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 Ces secrets que le présent oubliera (Event)

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Mar 03 Sep 2013, 12:14

Je fixais cette femme qui regardait par l'une des fenêtres du temple des esprits. « J'ai finis par me souvenir, bien sûr. Mais à quoi cela pouvait-il bien servir de l'avouer? ». Elle tourna son regard vers moi, comme si nous nous connaissions depuis toujours, comme si je faisais partie d'elle. Il est vrai que j'allais bientôt apprendre que, sans mon ancêtre, elle n'existerait pas. La boucle serait bouclée, comme des secrets depuis trop longtemps gardées. « Il est mon jardin secret, cette partie de mon cœur qui ne peut être comblée. ». Elle regarda de nouveau par la fenêtre, comme si ma présence lui importait peur. Pourtant, je savais de qui elle parlait, je comprenais les méandres de son cœur sans qu'elle n'ait nul besoin de placer des mots sur ses émotions. C'était comme si ma magie était bien plus puissante, comme si j'étais tellement forte que j'aurai pu égaler les dieux eux-mêmes, ces êtres qui étaient condamnés à disparaître. Elle était des leurs, assise sur une chaise, une robe blanche des plus magnifiques habillant son corps à merveilles. J'étais troublée par sa beauté mais, plus encore, par son esprit qui semblait n'avoir aucune faille. Peut-être était-ce parce qu'elle avait vécu trop d'année en étant « accompagnée ». Elle sourit. « Les mots sont dérisoires et l'amour ne peut être donné qu'à un seul être, celui qui est le plus présent. L'autre est un fantasme, un fantasme éternel. ». Je ne disais rien, la contemplant simplement, mes yeux fixés sur les plis de sa robe, sur les coutures, sur ces petits rien qui faisaient que l'ensemble était élégant. « Je ne sais quel statut est le meilleur. Je ne sais ce qu'il pourrait faire pour moi, sans doute bien trop pour son propre bien. ». Elle semblait vouloir pleurer, ses yeux brillant de mille feux. Pourtant, lorsque je cherchais ses faiblesses, je n'en voyais aucune, aucune faille dans son cœur. C'était comme si elle était lisse de toute souffrance ou, au contraire, immunisée depuis bien longtemps. « Cependant, il se fourvoie. Il court après une femme qui n'existe plus. ». J'étais là, la regardant.

Cette aventure avait commencé d'une bien étrange façon, trop étrange pour que je puisse m'en souvenir ensuite. En réalité, tout ce dont je me souviendrais, c'est ma maladie, une maladie qui aurait fait de moi un légume pendant des semaines, qui m'aurait dévasté au point que la fin de l'ère du chaos du cristal se serait déroulée sans moi. Néanmoins, j'allais finir par croire que j'attirai sans cesse les ennuis, sans cesse le sort, comme si j'étais une femme importante, qui devait parcourir le monde et ses mystères chaotiques. Je m'appelais Lana Syrkell ou Edwina Nilsson, comme l'on préférait. J'étais la fille de l'ancien Mârid, la sœur de l'actuel et mon ancêtre était celle qui avait conditionné la première des Taiji, celle qui avait été sa confidente. Bien sûr, je ne le savais alors pas, mais le destin, le monde, ne pouvait me laisser en dehors de cette histoire, en dehors des méfaits de Jun, en dehors des méfaits de celle dont ma lignée portait la responsabilité des actes, Maria Syrkell en particulier. Tout était lié, depuis toujours, depuis le début et, au final, il n'y avait que moi pour ne point m'en apercevoir. J'étais cette jeune femme naïve qui était incapable de voir les signes d'une évidence. Au fond, j'avais toujours senti cette puissance latente, tapie dans l'ombre de mon cœur, seulement, je n'avais jamais été prête à l'accepter.

A présent, cette femme me parlait, en sachant très bien que je savais tout d'elle, que je pouvais lire ce qui se trouvait dans son cœur. Je n'étais pas une aether mais je comprenais, ma magie étant au dessus de ce que j'aurai un jour pu espérer. Elle aurait pu me tuer d'un seul coup, il est vrai, mais ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle se fichait que je lise dans son cœur, elle me laissait faire, elle avait confiance. Nous parlions de mon frère et je voyais les traces de regrets pleinement assumés. Cela faisait pas loin d'un siècle qu'elle s'était mariée, pas loin d'un siècle que son mari l'avait oublié. Et, depuis, elle était là, enfermée dans ce temple, à ressasser le passé, à ressasser les actes manqués, ces occasions qui ne se reproduiraient sans doute jamais plus. Elle allait mourir, elle le savait, et elle affrontait son destin. Elle savait qu'il allait bientôt venir la chercher et que personne ne pourrait la sauver. Et elle me parlait, depuis des heures, de sa vie, de ses secrets inavoués. Elle avait cette tristesse dans le regard quand elle parlait de lui. « Les rois se battent pour leur reine, non pour une déesse. ». Je ne disais toujours rien, l'écoutant avec passion. Sa voix était mélodieuse, quoi qu'elle dise, qu'elle se rappelle des souvenirs heureux ou, au contraire, tristes. Si un jour l'on m'aurait dit que j'assisterai au dernier discours d'une divinité, je n'aurai pas cru la personne. Pourtant, c'est moi qui me tenais là. Pas un autre aether, ni son époux, ni sa fille, ni mon frère, mais moi. Pourquoi? Je n'en avais aucune idée car je n'avais accès qu'aux sensations de mon moi futur, non à son passé. Je ne savais pas ce qu'il était advenu de moi entre l'époque où le maître du temps c'était présenté au manoir Kuro et celui où j'étais face à cette femme, où je la fixais comme si elle représentait beaucoup pour moi. Quelque chose m'échappait et m'échapperait encore longtemps. C'est aussi ça l'ère du chaos du cristal : des changements. Je trouve cela amusant que cette femme fut la cause de la folie du Jun, elle qui voulait, auparavant, être la déesse du changement. Alors peut-être est-ce elle qui représenta le mieux cette époque, changeant subitement de voie. N'est ce pas amusant que celle qui se destine à incarner le changement change ses projets? N'est-ce pas amusant que celle qui est aujourd'hui mère ne le sera plus demain? N'est ce pas amusant que, moi, Edwina Nilsson, ai vu mon futur sans être capable de me souvenir de celui-ci?

Il n'y a pas de mots pour décrire ce que l'on a oublié.

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Lun 25 Nov 2013, 22:29


Je ne sais plus comment mon âme s'est retrouvée dans un tel engrenage mais, tout ce que je savais, à l'heure actuelle, alors que je n'avais aucune consistance physique, c'est que j'étais aux côtés de cette femme qui attendait que le temps fut venu. « Me suivras-tu lors de mes tourments ? ». Elle me demandait de l'accompagner, de l'accompagner jusqu'au bout, jusqu'au grand final de sa vie. Peut-être qu'elle savait que personne ne serait là pour elle ce jour là, que la folie démesurée de Jun, que son courroux. Où se trouvaient Zéleph, Naram, ses fils à présent? Au final, cette femme était seule, désespérément seule et elle parlait avec moi, moi qui avait atterri devant elle par le plus grand des hasard. Pourtant, je savais à ce moment précis que le hasard n'existait pas. Sinon, pourquoi aurai-je cette puissance qui n'était en aucun cas la mienne ? Une simple projection pouvait-elle être aussi forte magiquement ? « Oui, je resterai avec vous. Jusqu'au bout, quoi qu'il vous arrive. Il ne pourra pas me défaire de vous, je ne suis pas de ce temps. ». J'avais raison, je n'étais pas d'ici. J'étais semblable à un esprit, à un fantôme qui ne pouvait plus être touché en plein cœur, qui ne pouvait plus mourir. Jun voulait cette femme ? Bien, il l'aurait mais en ma présence.

Mon état était réellement étrange, comme si toutes mes peurs, toutes mes appréhensions et tout ce qui faisait taire mon essence magique n'était plus. J'étais libérée de mon présent dans ce futur. Je savais quoi faire, je savais ce que je devais faire et je savais que je devais lui tenir la main jusqu'au bout, endurer avec elle les supplices qu'il lui réserverait. « Bien, je suis heureuse de l'apprendre. ». Elle marqua une pause puis se leva, tournant son visage vers moi. « Lana. Tu seras la seule témoin de ce qu'il m'arrivera dans ce futur. Tu dois garder le secret, quoi qu'il t'en coûte, même si tu dois oublier un temps ce que tu as vu ici. C'est ma mort dont tu seras témoin dans ce temps mais, après cela, tu devras faire face à ton propre futur, un futur qui sera bien pire que tout ce que tu aurais pu imaginer. Ta vie ne sera jamais simple mais il faudra que lorsque tout sera terminé, tu fasses en sorte de ne jamais devenir cette personne que le temps te montrera. Jamais. ». J'étais calme, comprenant le sens de ses paroles avant d'avoir vu ce qu'elle me désignait comme le moi du futur. Je comprenais et si la déesse me disait que ce moi était terrible, alors je ne pouvais que la croire. Comment faire autrement ? Je savais qu'en moi dormaient bien des mystères et j'étais à la fois impatiente et réticente à l'idée de les élucider.

