Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Partagez
 

 A la découverte d'un monde nouveau [Esran]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 01 Nov 2015, 16:50




Aëla errait dans les rues de la ville, son regard couleur banquise perdu dans le vide. La jeune femme avait énormément de difficultés à s'adapter à sa nouvelle condition de Déchue. Son ancienne mentalité d'Ange était encore trop encrée en elle. Mais d'un autre côté, la Gourmandise la torturait agréablement, l'entraînait à en demander davantage sans jamais s'arrêter. L'Aile-Noire ne pouvait plus rendre de services sans décliner la contrepartie, que l'on lui proposait invariablement, comme lorsqu'elle faisait partie des êtres aux ailes immaculées. Avalon en elle-même la poussait à se laisser aller à son vice. Les restaurants courraient les rues et les taverniers l'appelaient, des lueurs malicieuses dans les yeux. Les nombreuses échopes la poussaient à la consommation, elle voulait tout ce qu'elle touchait ou voyait et bien plus encore. Cela n'avait pas de fin. Et partout dans les rues, dans les établissements dédiés aux Déchus de Luxure, ou même dans une attitude générale, les corps s'attiraient inlassablement. Le petit périmètre de sécurité qu'Aëla avait toujours eu autour d'elle à la Citadelle Blanche venait de voler en éclat. Ici, nulle gêne, nulle restriction, nul complexe. Tout le monde s'effleurait et se touchait avec une sensualité propre aux Déchus et quasi naturelle. Etouffant et perdue dans cette bien trop chaleureuse atmosphère, la grande brune déploya ses ailes et s'envola vers les hauteurs de la ville, zigzaguant maladroitement entre les ponts reliant les différents bâtiments qui se chevauchaient sans fin jusqu'à atteindre une hauteur inimaginable pour une ville. Cette architecture défiait totalement les principes de la logique, se contentant d'évoluer tranquillement vers les hauteurs.

Aëla arriva finalement sur la place du Rift. La vue qui s'offrait à elle lui coupa le souffle, elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Tout le Continent Naturel s'étendait devant elle, dans un majestueux décor de couleurs et de nuances subtiles."Je succomberais encore et encore à la Gourmandise rien que pour pouvoir quitter la Citadelle Blanche et admirer ceci." Souffla-t-elle pour elle-même, subjuguée. Finalement, c'était un mal pour un bien. Le regard émerveillé de la jeune femme se voilà brusquement de tristesse. Cette liberté soudaine lui avait valu trop de souffrances pour pouvoir être savourée pleinement. Tous les meurtres qu'elle avait commis, par accident ou non, s'imposèrent à son esprit. Sa mère, les hommes-lézards qu'elle avait dû achever pour leur épargner trop de souffrances inutiles ainsi qu'une longue agonie. Aëla n'était pas habituée à tant de violences. A la Citadelle Blanche, parmi ses proches, elle était réputée pour sa bonté, sa douceur, son altruisme et sa générosité. Choses qui ne semblaient pas avoir leur place en ce monde qu'elle venait de découvrir, cruel et violent. Il n'y avait pas non plus la moindre place pour la naïveté ou l'innocence. Fort dommage. Avait-elle donc seulement sa place autre part qu'à l'intérieur des murs de la Citadelle Blanche ?

Une douce odeur de pâtisserie fraîchement sortie du four éveilla tous les sens de la Déchue, la tirant de ses sombres pensées. Cela sentait divinement bon.... La demoiselle se mit en quête du gâteau, fort intéressée. Le commerçant, malheureusement peu honnête et profiteur, remarqua bien vite qu'il avait affaire à une nouvelle venue en Avalon. Aëla lui acheta une part de sa succulente tarte et la dévora bien vite. La Gourmandise se manifesta alors, plus violente et plus présente que jamais. Elle en voulait encore, et le commerçant le savait. Il le voyait et s'en délectait. Lui, enviait sa petite bourse et convoitait chacune des pièces que sa nouvelle victime possédait. "Vous en prendrez bien un autre morceau ma chère." Lança l'homme avec une voix mielleuse et transpirant le vice à n'en plus pouvoir. Incapable de dire non, la jeune Déchue reprit une nouvelle part qu'elle mangea encore plus vite, incapable de satisfaire son insatiable Gourmandise mais également mortifiée. Aëla était terrorisée par elle-même. Pourquoi ne s'arrêtait-elle donc pas ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à lutter contre son péché ? Il lui fallait plus de tout et tout de suite. Trop naïve et innocente pour voir que le commerçant la poussait à la faute, la Déchue le remerciait avec ferveur, croyant qu'il l'aidait à assouvir ses envies soudaines.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 07 Nov 2015, 17:00

Cela faisait plusieurs jours qu’Esran était à Avalon et, bien que contradictoire, son opinion sur la cité était catégorique : magnifique mais d’un ennui mortel. Tous ces endroits dédiés au vice sous toutes ses formes créait quelque chose de réellement impressionnant mais n’apportait rien au jeune démon pour la pratique de son jeu favori. Il ne savait pas vraiment ce qu’il était venu chercher en venant en Avalon, cet endroit était emplie par tous ceux qui avaient succombé à l’appel de leurs désirs : la partie était finie avant qu’il n’arrive. Esran se consolait en appréciant l’endroit et prenant mentalement note de ce qui était offert en ces lieux, cela pourrait s’avérer utile le jour où il s’attèlerait à la tache de déchoir un ange - chose qu’il avait fait le serment de faire avant de mourir.
Étonnamment Kernek semblait réellement apprécier cette étape de leur voyage, sans doute pour les mêmes raison que son maître la trouvait maussade. Dans cette cité Esran ne pouvait pas réellement faire le mal et l’orisha pouvait profiter de la ville comme n’importe quel touriste avide des plaisirs qu’elle avait à offrir. Le jeune démon ne lui reprochait pas cette mentalité, il était tout naturel qu’une personne avec une durée de vie restreinte comme la sienne soit beaucoup plus terre à terre.
Esran et son serviteur étaient en pleine déambulation, sans le moindre but précis, lorsque le jeune démon fut témoin d’une scène qui attira son attention. Une déchue au cheveux noirs venait de se précipiter sur l’étal d’un boulanger, ses yeux bleus brillant alors qu’ils se posaient sur les tartes qui y étaient présentées. Esran avait déjà été témoin à de nombreuses reprises de scènes similaires : un ange noir ayant soudain une bouffée de désir et se pressant pour la combler au mépris de toute raison. Dans cette cité Esran avait bien compris que les déchues se répartissaient en deux catégories : ceux qui se complaisaient dans leur péché de prédilection et ceux qui s’y perdaient sans la moindre maîtrise. Nul doute que cette femme faisait partie de la seconde catégorie.
Esran allait passer son chemin lorsqu’il entendit le marchand proposer une nouvelle portion à sa cliente d’une voix faussement innocente. Il n’y avait nullement besoin de se trouver à Avalon pour voir des marchands avide jouer sur les travers des gens pour vendre leurs produits, c’était simplement dans leur nature. Qu’un représentant de cette vénale vermine se serve des tendances d’une déchue pour s’enrichir était plus que prévisible, pourtant l’idée déplu à Esran : une telle manœuvre c’était céder à la facilité.
D’un regard et d’un geste de la tête Esran fit comprendre à son serviteur ce qu’il attendait de lui. Kernek acquiesça sans un mot et se dirigea d’un pas vif vers l’étal de pâtisserie alors qu’une nouvelle part de tarte allait changer de main, son maître le suivant à distance raisonnable. Sitôt qu’il fut au niveau du fragile édifice il donna un violent coup de poing sur le comptoir, faisant dangereusement vibrer le bois et sursauter le marchand et sa cliente, quant à la part de tarte, elle chuta tristement vers le sol.
Esran rattrapa in extremis le morceau de pâtisserie et le tendit à le jeune femme avec une légère moue.

- Je suis navré pour le comportement de mon compagnon, il est émotionnellement instable. Permettez que je m’excuse pour son geste.

À peine avait-il finit sa phrase qu’il lançait le morceau de tarte derrière lui où il alla s’écraser mollement sur les pavés sous le regard mi-triste mi-horrifié de la déchue.

