De toute évidence, le petit être à la chevelure bleutée avait un don inné pour se mêler d'affaires ne le regardant aucunement mais qu'il ne pouvait s'empêcher d'aborder, aucune intention néfaste notable dans son comportement. Il cherchait à faire connaissance, à appliquer des procédés dont il ne s'était pas servi depuis bien trop longtemps, à savoir ces maintes politesses qui rendent une conversation dans ce genre de soirées plus distinguée et le savoir-être exigé. Niveau apparence, le vampire ne différait en rien des autres nombreux candidats au stade de partenaire de la jeune femme qui semblait, je ne saurais me tromper, des plus difficiles à combler. Cependant, une vue plus rapprochée et minutieuse de la chose révélait bien des résultats inattendus, dont une certaine naïveté et notamment une extrême maladresse ayant déjà progressé au stade de maladie incurable dans son métabolisme.

« De même ! » lâcha-t-il ambitieusement entre deux autres répliques avant de reprendre avec la suite du dialogue qui semblait avoir pris une tournure assez particulière et pour le moins étrange, un quiproquo à son intention qu'il se devait de corriger. « Loin de moi l'idée que ces paroles impliquent quoi que ce soit, je vous rassure ! Je cherchais simplement à savoir si une dame telle que vous, d'une élégance que beaucoup jalousent vous en avez tout l'air, n'avait d'autre partenaire pour la soirée ne voulant pas vous déranger plus que nécessaire si tel était le cas ! J'ai toutes les raisons de croire que vous ne faites cela que pour vous amuser quelque peu à mes dépends mais je tiens au moins à tirer cela au clair. » dit-il en haussant légèrement la voix au début mais pour finalement lâcher un sourire tendre et amusé pour découler sur ses prochains propos.

« En toute honnêteté, j'aurais aimé pouvoir prendre cette réplique dans toute sa splendeur en une agréable plaisanterie mais je crains qu'il me soit impossible hélas. Avoir mon compagnon sur le dos, ce n'est guère un problème tant que celui-ci ne dépasse pas les bornes, faute de quoi mes journées s’avéreraient beaucoup plus paisibles mais tout à fait mornes. D'ailleurs, cela m'étonne qu'il ne soit pas de la soirée lui aussi ... Je compte seulement espérer ne pas le voir arriver à l'improviste, ce qui serait bien fâcheux comme situation je dois avouer ... » ajouta-t-il suite à un souffle de désarroi lâché en tout exaspération ne serais-ce que d'imaginer la scène, voyant le fauve noir pénétrer dans la salle confondu avec une quelconque bête sauvage qu'on devrait abattre, spectacle guère plaisant à observer.

Entendant alors quelques minutes plus tard l'accord incontestable de la jeune femme, ayant des doutes des plus prononcés concernant ses aptitudes mais ne pouvant que prier pour faire en sorte que tout se déroule selon les meilleures conditions, il encra sa main dans la paume de la dame pour l'attirer vers la piste une fois son verre déposé et la liqueur ingurgitée.

Le vampire, réduit en chair mais faisant fort heureusement au moins la taille de sa partenaire, sans quoi il se serait bien dans l'embarras, se mit adroitement à sa hauteur. Venant loger sa main sur la partie supérieure des hanches de la jeune femme, que la robe couleur onyx à motifs de dentelle couvrait merveilleusement et qu'elle semblait exhiber avec vanité, il laissa le courant musical le guider, aussi bien l'un que l'autre, laissant son corps gracile et souple se plier aux sons accentués pendant que ses yeux se penchaient de plus près sur les invités de la soirée. Heavenly trônait de son côté avec élégance parmi les couples de danseurs dans sa toilette éclatante à laquelle elle avait porté quelques légers changements, ce qui n'avait fait qu'accentuer ses jambes fines de porcelaine et toute la sensualité de la tenue en dentelle noir d'ébène.

Au lieu de détailler le portrait céleste de la jeune femme exposé fièrement devant lui, Luka semblait plus concerné par l'audience fortement amusée, appuyant intensivement du regard sur les identités des convives. N'ayant certes pas les moyens de voir à travers leurs masques chose que normalement il n'aurait eu aucun mal à faire, le jeune homme essaya plutôt de desceller en eux, dans leur anatomie, dans l'atmosphère les entourant, la voix, la cadence, la carrure, tout élément lui semblant familier. L'appel se faisait de plus en plus audible, franchissant son cœur sans crier gare, ce sentiment dominant et envahissant le déchirait de part et d'autre, Luka ne cherchant qu'à le faire taire, lui et ses messes basses qui n'avaient pour mérite que de provoquer son courroux. Cependant, ce même cœur, dont les battements fictifs ne sauraient être plus violents et déchaînés, avait inconsciemment remarqué qui se cachait parmi tant de masques, tant d'invités, tant d'hommes et de femmes par la brume des nuages enveloppés, un seul homme se cachant parmi eux comme un trésor enseveli.

