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 Retrouvailles (pv Enzel)

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Lun 15 Avr 2013, 22:52

Je n'avais pas été très long à trouver le sommeil. Pour la simple et bonne raison que la fatigue que j'éprouvais depuis que le Sorcier s'était servi de sa magie pour me voler de l'énergie m'avait assommé, telle une barre de fer. Il ne m'avait pas été très difficile de soigner Tora après avoir repris mon souffle, mais il demeurait que mon agresseur m'avait tout de même volé une partie de ma nuit. Si bien que je sombrai dans le sommeil quelques minutes à peine après m'être glissé sous les couvertures du lit qui m'avait été réservé, et qui, pour le coup, était peut-être même un peu trop grand pour moi alors que les deux Ondins étaient obligés de dormir les doigts de pied à l'air libre. Quand j'y pense, nous devions faire un sacré groupe hétéroclites, à nous quatre... Mais pour l'heure, je n'avais guère l'envie ou les forces de penser à ce genre de détail, aussi me laissa-je tranquillement sombrer dans les bras de Morphée.

L'appel d'un nom me réveilla, mais ce nom n'était pas le mien. C'était en effet celui de l'Ondin aux traits fins, qui semblait réticent à répondre à la voix de son frère aîné. Lentement, j'ouvris les yeux, alors que j'entendais clairement les pas de Nanti s'éloigner, accompagné de ceux plus feutrés de Tora. La tigresse semblait s'être plutôt bien remise de l'altercation de la veille, ce qui me rassura, avant que je ne me redresse lentement, prenant le temps d'émerger. Machinalement, mes doigts fins vinrent se frotter à mes paupières tandis que je m'asseyais sur le lit, balayant la chambre exiguë de mon regard gris acier. Ce dernier se posa sur la silhouette du grand Ondin à la chevelure sombre, plongé dans un profond sommeil que même la voix de Nanti n'avait su dissiper. Je m'étirai longuement tout en détaillant le corps quasiment nu de l'Ondin dissimulé en partie par les couvertures, m'étonnant une nouvelle fois de la grâce de ce dernier. Un instant, je songeai aux possibilités que m'offraient mes pouvoirs féeriques, lesquelles pouvaient prolonger les rêves ou les cauchemars des individus, les y enfermant jusqu'à ce que la magie de la Fée s'épuise ou que la lassitude ne l'ait gagnée. Cependant, j'ignorais tout de la nature des rêves de l'Ondin, et ne pouvais me permettre de m'amuser ainsi avec les pouvoirs que m'avait octroyés la nature alors que j'avais devant moi une journée qui se promettait d'être plutôt chargée.

Repoussant ainsi les démons de la tentation, je me levai, repoussant mes couvertures de mon corps également aux limites de la nudité. Je n'avais pas senti le froid de la nuit en dépit de la légèreté de mon accoutrement, et probablement était-ce dû à mon habitude à dormir à l'abri des pétales et des feuilles sous ma forme féerique, laquelle ne manquait pas de recevoir également quelques gouttes de rosée rafraîchissantes lorsque je me décidais à dormir à la belle étoile. Je ramassai mes affaires que j'avais mises à sécher dans un coin, et les enfilai, avant de chercher du regard la veste que j'avais prêtée à Nastaé cette nuit afin qu'il ne prenne pas froid. Mais voyant les habits de l'Ondin posés dans un coin sur une chaise, toujours dans le même état que la veille, je renonçai à récupérer mon bien pour le moment, et ajustai machinalement dans mon dos les fourreaux de mes deux épées, avant de me rapprocher du lit sur lequel le jeune homme des océans était étendu. Je n'avais pas particulièrement bruyant en m'habillant, pas particulièrement discret non plus, mais l'Ondin semblait réticent à quitter les bras de Morphée. Pourtant, nous ne pouvions nous permettre de rester toute la journée dans cette auberge, à moins de payer un coût supplémentaire – ce que Nanti n'accepterait probablement pas, préférant tirer du lit sa feignasse de frère. Aussi décidai-je d'épargner cette peine au plus âgé des deux frères et posai doucement ma main droite sur l'épaule de Nastaé, la secouant gentiment.

« Nastaé. Faut pas dormir comme ça dans les parages d'une Fée, c'est dangereux, fis-je d'une voix malicieuse en repensant au petit tour que j'aurais pu jouer à l'Ondin grâce à mes pouvoirs. »

Seulement, j'avais vaguement oublié qu'être dans les parages de moi-même était dangereux pour ma propre personne, au vu de la malchance qui me tombait parfois dessus – mais c'est dommage parce que je n'avais aucun moyen de me soustraire à ma propre présence. Alors que j'avançai un pied pour m'accroupir auprès de l'Ondin, je trébuchai dans je ne sais quoi – peut-être ma propre maladresse, à ce stade, c'en était presque possible – et m'étalai de tout mon long sur le torse nu de Nastaé. Le contact chaud de la chair et l'odeur du jeune homme me fit réagir au quart de tour.

« Waaaah ! m'écriai-je, pris d'une soudaine panique. »

Je me redressai vivement en prenant appui sur Nastaé, achevant de le réveiller si ce n'était pas déjà fait et reculai précipitamment de quelques pas. Bon sang, pourquoi devenais-je aussi gêné dès que je faisais un truc de travers en présence de l'Ondin ? Peut-être était-ce parce que je nageais en eaux inconnues, moi qui d'habitude paraissait comme quelqu'un de confiant lorsqu'il ne s'agissait pas de relations humaines aussi intimes.

« Errrm, c'était pas tout à fait ce genre de danger auquel j'pensais, maiiis... bon. »

Je tournai les talons et quittai la pièce sans demander mon reste, n'espérant qu'après coup que l'Ondin sensible ne prendrait pas trop mal ma réaction. Et puis zut quoi, je n'avais pas pour habitude de surveiller chacun de les gestes et de mes propos pour veiller à respecter la sensibilité de mes interlocuteurs. Tout, dans cette relation ambiguë qui commençait à naître entre Nastaé et moi, m'était étranger et me mettait mal à l'aise. Sans pour autant que je rejette en bloc ce lien naissant.

Probablement que Nanti ne comprit pas pourquoi – ou alors, il le comprit trop bien, bref, je n'en sais rien, je ne suis pas dans son esprit – je dévalai erratiquement l'escalier quelques instants plus tard afin de le rejoindre, lui et Tora, dans la salle commune de l'établissement. L'aubergiste, occupé au comptoir à disposer des mets sur un plateau, me jeta un regard interrogateur que je m'efforçai d'ignorer, ce qui ne fut pas vraiment difficile étant donné que j'avais l'habitude de ce genre de réaction – qui avaient en principe lieu pour d'autre raison, mais le pauvre type ne devait rien en savoir, encore heureux. Retrouvant Nanti assis à l'une des tables de la salle commune, je le rejoignis, et on ne tarda pas à nous servir une collation, qui, je le devinai, ne réjouirait pas plus Nastaé que celle de la veille.

Lorsque l'Ondin nous eut rejoint et que nous fûmes enfin tous présents autour de la table, je songeai un instant aux événements de la veille, avant de jeter une bouteille à la mer :

« Est-ce que je pense une bêtise en me disant que les gens du coin savent peut-être quelque chose à propos des charmants individus qui traînent dans leurs rues la nuit ? Parce qu'on pourrait peut-être leur demander un ou deux détails... »

Je jetai un coup d'oeil furtif à l'aubergiste, de même qu'à deux autres hommes attablés plus loin dans la salle. J'étais néanmoins plutôt certain que mes capacités à récolter des informations étaient proches de celles des pâquerettes, aussi j'attendis avant de prendre une quelconque initiative une éventuelle réflexion de l'un des deux Ondins.
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Mar 16 Avr 2013, 00:02

Nastaé se sentait bien. Il dormait, sur le côté, un bras plié sous l’oreiller et l’autre voguant dans le lit. A force de tourner, sans Nantit près de lui, il avait fait descendre les draps, plus que de raison, jusqu’à ses hanches fines, dévoilant son torse nu. Ses cheveux avaient fini par trouver une place dans le creux de son cou, pour ne pas le déranger, et cette position, baigné par les rayons du soleil, le faisait doucement émerger, pour replonger aussitôt dans le coma. C’était une délicieuse sensation.
Des bruits aigües de petites clochettes retentirent, et l’Ondin se tourna se le dos, les yeux clos, avant d’entendre un cri et de sentir un poids lui tomber dessus. Soulevant prestement ses paupières, se réveillant finalement rapidement, il vit Enzel, couché sur lui, les mains sur sa peau. Un frisson le parcouru, dû à ce touché tactile, mais il étouffa un bruit souffle, le souffle court, quand la Fée s’appuya sur lui pour se relever. Sortant une phrase qui n’avait aucun sens pour Nastaé, ce dernier, relevé sur les coudes, vit son acolyte partir en courant de la chambre, rouge comme une pivoine.

Une fois que la porte fut fermée, il se laissa retomber sur l’oreiller, malheureux de n’avoir pu réagir avant. Comment se faisait-il qu’il lui fût tombé dessus ? Il le regardait dormir ? Si oui depuis longtemps ? Enzel avait tout d’étrange. Ses réactions étaient étranges, ses propos, ses gestes… Tout ce qu’il pouvait entreprendre semblait bizarre et décalé. Nastaé n’était pas contre ça, il trouvait les gens originaux, bien plus intéressants, mais pourquoi diable l’avait-il touché ? Même si ce n’était pas un moment agréable, il avait eu le contact de ses mains sur sa peau, et ça avait suffit à réveiller certaines hormones chez l’Ondin, qui ne resteraient pas indifférentes lorsque la Fée serait à ses côtés. Il l’avait touché une fois, soit, Nastaé s’arrangerait pour qu’il le touche une seconde fois, qu’il le veuille ou non, et qu’il veuille ensuite le toucher à nouveau, sans cesse. Même si les questions se bousculaient dans sa tête, il mit le dos de sa main sur son front, réceptionnant la lumière du soleil comme jamais, s’en enivrant, comme s’il était un fil du Soleil, et esquissa un sourire. Oui, il allait mettre un nom sur leur relation, aussi ambiguë soit-elle.

Lorsqu’il se lava le visage, il pensa aux opportunités qui s’offraient à lui. Nanti était là, certes, mais il était parfois trop distrait, ou aveugle, pour voir ce qu’il se passait plus bas, sous ses yeux. Nastaé lui, était plus discret et plus malin, surtout pour obtenir ce qu’il voulait. C’était surement un faux-pas de la part de la Fée, peut être ne s’était-il jamais imaginé autre chose, que le simple fait de le regarder dormir, ou de le réveiller, mais pour Nastaé, ce fut comme s’il appuyait sur un bouton d’alarme. Connaissant ses points forts, et ses points faibles, il prit anormalement soin de se coiffer de sa broche en nacre, et vêtit son sari dansant presque en l’enroulant autour de lui. Même s’il était encore un peu sale de la veille, il trouverait bien un lavoir où le récurer, plus tard. Prenant le surcot d’Enzel, il le garda en main pour le lui rendre, quand il eu l’idée de s’en vêtir aussi. Non pas que le vêtement était maintenant sa propriété, mais si la Fée le voulait, il n’avait qu’à venir le chercher…

Sortant de la chambre, il descendit les escaliers, comme si toute l’auberge n’attendait que lui, et dès qu’il tourna la tête vers la Fée, il n’hésita pas à lui sourire, accompagné d’un clin d’œil. S’asseyant à côté de son frère, il enroula son bras autour du sien, plus musclé, et posa sa tête sur son épaule : « Faut que t’apprenne à dormir moins longtemps ! Ou récupérer plus vite. », « Oh Ant’, tu sais bien comment je suis… J’aime trainer au lit… ». La seconde partie de sa phrase fut prononcée avec un timbre particulier, et un regard ardent, en direction du principal concerné. Oui oui, ce n’était qu’une paire de main sur sa peau, mais pour lui, tout était permis. Enzel avait franchi la limite. Nanti haussa une épaule en hochant la tête, pour répondre à l’affirmative. Oui il savait comment était son frère. Quand le repas arriva, l’Ondin soupira de constater que leur nourriture était encore faire que de gras et de graisse, et d’huile, et de… Erk. Attrapant sa portion du bout des doigts, il la donna à Tora, toute contente qu’elle était, et se contenta de l’accompagnement.