La représentante de la justice regarda la porte du temple. Elle savait que cela ne durerait pas longtemps mais que c'était le moment. Le moment où il viendrait la chercher. « C'est l'heure. ». Elle avait fait apparaître une horloge sur le mur, comme si elle se référait à ce qu'elle avait vu dans ses songes. Elle était bien trop puissante pour que je puisse me permettre de douter de ses paroles. Je comprenais ce qu'elle entendait par là mais elle précisa. « Jun vient d'acquérir le dernier des fragments, celui qui lui manquait, et la première chose qu'il va faire c'est venir me chercher. ». La première chose, comme une pulsion vitale, un acte que l'homme attendait depuis bien trop longtemps pour faire encore durer le plaisir. Je fixai mes yeux dans les prunelles de la jeune femme, ne voyant dans ces dernières aucune crainte. Pourtant, elle savait ce que le destin lui réservait, elle savait qu'elle finirait comme la marionnette d'un dégénéré, d'un homme qui n'avait plus rien d'humain. Quant à moi, savais-je déjà que j'allais être témoin de la plus grande manipulation de tous les temps ? Aria n'attendait qu'une chose, que Jun en finisse avec sa descendante pour ensuite, prendre le cristal maître. Et je serai la seule à voir cela, à en être témoin, à en être témoin sans rien risqué puisque, après tout, j'étais la descendante de Maria Syrkell, une femme qui avait formé Aria Mitsuko Taiji. Et moi, qui serai-je dans l'histoire, quelle sera la version de mon futur aléatoire ? Serai-je une alliée de cette femme ? Serai-je un bourreaux tout comme Jun le serait avec ma nouvelle amie ?

La porte du temple vola en éclat et apparut devant nous l'ombre de ce qu'était autrefois Jun, une ombre menaçante dont l'aura aurait sans doute pu me faire frémir si je n'étais pas qu'un hologramme. Je ressentais cependant sa puissance, celle de l'Aether originel. Petit à petit, il avait acquis les cristaux, petit à petit, sa force magique avait augmenté et, de ce fait, il pouvait contrôler cette puissance. Ce ne serait pas comme Aria qui volerait le cristal sans être préparée à supporter sa puissance. Au fond, tout ceci n'était qu'une question de contexte. Si Jun n'avait pas tué Mitsuko, alors il aurait pu régner sans partage, il aurait pu déjouer les maîtres du temps. Mais voilà, en la tuant, il avait donné le cristal à une femme qui n'était pas prête à en assumer les pleins pouvoirs, il avait donné le cristal à une femme qui allait permettre aux maîtres du temps de changer les choses.

« L'histoire ne se construit que sur une infinité de hasards qui font pencher la balance. A moins que le hasard n'existe pas ? ».

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Lun 25 Nov 2013, 22:58


La dame que je devais accompagner fixa Jun sans pitié, sans peur, sans aucune expression si ce n'est le courage de ceux qui se savent perdus. Elle se savait prise au piège, bien sûr, mais elle préférait mourir maintenant plutôt que de lui faire don de sa dignité. Elle pressentait qu'il pouvait à présent faire d'elle tout ce qu'il voulait mais elle ne baisserait pas les yeux de sa pleine volonté, elle ne se soumettrait jamais. Il pourrait convertir son corps à ses exigences, jamais il ne pourrait manipuler son esprit. Annihiler sa condition d'Aether revenait à la faire disparaître et ça, il ne le pouvait pas s'il voulait en profiter. « Tu te trompes de cible mon pauvre Jun. Mais soit, tu as gagné cette partie, je vais te suivre sans broncher vers ta déchéance. ». Son ton était sec, son regard franc et il pouvait lire en elle, lire qu'elle était convaincue de ce qu'elle avançait. Quant à moi, il ne me prêta pas attention, fixant ses yeux sombres sur l'objet de sa convoitise. Seulement, l'amour s'était transformé en haine et tout ce qu'il souhaitait était de montrer sa domination. Contrairement à ce que je pensais, il ne répliqua pas, pensant sans doute qu'elle était Aether depuis trop longtemps pour se rendre compte de la situation à laquelle elle était confrontée. La perdition. Il prononça simplement deux mots, tendant l'une de ses mains vers elle. « A genoux ! ». Elle résista, je le vis dans ses yeux mais, comme elle le savait, comme tous le savaient, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle tomba sur le sol, à genoux devant celui qui lui avait ordonné cet acte. Pourtant, son esprit combatif était toujours présent et elle finit par murmurer, d'un ton tranchant, glacial. « Et après ? Que comptes-tu faire ? Me torturer ? Me violer ? Me tuer ? Je me fiche de tes actes Jun. Je ne serai jamais tienne et le seul homme avec qui j'aimerai éternellement faire l'amour sera toujours un autre que toi. Tu ne comprendras jamais, tu ne sais pas ce que tu es en train de faire. Moi je le sais et, après ma mort, crois-moi, je serai encore là, dans ton esprit, à te torturer. Pauvre petit, crois-tu pouvoir égaler Zéleph ou Naram simplement en acquérant le cristal ? Tu n'es rien, tu n'as jamais rien été. ». Elle rit, se moquant ouvertement de son bourreaux. « Tu veux m'entendre crier de douleur ? Soit, c'est ce que tu obtiendras. Mais ne pense jamais que tu me blesseras car peu importe les supplices, c'est toi même que tu feras souffrir. Sans moi, tu n'es rien. ». « Silence. ». Il ne criait pas, il semblait ne point être touché, comme si les paroles de la jeune femme n'avait aucune autre effet que celui de l'agacer. Pourtant, je sentais qu'intérieurement, il bouillait de colère. Ne dit-on pas que le plus grand calme annonce toujours les plus importantes tempêtes ? Pourtant, la tempête ne semblait pas vouloir se présenter. Il était là, savourant sa victoire dans une grande neutralité, plongé dans la contemplation de celle qui était à présent sienne, se demandant sans doute comment il allait s'y prendre pour lui faire entrer cela dans la tête. Pourtant, il finit par détecter ma présence, me fixant alors d'un air qui me fit frémir malgré mon état d'hologramme. Il leva de nouveau la main, envoyant un jet de flammes qui détruisit la moitié de la pièce alors qu'elle ne faisait que me traverser. Il marqua un temps d'arrêt, me fixant d'un air intéressé, l'incompréhension se dessinant cependant dans son regard. Il me questionna, détachant chaque syllabe comme si j'étais forcée de répondre, comme si tout mensonge me serait néfaste. « Qui es-tu ? ». Pourtant, ce ne fut pas moi qui répondit mais la déesse de la justice qui avait profité de l'inattention de son bourreaux pour se lever. « Cette femme est mon témoin, celle qui sera là lorsque tu abuseras de moi, celle qui pourra raconter au monde ce que tu es, ce que tu as fait quand tu ne seras plus qu'un misérable insecte. Malheureusement pour toi, elle ne peut pas mourir et tu ne peux influer sur elle car elle ne fait pas parti de notre dimension, de notre temps. ». Je savais que les dires de l'Aether étaient dangereux car, après tout, avec les pouvoirs qui étaient les siens, Jun pouvait très bien retourner dans le passé pour m'annihiler directement dans ce dernier. Mais si Mitsuko osait lui donner de telles indications, c'est sans doute parce qu'elle savait qu'il ne ferait rien pour m'empêcher d'être témoin des scènes qui allaient se dérouler les jours à venir, les mois à venir. Et elle avait raison car un sourire sadique naquit sur son visage, ne laissant rien présager de bon pour la suite. « Bien, elle peut admirer mon œuvre mais je te garantie que dès que j'en aurai commencé avec toi, elle repartira bien vite de là où elle vient. ».

La cruauté des hommes n'a parfois aucune limite, et de ce manque de limite, j'allais être spectatrice.

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Lun 25 Nov 2013, 23:43


A chaque fois qu'il la frappait, c'était moi qui criais. A chaque fois qu'il l'abaissait, c'était moi qui me sentait humilier. Je ne savais depuis combien de temps le supplice durait mais tout ce que Mitsuko ressentait n'était que l'indifférence. Elle avait bien vite été gagnée par quelque chose de plus haut que les sévices faits à son propre corps. Elle aurait pu se dématérialiser s'il ne lui avait pas empêcher cela. Cependant, plus le temps passait, plus Jun entrait dans une colère folle alors que la femme qu'il aurait dû écraser sous sa puissante ne faisait que l'ignorer, ne réagissant même plus à ses coups. Il n'y avait que moi pour avoir une quelconque réaction. J'aspirai la douleur qui aurait dû être la sienne comme si j'usais d'empathie, comme si j'étais le réceptacle de l'anéantissement des sensations de la jeune femme, comme si tout ce qui avait été annihilé renaissait en moi. Je souffrais tellement qu'il m'arrivait de perdre connaissance. Pourtant, encore une fois, je n'étais qu'un hologramme et je ne comprenais pas comment cela était-il possible. Et puis, un jour arriva, celui où je crus mourir, lorsque Jun pénétra violemment Mitsuko à la fin d'une de ses interminables séances de torture. Jamais auparavant il n'avait osé et ce qui se déroula sous mes yeux fut si terrible que je crus devenir folle. Mais je voyais que je n'étais pas seule car l'Aether ultime ne semblait pas satisfait, le corps inerte de la jeune femme entre les mains. Il avait beau s'acharner sur elle, il avait beau pénétrer encore et encore son intimité, elle ne bougeait pas, ses yeux rivés sur lui comme s'il n'était qu'un insecte qu'elle n'aurait même pas besoin d'écraser car il le ferait très bien seul. Ce jour là, je ne m'évanouis pas, quelque chose m'en empêcha. Pour la première fois depuis le temps de sa captivité, Mitsuko me regarda, son regard m'annonçant que les temps allaient changer. Jun était totalement obnubilé par elle et elle avait fait exprès, elle savait ce qu'il se passerait si elle se comportait ainsi, elle savait qu'il la tuerait, elle savait que le plan d'Aria serait complet. En réalité, je n'allais prendre conscience qu'après qu'elle avait laissé le temps nécessaire à l'histoire pour s'organiser, qu'elle avait fait en sorte qu'Aria obtienne le cristal, qu'elle avait agis en sachant que tout s'effacerait pour que la reprise se fasse à des jours plus sains.