Faisant claquer ses talons sur les dalles marbrées, elle finit par sentir sur son propre pied autre chose que les frottements de ses chaussures, quelque chose de bien plus lourd et moins commode, aussi bien pour la belle vampire que pour le petit androgyne. Un embarras aigu prit soudain possession de lui et du corps malhabile qu'il semblait manipuler avec une énorme difficulté, ayant été pris au dépourvu par une vision étrange dans la distance dont il ne saurait certifier la véracité. Il savait avoir surestimé ses talents de danseur, qui était pour le moins piètres c'était bien le cas de le dire et qui avaient non seulement agrémenter ce sentiment croissant de honte extrême mais aussi l'agacement de la jeune femme à son égard. Il ne la connaissait certes aucunement mais son petit doigt semblait lui indiquer qu'elle était le genre de personnage à se dissimuler derrière un masque pour assouvir ses besoins et atteindre ses objectifs, peut-être allait-il trop loin mais c'était une hypothèse à ne pas exclure en tout cas.

Avec un léger mouvement de recul, il établit bien rapidement un semblant de distance de sécurité entre les deux entités, n'ayant pas prévu un tel retournement de situation et s'en voulant donc énormément pour son geste irréfléchi, étrangement soulagé de ne pas voir un scénario encore plus fâcheux se produire tel que la faire tomber ou mal la diriger. Les excuses ne sauraient être suffisantes pour réparer sa bêtise suite à cette petite plainte presque silencieuse de la part de Heavenly et le flot de paroles hébétées voire même déchirées par l'être confus, et ne sauraient arrêter leur cours jusqu'aux oreilles de la jeune femme. « Je vous prie de pardonner mon indélicatesse ! Je ne pensais pas qu'une telle chose se produirait ! Ce n'était point mon intention ! Vous-ai-je blessé ? Que suis-je confus ! Encore une fois, pardon ! » dit-il le dos arqué. « J'ai bien peur que vous ne soyez plus aptes à me guider plutôt que le cas contraire ... Je fais seulement office d'accompagnateur ou de partenaire bien pitoyable ... » ajouta-t-il rapidement dans la foulée.

Spoiler:

Lorsque me détacher d'elle fut autant une évidence qu'une obligation , j'eus un soupir , laissant ma main dans ses cheveux , craignant sa réaction plus que n'importe quoi . Pourtant ... Je l'avais senti répondre à ce baiser , y contribuer , non pas absence de défense seulement mais un petit jeu de langue intime ... Je secouais la tête , tandis qu'elle lâcha quelques mots :

« Je prend ça pour un oui ? Dans ce cas... Avant que l'on ne soit trop lié... Y'a t-il une dernière requête de ta part ? Qui sait ce qui pourrait te gêner mon cher... De limites... A ne pas franchir ? »

Un sourire autant qu'un soupir rassuré franchirent mes lèvres tandis que je clignais doucement des paupières . Glissant ma main entre ses mèches pour la remettre sur sa joue . L'effleurer de l'articulation de mon index . Tandis que sa peau rougissait tendrement .

« J'aimerais savoir... Ce que tu me trouve. Je suis pas un canon de beautés... »

Je pris un air impénétrable , dépliant ma main entière sur sa joue pour la caresser plus amplement , levant les yeux vers le ciel l'air penseur et nostalgique un moment avant de pencher mon visage vers le sien . Bien que ça s'apparentait à un nouveau baiser , ce ne fut qu'une caresse de mon souffle sur sa bouche , son nez ,  son front .

« Il serait difficile d'expliquer un tel sentiment ... Je n'arrive pas à poser de mots sur l'euphorie qui naît en ce moment-même avec toi Ember . Et grâce à toi sans aucun doute . »

Puis tandis que je la voyais bouger ses mains dans je ne sais que l'intérêt , je compris ce qu’elle voulait me montrer .

« J'ai peur, je ressent des choses que je n'ai pas l'habitude de ressentir... Je ne sais pas si tout ça me détournera de la folie qui prend de plus en plus le pas. J'ai l'impression d'avoir du cyanure qui coule dans mes veines... Crains tu ce que je pourrais te faire ? »

Mon regard se voila de tristesse passagère , quelques secondes avant de relever le regard vers elle , de vouloir articuler quelque chose mais de ne pas y parvenir . L'entraînant quelques mètres plus loin , trouvant un coin d'herbe dans la fraîcheur du soir , la nuit pourtant déjà tombée . Je la fis s'asseoir et me mis derrière elle , les jambes l'entourant , appuyant son dos à mon torse , saisissant ses mains pour repousser ses manches sur ses poignets et garder ses frêles mains entre mes doigts . Mon menton se posant sur son épaule . Les yeux glissant vers l'immensité du ciel noir pigmentée d'étoiles .