Citation :
« Est-ce que je pense une bêtise en me disant que les gens du coin savent peut-être quelque chose à propos des charmants individus qui traînent dans leurs rues la nuit ? Parce qu'on pourrait peut-être leur demander un ou deux détails... »

Nastaé ne trouva pas l’idée mauvaise, et d’un air nonchalant dit : « Oui… On pourrait voir ce qu’ils savent. », jetant un coup d’œil autour de l’auberge, il fut forcé de constater que les types ici, n’avaient pas l’air d’être des lumières. Aussi, pouvait-il frapper un grand coup ? « Je peux toujours essayer de voir ce qu’ils savent. Peut être veux tu tenter d’en persuader un ou deux de ton côté ? », dit-il en s’adressant à Enzel, sans quitter l’aubergiste trapu du regard. Il ne connaissait pas ses compétences en la matière et à vrai dire, lui-même ne comptait réellement que sur son charisme et sa force de persuasion, dû à son assurance, rien que ça ! « Ne bougez pas… » L’Ondin, ayant fini de mangé depuis le début du repas, se leva, sans quitter l’homme des yeux, le regardant nettoyer des brocs, et vint s’asseoir sur une chaise haute, au comptoir. Nastaé se transforma et tenta de rayonner, le plus qu’il pouvait, ses mouvements étaient calculés, ses membres savaient que faire, et où aller, et sa voix avait pris un ton suave, de velours. Ses yeux étaient fins et rieurs, les hommes aimaient cela. Et en mettant ses cheveux long légèrement en avant, ces derniers tombant de son épaule pour pendre dans le vide, il mettait clairement toutes les chances de son côté. Alors il dit doucement : « Dis moi bel homme… Y a-t-il des rumeurs qui circulent dans les environs ? » Le type était ventripotent, rouge, sale, laid, mais Nastaé mentait à merveille. Il ne pouvait même pas articuler trois mots, suite à sa question. Ok, il avait surement trop forcé la dose. Mais l’Ondin tendit un bras, s’appuyant sur l’autre, sur le bar, et prit le verre plein d'alcool, que l'homme avait dans les mains. Lorsqu’il toucha ses doigts, le type tressauta et revint à la réalité en disant : « Je… Euh… Non… Enfin… » Nastaé le regardait par dessus son verre, sirotant la boisson qu’il venait de se remplir, jouant doucement avec ses doigts fins. Tout était question d’élégance. L’aubergiste fini par se râcler la gorge et dit : « Je ne vois pas ce qu’il pourrait vous intéresser… Nous sommes un petit village, et à part peut être ceux qui s’en éloignent, sinon nous ne sommes sédentaires, et sans grande agitation ! » L’Ondin soupira. Il voulait en savoir plus, pourquoi certains ne savaient pas et d’autres oui ? Alors il finit : « Sais-tu qui serait susceptible de savoir ? », « Les… Jeunes. Gabi est souvent sortie seule, peut être aura-t-elle… Des nouvelles à colporter. », « Merci mon cher. » Il avait soufflé sa dernière parole, se levant doucement, emportant le verre avec lui. D’accord, le clin d’œil n’était pas nécessaire, mais il se plaisait tellement à manipuler des êtres si faibles.

Revenant vers ses compagnons, il donna son verre à Nanti et chuchota : « C’est horrible ce truc, tiens ! », « De l’hydromel ! Tu sais pas ce qui est bon ! », « Mieux que toi en tout cas. » Il haussa les épaules, et reprit son attitude totalement normale, perdant son masque, mais gardant sa grâce. Sa voix était basse, sur le ton de la confidence, bien que ses mais avaient surement tout entendu : « Nous ne trouverons rien dans cette auberge, seulement il faut trouver une fille qui s’appelle Gabi. Elle aurait peut être des informations sur ce que l’on cherche. » Attendant quelques secondes, il dit : « Peut être ferons-nous mieux de retourner sur les lieux de la bataille hier. En plein jour, ils n’attaqueront pas ! ». Nanti ne parla pas pendant quelques secondes avant de dire : « Je ne crois pas que les corps y soient. Quand j’ai tué le sorcier, son cadavre s’est évaporé. » Nastaé réfléchit. Oui, exact, les ombres n’ont rien rejeté quand elles ont tué le sorcier à moitié raide. Se tournant vers Enzel, il se demanda si il avait une solution, et naturellement, il lui sourit.
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Mar 16 Avr 2013, 18:46

Qu'avais-je donc fait ? J'avais la désagréable impression de me sentir responsable pour l'arrivée de ce beau jeune homme aux cheveux sombres et aux prunelles émeraude qui semblait avoir pendant un instant capturé toute attention, les regards de chacun s'étant rivé sur l'Ondin une fois celui-ci ayant pénétré dans la salle commune de l'auberge, y compris le mien. Cela ne dura qu'une fraction de seconde, mais mes prunelles acier demeurèrent prises au piège de l'image gracieuse de ce bel éphèbe, qui semblait avoir pris un soin tout particulier à coiffer sa chevelure à l'aide d'une broche en nacre, et avoir arrangé son sari de sorte à ce que les traces de l'affrontement de la veille ne se répercutent pas sur le tableau vivant de beauté qu'il était. Dans un coin de mon esprit, je commençais à me douter du penchant de l'Ondin à exploiter sans scrupules ses atouts physiques, mais je ne pus que garder cette réflexion pour moi-même, tout en décidant d'accorder un peu de répit à Nastaé avant de lui faire une remarque à ce sujet. Après tout, ce n'était pas forcément un défaut, que de savoir où se situaient ses points forts... Même si ceux de Nastaé avaient une légère tendance à déconcerter.

L'Ondin vint prendre place à table à côté de son frère, s'agrippant au bras de ce dernier après m'avoir adressé un sourire éclatant accompagné d'un clin d'oeil. Que je ne sus d'ailleurs comment interpréter, aussi m'efforçai-je de lui rendre son sourire en essayant de dissimuler la gêne que j'éprouvais encore pour lui être tombé dessus quelques minutes plus tôt alors que lui sauter dessus avait été loin d'être dans mes intentions. J'espérais juste qu'il n'avait pas trop mal pris la chose – au vu de son sourire, je pouvais admettre que c'était le cas – et qu'il n'avait pas commencé à s'imaginer tout un tas de choses d'un autre registre. Non, je n'étais vraiment pas du genre à engager des relations charnelles avec quelqu'un que j'avais rencontré deux jours plus tôt, quand bien même nous avions fait bonne connaissance et voyagé ensemble. Peut-être que cela pouvait paraître immature, mais chez moi, les notions de temps et de confiance étaient des choses importantes lorsqu'il s'agissait de relations humaines. Si je n'avais aucun mal à paraître social aux yeux d'autrui, il existait toujours cette limite presque intangible que j'avais disposé entre moi et les autres, limite à laquelle Nastaé s'était d'ores et déjà heurté une ou deux fois depuis que nous nous étions rencontrés. A présent, je considérais l'Ondin comme bien plus qu'une connaissance éphémère, mais n'avais pas pour autant brûlé les étapes. Restait à espérer que Nastaé n'avait pas de son côté tiré trop de plans sur la comète, aussi grands soient mes efforts pour ménager sa sensibilité.

Malgré tout, le charisme naturel de Nastaé me perturbait. Probablement était-ce parce que j'en manquais personnellement. Et de ce fait, je ne pus m'empêcher une nouvelle fois de ressentir de la gêne en entendant la remarque que l'Ondin adressa à son frère en réponse à ses taquineries, qui semblait m'être également destinée. N'y aurait-il pas eu ce regard ardent accompagnant les propos du jeune éphèbe, je lui aurais probablement tiré la langue sans plus de cérémonies avec un air moqueur. Mais devant ces prunelles brillant d'un éclat que je commençais à redouter, je ne fis que passer machinalement une main dans mes mèches couleur ébène en détournant légèrement le regard. Et je fus quelque peu soulagé en voyant l'intérêt de Nastaé se reporter sur mes propos, puis sur les autres individus présents dans la salle commune de l'auberge. Puis il se leva, ayant visiblement jeté son dévolu sur le propriétaire de l'établissement occupé à nettoyer ses brocs. Ce qui me laissait éventuellement l'occasion de récolter quelques informations auprès des deux hommes attablés plus loin, mais je ne pouvais totalement quitter du regard l'Ondin, dont la manière de procéder avait à la fois quelque chose d'effrayant et de fascinant.

Je m'efforçai néanmoins de détacher mon regard de la silhouette gracieuse de Nastaé et me levai à mon tour, me dirigeant vers la table des deux hommes semblant être des habitués de l'établissement, sirotant tranquillement les bières que leur avait servis l'aubergiste avant que je n'arrive dans la salle. Me voyant approcher, le plus grand des deux, qui était un homme carré de mâchoire et de silhouette, haussa un sourcil interrogateur tout en quittant sa boisson du regard. Je ne semblais pas interrompre une discussion cruciale, mais je demeurai tout de même un élément imprévu dans la matinée des deux hommes.

« Un problème, gamin ? » me demanda-t-il d'un ton quelque peu railleur.

Je jetai un coup d'oeil furtif à Nastaé, qui semblait avoir personnifié l'élégance même pour soutirer des informations à l'aubergiste. Et ouais, évidemment, ma personne ne faisait pas le même effet... Je me retins toutefois d'envoyer balader vertement le type et lui offris un sourire affable.

« Justement, répondis-je, à part celui qui se tient devant vous, vous en avez en ce moment des problèmes, dans ce village ? »

Mon interlocuteur m'offrit un sourire moqueur, que je lui renvoyai de manière spontanée. L'auto-dérision, ça passait toujours mieux dans ce genre de situation – à défaut d'avoir les charmes de Nastaé, je pouvais toujours jouer sur le peu de verve que j'avais. Le second villageois, un homme trapu avec une barbe naissante, se gratta le menton d'un air songeur, avant de river sur moi un regard dénué du moindre soupçon d'humour.

« On n'en veut pas des problèmes, me répondit-il gravement. Donc on les cherche pas. »

L'autre villageois acquiesça d'un mouvement affirmatif de la tête, et je devinai que je n'apprendrais rien de plus de la part de ces deux hommes, qui n'avaient visiblement qu'une envie : passer leur journée tranquillement à travailler et à accessoirement boire quelques canons. L'inhabituel ne devait pas leur plaire, et ils étaient probablement du genre à fermer les yeux sur les problèmes qu'à vraiment vouloir les voir afin de préserver leur quotidien insouciant.

« C'est une façon de voir les choses, fis-je, quelque peu ironique. Passez donc une agréable journée sans problèmes. »

Je me détournai et revins m'asseoir en face de Nanti, alors que Nastaé était toujours au bar en train de cuisiner l'aubergiste de manière bien plus efficace que je n'aurais su le faire. L'Ondin ne tarda toutefois pas à revenir vers nous, et légua son verre d'hydromel à son aîné en ronchonnant – ce qui ne m'étonna guère de sa part. Malgré ma brève discussion avec les deux autres hommes de l'auberge, j'avais quasiment tout entendu de l'échange entre l'Ondin et l'aubergiste et m'étais également promis de ne pas faire de Nastaé un de mes ennemis, vu la manière dont il arrivait à manipuler aussi facilement ses interlocuteurs – et je n'avais aucun doute à deviner qu'il y parviendrait également avec moi si il prenait la peine d'essayer, ce dont je n'avais pas particulièrement envie. Je préférai néanmoins chasser ce genre de considérations de mon esprit et me pencher sur le véritable problème.

« Ca peut toujours être un début, remarquai-je après les réflexions des deux Ondins. Si cette Gabi est aussi curieuse qu'elle semble l'être, elle ne manquera probablement pas d'être dans les parages. Notre affrontement a tout de même dû laisser quelques traces. »

Une petite inondation de rue, un vague combat de toits... Tout ceci ne devait probablement pas passer inaperçu. Si les villageois lambda préféraient fermer les yeux sur ce petit genre de détail, en revanche, la colporteuse du coin ne manquerait probablement pas de s'y intéresser. Avec un peu de chance, elle viendrait peut-être à nous d'elle-même, mais ça, nous ne pouvions le savoir en demeurant dans cette auberge. Je lançai un regard interrogateur aux deux Ondins, prêt à partir si tout le monde était d'accord sur ce point.
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Mer 17 Avr 2013, 21:15

Nastaé revint moins bredouille qu'Enzel, et il fallait avouer qu'il s'était sacrément plut à manipuler une personne si friable d'esprit, et il recommencerait avec grand plaisir, oh oui. Cependant, ce n'était pas le sujet, et il aurait le temps de parfaire ses aptitudes plus tard. Les réactions de la Fée le fascinait de plus en plus, mais il se garda bien de lui dire. Il comprit, par rapport à ses agissements, qu'il allait surement trop loin, et qu'il fallait qu'il s'impose des limites, seulement ce n'était pas dans ses habitudes de se mettre des barrières, alors celles d'Enzel fonctionnaient pour lui. Et ils s'y heurtait violemment, mais au moins elles étaient là, comme un garde-fou, pour lui dire qu'il fallait qu'il se contienne.

Ensemble ils décidèrent de sortir de là, pour déjà se rendre dans la ruelle. Fermant la porte sur un aubergiste en émois, et deux hommes légèrement renfrognés, ils remontèrent la rue pavée, animée, pour tourner à l'angle d'une ruelle. La fameuse ruelle de l'attaque. Effectivement, il y avait des traces comme disait Enzel. Des bris de verre, des tuiles tombées du toit, des flaques d'eau disséminée ça et là, comme si la terre en dessous des cailloux, avait déjà tout pompé... Mais pas de corps, rien. Les cadavres avaient bel et bien disparut. Soupirant, l'Ondin croisa les bras et s'appuya sur le mur. « C'est affligeant... J'ai l'impression que rien nous aide... », « Et sinon quand t'es content, ça fait comment... ? ». Nastaé fronça les sourcils et tira la langue à son frère, qui commençait déjà à explorer les quelques indices. Après tout, peut être quelque chose attirerait leur attention ?

