La revanche

Devant le miroir, je regardais la tenue noire unie, tantôt la tendant droit devant moi pour la détailler toujours plus, tantôt la positionnant sur mon corps, observant le rendu dans la glace et méditant sur son utilité. J’avais reçu une lettre m’indiquant que je participais à des épreuves. Et j’y participerais sous la bannière de Sympan. Cette tenue était avec. « Je vais être ridicule avec ça… ». Je ne pouvais pas partir dans les rues habillée de la sorte. De quoi aurai-je l’air ? Avec un soupir, je jetais le vêtement sur le canapé et me dirigeais vers la fenêtre, avant de perdre mon regard dans l’horizon.

Des épreuves à effectuer au nom du Dieu Roi. Cela impliquait des représentants aux Aetheri également. Mais il n’y avait aucune description de ces épreuves. A part pourquoi et le lieu du rendez-vous, le message restait très vague. Cependant je ne pouvais me défiler. Premièrement, j’avais été sélectionnée, même si je ne me rappelais pas avoir postulé pour un quelconque concours. Ce devait être une sélection sur critère. Mais lesquels ? Il y avait bien plus qualifié que moi. Deuxièmement, jusqu’alors je n’ai jamais pu apporter mon aide dans cette guerre qui déchire le monde. Il est temps qu’à mon tour, j’agisse.

A présent, je doutais juste de la réaction de Yovan. S’il apprenait ce que je m’apprêtais à faire, dans quoi je m’embarquais… Je le connais. S’il doit défendre une valeur, ce n’est pas de cette façon-là. Et s’il m’avait surprise avec cette lettre et cet habit, il aurait, par tous les moyens, cherché à me dissuader d’y aller. Il fallait donc que je parte avant qu’il ne rentre. Enfilant alors le vêtement noir, je fus étonnée de la manière dont il était adapté à ma taille. A la façon dont cette tenue était ajustée au corps, il était évident que ces épreuves ne seraient pas de tout repos. « Bien, c’est parti. ». Avant de quitter la pièce, je laissais un mot à l’attention de l’An’sarna, lui indiquant que je partais le temps de quelque jour. Peut-être ce mot est-il inutile ? Après tout, ce n'est plus un enfant...

Arrivant enfin sur la Plage de Sable fin, la première chose observable était ces deux navires amarrés. Probablement un pour chacun des camps représentés. Ainsi les épreuves se passeraient en mer ? Voilà qui est bien moins rassurant. J’espère que je me trompe sur ce point-là. Je remontais le foulard destiné à me cacher le visage. Après tout s’il était là ce n’était pas pour faire beau, mais bien pour compléter cet habit fait pour nous rendre totalement anonyme parmi les autres concurrents. A présent, seul nos yeux, étaient visibles. Dernière parcelle d’humanité dans cet uniforme. Seul moyen de montrer ses sentiments, et de reconnaître un visage parmi tant d’autre. Si, il y avait encore la parole. Voix déformée par le masque qu’était ce foulard. Prenant enfin la direction d’un des deux bateaux, je grimpais à son bord non sans une pointe d’appréhension. Quelques personnes étaient déjà présentes. Toutes également étaient revêtues de cette tunique noire. Je tant un œil sur le second navire, je pouvais voir que les personnes qui étaient à bord portaient les mêmes habits mais de couleurs blanche. C’est donc ceci qui nous différencie. La couleur. Seulement la couleur.

Passant devant les autres participants, je les saluais par la même occasion d’un simple, mais amical, « Bonjour. », accompagné d’un sourire. Ah ! Oui… Le foulard. Et bien j’espère qu’ils auront remarqué l’intonation qui se voulait agréable, ou quelque chose d'identique dans le regard. Ces prochains jours vont être difficile… Je prenait alors la direction de la proue et respirais l’air marin. C’est bien l’une des rares choses que j’appréciais de l’océan. Je n’ai jamais vraiment aimé toutes ces activités qui se rapprochaient, de près ou de loin, de ce Grand Bleu. Les mers sont tellement imprévisibles. Elles peuvent aussi bien être clémente et sublime, comme terrible et sauvage. Et leurs abîmes sont si secrets. Je suis bien heureuse d’être née en tant que fille du ciel. Ainsi cela m’évite bien de ces traversées, forts peu agréables à mon goût.

Finalement je me détournais de cette étendue d’eau infinie pour retourner vers les autres participants déjà présents. Étrangement j’avais l’impression de ne voir que des clones de moi-même. Faute au costume, évidemment, mais assez dérangeant tout de même. Au fur et à mesure, ce sentiment me quittera je suppose.