« Chaque chose en son temps ... J'ai déjà vu tes démonstrations , je dois être en mesure de me défendre tout comme tu pourras retenir l'enfant gâté et capricieux que je suis . Mais oublions ça , je veux rester un peu au calme avant que ces choses n'arrivent . Pas toi ? »

Résumé:

Tiens, une question ennuyante, avait-elle vu Leaic ? Bien sûr qu'elle l'avait vu puisqu'elle lui avait demandé de ne pas vendre la mèche sur son petit tour de passe-passe magique. Et au vue du caractère bon enfant et gentillet de la chose, le chien n'avait pas cherché d'ennuie à la fillette. Certains mensonges ne valaient pas la peine d'être révélé.... Et puis c'était la première fois de sa vie que Saphir voyait un chien faire un clin d’œil ! Mais bon, après avoir Chess comme gardien félin, ce n'était pas ça qui allait la choquer.... Pour l'heure, elle profitait de son papa ! Peut-être tout autant que lui profitait de ces retrouvailles inespérées. Saphir n'en était pas au point d'avoir un sanglot, mais son émotion était tout aussi forte. Déjà parce que son jeune âge lui permettait de vivre ses expériences et ses émotions de manière intenses et décuplées. Et aussi parce qu'elle exprimer sa joie par la manière la plus simple, rires et grands sourires !

Elle avait acquiescé aux propos de son père, Yulenka souriant doucement depuis sa psyché alors qu'elle entendait son papa expliquer à Saphir qu'elle était très occupée et qu'elle faisait de son mieux. C'est vrai qu'elle était souvent débordée. Mais elle ne pouvait pas contre-dire Saphir quant au fait qu'elle ne sortait pas souvent. Et puis de voir son père si heureux à cet instant, non vraiment elle veillerait à répéter ce genre de retrouvailles plus souvent. Cela semblait faire un bien fou à son père. Et même si elle eut un pincement au cœur de constater qu'elle ne provoquait plus cet état de bonheur parfait chez son père, elle se consolait en se disant qu'elle avait tout de même encore un moyen de le rendre heureux. Saphir pouvait soulager son père de ses tourments elle.... Peut-être qu'un jour elle y parviendrait de nouveau ?

Elle aurait tout le temps de le voir car pour l'heure, son papa proposait une danse. Proposer une danse à Yulenka ou à Saphir.... Cela revenait à proposer un millésimé du meilleur cru à un alcoolique ! Ce n'était pas comme si depuis toujours, elle adorait danser et l'avait déjà fait un nombre incalculable de fois avec son père, sa mère, et même son grand frère -en le forçant un peu-. Alors forcément dès qu'il eut fini de lui demander....

-Wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Une danse ! Une danse ! Dansons toute la nuiiiiiiiiit ! hi hi hi !

Le moins qu'on puisse dire, c'était qu'elle ne boudait pas son plaisir, et son visage s'était illuminé, son regard brillant par les petites étoiles qui s'étaient allumées à l'intérieur. Sa joie et sa bonne humeur étaient communicatives, et tandis qu'elle arborait un sourire des plus radieux, son père avait déjà commençait à tourner sur lui même et à faire quelque pas de valse. La petite fille riait se serrant contre son père dans un câlin, tout en profitant de la danse. Et lorsqu'il commença à augmenter sa vitesse, l'enfant n'en fut que plus ravie ! Yulenka observait cela d'un air attendri et posé. C'était si bon de les voir ainsi se retrouver, elle avait l'impression de retourner huit ans en arrière ! Et elle n'était pas la seule, Saphir reprenant ses habitudes d'antan.

-Dis ! Dis ! On ira se promener après ? Ou faire de la luge ! Tu me montreras comment on grimpe aux arbres comme les ours ? Oh ! Tu me raconteras des histoires près du feu quand il fera nuit  ? Tu sais en regardant les étoiles !

L'enthousiasme de la fillette se lisait sur son visage, ses souhaits débordant de candeur et de simplicité étaient une véritable bouffée d'oxygène dans ce monde parfois trop sombre et trop sérieux. Parmi tout ce gratin et ses ambitieux avides de pouvoirs et aux rêves fous, une petite fille souhaitait passer des moments simples et sains avec son père.... Des moments doux et reposant ceux que Yulenka chérissait tant....

Résumé:

résumé:

Saphir était aux anges. Son plaisir communicatif n'avait pas laissé indifférent son père, qui commençait lui aussi à rayonner, s'enivrant doucement de ce bonheur qu'il croyait perdu. Le sourire de l'enfant était là, tel une relique précieuse du passé devenue réalité, la concrétisation d'un souhait un peu fou et inespéré. L'enfant ne boudait pas son plaisir, souriant que davantage lorsque son père vint l'embrasser sur le front. Elle profita de la proximité de son visage pour serrer ce dernier contre elle avec ses petites bras. Alice avait tout était très câline enfant, une vraie peluche vivante, un bout de chou débordant d'amour et de tendresse. Il était donc tout naturel que Saphir revêtisse ces traits à son tour. Alors là où elle passait un moment agréable avec son père.... Il ne fallait pas s'attendre à autre chose ! Lorsqu'il lui dit qu'il ne neigeait pas et qu'ils ne pouvaient faire de luge, la petite fille afficha une moue tristounette avant de répondre.

