sur le lampion qu’elle tenait. Elle avait trouvé la cérémonie étonnement émouvante. Elle savait que ces sentiments étaient dus à la Couronne mais elle n’avait pu s’empêcher de remonter, des Ères en arrière, lorsqu’enfant, elle avait perdu Ostara, sa chatte. L’animal était mort de vieillesse mais elle se rappelait encore la douleur ressentie. Peu importe la façon de trépasser, finalement. Elle soupira. Peu de temps après, elle avait rencontré Naram-Sin et elle avait compris que si elle voulait s’élever dans les hautes sphères, elle devrait cacher sa sensibilité et ne laisser personne l’approcher de trop près. Cela faisait des siècles, voire des millénaires. Aussi, la mort d’Ostara était la seule qui l’avait hantée car la seule qu’elle avait ressenti véritablement. Elle avait tué par la suite, des servantes, des agriculteurs, des Rois ; tous ceux qui se plaçaient entre elle et son objectif, ce dernier toujours plus ambitieux que le précédent réalisé. Finalement, que lui avait apporté l’Immortalité, si ce n’est la sensation de ne plus avoir de limites en ces frontières ou celle de n’avoir rien compris par le passé ? Le nombre de Mondes dépassaient l’imagination Mortelle et, finalement, un puissant de ces Terres n’était qu’un larbin face à la puissance de créatures appartenant à d’autres créations divines. Le trop plein, l’immensité, la certitude qu’elle ne pourrait jamais connaître les confins de l’univers, toutes ces choses l’avaient déstabilisées. Finalement, peut-être que cette expérience lui avait appris l’humilité ; une humilité dérangeante qu’Ezechyel ne semblait pas toucher du doigt. Peut-être qu’il était passé maître dans l’art de ne pas voir, dans celui de se contenter d’une puissance relative. Elle n’avait pas pu. Sans doute était-elle aussi trop attachée à ce Monde ci. Elle qui se connaissait si mal, comment pouvait-elle prétendre connaître autrui ?

Un sourire mélancolique éclaira son visage et elle fit encore quelques pas avant de répondre à la question. « Je crains fort de ne posséder dans ma famille aucun être exceptionnel ; beaucoup d’opportunistes, cependant, à l’exception de ma mère. ». « Ah oui ? ». Il s’agissait de la mère de son ancien époux, celui qu’elle avait épousé juste avant qu’il ne se suicide. Edelwyn avait fait en sorte de se faire accepter pleinement et passait du temps en compagnie des Magiciens. « Celles qui précédèrent ma mère étaient des Sorcières. Il a toujours été de coutume dans ma famille de n’avoir qu’un seul enfant, les espoirs de la lignée reposant sur ce dernier. Je vous laisse imaginer l’expression de ma grand-mère lorsqu’elle se rendit compte que sa fille préférait Suris à la Lune Noire. ». « En effet, si l’inverse m’était arrivé, je pense que je n’aurais pu le supporter. ». « En cela, ma mère brisa deux traditions : celle du mal et celle de la puissance devant mener automatiquement vers les sommets. Elle se fichait bien des sommets, ce qu’elle cherchait était à la fois plus simple et plus complexe, quelque chose qui n’est guère donné à tout le monde tant il existe peu d’êtres capables de s’en montrer dignes, peu d’êtres capables d’apprécier cette chose à sa juste valeur. ». « Qu’était-ce ? ». « Le bonheur. Ce qu’elle voulait, c’était connaître l’amour, fonder une famille et profiter de chaque moment que lui offrait la vie. Le simple parfum d’une rose la contentait et elle n’émettait jamais de plaintes, voyant du positif en toute chose. ». Elle sourit. « Pour tout avouer j’ai longtemps considéré que cette quête était bien indigne d’elle. Elle aurait pu, à l’époque, devenir Chancelier d’Albâtre ou même Impératrice Blanche. Seulement, elle savait alors que le pouvoir avait un prix et elle n’était pas disposée à le payer. ». « Je suppose que vivre avec une telle femme devait être plaisant. ». « En effet. ». Elle ne pouvait avouer qu’à la fin de son adolescente, elle s’était enfuie, malgré l’amour que lui avaient offert ses parents, malgré une éducation parfaite. Le bonheur qu’elle ressentait dans son enfance avait fané au profit du mal et de ce sentiment étrange qu’elle devrait s’élever au-dessus de la plèbe. Sans doute n’était-elle pas assez intelligente alors pour comprendre l’essentiel de l’enseignement de ses parents. « J’aurais aimé la rencontrer si elle était encore en vie. » fit la Magicienne en souriant d’un air encourageant. Peut-être avait-elle capté que l’expression de son interlocutrice ne reflétait pas la joie, bien au contraire. Illithya vivait encore. Seulement, Edelwyn l’évitait. Elle lui rappelait trop de souvenirs qu’elle avait préféré terrer dans un coin de son esprit. Et puis, sa mère n’était plus la femme qu’elle avait été jadis. Le fait de la dépasser à bien des égards avait ce petit côté effrayant qu’un enfant ne devrait jamais connaître. La Magicienne n’avait pas son intelligence, elle n’avait pas sa force et son aura semblait inexistante à son côté. Edelwyn ne voulait pas lui imposer sa vision des choses. Elle préférait rester loin d’elle car elle lui était supérieure et s’en voulait d’être partie sans un mot. Elle se doutait qu’Illithya devait être bien plus heureuse qu’elle mais elle pensait également qu’elle continuerait à l’être davantage sans elle. Les rares fois où elle avait revu sa mère avaient été désastreuses.