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Résumé:

「La Revanche」

EVENT

A bord du Libertad, la capitaine avait donné l’ordre de se rendre vers les plages de sable fin. Un sourire discret se dessinait sur ses lèvres. A nouveau, elle allait poser les pieds sur ce lieu qui commençait à avoir nettement moins de secret pour elle… Pourtant, cette fois, ce n’était pas ses trésors et secrets qu’elle cherchait à traquer et à s’accaparer… Mais simplement d’honorer un rendez-vous. Un étrange rendez-vous, certes, qui ne plaisait pas à une bonne partie de ses proches, Azraël en tête, mais pour autant, il s’agissait bien de quelque chose qu’elle percevait comme excitant.

La missive reçue était simple… La rouquine avait pu en avoir la surprise en relevant son courrier, plus par hasard que par habitude, au sein même de son bâtiment. Plus que le courrier, tout de suite, c’était le paquet qui accompagnait les quelques lignes qui l’avaient intriguée. Une tenue noire, seyante, du moins en apparence, et qui ne devait sans doute pas laisser grand-chose à découvert. Ce ne fut qu’une fois que l’examen de ces frusques fut terminé qu’enfin, la pirate daigna porter son attention sur la lettre d’accompagnement. Les yeux écarquillés, elle dût la relire plusieurs fois, et malheureusement toujours avec la même impatience qui la forçait à ne la parcourir qu’en diagonale, pour comprendre qu’elle comptait parmi ce qu’elle considérait être les élus pour défendre Sympan. Comment… Pourquoi… Toutes ces questions lui échappaient totalement à l’heure actuelle, bien trop ravie de pouvoir se considérée comme telle. Jamais elle n’aurait pu espérer participer à un événement de cette ampleur au nom du Dieu unique. Une fierté dont elle ne pourrait se défaire s’était emparé d’elle.

Sans attendre, elle avait ordonné un changement de cap, et le galion avait pris la route du continent naturel, sous l’œil ahuri de son équipage qui ne comprenait pas un revirement aussi hâtif. La jeune Orisha ne se donna pas la peine de se justifier, et, de toute façon, elle occupait à présent sa cabine pour revêtir la combinaison offerte. A peine eût-elle fini de se changer qu’Azraël fit irruption dans sa cabine.

- Tu m’expliques ou tu comptes aussi te murer dans le silence avec moi ?

Lilith haussa un sourcil, et lui adressa un sourire moqueur.

- Sois pas ridicule… Viens plutôt m’aider à mettre correctement ce truc, c’est plutôt moulant…
- Comme si t’avais pas l’habitude… C’est quoi ça ?

Il s’était rapproché pour réajuster sa tenue tandis que la rouquine haussait les épaules.

- Ce que tu peux être désobligeant lorsque tu es vexé… Et ça, c’est un cadeau que je dois mettre pour mon rendez-vous. C’est un ordre auquel je ne veux me soustraire…

Le sourire la pirate s’accentua, moqueur, tandis que le réprouvé devint livide. La rouquine ne chercha pas à le rassurer, rancunière sur certains griefs qu’elle lui reprochait. Elle se regarda dans le miroir pour admirer sa silhouette qui correspondait parfaitement à ses courbes et à sa taille, ce qui n’était pas pour lui déplaire. A vrai dire, elle commençait même à prendre un goût prononcé pour les déguisements, tant qu’il ne s’agissait pas de robes. Ces dernières lui paraissaient si peu pratique pour se mouvoir qu’elle les considérait comme des aberrations. Quoiqu’il en soit, que la tenue lui aille ou non, rien n’aurait pu gâcher sa joie. Elle finit par hausser un sourcil face au regard sombre de son acolyte.


- Ca va… Arrête de me chaperonner tout le temps… Je suis une grande fille… taquina-t-elle tout en sortant sur le pont.

La rive approchait, et la joie sur le visage de Lilith également, bien qu’à présent, une grande partie en était dissimulée. Elle donna quelques directives à son second pour gérer le galion en son absence et fini par s’éclipser sans donner beaucoup plus d’explications supplémentaires, soupirant toutefois en entendant une violente altercation tonner derrière elle entre son second et Azraël.

Toute l’attention de l’Orisha se portait sur la plage qui s’étendait devant elle. C’était un terrain connu, avec un peu de chance, un domaine maritime… Il n’y avait rien de mieux pour la ravir. Rapidement, elle trouva l’un des bateaux qui devaient être le point de rendez-vous. Les silhouettes noires étaient un indice prépondérant… Elle repéra notamment un couple qui paraissait échanger entre eux et une femme se trouvait un peu plus isolée, sans doute parce qu’elle n’était pas arrivée bien longtemps avant elle. Lilith salua d’abord d’un signe de tête les différents participants portant sa couleur et se dirigea vers eux.