-Ha oui c'est vrai.... Mais tu sais, si tu veux je peux faire tomber la neige ! J'y arrive maintenant ! ..... Mais j'ai pas la montagne pour pouvoir faire les pentes...

Et oui, la neige ne faisait pas tout ! Heureusement papounet était là et il lui promit de l'emmener sur la plus haute montagne pour faire de la luge. Proposition qui ravie l'enfant qui extériorisa sa joie en acquiesçant vivement de la tête et en câlinant son père. Son papa avait solution à tout les problèmes ! Normale, c'était son papa, il ne pouvait pas en être autrement ! Raeden, et dons sa fifille par extension puisqu'elle était encore dans ses bras, amena sa cargaison des plus adorables à l'extérieur. Il n'y avait pas de neige, mais il y avait au moins les arbres pour jouer à l'ours ! Et  voila la petite fille solidement agrippée à son père, comme un petit koala bleu à grandes couettes. Et lorsque son père annonça qu'ils allaient monter l'enfant l'encouragea, riant alors qu'il imitait l'ours à merveille selon elle.

-Ouiiiiiiiiiiii !!! Hi hi hi ! Vas-y papa ! Tout en haut de l'arbre ! Tu crois qu'on pourra caresser les nuages ?

Vint ensuite le moment de choisir une histoire. Saphir prit le temps de réfléchir. Il y avait tant d'histoire qu'elle aimait qu'elle ne savait pas laquelle choisir. Yulenka s'amusait de les voir ainsi, profondément émue par leur bonheur et leur quiétude palpable. Qu'il était doux le temps de l'innocence et de l'insouciance.... C'était si bon de pouvoir de nouveau en profiter et de sentir cette chaleur perdue se raviver le temps d'une soirée. Et alors qu'elle se perdait dans ses souvenirs et dans une nostalgie quelque peu mélancolique, elle finit par lâcher dans un murmure le nom d'une histoire. Murmure qui ne passa pas inaperçu aux oreilles de la petite fille qui trouva l'idée excellente. Après tout, ses goûts venaient de ceux d'Alice de base. Elle répondit donc à son père avec entrain et des petites étoiles dans les yeux.

-Oh ! Raconte moi l'histoire de l'étoile filante qui rencontre l'étoile de mer !

Petit conte mignonnet sur les voyages et l'amitié, qui avait une particularité bien à elle.... C'était un conte inventé par l'épouse de Raeden, pour leurs enfants.... Bien que nait de la plume de Falyne, Raeden la connaissait surement par cœur, tant les deux bambins lui avait demandé un nombre incalculable de fois de le leur raconter.

Résumé + gains:

Le visage de Luka venait de passer d'une expression réservée et assez distante, où seuls ses yeux semblaient parcourir à bride abattue la totalité de la pièce par dessus l'épaule de porcelaine de sa partenaire, à un coloris rouge carmin des plus prononcés auquel l'on avait mélangé quelques sueurs froides et des bégaiements qui se faisaient entendre dans ses paroles. Une impression incomparable d'avoir tous les regards d'acier figés sur eux, ou plutôt sur le talent désastreux du jeune homme, et d'entendre à distance des milliers de voix flânant sur le sujet, le prit d'un malaise constant. Il fallait en venir à l'évidence même, il craignait le courroux de sa partenaire, les foudres qu'il attirait sur lui, il avait honte, toute la confiance en ses manières polies et ses talents de beau parleur venaient de périr entre deux hochements de tête, en somme un drôle de personnage.

Sa compagne, qui jusque là était parvenue à jouer parfaitement le rôle de dame hautaine se voyant frappée d'un ennui mortel ne cherchant qu'à en voir le bout, arborait à cet instant précis un rire assez rassurant et naturel qui surprit assez le beau vampire. Il prononça avec un souffle de désarroi, repensant à la scène penaude qu'il leur avait tous deux infligé, mais toujours avec ce même ton plaisantin pour ne pas rendre plus lourde encore l'atmosphère festive. « Si cela eut été un crime, je crains bien que je serais depuis longtemps sous les verrous, il n'y a pas de doute possible là dessus. »

Laissant sa main se faufiler au contact de la robe de dentelle de la jeune femme, l'y ayant posé elle-même pour dicter la posture adéquate à suivre, elle prépara son autre main pour la loger dans celle du jeune homme, les deux d'une froideur sans égale comme des milliers de cristaux perçants. Avaient-ils seulement idée de ce que cela impliquait dans un camp comme dans l'autre ? Heavenly, bien que Luka n'en sache rien, connaissait déjà son identité d'après quelques rumeurs qui évidemment devaient courir au sujet du nouveau sujet de la reine assez tape à l’œil, ayant pas si longtemps en arrière exécuté quelques unes de ses demandes.