Se décalant de son mur, il retourna dans le coin d'ombre où il avait transporté la joli Fée, et ne vit rien. Pareil pour l'endroit où le type est mort, rien, rien. « Tu penses qu'il peut y avoir quelque chose sur les toits ? », adressa-t-il à Enzel. Mais alors que l'Ondin commençait à désespérer, et que son frère cherchait minutieusement, une fille se pointa devant eux. « Je peux vous aider ? », Nastaé releva la tête et l'observa. Elle était assez petite, toute fine, un débardeur, un short, les cheveux relativement court, un bandeau, et un visage d'adolescent pré-pubère, pas fini d'être formé. Seulement, alors que lui l'observait comme une rivale -qu'elle n'était pas pourtant-, Nanti prit les devants, à nouveau : « Nous nous sommes batt... », Nastaé écarquilla les yeux et l'interrompit, en se mettant devant lui : « Nous avons eu une altercation avec des personnes qui n'avaient pas l'air d'être natives du village, et nous cherchons à savoir qui ils peuvent être. Y a-t-il beaucoup de passage ici ? » Il lança un regard meurtrier à son frère, se demandant si il n'allait pas bêtement délivrer des informations, qu'elle n'avait pas franchement à savoir. Après tout, qui était-elle ?

La jeune fille sourit et dit : « Oh... Euh non pas vraiment. Nous sommes assez reculé de la route principale traversant les Terres d'Émeraude, alors peu de monde s'aventure jusqu'ici. » L'Ondin acquiesça et lui offrir un fier sourire en disant : « Nous ne nous sommes pas présenté, excusez-nous... Voici Nanti, Enzel, Tora et moi-même, Nastaé ! Enchantez... », « Gabrielle ! Je me nomme Gabrielle, mais les gens ici m'appellent Gabi », « Aah... Gabi... L'aubergiste, un homme fort sympathique, nous a parlé de vous, vous voyagez beaucoup apparemment ? », « L'aubergiste ? Ah ! C'est mon beau-père, et je ne voyage pas si souvent que ça... Il exagère toujours. A-t-il dit autre chose que je puisse défendre ? », « Oui, que vous étiez une pointure en connaissances, au sujet des dernières rumeurs et problèmes du village. », « Eh bien, il n'a pas sa langue dans sa poche celui là... » ELle avait mit les mains sur ses hanches et étaient moyennement contente. Mais Nastaé continua : « Ne vous inquiétez pas, nous voulions juste savoir si vous avez une idée de qui peut causer de tels troubles dans ce village ? Si il y en a beaucoup ? » La jeune fille évalua chacun d'eux, puis croisa les bras. L'Ondin ne savait vraiment si elle allait répondre ou non finalement.
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Jeu 18 Avr 2013, 22:46

Les corps avaient bel et bien disparu, mais cela ne m'étonnait guère. Après tout, Nastaé avait bien affirmé que la victime de sa magie des ombres avait vu son cadavre disparaître, et je n'avais aucune raison de ne pas croire en les capacités de l'Ondin après les avoir vues à l'oeuvre. J'avais beau ne pas savoir grand chose des magies contrôlées par le jeune éphèbe, j'avais tout de même su percevoir des signes de maîtrise dans les actions de l'Ondin lorsqu'il m'avait sauvé du sort de magie noire du Sorcier. Et si le plus jeune des deux frères soupira son pessimisme en s'appuyant contre un mur, l'air désespéré, Nanti se mit en revanche à étudier de plus près les indices qu'avait laissés notre confrontation de la veille après avoir charrié son cadet, comme à son habitude. L'enfance de ces deux-là avait dû être particulièrement joyeuse... Il était néanmoins assez étrange de voir qu'une même éducation avait forgé deux individus si différents de physique et de caractère. Réalisant que cette dernière réflexion relevait tout de même de l'hôpital se foutant de la charité, j'adressai un sourire narquois à Nastaé avant d'imiter Nanti et me pencher sur les quelques indices que nous avions laissés derrière nous.

Evidemment, rien de tout ceci ne fut très éloquent et utile pour la suite de nos investigations. Je m'en étais quelque peu douté, mais lorsque Nastaé me demanda d'aller jeter un coup d'oeil aux toits, j'obtempérai tout de même, prenant mon envol après avoir fait apparaître ma paire d'ailes noir transparent. Les signes de mon altercation en hauteur et de ma chute étaient toujours présents sur la toiture, mais rien ne permettait d'orienter nos recherches vers quoi que ce soit. Mais en réalité, si je faisais mine de chercher des indices plus éloquents que cela, je n'attendais pas grand chose d'un tel examen. La seule chose qui était susceptible de nous aider était la jeune fille que l'aubergiste avait évoqué en conversant avec Nastaé, et j'attendais qu'elle pointe le bout de son nez. Ce qui ne tarda pas à être le cas, une adolescente ne tardant pas à faire son apparition à un bout de la ruelle, s'avançant vers les deux Ondins.

Je redescendis du toit, me posant avec légèreté sur les pavés irréguliers de la ruelle, et rivai mon regard acier sur celle qui avait de forte chance de répondre au nom – ou surnom – de Gabi. Il s'agissait là d'une adolescente aux cheveux courts, aux traits légèrement enfantins, arborant short, débardeur et bandeau, répondant parfaitement au stéréotype de la petite fouineuse du village – après tout, les stéréotypes n'existaient pas pour des prunes. C'est aimablement qu'elle nous proposa son aide, quand bien même je devinais derrière ces prunelles l'existence d'une lueur que je connaissais bien, pour l'avoir moi-même souvent dissimulée dans mon regard : celle vive et pétillante de la curiosité. Nanti, en toute franchise, commença à lui répondre, mais fut interrompu par son cadet, légèrement plus diplomate et plus astucieux en terme d'échanges d'informations orales. C'était là une initiative que je serais loin de contester, aussi gardai-je le silence en observant les deux protagonistes converser, Nastaé distillant judicieusement les informations à notre propos afin de ne pas trop en dire, mais ne pas paraître trop méfiant. J'eus par ailleurs quelque peu de mal à dissimuler mon sourire moqueur en entendant les qualificatifs que l'Ondin utilisa pour décrire le propriétaire de l'auberge, ne désirant pas foutre en l'air les efforts du jeune éphèbe pour attirer la sympathie de sa nouvelle mine d'informations.

Cette dernière finit d'ailleurs par croiser les bras et nous évaluer chacun à notre tour, cherchant visiblement à savoir quelles informations elle devait donner et quelles informations elle devait garder pour elle. Voire même quelles informations échanger. J'avais l'intuition que l'argent n'intéressait que moyennement les esprits vifs et curieux comme celui de Gabi – et comme le mien – mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas demander autre chose en échange de ses informations. Une preuve de confiance comme un engagement ou une action particulière à effectuer. Un éclat de malice brilla dans les prunelles de l'adolescente, et je sus dès lors que mon intuition n'était pas erronée.

« Mmmm... fit-elle en faisant mine de réfléchir. Si je vous en disais plus, vous auriez l'intention de faire quoi, au juste ? »

Malgré le talent de Nastaé pour la conversation, je ne pus m'empêcher d'intervenir, avec un sourire un poil provocateur sur les bords.

« Et que voudriez-vous que nous fassions ? »

La question sembla quelque peu prendre au dépourvu la jeune fille, qui fronça les sourcils alors que s'activaient très manifestement ses neurones sous son crâne d'adolescente. Rien de mieux que de contenter le parti adverse en lui demandant directement ses attentes. Oui, bon, tourner autour du pot pendant cent cinquante ans avec une adolescente pré-pubère, ce n'était pas trop mon truc.

« Moi, je ne veux rien. »

Mensonge. Même sans pouvoir de révélation et sans avoir inventé l'eau chaude, je pouvais le lire dans les prunelles de l'adolescente.

« Je veux juste pas avoir trop d'ennuis, et pas de morts sur la conscience, ajouta-t-elle en soutenant mon regard. »

Une nouvelle lueur s'alluma dans son regard. Une lueur, qui, là aussi, m'était familière. Une lueur où se mêlaient espièglerie, curiosité et malice. Je devinai d'ores et déjà les propos qui allaient suivre, mais décidai de ne pas prendre de court notre interlocutrice, par respect pour sa fierté. Sa main fine vint se glisser dans ses cheveux, et retira le bandeau qui empêchaient quelques-unes de ses mèches courtes de se balader devant son regard noisette. Elle l'agita sous nos regards avant de nous lancer, avec un sourire carnassier :

« Prouvez-moi que vous n'irez pas au casse-pipe. »

Elle jongla avec son bandeau, nous le montrant de manière évidente comme l'objet que nous devions lui dérober, par force, adresse ou magie. Ayant prévu le challenge, ma main se tendit brusquement vers l'objet, et mon pouvoir de télékinésie s'activa, tentant de l'arracher des mains de l'adolescente. Mais je devinai aisément que les choses auraient été trop simples ainsi, et lorsque Gabi referma fermement ses doigts sur le bandeau, je sus que l'anti-magie de l'humaine était à l'oeuvre. Je fis un bond en avant, et porté par mes ailes, j'avalai la distance qui me séparait de l'adolescente avant de tenter de lui faucher les jambes à l'aide de ma jambe droite. Agile comme un singe, Gabi fit un bond pour esquiver mon attaque, tout sourire, avant de me tirer impunément la langue.

Je n'avais toutefois pas dit mon dernier mot. Je me doutais bien que, si nous nous y étions mis à trois, nous aurions aisément relevé le challenge avec brio. Mais trois hommes s'acharnant sur une adolescente, était-ce vraiment un moyen de la convaincre de nos capacités. Quelque part, j'en doutais fort. Aussi, en me redressant, je frappai avec précision le dos de la main de la jeune fille à l'aide du bout de mes phalanges proximales. C'était là un coup qui n'était pas destiné à blesser, mais déserrer légèrement l'emprise de la main de l'adolescente sur son bien. Frappé avec précision, le dos de la main pouvait présenter un point de frappe permettant aux combattants faibles telles que moi de provoquer une légère ouverture des doigts.

« Unseen forces are calling thee. »

Prononcés à mi-voix, ces Mots de pouvoir amplifièrent mon don de télékinésie, dont la force suffit cette fois-ci à arracher des mains de la jeune fille le bien convoité. Après avoir repris ma distance par réflexe par un bond en arrière, j'offris un sourire faussement innocent à l'adolescente, laquelle semblait hésiter entre la rancune et l'admiration. Je lui rendis son bandeau, toujours avec le même sourire, et ne tarda pas à le replacer dans ses cheveux avant de nous adresser une brève invitation :

« Venez, suivez-moi, ça devrait vous intéresser. »
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Lun 22 Avr 2013, 21:28

Suite au discours de Nastaé, la jeune femme réfléchit à bien des éventualités. Si seulement il pouvait sonder son esprit, et y lire un tantinet d'informations, alors ils n'auraient pas à lui courir docilement après. Cependant, elle demanda une preuve comme quoi elle pouvait leur livrer des informations. Enzel prit les devants, et s'en chargea haut la main, ce qui lui valut des applaudissements de la part de Nastaé. L'Ondin l'avait trouvé sacrément agile ! Alors la petite les emmena quelque part.
Ils longèrent quelques rues et ruelles, avant de sortir du village, pour s'enfoncer dans le bois adjacent. Nastaé regarda derrière lui, et vit qu'ils commençaient à s'éloigner plutôt bien de la route principale. Seulement il ne pouvait pas dire à ses partenaires que ça sentait le roussi, sinon Gabi allait les entendre. Et puis après tout, qu'est ce qu'une petite humaine pouvait faire contre eux ?

Se disant que ce n'était finalement pas si terrible, il suivit la petite qui s'enfonça dans la forêt. Cependant, au bout d'un moment, Nastaé la perdit de vu, et fini par complètement perdre le groupe du vu. Il n'avait pas été franchement doué... C'est sur. Le pauvre avait aidé une petite bestiole blessée, à repartir, et ce furent trente secondes cruciales, qui lui coutèrent cher. Tournant sur lui même, il ne reconnu même pas le paysage et commença sérieusement à baliser. « N... Nanti ? », mais seule sa voix résonna à travers les arbres. « Tora ! Tora ma jolie, où êtes-vous ? », « Je ne sais pas et ton frère n'a pas remarqué ta disparition, il continue de suivre l'Humaine. », « Arrête le ! », « Il ne veut pas m'écouter. ». Que se passait-il enfin ? Nanti s'était-il fait hypnotisé ? Et pourquoi seulement lui ? Enzel aussi ?