- Si l’objectif était de nous repérer facilement entre nous, je doute que ce soit plus efficace..

Ses yeux restaient rieurs, bien que son sourire demeurât dissimulé par le fin tissu.


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790 Mots | Post 1

Résumé:

「 La Revanche 」

Eärhyë s’était décidée à revenir sur la terre de ses origines, au Rocher au Clair de Lune. Ses visites sur le territoire des Béluas étaient rares, généralement incitées pour relever le courrier qu’elle avait pu recevoir.
Ce soir-là, elle s’était affalée sur sa couche sans prendre la peine de vérifier quoi que ce soit. Le voyage avait été éprouvant, doté de péripéties plus dangereuses les unes que les autres. Si la blonde appréciait la vie mouvementée qu’elle vivait dorénavant, elle aimait tout aussi bien ses moments de pauses où elle pouvait se consacrer qu’à elle-même. Elle n’était d’ailleurs pas encore arrivée qu’elle avait déjà prévu de consacrer la journée du lendemain dans la forêt, à pister dans cette nature qu’elle chérissait tant.

Le réveil ne fut pas aussi douloureux qu’elle le redoutait. Picorant un fruit pour le petit déjeuner, elle alla enfin relever son courrier. Telle ne fut pas sa surprise de découvrir un vélin à l’apparence officielle sur lequel elle pouvait lire une invitation. Eärhyë suffoqua en découvrant ce qu’on lui demandait et son regard se posa évasivement sur le colis accompagnant la missive. Redoutant d’y découvrir quelque chose de dangereux, la jeune femme ne put s’empêcher de penser qu’on était tranquille nulle part, même pas dans son chez soi. Sa surprise redoubla en découvrant la combinaison noire. La dépliant consciencieusement, elle apprécia la matière autant que la coupe. La Bélua était adepte des tenues qui collaient à la peau pour faciliter les mouvements.

D’un autre côté, si je me transforme, y’aura rapidement plus de combinaison, se moqua-t-elle tout haut d’elle-même. A juger de la qualité du vêtement, c’est comme si elle devinait superficiel, attachée à l’apparence plutôt qu’à l’utilité. C’était bien une personne qu’elle ne souhaitait pas devenir, et elle délaissa la tenue pour lire la suite des courriers.

L’excursion en forêt fut naturellement repoussée voire annulée. Il lui fallait préparer son expédition jusqu’au lieu de cette fameuse revanche, les plages du continent Naturel. Ne s’y étant jamais rendue, elle demanda à des voisins si elle avait des cartes et si elle pouvait les visionner. Etonnée qu’ils acceptent aimablement, elle visualisa les lieux qu’elle devrait traverser. Rassurée de voir que tout le continent ne serait pas à traverser, il lui suffisait de longer les côtes en passant par le Fjörd, territoire des Vampires qu’elle connaît bien pour avoir affronté le blizzard en compagnie Reddas, puis couper au travers des Terres d’émeraude avant d’arriver à destination. Moins d’une semaine serait nécessaire pour faire le trajet mais la Bélua ne devait pas retarder davantage son départ.

Eh bien, eh bien, le pistage sera pour une autre fois, déplora-t-elle dans une moue désappointée. Depuis le temps qu’elle en rêvait… D’un autre côté, l’enjeu de l’invitation serait probablement plus alléchant qu’un moment privilégiée en solitude.

Eärhyë prit néanmoins le temps d’essayer la tenue. Elle ne voulait pas arriver au cœur de la « bataille » sans savoir les mouvements qu’elle pourrait faire. Rassurée par la tenue moulante, elle fit quelques gestes de combat afin de vérifier l’ampleur des mouvements. Aucune entrave. Les concepteurs de la combinaison avait fait un travail de professionnel. Claquant de la langue avec satisfaction, la jeune femme s’attela à préparer ses maigres affaires dans son sac de voyage pendu en bandoulière. La dague dans les bottes, elle était fin prête.

Son arrivée sur les lieux fut des plus communes. Elle vit de loin les navires se faire face et repéra quelques capuches blanches et noires réparties sur chacun d’eux. Sans trop s’approcher, Eärhyë revêtit sa combinaison sous le regard de Sîdh, son Okatsune.

Alors, comment tu me trouves ? demanda-t-elle sarcastiquement en mimant un tour sur elle-même. Pour le coup, c’était plutôt par ironie qu’elle interprétait tout ce spectacle. La truffe humide se releva à plusieurs reprises vers le ciel dans des mouvements vifs.

Oui, la capuche, je sais, ajouta-t-elle avec amusement. Elle pouvait toujours compter sur la sagesse et l’intelligence de son compagnon pour penser à tous les menus détails. Elle se coiffa en une natte brouillonne, ne cherchant pas vraiment à la travailler esthétiquement parlant.

