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 Lorsque l'eau reflète le ciel

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Jeu 22 Mai 2014, 04:26


La pulpe de ses doigts frôla l’écorce brune, écartelant le paysage dont il ne resta plus qu’un vaste mirage. Le monde pouvait bien cesser de tourner, le monde pouvait bien disparaître : un tel univers existait-il vraiment ? Elias crut se retrouver au milieu d’une aube naissante. Un monde fait de l’aube. Sur son épaule, le petit hérisson remua aussi bien que ses petites pattes le lui permettaient afin de se dégager, sautant souplement au sol, où ce furent les pieds d’un enfant qui se reçurent, créant une multitude d’ondes. L’aube était entière et partout car il n’y avait qu’un ciel et .. une vaste surface lisse d’eau ? Les traits de la jeune femme, étirés d’émerveillement, ne pouvaient trahir son sentiment. Doc afficha une petite mine assez satisfaite de son petit effet. Certes, ce n’était pas lui qui avait créé ce monde, mais c’est lui qui avait décidé de le lui montrer. Et quand bien même c’était par la volonté de la déesse de la justice qu’ils y étaient parvenus, c’était quand même LUI qui l’avait orienté. Oui, oui. Subjuguée par sa vision, Elias réalisait à peine que tout le reste avait cessé d’exister. Depuis qu’elle était née – et cela commençait à clairement remonter – elle n’avait jamais soupçonné la présence de ce lieu.

« Est-ce vraiment réel ? » Chuchota sa voix, qu’on entendit pourtant aussi bien que de nature. « D’une certaine manière, oui. »

Etonnée d’avoir eu une réponse, Elias découvrit la nouvelle apparence de Doc : celle d’un jeune enfant, pas plus grand que sept pommes, au visage en forme de cœur doté de deux yeux gris enfoncés et encadré de mèches volages sombres. « C’est le bout et la suite, le tout et le rien. Une sorte d’infini qui entoure toute chose. » Une description qui voulait à la fois tout et ne rien dire. « Mais où sommes-nous ? » La beauté de cet endroit et son immatérialité la laissaient interdite. Les couleurs se suivaient dans le ciel et sur l’eau, multiples et variant, comme dotées d’une vie propre. Un petit pincement agitait cependant son esprit. C’était étrange, elle avait du mal à se rappeler clairement comment elle était parvenue ici. La pensée s’incrustait étrangement dans sa tête, comme un malaise. Secouant son visage distraitement pour tenter d’en faire partir l’intruse, ce fut bien vain. Pourtant, un coup d’œil égaré au paysage suffit à faire disparaître l’étrange sensation, les couleurs du paysage subjuguant probablement tout le reste, ne laissant rien d’autres aux pensées.

Pendant ce temps, Doc l’avait regardé du coin de l’œil. Il se doutait bien que cela ne serait pas vraiment aisé, que quelque chose se produirait. Il ne connaissait lui-même que peu l’Okaeli, ses connaissances étaient après tout bien plus succinctes que .. Le gosse se gifla brusquement lui-même, attirant l’attention d’Elias qui ne put que lui jeter un regard d’incompréhension auquel il ne prêta pas la moindre attention. « Nous sommes en Okaeli. Un monde de réflexion, de changement, et d’infinité. » Cette description semblait étonnement bien convenir à l’endroit, lieu hors du temps et de l’espace. Etait-ce l’Univers ? Et la question embêta grandement le lesovik qui n’avait – disons-le clairement – pas le mot de la fin. « Disons plutôt que s’en est une représentation, ou un fragment. » Quelque chose comme ça, se retint-il d’ajouter pour ne pas laisser percevoir les limites de son savoir. Mais il devait terminer ce qu’il avait commencé, et lui avouer le fond de cette histoire.

« Okaeli est le domaine de l’Aether de la justice. »

Le cœur d’Elias fit un bon dans sa poitrine. Disait-il la vérité ? Son regard, choqué dans un instant figé, se tourna dans une lenteur qui lui parut infini vers l’enfant. Pourquoi l’avait-il mené ici ? Sa salive glissa difficilement dans sa gorge alors que l’ange déchue portait un tout nouveau regard à ce monde. C’était le terrain d’un Aether ? Et en plus, celui de la justice. Il était inutile de rappeler que la justice était une des sept vertus des anges, soit une des choses dont elle avait été déchue – interdite d’utilisation – en même temps que la perte de ses ailes. Et la chasse du Sanctuaire des anges. « Il n’y a vraiment rien à craindre. » Crut bon d’ajouter Doc alors qu’il l’observait toujours discrètement de son regard par-dessus son épaule. Il était si menu, et si petit, qui aurait cru qu’autant de réflexion pouvaient se tailler une telle place dans ses yeux. Mais le jeune enfant prenait garde à sa nouvelle protégée, pour qui ce lieu n’était sûrement pas celui dans lequel elle s’était attendue à se retrouver.