Toutes ces questions se bousculèrent dans sa tête et, poussa un léger cri de douleur, il se mit en route, se disant qu'il allait bien tomber sur quelqu'un. Rectification, quelqu'un lui tomba dessus. Nastaé poussa un cri, avant de se décaler violemment. Un type atterrit juste à côté de lui et visiblement, plein de mauvaises intentions. L'Ondin ne broncha pas, et chercha rapidement une issue, mais l'homme jeta sur lui un sort qui le paralysa. Alors il resta bêtement debout, sans pouvoir ni marcher, ni bouger, ni parler. Nastaé était prisonnier, au milieu d'un bois qu'il ne connaissait pas, loin de ses alliés -avec un Nanti hypnotisé...- bref, atrocement seul. Alors le sorcier se mit à rire, à rire beaucoup, longtemps et très fort. Le jeune homme pu le voir faire le tour de sa personne, avant de prendre son visage dans une main : « Tu croyais vraiment qu'on allait vous attaquer, sans s'assurer avant, que les habitants du village ne soient pas à notre botte ? C'est bien mal nous connaitre... »

Cherchant une solution, il réfléchit à un homme, qui aurait pu l'aider, mais qu'il n'avait aucun moyen d'appeler, puis Nanti, lui se fut pareil, et ne parlons même pas d'Enzel. Cependant, le sorcier scruta ses pensées, et découvrit bien des choses qui le dégoutèrent. « T'es qu'un sale chien ! Comment peux-tu autant aimer te faire souiller de la sorte ?! Les gens comme toi sont des erreurs de la nature... Tu me dégoûte ! » L'Ondin se prit violemment quelques insultes dans la figure, sans oublier une bonne baffe. Maintenant à terre, il ne pouvait toujours rien faire. Son cerveau marchait à mille à l'heure et il réfléchissait rapidement, mais même avec toute la volonté du monde, il ne pu bouger d'un iota. Le sorcier sortit une lame de son manteau, la pointa au dessus de Nastaé, et, au moment de frapper, ce dernier vit la masse noire tomber. Tout à coup, l'emprise sur lui s'annula, et il pu se relever. Le jeune homme vit Tora, sur le sorcier, en train de rugir, et son maitre attrapa la dague, la lançant entre les yeux de l'assassin.

La tigresse se jeta sur son maitre, qui tomba à genoux au sol, s'effondrant sur elle. Nanti sortit des fourrés, accompagné d'Enzel. Son frère vint prêt de lui, pour le relever : « Nastaé... Viens... », « Non... Non ! Pourquoi c'est à moi que ça arrive ? Ant', j'ai failli mourir ! Si Tora n'avait été là je... », « Nastaé ! Je suis là, nous sommes là pour toi... Aller, il faut partir, Gabrielle nous a mentit », « Hein ? » Il releva son visage candide vers son frère, qui le porta presque sur le retour. « Oui. Nous t'avions perdu et la gamine s'est rebellé... » Nanti jeta un coup d'œil à Enzel pour qu'il raconte le reste.
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Lun 22 Avr 2013, 23:24

Pris dans le feu de l'action, j'en avais totalement oublié la présence des deux Ondins, dont l'existence me revint lorsque j'entendis s'élever derrière moi des applaudissements, alors que la jeune Humaine nous invitait à la suivre. Me retournant, j'adressai un sourire où se mêlaient gêne et appréciation à Nastaé, qui, encore une fois, venait de faire quelque chose qui m'était inhabituel : me féliciter pour mes talents autres que ceux de guérisseur, qui étaient à mes yeux les seuls dont je pouvais à peu près me vanter. Mais probablement était-ce un peu réducteur, pensai-je en réalisant de ce que je venais d'accomplir. Néanmoins peu enclin à me balancer des fleurs mentales pendant cent sept ans, j'acceptai l'invitation de Gabi, suivi par les deux Ondins.

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre de la part de l'adolescente, qui devait après tout bien savoir quelque chose à propos de ces Sorciers que nous chassions depuis presque deux jours à présent. Souhaitait-elle nous montrer quelque chose de particulier, comme le repère des criminels ? Ou désirait-elle simplement nous livrer quelques précieuses informations à l'abri des oreilles indiscrètes ? Cette seconde hypothèse fut bien vite infirmée, puisque l'adolescente ne tarda pas à nous entraîner hors du village, ce qu'elle n'aurait probablement pas fait si elle désirait simplement nous confier deux ou trois secrets... A moins que le village entier soit sous le contrôle des Sorciers – ce que je ne parvenais pas franchement à envisager. Non contente de nous faire quitter l'enceinte du village, la demoiselle nous entraîna dans le bois qui y était adjacent, ce qui commença à m'intriguer quelque peu, mais lorsque je fis mine de vouloir poser des questions à la jeune Humaine, celle-ci m'interrompit par un index posé sur ses fines lèvres ainsi qu'un clin d'oeil espiègle. Cette gamine avait un comportement qui ressemblait trop à celui d'une Fée pour que je me méfie réellement... Aussi me résignai-je à ne poser aucune question et à suivre l'adolescente en silence. Nanti semblait également faire de même, ayant également eu droit à un regard malicieux de la part de l'adolescente.

Nous continuâmes à nous enfoncer dans la forêt, tandis que s'installait une étrange monotonie dans mon esprit, qui semblait s'être éloigné de la situation pour laisser mon corps continuer d'avancer sans sa contribution. Je ne sais pendant combien de temps nous persistâmes à progresser ainsi, dans ce climat d'étrange atonie, mais ce fut l'agitation de Tora qui acheva de me convaincre que quelque chose ne tournait pas rond depuis que l'humaine m'avait adressé son clin d'oeil. Je m'arrêtai soudain, et me retournai. La tigresse de Nastaé semblait vouloir quelque chose à Nanti, mais celui-ci ne réagissait pas. Quant à Nastaé... Nastaé n'était plus là. Mon sang ne fit qu'un tour. Que s'était-il passé ? Pourquoi l'Ondin au teint diaphane avait-il disparu sans mot dire ? Sans mot dire... Mon regard acier se posa brièvement sur Tora, qui continuait de harceler Nanti en lui tournant autour, se frottant de temps à autre à ses jambes et lui donnant des coups de patte. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Et Tora s'en était rendue compte bien avant moi. Elle s'en était rendue compte alors que j'avais été plongé dans cet étrange état de passivité qui m'avait poussé à suivre Gabi sans hésiter.

Je tendis ma main gauche vers l'Ondin, voulant lui toucher le bras afin de le sortir de la torpeur bien plus profonde que la mienne dans laquelle il semblait être plongé. Probablement que mon potentiel magique avait amoindri l'effet du sort dont nous avions été victime, l'Ondin et moi. Mais avant que mes doigts n'aient pu effleurer la peau de Nanti, ceux de Gabi se refermèrent sur mon poignet, et je sentis la pointe d'une lame pénétrer la chair de mon flanc gauche. Stimulé par l'urgence, mon réflexe fut rapide. M'efforçant d'ignorer la douleur, j'envoyai mon genou gauche dans l'abdomen de la jeune Humaine, qui, le souffle coupé, lâcha mon poignet et fit quelque pas en arrière, retirant brusquement la lame de mon flanc. Le sang commença à maculer le tissu de mon habit, mais la blessure n'était pas assez profonde pour être très grave, aussi tirai-je immédiatement ma lame noire de son fourreau afin de faire face à l'adolescente.

Nombre de pensées traversaient mon esprit. Chaque détail important pour la confrontation était répertorié méthodiquement, comme me l'avait inculqué Seth au cours de ses innombrables leçons de combat. Mais fusaient également en tous sens des questions et des déductions enclenchées par cette soudaine agression. D'autres pièces du puzzle se mettaient en place. La raison pour laquelle Gabi nous avait emmenés ici. L'étendue de l'influence des Sorciers. Et... la disparition de Nastaé. L'urgence de la situation, qui me frappa lorsqu'une image fugace de l'Ondin disparu me traversa l'esprit, me fit prendre les devants rapidement, alors que je n'étais pourtant pas du genre à frapper les jeunes adolescentes sans états d'âme. Ma main gauche vint se saisir de la poignée de Valeria et la lança en direction de l'adolescente, avant que je fonde, armé d'Erys, sur cette dernière, suivant la trajectoire de ma lame blanche. Cette dernière fut esquivée sans l'ombre d'un problème par la jeune humaine, dont la lame courte rencontra la mienne dans un bruyant éclat métallique, qui ne tira pourtant pas Nanti de sa torpeur.

« Pourquoi tu t'es réveillé ?! s'écria l'adolescente, visiblement peu préparée à affronter un épéiste tel que moi en toute possession de ses moyens. »

Alors que nos fers étaient toujours entrecroisés, je la vis chercher du regard mes prunelles acier. Et ce fut à ce moment que je remarquai la présence du collier serré orné d'une pierre rouge présent autour du cou de la jeune Humaine. Gabi était Humaine. Je l'avais senti lorsqu'elle m'avait testé au village, lorsque mon pouvoir de télékinésie s'était opposé à son anti-magie. En théorie, elle devait être dépourvu de pouvoirs magiques, mais si elle était porteuse d'un objet lui permettant de passer outre cette limite... Je décidai de tenter le tout pour le tout et usait de mon don de télékinésie pour rappeler vers moi ma lame blanche qui était allée se perdre dans un fourré derrière la jeune humaine. Celle-ci, entendant le bruit provoqué par ma lame, hésita un fraction de seconde à regarder en arrière, et je mis ce moment à profit pour refermer les doigts de ma main libre sur son collier et le lui arracher.

Surprise, et paniquée, la jeune humaine me retint le poignet, mais ma main demeura refermée sur le bijou.

« Rends-moi ça ! cria-t-elle d'une voix où se mêlaient rage et panique. »

Et elle envoya son genou dans mon flanc gauche, heurtant l'endroit où sa lame s'était enfoncée quelques instants plus tôt, lorsqu'elle m'avait prit par surprise. Frappé à un point sensible, je sentis la douleur irradier à partir de la blessure et serrai les mâchoires pour ne pas laisser échapper un gémissement de douleur. Ce fut ce moment que choisit Tora pour se jeter sur l'adolescente, qui lâcha mon poignet, et roula dans l'herbe, pele mêle avec la tigresse. Surpris par cette intervention soudaine, je fis quelques pas en arrière pour reprendre mon souffle, et sentis dans le creux de ma main refermée sur bijou la pierre qui l'ornait se briser.

La tigresse et l'Humaine finirent par se séparer, chacune se fixant du regard. Derrière moi, j'entendis Nanti s'agiter, le sort s'étant visiblement brisé et l'Ondin émergeant de sa torpeur. Constatant qu'elle allait faire face à une Fée, un Ondin et une tigresse, la jeune Humaine s'enfuit sans demander son reste après avoir esquivé une attaque bondissante de Tora. Nanti fit mine de vouloir la poursuivre, mais la tigresse et moi réagîmes de concert : la première s'élança en sens inverse, moi sur ses talons, et je criais un nom à Nanti en guise d'explication :

« Nastaé ! »

La tigresse courant bien plus vite que moi, elle ne tarda pas à me distancer, comme si elle savait d'instinct où était son maître. Nanti ne tarda pas non plus à me rattraper alors que je m'efforçai de faire abstraction de la désagréable sensation douloureuse élançant mon flanc gauche. A cause de mon habit sombre, l'Ondin ne sembla pas noter la présence de la plaie, et me passa devant à son tour. Loin de moi était l'idée de me plaindre de ce genre de chose à présent. Plus que ma blessure minime, c'était l'état de Nastaé qui importait.

Nous ne tardâmes pas à émerger d'un énième fourré, sur les traces de la tigresse. Celle-ci semblait avoir déjà fait son œuvre, ce qui semblait être le cadavre d'un Sorcier étant étendu à côté de l'Ondin. La dague fichée entre ses deux yeux semblait avoir été l'oeuvre de Nastaé, aidé par sa tigresse, dont les griffes et les crocs avaient laissé des traces sur le macchabée. Mais à présent, Tora était enlacée dans les bras de son maître, qui semblait avoir traversé bien plus d'épreuves que Nanti et moi-même. Et lorsque son frère l'aida à se relever, je ne pus que regarder d'un air peiné Nastaé se morfondre sur son sort. Au vu de ce qu'il venait de vivre, cela pouvait être compréhensible. Mais c'était en même temps un comportement que je n'appréciais guère. Je décidai néanmoins de mettre les propos de l'Ondin sur le coup du choc, et m'approchai de lui, tout en complétant les explications de son frère :

« Les Sorciers lui avaient donné un artefact hypnotique. Grâce à Tora, je suis parvenu à comprendre que quelque chose n'tournait pas rond, et à ce moment-là, Gabi nous a attaqué. Mais elle a fui quand j'ai brisé son artefact. »

J'ouvrai ma main gauche, montrant le collier et la pierre couleur sang qui s'était brisée entre mes doigts. Je n'étais pas dupe au point de croire que ma seule force avait permis cela. Il semblait plutôt que l'objet était voué à se briser s'il passait entre les mains d'un autre que celles de la jeune Humaine. Mais l'heure n'était pas aux réflexions physiques et métaphysiques.

« Nanti a raison, il faut qu'on parte, sauf si on veut participer à une p'tite murder party de Sorciers. Mais avant... »

Je fermai brièvement les yeux, et concentrai un peu de mon énergie magique dans mes doigts, et effleurai du bout de ceux-ci l'épaule de Nastaé. Son usage était souvent sous-estimé en ce sens, mais la magie blanche pouvait également servir à améliorer les états d'âme de ceux qui en étaient bénéficiaires. Et j'espérai ainsi redonner un peu de sérénité à l'Ondin, que je n'aimais pas voir se morfondre sur son sort.