- Je connais un endroit où l’on propose des mets de bien meilleur qualité que ces choses, je vous y emmène ?

Tout en parlant Esran faisait en sorte de distiller de la confiance dans chacun de ses mots afin de leur donner plus de poids et également pour tester la résistance de son interlocutrice, cela serait utile par la suite.
De son côté Kernek fixait le marchand avec un regard mauvais et une mine agressive, l’orisha était bien moins dangereux qu’il n’en avait l’air mais il avait un véritable talent pour paraître intimidant. Pour un vulgaire marchand de tartes c’était bien suffisant pour le faire se tenir tranquille.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 08 Nov 2015, 22:27



Aëla, finissant à peine sa dernière bouchée, tendit la main pour recevoir une autre part de tarte lorsqu'un événement imprévu la fit violement sursauter. Manquant de s'étouffer, la jeune femme observa craintivement le nouveau venu tandis que Dante, jusqu'alors tranquillement blottit dans sa capuche, escaladait tant bien que mal l'épaule de sa compagne pour observer la scène de son éternel air surpris. Face au nouveau venu, le marchand n'en menait pas large, blanc comme un linge et tremblotant comme une feuille. La Déchue vit du coin de l'œil une main rattraper vivement l'ultime morceau de tarte et le lui tendre avec une étrange moue. Levant ses prunelles pâles vers le sauveur de tarte, l'Ailes- Noires le gratifia d'un sourire penaud mais heureux. L'inconnu au visage angélique, un visage qu'elle aurait très bien pu croiser à la Citadelle Blanche autrefois, était engageant et semblait posséder d'excellentes manières. La part de gâteau vola finalement dans les airs avant de s'écraser mollement contre les pavés sous le regard mortifié de la Gourmande dont le désir n'était toujours pas assouvi. Se concentrant plutôt sur les propos de son interlocuteur, Aëla lui répondit poliment. "Oh ne vous excusez pas, ce n'est rien je vous assure ! Votre ami aurait-il besoin d'aide ?" Demanda la jeune femme, soucieuse de l'état apparemment instable du frappeur de comptoir. D'autant plus que celui-ci paraissait très voir trop menaçant à l'encontre du pauvre marchand. "Je suis certaine que nous pourrions trouver un médecin ou bien ...". La Déchue n'eut pas le temps de finir sa phrase que les deux inconnus l'entraînaient loin du malhonnête marchand et de ses si délicieuses et alléchantes pâtisseries. Enfin, cela importait peu, ils se dirigeaient vraisemblablement vers un établissement de bien plus haute qualité et la Déchue s'en pourléchait les babines par avance.

Toutefois, en tant que Corvus ne maîtrisant aucunement son vice, sa Gourmandise s'empressa de changer de cible. Il n'y avait plus de nourriture en vue ? Qu'à cela ne tienne. Elle trouverai bien autre chose et ce si aimable jeune homme pourrait certainement l'aider à calmer son péché. Cette fois-ci, Aëla était avide de connaissances et de nouveaux apprentissages. Il fallait qu'elle en sache plus sur ces deux mystérieuses personnes. Les yeux pétillants de curiosité, l'Ailes-Noires se hâta pour arriver au niveau du blond. "Seriez-vous un ange gardien ? Ou bien une personne venant en aide aux autres ?!"Demanda-t-elle naïvement. Pour l'instant, dans la tête d'Aëla qui sortait de la Citadelle Blanche pour la première fois, tout le monde fonctionnait sur son modèle. Altruiste, doux et fondamentalement bon. Il lui semblait tout à fait inconcevable que quelqu'un puisse avoir de mauvaises intentions envers les autres.

De son côté, tranquillement assis sur l'une des épaules d'Aëla, Dante faisait cliqueter sa petite tête blanche selon un angle inédit tout en observant curieusement l'orisha. "Oh je suis navrée !" S'écria la jeune femme d'un air affolé. Sa Gourmandise lui en faisait oublier ses bonnes manières ! "Je vous pose des questions et j'ai oublié de me présenter." Conclut-elle, une moue navrée et coupable sur le visage."Je m'appelle Aëla et je suis une ange de ... Ehm, une déchue de la Gourmandise. Et vous ? Êtes-vous de la même famille que votre compagnon ?" Emportée dans son élan, la jeune demoiselle aurait très bien pu continuer quelques minutes durant si son guide improvisé ne s'était pas soudainement arrêté devant une devanture éblouissante et divinement bien colorée. Aëla, remarquant un peu tard qu'ils étaient arrivés à destination, se prit le dos du blond dans le nez. La jeune femme s'excusa prestement tout en se frottant le bout du nez, une petite grimace embêtée tordant son visage. Tournant la tête dans tous les sens, la jeune femme aperçu avec soulagment son petit kodama qui escaladait tranquillement l'une de ses jambes après être tombé sur le sol lors du choc. "C'est vraiment très joli. Vous êtes un habitué ?". Continua la demoiselle décidément partie dans une série de questions aussi interminables que potentiellement agaçantes.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 14 Nov 2015, 18:46

Cette déchue était jeune, autant par son âge véritable que par sa déchéance, Esran arriva rapidement à cette conclusion et elle le ravit. Elle avait succombé à l’appel de ses désirs mais n’avait pas encore vu la réalité sur ce monde dans lequel elle vivait : c’était une joueuse débutante, une partie pourrait se révéler distrayante.
En revanche elle parlait beaucoup et Esran n’aimait pas quand quelqu’un menait une conversation unilatérale. Elle posait beaucoup de questions, et s’il avait rapidement éludé les premières concernant l’état de Kernek - qui décidément jouait très bien les brutes - en partant d’un petit pas vers cette pâtisserie qu’il avait repérée, il n’avait pas l’intention de faire mine de répondre avant qu’ils ne soient à l’arrêt. Parler en mouvement était le meilleur moyen d’embrouiller la conversation et son instinct lui disait qu’elle n’allait pas être des plus claires.
Lorsqu’ils arrivèrent devant la « Joie de Marial », la déchue le percuta et il soupira intérieurement : curieuse et distraite. Il se retourna pour accepter ses excuses de bonne grâce et son attention fut captée par le petit être blanc qui était en train d’escalader les jambes de la jeune femme. Il se mit aussitôt à fouiller dans ses connaissances afin de déterminer ce que pouvait bien être cette créature qui lui paraissait bien singulière. Il fut tiré de ses réflexions par une nouvelle question d’Aëla au sujet de l’endroit devant lequel ils se trouvaient à présent.

- « Habitué » c’est un bien grand mot, je ne suis pas en ville depuis assez longtemps pour cela mais le propriétaire est fort sympathique et sa cuisine délicieuse. Vous pouvez le recommander à n’importe qui.

Maintenant qu’ils étaient à l’arrêt, tout en évitant de fixer cette petite chose blanche Esran prit le temps de se présenter ainsi que Kernek.

- Je ne vous ai pas encore donné mon nom, pardonnez mes manières : je me nomme Esran Siriok, de la maison de magiciens Siriok. Et voici Kernek, mon protecteur et ami, il ne parle pas beaucoup et, comme vous l’avez vu, il est parfois instable vis-à-vis de ses désirs. Ne vous formalisez pas s’il ne vous répond pas, c’est juste sa façon d’éviter aux gens la gêne qu’il pourrait leur inspirer.

Alors qu’il était si tristement décrit l’orisha avait ouvert la porte du luxueux établissement pour permettre à son maitre et à sa nouvelle « amie » d’entrer. Esran invita la jeune déchue à passer le seuil et la suivit d’un pas.
Une fois à l’intérieur de la salle décorée avec gout et parfumée de multiples saveurs douçâtres, il salua le déchu à la carrure imposante qui se tenait derrière des présentoirs chargés de gâteaux colorés.

- Bonjour maître Marial.

- Bonjour In… messire Siriok, ravi de vous revoir. Une table pour deux est libre près de la fenêtre.