Et maintenant ? roucoula-t-elle sans se départir de son sourire carnassier. Son compagnon se détourna, achevant de la faire rire. Elle fit une dernière vérification de ses armes, sa dague camouflée dans sa botte et ses gants griffus insérés dans ses manches. Satisfaite, Eärhyë afficha un air concentré avant de se mettre en route après avoir caché ses affaires.

Montant sur le navire des capuches noires, Eärhyë ne reconnut personne en raison de leur tenue en tous points identiques, ce qui ne l’empêcha pas de déclarer les banalités de rigueur.

Bonjour mes Dames, sieurs et autres sexes…

La Bélua souriait même si cela ne pouvait se voir. Au moins n’était-elle pas en retard, ce qui était déjà un bon début.

810 mots | Post 1

Résumé:

Il ne fallut guère longtemps pour que le continent naturel me rappelle à lui après mon arrivée sur le continent dévasté. L'idée d'y retourner de sitôt était à des lieues de mon esprit, car un enchaînement de traversées des mers ne m'enchantait point. Seule une cause d'importance capitale pouvait me pousser à un tel voyage, et à mon grand dam, cette condition fut vérifiée le jour où me parvint cette missive. Jamais je n'aurais cru possible qu'une telle lettre puisse m'être destinée, et surtout, qu'elle aboutisse à destination alors que je ne me trouvais point sur mon continent d'origine. A ma connaissance, personne ou presque n'était au courant de mon escapade sur le navire pirate de Lilith, et le scepticisme s'était emparé de moi lorsque j'avais découvert le contenu du parchemin. S'il n'y avait guère d'erreur sur mon nom, comment moi, Reddas Von Wyvernzern, encore jeune vampire, avais pu être sélectionné pour représenter ma race, ou plus exactement, le Roi Dieu que nous soutenions ? Plusieurs relectures n'avaient suffi à m'arracher totalement du doute, quoique plus je parcourais les écrits, plus un sentiment de conviction et de fierté s'emparaient de moi. Quelque chose d'inexplicable me poussait à prendre pour argent comptant cette invitation surnaturelle, car elle me conférait un statut unique de privilégié, de quelqu'un qu'on reconnaissait à sa juste valeur. Peut-être avais-je été sélectionné car quelque puissance supérieure avait été témoin de mon opposition avec mon père, soutien inconditionnel de Drejtësi ? L'explication pouvait se valoir.

Plus j'y pensais, et plus l'idée m'animait, tant et si bien que je finis par l'accepter. La missive m'invitait à rejoindre le continent naturel sous d'assez brefs délais si je devais prendre en considération le temps de la traversée. Il m'incombait, en outre, de revêtir la tenue qu'on avait jointe à la lettre – un ensemble sombre visant à dissimuler mon identité. Je pris donc soin d'embarquer cette dernière avec moi soigneusement sur le premier navire que je trouvai en direction du continent naturel. Par chance, le voyage se déroula sans encombres, ce qui me laissa libre champ pour spéculer sur les tenants et aboutissants de cette mission. Quelle pouvait bien être la nature des épreuves ? Pourquoi donnait-on rendez-vous sur un navire ? Qui avait bien pu être mandaté pour relever les épreuves ? Ou encore qui tirait les ficelles de l'organisation ? L'ensemble constituait autant d'interrogations dont je ne pouvais dresser un tableau clair, et ce, jusqu'à mon arrivée sur la plage des sables fins.

En débarquant, j'étais parti en quête d'un endroit où m'habiller en toute discrétion. Puis, j'avais parcouru le vaste pourtour maritime avant de dénoter la présence de deux navires à l'horizon. Lorsque je m'y rendis et présentai mon invitation, on me somma d'embarquer dans celui qui comportait déjà quatre autres personnes, vêtues dans la même tenue. Comme dit, je ne m'étais guère attendu à ce que je sois un candidat unique, mais la curiosité me poussait à me poser la question quant à leurs identités respectives, un sentiment qui fut renforcé par le fait que nous les conservions secrètes. Était-ce un détail important, ou simplement une distraction employée pour faire parler les plus malins ?

Peu importait. Si tels étaient mes coéquipiers, peut-être valait-il encore tout simplement faire connaissance pour juger s'ils étaient dignes de confiance. Je m'avançai à mon tour dans leur direction pour parvenir au contact lorsque j'entendis l'une des participantes s'exprimer – sans doute la dernière arrivée. Sa voix me disait quelque chose, mais je n'étais point certain encore de l'associer à quelqu'un de ma connaissance – la tenue que nous portions compliquant la tâche. Peut-être en découvrirais-je davantage en leur parlant ? Mieux valait commencer par les usages, ce que je fis, en m'adressant d'un ton formel.