« Ca va mieux ? lui demandai-je avec un sourire. Allons-y. »

Ma magie se dissipa et échangeai un regard avec Nanti. Celui-ci acquiesça d'un signe de tête et prit les devants, guidant notre petit groupe à travers le bois. Je fis moi-même en sorte de me placer légèrement en retrait par rapport à Nastaé, histoire de m'apercevoir immédiatement de son énième disparition si celle-ci devait arriver. Restait à espérer que nous sortirions de ce bois sans tomber sur qui que ce soit, mais je ne me faisais pas trop d'illusions : d'une façon ou d'une autre, les Sorciers devaient avoir eu vent de l'échec de Gabi. Et pire, ce bois était peut-être même leur repère.

Spoiler:
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Mar 23 Avr 2013, 15:57

Nastaé se détacha de son frère pour regarder Enzel parler. Il était un peu pâle, mais quand il montra le collier à l'Ondin ce dernier comprit pas mal de choses. Effectivement, Gabi les avait trompé sur toute la ligne et le sorcier lui avait explicitement dis que le village était sous leur contrôle. Se frottant les yeux, il vit la main de la fée frôler son épaule, et lui même se sentit reprendre du poil de la bête. Cependant, il prit Enzel par la nuque et colla son front au sien, en disant : « Tu es sur que ça va ? Tu n'es pas blessé ? »

Le petit groupe ne traîna pas et repartit immédiatement, laissant derrière eux toute cette histoire. Bien sur, ils savaient des sorciers allaient réapparaitre, mais pourvu que ce ne soit pas ici, dans ce bois qui ne rassurait pas Nastaé. Le jeune homme croisa doucement les bras, se demandant s'il avait bien fait de partir comme ça, à la conquête du monde, avec son frère. Il était heureux de chaque rencontre qu'il faisait, mais était-ce finalement la vie dont il rêvait ? Soupirant, il continua de suivre son frère, jusqu'à s'apercevoir qu'ils étaient sortit du bois.

« Je ne sais pas si c'est une bonne idée de retourner au village... Le sorcier qui m'a attaqué, m'a dit que ses habitants étaient sous leur contrôle, et que de toute façon nous n'y trouveront rien. Mais, en même temps... »


...était-ce la bonne solution d'abandonner aussi facilement, au lieu de combattre le mal viscéral qui envahissait la région ? Nastaé n'était plus sur de rien, et ne savait pas quoi faire. « Ecoutez, on essaye d'y aller, mais si ça sent pas bon pour nous, on fait demi-tour, d'accord ? », « Et on laisse le mal et la corruption se répandre peu à peu ? Je... Je pense qu'il faut les aider... Qu'en penses-tu Enzel ? » C'était comme ça, c'était dans leur nature bénéfique de prôner la justice en faveur du bien. Alors oui, ils retourneraient dans ce village corrompu et ils aboliraient l'esclavage de ces habitants. L'après midi était déjà bien entamée, et les rues étaient assez peuplées. Nanti leur fraya un petit chemin jusqu'à la place principale et Nastaé constata que personne ne les regardait de travers. Aucun ne se doutait de qui ils étaient, comme si ils étaient devenu transparents. L'Ondin soupira, se rassurant alors et, sachant que c'était peine perdue d'interroger les gens ici il dit discrètement : « Ce soir, on retournera à l'auberge. Je ne veux pas qu'on se jette dans la gueule du loup, donc on oublie la solution d'aller dans leur repaire, mais il faudrait au moins trouver un moyen de les atteindre. » Déjà, il ira reparler à l'aubergiste et ens...

Un cri retentit. Une femme sortit en pleur et effrayé de la taverne, avant de trébucher et de tomber au sol. Nastaé fit un bond en arrière, et vit des gens se précipiter sur elle, essayant de la relever, de lui parler. Mais tout ce qu'elle articula était le fait qu'elle avait trouvé un mort dans la bâtisse. Quoi ? Nanti dépassa le groupe de gens, et Nastaé lui prit la main pour le suivre, faisant signe à Enzel. Ensemble ils entrèrent là-dedans, et vire, sur le bar, le cadavre de l'aubergiste. L'Ondin eu un mouvement de recul, mettant sa main sur sa bouche, en voyant le cadavre estropié. Fermant trente secondes les yeux, il se concentra sur la voix de Nanti, implacide : « C'est l'œuvre des sorciers. Ils l'ont vidé de toute son énergie, c'est pour ça qu'il n'a plus que la peau sur les os... » Revenant vers eux, il prit son frère dans les bras et dit à Enzel : « Nous n'avons plus rien à faire ici. Ce mal est trop puissant pour nous, et ce n'est plus de notre ressort d'aider ce village... On risque de finir comme lui. Viens... » Nanti fit sortir Nastaé, qui préféra ne plus penser au corps, et se tourna vers la fée pour lui sourire. Ses traits étaient tristes et désolés. Désolé de l'avoir embarqué dans pareille situation, désolé de ne pas pouvoir aider ces gens là... Et en même temps il avait besoin de son soutien. Enzel avait des répercussions très bénéfiques sur le jeune homme, et ce dernier, comme acte de gratitude, lui prit la main, pour la serrer doucement. Il avait vraiment besoin de lui, et il espérait le lui faire comprendre par son regard et ses gestes.

Une minute plus tard, Nanti se mit en route, et Nastaé détourna la tête, et retira sa main, brisant le lien psychique. Oui... Il était grand temps de partir d'ici... Définitivement.
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Mer 24 Avr 2013, 00:40

J'avais espéré que ma magie blanche ferait reprendre du poil de la bête à Nastaé – et ce fut le cas – mais je ne m'étais pas franchement attendu à ce que celui-ci me prenne par la nuque et colle son front au mien en faisant mine de vérifier mon état de santé. Le geste me surprit, mais je ne repoussai pas l'Ondin, car au fond, je me sentais touché par une telle attention qui ne m'avait jamais été manifestée auparavant. Une seule personne sur ces terres m'avait marqué d'un tel sceau de tendresse, et à présent, elle était morte. Je l'avais tuée de mes mains, mais je ne désirais pas me morfondre sur mes crimes passés dans une telle situation. Tout comme je ne souhaitais pas inquiéter l'Ondin à propos de choses dont nous n'avions pas solutions. J'offris un sourire sincère au jeune éphèbe et lui offrit un pieux mensonge :

« Oui, ça va. Ne t'en fais pas. »

Et alors que ces mots franchissaient mes lèvres, je sentais la douleur irradier au niveau de mon flanc gauche. Mais rien dans mon expression ne la trahit, et je laissais les doigts de Nastaé défaire leur emprise librement, quand ils le voudraient. J'avais d'ores et déjà retenu que brusquer l'Ondin n'était pas bon pour la sensibilité de ce dernier, surtout lorsqu'il s'agissait de le repousser lors d'un contact physique. Si ce genre de chose me mettait mal à l'aise, c'était plutôt à cause de mon manque d'habitude, mais je m'y faisais plutôt vite. Tout comme, au final, je m'habituai assez rapidement à cette douleur causée par la blessure de la dague de Gabi, qui fut considérée par mon esprit comme une douleur de second plan, bien que quelque peu différente d'une migraine. De toute façon, le seul moyen que les deux frères avaient à leur disposition pour me soigner était leur chant des profondeurs, et je n'étais pas vraiment sûr de vouloir retenter l'expérience. Ma blessure n'était pas grave à ce point. Et si, de manière générale, j'étais un bien piètre menteur, il s'avérait que j'excellais dans le domaine lorsqu'il s'agissait de dissimuler à mes proches quelque chose me concernant qui aurait pu les inquiéter, voire les blesser.

Finalement, nous parvînmes à sortir du bois sans faire de mauvaises rencontres. Comme quoi, je n'avais pas un si mauvais karma que ça... Je jetai tout de même un dernier coup d'oeil inquiet derrière moi avant de franchir l'orée de la forêt, me disant qu'elle aurait été l'endroit parfait pour les Sorciers pour nous prendre par surprise ou nous jouer un coup foireux de plus. Quoique, ils avaient peut-être imaginé pire... M'efforçant de ne pas sombrer dans un pessimisme mental nocif pour l'esprit, je reportai mon attention sur Nastaé, qui commençait à exposer ses doutes, et à raison. Mon instinct de survie me dictait également de ne pas m'attarder plus longuement en ces lieux, le problème semblant être un peu trop conséquent pour que nous nous y attaquions à trois uniquement – et demi, certes, mais bon, fallait quand même voir la tronche de notre groupe plus ou moins étrange. Quant à mon instinct de bonne poire... Il me dictait de retourner illico presto là-bas dedans afin de voir si il n'y avait pas quelque chose à faire qui soit dans mes cordes, au détriment de ma sécurité. Et il fallait dire que mon instinct de bonne poire s'alliait à ma conscience sur ce coup, ce qui n'était pas franchement des plus agréables, comme situation psychique.

Il semblait néanmoins que Nastaé était également en proie au même dilemme que moi. Et probablement que cela ne lui échappa nullement – ou alors, ma nature de bonne poire ne lui avait pas échappée, ce qui n'était absolument pas impossible – puisqu'il ne tarda pas à se tourner vers moi à la recherche de mon avis. Je n'étais pas franchement du genre à crier à l'amour et à la justice sur tous les toits – je sais que le ridicule ne tue pas, mais quand même – mais dans le fond, je ne pouvais demeurer totalement indifférent aux choses qui se déroulaient dans ce village.

« Tu as raison. Il faut au moins voir si on peut faire quelque chose. »

Il en allait de l'intégrité de ma conscience. Je gardai néanmoins cette remarque à moitié sérieuse pour moi-même, cette fois. Car elle aurait paru franchement déplacée lorsque je n'étais pas le seul concerné par ce problème. Nanti et Nastaé devaient avoir un potentiel de bonne poire presque aussi bon que le mien – même si je préférais qualifier de potentiel bonne poire uniquement mon propre potentiel bénéfique. Ainsi, nous retournâmes au village, lequel semblait être en activité comme lors d'une journée comme les autres, notre présence ne semblant en rien déranger les autochtones. Néanmoins, les choses ne se passant jamais comme prévues, il ne tarda pas à se produire un incident, alors même que Nastaé commençait à échafauder quelques plans pour la suite de notre périple.

Un cri retentit, provenant de l'auberge. Nastaé fit un bond en arrière et je l'imitai pour me retourner et voir une femme en pleurs devant l'établissement, que tentaient d'ores et déjà de soutenir les autres villageois. Lesquels tentaient de comprendre la raison de l'émoi de la dame, qui ne tarda pas à articuler difficilement qu'elle avait trouvé un mort au sein de l'auberge. Nanti partit au quart de tour, Nastaé lui attrapa la main au vol pour le suivre, et moi-même me précipitai vers l'auberge. Et ce qui nous y vîmes ne fut pas très glorieux. Une fois la porte de l'établissement poussée, nos regards se posèrent de concert sur le cadavre de l'aubergiste, étendu sur le bar. Rapidement, les informations se bousculèrent dans mon esprit. Fonte musculaire, sécheresse cutanée. Inlassablement, mon regard scrutait le moindre détail et enregistrait le moindre élément notoire. Et la voix de Nanti s'éleva, parvenant aux mêmes conclusions que moi. Et lorsqu'il revint vers Nastaé pour le prendre dans ses bras, je remarquai avec une certaine peine le choc dont venait de souffrir son cadet, probablement peu habitué à voir ce genre de scène.

Cet Ondin était d'une sensibilité qui était vraisemblablement le reflet de sa gentillesse. Peut-être trop grande. Mais c'était cela qui le rendait attachant. Et qui donnait l'envie de lui épargner des peines. En ce qui me concernait, j'avais déjà assisté à de semblables spectacles, mon métier de guérisseur m'amenant à voir des choses que le commun des mortels préférait ignorer. Je m'étais forgé une certaine insensibilité dont était dépourvu Nastaé, de même que la plupart de mes semblables féeriques – qui avaient ainsi une raison de plus pour me trouver étrange pour une Fée. Nanti entraîna son frère dehors, tout en prononçant des paroles de raison, et je ne tardai pas à les suivre après avoir jeté un regard désolé au macabre spectacle qui s'était présenté à nous. Et je grimaçai lorsque je reçus un coup de coude involontaire dans mon flanc blessé de la part d'un villageois qui se précipitait à son tour à l'intérieur afin de poser les yeux sur le sinistre.

Alors que nous commencions à nous éloigner de l'auberge, et à prendre le chemin de la sortie du village, je sentis les doigts de Nastaé se glisser dans ma main droite, et, jetant un regard empli de compassion à l'Ondin, je refermai avec douceur mes propres doigts, acceptant sans hésiter sa détresse. Je fermai brièvement les yeux pour faire de nouveau appel à ma magie, laquelle s'écoula doucement de ma main pour aller vers celle de Nastaé, réitérant mon sort de magie blanche permettant d'apporter réconfort aux esprits blessés. De faible intensité, cette magie ne me coûtait pas grand chose, et je jugeais que c'était le moins que je puisse faire pour l'Ondin.