Marial était un véritable artiste dans le domaine de la pâtisserie qui aurait facilement pu vendre ses créations quatre à cinq fois plus cher que le prix dérisoire qu’il en demandait. Une chance pour tous ses clients : sa déchéance était dû à l’orgueil et non à la cupidité, rien ne lui procurait plus de plaisir que de voir des clients atteindre un paroxysme du plaisir en dévorant un de ses gâteaux. Lui et Esran s’étaient appréciés au premier regard, comme deux artistes œuvrant dans des domaines légèrement différents.
Esran commença à piocher sur les présentoirs et à garnir le plateau que Kernek avait attrapé de toutes sortes de douceurs, sous les yeux attentifs de son invitée du moment.

- Tout ce qui est proposé ici est véritablement succulent, mais voici ceux que je vous recommande le plus, expliqua-t-il à Aëla, à présent que diriez-vous de débuter notre dégustation ? proposa-t-il en lui indiquant leur table. Et si vous voyez autre chose qui vous fait envie, n’hésitez pas : je vous invite.

Alors que son maître parlait Kernek était allé déposer son chargement sur la fameuse table et Esran avait trouvé un petit jeu très amusant. Il essayait de suivre le regard de la déchue qui ne semblait pas pouvoir se décider entre, son visage, les présentoirs et la table où était posée le plateau.
Il était impossible de savoir ce que vaudrait la partie dans son ensemble mais cela était déjà très amusant.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 21 Nov 2015, 00:42




Aëla ne contrôlait absolument rien. Elle passait d'une gourmandise à une autre en un rien de temps et sans la moindre raison valable. Le jeune homme semblait ne pas apprécier toutes ces questions fort indiscrètes ? Pas de souci. Le péché de la jeune demoiselle s'adaptait et partait sur quelque chose de nouveau à déguster sans fin et sans demi-mesure. Arrêtant soudainement de parler, la Déchue se concentra sur les propos de son interlocuteur. Elle eut l'air alors extrêmement concentré, front plissé et sourcils froncés. L'établissement dans lequel ils se trouvaient pouvait donc être recommandé à bien des personnes. Autant dire que cela intéressait énormément l'Ailes-Noires qui voyait là un repaire où satisfaire son insatiable Gourmandise.
Lorsque le jeune homme au visage angélique déclina son identité, Aëla hocha la tête, affichant un léger sourire innocent qui reflétait l'ange si pure et innocente qu'elle avait été autrefois. La demoiselle riva ses prunelles couleur glace sur le prénommé Kernek qui lui avait effectivement fait un peu peur au premier abord. La jeune femme était toutefois de nature à ne pas juger ses semblables et à laisser de multiples chances à tout un chacun. Après tout, tout le monde possédait un bon fond, une part de bonté. Aëla adressa un léger signe de tête agrémenté d'un sourire aimable en direction du compagnon d'Esran avant de reporter son attention sur ce dernier.

Dès qu'ils eurent passé le pas de la porte, la Déchue eut toutes les peines du monde à conserver un air serein, la Gourmandise revenant au galop. Ce fichu péché qui l'empêchait d'agir comme elle l'aurait voulu mais qui était si irrésistible. De nombreuses odeurs vinrent titiller les narines de la jeune femme qui s'en pourlécha inconsciemment les babines. Tous les sens pouvaient être comblés dans cet établissement. Les prunelles d'Aëla ne parvenaient pas à se poser sur un endroit en particulier. Tant de couleurs, de formes et de choses inconnues l'attiraient. il y avait là une montagne de réalisations que la Déchue n'avait jamais vu à la Citadelle Blanche, enfermée dans la maison familiale. Sortant de ses pensées, Aëla tiqua sur les paroles du propriétaire de l'établissement. Il s'était repris sur le nom d'Esran.
Trop naïve pour chercher la moindre entourloupe là-dessus, la demoiselle conclut que l'aubergiste avait du le confondre avec un autre client.

Aëla observa curieusement Esran qui piochait dans le comptoir, mettant plusieurs pâtisseries sur un plateau, comme si de rien n'était. La demoiselle patientait plus ou moins facilement, les mains dans le dos, et les yeux rivés sur son hôte du moment qui lui expliquait les "bases" de cet établissement. "Avec plaisir." Parvint à répondre poliment la jeune Déchue qui tentait tant bien que mal de ne pas laisser libre cours à son Péché alors même qu'Esran lui proposait de commencer les dégustations. Elle n'allait pas tenir plus de quelques secondes. La Corvus rajouta quelques gâteaux, lui semblant tout bonnement divins, sur le plateau du jeune homme avant de se diriger vers la table qui leur était apparemment destinée. Rendue a mi-chemin, Aëla fit volte face, se mordillant anxieusement les lèvres. Devait-elle prendre d'autres douceurs ? Bien évidemment que oui. Elle en avait besoin. Il lui en fallait juste plus. Mais d'une certaine manière.... Il aurait été impoli de se servir d'avantage. On lui avait appris à vivre dans la modération et non pas dans un tel excès. Au pris d'un effort considérable qui fit trembler ses mains, la demoiselle se dirigea vers la table, non sans un dernier regard en direction du présentoir.

Une fois assise en compagnie des deux jeunes hommes, Aëla tendit la main vers l'une des pâtisseries sans même que l'on lui ait donné le moindre accord. Elle faisait preuve d'une effroyable impolitesse et d'un manque de savoir-vivre flagrant mais sa Gourmandise était bien trop grande et Esran la poussait à la consommation sans qu'elle ne s'en rende compte. Le jeune homme lui proposait des mets, affirmant qu'elle pouvait en reprendre si elle le désirait. La Déchue ne pouvait pas dire non. "Merci à vous." Lança la jeune femme avec un air ravi, une fois la première bouchée engloutie. "Vous êtes mon bienfaiteur." Affirma la Corvus avec une naïveté à toute épreuve. Dante profita du fait que sa compagne soit en plein régal pour aller s'asseoir sur la table, entre les bras de la demoiselle, sa petite tête cliquetant toujours. "C'est merveilleux." Souffla Aëla en poussant un soupir d'aise et en se jetant presque sur un autre gâteau.

Ce fut à cet instant que la Déchue se rendit compte que les deux hommes n'avaient encore touché  rien. De son côté, elle avait engloutit au moins trois douceurs alors qu'ils venaient de s'installer. Se stoppant en plein élan, la Corvus se rassit prestement sur sa chaise, le visage cramoisi. Laissant Dante jouer avec l'un de ses doigts, Aëla releva timidement les yeux vers Esran d'un air profondément désolé. "Je crois que je me suis un peu laissée emporter par ma Gourmandise. Veuillez me pardonner.... D'autant plus que c'est vous qui avez payé ces succulents mets.".


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 05 Déc 2015, 17:07

Esran commençait à comprendre le plaisir qu’avait Marial  a regardé ses clients dévorer ses pâtisseries, cette jeune femme généreuse en compliments était un véritable gouffre. Peut-être pourrait-elle aller jusqu’à mourir à force de s’empiffrer de ces délicieux gâteaux ? La question avait germé dans l’esprit du jeune démon alors que son invitée engloutissait sa deuxième douceur et il l’avait aussitôt balayée : une telle fin n’aurait pas le moindre intérêt. Cela aurait été comme pousser du haut d’une falaise une personne bien décidée à suicider mais ne sachant pas comment s’y prendre.

Lorsqu’Aëla s’interrompit brusquement dans son élan, visiblement honteuse de son comportement qui faisait plus que laisser transparaître sa gourmandise, Esran décida de continuer la partie avec un autre personnage. La couleur qu’elle venait de prendre associée à son expression de profond embarras créaient un tableau des plus agréables à regarder. Il attrapa délicatement la main de la déchue et lui parla d’une voix douce, tout en mêlant sa magie à ses mots et à ses doigts.

- Ne vous excusez pas je vous en prie. Il n’y a aucune honte à apprécier ce qui vous est offert, poursuivit-il en pressant doucement la main, et il serait ridicule de se restreindre en allant à l’encontre de ce que l’on est.