 « Mes salutations. J'espère que vous possédez le pied marin. »

La curiosité me démangeait, tant j'avais envie d'en apprendre davantage, et par conséquent, de leur poser des questions. Bien conscient cependant de procéder doucement si je souhaitais m'enquérir d'informations supplémentaires, j'avais pris le parti d'énoncer une banalité pour jauger leurs réaction. Dans la mesure où nos visages étaient, dans l'ensemble, masqués, il s'agissait d'un modeste moyen pour évaluer leur répondant sur une telle phrase.

« Je suis surpris que cette enfant soit encore en vie. Tu es étrangement clémente. Qu’est-ce que cette soudaine miséricorde dissimule ? Aurais-tu prévu de raser la partie des Terres du Yin et du Yang que tes précédents exploits ont épargné ? » Insensible au verbe cinglant de son époux, elle brossait lentement ses longues boucles, devenues brunes. « Il n’est guère l’heure d’éliminer les adeptes de son propre camp. Ceux-là bénéficient d’un répit, pourvu qu’ils ne soient pas trop déplaisants. » - « Une chance pour elle que tu aies décidé de te battre pour le Dieu-Roi et que dans tes lubies malsaines, tu aies décidé de malmener encore et toujours l’existence d’un amant éconduit qui se bat pour les adversaires. » - « Elle doit avoir une bonne étoile. Ce n’est pas son cas, à lui. » Elle jeta un léger coup d’œil au Professeur qui se tenait dans l’encadrement de la porte, la mine subtilement pincée derrière le sourire ravageur. « Tu ne sembles pas apprécier mes projets. » - « Je sais aussi que tu ne changeras pas d’avis. Exemptons-nous tout deux d’une conversation dont nous connaissons l’issue. » Elle eut un sourire moqueur. « C’est la première remarque sensée que je t’entends prononcer. » Il la gratifia d’un regard évocateur. « Est-ce que tu me le feras payer ? » - « Evidemment. Je vais être invivable. Tu risques d’essayer de me tuer trois ou quatre fois. » - « De belles journées en perspective. » Vanille se releva doucement. Elle avait emprunté l’apparence de sa captive, qui croupissait dans un quelconque donjon de l’une de ses nombreux domaines. Petite et fine, elle abordait une crinière sombre et de grands yeux bleus illuminant un visage doux et juvénile, celui d’une toute jeune Ange à l’aura aussi pure qu’immaculée. Elle n’aurait aucun mal à se faire passer pour une native de la Citadelle Blanche. Elle était déjà naturellement si pure et si belle qu’elle était capable d’imposer ses vertus à des individus qui savaient pourtant ce qu’elle était vraiment. Dépourvue de ses charmes pour les traits d’une autre, elle conservait pour autant cette grâce et cette élégance propre, cette façon d’inspirer confiance et sympathie d’un regard, cette aura aussi attrayante et séduisante qu’immaculée et tendre. Personne ne pourrait la démasquer. Songeuse, Vanille contempla son bureau. Il n’y avait que Cole. Pourtant, elle ne voyait pas que lui. Elle ne se préoccupait plus des Esprits, qu’elle percevait depuis longtemps déjà et qui pouvait être des alliés de choix. C’était autre chose. Il y avait elle.

Vanille longeait d’une démarche lente la Plage de Sable Fin et s’approchait lentement des navires. Impassible, elle dévisageait les différents participants à cette étrange compétition. Il était peu à présenter un intérêt aux yeux de la jeune femme. A bord du vaisseau adverse, une inconnue aux traits familiers attira particulièrement son attention. Vanille s’était assez renseignée sur les membres de sa famille pour tous les connaître, même ceux qui n’avaient pas conscience d’appartenir à une lignée plus vaste. Les présentations risquaient d’être difficiles face à l’accumulation de circonstances qui les éloignaient. Vanille tâcherait néanmoins de toucher deux mots à la Sirène. Dans un petit soupir, la Khæleesi s’accouda à la rambarde. Elle n’était pas mal à l’aise dans la combinaison noire. Elle attendait simplement que les épreuves débutent et que l’ennui disparaisse. « Je pensais pourtant que ma compagnie te ravissait. » se moqua-t-elle. Vanille l’ignora. Elle ne méritait pas la moindre considération, à supposer qu’elle possédait une once de réalité. Après tout, elle n’était pas certaine de ce qu’elle était. L’Ultimage était aussi présente, reconnaissable entre mille malgré ses maigres efforts pour passer inaperçue. Vanille sourit. Peut-être aurait-elle mieux fait de venir sous sa véritable apparence. Cela aurait été d’autant plus amusant. Elle ne regrettait pas sa décision pour autant. Ses ambitions concernaient moins la Magicienne que son Némésis de toujours. Elle se mit à chantonner du bout du lèvres, tout en contemplant l’écume qui léchait la coque. L’Empereur Noir allait-il se donner la peine de faire le déplacement ? Vanille connaissait déjà la réponse mais peu importe, au final. D’une façon ou d’une autre, elle allait l’importuner et l’agacer au plus haut point, une pensée qui avait quelque chose de satisfaisant. Il allait amèrement se mordre les doigts, au souvenir du jour où il avait croisé son chemin, comme une journée maudite.