Finalement, alors que nous franchissions les limites du village, les doigts de Nastaé s'ouvrirent, et je laissai sans broncher aller sa main, brisant le lien physique et psychique en accord tacite avec le jeune éphèbe. Et alors que je pensais que nous en avions enfin fini avec ce village, celui-ci se situant à une vingtaine de mètres derrière nous, deux hommes s'interposèrent, nous barrant la route. Je soupirai, commençant à me lasser des problèmes insolubles de ce patelin, alors que je reconnaissais le visage de ceux qui j'avais interrogés le matin même à l'auberge.

« C'est d'votre faute, lança le plus grand des deux hommes, d'un ton qui n'incitait pas à venir prendre le thé avec lui. Vous n'auriez pas dû vous mêler de ce qui ne vous regardait pas. »

Je sentais de la rancune dans les propos de l'homme, et je ne pouvais que le comprendre. Probablement que lui et l'aubergiste avaient entretenu des bons rapports.

« Et ben ça tombe bien, on risque plus d'le faire. Au cas où vous auriez pas remarqué, on s'casse. Mon ami a trop vu de vos spécialités locales pour aujourd'hui. »

Je n'étais pas franchement d'humeur à faire de la diplomatie avec deux péquenots de ce village de tarés. Même si dans un sens, je ne pouvais nier les paroles de l'homme, je tenais tout de même comme responsables les villageois pour avoir laissé s'installer et perdurer l'hégémonie des Sorciers dans leur village. J'avais certes un fond bénéfique, mais cela ne signifiait pas que j'étais prêt à pleurer au moindre malheur sans regarder plus loin que le bout de mon nez.

« Vous êtes un monstre ! reprit le villageois. »

Je lui jetai un regard peiné, tout en évaluant rapidement la probabilité que, de sang-froid, l'un des deux villageois nous attaque. Mais ils ne semblaient pas vraiment désireux de nous chercher une autre querelle que celle des mots. Le plus trapu des deux posa d'ailleurs une main sur l'épaule de son semblable afin de l'apaiser, tandis que j'encaissais sans mot dire l'insulte, qui faisaient remonter en moi une multitude de souvenirs que je m'efforçais de refouler. Une partie de moi me criait de me révolter, de répliquer à cet homme, de lui dire ses quatre vérités. Mais j'étais las de tout ceci, et je n'en fis rien, laissant s'écarter sans mot dire les deux hommes du chemin, avant de prendre l'initiative de reprendre la marche afin de s'éloigner de cet endroit sous le regard empli de reproches de deux autochtones. Mais au final, je m'en fichais. Je préférais être la cible de leurs regards plutôt qu'ils ne reportent leur rancune sur Nastaé.
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Mer 01 Mai 2013, 19:59

Nastaé était profondément choqué par le macabre spectacle. Le tavernier, avait été assez aimable pour lui livrer des informations -même s'il avait un peu jouer de ses charmes pour cela- et il ne méritait pas de mourir comme ça. Gabrielle les avait berné, les sorciers avaient été au courant, et voilà que le village en subissait les conséquences. Par leur faute. Par la faute de cet Ondin toujours trop curieux et trop... Gentils pour refuser la belle prime, que son frère lui avait tendu quelque jours plus tôt. Par ce fait, la main d'Enzel était plus un besoin qu'autre chose. Il fallait qu'il ait du soutient de quelqu'un d'autre que de Nanti, à qui il en voulait un peu d'ailleurs. Inconsciemment, il espérait énormément que ce contact le rassure et lui fasse autant de bien que la dernière fois qu'il avait eu l'occasion de le toucher. Et ce fut le cas. Il ressentit un certain apaisement, pas bien fort, mais assez pour le détendre et enlever cet air malheureux et désolé sur son visage. Au moins le temps de quelques heures.

Lorsqu'ils sortirent du village et qu'ils prirent la route, ils tombèrent sur les clients de l'auberge, du matin même. Ainsi, eux aussi les accablaient, et Nastaé ne pu s'empêcher de s'en vouloir à nouveau. Comme si finalement, la magie d'Enzel avait été inutile...
Soupirant, il s'appuya contre son frère, yeux rivés au sol. Tora émettait de petits grognements, voulant effrayer les types et les éloigner de leur groupe. C'était trop, elle ne supportait pas de voir son maitre dans un tel état. Etat lamentable, soit dit en passant. Cependant, Enzel prit les devants, et s'adressa à eux, les renvoyant dans leur camp avec une certaine pointe de sarcasme. Nastaé délia ses cheveux, les laissant se mouvoir au vent, et resta derrière Nanti.
Citation :
Vous êtes un monstre !
Nastaé voulu répliquer, leur dire que non, ils ne voulaient pas leur faire du mal, qu'ils étaient les gentils de l'histoire, mais à quoi cela servait ? A rien. Ces gens là ne comprendraient pas. Il suivit donc son frère, son bras enroulé autour du sien, le regard figé vers le sol. C'était terminé...

Le soir tomba assez vite sur les terres d'émeraudes, et Nanti secoua un peu son frère : « Tu vas pas faire la tronche toute la nuit ! » L'Ondin ne répondit que par un soupir et Nanti répliqua : « Écoute les gens de ce village sont de toute façon condamnés, donc oublie cette histoire. On aura au moins le mérite d'avoir essayé, hein Enzel ? » Il prenait à nouveau la fée à témoin. Comme si il cherchait à percer quelque chose à travers les regards, il leva les yeux vers ses compagnons de route et dit : « Tu as raison... Mais je suis juste fatigué. Tu peux comprendre ça non ? », « Bien... » Nastaé avait un peu joué de son charme sur son frère, et sa voix douce aida le gros bonhomme a se plier sous les désirs de son frère. Ainsi, Nanti regarda l'horizon et pointa quelque chose du doigt. Sous la lune claire, on pouvait voir un gros rocher entouré d'autres, et quelques arbres. Un petit bosquet s'étendant sur quelque mètres, à l'abris du vent. « Arrêtons nous là-bas pour la nuit, ça nous suffira amplement jusqu'au matin. » Le jeune homme regarda Enzel, son ami, et lâcha son frère pour se rapprocher de lui : « Je suis désolé de t'avoir embarqué là-dedans et... » Nastaé toucha le vêtement de la fée avant de sentir quelque chose sous ses doigts. S'arrêtant de parler, il regarda plus attentivement, avant de tirer un peu sur le tissus. Horrifié il dit : « Tu es blessé ! Enzel ! Pourquoi n'as tu rien dis ?! Il... Il faut soigner ça ! » Depuis quand avait-il ça ? Et que devait-il faire pour l'aider ? Surement pas chanter... Même si tout irait mieux.

Prenant son bras, il l'emmena jusqu'au petit bivouac que Nanti était déjà en train de monter, et s'accroupi pour fouiller dans le sac de son frère : « Enlève ta tunique, je vais te soigner. ». Il en sortit quelques linges et s'étonna de certains objets que Nanti avait pu emporté. « Pourquoi tu as prit de la nacre ? », « Je m'étais dit que si je m'ennuyai, j'aurai pu sculpter ! » Nastaé le regarda assez étrangement et se tourna vers Enzel : « S'ennuyer ici, sur la terre ferme, il ne sait pas ce qu'il dit le pauvre... » et il se mit à rire doucement, sortant enfin ce qu'il voulait de la besace. « C'est pas très... Efficace, mais ça apaise et ça soigne. » Se mettant à genoux devant la jolie fée, il vit son petit torse nu, et la balafre. Hum... Parfait... Doucement, avec ses doigts fins et agiles, il étala l'espèce de lotion sur la plaie, essayant de la recouvrir entièrement. Avec beaucoup de tendresse et de douceur, il laissa balader sa main sur le ventre du jeune homme, comme si c'était naturel, et attraper l'autre hanche. Il appuya ensuite les linges secs sur la blessure, et fit le tour de son corps d'un d'eux. Levant les yeux vers lui, il lui sourit doucement, clignant une fois des yeux, et rapprocha son visage du sien, sans trop être proche. « C'est bon, ça ira mieux demain matin... Ca va ? »
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Mer 01 Mai 2013, 22:49

Je sentis le regard des deux villageois me peser, mais ne pris pas la peine de me retourner. Peu m'importaient leurs regards rancuniers, m'efforçais-je de penser, pour le moment, seul l'état de Nastaé comptait. Et même sans poser mon regard acier sur l'Ondin, je pouvais aisément deviner que ce dernier était loin d'être au plus haut de sa forme. J'avais fini par comprendre à quel point le jeune éphèbe était sensible, et je ne pouvais que prévoir les conséquences du macabre spectacle auquel nous venions d'assister sur le psyché fragile de l'Ondin. Mais les deux villageois n'ajoutèrent rien, se contentant de nous fixer, alors que nous nous éloignions, dans un silence des plus religieux. Je m'efforçai de ne pas trop broyer du noir, mais ce fut plutôt vain. Car au final, le silence qui s'installa entre nous fut plus que propice aux songes macabres, tandis que mes pieds me portaient d'eux-mêmes, et que la douleur de ma plaie devenait semblable à un bruit de fond facilement négligeable.

Mes pensées vagabondaient, et allaient sans cesse tourner autour de cette image macabre, de ce cadavre vidé de toute matière, à part celle constituant la charpente de son corps, ses os, afin qu'il soit encore reconnaissable en tant qu'être humain décédé. Décédé de la manière la plus cruelle qui soit. J'avais beau m'être habitué à ce genre de spectacle, notamment après les batailles, il demeurait certaines images plus rémanentes que d'autres, que je ne pouvais totalement oublier. Heureusement que Nastaé n'avait pas accès à mes souvenirs, sinon sa sensibilité en aurait pâti... Cette image persistante était accompagnée de questionnements, de doutes. Nanti avait eu raison d'affirmer que la menace était bien au-delà de nos appréhensions, et bien au-delà de nos capacités. Ce qui se déroulait dans ce village relevait à présent d'autorités qui nous étaient bien plus supérieures, et bien plus compétentes. Et quand bien même nous aurions tenté de faire quelque chose, nous n'avions aucun soutien. Et une marge de manœuvre limitée. Aurions-nous poursuivi nos recherches, il était quasiment certains que nos actions auraient encore eu des répercussions sur les villageois. Une manière bien plus cruelle de dissuader les âmes bénéfiques de tenter quoi que ce soit que de simplement ôter la vie à tous ceux qui osaient se mêler de leurs affaires. Ils tenaient un village entier en otage...

Mon regard acier se leva brièvement du sol, tandis que nous continuions toujours d'avancer vers... vers où au juste ? Notre seul objectif consistait à mettre le plus de distance possible entre ce village sinistré et nous. De la manière aussi lâche que possible. Mais cela, c'était une réalité que j'acceptais sans trop de mal, n'ayant une fierté que peu conséquente. Les avantages de ne pas se tenir en très haute estime, que voulez-vous... Le soleil avait continué sa course durant notre progression, et franchissait à présent la ligne de l'horizon, baignant le monde des couleurs chatoyantes du crépuscule. Contempler ce spectacle me permit d'éloigner un instant mes sombres pensées, et j'accordai un regard au deux Ondins. Nastaé s'était, sans grande surprise, arrimé au bras de son frère aîné, et j'eus un soupir peiné pour cet homme à l'âme sensible. Etait-ce vraiment dans son intérêt que d'avoir quitté les profondeurs de l'océan ?

Le soleil finit par disparaître totalement du firmament, laissant place à un ciel plus sombre, dans lequel commençaient d'ores et déjà à poindre la lueur de quelques étoiles. Le ciel était d'un bleu profond, pas aussi foncé qu'à une heure avancée de la nuit, donnant ainsi son nom justifié à l'heure bleue. Derrière moi, Nanti brisa enfin le silence qui s'était installé, secouant quelque peu son frère afin de le sortir de son humeur maussade. Et lorsqu'il me prit à partie, je m'efforçai d'esquisser un sourire, et ne répondit que d'une manière laconique, autant destinée à convaincre Nastaé que moi-même :

« Ouais. »

Les efforts de Nanti furent néanmoins vains, car Nastaé finit par clore la discussion en évoquant sa fatigue. Je fus quelque peu étonner de voir l'aîné baisser les bras, mais je ne tardais pas à comprendre que le charme de son frère n'y était pas tout à fait étranger. Je détournai le regard, scrutant les environs, tandis que j'essayai de canaliser tous les sentiments qu'avait fait remonter en moi la question de Nanti. Moi aussi, j'étais en colère, mais pas envers l'Ondin. Non, une partie de moi-même en voulait aux villageois subissant le joug des Sorciers. Comme le disait Nanti, ils étaient condamnés. Parce qu'ils avaient cessé de lutter dès l'instant où la difficulté s'était faite sentir, et contribuaient eux-mêmes à leur malheur en allant jusqu'à jouer le jeu des Sorciers. Quant à l'autre partie de moi-même, elle n'éprouvait que de la peine. De la peine pour Nastaé. De la peine pour la faiblesse de ces hommes. Et de la peine pour ma propre faiblesse.

