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 Dieu, c'est la solitude des hommes [w Kotsuke]

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Jeu 10 Avr 2014 - 22:37

Viktorya était la représentation fidèle d'un jeune bourgeon de la plus belle des roses n'ayant connu ni peines ni souffrances insurmontables, ni ces cauchemars qui vous hantent jour et nuit, ni ces mœurs qui vous rongent de l'intérieur. Elle était en somme ce même petit bout de fleur venant d'éclore, une pousse fragile qu'on sent devoir protéger des vents féroces et des assaillants voulant ternir sa beauté épurée, son sourire le premier. Cela pouvait dans certains cas être une défense à toute épreuves comme dans d'autres le mal absolu et personnifié, raison de tous ses troubles et tracas. Sa frimousse pâle se penchait par dessus l'homme, ses mèches rebelles touchant de leurs extrémités son dos à l'en chatouiller. Cessant tout mouvement le temps de les attacher en chignon avec une ficelle qui traînait dans sa manche – désormais inutile pour garder fermé le décolleté qui de son kimono surgissait – elle reprit sa besogne, appliquant la pommade avec grand soin. Après toutes ces belles paroles, tout ce qu'elle avait osé lui suggérer, elle n'attendait pas de réponse toute faite, en bonne et due forme. Elle avouait même s'attendre à une certaine agressivité de sa part, un certain courroux qu'elle aurait provoqué presque en toute connaissance de cause avec cette maudite curiosité qui l'empêchait de se garder à l'écart, rester en retrait concernant les affaires du sorcier qui en aucun cas ne la concernaient. Bien qu'elle eut feint l'ignorance pendant son petit discours, elle devait bien avouer qu'elle comprenait son chagrin et sa confusion quand on le frottait à de tels principes antagoniques aux siens. Lui qui devait avoir tant souffert de la réclusion et des maltraitances, se retrouvait ici en compagnie d'une femme qui s'y livrait volontairement, une jeune fille en la fleur de l'âge qui, selon les règles de sa propre engeance, se donnait à un maître jusqu'à en oublier sa propre personne. Il lui était impossible de connaître son concept de la liberté tout comme il était impossible pour son maître de comprendre le sien, ayant vécu dans un village main dans la main avec cette mentalité seule et jamais elle n'en divergeait. Cependant, serait-il si étrange pour elle, bel oiseau captif et rose du printemps, de désirer un tant soit peu de liberté individuelle hors de ce jardin entourée de murailles de fer qu'on y avait bâties exprès ? Au fond ne valait-il pas mieux de garder foi en quelque chose d'utopique plutôt que d'errer sans but et nulle motivation ?  Cela ne relevait plus de la possibilité. C'était tout simplement inconcevable, risquant de perdre avec une telle escapade non seulement son foyer, mais aussi l'amour d'un maître, l'assistance de mère nature et sa personnalité toute entière par la même occasion. Une consolation pour le cœur, un soulagement pour les sens mais une fois arrivé à bout, une fois cette dernière croyance consommée, on sombre à nouveau dans les ténèbres.

Elle prêtait pendant ce temps une oreille attentive à son discours, le laissant s'exprimer comme bon lui semblait, mettre par écrit ces mots qu'il prononçait à l'orale avec tant de difficulté. Des cicatrices qu'il porterait à jamais, un cœur qui jamais plus s'en remettrait. Des moments passés à obéir au doigt et à l’œil aux commandes d'un étranger, à satisfaire sa soif et sa faim tandis que la sienne battait le plein. À souffrir des plaies infligées, intérieures ou extérieures, à prendre sur lui, sur son corps un énervement qu'il n'avait pas provoqué. Une vie à être appelé d'esclave, une vie à se voir dénigré sans raison. Des mots blessants et une vengeance à accomplir pour se sentir enfin renaître de ses cendres, se sentir vivant. Une vie de laquelle s'en remettre, un caractère à forger, une liberté nouvelle à explorer. Une liberté à laquelle on tient, une qu'on veut à toujours préserver et qu'on vient par conséquence à faire prédominer sur tout le reste. Une liberté qui peut blesser mais qu'on serait heureux de tout sacrifier pour la conserver.

Des mémoires d'esclave, de tout être qui jamais ressentit ces peines indescriptibles, incompréhensibles pour ceux ne les ayant pas vécu et affronté. Drapant son dos entièrement de bandages, adéquats à la taille considérable de la blessure, elle le laissa ainsi se reposer, quittant son côté maintenant qu'il avait pu au moins se défouler, rejeter tout ce qui avait besoin d'être libéré. Elle alla à son tour se coucher dans un lit adjacent, fermant rapidement les yeux assommée par l'exténuation de la journée. Elle fut la première le lendemain à quitter les lieux, croisant au passage les deux jeunes compagnes de Kotsuke attendant son réveil et les priant de bien veiller sur lui. Elle avait d'autres priorités à l'instant, des besoins qui ne pouvaient plus attendre ni plus durer.

Sur la route de sa demeure, elle ressassait inlassablement les mêmes paroles dans un rythme régulier et continu presque solennel comme une prière récitée par une mère pour le salut de son fils envoyé à la guerre, n'ayant qu'une seule envie, celle de le voir revenir en vie. Elle devait le revoir elle aussi. Peut-être le dérangerait-elle, peut-être n’apprécierait-il pas sa présence et elle son indifférence, mais plus que n'importe quel bijou, parure ou sommeil réparateur, sa présence seule suffirait, saurait être plus efficace à sa consolation. À bas ces questionnements incessants, à bas ce genre de préoccupations démesurées, l'envie de le revoir après de telles épreuves étant devenue irrépressible. Pressant le pas plus qu'elle ne le devrait, dans un état pitoyable, lamentable, elle ne s'arrêta que pour quérir quelques vêtements de rechange, nuls adaptés à ses goûts, pour pouvoir retourner sans encombrements au palais et y affronter le prince du désert.
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