Vanille sourit davantage en reconnaissant la silhouette d’un individu qu’elle avait plus ou moins connu, jadis. Peut-être essaierait-elle de l’aborder, sous le masque d’une Autre.

Spoiler:

J'observai la lettre posée sur ma table de nuit comme si cette dernière ne pouvait m'annoncer que de mauvaises nouvelles. Je ne sais qui s'occupait du service postal, mais à cet instant, je le maudissais. Prostrée à l'angle de mon lit, mes genoux repliées contre ma poitrine, j'étais en proie au doute et à la peur, des sentiments qui m'étaient si familiers. Et il fallut que je ressente la faim, cette horrible sensation retrouvée, pour me sortir de ma torpeur. Je ne m'habituais guère à ma nouvelle condition, et posséder de nouveau un corps représentait pour moi bien plus de contraintes que je ne l'avais un jour imaginé. Mais en revanche, mes émotions étaient entières, j'étais vivantes, et pour rien au monde je ne rejetterai ce cadeau du Dieu Unique. Reprenant alors une contenance qui me seyait bien mieux, je récupérais le parchemin apporté un peu plus tôt dans la journée par le majordome. Vivre au Manoir me permettait de garder une certaine tranquillité, le temps que je puisse renouer les liens avec mon peuple... Je ne savais dire combien de temps j'avais été absente, et cela m'effrayait au plus haut point. Ça et d'autres choses auxquels je ne souhaitais même pas penser. Je finis par décacheter l'enveloppe et lire les mots d'encres écrit d'une plume raffinée. On pouvait savoir beaucoup de choses d'une personne en lisant son écriture, et mon interlocuteur était vraisemblablement quelqu'un d'important. Mais tandis que ma concentration me faisait défaut, je fus brutalement ramenée à la réalité lorsque le contenu du message m'atteint.

Voilà que je me retrouve encore conviée à un événement bien mystérieux... Moi qui souhaitais garder mon retour secret... Les puissants de ce monde en ont vraisemblablement décidé autrement. Devais-je m'y rendre ? La question, à vrai dire, ne se posait même pas. Ma curiosité maladive ayant déjà décidé pour moi. Un paquet associé à la missive attira mon attention. Posé à même le sol, je ne l'avais dans un premier temps pas remarqué. Ne craignant pas quelques pièges de quelques sortes que ce soit, je l'ouvris sans attendre pour y découvrir une tenue toute de noir cousue. Et c'est une fois enfilée que je compris avec un certain soulagement que mon anonymat allait pouvoir être préservé. C'est tout ce que je demandais... Bien que cet accoutrement trop près du corps ne m'était pas familier, je ne m'en formalisais point. Et bien que j'ignorais qui était derrière tout ça, ni pourquoi on m'avait choisit et encore moins comment ces personnes pouvaient déjà être au courant de mon retour sur ces terres... Je comptais bien obtenir toutes ces réponses le moment venu. Le temps de l'ignorance est fini pour moi. Pour l'instant, il n'y avait plus de temps à perdre en réflexions, et je fondis dans les ombres. Direction la Plage de Sable Fin.

Arrivée à bon port, je m'empressais de reprendre un corps de chaire, pour une question de commodité, et je suivis docilement sur le navire ceux vêtue pareillement de noir. Le navire comportait déjà plusieurs invités, dont certains possédaient une écrasante aura. Je me gardais bien de les approcher, ne souhaitant engager la conversation avec qui que ce soit si cela n'était pas absolument nécessaire, et me mit à la rambarde, observant le large. Mes souvenirs de l'Océan ne comptaient pas parmi les plus agréables, et je me souvenais que trop bien des créatures dangereuses qui y vivaient. En espérant que notre vaisseau soit suffisamment protégé pour que notre voyage se déroule sans accro. Non pas que l'optique de devoir assurer mes fonctions d'Ombre me déplaise... Je ne sais encore combien de naviguant étaient attendue, ni vers quelle destination étrange nous nous dirigerons, mais un je ne sais quoi m’inquiétait en ces lieux. Peut-être la puissance palpable de certains passagers, peut-être la présence d'un second voilier à la couleur opposée à la notre... Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, et si peu d'informations pour me satisfaire. Et Dame Curiosité s'impatientait de ne point découvrir l'identité de mes alliés ou adversaires. Je possédais bel et bien un moyen de connaître à tous leur identité, mais était-ce vraiment nécessaire ? Ne devais-je pas me montrer la plus discrète possible ? Ne devais-je pas préserver à n'importe quel prix mon identité ? Et je me demandais alors ce qu'une personne comme moi pouvait bien faire là... Tandis que je songeais déjà à repartir... Mais dans quelle galère me suis-je encore envoyée ?