Le teint de la jeune femme resta dans les tons rouges. Esran se fendit d’un de ses fameux sourires emplis de bienveillance et de sa main libre attrapa une petite tartelette aux fruits rouges et au miel. Lâchant la main d’Aëla il rompit le gâteau en deux et posa un des deux morceaux sur la table tout en commençant à lentement grignoter l’autre.

- Savourer ce que la vie nous offre est un bon moyen de respecter ceux à qui on offre bien trop peu. La moitié d’une tartelette est suffisante pour que je partage le plaisir que vous ressentez face à vos désirs.


Après ce genre de tirade Esran avait du mal à s’empêcher de jeter un coup d’œil à Kernek, c’était un moyen de savoir s’il s’était surpassé sans s’en rendre compte. Lorsqu’il se laissait aller au lyrisme il manquait de recul pour juger la véritable valeur de ses mots mais le regard de son serviteur était un bon moyen pour lui de se faire une idée. Si une personne qui le connaissait aussi bien que Kernek était troublée par ses discours on pouvait légitimement supposer que n’importe qui serait touché.
En l’occurrence les yeux de Kernek étaient aussi froids et durs qu’à son habitude, le texte ne l’avait pas troublé mais n’avait pas non plus éveillé son aigreur : résultat moyen. Tant pis.

Alors qu’il fixait la jeune déchue, désireux de voir combien de temps elle allait tenir avant de manger la moitié de tartelette qu’elle avait devant elle (allait-elle la manger rapidement ou allait-elle la contourner pour prendre autre chose sur le plateau ?), son regard fut à nouveau attirer par cette petite chose blanche qui l’accompagnait. La petite créature cliquetante était à présent sur la table et donnait l’impression à Esran d’être sous la surveillance d’un bien étrange chaperon. Que pouvait bien être cette chose ?

Esran n’aimait pas les incertitudes et ce minuscule être en était une conséquente : il pouvait n’être qu’un simple animal de compagnie, ou bien un esprit gardien ou encore l’intermédiaire d’un ange désireux de garder le contact avec une sœur nouvellement déchue. Au fond de lui Esran savait déjà qu’il allait bientôt craquer et purement et simplement demander ce qu’était cette chose.
Il allait devoir tenir au maximum, sinon son instinct lui disait que sa demi-tartelette si symbolique allait passer à la trappe jusqu’à ce que tout ce qu’elle pouvait représenter disparaisse. Cette déchue était amusante et avait un certain potentiel mais ne semblait pas vraiment être un modèle d’attention.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 06 Déc 2015, 21:59



L'appétit de la demoiselle fit vraisemblablement plaisir à voir, tant au propriétaire des lieux qu'à son voisin de table. Le frappeur de comptoirs, quand à lui, n'avait plus décroché un seul mot depuis les événements précédents. Il se contentait d'observer la scène en silence, tel un spectateur passif. Alors qu'Aëla s'excusait pour son comportement plus qu'impoli et inacceptable, Esran s'empara de l'une de ses mains, un sourire bienveillant étirant ses fines lèvres. La Corvus s'immobilisa aussitôt, tendue. N'ayant absolument pas l'habitude des contacts physiques, ce geste la mettait mal à l'aise et la troublait. Tout ceci n'arrangeait en rien sa situation actuelle. Les paroles du blond au visage d'ange ne firent qu'attiser le conflit intérieur qui tiraillait la jeune femme. Il avait raison. Pourquoi se priver de tous les délices que la vie pouvait lui offrir ? D'autant plus que la grande majorité de ces délices était quasiment illimitée. Pour une simple et bonne raison. C'était mal. Mauvais. Disproportionné. Exagéré. Captant le trouble de la Déchue, Esran ne se priva pas de renchérir de plus belle. Lâchant la main de la demoiselle, il s'empara d'une tartelette.

Ayant la possibilité de récupérer sa main sans paraître d'avantage impolie, Aëla s'empressa de garder bien sagement ses mains sur ses genoux. Toute cette proximité
naturelle aux membres de son nouveau peuple lui était encore difficile à accepter. Il n'était pas dans sa nature d'être tactile. Se concentrant plutôt sur les nouvelles paroles de son interlocuteur, la Corvus fit passer successivement ses pâles prunelles de la moitié de tartelette délaissée à Esran. Ce dernier proposait une chose bien étrange. Savourer ce que l'on avait à sa portée en hommage à tous ceux qui n'avaient pas les moyens de le savourer. Intrigante mentalité. Séduisante aux yeux d'une Gourmande mais néanmoins étrange et étonnante. "Seriez-vous capable de ressentir les plaisirs et les peines que me procurent mon Péché ?" Questionna la demoiselle suite à la dernière phrase du jeune homme. Peut-être possédait-il un don d'empathie. Le petit discours du damoiseau n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. La Corvus était de nouveau intriguée par ses mots.

Tandis qu'Esran paraissait captivé par le petit Dante, Aëla faisait de son mieux pour ne pas se jeter sur la tartelette ou toute autre pâtisserie. L'effort considérable que cela requerrait nécessitait toute son attention et la grande brune ne pouvait plus alors penser à rien d'autre qu'à ces fichues gourmandises. Quelle plaie. Vivement qu'elle parvienne à contrôler son Péché. Lisa le lui en avait parlé. Arrivée à certain stade, la Corvus s'avérerait capable de contrôler son incroyable Gourmandise. Mais ce n'était vraisemblablement pas à l'ordre du jour. Cédant à ses pulsions, la Déchue tendit le bras vers la moitié de tartelette mais avec une lenteur mesurée. Ne pas se précipiter dessus. Rester calme. Elle serait toujours là dans un instant. Aëla pouvait même en avoir d'avantage ensuite. Patience.... Fière de parvenir à s'emparer de la friandise avec savoir-vivre, la demoiselle faillit en pleurer de joie. Il s'agissait là de sa première victoire sur son Péché. Si seulement on pouvait appeler ceci une victoire. Elle avait cédé. Mais avec un certain panache. Ridicule mais présent. L'Aile-Noire goba le petit gâteau avec un plaisir décuplé. Cette bouchée avait un goût bien meilleur que les précédents. Et il lui en fallait encore une fois plus. Sa pseudo victoire était bel et bien risible...

Une fois qu'elle eut engloutit la mignardise, Aëla saisit une nouvelle pâtisserie tout en rivant ses iris couleur glace sur Esran. "Il s'appelle Dante." Annonça-t-elle simplement, constatant que le minuscule Kodama intriguait toujours autant le blond au visage angélique. "C'est mon compagnon de route. Une compagnie fort agréable d'ailleurs." Aëla esquissa un petit sourire attendrit avant d'attraper le concerné et de le déposer tout doucement devant Esran. Une fois cela fait, la demoiselle se réinstalla sur sa chaise à une distance raisonnable de son interlocuteur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 22 Déc 2015, 13:24

Esran s’était montré un peu trop téméraire, et également trop distrait. Il n’avait pas bien lu l’expression de la jeune déchue, tout comme il n’avait pas suffisamment prêté attention à sa remarque. Il s’était emballé et en avait trop fait.
Néanmoins le plaisir qu’il avait ressenti à la voir céder face à la pâtisserie compensait ce léger désagrément. Elle avait lutté en vain puis avait accepté son inéluctable défaite avec une lenteur calculée. Bien malgré lui Esran avait très légèrement senti ses yeux passés au rouge sous l’effet du plaisir. Il avait toujours un peu de mal à contrôler son excitation, il restait à espérer que sa jeune invitée n’ait pas prêté attention au phénomène, sinon les explications risquaient d’être compliquées.