Soudain, un homme essoufflé vint troubler la tranquillité de leur marche. « Vous avez entendu la nouvelle ? ». « Non, parlez mon brave. » déclara la mère du suicidé, légèrement préoccupée par l’air hagard de l’intéressé. « Jun Taiji a refait apparition. Il a été amené à la prison du Cœur Bleu ! ».

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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Mer 15 Aoû 2018, 15:33



Clérice avait commencé la première à pleurer à l’annonce de la nouvelle. Sans doute avait-elle lu la tristesse dans les yeux de la Comtesse Vaughan. La petite femme ronde se retenait de lâcher prise devant ses filles parce qu’elle ne voulait pas les effrayer. La mort était un processus naturel mais elle avait peur de raviver le traumatisme de celle de Péronnelle, quand bien même celle-ci avait eu la chance de devenir Ange. Pourtant, lorsque Clérice s’était arrêtée au beau milieu du salon, semblant réfléchir deux secondes avant d’ouvrir bien grand sa bouche pour pousser un cri déchirant de désespoir et verser des larmes de crocodile, le sentiment était devenu une véritable épidémie. Bleuette, pourtant toute petite, avait lâché son bateau et s’était soudain mise à sangloter, suivi d’Abéliane qui jouait avec elle. Il semblait que la fin du monde était proche et lorsque toutes les petites Vaughan eurent leur visage couvert du liquide représentant leur malheur, les yeux de la Dame étaient, eux aussi, humides. Du plus loin qu’elle se souvenait, le Nylmord avait toujours eu le même visage. Elle ne connaissait pas l’homme personnellement mais avait déjà eu le plaisir d’assister à ses discours et aux activités qu’il avait organisé. Homme dévoué au peuple, il était bien plus que le chef des armées et le conseiller de la Reine. Sa mort était comme une déchirure pour elle, un morceau des fondations de sa race qui venait de s’effriter pour toujours. « Ce n’est pas grave, Francette. » fit la Magicienne en serrant sa fille dans ses bras. Francette était l’une des jeunes Vaughan qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Pourtant, elle était particulièrement sensible et ses peines étaient immenses et tenaces. La Comtesse était persuadée qu’il lui faudrait plusieurs jours afin de s’en remettre. Aliénor apparut dans l’embrasure de la porte, elle aussi beaucoup affectée. Isabeault s’était réfugiée dans sa chambre et refusait d’en sortir. Calypso était partie arroser le jardin et prier les Ætheri silencieusement pour qu’ils accordent la paix au Nylmord. Ce moment, cette nouvelle, resterait à jamais dans leur mémoire et toutes se rappelleraient toujours ce qu’elles faisaient au moment de l’annonce de la mort du conseiller de l’Impératrice Blanche.