Je poussais un soupir en chassant ces pensées de ma tête, et m'efforçant de calmer mes sentiments. Ce qui ne fut pas difficile, mais j'éprouvai une soudaine fatigue qui me fit accueillir avec un certain soulagement la proposition de Nanti. Mon regard se posa sur Nastaé, qui s'était approché de moi, et mes sourcils se froncèrent lorsque j'entendis l'Ondin commencer à s'excuser. Cependant, avant que je n'eusse le temps de le couper dans ses excuses insensées, ses doigts se posèrent sur ma tunique et ses mots s'arrêtèrent d'eux-mêmes dans sa gorge. Ayant deviné que l'Ondin venait de découvrir le pot aux roses, je demeurais silencieux et détournai la tête et le regard, ma main se posant sur mes lèvres afin de dissimuler la grimace de douleur qu'avait provoqué le contact des doigts de Nastaé avec la blessure. Je ne cherchai pas à empêcher l'Ondin de jeter un regard plus attentif sur la plaie, et le laissai m'entraîner en silence auprès de Nanti et du bivouac qu'il avait commencé à installer.

Je ne savais pas quoi lui dire. Car je ne m'étais pas franchement préparé à ce qu'il devine la présence de cette plaie, que j'aurais pris la peine de panser moi-même une fois que l'Ondin se soit assoupi pour la nuit. Je n'avais pas voulu l'inquiéter, et encore moins lui causer de la peine en refusant son chant de guérison qu'il était capable d'effectuer. Ou plutôt, lui causer de la peine parce qu'il serait conscient qu'il ne pourrait me soigner à l'aide de sa voix seule. Malgré le don de chant des Ondins, il semblait néanmoins que Nanti se soit préparé à toute éventualité, et son frère ne tarda pas à fouiller dans son sac afin d'y trouver de quoi s'occuper de ma blessure. Esquissant un sourire mi-figue mi-raisin en entendant la boutade que Nastaé fit à propos de son frère, j'enlevai ma tunique, et frissonnais en sentant l'air frais sur ma peau dénudée. Au moins, l'Ondin ne regrettait pas d'avoir quitté le royaume des profondeurs... Et ce malgré les obstacles et les difficultés nouvelles qu'il avait rencontrés sur le continent. Peut-être m'étais-je trompé. Peut-être Nastaé était plus fort que je ne le pensais.

Mon regard se posa sur la lotion qu'il venait de sortir du sac de son frère, qui m'était inconnue en dépit des connaissances que m'imposait d'avoir mon métier. Peut-être était-ce dû à la provenance de la décoction. Quand bien même j'étais quelque peu mal à l'aise à l'idée que Nastaé prenne la peine de me soigner alors que je pouvais en être capable, je demeurai coi et immobile, me sentant trop fatigué pour protester. Mon regard se posa brièvement sur ma plaie, pas très profonde, mais de laquelle s'était écoulé un peu de sang. En plus des événements de la journée, celle-ci avait dû très certainement contribuer à cette fatigue qui me ralentissait quelque peu ce soir. Et sentir le contact des mains de Nastaé avec ma peau me fit l'effet d'un coup de fouet, réveillant soudain mon esprit embrumé. Malgré tout, je m'efforçai de ne pas me soustraire et d'attendre patiemment que le jeune éphèbe accomplisse son œuvre. La main qui n'appliquait pas la lotion se posa sur mon autre hanche, et je sentis de nouveau un malaise s'insinuer en moi, tandis que je remerciais l'obscurité qui devait quelque peu contribuer à dissimuler mon embarras, alors que je songeais à la scène qui avait eu lieu le matin même, lorsque j'avais tenté de réveiller Nastaé. Je fermai alors les yeux, tentant de me détendre, tandis que l'Ondin continuait son œuvre, appliquant des linges secs sur ma blessure, et achevant de la bander avec l'un d'entre eux.

Lorsque je rouvris les yeux, Nastaé avait levé les siens vers moi et son visage se rapprocha du mien. Quelque peu pris dans la relaxation que je m'étais efforcé d'avoir, je n'eus aucun mouvement de recul, le visage de l'Ondin demeurant à une distance honorable.

« Ca va, répondis-je avec un sourire timide. »

Celui-ci s'évanouit néanmoins rapidement lorsque je détournai une nouvelle fois le regard, cherchant mes mots. Des mots sincères, que je n'avais pas pour habitude de prononcer. J'avais beau être franc de nature, il y avait certains domaines où j'avais plus de mal que d'autres.

« Désolé... Je... je n'voulais pas t'inquiéter. Ni te causer de la peine, parce que tu ne peux pas utiliser ton chant, aussi somptueux soit-il. »

Je ne me sentais pas la force d'en plaisanter, avec l'auto-dérision qui m'était si caractéristique. Cette journée m'avait épuisé, autant physiquement et mentalement, bien plus que je ne le pensais. Et cela avait pour effet de ramener ma franchise dans son plus simple appareil, par des propos simplement sincères et honnêtes. J'offris néanmoins un sourire à l'Ondin, et poursuivis :

« Merci. Et tu n'as pas à t'excuser. C'est moi qui ai choisi de venir, et je ne le regrette pas. »

Mon regard acier balaya les environs, tandis que je remettais ma tunique à l'endroit, cherchant une éventuelle fleur traînant dans le bosquet. La seule que je trouvai était une petite violette, non loin de l'endroit où était posé le sac de Nanti. Songeur, j'enfilai ma tunique, en faisant attention à ne rien défaire de ce que Nastaé avait mis en place sur ma blessure, et m'approchai de la fleur, avant de m'accroupir devant elle. Mon index effleura le végétal avec attention, tandis que je tentai de voir si elle accepterait ou non de m'héberger pour la nuit. Jusqu'à présent, nous avions dormi dans des auberges, mais à présent que nous nous retrouvions en pleine nature, j'avais tendance à dormir au sein des fleurs, sous une forme réduite. Mon regard acier se posa sur Nastaé. En vérité, je ne savais si l'Ondin avait ou non besoin de ma présence pour la nuit à venir, comme il avait eu besoin de prendre ma main en sortant du village. Accroupi devant ma fleur, mes prunelles grises fixées sur Nastaé posaient à ce dernier la question que je n'osais poser à voix haute.
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Ven 20 Sep 2013, 17:05

Nastaé laissa échappé un soupir. Il était las. Ce n'était pas un grand aventurier, lui son truc à la limite c'était la vie de château et se faire emmener si facilement par son frère ainé car LUI veut de l'aventure... Non, il ne recommencerait plus jamais. Le seul avantage dans cette mission fut Enzel. L'Ondin appréciait la fée, et il était heureux d'avoir pu le connaitre. Même si il gardait ses distances et avait quelque chose de mystérieux, il s'était souvent montré de bonne foi avec Nastaé. Et ce dernier en était touché. C'était agréable de se faire un ami qui était quasiment sur la même longueur d'onde que soi.
Lissant une mèche de ses cheveux d'une main, l'emmêlant à ses doigts fins, il constata qu'à défaut de chanter, il pouvait parfaitement se servir de ses mains pour soigner les plaies de son binôme. Le travail était propre. Enzel lui affirma, d'un sourire timide que tout allait bien, et lorsque Nastaé se recula légèrement, il vit ce dernier baisser la tête. Mais les paroles qui sortirent de sa bouche, arrachèrent un sourire à l'Ondin, qui fut rassuré d'entendre cela.

Attrapant le bras d'Enzel, dans un geste se voulant affectif, il dit juste :

-Je ne chanterai plus. Pour le reste, je suis vraiment rassuré... Je pensais, autant moi que mon frère, étions vraiment des plaies. Tu sais... Se laisser avoir par cet esprit de culpabilité. Mais si tu m'affirme que tu es heureux malgré tout, alors je n'ai plus à m'en faire. Merci à toi, Enzel.

Le dernier mot, son nom, roula sur sa langue, sortant de sa bouche dans un chuchotement où l'on aurait pu presque croire qu'il était bourré de sous-entendus. Mais Nastaé était trop fatigué pour faire attention à son ton, à sa voix, c'était involontaire de sa part. Tout ce qu'il voulait, là, sur le moment, c'était se rassurer. Oui ça pouvait être égoïste mais il n'en avait cure.

Tout le monde était fatigué, et il tardait au Prince de se coucher. Nanti était accroupi, s'affairant à tout préparer, et l'Ondin s'éloigna quelque peu sous les étoiles, et l'air frais nocturne contemplant le ciel dégagé. Il entendit Enzel remettre ses habits convenablement, et lui laissa aussi un peu d'intimité. Après tout, cela faisait quelques jours qu'ils étaient ensemble et, peut être que la fée voulait un peu de repos, et de tranquillité ? Puis un sourire s'afficha sur les lèvres de Nastaé, qui repensa à l'embarra de son ami, le matin même, lorsqu'il lui tomba dessus dans la chambre. Le jeune homme qu'il était ne pouvait s'empêcher de trouver ça mignon, et porta le flanc de son doigt à ses lèvres, pour atténuer son sourire.

Comme si quelqu'un l'appela, son instinct peut être, il tourna la tête pour chercher Enzel des yeux, et le vit accroupi, près d'une gerbe de fleur, son regard gris cherchant le sien, émeraude.
Nastaé l'interrogea du regard, alors que le vent se levait, et emporta ses cheveux devant ses yeux. Une main sur une hanche, il se servit de l'autre pour enlever les mèches violettes, et distinguer la fée. Pourquoi le regardait-il comme cela... ? L'Ondin se retourna, et s'approcha de lui, prenant appuie sur son frère accroupi.

-Euh... Nastaé tu pourrais...

-Attend !

Son regard, bien plus doux que lorsqu'il avait parlé à son frère, se porta sur la fée et il dit :

-Tu veux bien rester avec moi cette nuit... ?

Nastaé ne reconnu pas sa propre voix. Enfin, c'était toujours la même, mais il ne comprit pas le ton un peu hésitant qu'il avait pris. Pourtant, il était sur qu'il voulait Enzel prêt de lui mais... Commencerait-il à avoir peur du refus ? D'encore se prendre une barrière ? Et puis par rapport à ce matin, la fée avait peut être des réticences vu sa gêne. Pour l'Ondin, ça ne l'avait pas dérangé et même, ça aurait pu être agréable s'il l'avait retenu. Cependant là il était bien trop fatigué pour jouer les séducteurs, et puis il est plutôt dans la finesse, surtout devant son frère. Il n'aimerait pas franchement que Nanti capte quoi que ce soit au sujet de ses plans drague ou quoi que ce soit qui s'en rapproche. Et même si à ce moment il était fatigué, un peu harassé, etc, il n'oubliait pas le joli minois de son vis-à-vis, sur qui il avait des vues. Malheureusement, il restait un homme, alors même s'il ne tenterait pas sa chance ce soir, certains gestes ne trompaient guerre.
Pour rassurer quand même le jeune homme il enchaîna :

-Ce sera la dernière nuit, après... Je pense que tu rentreras chez toi, nous n'avons pas à te retenir plus. C'est déjà très aimable tout ce que tu as fais.

Levant la tête, il sourit sincèrement, se levant pour dégager Nanti, et s'asseoir près du feu.
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Lun 23 Sep 2013, 23:34

Les intonations suaves de l'Ondin aux cheveux sombres, son regard émeraude charmeur, son élégance naturelles me captivaient autant qu'elles me gênaient. J'avais toujours été mal à l'aise en présence de ceux qui possédaient un charisme et une beauté naturelle, me jugeant toujours indigne de leur présence, comme je m'étais toujours jugé trop médiocre pour faire partie de la famille Taiji, dont la plupart des membres pouvaient se vanter d'avoir une beauté égale à celle de Nastaé. Si bien que j'avais fini par ne plus tellement accorder d'importance à ma propre apparence, l'acceptant comme banale et ne me lamentant pas davantage sur le problème. Ne restait ainsi que cette gêne et cette faiblesse d'esprit de ma part que les êtres charismatiques de ce monde pouvaient facilement exploiter, consciemment ou non. Et bien malgré moi, la présence de l'Ondin était loin de m'indifférer, et si je ne pouvais affirmer une attirance réelle pour lui, je pouvais au moins dire que mes sentiments à son égard n'étaient guère négatifs. Quand bien même il demeurait toujours cette distance infime qui me séparait des autres, que je n'avais cessé d'entretenir depuis ma plus tendre enfance, et qui n'avait été brisée que par une seule personne en ce monde. L'Ondin avait beau être parvenu à se rapprocher davantage de moi que la majorité des êtres de ce monde, on ne se refaisait pas du jour au lendemain, et je n'étais pas sans me douter que l'apollon avait plus ou moins remarqué la chose. Mais à vrai dire, à la fin de cette journée riche en événements, aussi épuisante physiquement que mentalement, je n'étais guère plus en état de réfléchir au pourquoi du comment, et laissais simplement mes plus simples pensées guider mes actes sans y chercher une quelconque raison, explication ou même sous-entendu.