Je savais que quelque chose allait s'accomplir et, ce que je vis, fut la fin des Aetheri. Jun le murmura en se retirant du corps de celle qui le fixait d'un air dégoûté et empli de pitié. « Je veux que tous les dieux qui me sont inférieurs meurent... ». La puissance dégagée par le corps de l'Aether ultime s'abattit sans ménagement sur la femme à terre, la faisant disparaître comme si jamais elle n'avait été. La scène semblait si irréaliste, comme si tout ceci n'avait été qu'une pièce de théâtre qui allait bientôt se terminer. Et, finalement, mes sensations n'étaient pas si fausses que cela car une chose improbable survint. Jun vacilla, devenant pâle comme la neige. Le corps qu'il avait créé commença à s'estomper en même temps qu'il semblait pris de nausées. C'était comme si des interférences venaient brouiller sa magie. Des larmes coulèrent de ses yeux alors que son cœur semblait se disloquer dans sa poitrine. Je voyais ses organes tantôt, je voyais ses pensées, je voyais ses sentiments. Ce qui était normalement invisible étaient aussi clair pour moi que de l'eau de roche. Il semblait que même celui que l'on disait ultime puisse avoir des failles, puisse se retrouver à genoux devant les machinations de bien plus habile que lui. Et, alors que son corps disparaissait petit à petit, le cristal maître tomba sur le sol, récupéré par une main habile qui s'avéra être celle d'une ravissante jeune femme à la chevelure étincelante. Elle rit, amusée de la situation. « Deux pour le prix d'un, n'est ce pas amusant ma chère Lana ? ». Elle s'adressait à moi alors que le corps de Jun réapparaissait, largement moins puissant qu'avant. Il gisait telle une larve sur le sol, incapable de bouger à cause de la perte soudaine de sa puissance. Il semblait souffrir mais quelque chose me disait qu'il souffrait plus de la disparition de Mitsuko que de celle de ses pouvoirs. Cela, Aria semblait également s'en douter. « Quel manque flagrant de raisonnement. Pourtant, tout était si prévisible. Comme quoi, la puissance ultime ne profite guère aux sots. ». Elle se baissa, le regardant toujours avec amusement. « Tu as de la chance que je tienne à mes créations. Je te laisse vivre avec le poids de tes échecs. Tu seras éternel et tu me devras obéissance. J'aurai d'ailleurs un service à te demander bien plus tard, un service qui concernera notre devenir à tous les deux. Je ne compte pas rester maître de ce monde, c'est si ennuyeux. Mais quoi qu'il en soit, tu auras tout à y gagner. Tu deviendras Aether et moi, je redeviendrais démone. Cependant, en attendant, je vais faire de ce monde un enfer et m'y amuser un peu. Après tout, on ne devient pas Aether originel tous les jours. ».

J'aurai aimé connaître la suite, oh oui, j'aurai tellement aimé. Seulement, mon temps était écoulé, le temps de l'hologramme. Lorsque je reviendrais dans le futur la prochaine fois, je serai moi, simplement moi, Edwina Nilsson, à la recherche de son futur, un futur qu'il aurait été bon de ne jamais contempler en face. Mais après avoir vu les horreurs de la folie d'un homme, je me sentais prête à tout affronter.

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Mer 27 Nov 2013, 20:47

Pourquoi avais-je demandé au maître du temps de me ramener dans le futur, cette fois, pour de bon ? A vrai dire, peut-être que j'étais alors inconsciente, que je ne savais pas ce qu'il allait advenir de moi, moi, Edwina Nilsson, petite magicienne toujours joyeuse et quelque peu maladroite. Non, il est clair que je ne savais pas, sinon, je n'aurai jamais fait un tel souhait. Pourtant, le maître m'avait expliqué ce qu'était ce futur : un monde de désolation où les sentiments positifs n'existaient pas. Il m'avait aussi précisé qu'avec ma force, aller là bas serait une sorte de suicide pour moi. Mais j'avais insisté, possédée par un sentiment que je n'avais encore jamais côtoyé avant, possédée par un sentiment qui me dictait que ma place était là bas, dans le futur, que je devais y accomplir certains actes. Bien sûr, j'aurai sans doute dû me contenter de mon rôle de témoin, un rôle qui n'était pas des moindres et que j'aurai mieux fait de consigner dans un parchemin avant de prendre une telle décision : celle de me rendre dans un monde où rien n'était fait pour moi, celle de me retrouver face à mon destin, ce destin aléatoire qui allait sans doute me traumatiser à tout jamais. Encore une fois, ce n'est pas pour rien que j'étais vouée à oublier totalement ce que je verrai.

Ce qui est étrange lorsque l'on compare les écrits de ceux qui se sont rendus dans le futur, c'est qu'ils ont dû chercher leur futur. Oui, ces derniers ont dû parcourir de longues distances dans la souffrance, se faire guider par des entités improbables, suivre les signes, pour se trouver eux-mêmes. Seulement, moi, ce fut tout le contraire car lorsque je quittai le présent pour voyager jusqu'au futur, je le fis comme si j'étais attirée par une force mystérieuse. Je sentais en moi ma propre présence. Oh bien sûr, je sais que je ne suis pas l'être le plus doué de magie de nos terres mais toute cette non utilisation d'une magie abondante semblait avoir voulu se venger, comme si ma magie essayait de me démontrer son utilité. Quoi qu'il en soit, par delà le mur lumineux qui me brouilla la vue un instant, je sentais cette voix m'appeler, ma voix en quelque peu différente, plus envoûtante. Et lorsque je me matérialisai dans le futur, ce fut devant moi ou, plutôt, celle que j'étais devenue. Je me regardai dans les yeux et cette épreuve du miroir, épreuve visant à prendre conscience de soi, me parut erroné physiquement, mais concluante psychologiquement. Je ne me ressemblais pas mais je savais que c'était moi. Alors que j'avais les cheveux bleus, mon double avait les cheveux rouges, ses yeux vert contemplant les miens comme si elle m'attendait depuis longtemps. J'étais son passé. C'était étrange de me dire que mon mode de vie avait fait que j'étais devenue « ça ». Ses formes étaient celles d'une femme alors que je n'avais que des arrondis d'enfant. Elle était charismatique alors que je n'étais qu'une ombre parmi tant d'autres, madame tout le monde. Son regard était perçant alors que le mien était partagé entre la curiosité et la peur. J'avais peur mais ma fascination m'empêchait de bouger, m'empêchait de fuir. Ce fut elle qui prit la parole en premier, sans, au préalable, émettre un petit rire dédaigneux. Elle semblait se rappeler de ce qu'avait été sa vie auparavant, comme si elle ne regrettait rien, comme si elle trouvait même plutôt pitoyable d'être restée trop longtemps ainsi, dans cet état. « Bienvenue dans mon palais Edwina. Je suis Lana Syrkell, la vraie. ». Je pensai alors qu'elle devait me considérer comme fausse, comme indigne de représenter notre lignée. Mais je me trompais, ne comprenant pas la nuance, ne comprenant pas ce qu'elle voulait insinuer. Cela dit, j'allais bien vite découvrir le véritable sens de ses propos. « Venez très chère, je vais vous faire découvrir notre royaume. ». Elle parlait comme une noble, elle parlait comme je n'avais jamais parlé, aussi, je n'osais pas répondre, de peur que mes mots ne conviennent pas. C'était comme si j'avais peur de mon propre jugement. C'est que, cette femme n'avait rien à voir avec moi, ni de près, ni de loin.

A ma droite se trouvait un balcon dont la porte fenêtre ouverte faisait onduler le rideau léger. Il ne faisait pas froid ici, la température était parfaite et j'étais très loin de me douter que la magie de ce moi du futur me protégeait de ce qui faisait suffoquer des populations entières. Elle m'invita à me rendre sur le balcon avec elle, me tendant le bras pour que je l'accompagne. Nous avançâmes vers ce dernier, elle, la tête haute, moi perdue. Seulement, quand, une fois sur la dalle de l'extérieur, je découvris ce qui se trouvait en dessous de nous, je tressaillis.

L'on ne se représente jamais justement l'horreur qu'avant de l'avoir vu.