Aliénor tenait la main de Wiliburge qui, elle-même, avait posé la sienne sur l’épaule de Pâquerette. Toutes les filles étaient alignées près du Lac Bleu. La rousse fixait l’Ultimage de ses yeux aussi clairs que l’eau des rivières. Elle ne ressemblait pas à ses autres sœurs et, pourtant, elle était bel et bien une Vaughan. En remontant plus haut, dans la famille, il y avait des gènes roux et elle semblait en avoir hérité à bien des égards. Sa tristesse se lisait dans son regard, encadré par sa chevelure épaisse et légèrement ondulée. Elle courait ainsi jusqu’à sa chute de rein, contre laquelle la tête d’Abéliane avait trouvé place. La Magicienne ouvrit la bouche afin de chanter en chœur avec la Reine en hommage à Ezechyel. Elle espérait que l’Æther entendrait leur prière. L’air grave fixé sur le visage du nouveau Nylmord soulevait sa poitrine. Elle aussi, plus tard, elle voulait devenir quelqu’un d’important, quelqu’un qui ferait en sorte que son peuple ne souffre jamais. Elle voulait protéger ses semblables. Sa voix tremblait et ses yeux étaient humides de larmes. Elle croisa le regard d’Aliénor qui lui sourit faiblement. Elle fit de même dans un moment où la musique seule retentissait. Sa famille avait une importance capitale pour elle et elle souhaitait en prendre soin. Son pouce caressa le dos de la main de sa sœur, comme pour apaiser sa douleur. Elle pensa à un proverbe qu’elle avait entendu par le passé. « Si tu veux aller vite, alors marche seule. Si tu veux aller loin, alors marchons ensemble. ». Elle voulait devenir quelqu’un capable de rassembler et de créer une sécurité bienfaitrice. Elle n’aurait jamais pu vivre seule car les autres lui importaient trop. Les flammes s’élevèrent, emportant avec elle les souvenirs d’un homme, ceux de sa vie. Elle le connaissait si peu mais elle pouvait comprendre, en observant ceux qui l’entouraient, qu’il avait été important. Ses parents étaient touchés, quand bien même il n’était pas de leur famille, quand bien même ils ne lui avaient probablement jamais adressé la parole. C’était ainsi que l’on reconnaissait les grands hommes. Wiliburge sentit sa poitrine se soulever. Il y avait une boule à l’intérieur, une boule de tristesse portée par l’ambiance du moment. Les visages étaient graves et la fragilité de la Reine transparaissait. Cet homme, celui qui s’était avancé, devenait en ce jour le pilier de la royauté, celui qui supporterait sur ses épaules un fardeau partagé. Wiliburge souhaitait tellement être capable de porter, elle aussi, les fondations de son peuple. Elle voulait devenir assez solide pour que rien ni personne ne soit en danger une fois près d’elle. Elle voulait devenir assez solide pour que les responsabilités, jamais, ne lui fassent peur. Pâquerette, devant elle, renifla bruyamment. En même temps, la jeune fille comprit à quel point la vie était fragile. Elle n’avait jamais vécu la Grande Guerre puisqu’elle était née après. Les terres magiciennes étaient sûres et les morts, généralement, étaient naturelles ou accidentelles. Il n’y avait jamais d’épidémies ou de meurtres de masse. Pourtant, parfois, elle avait peur. Peur que les rumeurs sur l’Impératrice Blanche et le Diable soient véridiques, peur qu’ils s’allient, peur qu’il se venge, peur que le sort s’abatte sur eux. Elle avait peur de l’Empereur Noir, également. Vivre des tragédies était toujours plus difficile que de les imaginer mais là où la réalité avait des limites, la fiction n’en possédait aucune. « Allons chercher nos lampions pour tout à l’heure. » dit la Comtesse Vaughan à ses filles, le bras noué autour de celui de son époux. Wiliburge acquiesça. Marcher leur ferait du bien. Elle voulait perdre son malheur dans les récits qu’ils se raconteraient. Ce soir, elle retrouverait son chat et caresserait son pelage gris dans l’espoir qu’il ne lui arrive rien.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 15 Aoû 2018, 22:17

Neah refermait le dernier bouton-fermoir de sa tunique blanche, bordé de dorure avec des motifs floraux. Il l'avait défait, car le présence de la foule lui avait donner une bouffée de chaleur, mais l'Office allait bientôt débuter et l'homme se refusait d'être irrespectueux en ces moments solennels. L'Ange était très élégant dans sa tenue, invitant à l'apaisement avec l'aide de son aura. L'homme ne dissimulait pas ce qu'il était. Il n'aurait pas pu, comme l'Humaine qui l'accompagnait. Ils se tenaient à l'écart et quelques Magiciens, mal à l'aise créaient une sorte de cercle pour éviter de se tenir à ses côtés. Aucun d'eux ne ferait le moindre commentaire à Mancinia. Ils étaient respectueux et, malheureusement, cet événement n'avait rien de plaisant. Ce deuil les affectait tous. Ils étaient tous venus rendre hommage au Nylmord disparu. Sa Protégée passait une main sur son visage pour balayer une larme. Incroyablement ravissante dans sa tenue ivoirine, on aurait dit une créature irréelle dans la masse grouillante, mais la jeune femme était encore assez sensible à ce genre de disparitions, surtout en ayant récemment croisé l'Archimage dans un dernier échange. Départ prévisible depuis longtemps, mais visiblement très regretté par tout un peuple. Voire au-delà.