Il se colla à la jeune femme, sentant le moindre de ses mouvements effleurer à leur tour son anatomie, le tout dans une élégance dégagée principalement par la jeune femme au charme incommensurable. Sa chevelure dansait au rythme des plis de sa robe noire envahissant parfois le masque d'os blanc et les lèvres rouges y dessinées. Laissant la musique reprendre le contrôle de l'ambiance festive, les milliers de cordes frottées des violons, les touches du piano se faisant entendre parmi les autres instruments de l'orchestre, l'ensemble de l'harmonie tout bonnement, résonnait profondément dans toute la pièce. Il croyait flotter dans les airs, ses pas étant devenus tellement légers, malgré la véritable torture que lui infligeaient ses chaussures trop serrées pour lui, qu'il aurait pu fermer les yeux en toute tranquillité et se laisser emporter. Il pouvait s'abandonner à la jeune femme en toute confiance bien qu'ils ne se soient côtoyés que quelques fines heures, ayant tendance à être naïf sur les bords, souvent à ses risques et périls, mais parfois  pouvant détendre la plus tendue des cordes comme la plus rigide des femmes.

Il reprit l'écoute de ses mots et quelques réponses qu'il rédigeait malhabilement sur la page vierge de son esprit, complètement vidé à cet instant précis par les efforts qu'il employait à la tâche. « Je n'aurais jamais osé vous laisser là, plantée, devant tous ces yeux braqués sur vous par ma faute, votre beauté y étant bien sûr pour quelque chose également. » Il se laissait faire à sa bonne volonté, la laissait le contrôler à sa guise n'ayant certainement pas les connaissances ni l'envie de la contredire, le manipuler comme bon lui semblait sur la piste de danse, ressemblant dorénavant bien plus à un couple de danseurs qu'à peine quelques minutes auparavant. Il absorbait minutieusement et avec une attention particulière les paroles de la jeune femme visant à les appliquer du mieux qu'il pouvait, dans la mesure du possible étant donné l'étendue de ses capacités, mais ne quittant jamais du regard au passage, celui qui semblait se cacher parmi l'audience derrière sa compagne et qui semblait susciter beaucoup plus son intérêt que la jeune femme n'ait pu le faire jusque là.

Celle-ci l'avait de toute évidence déjà remarqué et ne mâcha pas ses mots pour exprimer une espèce de mécontentement face à la situation, il ne servait donc plus à rien de cacher un secret qui n'en était pas vraiment un pour commencer et qu'il se devait d'expliquer, choisir les bons mots à appliquer et ne point créer de désagrément inutile était plus que nécessaire. Il se permit de faire une remarque, nullement pour les compliments qu'il y glissa avec habilité mais simplement pour lui présenter ses remerciements, ses derniers cours de danse, échecs cuisants, ayant déjà prit fin depuis plus longtemps qu'il ne pourrait s'en rappeler.

« Soit dit en passant, Heavenly, je vous trouve un charme bien particulier et une fluidité étrange dans tous vos mouvements comme s'ils se voyaient encrés dans votre chair et qu'ils vous viennent comme bon leur semble toujours aussi adroitement. Soit vous avez déjà instruit quelques danseurs soit vous êtes vous même très habituée à ce genre de soirées et avez souvent besoin d'user de vos talents de danseuse. Que ce soit l'un ou l'autre, je vous félicite en tout cas pour vos instructions très claires et vous avez le mérite de m'avoir fait dansé plus de trente secondes sans faire crier de douleur votre pauvre pied ! »

Ne trouvant aucune manière moins douteuses d'esquiver la question ni d'affronter le regard on ne peut plus insistant de son interlocutrice, il resserra encore plus sérieusement la jeune femme contre sa poitrine remarquant le nouvel élan dans lequel ils se lançaient. « Excusez moi ! Je suis très confus ! Je doute fort que mon partenaire où qu'il soit ne vienne vous déranger pendant la danse, vous n'avez décidément pas à vous en faire pour si peu. De plus, je n'avais pas remarqué une telle insistance de ma part ! J'essaierais de me contrôler. Mais, d'une façon que je ne pourrais exprimer, je peux détecter sa présence dans la pièce. Quelqu'un que je connais se trouve ici et je cherche frénétiquement à le retrouver.

Faisant un tour sur lui-même et bien sûr emmenant Heavenly avec lui, il continua de parler dorénavant bien plus à l'aise, bien qu'il faillit près d'une dizaine de fois à piétiner la jeune femme, chose qu'elle ne remarqua peut-être pas. « Vous attisez la passion de bien des hommes dans cette salle, je ne suis pas une exception à la règle. Si cela peut me disculper,  je vous assure que dans cette danse je ne saurais vous être réservé qu'à vous. »

Spoiler:

résumé + gain:

Résumé:

Il commençait à se faire tard. Une heure tardive à laquelle les enfants dormaient depuis belle lurette, où les adultes profitaient du peu de paix qui leur était permise à la fin d'une laborieuse journée à la lumière des bougies mais où le monde se voyant plongé dans une somnolence et une obscurité sans pareils. L'astre lunaire continuait son illustre avancée dans l'étendue bleu foncée, nocturne mais brillante que peu de lumières autres que celle en provenance du chapiteau ne pouvaient illuminer. Le vampire qui dansait ambitieusement, essayant de ne pas voir les choses tourner au vinaigre une fois de plus, n'avait pas vu le temps s'écouler, la musique étant une douce berceuse, l'ambiance un réveil alarmant. Les deux entités continuaient  leur petit jeu, des petites réponses, essayant d'en déduire le plus possible d'un partenaire dont seul le nom leur était connu, rien de plus. Aucun des deux ne s'avoueraient vaincus et laissaient donc la conversation s'éterniser autour de quelques petites questions posées en toute innocence et des réponses dont l'ironie était parfois assez dérangeante.