Et cette créature… Dante, le nom était agréable à l’oreille, mais ça n’expliquait pas grand-chose sur la nature du personnage.
Cédant à la curiosité et profitant qu’il se trouvait juste devant lui, il tendit le doigt vers Dante et l’effleura un court instant. Le petit être recula mais Esran eut le temps de capter quelques fragments d’émotions : un peu de crainte et de méfiance, assurément dirigé sur lui, ainsi que beaucoup de bonne humeur et de bonté. À moins que ce minuscule corps ne dissimule une certaine puissance, ce qu’Esran ne pouvait pas déterminer aussi facilement, il s’agissait plus vraisemblablement d’une sorte d’animal de compagnie que d’un gardien. Quelque chose comme une oasis pour cette ancienne ange à présent perdu dans un monde qui la troublait, il pourrait être intéressant de voir comment elle réagirait à la disparition de son minuscule ami. Sombrerait-elle dans le plus profond des désespoirs, se remplirait-elle de haine ou bien se vautrerait-elle dans ses vices pour oublier sa douleur ? Tristesse et paresse étaient intiment liés, presque autant que la froide haine et la brulante colère, que se passait-il lorsqu’un déchu se laissait gagner par un péché qui n’était, de base, pas le sien ? Esran n’en savait rien et il brulait d’envie de le découvrir.
Il lui restait maintenant à trouver comment il allait négocier la chose. Il aurait été enfantin d’ordonner d’une simple pensée à Kernek de clouer ce cher Dante à la table avec son couteau de chasse, mais la manœuvre aurait singulièrement manqué de subtilité et il était également possible que Marial prenne assez mal de tels débordements dans son établissement. Esran était bien décidé à se débarrasser de cet obstacle avec une certaine finesse.
Tout en semblant avoir son attention focalisé sur Dante, Esran donna mentalement à Kernek quelques consignes précises pour la suite des évènements. Sans broncher ou même ciller, l’orisha se leva paisiblement de sa chaise, s’inclina légèrement et respectueusement devant Aëla puis se dirigea vers la sortie d’un pas mesuré, sans oublier de saluer Marial au passage.

- Ne faites pas attention, souffla Esran à son invitée qui semblait surprise par le départ de Kernek, il n’est pas à l’aise avec les inconnus. Ni même avec les gens en général d‘ailleurs.

Esran poussa un léger soupir empli de fausse mélancolie et laissa son regard dériver vers la porte qu’avait emprunté l’orisha.

- Kernek veille sur moi et me protège fidèlement depuis des années, j’aimerais pouvoir le guérir de cette phobie sociale qui l’habite mais je suis incapable de faire quoi que ce soit pour l’aider. Je pense que si je n’étais pas là il serait en train de vivre seul quelque part dans une forêt oubliée, j‘éprouve du remords à le contraindre ainsi à une existence qui n’est pas celle qu’il souhaiterait.

Esran avait fait trembler sa voix sur les derniers mots, il aimait beaucoup ce petit effet de style qui avait plusieurs fois démontré son efficacité pour attendrir les cœurs sensibles. Et comme Esran distillait de la pitié et de la confiance dans chacun de ses mots c’était d’autant plus efficace.
Le jeune démon usait actuellement de toute sa concentration pour ne pas que ses traits laissent apparaître sa véritable nature : la situation l’amusait tellement !

À l’extérieur Kernek s’était rapidement mis à la recherche de ce que son maître avait demandé, espérant de toutes ses forces que sa quête soit infructueuse, dans le cas contraire il risquait de le sentir passer.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 22 Déc 2015, 15:43



Alors qu'Aëla venait de terminer d'engloutir la petite pâtisserie qui l'avait faite céder à la tentation, elle releva les yeux en direction d'Esran. La demoiselle plongea ses prunelles glacées dans celles, rouge ensanglanté, de son interlocuteur. La Corvus fronça légèrement les sourcils, intriguée. Papillonnant plusieurs fois des cils, elle regarda attentivement les yeux du jeune homme mais ces derniers possédaient leur couleur habituelle. Mince. Elle venait de dévisager son interlocuteur de manière fort peu convenable. "Veuillez m'excuser. Je crois que je suis un peu fatiguée. "Lança-t-elle sans plus tarder. Ce fut l'instant que Dante choisit pour revenir en courant en direction de sa compagne. Il ne désirait vraisemblablement pas faire connaissance avec le jeune homme blond. Cela étonna grandement la demoiselle qui était habituée à l'esprit normalement très ouvert aux nouvelles rencontres du petit être. Il n'avait pas pour habitude de revenir en courant vers sa compagne lorsqu'il pouvait rencontrer quelqu'un d'inconnu. Fronçant les sourcils de plus belle, la jeune gourmande pris le kodama au creux de ses bras avant de s'adresser à nouveau à son interlocuteur. "Habituellement il ne réagit pas de la sorte. Peut-être l'intimidez vous." Conclut-elle avec un petit sourire désolé tandis que Dante faisait fiévreusement cliqueter sa petite tête. Intriguée par le comportement décidément très étrange de son compagnon de route, Aëla tenta de l'apaiser à l'aide de paroles réconfortantes. Ces dernières eurent raison du petit kodama qui daigna finalement s'asseoir dans les bras de la Corvus, les yeux rivés sur Esran. Ce dernier dévisageait également le minuscule être. Ces deux là ne se lâchaient plus des yeux. Quelque peu perdue, Aëla s'apprêtait à les interroger lorsque Kernek se leva de table, la salua bien bas et partit en direction de la sortie. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond autour de cette table ?!

Devant le regard interrogatif de la jeune femme, Esran débita quelques informations. Hochant doucement la tête, Aëla ne quitta des yeux l'orisha que lorsqu'il fut bel et bien sortit de l'établissement. Reportant son attention sur son interlocuteur, la demoiselle écouta ses nouvelles paroles. Le jeune homme avait un air profondément mélancolique et ses paroles sonnaient plutôt dans le registre tragique. "Si vous éprouvez tant de remords, pourquoi ne le libérez vous pas de ses obligations pour qu'il puisse profiter de sa vie comme il l'entend ? De cette manière tout le monde serait plus heureux non ?" Proposa la jeune Déchue en haussant les épaules d'un air enfantin. La voix tremblante du jeune homme et son air profondément triste eurent raison de la demoiselle qui tomba à pieds joints dans le piège. Bien trop crédule et naïve, elle ne désirait plus qu'une chose, revoir un sourire heureux étirer les lèvres de son interlocuteur. Se levant soudainement de table, Aëla lança un sourire radieux à Esran. Tenant toujours Dante dans ses bras, elle prit la parole. Sa voix laissait transparaître toute sa candeur et son innocence. "Que diriez-vous de quitter cet établissement et de partir à la recherche de votre cher Kernek. Je suis certaine que cela lui ferait plaisir de vous voir. Après tout vous m'avez l'air bien attentif envers lui."

La Corvus déposa Dante dans sa capuche avant de se pencher vers les petites pâtisseries encore présentes sur la table. Ils ne pouvaient pas les laisser sur place alors qu'Esran les avaient si gracieusement offertes. Cela aurait été un véritable crime ! En bonne gourmande, Aëla en avala une avant de se diriger vers le comptoir dans l'espoir de trouver un petit sac où ils auraient pu mettre leurs biens. De son côté, Esran semblait se montrer plus qu'indécis. Sans doute ne voulait-il pas non plus abandonner sur la place la marchandise achetée mais non consommée.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 03 Jan 2016, 13:51

Intérieurement Esran était en train de jubiler : cette déchue réagissait encore mieux qu’il ne l’espérait ! Elle les prenait, lui et Kernek, en pitié et semblait désireuse de les aider à améliorer leur triste sort. Esran aurait pu l’embrasser tant sa naïveté l’amusait, elle ne faisait même pas cas du comportement du petit Dante, qui semblait avoir bien plus de réserve vis-à-vis du démon. Cette créature était beaucoup trop lucide pour être toléré.
Aëla n’avait pas attendu la réponse d’Esran pour se lever et se retrouver en proie à un dilemme vis-à-vis de ses chères pâtisseries gracieusement offertes. Quel que soit son état d’esprit ces gâteaux occuperaient toujours une place conséquente.
Esran se leva à son tour, tout en rapportant vers le comptoir le plateau qui supportait toujours une poignée de douceurs colorées. D’une main experte il glissa chacune d’elles dans un des petits sacs que Marial cédaient à ces clients pressés de fuir ce temple de la tentation. Ce même Marial qui expliquait à la déchue qu’elle pouvait revenir quand elle le souhaitait et, qu’étant une amie de messire Siriok, les trois premiers gâteaux lui seraient offerts. Puis il tendit à son démoniaque client la note pour leur dégustation qu’Esran régla en grinçant intérieurement des dents : emporté par son élan il n’avait pas pensé aux frais qu’allait engendrer sa partie. Dès qu’elle serait finie il faudrait qu’il songe à renflouer un peu son patrimoine.
Après lui avoir tendu le sac contenant son trésor Esran invita Aëla à le précéder pour sortir et une fois dehors il recommença à parler.