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Mer 27 Nov 2013, 21:15

Sous nos pieds se trouvait un paysage de cendre, un horizon fait d'immondices et de vide. Pourtant, quand mes yeux s'habituèrent à ce spectacle, je pris conscience que ce qui me semblait être des immondices étaient en réalité vivant. Je poussai un cri de terreur, m'apercevant qu'il s'agissait d'hommes et de femmes qui rampaient, cherchant désespérément quelque chose. Quelque chose, mais quoi ? Leurs corps étaient à moitié déchiquetés, mutilés et leur état semblait être bien pire que celui des sans-âmes qui avaient illustré l'œuvre tragique d'Orion. C'était comme si toute l'horreur du monde se retrouvait là. Car ces êtres étaient conscients. Les morts vivants, eux, ne l'étaient pas, ne cherchant qu'une chose : se nourrir de chair fraîche. Comment pouvaient-ils tous être encore en vie ? Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait. Le maître du temps qui m'avait envoyé ici m'avait prévenu que le monde était devenu une horreur mais je n'aurai jamais imaginé que ses dires puissent être aussi vrais. On aurait dit des verres grouillant sur des cadavres alors que, en réalité, il s'agissait de mortels qui grouillaient sur le sol d'une terre qui n'était plus que l'ombre d'elle même. Il n'y avait aucune végétation, aucun soleil, il n'y avait plus de rivières ou d'animaux. Tout n'était que chaos, que désespoir. Je ne pouvais être la spectatrice de ce monde ruiné. Plus rien ne semblait pouvoir être reconstruit, aucune source de lumière ne pouvait percer ces ténèbres. Pourtant, je ne pouvais rester là sans rien faire, la force qui était en moi s'éveillant. Si mon moi futur était à l'origine de cela, alors je ne pourrai la laisser faire, je ne pourrai cautionner un tel supplice. Mais si elle était responsable de tout cela c'est que, quelque part, je l'étais tout autant qu'elle. Si ce futur de moi-même avait pu exister, c'est que j'en étais la cause. Comment ? Comment cela s'était-il produit ? Pourquoi ? Quand ? Je n'aurai pu devenir maléfique sans une bonne raison, sans quelque chose de concret, quelque chose de terrible. Bien sûr, celle-ci ne répondit pas à mes questions internes, je ne savais même pas si elle pouvait lire en mon cœur et en mon esprit. En tout cas, si elle en était capable, elle le cachait parfaitement. Elle me parle de nouveau, passant du vouvoiement au tutoiement. « Vois-tu ce que j'ai construit, ce que j'ai acquis. Notre lignée est grande, importante et l'œuvre de Maria n'y fut pas pour rien. Sais-tu que ce fut elle qui éduqua la première Taiji, qui lui fit son éducation ? ». Je l'ignorai. En réalité, j'ignorai beaucoup de choses de ma famille, plus que je ne pouvais l'imaginer, des choses qui ne me seraient guère dévoilées ici. J'attendais qu'elle continue, sentant en moi naître un étrange sentiment, celui du défi, celui de la révolte. « Hé bien il semble que la dame qui détienne le cristal maître aujourd'hui ne l'a pas oublié. Me voilà... Nous voilà riches et comblées dans un château, servies par mille esclaves, tous prêts à tout pour pouvoir enfin trouver le repos, pour enfin pouvoir trouver la mort. N'est-ce pas merveilleux qu'un don aussi incertain nous soit tombé du ciel alors que nous pensions nous retrouver avec ces déchets humains ? ». Elle m'englobait dans ses formulations et je ne comprenais pas, je ne cessais de me questionner alors que je sentais toujours ce sentiment étrange. « Que... que voulez-vous dire par... nous ? ». Elle rit. Je ne trouvais pas cela drôle et, encore une fois, si elle le vit, elle s'en cacha admirablement bien. Elle reprit, plus sérieuse, admirant le paysage comme s'il s'était agit d'un tableau de maître, d'un magnifique chef d'œuvre. « Je t'inclus car ton destin est de restée à mes côtés, dans ce temps. Nous sommes voués à régner toutes les deux dans ce futur chaotique ou à nous déchirer dans ton présent. Soit l'un, soit l'autre. Mais je te conseille de réfléchir à deux fois avant de prendre une quelconque décision. ». Elle planta ses yeux dans les miens. « Après tout, qu'as-tu à perdre dans la vie que tu mènes ? Iro est mort et ton amour s'est déchu avec lui. Qu'as-tu de personnel, de propre ? Ta stupide boutique de couture ? Baliverne, ce n'est que perte de temps, tu pourras coudre ici également. Alors que dans le futur, tu peux devenir une reine, une déesse, respectée, impossible à contredire. N'est-ce pas là tout ce que tu as toujours souhaité au plus profond de toi ? ». Elle s'arrêta, posant ses deux mains sur la balustrade. « J'étais comme toi auparavant. Je pensais être une personne bonne mais je ne faisais que me voiler la face. Alors, lorsque Mitsuko est arrivée devant moi, toute puissante, j'ai décidé de la suivre, j'ai décidé de relâcher cette pression que je gardais tant bien que mal depuis si longtemps. Et me voilà, aujourd'hui, heureuse dans le mal que je fais subir aux autres. Être maléfique n'est pas une faute Edwina, loin de là, c'est une libération et, que tu le veuilles ou non, tu finiras par te plonger dans ce monde où tu es née pour régner en maîtresse. Le mal habite ton cœur, le mal coule dans tes veines et tu ne pourras jamais changer cela. ».

Preuve est faite que visage dévot et pieuses actions nous servent à enrober de sucre le diable lui même.

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Jeu 28 Nov 2013, 23:39

Je l'écoutais, me disant que peut-être elle avait raison. Mes yeux la fixaient avec une étrange lueur. Elle était si belle, sa prestance à son apogée. Elle regardait son monde de désolation comme un véritable royaume de beauté, empli de merveilles. J'aurai aimé penser comme elle, j'aurai aimé rester là, avoir moi aussi un territoire aussi grand. Je me rendais compte que je n'étais sans doute pas celle que je croyais. Elle avait raison, parfois mon esprit me jouait des tours, parfois je voulais plus que ma misérable vie, celle où je cousais toute la journée pour oublier l'absence d'Iro, celle où j'étais si maladroite, capable de rien. Mais à chaque fois que je prenais des résolutions, je n'arrivais cas me blesser moi-même, me trouvant dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. A chaque fois que je voulais évoluer, c'était toujours vers le bien et, sans doute, n'était-ce pas le bon chemin pour moi. Après tout, les ancêtres étaient des sorcières et mon père, mon père, j'ignorai tout de lui. Qui était-il ? Je savais seulement qu'il avait dû être un homme puissant pour que ma mère le choisisse mais s'il était maléfique, peut-être que ma voie se trouvait dans le mal, aux côtés de cette femme qui n'était autre que mon moi futur. Elle avait l'air si satisfaite, si accomplie, comme si sa vie était celle dont elle avait toujours rêvé. Comment pouvais-je remettre en doute les paroles d'une femme qui n'était autre que ce que je serai dans quelques siècles ? Si elle existait, c'est qu'elle avait traversé ce que j'avais moi-même vécu jusqu'ici. Elle savait tout de moi, elle savait tout de mes aspirations, de mes projets, de mon mal être. Et ce qu'elle avait dit, qu'Iro était mort, comment pouvait-elle le savoir ? Comment pouvait-elle me donner l'information ainsi ? Je préférai penser qu'elle mentait, je préférai tomber dans le déni plutôt que d'envisager un instant cette vérité. Iro ne pouvait être mort, il était l'amour de ma vie, un homme qui avait été à mes côtés depuis si longtemps, qui m'avait soutenu, qui m'avait fait changer, qui m'avait fait évoluer. Il m'avait apporté tellement, oui, il était mon âme sœur, celui pour qui j'étais prête à toutes les folies, à tout donner, à tout risquer. J'eus alors l'idée que, peut-être, il n'était pas encore mort dans mon présent, celui d'où je venais. Cette femme avait vécu trois cent années de plus que moi, du coup, comment pouvait-elle savoir ce que j'avais, ou non, déjà accompli ?

Mes yeux, qui étaient auparavant arrêtés sur elle, se tournèrent vers le spectacle horrible qui se déroulait devant nous. Non, je n'appartenais pas à son monde, je n'appartenais pas à cette misère. Je ne la tolérait pas. Voir ainsi des Hommes à l'état de déchets, grouillant sur le sol, se débattant contre la douleur de leur existence, tout ceci n'était pas pour moi. J'avais eu beau douter, à présent, j'en étais sûre, je n'étais pas comme elle. J'étais une personne bonne et peu importe si ma vie devait rester ce qu'elle était, peu m'importait, je continuerai dans ma voie, car c'était celle que j'avais choisi, celle qui me correspondait le plus. Peu importe mes ancêtres, peu importe les discours de ceux qui pensaient m'influencer, je devais me conformer à ce que je ressentais, à ce que j'étais et, surtout, à ce que je voulais devenir. Le sentiment de révolte qui m'habitait depuis que nous étions arrivées sur le balcon s'intensifia largement alors que je prenais ma décision, lui indiquant à haute voix, d'un ton ferme : « Non. ». Non, je ne resterai pas ici, non, je ne deviendrais pas cette femme. Elle sembla étonner mais, bientôt, ma magie prit le relais contre elle, se manifestant autour de moi à une vitesse impressionnante. Mes vêtements commencèrent à voleter alors que mes cheveux se soulevaient, baignant dans une aura d'un bleu envoûtant. La magie des mages blancs semblaient vouloir se liguer autant que moi contre cette situation intenable, contre cette femme cruelle qui avait cru pouvoir m'obliger à rester à ses côtés. Pensait-elle que nous étions faites pour vivre ainsi ? Toutes les deux ? Dans le même temps ? En réalité, c'est à cet instant que je compris qu'elle avait peur de disparaître, peur de voir son empire s'effondrer à cause de mes actions à moi. Peut-être que, finalement, elle n'était pas si honnête que cela, peut-être que son choix s'était joué à peu et qu'il y avait une forte possibilité que je décide de rester sur le chemin du bien ! Comment savoir ?

Ma magie, comme habitée par une conscience propre, décida de l'attaquer, usant de mes forces, de mes ressources, pour la toucher de plein fouet.

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Ven 29 Nov 2013, 14:45

« L'on ignore tout du mal être sans avoir goûté à sa plus écrasante démonstration. ».

Ce que je ne savais pas, ce que personne ne pouvait le savoir et qui, de ce fait, avait joué d'avance la perte des maîtres du temps et de leurs alliés dans ce combat contre le futur, dans le futur, c'est que les êtres dotés de pouvoir possédaient l'absolu. Les Hommes se complaisent dans des mythes qu'ils pensent souvent opposer à la science. Seulement, si la science apporte des réponses qui sont vraies avant d'avoir qu'un être ait prouvé le contraire, les mythes permettent de croire, de combler des questions existentielles comme : Qui suis-je ? Que se passera-t-il après ma mort ? Est-ce que je me transformerai en ange si je fais de ma vie une œuvre juste et droite ? Quels seront les funestes conséquences si je me conduis mal ? Il y a-t-il d'autres créatures dans l'univers ? Et, justement, dans ce monde où le cristal maître avait été reconstitué, il n'y avait plus de place pour les mythes. La magie de ceux qui avaient réussi à se hisser au sommet remplaçait la science. Il était de source sûre, il était vrai que tous ceux qui refusaient de se soumettre, de s'allier, connaissaient le même sort, un sort qui n'était en aucun cas enviable. Seulement, en me rebellant contre ce moi du futur, j'avais voulu croire en un mythe, celui que les êtres qui se mouvaient sous le balcon de cette magnifique femme pouvaient, comme moi, mettre un terme à leur état de souffrance, d'esclavage, à cet état qui n'avait rien d'humain. Pourtant, qui étais-je pour prétendre savoir ce qui était humain et ce qui ne l'était pas ? Je n'avais pas l'intelligence d'une réflexion élaborée, ou, peut-être que dans ma réflexion, j'avais omis bien des variables. Je débarquais en terres inconnues, je débarquais avec ma vision de magicienne d'un temps qui était ici depuis si longtemps révolu. Que connaissais-je de la vie de ces êtres ? Comment pouvais-je croire un seul instant que quand des milliers étaient impuissants, moi, j'aurai pu faire quelque chose. Cette bêtise, la bêtise de ma croyance en un mythe inexistant, je ne tardai pas à la payer, lorsque ma magie, au lieu de toucher de plein fouet mon moi futur, entra en elle, s'estompant en son sein. Elle avait englobé cette magie bleue qui était pourtant sensée toucher d'autant plus la sorcière que j'étais devenue. Au lieu de cela, et outre la contrariété qui marquait ses traits, cela la fit rire. Je n'étais rien, qu'un insecte comme tous les êtres qui se débattaient, qui obéissaient pour qu'on leur donne enfin ce qu'il voulait : la mort. Peut-être qu'au fond, sans doute, ils pensaient que leur vie après celle-ci serait meilleure. Je n'avais et je n'ai toujours aucune notion de ce qu'il se produit après la mort mais, quoi qu'il en soit, les Mortels ne vivent-ils pas en y pendant régulièrement, en imaginant ce qu'il se passera alors ?