« Je crois que vous avez très bien déceler le genre de personnage que j'avoue pleinement être, mais je garde une certaine confiance en mes propos. » dit-il avant de chercher plus en profondeur dans son esprit des arguments à lui donner, sans pour autant en trouver réellement. « Je n'ai guère de preuves à donner à l'appui de mes allégations et sur lesquelles je pourrais reposer, mais je tiens tout de même cet avis intact. Vous semblez avoir le don de la parole, de la discussion, de la mondanité nécessaire pour ce genre d'événements. Voilà bien une chose sur laquelle je ne crois pas me tromper. Le reste est comme vous dites, rien que des suppositions vaseuses donc je laisserai cette pensée stagner jusqu'à preuve du contraire. » répondit-il avec ce même sourire candide sur le coin des lèvres rosées qui articulaient avec lenteur et essayaient de ralentir la cadence, en raison de la remarque de la jeune femme quelques instants plus tôt.

C'est avec ces quelques dires que l'évidence même frappa le jeune vampire de plein fouet pour le faire remarquer l'étendue de sa bêtise, bien qu'il savait être assez lent d'esprit et très certainement mauvaise menteur. Il ne considérait pas cela comme un défaut mais plutôt comme une preuve de son honnêteté presque maladive dont il faisait toujours preuve. Et voilà qu'il venait sublimement et en toute naïveté de dépasser les bornes, ayant raté une bonne chance de fermer sa bouche un peu trop bavarde, très peu méfiante. Elle avait cette mauvaise habitude de se l'ouvrir un peu trop pour laisser échapper quelque ânerie qu'il aurait préféré ne jamais débiter, quitte à en dire sur lui-même mais pas sur le lien qui l'unissait à l'orisha. Parler du bronzé et du lien qui les unissait avait toujours semblé interdit, comme tabou à ses yeux ... Comme si cela pouvait devenir une faiblesse notable aussi bien pour l'un que pour l'autre et que le seul fait d'avoir un individu autre qu'eux au courant, pourrait fortement chambouler ce qu'ils avaient gardé entier, intouché jusque là.

Chassant le bel homme de ses pensées, Luka se dit qu'il lui pardonnerait bien de s'en acquitter ne serais-ce que le temps d'une danse puisqu'il pensait déjà à lui nuit et jour,  le temps d'une soirée qu'il avait peu de chances d'assister à nouveau et qu'il partageait avec la jeune femme qui s'avérait une source inépuisable de surprises s'enchaînant avec brio. « Je laisserais à votre discrétion d'en déduire ce qu'il vous plaira très chère d'après les paroles que j'ai laissé échappées malgré moi. Nous portons tous sans exception une part d'ombre en nous que nous nous efforçons de garder ainsi dissimulée, et je dirais que ce petit secret en fait grandement partie. De plus n'est-il pas préférable de préserver une partie de mystère, un divertissement de plus pour attirer votre attention qui sait ? La curiosité est quelque chose qu'il est bon soit de laisser entier soit de satisfaire dans sa totalité mais jamais à moitié selon moi. » ajouta-t-il brièvement mais détournant rapidement le regard qui jusque là fixait la jeune femme impudique.

La danse continuait bien que le rythme se fasse de plus en plus langoureux, arrivant clairement à sa fin. Il se contenta d'arborer un sourire à sa prochaine remarque, un sourire que la vampire n'aperçut certainement pas à travers le masque d'os, mais répondit cela dit à la deuxième puisqu'elle lui posait des questions assez directes. Bien que son intérêt ne se soit porté sur lui qu'à cause de ce malheureux incident, elle semblait pour le moins lui accorder un peu de son attention tant qu'ils dansaient on ne peut plus rapprochés l'un de l'autre bien qu'aucune gêne ne semblait en découler, Luka écoutant pendant ce temps ses questions avec minutie. « Je ne veux point vous ennuyer avec des sornettes ou autres histoires à rallonge donc j'essaierai d'être bref dans mes réponses. D'où je viens ? C'est une  très bonne question que vous posez là. Un lieu dont je n'aime guère m'en souvenir étant donné qu'il représente à lui seul, à la fois le lieu ou repose mon ancienne dépouille et la naissance d'une nouvelle prête à accueillir à deux mains son futur, je dirais. Je ne suis qu'une âme errant sans un but précis, pour être plus explicite. Pour ce qui en est de mes activités ou autres amusements, je crains ne pas avoir quelque chose de bien captivant à vous raconter, n'ayant pour  passion que les livres et les voyages palpitants qui hélas se font de plus en plus rares. Je reste souvent enfermé dans ma chambre à l'auberge quand je ne suis pas en voyage. Je crois que le fait que je sois un tant soit peu introverti ne vous surprendra pas vu que vous avez l'air de me cerner parfaitement bien. » répondit-il en tapant du pied une dernière fois pour marquer la fin de la danse, avant de reprendre la parole bien assez tôt, sur ce même ton amusé.