Ce deuil était porter par tous, il était même impressionnant de voir autant de monde à un enterrement, les différents tons blancs se mêlant les uns aux autres pour créer un pléthore de diversification. Cet homme avait accompli de grandes choses et personne ne l'oublierait de sitôt, c'est pour cette raison qu'on célébrait sa disparition avec dignité. Les chants s'élevant vers le ciel, accompagnant certainement son esprit, étaient magnifiques. Lorsque le silence revint, le Lac Bleu devint à la fois bruyant et terriblement silencieux. Mancinia regardait le lampion d'une couleur douce et violette, avant de sentir la main de Neah dans la sienne.

Tu sais des choses sur tes ancêtres ?

Cette conversation était un moyen de rompre le silence pesant régnant aux alentours. La jeune femme fit une négation de la tête.

Ma mère est toujours rester discrète sur les siens. Je crois qu'elle ne s'entendait pas avec eux. Je sais avoir un oncle du côté paternel. Peut-être une nouvelle famille dont j'ignore l'existence.
Tu ne le connais pas personnellement ? s'étonna l'Ange.
Non. Il ne vivait pas avec nous autrefois. J'ai appris récemment qu'il se trouvait près des autres. Peut-être serais-ce là une opportunité de le rencontrer.

C'était sans doute dommage d'aimer les siens, de rêver de fonder son propre foyer et d'en savoir si peu sur le passé. Mancinia était consciente que cet étranger qui était aussi le frère aîné de son père n'était pas si loin. Il demeurait au sein de son peuple, elle savait où se rendre pour le rencontrer. L'Humaine avait l'envie farouche de faire sa rencontre, mais celle, également, de l'éviter le plus possible. Sa mère ne lui dépeignait pas un très beau tableau de cet homme. Peut-être car il lui rappelait la disparition de son époux. Ceci dit, la Matasif ne fuirait pas éternellement. On pouvait bien lui accorder du temps, mais ce dernier n'était pas éternel.

Et toi ? demanda-t-elle en retour.
Je ne connais personne en dehors de mes proches.
Tu n'es pas intrigué ?
Je présume avoir des membres de ma famille chez les Magiciens. C'était la race de mon père avant que la Grâce d'Ahena ne le touche.

Neah souriait doucement et la marche reprit dans le silence. Ironie que d'avoir un Gardien avec du sang issu de ce peuple et de voir sa Protégée reconnue parmi la race. Mancinia allait devoir conserver ce titre de Chevalière pour ses ambitions futures. Ce n'était pas les idées et les projets qui lui manquaient, mais elle était désireuse d'en apprendre plus sur le peuple de celui qui faisait battre son coeur en secret. Ahena. L'Aether Protectrice des Anges. Peut-être pourrait-elle en apprendre plus sur son sujet à l'avenir ? Ce serait un bon départ. C'est en voyant d'autres Anges dans les alentours que la question jaillit dans son esprit.

As-tu des nouvelles d'Isley ?

Neah paru surprit, avant que sa mine ne prenne une teinte triste.

Il est encore endormi.
Crois-tu que je pourrais lui rendre visite ?
Ne crois pas que je n'y ai pas pensé, reprit son Gardien. Seulement...Ses blessures physiques sont guéries.
...Le mental n'a pas suivit, c'est ça ?
Si tu avais pu l'aider à s'éveiller, cela aurait été prodigieux. Penses-tu que tu pourrais influencer le psyché ?
Je l'ignore.

L'Humaine comprenait bien l'allusion à ce don prodigieux gravé dans sa main. Peut-être pouvait-il soigner les maux psychiques, tout ce qui touchait au mental, mais elle ne l'avait que peu tester. Il soignait des blessures, reconstituait les chairs coupées et pouvait reprendre à la Mort. Perdu dans ses réflexions, elle vit à peine l'homme débouler au milieu de leur petite troupe.

Vous avez entendu la nouvelle ?
Que fais-tu donc, malheureux ! Ne vois-tu pas que nous sommes en train de rendre hommage à un homme d'exception ?
Jun Taiji a refait apparition. Il a été amené à la prison du Coeur Bleu !

Mancinia et Neah ne pouvaient que s'arrêter et se dévisager un instant, n'étant pas certains d'avoir bien compris.

Jun Taiji ? souffla-t-elle entre ses lèvres.

Est-ce qu'il s'agissait bien de cet homme abominable ayant dévasté une partie de ce monde ? Est-ce qu'il s'agissait bien de celui dont certains se rappelaient encore les horreurs, transmettant ces souvenirs aux générations qu'ils étaient ? Mancinia eu un sursaut nerveux et mit la paume de sa main gauche sur celle de droite, dissimulant ce qui lui faisait office de tatouage. Cela ne pouvait pas être possible. Nombreuse choses s'enchaînaient. Où alors, l'éveil des Humains n'avait rien d'anodin. Peut-être que les Aetheri avaient besoin de tous les acteurs possibles pour lancer le nouvel acte d'un spectacle grotesque...

970 mots
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