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Jeu 22 Mai 2014, 04:33


Une telle proximité avec une des vertus. Non : se tenir dans un monde d’une des sept vertus avait quelque chose d’alarmant. Elle n’y était pas à sa place, elle ne devrait pas être là. Si on l’avait chassé des tours blanches du sanctuaire angélique, qu’est-ce qui pouvait faire penser à Doc qu’elle devrait se tenir ici ? Un brin d’ironie s’engouffrant dans son cœur, elle pensa qu’elle risquait bien de ternir cette blanche justice avec ses mauvaises intentions d’ange déchu. « Arrête de croire des choses aussi puériles. » L’interrompit Doc, qui la fixait désormais clairement de ses yeux réprobateurs. Comment pouvait-il toujours savoir ce qu’elle pouvait penser ? « Ne prend pas un tel air surpris : le premier venu pourrait lire en toi comme dans un livre ouvert tant tu ne caches pas tes émotions. » L’enfant venait de la sermonner, croisant ses bras contre sa poitrine, un petit air supérieur sur le visage. Elias ne put que se sentir bien, envahit par un intense sentiment de calme. Depuis qu’elle l’avait rencontré, elle avait découvert que le lesovik, une fois ayant pris ses marques, était un petit être espiègle, grognon dès qu’on parlait de son âge, mais qui avait toujours du mal à clamer haut et fort son savoir. Alors il prenait ce petit air hautain pour faire passer moindre sa sagesse. Parfois, pas tout le temps. Un éclat de sourire rêveur fendit ses lèvres. Bien évidemment, tout ce manège n’avait pas échappé à Doc qui sembla ne s’en renfrogner que plus pour marmonner quelque chose d’inaudible.

La brise qui les accompagna chassa bien vite cet instant fragile. Le lesovik était contenté par le malaise d’Elias bien passé, et regardait désormais droit devant eux. La jeune femme suivit son regard. Quel étrange endroit que ces « terres. » Leur pas flottait sur une étrange eau limpide, auquel le moindre mouvement créait de jeunes ondes qui ne tardaient pas à s’évanouir plus loin. C’était iréel : mais bien plus l’était encore ses morceaux de végétation qui poussaient de ça, de là. Une végétation qui lui était non seulement inconnu mais qui semblait surgir du néant des eaux. Du néant des eaux ? Elias plongea ses yeux vers la surface aqueuse : seuls les couleurs s’y voyaient clairement, on ne pouvait discerner si une moindre profondeur existait. Par à-coup d’une plate vague colorée, elle apercevait parfois brièvement son reflet, image éphémère dans un monde infini.

« Cette eau qui jonche l’Okaeli est nommée miroir de l’âme. »

« Cela signifie-t-il que la justice prétend pouvoir refléter un individu ? » Cette fois, un véritable sourire qui allait partir dans un rire incontrôlé éclaira le visage d’Elias.  « Ça semble arrogant. »

Doc sentit clairement la moquerie et le dédain dans la voix de la jeune femme, décidément très ange déchue. Et c’est les sourcils froncés ainsi qu’un brin réprobateur qu’il lui répondit. « Je te signale que l’arbre aux feuilles dorées n’apparaît qu’aux personnes justes, alors tu devrais y réfléchir à deux fois avant de te moquer. » Le sermon eut immédiatement raison d’Elias, qui garda le silence. La justice était en plus une des vertus des anges, mais elle ne savait plus exactement si c’était la justice ou l’Aether qui avait amené l’écart de sa réaction. Elle préféra évader ses pensées vers un tout autre point.

« L’arbre aux feuilles dorées ? »

« Oui. » Approuva gravement Doc en hochant solennellement du menton. « Tu ne t’en souviens déjà plus mais pour venir ici sommes-nous passés par cet arbre, qu’il t’a fallu toucher pour accéder à ce monde. » L’annonce la surprit. « Je ne m’en souviens plus ? »

Le lesovik acquiesça. Il ne pouvait en ajouter plus, et lui expliquer pourquoi un tel fait se produisait, car il ne le savait pas lui-même. Peut-être l’Aether de la justice serait elle-même à même de l’expliquer mais il ne savait déjà pas si ce serait vraiment une bonne idée de la rencontrer. Le choc pouvait être important pour Elias, qui restait à nouveau perdue dans les méandres de ses pensées. Mais qu’à cela ne tienne, ils étaient là pour ça, et ce monde leur offrait tout le tout qu’il leur faudrait. Doc l’avait amené ici car cela devait probablement être le meilleur endroit pour que toutes les parties d’Elias s’affrontent. Ici n’y avait-il ni décision du bien ou du mal, uniquement la volonté d’avancer. Seulement, si elle avait pu être la seule à trouver « son » arbre aux feuilles dorées, elle serait également la seule à pouvoir avancer sur cette eau qui n’avait ni route, ni sens, ni meilleurs voies qu’une autre. Alors le lesovik abattit sa dernière carte pour faire se décider la jeune femme : « Okaeli est un monde de changement et de décisions, c’est ainsi que la voulut l’Aether qui le créa. Alors, que vas-tu décider ? »