« Oui, un parfait hasard. Si j'avais su sa présence dans les lieux je ne serais peut-être pas venu qui sait. Et je pense que, tout comme moi, il a dû se rendre compte de ma présence. Après tout je doute être le seul à ressentir ce genre de poussée, de lien qui me tient prisonnier et m'emmène contre mon gré. S'il n'a pas prit la peine de me rejoindre alors que je suis on ne peut plus visible, c'est sûrement car quelque chose l'en empêche ou que le moment est mal choisit. Je vais donc m'en abstenir d'aller à sa rencontre. Je préférerais m'en tenir à là pour ce soir, il en vaut certes mieux pour nous deux. De plus, je ne vais pas vous laisser à votre sort bien que vous êtes grande et savez vous débrouiller bien mieux que moi. » fit-il en lâchant un sourire un peu étrange comme s'il se moquait un peu de lui-même et de son incompétence.

Saisissant fiévreusement la main de la jeune femme, aussi glacée que la sienne, pour quitter définitivement la piste de danse, doutant que celle-ci ait ne serais-ce qu'une once d'envie de continuer leur ballet qu'on pourrait qualifier de pénible, il l'emmena jusque près des convives dans la direction opposée à celle qu'il ne cessait de fixer. Restant toujours droit dans ses bottes, un air imperturbable mais pas synonyme de froideur, il s'adressa à elle encore une fois étant décidément du genre bavardage inutile une fois que son esprit se vidait et qu'il ne trouvait rien d'autre à faire que de discuter. « Accepteriez vous de m'accompagner encore un peu, que ce soit au bar encore une fois ou bien dehors pour changer d'air ? Ce serait fort dommage de laisser en ces termes une conversation si intéressante mais il n'en revient qu'à vous de choisir. J'ai bien conscience que vous aviez l'intention de partir et que je suis le seul obstacle à vos projets. Ce n'est pas mon intention de vous forcer la main cela dit. »

Spoiler:

Résumé:

Luka avait toujours été du genre à ne rien cacher sur lui-même au point d'être trop honnête sur les bords et s'attirer soit les foudres de son compagnon, soit des fâcheux ennuis qu'ils préférait dorénavant éviter tant qu'il en était la cause. Il avait appris avec le temps à se méfier de tels individus quelque peu suspects, à ne pas se laisser tenter, berner, duper, assister par d'autres que celui à qui il avait confié en partie sa vie mais il avait parfois quelques hésitations, dont cette jeune femme qu'il avait en face de lui. Il ne voulait pas lui mentir ou se montrer rude envers elle en répondant à des questions dont il n'avait aucunement honte de révéler les détails mais hélas quelque chose semblait l'empêcher de parler, une gêne inconnue profondément encrée. Un sixième sens peut-être, qui essaierait de l'avertir du danger qu'il pourrait attirer non seulement sur lui mais également sur l'autre concerné de l'affaire, chose qui lui fit perdre toute envie d'en parler. Sceller ses lèvres, tenir secret ce qu'il avait envie de crier sur tous les toits par des moments d'élancements joyeux, était un bien piètre prix à payer si cela lui permettait de garder intact cet équilibre qu'il se damnait à protéger.

« Je vais prendre cela pour des compliments assez haut placés puisque vous n'avez pas l'air d'être une présence aussi banale que vous semblez vouloir le faire paraître. Cependant mon histoire n'a rien de romanesque ou de héroïque je vous rassure, ce n'est qu'un enchaînement de conséquences irrémédiables qui m'ont percuté et que je n'ai pu que saisir dans leur intégralité. Bien que certaines ne soient pas si déplaisantes, je vous avoue qu'un certain contrôle sur les circonstances ne serait pas de tout refus parfois ... » dit-il en poussant un souffle étrangement laborieux comme s'il se lamentait des récents événements. Sa vie restait plutôt monotone, insipide par moments, mais d'une banalité dérangeante dans l'ensemble, ce qui lui laissait à penser qu'une poignée de sel voire même de poivre ne viendrait qu’égayer ses petits amusements quotidiens.

