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 Retrouvailles (pv Enzel)

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Mer 10 Avr 2013, 21:35

Nastaé avait réussi à ramener Nanti à la surface. Il l'avait convaincu de muter, de marcher, et de l'accompagner, au moins sur quelques régions, pour lui faire voir le revers de la médaille, le côté non exploré des terres. L'Océan, c'était bien beau, mais il fallait savoir élargir ses horizons, et c'était ce que l'Ondin comptait faire à son frère : une ouverture d'esprit.
Une fois la plage dépassée, ils sortirent de la ville adjacente pour se diriger vers des chemins inconnus. Nastaé avait pris soin de fournir quelques vêtements à Nanti -qui lui sciaient à merveille-, et de lui expliquer deux trois choses que lui-même avait appris, avant d'arpenter les routes pavées. Cependant, le nouveau né de ce monde, n'ayant jamais marché, eu vite mal aux pieds, et ils durent s'arrêter rapidement dans une auberge, pour passer la nuit. Le pauvre n'était pas habitué au sol, aux textures, et à ce rythme soutenu de marche, que lui imposait le jeune homme, alors forcément, la fatigue se fit sentir assez tôt. Les journées allaient être courtes...

Lorsque Nanti se laissa tomber sur un banc, il enleva sa veste, restant dans un simple haut à manches courtes, pendant que Nastaé allait leur commander à manger, et prendre les clé de leur chambre. Quand ce dernier voulu revenir à la table, il se heurta à un Orisha assez imposant, bredouilla trois excuses, et partit se poser en vitesse, à côté de Nanti. Il enroula son bras autour du sien, et posa sa tête sur son épaule. Son frère se détendit mais resta méfiant des lieux. Nastaé eu le temps de mieux l'observer, de la tête aux pieds, et de constater sa prise de muscles. Ce type, pas bien plus vieux que lui, seulement de huit ans, avait grandi de pas mal de centimètres, augmenté sa masse musculaire, et des proéminences étaient apparues sur son visage : une mâchoire carrée mais remontée, des pommettes saillantes, des yeux fins, en amandes... Bref, s'il continuait à le regarder de la sorte, il n'allait pas reconnaitre son frère qu'il appréciait tan, mais plutôt se dire qu'il était en face d'un inconnu avec un fort charisme.

Se laissant aller, il parla de tout et de rien avec lui, mais Nanti gardait une certaine pudeur à parler en public, sur la terre ferme, et ne lui répondait que brièvement. Une fois leur repas avalé, l'Ondin voulu faire un tour à l'extérieur, de nuit, malgré ses pieds endoloris : « Allez viens ! J'ai vraiment envie de prendre l'air ! », « Non, laisse moi dormir, je suis fatigué. Ne viens pas tard. », « Je te prends Tora ! Viens ma jolie... ». Nastaé grimpa les escaliers de l'auberge, déverrouilla sa porte, et entra. Comme à son habitude, il s'attacha ses longs cheveux d'une barrette en nacre, avant de se coucher. Ses yeux se fermèrent rapidement, bien qu'il était anxieux pour son grand frère.

Le jeune homme ne savait absolument pas quelle heure il était, lorsqu'il sentit quelqu'un entrer dans la chambre. En totale confiance, il se tourna vers la porte, fourré sous les draps, et attendit que son frère vienne se coucher près de lui. Cependant personne ne vint. D'une voix un peu pâteuse, l'Ondin dit : « Ant' ? Viens te coucher... » Et comme pour le forcer, il se redressa légèrement, et tendis le bras pour attraper sa main et tirer dessus. Le jeune homme tomba sur le lit, et son frère lui caressa doucement le bras :
« Tu rentre tard et j... Tiens, tu as une cicatrice ici ?
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il attendit que ses pupilles s'adapte à la pénombre quasi totale, et contrairement à ce qu'il cru, il se retrouva nez à nez avec un type aux yeux vairons. Un violet et un vert. Retenant un cri d'effroi, il voulut sauter hors du lit, quand l'Orisha le retint. C'était le type du comptoir, qu'il avait heurté dans la soirée ! Ce dernier voulu le retenir, mais Nastaé poussa un cri, avant qu'il ne le fasse taire. Il se débattit un peu, puis arriva à pousser le type, pour s'extraire de étreinte. Mais pas assez longtemps...
L'homme se mit à nouveau sur lui, le tenant fermement. Alors qu'il pensait qu'il allait s'en sortir avec beaucoup de contusions, il sentit le poids de la bête se dégager de lui. Redressant la tête, il vit Nanti près du lit, tenant en joue l'Orisha. Nastaé prit soudain peur : sa famille était assez connue pour leur excès de colère et il savait qu'il n'y avait que lui et Nahte, qui avait éviter ce gêne là. « Attend, Nanti non ! Laisse le partir, tu vas nous attirer des ennuis ! », « Je m'en fous, tu as vu ce qu'il allait te faire ? ». Nastaé s'accrocha à son frère : « Il n'en n'a pas eu le temps ! Arrête s'il te plait ! ». L'Orisha ne se fit pas prier et dégagea les lieux en vitesse. Nastaé se redressa totalement et s'habilla : « Partons d'ici, c'est trop dangereux. Reste avec moi. »