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Ven 23 Mai 2014, 05:29


Alors elle en était là. Le ton sans réplique de l’enfant n’admettait pas qu’elle ne donne une réponse autre que celle attendue, l’Okaeli lui-même le lui demandait peut-être. Comme si l’univers où elle était désormais plongée ne la ferait ressortir qu’à cette condition ; être derrière un mur et devant des portes, il y a un choix à faire mais celui d’en faire un est déjà évident. « Pourquoi la justice devait-elle créer ce lieu ? » Malgré le flou de la question, l’enfant comprit où elle voulait en venir. « Je ne sais pas. » Lui répondit-il d’une voix si flottante, empruntée de tristesse, qu’Elias s’en voulut immédiatement de l’avoir posé. Une étrange mélancolie embrumait l’obscurité de ses prunelles. Sa voix était presque cassée. « Les dessins des Aetheri ne sont connus que d’eux seuls, ce savoir n’est pas à notre portée. Peut-être pourras-tu le lui demander un jour. » Le silence emportait quelques feuilles de la douce brise. « Ici la justice ne peut laisser place qu’à une seule chose : la finalité de la clarté, et ce n’est que dans la clarté que toute chose peuvent se révéler. Changement et décision sont alors ce qui en découlent naturellement. »

Touchée par ses paroles, Elias laissa l’instant s’en imprégner. Ses mèches blondes courbées, presque blanches, caressèrent en des trajectoires circulaires et régulières ses épaules et sa nuque tant et si bien que cela finit presque par en être douloureux. Le temps se rapprochait ici fort d’une certaine immobilité. C’était agréable en fait, elle ne se sentait ni pressée, ni oppressée. Par rien. Pas même la peur de devoir prendre une décision. Tout était vide, rien ne l’observait. Oui, c’était exactement ça : comme se retrouver au fond de soi-même, un espace béant et vide n’appartenant à personne d’autre qu’à soi. Toute cette végétation, et ces quelques objets qui parsemaient sans sens le paysage, n’étaient peut-être que des représentations aléatoires de l’âme des gens. Cet endroit était si mystérieux ..

Elle n’avait pas vraiment envie de s’affronter, ou de devoir à nouveau affronter la situation, mais ce monde était à leur portée. C’était bien trop séduisant pour y renoncer. « Allons-y. » Fut tout ce qu’elle souffla, ouvrant le chemin derrière un lesovik qui lui emboîta le pas, ayant simplement attendu jusqu’ici qu’elle se décide.

Le paysage s’écartelait à nouveau, mais c’était tellement différent. Cet univers s’était par de-là l’horizon, encore et encore. Des plantes extravagantes et des morceaux de terre, de monde, s’ouvrait ici et là, apparaissant comme des épaves d’un néant s’échouant brutalement. C’était à la fois énigmatique et un peu inquiétant. « Ne va surtout pas sur les tertres, reste bien sur l’eau. » L’avertit Doc, ce à quoi Elias acquiesça silencieusement, trop prise à observer les moindres détails évoluer autour d’eux. Des filaments d’or et d’argent grimpaient le long des bords et des coins d’un morceau de mur laissé à l’abandon sur l’eau, alors qu’un peu plus loin des étoiles de couleurs éclataient et virevoltaient sur les tiges entrelacées d’une immense fleur sans nom, au pied de laquelle les débris de jouets d’enfant séjournaient abandonnés. Les grands yeux noires d’un ourson en peluche criaient une plainte inaudible à ses oreilles, mais frappant son cœur de plein fouet. Avait-il une maîtresse quelque part ? Venaient-ils tous d’un ailleurs ? De leur propre monde. Son cœur se gangrenait de multiples déchirures sans que cela ne s’infecta. Elle était à la merci d’un monde abandonné, et sans danger. Contempler la peine et les émotions n’était pas un mal. Une goutte d’eau se glissa au coin de son œil, sans la volonté d’aller plus loin.

L’esprit d’Elias s’était laissé aller à vagabonder sans herse ni volonté tandis que leur progression s’enfonçait toujours plus en avant dans ce monde pourtant sans sens et sans direction. Son âme plus que ses yeux observait sûrement, regardant sans voir. C’est à cet instant que la vision s’ouvre à une nouvelle conscience : des formes bougeaient. Elle les voyait maintenant, brusquement, à la fois partout et nulle part. L’étonnement se peint sur son visage, quelques secondes auparavant encore si neutre.

« Doc ! »

L’enfant tourna ses prunelles interrogatives vers la jeune femme afin d’en comprendre l’exclamation. « Oui, ce sont les aquarelles. » Souffla-t-il en réponse, évidence parmi les évidences si douces de ce lieu. Ouvrant son bras au monde, le jeune garçon engloba le paysage et plus encore le ciel, où, Elias suivant son mouvement, découvrit des danses irréelles, enchanteresses et innombrables parcourir cet abîme sans fond de couleurs.

« Bienvenue en Okaeli. »

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Sam 24 Mai 2014, 02:15


L’aube se découpait en forme humaine par endroit, des formes féminines qui glissaient entre les couleurs. Tantôt formée d’un corps, tantôt n’en laissant plus qu’un rayon de couleur. Parfois ne dicernait-elle qu’un bras, puis un buste se dégageait, tandis que les jambes semblables aux queues de sirènes continuaient de se mêler à ce ciel. Ne faisaient-elles qu’un avec ce monde ? L’orbe bleu d’Elias s’écarquilla soudainement, à la vue d’une aquarelle plongeant subitement dans l’eau. C’était .. incroyable. Un instant avait-elle perdu toute quatrième dimension dans cet univers. La femme-couleur n’avait fait qu’un entre le ciel et la terre presque instantanément, apportant la rosée du haut à l’onde du bas, brisant à nouveau toute échelle humaine habituelle. Elias en restait étourdie, ce monde était véritablement à part. Le monde d’une Aether de la justice, hein. C’était effectivement un bout d’éternité, placé sous un signe bien trop particulier pour être pleinement l’Univers.