« Vous riez mais voyez vous cela, c'est bien vrai. J'oserais presque ne pas vous répondre pour la simple et bonne raison que vous pourriez mal interprété mes paroles mais soit. » dit-il avec ce ton toujours aussi amical sans ne jamais descendre ne serais que d'un octave, cette voix jamais trop grave ni trop aiguë qu'il gardait continuellement à travers le temps, laissant intacte cette touche de douceur et timbre rassurant qui lui était propre. « Oui, vous m'intriguez je me dois de l'avouer. Je n'ai que très rarement l'occasion de m'entretenir avec autrui et encore moins de si longs échanges avec une même personne. J'ignore si cela vient du fait que nos visages soient voilés et que le mystère plane autour d'eux, mais je me réjouis d'avoir pu vous rencontrer en cette soirée à laquelle je n'aurais normalement pas du assister. Vos manières minaudières, votre façon d'agir et de parler, vos connaissances voire même votre façon de danser, semblent à la fois d'un naturel perturbant mais aussi quelque peu hésitantes, comme calculées. »

Après mûre réflexion, se rendant compte de la profondeur de ses paroles et des possibles quiproquos qu'elles pourraient entraîner, il crut bon non pas revenir en arrière sur ses paroles déjà prononcées mais simplement les atténuer, comme pour s'assurer que la jeune femme ne les prendrait dans aucun cas, mal. « Je sais que ce doit être on ne peut plus impérieux de ma part, un parfait étranger dont vous ne connaissez que le nom, de dire cela mais je ne peux m'empêcher de vouloir mettre à découvert ce masque que vous portez constamment et qui semble vous servir d'armure. Je m'excuse si j'ai dépassé les bornes, j'espère seulement que mes propos ne causeront pas chez vous un quelconque mécontentement ou énervement même si j'avoue m'y voir préparé. » reprit-il en toute naturalité bien qu'il gardait ces politesses extrêmes pour s'assurer de ne pas déranger la jeune femme avec son expressivité exagérée.

Il avait du mal à établir des limites selon les affinités et souvent il aurait pu contrôler quelque peu l'étendue de ses paroles, mais hélas il est inutile d'en vouloir à quelqu'un pour qui le seul contact humain est déjà un grand exploit. Il restait convenablement proche d'elle, pour ne pas se voir bousculé par l'horde d'invités quittant le chapiteau bien que l'intérieur restait considérablement occupé, avant l'heure propice que la plus grande part attendaient avec une impatience des plus effervescentes. La foule semblait d'autant plus agitée qu'auparavant, des rires, de la musique, une odeur alcoolisée que les invités étalaient de par leur haleine putride, parcourant de fond en comble la pièce renfermée, du bruit, du bruit et encore du bruit qui en devenait certainement assourdissant voire même étourdissant pour certains. Prendre l'air sembla alors pour le vampire une idée splendide d'autant plus que cela leur permettrait par la même occasion de quitter les festivités dont la lourdeur assommante en devenait vraiment insupportable à la fin.

« Cela ne dépend que de votre volonté et du fait que vous soyez plutôt adepte des voyages traînant souvent en longueur ou des petites distances desquelles on arrive facilement à bout, sans trop d'obstacles, périls et autres prises de tête dans le genre. Pour ma part, j'ai une tendresse particulière pour les nuits passés à la belle étoile et autres expériences qu'on ne peut vivre que dans les endroits les plus reculés mais je suis un étrange spécimen. Je ne m'attends donc pas à ce que vous partagiez mon avis mais j'aurais tout de même aimé entendre le vôtre. Mais de toute manière, je pense que le parc serait le choix le plus judicieux et à portée de main pour nous dans de telles circonstances. » lui dit-il en tendant son bras enveloppé dans le manteau bleuté comme s'il s'attendait sérieusement à ce qu'elle le saisisse pour le suivre à l'extérieur.

La lune se dandinait presque dans une valse, aussi lentement que possible, dans l'étendue ténébreuse que représentait le ciel, visiblement pas d'humeur aussi gaie que tout ce beau monde profitant encore de ces moments de paix après une sacrée tempête et les menaces qu'elle avait apporté. La végétation dont seuls quelques reflets que provoquait l'astre lunaire laissait paraître la forme des arbustes ou autres arbres, se mélangeait agréablement à la brise légère qui planait donnant un air frisquet au paysage nocturne, l'habit du jeune homme trônant déjà sur les épaules blanches de sa camarade pour que celle-ci n'ait pas à craindre le froid. Quelques bancs se dressaient le long des chemins, qui sous le soleil apaisant se voyaient parsemés par une horde d'enfants ou familles aimantes profitant de quelques instants de béatitude, chose plutôt banale à laquelle les deux protagonistes n'avaient pas vraiment goûté, mais qui noyés dans la nuit n'étaient plus que des constructions de repos pour les quelques passants tardifs exténués.

« Je vous ai un peu parlé de moi. Pouvez-vous en faire de même si je vous pose ces mêmes questions ? Je n'oserais pas en rajouter bien davantage sous peine de vous accabler d'interrogations mais parlez moi un peu de ces détails que vous ne verrez pas nécessaire d'omettre et que vous vous sentirez aise de me faire passer. Je vous laisse librement la parole, sans contraintes, sans entraves inutiles. » prononça le petit moulin à paroles dans un corps réduit en chair malgré sa taille loin d'être négligeable, tandis que son corps se laissait choir contre le dossier du banc ciré, laissant un repos bien mérité à ses jambes fines qui s'étaient décidément surpassé ce soir.

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