785 mots

Spoiler:

Du blanc ? Ils étaient sérieux ? De la foutue couleur blanche pour incarner le camp des Aetheri. Si ça, ce n’était pas un prétexte pour les trahir, alors il ne fait aucun doute que sa loyauté serait exemplaire jusqu’à la toute fin. Parmi toutes celles disponibles, ils avaient opté pour la seule teinte qu’il n’arborait jamais. Il était le Monarque Démoniaque à présent, non pas un vendeur de poissons disposé à hurler à s’en érailler la voix uniquement pour rameuter la foule à son étalage. « Elegion ! Rappelle-moi de mettre la main sur celui ou celle qui prend ce genre de décisions. m*rde ! Ce n’est pourtant pas compliqué comme travail. » Son domestique replaça gauchement son monocle après l’avoir égaré sous l’effet de la panique. Il consentit à approuver les dires de son roi après avoir jeté un coup d’œil désespéré dans le coin de la pièce. Le corps d’un démon à peine méconnaissable gisait sur un magnifique tapis en velours. Les restes d’un dissident qui avait osé se moquer sur la prestance de son supérieur. L’avantage avec ce déboire vestimentaire, c’est qu’il se trouvait désormais dans de bonnes conditions pour contribuer à la compétition. Il avancerait avec la rage de vaincre et de tout déchirer. Plus que d’habitude en tout cas. Le fait qu’elle soit moulante ne le dérangeait pas outre mesure.

L’assortiment était certes très discutable et hors norme de la lignée de ses goûts, mais il le respectait. Tous n’étaient pas gâtés par la fibre artistique de l’habillement, malheureusement. Nanti d’une capuche et d’un ruban qui servait principalement à bâcher le bas du visage, il avait reçu l’ensemble aux bras d’une missive, qui bien qu’elle comportât des informations pour le moins avares, avait mentionné le mot magique de la concurrence pour lui faire accepter les conditions sans hésiter. Passant le bout de ses doigts sur ses lèvres charnues, il contempla son reflet dans le miroir après avoir endossé le costume qui l’accompagnerait durant les épreuves. S’ils souhaitaient effectivement garder le secret sur les individus qui concourraient, ils en oubliaient que les yeux étaient organiquement les traits les plus allusifs et révélateurs. Ses prunelles dorées immergées dans le charbon ne passeraient pas inaperçues lorsque les éternels avides de savoir se plongeraient dans ses abysses. Quand il fut définitivement prêt, il céda son royaume à Seth ; son fidèle ami et partenaire de confiance.

En débarquant sur la plage de sable blanc, Zane marqua une pause dans la sérénité la plus froide afin de jauger dans quelle misère il s’élançait une fois de plus. Au milieu de tous ces déguisements collants à visage défendu, la première idée qui lui vint à l’esprit était à l’opposé de toutes formes de violences, ou en tout cas, pas la plus évidente. La débauche sexuelle peignait tellement la scène. Malgré la présence du vent, l’élément ne parvenait pas à détacher le moindre de ses voiles qu’il avait pris la peine de fixer avec application. Il s’approcha davantage des navires, près des nombreux concurrents qui se trouvaient déjà sur place. Dans un réflexe qui lui était intégralement personnel, il distingua systématiquement les hommes des femmes. Non, il n’était pas sexiste, mais pour une curieuse raison, il s’attendait à voir l’une de ses connaissances les plus ancestrales et résolus. Certains prenaient suffisamment garde à détourner les yeux alors que d’autres semblaient se délecter de la bande uniquement par prescription. Définir lesquels se trouvaient parmi les nobles de ce monde n’était pas si compliqué que ça. Se fier à la démarche ou encore à l’assurance qu’ils dégageaient permettait de se faire quelques idées notoires sur le comportement à adopter en face de telle ou telle pièce d’échec. Entre la couleur incarnée et la disposition de chaque camp, la comparaison ne pouvait être mieux estimée. En montant sur le galion, notre homme éprouva un indicible frisson lorsqu’il croisa le regard d’une femme. Ce type de réactions chez lui étant rare, elle se produisait uniquement quand il décelait quelque chose de spécial, voire de foncièrement mauvais chez quelqu’un. Le mal était inexorablement attiré vers un plan grand mal encore, ceci expliquant sûrement cela. Il détourna son regard afin d’aller prendre près du mât central. L’échine posée contre, ses bras s’entrelaçaient, ses paupières se fermant. Il attendit patiemment la mise au clair de leur présence, sans s’attarder plus longuement sur ce qui l’entourait.