« La demeure d’un Aether. » Le bout de phrase s’était échappé de sa langue sans qu’elle ne le prévienne, attirant l’attention du lesovik qui se méprit sur son intervention. « Oui et non, c’est le monde qu’elle offre aux siens plutôt que vraiment sa demeure. » Elias secoua vaguement la tête, histoire de se réveiller un peu. Les paroles de Doc semblaient si lointaines, était-ce l’endroit ou la contemplation de ces aquarelles qui créaient ça ? Ou simplement les divagations un peu trop profondes de ses pensées. « Ce monde a ses propres frontières, ses propres règles, et ses propres habitants. » Une eau fraîche semblait avoir enfin coulé sur son habitacle, y ramenant la clarté. « Les aquarelles sont les créatures qui façonnent ici les teintes du ciel, aussi bien que de l’eau, étant pur reflet de sa couronne. Mais il y en a d’autres bien évidemment. »

D’autres comme ces créatures ? Basculant son visage en arrière, laissant retomber sa chevelure contre ses omoplates, sa contemplation se perdit parmi ses femmes-couleurs qui tintaient le ciel de leur forme par endroit. L’un de leur visage se tourna vers eux, leur offrant des sourires dignes de plus heureux. Elles avaient l’air d’apprécier ce qu’elles faisaient, ou était-ce simplement leur nature d’être heureuse ? Faire ce pourquoi on a été créé, cela devait contenter toute personne, non ? Elias se demanda bien ce qui avait pu inspirer l’Aether de la justice en créant ce monde. Elle avouait sans grande fierté ne pas les aimer, et ne pas leur faire confiance. Alors ce monde en lui-même ne lui inspirait pas grand amour, et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de le trouver, non pas merveilleux, mais illuminé. Le découvrir était une chose, à laquelle elle se prêtait vraiment de bonne foi, mais s’en imprégner en était une toute autre. Pourtant, elle ne pouvait se lasser de regarde ces êtres danser, ou plutôt nager ? La confusion était tellement prenante, du ciel qui était presque leur propre corps. Elles apparaissaient si lointaines, et si proches. Les aquarelles là-haut semblaient se délecter de la fascination qu’elles exerçaient sur ces êtres perdus dans leur aube.

L’une d’elle – indistinguable de toutes les autres – glissa soudainement de son ciel, dans une trainée d’une bleuté auréolée d’argent, pour venir les entourer de son océan. « Tu veux venir essayer ? » Sa voix claire et si jeune, si innocente, lui rappelait celle de jeunes filles vierges – appelées à un unique but qu’elles étaient fières d’accomplir. Un bras tendu vers l’ange déchu se dessinait, mais les propres contours du buste duquel il s’élevait étaient un véritable flou artistique parmi le bleu. « Viens ! » Insista l’aquarelle d’un timbre joyeux, agitant sa main délicate. Alors les créations de ce monde étaient .. un peu comme eux ? Evidemment, lorsque l’on découvre de tels mirages, on n’imagine pas forcément qu’ils ont la possibilité de leur parler, de les aider, de leur faire partager – comme le peut toute être de leur monde.

Apercevant l’indécision de la jeune femme, l’aquarelle pencha sur le côté son visage innocent, cherchant à comprendre ce qui la retenait. « Tu ne veux pas venir avec nous ? » « Hum hé bien si-» A peine avait-elle eu le temps d’achever la prononciation de sa syllabe que l’aquarelle semblait déjà avoir retrouvé toute sa joie de vivre. « Alors viens ! je vais te montrer comment on peint ce ciel ! Tu semblais tellement absorbée par ce que lon faisait. » Termina-t-elle dans un rire malicieux, où pas une seule trace du malin n’existait, uniquement des éclats lumineux.

A la vérité, Elias était un peu prise de court depuis que l’étrange jeune femme-couleur leur était apparue. Là-haut, ses compagnes semblaient attendre son retour, continuant leurs mouvements euphoriques, jetant de petits coups d’œil rieurs vers le bas. Doc crut bon couper court à sa réflexion. « On n’a pas deux fois la chance de pouvoir rejoindre les aquarelles, tant d’hommes passent leur vie à les observer sans pouvoir les atteindre. » Détournant son regard, les traits subitement crispés face à la tension provoquée par ce choix si soudain, Elias finit par rendre les armes, incapable de se battre contre quelque chose qui n’en valait pas la peine. Apercevant immédiatement son approbation, l’aquarelle se ranima et sans lui demander l’autorisation, l’enferma de son océan.

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Lun 26 Mai 2014, 05:15


Lorsque le bout de ses bottes blanches toucha à nouveau l’onde, Doc la cerna avec étonnement. Elle semblait épuisée. « Elias, ça ne va pas ? » Mais le corps de la jeune femme, au lieu de prendre pieds, s’affaissa sur l’eau sans autre réaction. « Elias ! » Inquiet, l’enfant s’agenouilla précipitamment à ses côtés, relevant son visage entre ses minuscules mains. Elle était si pâle .. quand bien même était-ce la couleur naturelle de son teint. Les orbes bleues de l’ange déchu se cachaient sous ses paupières parfaitement closes, mais ses traits étaient détendus, elle ne semblait pas avoir mal. Le cœur du lesovik accéléra malgré tout un tant soit peu : avait-il mal calculé son objectif en l’emmenant ici ?