Peut-être pensais-je que mon moi du futur allait me tuer mais il n'en fut rien car le monde se chargea pour elle de m'infliger bien pire. Ma stabilité dans ce futur qui était uniquement due à cette femme s'effrita dès le moment où mon refus se matérialisa et, d'une façon lente, je me sentis dépérir. Oui, je sentis tous les sentiments positifs qui étaient précédemment en moi s'appauvrir petit à petit, je sentais la peur, le désespoir, la dépression. Ma magie quitta mon corps, réellement. Je n'avais alors aucune maîtrise sur cette dernière mais je la sentais, je sentais qu'elle était là, quelque part, attendant le bon moment pour se déchaîner. Mais lorsque l'on me retira le bien le plus précieux dans l'existence d'un magicien, je me sentis vide, oh oui, je sentis que mon existence n'avait aucun sens, que je n'avais aucun objectif à atteindre, pire, que jamais je ne pourrai trouver un autre objectif que celui de servir ceux qui étaient bien plus forts. Il n'était plus question de se rebeller, j'en étais incapable, comme un philosophe que l'on aurait rendu inapte à penser. Je n'étais plus rien, que le pantin de cette femme cruelle qui, si elle avait regretté quelques secondes la tournure qu'avaient pris les événements, me regardait maintenant de toute sa hauteur, sa prestance écrasante me signifiant que j'avais fait le mauvais choix. Elle m'agrippa avant de me faire tomber du balcon, me poussant avec force vers les déchets humains que j'avais rejoint par ma réponse incohérente, par ce courage qui avait causé ma perte. Aussi, ma chute fut lente, tellement lente. Durant cette dernière j'entrevis ce que serait ma vie si je rejoignais ces hommes et ces femmes, ces choses qui n'avaient plus rien d'humaines. Je ne le voulais pas, je ne voulais pas de ce futur mais, au final, je n'avais plus la force de lutter, je ne lutterai pas, je ne lutterai plus.

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Ven 29 Nov 2013, 15:14


Lorsque je me réveillai, j'étais sur l'asphalte, hors du futur. Je le compris assez vite car ce qui m'avait été volé dans ce temps de désespoir était de nouveau en moi. Les maîtres du temps m'avaient-ils ramené ? Est-ce que tout ceci était terminé ? Est-ce que les habitants de ce monde avaient cessé de se battre, sachant parfaitement qu'ils ne pouvaient plus rien faire contre les horreurs qui allaient se créer, se multiplier. Je me levai, vacillant légèrement. Le souvenir de cette femme me hantait, comme quelque chose qui ne pourrait plus jamais quitter mon esprit. Je ne voulais pas devenir comme ça, je ne devais pas le devenir. Le monde ne devrait pas retenir mon nom comme celui d'un tyran, incapable d'aimer, seulement apte à esclavager des gens, à les réduire à l'état d'inhumain, à un état de déchets. Le monde n'avait de sens que si les êtres ressentaient des émotions, faisaient preuve d'empathie, pouvaient se révolter, montrer leur mécontentement mais, aussi, leur contentement. Si la vie devait se résumer à attendre la mort, je ne pouvais pas l'accepter et mon refus était plein, entier. Si je voulais éviter cela, il fallait que je mette fin à mes jours. Cette décision, je la pris sans avoir peur, comme si c'était une évidence. Que vaut une vie contre le bien être de l'humanité toute entière ? Je me dis que quiconque se serait vu ainsi dans le futur, comme ce moi sans cœur, aurait pris la même décision. Aussi, je regardai autour de moi, dans cette nuit magnifique où les étoiles et la végétation étaient encore présentes. J'étais près du rocher au clair de lune, un lieu qui avait de multiples significations pour des gens qui, au final, faisaient partie de moi autant que je faisais partie d'eux. Mitsuko avait rencontré mon frère sur ce rocher, la jeune femme s'était suicidée en sautant de ce rocher, elle était devenue esprit de la mort au pied de celui-ci et, plus tard, ce serait également ici que Jun se suiciderait à son tour. Ce rocher était bien plus que symbolique, il était un symbole. Aussi, je le gravis, les yeux fixés sur la lune blanche. La lune noire allait bientôt entrer en éclipse avec cette dernière, se déplaçant doucement vers sa pâle sœur au fur et à mesure que mes pieds se dirigeaient vers la pointe du rocher. Mon visage était doucement éclairée et je sentais en moi monter un sentiment étrange. Peut-être était-ce celui de tous les gens qui décidaient de mourir pour servir une cause juste, pour servir le bien de leur patrie, le bien du monde. Je ne doutais pas qu'il faudrait bien des actions pour sauver les terres du Yin et du Yang de se désastre mais, au fond, j'espérai que la mienne ne serait pas la seule, que d'autres s'uniraient à cette cause qui était fondamentale. Au final, combien d'êtres seraient prêts à mourir pour un objectif ? Il y en a si peu et, pourtant, il suffit parfois d'un seul exemple pour faire naître la révolte, pour faire naître l'union. Car oui, si les individus devaient faire quelque chose à cette époque, s'étaient s'unir pour que le futur ne devienne pas un véritable désastre ! Les individus devaient se mobiliser et, ensembles, créer un monde meilleur.

Une fois en haut du rocher, je me redressai, fixant l'horizon, le vent s'infiltrant dans mes cheveux avec une douceur qui se transforma. Le vent devint bourrasque, me soutenant dans ma décision, répondant à l'appel de mon cœur, à l'appel de mon esprit. Je ne sautais pas par volonté de mourir, non, je le faisais pour une cause qui me tenait à cœur, pour un objectif. Je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas que mon dernier souffle se produise cette nuit. Seulement, je n'avais pas le choix, je devais le faire avant qu'il ne soit trop tard, avant que le mal s'empare de moi. Je fermai les yeux, écartant les bras comme une femme qui s'apprêtait à être crucifiée puis, je me lançai vers ce vide, vers la faune et la flore, vers la nature, notre mère à tous.

Encore une fois, j'eus l'impression que ma chute fut lente mais, plus que tout, j'entendis des cris perçants fendre l'air avant qu'un choc se produise sous mon corps, un choc qui n'était pas celui du sol. Je volais, vers le haut. Je me redressai, sur le dos de Kaï, mes sept dragons tournant autour de l'éclipse, la lune blanche passant au dessus de la lune noire, preuve que le futur était sauvé. Debout, planant dans le ciel, je me mis pleurer devant la beauté du spectacle, un spectacle qui était bien plus que deux lunes se rencontrant mais la preuve que le monde allait continuer son avancée, que les facteurs du mal avaient été écartés. Pourquoi ? Par qui ? Je ne pouvais répondre à ces questions mais là, sur le dos de mon dragon des glaciers, entourée par le ciel, le rocher au clair de lune et la végétation, je sus que l'espoir pouvait sauver un monde. Il suffisait d'espérer avec toute la force que l'on possédait.

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Ven 29 Nov 2013, 15:58


« Il y a de grandes actions que le présent oublie car elles ne sont pour le moment concevables. Ce fut le cas de la première fois qu'un Aether acquit l'unique pouvoir des humains pour l'utiliser sur un autre Aether. ».

Après avoir été sauvée par Kaï, je mis quelques temps à réfléchir à ce qu'il convenait de faire à présent. Le monde semblait en guerre contre les grands méchants qui avaient été détectés dans le futur et certains se faisaient tuer alors même qu'ils n'avaient pas encore commis de crimes. Je trouvais cela barbare. Pourquoi ne pouvait-on se contenter de les enfermer, de s'assurer qu'ils ne deviendraient jamais ceux que le futur avait montré ? Peut-être étais-je mal placée pour parler de cela car j'avais, après tout, cherché à attenter à ma vie. Le principal provocateur du chaos était recherché partout sur les terres du Yin et du Yang mais demeurait totalement introuvable. Jun avait disparu et nul n'avait, non plus, des nouvelles de Naram-Sin. J'avais demandé après lui car, en général, à chaque fois qu'une catastrophe se produisait, nos chemins se croisaient et nous œuvrions pour les mêmes desseins. Seulement, cette fois, il semblait que nous dûmes prendre des directions différentes. Je parcourus donc le monde à la recherche de ce que je devais faire, à la recherche de ma place dans tout ceci. J'avais le sentiment que quelque chose devait arriver, que je devais être témoin, encore, d'une scène particulière. Néanmoins, comment savoir si tout ceci ne faisait pas partie de mon imagination ? Lorsque Delix avait érigé des pylônes afin de priver toutes les créatures maléfiques de leur pouvoir, entraînant avec la chute du mal la chute du bien, j'avais été de ceux qui avaient apposé les réceptacles créés par la reine des anges d'alors sur les pylônes, j'avais été de ceux qui avaient contribué à les détruire pour que la paix revienne, contre les individus cessent de se vider de leur énergie magique et vitale. Lorsque Orion avait mis au point sa pandémie de sans-âme, j'avais été transformée en l'un d'eux, je m'étais nourrie de la chair de mes semblables et, quand tout ceci s'était terminé, j'avais pu comprendre qu'il était possible que les zombies guérissent. C'était pour cela qu'auprès de moi se trouvait aujourd'hui Emilie qui, petit à petit, retrouvait ses facultés. Tous ces événements néfastes m'avaient apporté quelque chose, j'avais joué un rôle que j'estimais important et, une fois la tragédie passée, j'avais le sentiment d'avoir accompli ce que je devais accomplir. Mais, à présent, il me manquait quelque chose. J'avais été témoin des derniers instants de Mitsuko, j'avais vu Aria prendre le cristal à Jun, j'avais vu ce que le futur m'avait réservé, j'avais vu l'éclipse, vu que la lune blanche avait recouvert la noir alors, que me manquait-il ?