- J’ai voulu libérer Kernek de sa responsabilité envers moi, à de nombreuses reprises, mais son sens du devoir et la dette qu’il est persuadé de devoir à ma famille l’ont toujours poussé à refuser. Il a vu mon père mourir et je pense que je m’en suis mieux remis que lui.

Tout en narrant l’histoire tragique - et intégralement improvisée - qui avait lié Kernek et le père d’Esran, il s’était mis à avancer pour retrouver l’orisha qui ne devait pas être bien loin. Au fil de son récit qu’Esran espérait palpitant ou au moins intéressant, le jeune démon continuait de manipuler les émotions de son auditrice. Une tâche difficile, cette jeune femme étant plutôt résistante, mais néanmoins à sa portée Chacun des mots du démon étaient chargés de magie ayant pour but d’amener la jeune femme à boire ses paroles et d’attendre le dénouement de son histoire avec la plus totale impatience. Cela avait l’air de fonctionner et Esran avait beaucoup de mal à contenir le plaisir qu’il ressentait en cet instant. Un recoin de son esprit se mit à envisager que l’atmosphère de cette étrange cité qu’était Avalon devait un tant soit peu l’affecter : jamais auparavant il ne s’était senti à ce point sensible vis-à-vis de ses désirs et des pulsions.
Les liens magiques unissant Kernek à son maître informèrent soudainement celui-ci que son serviteur se rapprochait rapidement, ce qui le poussa à rapidement finir son récit. L’histoire devait avoir une conclusion avant que la partie n’entre dans une nouvelle phase.

- Mon père a utilisé ses pouvoirs pour nous renvoyer le feu qui déferlait sur nous, mais ce dernier effort l’a vidé de ses ultimes forces et il est mort en même temps que ces funestes créatures.

Esran marqua une légère pause afin de laisser le temps à la jeune femme de visualiser au mieux la scène et, éventuellement, de s’imprégner de ce qu’elle représentait. Après cette courte pose il conclu avec un questionnement philosophique.

- Peut-être se sent-il coupable ? Peut-être tient-il à m’aider comme il aidait mon père ? Peut-être est-ce une requête de mon père ? Kernek n’a jamais explicitement dit pourquoi il restait, mais si vous pensez avoir cette réponse ou même un moyen de le libérer de cette vie qu’il s’impose et qui l’étouffe, faites m’en part. Vous feriez de moi le plus heureux des hommes.

En concluant son discours Esran vrilla son regard dans celui de la jeune déchue pour tenter de capter ce qu’elle ressentait face à cette tragique histoire, et surtout pour focaliser son attention et l’empêcher de voir ce qui arrivait à pleine vitesse. À savoir Kernek et deux individus à la mine patibulaire et désireux de tester la solidité de son crâne à grand renfort de coups de gourdin.
Esran serra les dents, le choc avait toutes les chances d’être particulièrement brutal, comme ce qui arriverait après, mais une chute et un petit peu de violence étaient un bien maigre prix à payer si, comme cela était prévu, le petit Dante se retrouvait propulsé par la collision ou écraser par la lutte
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 17 Jan 2016, 13:51



Aëla écouta avec attention les paroles du gérant de la boutique. Celui-ci lui semblait sympathique, de plus, il ne tentait pas d'arnaquer la demoiselle comme le vendeur de tartes qu'elle avait rencontré un peu plus tôt dans la journée. Adressant un léger sourire à son interlocuteur ainsi que des remerciements, la Déchue se dirigea vers la sortie. La jeune femme passa devant Esran avant de s'arrêter sur le bord de la rue, écoutant ses propos à propos de son compagnon Kernek. Ce dernier avait d'ailleurs disparu, et la demoiselle aux ailes noires eut beau le chercher du regard, elle ne le trouva nul part. "C'est une bien étrange personne que vous décrivez là." Annonça Aëla d'une petite voix. Kernek lui semblait décidément de plus en plus étrange. Enfin... L'orisha faisait ce qu'il lui plaisait comme il lui plaisait. Elle n'avait pas de jugement à porter là-dessus. Les deux jeunes gens commencèrent à marcher tranquillement tandis qu'Esran continuait à narrer son histoire. Triste histoire par ailleurs. Etirant ses bras ainsi que ses imposantes ailes, Aëla esquissa un sourire amical. "Au moins il reste en votre compagnie. Il n'est pas tout seul. C'est déjà une bonne chose." La demoiselle rétracta ses ailes et laissa retomber ses bras le long de son corps en entendant la fin du récit de son interlocuteur. "Je suis navrée pour votre perte." Il y avait énormément de mort ces temps-ci... Kernek se sentait peut-être coupable ? Il n'y avait pourtant aucune raison pour cela d'après le récit d'Esran. Aëla savait ce que cela faisait d'être la réelle cause du décès de quelqu'un et il était clair que Kernek n'avait rien à se reprocher sur ce point. "Oh il faudrait lui parler mais il faudrait qu'il accepte de se confier à vous. Pour ce qui est de mon aide je ne suis pas certaine d'en être encore capable. Quand j'étais une ange sans doute mais ... Je ne sais pas, ce n'est certainement pas une bonne idée. Annonça la demoiselle avec une moue désolée tandis que Dante s'agitait à l'intérieur de son capuchon.

Qu'est-ce qui inquiétait tant le petit kodama ? Aëla entendait distinctement la tête du petit être cliqueter avec fureur. Quittant des yeux les prunelles de son interlocuteur, la Déchue tourna la tête pour s'adresser à Dante mais elle reçut un violent coup et s'effondra sur le sol, déboussolée. Sa tête la faisait souffrir comme jamais et elle avait un goût métallique dans la bouche.. "Esran ?! Esran, tout va bien ?"Demanda la demoiselle qui avait perdu le jeune homme blond du regard. Les yeux extrêmement pâles de la jeune femme tombèrent alors si le minuscule corps de Dante, à quelques mètres d'elle, et qui était à deux doigts de se faire écraser par l'un des attaquants. "Dante !" Etant en pleine possession de ses pouvoirs, Aëla créa aussitôt un bouclier autour de son compagnon. Le bouclier étant de petite taille, il fut bien plus résistant et protégea le petit être. L'Ailes-Noires se précipita vers son compagnon, l'attrapa et le remit dans sa capuche avec empressement. "Tu es prié de t'accrocher mon petit Dante, tu m'as fais peur !" Lui reprocha-t-elle avec un petit sourire attendrit. S'étant momentanément éloignée des combats, Aëla ne vit pas l'inconnu qui arrivait rapidement vers elle, un gourdin en main et un air menaçant sur le visage. Quelle plaie... La demoiselle leva les yeux vers son adversaire et son regard se fit glacial. Il s'agissait du rustre qui avait faillit écraser le compagnon de la Déchue. La Corvus toisa l'inconnu d'un air furieux avant d'utiliser les Artifices de Lucifer. Il s'agissait de sa capacité préférée due à son nouveau rang de Déchue. Poussant l'ouïe de l'homme au maximum, elle le regarda se tordre de douleur sur le sol avant de sombrer dans l'inconscience. La demoiselle cessa son attaque et se retourna pour localiser Esran, qui l'espérait-elle, allait bien.