Au début n’avait-elle été qu’une poupée portée sur un océan, ses membres comme mêlées et soutenues dans un édredon moelleux. A la fois tangible et immatérielle couverture. Elle avait réalisé qu’ici, les choses apparaissaient plus clairement, comme Doc le lui avait annoncé. Et maintenant qu’elle était privée de ses mouvements, ses pensées se déroulaient avec une netteté étonnante, lui apportant en tête des images qu’elle n’aurait pas immédiatement réalisée. Elle ne savait plus si elle voulait faire amende honorable, ou si elle voulait crier son injustice. Ses pensées tournaient vers les anges, leur avouer sa faute semblait encore au-dessus de ses capacités. Alors que cherchait-elle à fuir en même temps ce qu’elle était ? Elle ne voulait pas revenir sur sa faute, elle ne pouvait pas aller l’avouer aux anges, ni essayer de faire amende honorable – alors qu’elle le désirerait tant. Pourquoi ?

La réponse se détacha silencieusement de son esprit, que l’Okaeli avait pénétré de son calme depuis qu’ils y étaient entrés. L’orgueil. C’était cet étroit sentiment qui emprisonnait encore son cœur. L’avouer fut douloureux, des déchirements dans ses entrailles. Et pourtant, la volute bleue qui l’entourait toujours agissait comme un catalyseur de confort, lui chuchotant la tranquillité. Car malgré tout, ses pensées étaient accueillies dans ce berceau de la justice, où on l’avait jugée digne d’y entrer. Le muscle de son bras pris dans le nuage vaporeux se raidit face à sa tension naissante. Malgré tout, malgré tout son cœur ne pouvait s’y résoudre. Le réaliser ne fit qu’accroître la peine que son corps traduisit en se tendant un peu plus. « Ne te tracasse donc pas tant. » Assena doucement l’aquarelle qui l’entourait, ou du moins semblait le faire. Les limites des couleurs étaient encore plus diffuses là, parmi le ciel. Elle y était vraiment ? Entre l’onde qui répercutait les couleurs, et le ciel aux couleurs sans hiérarchie, lui revenait cette impression de perte des dimensions .. tout en étant au creux. Mais ce n’était guère désagréable, elle se sentait étrangement bien.

L’aquarelle nageait sur le dos parmi les couleurs, façon dos crawlé, parfaitement à l’aise. Cela faisait décidément sourire Elias. « Vous servez la déesse de la justice ? La question marqua l’étonnement sur le visage coloré d’orange et de lumière de la créature. « La servir ? Non, nous ne sommes que des messagères de couleurs pour ce lieu. » L’aquarelle s’était exprimé avec douceur, sans le moins du monde se sentir offensé. « Ce n'est juste pas la bonne question. Nous avons été créées en même temps que ce lieu, le servir nous est aussi naturel que respirer. » Elle semblait si bien le vivre, observa Elias alors que ses yeux fins suivaient les mouvements de l’aquarelle. Une touche de tendresse envahit ses traits, qui se détendirent doucement, alors que son regard se perdait dans le vague, adouci par ses pensées. L’Aether de la justice y était un peu comme une maman ? Décidément, ce thème la poursuivrait un moment ..

Ses pupilles irisaient de douceur glissèrent le long de ses propres courbes pour découvrir et suivre de douces rainures dorées qui imprégnaient lentement le bleu océan. Tiens, elle ne faisait que remarque leur présence. Instinctivement, la jeune femme poussa sa main afin de mieux les apercevoir et .. un flou dorée se traça derrière  Sursautant, Elias se redressa à demi au milieu de l’océan, dévoilant soudainement une véritable marre d’or autour d’elle, qui s’étendait un peu plus à chacun de ses mouvements surpris. Elle chercha immédiatement une réponse dans sur le visage de l’aquarelle, mais cette dernière ne fit que fit que lui refléter un grand sourire complice. Son attention se fixa sur les vagues dorées, qui ondulaient désormais malgré son absence de mouvement. Comment était-ce possible ? Ses doigts délicats tremblant vinrent doucement effleurer le jaune d’or, laissant derrières eux des tâches de multiples couleurs apparaître. Toute à sa fascination, la jeune femme ne remarqua pas l’attention des aquarelles attirée, mais celle qui l’avait emmené corrigea bien vite ce fait.

« Regarde, notre maîtresse va bientôt paraître. »

Leur maîtresse ? L’Aether .. de la justice ? Une nausée l’envahit, arquant brutalement son corps.

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Lun 26 Mai 2014, 05:23


L’aquarelle ne parut pas remarquer le malaise de l’ange déchue, occupée qu’elle était à fixer l’horizon, alors sa voix continua d’emplir l’atmosphère sans que la déchirure de la jeune femme ne se répande.