Je décidai de me rendre au temple des esprits, afin d'interroger les dieux. Je ne les avais approché qu'une fois mais peu importait, c'était le moyen le plus sûr d'avoir à faire aux Aetheri. Je ne comprenais alors pas que c'était justement là bas que je devais me rendre, là bas que je serai témoin d'une chose qui, si je m'en étais rappelée par la suite, aurait changé bien des événements. Car dans le temple se jouait une scène qui jamais ne se reverrait avant longtemps. Je n'en savais rien mais Mitsuko venait de faire une fausse couche, une fausse couche provoquée par William à cause du futur probable qu'aurait eu Erza. Car Erza aurait causé sa perte à lui, lui l'esprit du temple qui avait alors une puissance des plus impressionnantes. Comment laisser vivre un bébé qui, plus tard, le mettrait à terre, le ferait disparaître ? C'était inconcevable et c'est pour cette raison que l'Aether avait fait venir le futur d'Erza. Les lois étaient simples : se retrouver devant sa mère enceinte de soi revenait à causer la mort de l'enfant à naître. Simples et c'est pour cette raison que William les utilisa. Retourner les lois contre la déesse de la justice, l'opération était magnifique, surtout si cette dernière ne se rendait compte de rien. Néanmoins, cela aurait revenu à traiter Mitsuko d'idiote et malgré les nombreux défauts qui étaient les siens, son intelligence n'était plus à démontrer. C'est à ce moment précis que j'arrivai au temple, alors que la déesse venait de chasser le futur de sa fille comme une moins que rien, alors que la déesse venait de comprendre ce qui s'était joué derrière son dos, ce dont l'esprit du temple était responsable. Je me suis toujours dit que ma magie était incontrôlable, n'en faisait qu'à sa tête, mais c'est parce que je n'avais jamais vu une scène comme celle qui allait se dérouler sous mes yeux, la scène d'un Aether qui se retrouvait confronter pour la première fois à quelque chose qui le dépassait. Oh oui, Mitsuko en tant qu'Aether n'aurait jamais pu s'en prendre à William mais ce qui se produisit fut bien autre, fut inexplicable.

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Sam 30 Nov 2013, 14:27


Pendant cette ère du chaos du cristal, les frontières entre les temps, les frontières entre les espaces, ne furent jamais aussi mince et, en y pensait avec un regard nouveau, je me dis que ce fut uniquement pour cela que ce que je vis put se produire. Comment une chose qui n'existait pas encore aurait-elle pu s'accomplir sinon ? Il n'y avait aucune explication, ni par la science, ni par la foi.

Quoi qu'il en soit, la colère de la déesse de la justice ternissait ses traits, ses cheveux virant à un noir de jais que jamais personne ne lui avait vu. Peut-être Vlad, peut-être sa mère, mais personne depuis qu'elle avait décidé de quitter sa maison familiale pour se lancer seule à la découverte du monde, pour essayer, seule, de prendre le contrôle de ce dernier. Ses yeux auraient pu calciner n'importe quel mortel et je compris que celle que beaucoup croyaient être une femme douée de gentillesse n'était autre qu'un monstre de cruauté. Peut-être avait-elle des périodes où le bien nourrissait ses actes, mais il n'y avait pas que ce bien chez elle, bien au contraire. Le mal qui était ancré dans son cœur était la partie de son être qui lui avait permis d'avancer, qui avait rendu possibles les choses horribles qu'elle avait fait dans son existence. Oui, mais comment aurait-il pu en être autrement de cette femme qui était l'unique descendante de la reine du bien et de celle du mal, les deux souveraines ayant régné sans partage lors de l'ère du Yin et du Yang ? Il aurait fallu être fou pour croire que le bien pouvait chasser le mal en elle, ou que le mal aurait pu chasser le bien. La vérité c'est qu'ils se complétaient à la perfection, donnant à cette femme les caractéristiques de l'ange et du démon. Était-elle, au final, une sorte de réprouvé ? Sans doute. Le seul problème c'est que sa puissance dépassait fortement celle des Mortels et qu'un cocktail aussi explosif se trouvant dans un dieu n'était pas une chose enviable, surtout pour ses adversaires. Les aetheri n'ont pas le droit de se battre sur les terres du Yin et du Yang, la règle veut qu'ils doivent se rendre dans une plaine qui se trouve quelque part dans l'univers afin que les conséquences de tels combats entre colosses n'aient aucune répercussion sur les Hommes. Seulement, à ce moment précis, il semblait que rien ne puisse arrêter cette femme.

William ne se sentait pas menacé, après tout, qui aurait pu lui faire quoi que ce soit. Il savait que le rang de ma déesse était inférieur au sien et qu'elle serait sans doute punie pour déroger aux règles. Seulement, qui fixait les règles dans ce monde ? Qui les représentait ? Pas lui. Oh oui, son erreur était là. Mitsuko était la déesse de la justice, elle façonnait les lois et cela était irréfragable, inaliénable. C'est pour cela que lorsque « l'homme » essaya de la raisonner, il ne se passa pas exactement ce qu'il aurait dû se produire. « Mitsuko, nous n'avons guère le droit de nous battre ici. Crois moi, ce que j'ai fait, je l'ai fait pour le bien de l'humanité. ». « Ah oui ? Le bien de l'humanité ou ton propre bien William ? ». La puissance qui se dégageait du corps de la déesse était impressionnante mais beaucoup plus fut celle qui irradia du corps de William. Deux colosses pour l'humanité mais deux colosses n'ayant en aucun cas la même puissance. « Calme toi. Cela ne résoudra rien. Les lois nous interdissent de nous confronter. ». La jeune femme éclata de rire, un brin de sadisme dans la voix, un brin de maléfice dans le regard. « Aurais-tu oublié, mon pauvre William, qui est-ce qui, au juste, façonne les lois ? ». Les Aetheri n'avaient aucun garde fou, ils étaient en haut de la chaîne alimentaire, ils étaient les seuls à décider de l'avenir du monde et elle n'avait aucun concurrent dans son domaine. Elle était la loi, l'avocat et le juge à la fois. Après tout, qui pourrait dire quoi que ce soit ? Même si elle érigeait en lois des règles inadaptées, des règles malfaisantes, qui était là pour lui fournir une limite ? Personne. Elle sourit, s'approchant de lui, leurs deux puissances semblant se battre à la place de leurs propriétaires. « Ainsi, toi, esprit du temple le plus ancien, tu as cru bon de détruire mon enfant afin de te sauvegarder d'une quelconque déchéance. C'est pathétique. ». « N'est-ce pas ce que les Mortels sont en train de faire ? ». « Non. Si les Mortels ont été mis au courant du futur, c'est uniquement parce que celui-ci allait également nous faire disparaître. Bande d'incompétents. Les Hommes vous prient mais vous ne méritez pas leurs prières, vous ne méritez pas qu'ils vous confient leurs rêves et leurs espoirs. Vous me dégoûtez. ». William commençait à s'énerver, et sa colère fut à son comble lorsque la jeune femme décida d'essayer de le frapper de sa magie, réunissant sa puissance pour l'abattre sur lui. La moitié du temple fut détruite et l'homme se chargea de détruire l'autre moitié. Je ne sus même pas comment je survécu, protéger par une aura qui me sauvegarda de leur folie. Je vis Mitsuko à terre, William debout, largement satisfait de la leçon qu'il venait de donner à la justice. Seulement, personne ne fait la morale à ce qui est juste. La déesse se releva avant de décréter. « Je suis la justice, je suis celle qui fait les lois et celle qui juge ceux qui ne la respectent pas. Je te condamne, William, à payer le prix de tes actes irréfléchis et, ne t'inquiètes pas, je me battrais jusqu'à ce que tu disparaisses. Tu ne mérites pas ta place, tu ne mérites pas que l'on te porte un culte. Ton comportement n'est pas digne d'un dieu ! ». Elle avait crié la dernière phrase, prête à l'attaquer de nouveau. Seulement, quelque chose d'inattendu se produisit alors car la magie de la jeune femme qui flottait de façon exponentielle autour d'elle s'annula totalement, produisant une sorte de trou noir qui aspira cette de William dans un bruit qui fit sans doute trembler tout le continent.

Et ce fut le silence complet, les deux se regardant un instant dans l'incompréhension la plus totale. Mitsuko s'effondra, du sang gicla d'un des bras de William.