Dans les cieux un faucon tournoyait au-dessus des navires affrétés pour l’occasion. Les pavillons blancs et noirs qui flottaient au vent dans le cliquetis des grelins et le cri des mouettes rythmaient le temps qui s’écoulait avant le coup d’envoi des hostilités. Les embruns salins rendaient à l’atmosphère cette moiteur poisseuse et désagréable qui incita Helly à piquer brusquement vers l’assemblée postée en contrebas. Si le silence était de mise et que tous les participants se jugeaient dans une appréciation solennelle, quelques-uns semblaient rompre les rangs pour se présenter. Helly glissa entre les voiles avant de s’engager vers la plage, entrainée par les courants marins qui l’envoyèrent droit vers des rochers où elle se mua en humaine dans une nuée de plumes blanches. Les traits tirés, le regard vide, elle se questionnait encore sur les raisons qui l’avaient poussées à accepter l’invitation. Surement que le fait qu’on l’a choisi y était pour beaucoup. C’était la deuxième fois qu’on montrait de l’intérêt à son égard. Étrangement surprenant mais aussi galvanisant, du moins assez pour la décider à participer à cette étrange mascarade. On croyait en elle et en contrepartie, elle donnerait son maximum, non pas par fierté, ni pour son salut, mais pour ne pas décevoir celui qui avait mis de l’espoir en elle. Son coeur s’emballa, motivant ses mouvements. Elle empoigna les vêtements noirs soigneusement pliés et les enfila à la hâte. L’adrénaline qui se diffusait en elle, l’empêchait de faire marche arrière. Survoler les lieux du rendez-vous lui avait permis de se faire une idée de l’étendue de ce qui l’attendait, ne laissant que le doute planer sur le dénouement de cette folie. Elle noua le tissu sur le bas de son visage et passa la capuche par-dessus ses cheveux blancs gommant toutes traces qui auraient pu donner une quelconque indication sur son identité. Pour parfaire ce déguisement, elle s’était bandé la poitrine minimisant l’aspect de ses formes, si l’objectif était un combat juste et équitable, sans enjeu de race ou de sexe, alors elle était dans le thème.
Ses pieds foulèrent le sable, se plantant dans la brulante morsure de ce sol rendu ardent par les rayons du soleil. Pieds nus, elle avançait dans de profondes inspirations destinaient à calmer son rythme cardiaque. Elle rejoignit le ponton sans un regard envers les autres participants. Elle doutait de connaitre quelqu’un, du moins c’est ce qu’elle pensait en passant derrière une silhouette aux formes féminines. Tant de rondeurs et de voluptés qu’elles en étaient familières. Le nom de l’intrépide rouquine chatouilla sa langue sans qu’elle ne souffle mot. « Lilith » « Se pouvait-elle qu’elle a été conviée elle aussi? » Un participant se pencha vers elle, doublant l’élan qu’elle avait amorcé à son encontre. La bélua arrêta ses pas, détournant le regard en serrant les poings. Si c’était elle, alors elle garderait un oeil sur elle-même si elle n’ignorait pas qu’elle n’aurait surement pas besoin d’aide. La diablesse aux reflets flamboyant n’avait besoin d’aucune aide. Fière orisha, libre de ses mouvements est de ses pensées, elle imposait sans crainte ses volontés. Elle en avait été le témoin, laissant un souvenir particulier. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Helly. Elle aimait l’état d’esprit des orishas et leur soif de vie, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de femmes. Un modèle, une voie a suivre qui éveilla ses envies de faire ses preuves.
Peu importait qui était cette inconnue au final. Le simple souvenir de cette rencontre avait insufflé en elle l’étincelle qui lui manquait. La bélua baissa son regard sur les lames du plancher du pont principal et remonta la rambarde passant au travers des participants amassés autour du grand mât. Le bruit des remous qui se fracassaient sur la coque, le son du vent pris dans les cordages, chaque craquement du bateau, s’emmêlaient étrangement dans une complainte exaltante. Ses doigts se crispèrent sur le garde-corps tandis qu’elle se retournait étrangement en éveil. Il était temps de passer à l’étape suivante.