« Ce sont les Okae. Ses oiseaux, et son symbole. »

Le ton de la jeune femme-couleur était empli d’un tel respect qu’il apaisa si tôt le cœur d’Elias, malgré ce qu’elle pouvait vouloir. Et plus important, ces propos l’interpellèrent malgré tout. Ces oiseaux ? La curiosité fit reveler seule son visage, laissant apparaître à sa vision un splendide oiseau d’argent. Ou était-il blanc ? Mais dans cet univers, les couleurs gagnaient une telle proportion. Peut-être y en avait-il même un autre un peu plus loin, mais ne formait-il presque qu’un point dans le paysage. Fascinée par la beauté des ailes se mouvant comme un duvet caresserait l’édredon du ciel, elle en oublia le reste. Ces oiseaux étaient magnifiques. Etait-ce la splendeur d’une vision oubliée de ce monde ? Elle ne savait plus que penser de l’Okaeli.

« Ils annoncent la venue de notre Aether. Quiconque en contemple un peut être sûr de lapercevoir juste après. »

L’apercevoir ? La bouche de la jeune femme parut redevenir pâteuse, et un grondement envahissant raisonna dans son ventre. Peut-être un vertige l’envahit-elle progressivement, la forcément à prendre un nouvel équilibre autour des couleurs qui la soutenaient. Lorsque ses mains vinrent rechercher cette stabilité, leur contact diffusèrent brusquement de nouvelles couleurs : du vert, du violet, un marron des marais. Des couleurs un peu malades, qui bien restant belles, associées ensembles données un assez peu orthodoxes. L’aquarelle remarqua enfin son changement de comportements. « Ça ne va pas ? » Pour la première fois, une once d’inquiétude avait troublé la voix de la femme-couleur, et cela parvint à peine aux oreilles d’Elias, dont l’esprit bouillonnait.

Fermer les yeux afin de ne pas la voir ? C’était humiliant et lâche, elle refusait de le faire. Mais .. l’adrénaline était si forte que peu de choses restaient cohérentes. Et alors que le temps commençait à se faire sentir sur le bouillonnement de son esprit, une main étonnamment fraîche, et douce comme jamais, se posa sur son front. Fut-ce tout ce qu’elle reconnut avant de se sentir partir dans un apaisement dès plus complet, absente de tout ce qui l’entourait jusqu’à ce que ses paupières ne se ferment complètement.



« Elias ! » Le cri de soulagement du lesovik parvint jusqu’à ses oreilles, où il s’y répercuta sans meurtrissures. La première chose que son regard croisa fut celui soulagé de Doc, elle n’avait même pas l’impression d’avoir perdue connaissance. « Elias, j’étais si inquiet. » Un petit sourire ourla les lèvres de l’ange déchue qui arrivait déjà à se redresser doucement sur ses avant-bras. Le lesovik inquiet, ses moments sentiments lui échappaient comme des gouttes d’eau dès qu’il se mettait en mode cascade – ce qui n’arrivait peut-être pas si rarement que ça.

Le paysage était toujours le même. Elle avait été ramenée sur l’onde, constata-t-elle, et là-haut dans le ciel, les aquarelles avaient disparu – mais maintenant soupçonnait-elle toujours leur présence, sans qu’elles ne se montrent visibles. La jeune femme s’assit complètement, une main passant sur son front jusque dans ses cheveux épais pour se donner contenance, bien qu’en fait, se sentait-elle très bien. Même mieux, au vue de ce qui gisait encore dans ses pensées.

« J’ai croisé des Okae là-haut. » L’informa-t-elle, affichant une petite mine surprise au lesovik. « Les Okae ? » Il crut bon de ne pas ajouter la suite en lui demandant si elle avait vu l’Aether de la justice – probablement que si cela avait été le cas, elle aurait été plus chamboulée sur ça. Même si, en ce lieu, rien n’était moins sûr. Alors ne fit-il que garder le silence, conscient que la jeune femme partageait une pensée unique avec l’Okaeli. « Ce monde n’a pas l’air si mal – pour une Aether. » Doc acquiesça d’un hochement de tête compréhensif, à la suite de quoi Elias regroupa ses jambes sous son menton et observa le ciel, et probablement, l’onde qui glissait jusqu’à l’horizon. « Tu n’aimes pas trop les Aetheri, hein ? » Il la déroba à sa contemplation, forçant son regard à fuir, une de ses lèvres se cachant vite sous sa jumelle, mais ses traits lui étaient presque cachés avec cette tête détournée. « Non. » Finit-elle par avouer. « Ne t’en fais pas, pas grand monde ne les aime. » La rassura-t-il, appliquant effectivement une vague de calme sur son visage, bien que cela ne la convainquit pas. « Les peuples les ont d’abord combattus jusqu’à leur propre massacre, puis se sont jetés à leurs pieds. » Un faible silence survécut avant que sa pensée ne finisse de s'écouler. « Ils se moquent des êtres de cette terre, je n’ai pas confiance en eux. Ils n’ont jamais vraiment agi pour le bien-être de ce monde. »

Une petite moue embêtée tinta l’enfant. Elle portait là un jugement bien sévère. Pourtant, il perçut dans ses yeux une tristesse en si grande latence plutôt que de la colère, dont on aurait pu croire que ses paroles s’étaient targuées. Alors, prenant une courte respiration, et avec le moment de réflexion dont il avait besoin pour bien peser la suite de ses paroles, il annonça :

« Peut-être devrais-tu la servir. »

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Mar 27 Mai 2014, 04:02


La .. QUOI ? Cela faisait longtemps qu’un tel élan d’irritabilité n’avait pas pris la jeune femme, qui avait soudain bondit sur ses pieds. Ses cheveux blonds, qui se courbaient contre sa nuque et flottaient sur ses épaules, avaient envahi l’air dans le même mouvement, alors que de leur côté ses yeux s’ouvraient tant qu’on en avait jamais vu autant de blancs, où le bleu de ses iris s’empressa  de venir s’étaler. Il avait proposé qu’elle serve l’Aether de la justice ? L’instinct fut le plus fort.