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Sam 30 Nov 2013, 15:02


Tout semblait s'arrêter, c'était comme si l'incompréhension de William se propageait même à ma personne. Je n'y connaissais rien, rien du tout et, pourtant, je savais que ceci n'était pas normal. Un Dieu ne pouvait pas saigner, c'était impossible, totalement absurde. Comment un être immortel pouvait-il recevoir une quelconque blessure physique qui ne soit infligée par la magie. Après tout, les deux Aetheri auraient pu se battre jusqu'à l'infini sans qu'aucun ne meurt, jamais. Les autres dieux seraient intervenus pour punir celui qui était fautif mais, encore une fois, la justice façonnait les règles, les entretenait. Qui pouvait se permettre d'aller à son encontre ? Il y avait des lois auxquelles on ne pouvait guère déroger, certes, mais cela devenait complexe si la justice se faisait punir, elle qui était sensée être droite et objective. Après tout, les temps évoluaient, il était normal que les lois suivent le mouvement. Si personne ne va à l'encontre du système, alors, rien ne peut changer. Quoi qu'il en soit, je compris que la magie de Méli m'avait préservé lorsque celle-ci apparut à mes côtés, d'autres Aetheri la rejoignant. La chose avait été trop extraordinaire pour qu'ils continuent à faire comme si de rien n'était. L'un des leurs, un dieu des plus puissants, le plus puissant, était à présent mortel. Il n'y avait qu'un autre cas où cela pouvait arriver : lorsque l'Aether possédait la couronne d'une race. Cependant, là ce n'était pas le cas et ce nouvel était n'était absolument pas dû à sa volonté. William resta un moment sans bouger, incrédule puis décida à faire quelque chose, comme s'il avait eu une révélation. Levant les mains, lux in tenebris ne tarda pas à l'entourer, la magie des sorciers, la magie qu'il avait possédé avant de s'élever. Il était bel et bien mortel, il pouvait ressentir le froid, il pouvait ressentir la puissance des autres. Néanmoins, s'il était mortel, sa puissance était telle qu'il devait probablement être le plus fort sorcier de tous les temps, comme si son état de dieu s'était muté pour en faire un être parfait, ultime représentant de sa race, ultime si on comptait le fait que la mort avait dorénavant un effet sur lui. Mais peu importait la conséquence, ce qui était incompréhensible, c'était la cause : pourquoi est-ce que Mitsuko avait-elle était capable de cela. Tous avaient sans doute leur théorie mais, pour une fois, aucun ne savait réellement ce qu'il en était, aucun ne pouvait voir la vérité, même les plus puissants, comme si cette cause n'existait pas, n'avait jamais existé. Et moi, là, simple mortelle, être inférieure de loin, je ne comprenais pas non plus. Est-ce pour punir la cupidité de William que le sort s'était ainsi acharné sur lui, que « quelque chose » avait donné l'opportunité à la déesse de la justice de le punir ? Cette dernière ne semblait pas en très bon état, était-elle devenue mortelle ? C'est la question que tous se posèrent une fois que la mortalité de William fut établie. Et oui, la jeune femme était devenue une ombre, cette race même qui était la sienne avant son élévation.

Des minutes s'écoulèrent, peut-être même des heures. Le silence régnait et tous attendaient que quelque chose se passe, tous attendaient d'avoir une explication, comme si cette dernière allait tomber du ciel. Tous espéraient mais rien ne vint, seulement le retour à la normale de la situation. William récupéra ce qu'il avait perdu, tout comme Mitsuko qui resta inconsciente. Une décision devait être prise et je sus que cette décision me concernait également, tout comme la déesse. Puisqu'elle était la seule à avoir eu cette faculté, puisque j'étais la seule Mortelle a en avoir été témoin, il faudrait nous priver de notre connaissance, moi parce que je pouvais parler, elle par peur qu'elle reproduise ce que le hasard lui avait fait faire. Il était évident qu'elle n'avait rien contrôlé, il était évident qu'elle ne l'avait pas fait exprès et, c'était pour cette raison, pour éviter qu'elle cherche une explication, pour éviter qu'elle cherche à recommencer, qu'il fallait effacer sa mémoire. Car, après tout, que se passerait-il si elle était la seule à pouvoir effectuer ce prodige ? Que se passerait-il si elle trouvait le moyen de priver tous les Aetheri de leur immortalité et de rester seule à ce statut ? Après tout, la lignée de cette femme remontait à Kazuki et à Mitsuko Taiji, mais personne ne savait qui avait été le père de ces deux reines, personne ne savait qui aurait été assez puissant pour que les deux souveraines naissent avec la puissance qui fut la leur. Comment savoir ? Comment prendre une décision ? Non, la meilleure chose à faire était d'effacer cela de nos souvenirs le temps de mener une enquête approfondie, de trouver l'introuvable.

Mais ce que les dieux ne savaient pas, c'est que d'ici quelques temps, ils auraient beaucoup de soucis à se faire. Oh oui, Mitsuko avait été capable de cela car la barrière entre les temps et les espaces avait été rompues, mais un jour, elle le pourrait réellement, tout comme ceux qui se rallieraient Sympan. Et la fin du règne de ceux qui avaient fait en sorte d'effacer le créateur sonnerait, comme le glas d'une douce vengeance de ce dernier.

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Sam 30 Nov 2013, 15:33


Les discours commencèrent, doucement. Les Aetheri n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, pour échanger, mais puisque j'étais leur invité, une invité qui était, du fait de ce que j'avais vu, malvenue, je devais pouvoir comprendre ce qui allait se passer maintenant. William prit le corps de Mitsuko dans ses bras, les dieux quittant un à un le temple alors que celui-ci se reconstruisait petit à petit grâce à la magie de ses esprits. Méli resta seule avec moi, m'indiquant un endroit où elle resterait avec moi un temps. Je savais ce qu'il allait se passer : ma mémoire allait être effacée. Je ne le souhaitais pas. J'avais était le témoin de tellement de choses. Ce que je savais pourrait servir à l'humanité. J'ouvris alors la bouche pour la première fois depuis que j'étais ici : « Je ne veux pas tout oublier ! S'il vous plaît, je ne dirai rien sur ce qu'il s'est passé au temple mais, je vous en prie, il y a d'autres choses que je sais, des choses qui me seront utiles ! ». Je connaissais mon futur, un futur à qui je ne voulais pas ressembler, je savais qui était la réelle cause de la déchéance du monde, je connaissais l'impuissance de Jun, la fin de Mitsuko et des autres dieux. L'on ne pouvait décemment m'interdire de garder mes souvenirs intactes. Pourtant, je sus en regardant le visage de Méli qu'elle ne pouvait aller à l'encontre de la décision qui avait été prise. La naturaliste, cependant, me dit doucement. « Les souvenirs ne se perdent pas à jamais. Un jour, lorsque tu seras prête, lorsque le monde sera prêt, alors tu te souviendras. ». Sa voix était calme et contrastait totalement avec l'état dans lequel je me trouvais à l'heure actuelle. « Mais ce jour là, il sera peut-être trop tard ! Comment pouvez-vous savoir quoi que ce soit alors qu'aucun de vous n'est capable d'expliquer ce qu'il vient de se passer ! L'histoire a peut-être besoin de moi ! De mon savoir ! Et vous aussi ! Arrêtez de vous comporter comme les détenteurs du savoir absolu ! Je suis certaine que les dieux ont beaucoup de choses à réapprendre des mortels comme vous dites ! ». Méli sembla s'amuser de mon comportement. Il est vrai que je ne me mettais jamais dans des états pareils et, surtout, je ne parlais jamais autant sans bafouiller. L'esprit du temple restait cependant calme, me souriant toujours, d'un air presque maternel. « Lana, sache que tu vas avoir bien d'autres occupations dans les temps à venir que cela. Peut-être que nous ne savons pas ce qu'il vient de se passer mais ce n'est pas pour autant une défaillance. Nous trouverons. Et cela est peut-être rassurant pour les mortels de se dire que les dieux ne sont pas si puissants que cela. Beaucoup nous haïssent ou refusent de croire en nous mais en faisant cela, ils nient leur propre existence, ils nient le monde dans lequel ils vivent. En réalité, qu'ils le veuillent ou non, nous maintenons l'équilibre et, sans nous, les terres du Yin et du Yang périraient. C'est aussi simple que cela. ». Elle fit une courte pause avant de reprendre. « Tu as bien du chemin à parcourir. Qui es-tu Edwina ? D'où viens-tu ? Qui fut ton père ? Que représente Naram-Sin pour toi ? Tu vois, toutes ces questions que tu te poses, j'en détiens les réponses et je sais exactement quand tout ceci te sera révélé. Tu as peur, je le sens, tu as peur de devenir cette femme sans cœur que tu as entrevu dans le futur mais tu ne seras guère elle. Les Hommes sont en train d'inverser la tendance et un simple changement change déjà le futur. Si tu pouvais voir toutes les possibilités qui existent, tes peurs s'envoleront. Après tout, n'est-ce pas toi qui as le pouvoir de faire changer les choses ? N'est-ce pas toi seule qui as le pouvoir de lutter contre le mal qui se trouve en ton cœur ? Et puis, si jamais tu dois devenir maléfique, ne crois-tu pas que cela sera uniquement parce que tu l'as voulu ? Tu ne peux pas rejeter ton avenir sous prétexte que tu as été effrayée par ce que tu as vu. Comment peux-tu être sûre que le chemin du mal est une mauvaise option en ce qui te concerne ? Il y a tant de questions, tant de choses que tu ne pourras empêcher. Cependant, en attendant, tu hésites, tu vacilles, tu me demandes l'impossible. Alors voilà ce que je te propose : je vais t'envoyer dans le nouveau futur et tu vas voir ton avenir, celui qui sera le tiens à ce moment précis. Ô bien sûr, celui-ci pourra évoluer mais peut-être que sa vision te rassurera. De plus, comme je l'ai dit, tu ne pourras me convaincre de ne pas effacer ta mémoire. Il le faut, pour ton bien et pour le notre. Certaines choses ne doivent être connues des mortels. ». Je le savais, je savais qu'elle n'en ferait qu'à sa tête et je voulais trouver un moyen de me souvenir de ce que j'avais vu, un moyen qu'ils ne pourraient obtenir. Je prononçai alors doucement : « Bien. ».