Ainsi, seule demeurait la gêne, alliée à un certain soulagement. Le soulagement de voir l'Ondin cesser de s'en vouloir pour une décision que j'avais prise de plein gré, une décision dont j'avais décidé d'assumer les conséquences, comme à chaque fois que je fourrais mon nez de Fé trop curieux dans ce qui ne me regardait pas. Et cette fois plus encore que d'habitude, j'étais au moins certain de ne pas regretter d'avoir rencontré les deux Ondins, à défaut d'avoir pu faire quelque chose pour tout un tas d'autres inconnus qui s'étaient eux-mêmes condamnés – bon, d'accord, peut-être que cela me poursuivrait un temps, mais faut croire que je suis un peu maso sur les bords pour aimer me torturer ainsi l'esprit. Dans ce fouillis de sentiments submergés par la fatigue et la gêne, c'était là à peu près la seule certitude que je pouvais avoir. Cela, et une certaine inquiétude pour l'Ondin aux prunelles émeraude, sur lequel je n'avais pu m'empêcher de river mon regard avant de me retirer pour la nuit, songeant à la fragilité émotionnelle de l'apollon. Une fragilité alliée à une force si étrange qui faisait que je ne pouvais haïr le jeune homme – au contraire.

Mon regard gris acier croisa celui émeraude de l'Ondin, qui semblait avoir remarqué ma question silencieuse. Ce qui, bien entendu, ne manqua pas de provoquer de nouveau un sentiment de malaise en moi, ainsi qu'une certaine irritation envers moi-même pour cette étrange indécision quant à la manière de considérer le jeune homme aux cheveux améthyste. Je pus cependant lever mon regard vers le jeune homme lorsque celui-ci se rapprocha de moi et prit appui sur son frère, formulant cette question que j'avais anticipée quelques instants auparavant. Mais l'avais-je vraiment anticipée, ou était-ce mon regard et mon inquiétude remarquée par Nastaé qui l'avait suscitée ? J'écartai la question avec un soupir intérieur, las de toutes ces questions existentielles.

« Ouais, pourquoi... commençais-je. »

Mon dernier mot – un simple 'pas' pourtant pas bien difficile à prononcer – s'évanouit dans ma gorge avant que je n'ai pu achever ma phrase, mon esprit fatigué réalisant soudainement tout un tas de choses auxquelles je n'avais guère pensées jusque-là. Comme ce que pouvait signifier de passer la nuit avec quelqu'un comme Nastaé, dont les penchants ne faisaient guère de mystère. J'ignorais quelles étaient ses véritables intentions, alors que les miennes avaient simplement été de tenir compagnie à l'Ondin pour la nuit, comme je lui avais tenu la main en sortant du village afin de lui fournir un soutien. Et bien malgré moi, je piquai un fard et détournai le regard, bien plus embarrassé lorsque j'étais tombé le matin même sur l'Ondin par accident. Oui, d'accord, j'admets que j'ai un esprit un peu long à la détente, mais je n'ai jamais vraiment revendiqué être une flèche en la matière... L'amusement de la fleur derrière moi que je percevais autant grâce à mes dons de Fé qu'à cause de ma fatigue ne faisait d'ailleurs rien pour arranger les choses.

« Errm... J'veux dire que... ouais, ça n'me dérange pas... mais... euh... t'es sûr ? »

Incapable de croiser le regard émeraude de l'Ondin et espérant de tout cœur que l'obscurité suffisait à dissimuler mon teint cramoisi, je détournai mes prunelles grises vers le sol, maudissant intérieurement ma lenteur d'esprit, ma gêne, ma stupidité, bref, tout ce qui faisait qu'en cet instant j'avais envie de creuser un trou et de m'y enfoncer pour échapper au regard de Nastaé. Mince quoi, je n'avais jamais flirté avec quelqu'un de la gente masculine... En fait, je n'avais jamais flirté très souvent, en fait.

« Enfin, c'est pas que j'veux pas mais... j'pensais à rien... de particulier. »

Quand bien même certains signes pouvaient affirmer le contraire, j'espérais que c'était également le cas de l'Ondin. Enfin, tout était si soudainement confus que je ne savais plus quoi espérer, en fait. Sinon une nuit de repos qui se faisait franchement désirer.
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Lun 30 Sep 2013, 22:15

Nastaé voyait Enzel assez embarrassé, puis de plus en plus confus. Pourquoi hésitait-il autant ? L'Ondin n'avait pourtant rien de très menaçant, et n'était pas vraiment quelqu'un qu'il fallait craindre. Surtout pas à ce stade là de l'aventure, eux qui avaient eu le temps de se connaitre un minimum.
Seulement à travers toutes ses paroles bafouillées, le jeune homme sentit autre chose que de la gêne brute. Peut être de l'angoisse ? De la simple peur ? De l'appréhension ? Se levant du dos de son frère, il poussa un soupir, faisant quelques pas vers la clarté de la lune. Regardant le ciel, il croisa les bras, le visage fatigué et las. Quelques secondes s'écoulèrent, et Nastaé apparut comme une statut divine, au milieu de ce champs. Puis sa tête bougea, et il finit par regarder par dessus son épaule en disant :

-Je ne te toucherai pas...

Haussant les épaules, il fit volte face, passant à côté de la fée.

-Je vais m'endormir rapidement et nous partirons tout aussi vite demain. Tu seras libre. Pardonne moi de t'avoir posé cette question, je n'aurai pas du.

S'approchant du feu, il s'aperçut qu'après coup, qu'il avait la chair de poule, et sa peau se hérissa sous le brise nocturne. Lorsqu'il s'assit sur le sol, Nanti se leva pour s'éloigner.

-Je vais chercher plus de bois, je reviens.

L'Ondin fixa le feu des yeux, l'esprit complètement ailleurs. Après tout, avait-il le droit d'en vouloir à la fée ? Jamais de la vie. Il avait essayé maintes et maintes de fois de percer ses défenses, sans y parvenir. Même son sourire ne communiquait pas. Tout son corps semblait vide, sa personnalité lui semblait creuse, quand il se tenait devant le guérisseur. Nastaé avait l'impression de n'être personne. Pourtant, il avait le sentiment de s'être fait un ami, mais ça aussi, n'était-ce qu'une illusion que les différentes barrières voulaient bien lui refléter ? Ramenant ses genoux contre son torse, il entoura ses derniers de ses bras et posa sa joue dessus. On ne connaissait jamais vraiment une personne, et là encore moins. Enzel était un vrai mystère. Il ne savait pas si il pouvait continuer ses avances, s'il était réceptif au fond, ou pas du tout, s'il était heureux de se faire désirer, ou qu'il s'en fichait... Bref, l'Ondin était dans le floue. Enfin... Il l'était au début car à ce stade là, il était seulement persuadé d'avoir compris que tout serait impossible. Il s'étonna même de penser qu'ils étaient amis en fin de compte car Enzel ne lui avait jamais vraiment dit. La fée n'avait jamais vraiment exprimé le sentiment d'amitié. Oui il était là en soutient, mais n'était-ce pas simplement son rôle de guérisseur ? Surement. Le jeune homme devait simplement réagir à des codes, et des principes qu'il s'était imposé, sans plus. C'était énervant.
Poussant un énième soupir, il prit la mince couverture du sac du son frère, pour s'y mettre dessous, se servant de voiles pour s'en faire un traversin.

-Bonne nuit Enzel.


C'était froid, distant, rien de charmeur, rien de beau dans ses paroles, mais l'heure n'était plus à la séduction. C'était fini. Enzel ne s'intéressait pas à lui, et il devait s'y faire. Une déception était toujours compliqué, surtout avec la fatigue et la lassitude par dessus, mais ça allait passer. Tout fini par passer.

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Mer 02 Oct 2013, 22:01


L'amour. Voilà une chose qui me semblait à la fois si proche et si lointaine. J'en avais déjà fait l'expérience, mais avec une seule personne, une Elfe que j'avais vraiment aimée, et que j'avais par la suite tuée de mes mains. Peut-être était-ce là la raison pour laquelle j'étais si hésitant. Ou, d'un point de vue beaucoup moins approfondi, peut-être avais-je simplement peur. Peur de mon inexpérience. Peur de ce que l'Ondin apporterait de nouveau dans ma vie. Peur du changement, peur de le décevoir. Je n'osais lever les yeux vers le jeune homme aux cheveux améthyste et aux prunelles émeraude, dont la déception était plus que perceptible. Déjà je n'avais rien fait, et déjà je l'avais déçu. J'avais simplement pensé à passer la nuit proche de lui, sans creuser davantage l'idée, afin d'être pour lui ce soutien que j'avais cru être lorsqu'il m'avait pris la main en sortant du village, accablé par les malheurs que nous y avions croisés. Mais je m'étais fourvoyé. Probablement que le jeune éphèbe en demandait davantage, qu'une simple sollicitude était égale à une insulte pour lui qui devait se considérer comme proche de moi.

Et moi, comment le considérais-je ? Toute notion d'attirance physique écartée, il s'avérait que je m'étais tout de même pris d'affection pour ce jeune homme aussi fragile que sympathique, dont la vulnérabilité avait fait naître un certain désir en moi de le protéger, de lui épargner certaines choses. Pour lui, j'avais d'ores et déjà abaissé certaines barrières que peu d'êtres en ce monde avaient pu franchir, ce qui faisait plus ou moins de lui un membre de mon cercle d'amis plutôt restreint, sans que je ne lui ai pour autant dévoilé une bonne partie de ce que mon cœur contenait encore. Mais cela ne se ferait pas du jour au lendemain, et qui sait si je serais un jour de nouveau enclin à me livrer à quelqu'un d'autre ? Trop de culpabilité m'affligeait pour que je me trouve la volonté d'infliger un tel fardeau à qui que ce soit. Mais quand bien même, Nastaé était bien plus qu'un simple individu que j'avais croisé au décours d'une aventure lambda. Même si cela était loin d'être évident à affirmer pour quiconque ne se trouvant pas dans ma tête. Car au final, si je faisais toujours preuve d'ouverture et de sympathie, ces éléments mêmes étaient à la fois ce qui me permettait de vivre en société et de maintenir une certaine distance avec les autres. Aussi n'était-il guère aisé pour autrui de percevoir la différence que je faisais entre ceux qui comptaient pour moi, et ceux qui n'étaient que des éléments passagers de mon existence.

Je risquai mon regard sur la silhouette svelte de l'Ondin se découpant dans l'obscurité, baignée par les rayons encore timides de la lune. Plus que de l'envie, plus que de la gêne, ce fut cette fois-ci la culpabilité qui assaillit mon cœur, et je détournai une fois de plus le regard, pour des raisons différentes de l'embarras, fixant l'herbe sous mes pieds sans réellement la voir. Le jeune éphèbe aux prunelles émeraude passa à côté de moi, mais je ne trouvai ni le courage ni la force de le regarder, accablé par ma maladresse qui avait, probablement, une fois de plus blessé Nastaé. Vraiment, je ne servais à rien dans ce bas-monde... Juste, peut-être, à blesser ceux qui avaient suffisamment de sympathie pour moi pour me considérer autrement que le guérisseur de passage capable de soulager les maux des inconnus. Et alors que Nanti s'éloignait pour aller chercher du bois et que son frère s'installait pour la nuit, je poussai un soupir de dépit, m'efforçant de chasser de mon esprit toutes ces pensées négatives, l'apitoiement sur soi n'étant pas vraiment l'une de mes activités préférées. Avais-je, pour autant, le courage nécessaire pour poser de nouveau mon regard sur Nastaé, et risquer une fois de plus de le décevoir ?

Je levai légèrement les yeux, quelque peu surpris par une discrète vague de compassion et de sympathie mêlée qui me parvint par le biais de la magie des Fées, et devinai sans peine que la violette que j'avais observée quelques instants plus tôt en était à l'origine. Un petit rictus amer se dessina sur mes lèvres, brièvement, avant que mes yeux ne se lèvent vers la voûte céleste, cherchant dans l'océan stellaire un courage qu'il me fallait posséder. Et alors que le silence s'était installé, quelques instants s'étant écoulés après les derniers propos froids et distants de Nastaé, je me retournai, et posai mon regard gris acier sur le jeune homme aux cheveux violets, et vint m'accroupir à son côté, poussant l'audace jusqu'à venir titiller machinalement de mon doigt l'une des mèches de l'Ondin traînant sur le sol.

« J'suis désolé, Nastaé, fis-je doucement. C'est... Enfin... L'amour et moi, c'est difficile... »

Je contins à grand peine un frisson lorsque s'imposa brutalement à moi la dernière image que j'avais d'Erys, le premier et dernier être que j'avais aimé en ce sens jusqu'à présent. Quoi que je fasse, quels que soient mes stratagèmes pour me convaincre que le passé appartenait au passé, certains souvenirs me hantaient toujours.

« Mais j'voulais pas non plus qu'ce soit comme ça... J'm'inquiète vraiment pour toi, hein. »

Plus indirect, tu meurs. Mais quand bien même j'étais d'un naturel franc, j'avais étrangement beaucoup de mal à affirmer purement et simplement mon attachement à qui que ce soit. Peut-être parce que quoi que je dise, tout semblait sonner étrangement à mes oreilles en ces circonstances.

« Et puis... j'n'ai jamais fait ça avec un homme, avouais-je en détournant de nouveau le regard ainsi que mon doigt, gêné, et sentant le rouge me monter de nouveau aux joues. »
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Retrouvailles (pv Enzel)

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