« Ça ne va pas ! Pourquoi servirais-je une déesse égocentrique aux dessins mauvais ! »

La réponse fut immédiate, tranchante. « ARRETE. Il ne s’agit pas de cela et tu le sais. Tu te caches derrière tes aprioris et ton ressentiment parce que tu as trop peur de vouloir essayer de te pardonner, tu ne sais même pas si c’est ça que tu veux !! » Ce fut comme un choc qui cloue sur place, comme la sensation de dague la transperçant quand .. quand elle fut déchue. Tout cessa de tourner, tout se fixa. Elle était juste face à l’évidence. « Servir l’Aether de la justice pourrait être la solution ! » Continua sans se démonter l’enfant, qui s’était redressé en même temps qu’elle pour lui clamer toute sa détermination, et peut-être lui faire sentir également son indignation – car cela lui en avait suscité malgré lui. « C’est un rachat au yeux d’une vertu, mais pas des anges. Que voudrais-tu de PLUS ? » Ses mots étaient martelés, tenant fermement à se faire entendre de la jeune femme dont le regard fixe, bien qu’immobile, était si brillant qu’on ne pouvait croire qu’elle était imperméable aux paroles.

Sa tirade était terminée, la respiration du lesovik sifflait, mais il soutiendrait le regard d’Elias jusqu’à la fin, gardant ses yeux gris enfoncés dans les siens. Elle semblait absente, mais il savait qu’elle était là. Et il savait que ses paroles l’avaient atteinte. Alors, doucement, son corps perdit son attitude agressive et se relâcha, lui permettant également de mieux récupérer.

Elle se sentait vide, mais ce n’était pas le vide du néant. C’était le vide de la clarté. « Etait-ce là où tu voulais en venir depuis le début en souhaitant me mener ici ? » Murmura-t-elle enfin, le timbre transparent. Le lesovik ne s’eut que répondre au début, mais ne pas le faire aurait été méprisant et la jeune femme méritait une réponse, quand bien même cela pourrait attirer ses foudres. « Oui. » L’aveu sincère de l’enfant parut malgré tout bien penaud sur ses lèvres. Néanmoins, Elias n’y fit aucun commentaire et pas le moindre de ses traits ne se tendit, elle continuait juste à le regarder de ses yeux brillants et étonnamment clairs. Une confiance s’installa progressivement, appelant la jeune femme à comprendre où le lesovik avait voulu en venir, bien que ses derniers propos avaient été remarquablement durs. Il avait raison – même si elle ne se sentait pas de le prononcer. Et Doc n’en avait pas besoin. La sérénité qui remplissait le visage de l’ange déchue valait probablement tous les discours, et jamais n’avait-il été à la recherche d’une moindre reconnaissance.

« Que fait-on maintenant ? »

Qu’allaient-ils faire ? Progresser, avancer. C’était le mieux, et probablement toute la leçon que cet endroit voulait donner. Ses yeux s’évadèrent une dernière fois sur ce paysage à la beauté remarquable. Peut-être y reviendrait-elle un jour. Oui.. – un petit sourire complice gagna ses lèvres – mais pas tout de suite. « Viens, regagnons notre monde. » Ça y est, la jeune femme avait retrouvé ce qu’il fallait. D’un bond, Doc était déjà sur ses talons, une joie intense parcourant ses traits et ses bras croisés derrière sa nuque, un immense sourire lui faisant le tour du visage. Le lesovik avait bien du mal à contenir ses émotions, mais cela ne la gênait pas. Au contraire, elle aimait sentir ce moulin à sentiments à se balader à ses côtés, surtout quand c’était pour diffuser une telle bonne humeur. Décidément, ce petit être était bien différent de ce qu’elle avait pu jusqu’ici s’imaginer. Parfois en oubliait-elle l’arbre géant qui faisait en réalité son corps. Souvent même. Mais son savoir et sa sagesse, même prononcée de sa voix aigüe d’enfant, se chargeaient de ne jamais le lui faire complètement omettre. Une quelconque intense supérieur aurait-il décidé de mettre cette créature sur sa route ? Non.. Ce n’était vraiment pas le genre des Aetheri de prendre ainsi soin des mortels. Alors .. autre chose ? Après tout.. Les secrets de l’Univers sont loin de leur être tous connus, et certains ne le seront probablement jamais. Enfin, ainsi était la vie après tout !

« Au fait, comment allons retrouver la sortie ? » Argua-t-elle brusquement, peu assurée. Ce à quoi Doc répondit sans perdre un centimètre de son sourire. « L’arbre aux feuilles dorées va nous guider, il nous suit de son souffle depuis le début. » La brise la traversa et son corps tressaillit, alors .. Enfin remarquait-elle ce souffle si familier qui les suivait depuis le début. Comme quoi, on ne fait plus attention aux choses les plus simples, qui sont parfois les plus importantes. « Mais comment peut-il savoir que l’on veut rentrer maintenant ? »

« Allons, ne pose pas des questions qui ont si peu de sens ! » Ria l’enfant en s’élançant en avant, gambadant sur l’onde lumineuse. Voilà que cette phrase ne lui était pas inconnue. Tu ne poses pas la bonne question, Elias. Elle finirait par poser la bonne.