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 31 Jan 2016, 14:48

Comme Esran s’y était attendu, le choc fut rude : trois individus dans la force de l’âge percutant deux frêles jeunes gens cela ne pouvait pas se faire doucement. Esran fut violemment propulsé à terre et atterrit lourdement sur les pavés en retenant avec un peine un léger cri de douleur.
À deux contre un Kernek avait peu de chance de s’en sortir indemne, malgré ses qualités ce n’était pas un grand combattant, mieux valait intervenir tout de suite. Sans se soucier de son invitée Esran se releva tout en renforçant son corps en usant de ses pouvoirs démoniaques, dans cet état il aurait pu briser un mur de briques, quelques os ne poseraient aucun problème.
Un de ces tristes individus était en face à Kernek prêt à lui asséner un violent coup de gourdin, Esran lui saisit le bras et lui broya dans l’instant, le faisant hurler de douleur. Etrangement emporté par l’excitation que lui procurait ce semblant de lutte Esran décida de s’acharner un peu sur son adversaire : il le força à se retourner pour lui faire face et lui plaqua une main sur le crâne tout en le fixant droit dans les yeux.

- As-tu peur ? As-tu mal ? Ce n’est encore rien.


Sans lui laisser le temps d’assimiler le sens de ses paroles Esran déchaîna ses pouvoirs autant qu’il en était capable : il amplifia la peur et la douleur de cet homme à la résistance si dérisoire. Il l’entraîna dans un vortex de terreur et de souffrance sans cesse plus puissant.
Un déchirant cri empli de désespoir finit par retentir dans l’allée et la victime d’Esran s’écroula, les yeux exorbités, les cheveux blanchis et de la bave s’écoulant de sa bouche.

Esran poussa un long soupir de contentement en contemplant la larve qui était à ses pieds. Pendant une seconde il se demanda s’il était possible qu’il se remette un jour du traumatisme qu’il venait de lui infliger. Sans doute pas, il venait de goûter à une terreur quasi-mortelle, mais après tout il devait assurément exister, quelque part en ce monde, un individu capable d’effacer cette expérience de sa mémoire. Même s’il y avait peu de chance qu’une telle personne se présente à Avalon pour aider un anonyme cataleptique.
Un grognement de Kernek tira Esran de ses réflexions sur le futur de sa victime et il reporta son attention sur son serviteur, visiblement gêné.

- Ah, Kernek, j’avais oublié à quel point il pouvait être plaisant d’agir directement, sans faire preuve de ma finesse habituelle. Une fois de temps en temps, il est bon de se relâcher, ça m’a fait un bien fou !

Kernek émit nouveau grognement plus léger que le précédent, l’embarras toujours présent sur son visage. Devant l’air intrigué de son maître, d’un léger signe de tête, l’orisha indiqua à Esran de se retourner. S’exécutant sur le champ le jeune démon put voir Aëla le fixer intensément, sans bouger un cil. Esran n’avait pas besoin d’un miroir pour savoir que ses traits et ses yeux laissaient à présent transparaître sa véritable nature, il s’était laissé emporter par la situation et l’atmosphère de la ville, elle venait de le voir psychologiquement tuer quelqu’un et en plus sa petite créature domestique était toujours avec elle.
La partie venait d’être magistralement et stupidement gâchée et il ne pouvait le reprocher à nul autre qu’à lui-même. Kernek avait fait exactement ce qu’il lui avait ordonné et les deux gredins avaient joué leur rôle aussi fugitivement qu’il le fallait.

Deux ? L’attention d’Esran se porta sur le second individu qui était prostré au sol et qui ne semblait pas en bien meilleur état que son compagnon. Ainsi la jeune déchue se défendait également avec une brutalité sournoise. Comment allait-elle se comporter maintenant que le masque de son « nouvel ami » était tombé ? La partie n’était plus d’actualité mais il y avait peut-être autre chose à présent.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 03 Mar 2016, 18:45



Aëla resta plantée au beau milieu de la route, Dante blottit dans ses bras. La jeune femme attendit avec appréhension qu'Esran se retourne vers elle. Ce qu'elle venait de voir lui montrait que le jeune homme au visage d'ange était bien loin d'être aussi gentillet qu'il l'avait laissé sous-entendre. La brute épaisse, allongée sur le sol et geignant comme un enfant, n'avait plus rien de menaçant. Qu'Est-ce qu'Esran lui avait-il donc fait de si horrible ? L'ailes-noires sentit un frisson glacé parcourir son dos lorsque le démon se retourna enfin vers elle, les yeux totalement rouge et les traits de son visage déformé par le sadisme. Le blond venait presque de commettre un meurtre devant ses yeux. Il n'avait plus rien du jeune homme aimable et incroyablement gentil avec qui elle venait de prendre un goûter. "Qui êtes vous ... Réellement ?" Aëla esquissa un léger mouvement de recul, inquiète. Elle se rendit petit à petit compte de sa bêtise et de sa naïveté. Imbécile fut le seul mot, poli, qui s'imposa à son esprit. Elle avait réellement été stupide. Se sermonnant mentalement, la Corvus riva ses prunelles couleur glace sur Esran, laissant à Dante le soin de surveiller Kernek. Au final, le blondinet ne lui avait certainement pas offert toute cette nourriture par pure gentillesse. Au vu de l'expression qui déformait actuellement ses traits, il devait attendre autre chose. "Que voulez-vous de moi ? Demanda-t-elle prudemment, sur la défensive.
Aëla déploya ses larges ailes, prête à parer à toute éventualité. Elle préférait ne pas se battre et prendre de la hauteur pour mieux jauger la situation. Ses deux nouveaux adversaires savaient vraisemblablement se battre et la demoiselle ne connaissait rien des techniques de combats des deux jeunes hommes. Quelle plaie. La Corvus grimaça, elle se sentait tellement stupide... L'aile-noire décida d'attendre les réponses d'Esran avant de décoller. Peut-être n'était-il pas si démoniaque après tout ? Peut-être avait-il traité ainsi l'homme par pure nécessité. Aëla recommença à se sermonner avant de pousser un petit soupir agacé. Avec tout ce qu'elle venait de voir, la demoiselle ne pouvait pas s'empêcher de se raccrocher à la bonté qui pouvait tout de même exister en Esran et Kernek. Son passif d'ange aux ailes blanches sans nul doute...

Attendant les réponses d'Esran qui l'observait avec attention, Aëla s'agenouilla rapidement à côté de l'homme qu'elle avait mit à terre. La grande brune posa une main sur sn cou et esquissa un tout petit sourire en remarquant que le pillard vivait toujours. Il s'en sortirait simplement avec un énorme mal de crâne, rien de bien grave en soi. Rassurée, la jeune femme se releva et se remit à examiner Esran et son complice. De toute manière, si ils décidaient de l'attaquer, elle pourrait toujours appeler à l'aide. Les rues étaient bondées. Il suffisait juste à la jeune femme de sortir de cette petite ruelle auxiliaire et tout irait bien.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 02 Avr 2016, 18:06

Deux petites questions, simples mais qui en disait beaucoup. Elle avait compris les mensonges mais pas ce qui se cachait derrière. Comment une enfant choyée, élevée dans un monde d’une éclatante blancheur aurait-elle pu réfléchir suffisamment loin pour saisir la mentalité du jeune démon ? Mais  le plus drôle était qu’Esran sentait qu’elle attendait une réponse honnête à ses questions. Elle avait compris qu’elle s’adressait à un menteur et elle lui demandait tout de même la vérité. Quelle rafraichissante et pathétique naïveté !
Si elle voulait de la sincérité elle allait devoir la mériter. Esran prit un instant pour laisser son visage redevenir ce qu’il avait été avant ce violent interlude, sans quitter Aëla du regard afin qu’elle puisse distinctement observer le phénomène, puis il se lança.

- Il y a quelqu’un, dont je ne peux révéler le nom et qui tient à vous, qui m’a chargé de veiller sur vous. C’est la seule raison de ma présence dans cette ville et c’est pourquoi je vous ai approchée.

Esran se délecta un court instant de l’expression qu’afficha la jeune déchue en entendant ces mots, la tension laissant totalement place à la surprise alors qu’elle essayait de les assimiler et d’en comprendre le sens.
Puis il repartit à la charge.

- Désolé c’était un mensonge. En fait c’est tout le contraire : quelqu’un qui semble vous en vouloir m’a payé de vous amener jusqu’à lui. En vie, a-t-il spécifié, mais en insistant sur le fait qu’il se moquait des détails techniques relatifs à votre santé.

Ce fut la peur qui prit cette fois place sur le visage d’Aëla, juste après une légère perplexité. Mais c’était loin d’être fini.