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Mar 03 Déc 2013, 17:58

Méli m'envoya dans le futur, afin que je puisse parcourir le monde et voir ce qu'il était devenu, ce que j'étais devenue. Ainsi, mon corps flottait au dessus de l'océan, une robe d'un blanc étincelant entourant mon être qui ressentait la chaleur des rayons du soleil sans être sensible à l'apesanteur. C'était comme si je n'étais pas humaine, comme si mon âme subsistait, entourée d'un corps qui ne la gênait pas le moins du monde, d'un corps qui lui permettait de se mouvoir. L'océan scintillait, l'écume se formait aux pieds d'énormes rochers. Je devais voir quelque chose, je le devais, car j'étais la femme qui était témoin des secrets de toute une ère, des secrets que ma mémoire allait emporter avec elle en étant effacée mais des secrets qui reviendraient à point nommé. Je savais que j'allais apercevoir quelque chose. Pourquoi ? Ça je l'ignorai encore mais je ne souhaitais pas forcer les choses car je savais qu'elles devaient venir d'elles-mêmes. Même si j'avançais plutôt vite, j'avais l'impression de léviter. Pourtant, en dessous de moi, l'océan défilait à une vitesse prodigieuse, les terres lui faisant bientôt suite. Je reconnaissais les paysages que j'avais déjà foulé, ayant un sentiment de fierté et de reconnaissance envers ceux qui avaient fait en sorte que ceux-ci puissent encore exister. La nature était bien présente, comme si elle n'avait jamais connu de déchéance. Ainsi donc, tout pouvait changer si facilement ? C'était effrayant, oui, effrayant car je me rendais compte qu'un simple grain de riz pouvait faire pencher la balance de l'équilibre. Au final, ce que me montrait Méli aujourd'hui pouvait avoir totalement disparu quelques heures après mon retour dans le présent. Ce futur n'était qu'un parmi tant d'autres et, quelque part, je savais que le futur que je vivrais ne serait pas que de mon fruit. Non, nous étions des centaines de millier à construire chaque jour ce que serait demain. Oh bien sûr, les rois et les reines avaient un poids bien plus important, prenant des décisions pour tout un peuple et, finalement, je comprenais l'importance de se rebeller, je comprenais l'importance des révoltes qui avaient marqué l'histoire. A présent, je savais ô combien les cours de Maître To étaient utiles pour ma culture personnelle. C'était comme si une illumination s'était faite en moi, comme si je comprenais enfin l'importance de la culture, de l'intellect, que je comprenais enfin bien des choses. En réalité, j'avais toujours vécu mon existence comme une idiote, ne pensant jamais au lendemain, me contentant de coudre jour après jour, de satisfaire mes clients, de ne pas chercher plus loin que le bout de mon nez. Mon potentiel était grand mais je ne l'avais pas exploité. Jamais je n'avais cherché à améliorer mes connaissances, sauf en couture. Maintenant, je me trouvais bien sotte de ne m'être pas aperçue plus tôt que les grands de ce monde préféraient que leurs sujets soient bêtes pour pouvoir agir comme ils l'entendaient, manipulant les foules sans que ces dernières ne s'en doutent. Le peuple était persuadé que les souverains leur permettaient de vivre mais, en réalité, ce n'était pas comme ceci que ça marchait : c'était le peuple qui permettait au système de ne pas s'effondrer, c'était le peuple qui permettait à des monarques de profiter de leur position. C'était ainsi que Jun avait pu s'emparer du cristal maître mais il n'y avait pas que lui. Combien profitaient du système pour agir que pour leur propre intérêt. Ce qui avait motivé l'empereur noir était l'amour, un amour qui s'était transformé en haine, en désir de tuer. Et pour cet amour, il avait détruit une partie de Bouton d'Or, avait brûlé des enfants innocents, avait morcelé le système politique en créant des conflits qui auraient pu amener bien plus d'une guerre, non seulement celle qui s'était produite entre les anges et les déchus. Il était répugnant de voir jusqu'où des hommes étaient capables d'aller pour une cause erronée. Mais, d'un autre côté, je reprenais espoir car si les hommes étaient capables d'accomplir des horreurs, cela voulait dire que pour une bonne cause, une cause juste, alors ils seraient capables de tout autant.

Alors que je parcourais ce monde, ce nouveau monde, je me demandai comment faire en sorte que ma mémoire reste intacte, que je me rappelle ce qu'aujourd'hui je savais et qui devrait être ma force de demain, qui devrait conduire mes actions prochainement. Je devais me battre pour la vérité, je devais me battre pour faire en sorte que le peuple des magiciens, que ceux qui m'entouraient, espèrent encore, croient en un avenir meilleur et soient prêts à tout pour l'obtenir. C'est lorsque les peuples ne croient plus en la société que celle-ci meurt, pour que les espérances se réalisent, il faut changer la société par une croyance plus forte encore dans les changements que dans les monarques présents.

Le peuple façonne, les monarques ne représentent que la volonté de ce peuple.

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Mar 03 Déc 2013, 18:34

Ces secrets que le présent oubliera (Event) 412080EventEdwina

Mon voyage continuait, les jours défilant sous mes yeux sans que je ne puisse rien arrêter. Pourtant, à un certain moment, je vis le rocher au clair de lune. Il n'était pas comme à son habitude car une lumière orangée s'en dégageait. Je sentis que mon périple touchait à sa fin et que, bientôt, je verrai ce que le destin souhaitait que je vois. Mon corps descendit lentement pour se poser derrière une jeune femme aux cheveux rouge. Je ne la connaissais pas mais je la reconnaissais. C'était moi, mon moi futur. Seulement, si son physique était identique à celui de celle qui avait voulu me jeter de son balcon, son aura était totalement différente. Elle n'était plus celle que j'avais aperçu, celle que j'avais, l'espace de quelques minutes, connu. Dans le vide, devant elle, flottait un miroir que je soupçonnais être à elle, un miroir fait de magie et dont la puissance m'interpellait. Quel était donc cet objet ? Je ne l'avais jamais touché, pas même vu une seule fois dans mon existence. La magie de cette femme était dorée, chose qui ne correspondait pas avec mon statut actuel de magicienne. Notre magie était sensée être bleue. Encore une fois, je pensai alors à cela mais ma magie n'était nullement ainsi. Non, la mienne était maléfique et le bleu ne se manifestait que rarement lorsqu'elle était employée. « Miroir, mon beau miroir. ». « Oui, ma reine. ». « Accepterais-tu que je t'envoie dans le présent de cette très chère enfant afin que tu puisses l'aider à affronter son destin et à y faire face ? ». « Est-ce nécessaire ma reine ? ». « Je n'ai guère besoin de toi en ce temps et si les choses continuent comme je le pressens, alors jamais nous ne serons réunis. Ces chers Aetheri veulent lui faire oublier ce qu'elle sait et Méli ose lui montrer un avenir, le sien, avant qu'elle n'oublie, afin de la rassurer. Mais je suis certaine qu'Edwina sait que son avenir sera bien différent sans ses souvenirs car, moi, je savais, je n'ai jamais oublié. ». Je me rendis compte de la supercherie de l'Aether du temple. Forcément. « Leur seule erreur a été de ne pas considérer le fait que je puisse être un maître du temps dans le futur où ils l'ont envoyé. Ils ne peuvent voir mes actions, pas plus que les siennes lorsqu'elle se trouve avec moi. Et, bien avant qu'ils ne comprennent leur erreur, elle aura déjà tout oublié. Les pauvres, s'ils savaient à quel point ils sont défectueux en ce moment. Alors oui, il me paraît nécessaire qu'elle et toi soyez les plus proches alliés dans son présent car tu es sources de vérité, de vision et tu pourras lui transmettre les souvenirs qu'elle aura oublié du fait des dieux. Ils s'en mordront les doigts, c'est moi qui te le dit. ». Elle se retourna vers moi et c'est à ce moment là que je compris que sa dernière phrase m'était destinée. Elle me sourit. « Regarde toi, non encore habillée par ta propre physionomie. Les cheveux bleus, cette apparence d'enfant, cela ne te correspond pas. Tu t'es leurrée toi-même Edwina, tu n'es pas une enfant, cela fait de nombreuses années que tu ne l'es plus. ». J'en avais conscience mais ma magie ne souhaitait pas que je regagne ma véritable apparence. Cela faisait bien longtemps que je restais ainsi, si bien que je m'étais imaginé comme cela toute ma vie. Quelle sera ma réaction le jour où je regagnerai ce qui était à moi et où je me regarderai pour la première fois dans un miroir ? Me reconnaîtrais-je seulement ?

« Approche mon enfant et place toi devant le miroir magique. ». Je m'exécutai, mon moi du futur plaçant ses deux mains sur mes épaules alors que la magie dorée du miroir s'emparait de mon être. « Tu oublieras, ô oui, tu oublieras. Mais, un jour, lorsque le monde sera prêt, lorsque le continent des glaces aura été découvert dans son entièreté, lorsque la magie périra petit à petit et lorsque l'étoile la plus brillante de notre ciel s'éveillera, alors, ce jour là, tu te souviendras. Tu te souviendras des machinations d'Aria, tu te souviendras qu'un jour, un Aether en a rendu un autre mortel. Et quand ce jour arrivera, tu auras enfin la force de faire ce pour quoi tu es faite. ». Cela ressemblait à une prophétie, quelque chose qui, quoi qu'il se passe, se produirait obligatoirement. Mes souvenirs étaient copiés par le miroir dans cette étrange magie dorée. « Miroir te rendra ce qui t'appartient mais bien plus car cet objet est très vieux. Il a ainsi copié les souvenirs de bien des individus à différentes époques, même des époques qui n'ont jamais existé, des passés, des présents et des futurs aléatoires. Miroir t'appartient. Tu le trouveras dans ton présent, bien que tu ne saches plus rien de lui. Oh oui, les aetheri s'en mordront les doigts. ». Elle sourit. « Maintenant, il est temps pour toi de retourner dans ton temps pour subir les volontés des dieux égoïstes, de ceux qui, même s'ils ne veulent pas l'avouer, ont peur. ».

Miroir, ô miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ?


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