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Lun 09 Juin 2014, 00:50


Elle était étonnée de ne pas lui avoir prêté attention dès leur arrivé. Dans ce monde si étonnant, le souffle de vent habituel sur la terre aurait dû faire tâche. Alors que finalement y était-il aussi intégré que ces morceaux de vie qui jonchaient le miroir de l’âme. Rien de ce qu’elle n’avait aperçu au retour ne lui était familier, étaient-ils seulement passés par le même chemin qu’à l’allée ? Forcément, à moins que l’arbre aux feuilles dorées ne puissent changer de place. Pour la dernière fois, Elias contemplait-elle l’Okaeli de ses pensées. Bientôt le quitterait-elle, pour peut-être ne jamais y revenir. L’arbre choisissait d’apparaître, ce monde pouvait à jamais être désormais introuvable. Mais non, étrangement, elle ne le pensait pas.

« Penses-tu vraiment que m’amender auprès d’une vertu plutôt que des .. anges, avancera à quelque chose ? » Les réflexions de la Déchu avaient apparemment bien d’autres préoccupations. Doc lui offrit un visage tout aussi songeur. « Je ne sais pas parfaitement, tu sais. Mais je pense que oui, ça ne peut être qu’un bon début. » Même s’il s’agissait de rejoindre un Aether ? Elias n’en était que plus sceptique. Le lesovik savait que c'était ici qu’il devait l’amener, comme si tout cela avait été prédestiné par sa sagesse, accumulée depuis un fort grand nombre d’années, mais la vérité était qu’en dehors cela, il n’avait pas de réponses à donner. Logiquement, y était-il seulement censé y avoir une réponse de plus à donner que cella de la sagesse ? Celle de la vérité absolue peut-être. On aimerait à penser qu’il y en a une .. « Je ne sais pas si je vais en être capable. » Répliqua-t-elle finalement, en passant une main dans ses cheveux, assez gênée. Si elle ne devait pas être quelque chose, c’était prétentieuse. Ses limites lui étaient d’autant plus connues qu’elle avait mené son corps et son âme au bord de l’extinction. « Elle saura que je n’ai aucune confiance en eux, voire que je m’en défie complètement. Elle ne sera pas dupe. »

« Ce n’est pas forcément ce que l’on cherche. » Vraiment ? Elias tourna une petite mine à la fois amusé, et à la fois moqueuse vers l’enfant. Ne pas montrer à l’Aether que ce n’était pas un moins que rien semblait difficilement évitable. Enfin, il fallait voir les choses différemment. Elle était bien ici, non ? D’une manière ou d’une autre, l’Aether de la justice avait dû accepter qu’elle y vienne, qu’elle qu’en est été la raison. « Elle pourrait trouver autre chose. » Essaya tant bien que mal Doc de terminer sa pensée, mais lui-même ne savait exactement où se situait ce « autre chose ». Cela la contentait néanmoins pour l’instant, et puis, ils n’avaient pas tout perdu.

Un petit sourire étira ses lèvres fines alors que ses yeux bleus se levaient, transportés de lueurs, vers le ciel. Y faisant lentement passer sa main, comme un essuierai quelque chose, l’aube dorée se colora de transports rose et saphir, se glissant sous les couvertures des autres couleurs. Le lesovik se figea de stupéfaction. « Tu .. tu peux peindre les couleurs ? » Les aquarelles le lui avaient transmis. Comment, pourquoi ? Elias ne savait pas exactement, mais cela n’avait pas une réelle importance. « Oui ! » Doc resta subjugué par le bonheur qui rayonnait de la jeune femme lorsqu’elle s’était retournée vers lui. Dans ses yeux, ces feux délicats qui brillaient étaient ceux de la joie. De la joie qui s’incruste dans les contours de l’espoir. Un sourire paisible envahit son visage d’enfant, se joignant tranquillement à la suite de la silhouette gracile de l’Ange. L’arbre doré était en vue. La vie criait définitivement à avancer, y avait-il ne serait-ce qu’un espoir plus débordant que celui-là ?

Hm ? Qu’est-ce que c’était ? Une forme plumeuse, d’un bleu sombre étonnant, jonchait le sol, auréolé des tiges souples envahis de jasmins. Serait-ce des .. ailes ? Impossible. A quelques pas de l’arbre, son corps immobilisé ne contemplait plus que de stupeur ces dépouilles, inattention perdue et retrouvée. Des battements sourds de son cœur ne lui parvenaient que le son, sans y donner la signification : peur, tourment, réponse .. espoir ? Avait-elle vraiment été ange un jour ? Sa vision enchantée de ces ailes déchus sorties de nulle part sur cette surface de l’aurore ne pouvait s’en détacher. Ce monde était-il vraiment celui où elle avait un jour vécu ? Elle n’en avait aucune idée, mais une chose était sûre. Elle était.

La pulpe de ses doigts effleura l’écorce brune.

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