- Navré mais c’était un autre mensonge. La vérité est beaucoup plus simple : il y a des années j’ai croqué une être similaire à Dante et j’espérais réussir à vous le prendre afin de gouter à nouveau une telle créature.

Cette fois-ci il ne lui laissa même pas le temps de commencer à comprendre et il enchaîna.

- Je mens à nouveau. En vérité lorsque je vous ai aperçue j’ai senti mon cœur, que je pensais aussi sec et dur qu’une pierre, se mettre à battre, je suis tombé amoureux de vous au premier regard.

Esran était lancé dans un flots d’histoires, parfois crédibles, parfois ridicules, mais toujours racontées avec assurance et conviction. Il mettait ses tripes dans son jeu d’acteur lorsqu’il expliquait ses intentions et les réfutait de plus en plus violemment mais avec un sourire sans cesse plus large. Au beau milieu de sa diatribe il laissa néanmoins passer son véritable motif : le simple jeu, qu’il démentit aussi virulemment que toutes les balivernes précédentes.

Alors qu’il commençait à quelque peu manquer d’inspiration, il conclu son virulent discours par une triple répétition du mot « mensonges ». Chacun étant lancé comme un coup de poing en plein visage et associé d’un pas vers Aëla qui en semblait plus savoir comment réagir.

- Tants de paroles que je pourrais répéter sous serment, tant de mensonges… Mais peut-être dissimulent-ils la vérité, qui sait ?

Esran continuait à s’approcher à chacun de ses mots, sans même utiliser ses pouvoirs. Il se maintint néanmoins à une distance raisonnable afin que sa victime ne se sente pas physiquement en danger, son attaque mentale ne serait plus aussi drôle si elle se mettait à présent à avoir peur pour sa vie.

- Tu es certainement bien plus ancienne que je ne le suis Aëla et pourtant tu es d’une telle naïveté… J’en viens à hésiter entre te gifler et t’embrasser.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 04 Avr 2016, 21:06



Aëla vit dans le regard du jeune homme que quelque chose ne tournait pas rond. Les questions qu'elle venait de lui poser semblaient l'amuser au plus haut point. Qu'avait-elle bien pu dire comme ânerie ? Alors qu'elle commençait à se poser tout un tas de questions fort peu rassurantes, la demoiselle regarda plus attentivement son interlocuteur. Un changement s'opérait sur le visage d'Esran, ses traits angéliques se déformaient, devenaient violents, bruts, et toute cette violence et cette haine le rendaient laid aux yeux de la jeune Déchue. Il était effrayant. Ce sentiment concernait toutefois autre chose que la nouvelle apparence du Démon. Cela allait beaucoup plus loin que le simple physique. Cela devenait mental. Sans réellement savoir comment ni pourquoi, Aëla s'inquiétait de plus en plus, avait de plus en plus peur et éprouvait de plus en plus de stress. La voix d'Esran s'éleva alors que la Corvus repliait silencieusement et lentement ses larges ailes couleur corbeau. Une voix plus grave, plus profonde et plus inquiétante qu'auparavant. Les premières paroles du jeune homme firent hausser un sourcil à la demoiselle qui esquissa un sourire triste et amer. Cela ne pouvait être vrai. La grande brune avait tué toutes les personnes qui pouvaient vouloir envoyer quelqu'un la protéger, à l'exception de son frère jumeau mais elle le connaissait parfaitement et jamais il n'aurait fait une chose pareille. A peine eut-elle le temps de recoller toutes les pièces du puzzle qu'Esran attaquait à nouveau. Cette fois-ci, les propos du jeune homme étaient bien  plus réalistes... Le second frère d'Aëla, autrefois Ange et désormais Déchu de Colère désirait se débarrasser d'elle du plus profond de son cœur. Esran était-il un allié de son frère aîné ? C'était tout aussi probable qu'improbable. Un mélange douloureux de tristesse et de crainte se peignit sur le visage de la demoiselle alors que le démon repartait dans une autre courte tirade mensongère. Il reconnaissait ses mensonges et ne cachait pas sa malhonnêteté. Ce comportement mit aussitôt la Déchue mal à l'aise. Elle n'avait jamais eu affaire à ce genre de personnages auparavant et ne savait pas quel comportement adopter en retour. Le jeune blond enchaînait mensonge sur mensonge, perdant la demoiselle qui ne pouvait plus discerner le vrai du faux. Avait-il seulement dit une seul fois la vérité ? A propos de n'importe quel sujet ?

Le Démon la menaçait, indirectement, elle et son petit compagnon Dante. Il avait ce regard si étrange qui poussait Aëla à croire toutes ses paroles et en même temps à les redouter. Il était à la fois totalement faux et incroyablement vrai. Toutes ses paroles étaient mensonges mais toute cette attitude seyait à la perfection à Esran. L'Aile-Noire en oublia complètement Kernek, obnubilée par le Démon aux prunelles ensanglantées. La demoiselle ne réagit pas lorsqu'Esran fit quelques pas dans sa direction, trop occupée à écouter son discours. Comment pouvait-on vouloir être ainsi ? La Déchue voulait comprendre. Pourquoi avait-il besoin de tant de mensonges ? Peut-être qu'il aimait simplement mentir et voir ce que cela provoquait chez les autres ? Ou alors peut-être qu'il mentait pour se protéger ? Ou alors par mimétisme ? La jeune Déchue ne parvenait pas à comprendre. Les deux interlocuteurs possédaient des personnalités bien trop différentes pour qu'elle parvienne à le comprendre. La demoiselle aux iris couleur glace ne vivait que pour aider les autres alors que le blond aux iris rouges ne vivait que pour profiter d'autrui. On ne pouvait faire plus éloigné. Alors qu'elle réfléchissait toujours, la jeune femme fut tirée de ses pensées par une réflexion d'Esran. Réflexion qui la fit doucement sourire. En 200 ans d'existence, la demoiselle n'apprenait à vivre réellement que depuis une semaine. Il était donc plus que certain que des deux personnes, Aëla était la plus naïve. Esran hésitait donc et ne savait si il devait la gifler ou l'embrasser ? [color=#0099ff]"Tu éprouves de bien curieux dilemmes."/color] Fit-elle remarquer tout en passant elle aussi au tutoiement. La jeune femme fit quelques pas en arrière, se sentant tout de même plus à l'aise de cette manière. La demoiselle aurait voulu poser tout un tas de questions au jeune homme mais elle savait désormais qu'elle n'obtiendrait pas la moindre réponse honnête. Rivant ses innocentes et pâles prunelles dans celles, bien plus cruelles, d'Esran, la Corvus examina attentivement son interlocuteur. Jamais auparavant elle n'avait eu la chance, ou le malheur -tout dépendait du point de vue-, de rencontrer une personne aussi mauvaise. "Tu es intriguant.... Et effrayant." Annonça la demoiselle sans quitter son interlocuteur des yeux. A la vérité il n'était pas simplement effrayant, Aëla était presque terrorisée. Elle sentait son cœur battre plus vite sous l'effet de la peur et elle sentait également des frissons glacés parcourir son dos. Un étrange mélange de sensations. "J'en viens à hésiter entre te fuir le plus rapidement possible et t'écouter raconter tes mensonges." Conclut la grande brune tout en esquissant une grimace. Elle n'aimait pas être ainsi attirée par une telle curiosité. Si sa défunte mère l'avait aperçue, la jeune Déchue aurait entendu un extrêmement long sermon. Cette pensée attrista aussitôt Aëla. Elle aurait cent fois préféré se faire sermonner plutôt que de se savoir une meurtrière. Une meurtrière. A l'image d'Esran.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

A la découverte d'un monde nouveau [Esran]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

 Sujets similaires

-
» A la découverte du monde [Feat Djinshee]
» [Q] - Vers un monde nouveau | Alþjófr
» [CDN 2015] Magie - Un nouveau monde / L'Edelweiss
» | Ses yeux rouges s'ouvriront de nouveau sur le monde [Johannes]
» Chaud devant PV Esran.
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Côtes de Maübee :: Avalon-