Nanti ne dit rien, remettant sa veste, et sortit le premier. Nastaé le rejoignit, et dans le nuit bleu, ils continuèrent de marcher et de traverser la ville, pour totalement en sortir. Cependant, arrivé près d'un arbre, Nastaé eu besoin de faire une pause, de boire, et de se reposer. Nanti n'avait pas dormi d'un poil et lui n'avait pas fini sa nuit, alors c'était très dur. Tora était passive, et suivait mollement. Ces derniers temps, elle avait une sacrée baisse de tension, et son maitre se demanda s'il n'était pas mieux qu'il la laisse chez ses parents. Mais là c'était trop tard. S'asseyant près d'un arbre, Nanti lui tendit un papier : « Regarde ce que j'ai trouvé, une chasse à l'homme ! T'en pense quoi ? ». Nastaé lisait le parchemin. Apparemment, il fallait retrouver un sorcier, acolyte du chaos actuel causé par le souverain, et le tuer. Plongé dans sa lecture, il ne sentit, ni n'entendit l'inconnu arriver vers lui.
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Mer 10 Avr 2013, 22:58

Des fois, lorsque j'en avais marre de dormir à la belle étoile ou que je ne trouvais aucune fleur ou feuille voulant bien m'accueillir le temps d'une nuit ne serait-ce que pour me protéger de la rosée, je me retrouvais à passer mes nuits dans un endroit bien connu des voyageurs des autres races, à savoir une auberge. Bien des Fées auraient trouvé étrange cette manière de procéder, mais à vrai dire, pas mal de choses concernant ma personne relevaient de l'excentricité selon les critères des Fées. Je passais les neuf dixièmes de mon temps sous une taille et une forme humaine, usant de mes pouvoirs pour dissimuler le moindre de mes caractères physiques pouvant trahir ma nature féerique. J'étais aussi bien armé qu'un humain. J'avais grandi dans un manoir peuplé de toute une ribambelle de gamins appartenant à des races différentes, sous la tutelle d'un majordome un peu bizarre. Je ne m'occupais d'aucun jardin à temps partiel. Et j'aimais le noir. Encore heureux que je possédais les dons propres aux Fées, ainsi qu'un zeste de leur curiosité et de leur malice. De même que leur amour avec la nature – même si des fois, ce côté très écologiste de ma personne me faisait peur... Bref, tout ça pour dire que j'avais décidé, cette nuit-là, de faire comme les trois quarts des voyageurs de ces terres et dormir sous le toit d'une auberge, après en avoir goûté la pitance.

Sans raison vraiment évidente en tête, je jetai mon dévolu sur un établissement se situant non loin d'une petite ville en bord de mer, après m'être quelque peu aventuré plus profondément dans les terres d'émeraude, m'éloignant de l'océan. En soi, rien ne démarquait cette auberge d'une autre de ses semblables, et lorsque j'y entrai, je retrouvai sans surprise une atmosphère créée par moult groupes de voyageurs attablés dans différents coins de la pièce, buvant et mangeant convivialement, certains racontant leurs histoires, d'autres profitant pleinement du toit et des bancs pour se reposer de leur journée visiblement chargée. J'étais visiblement arrivé à une heure tardive étant donné que toutes les tables semblaient être prises, et lorsque je me dirigeai vers le comptoir afin d'y réserver une chambre et commander un repas, j'appris sans trop de surprises qu'il n'y avait plus aucune chambre seule disponible et que je devrai m'accoutumer de la présence d'un autre voyageur au sein de ma piaule pendant une nuit. Le propriétaire eut néanmoins l'amabilité de me proposer une chambre qu'avait déjà réservée un homme – et non une femme – qu'il me pointa du doigt et me tendit un double des clefs, me laissant me débrouiller pour me trouver une table où l'on voudrait bien de moi. Il s'avéra qu'à cet instant, deux hommes et un tigre quittaient leur table, et, alors qu'ils se séparaient, l'un allant prendre l'air et l'autre montant dans sa chambre, je pris leur place, attendant que mon repas arrive.

Lorsque j'eus fini de consommer mon repas – pas si mauvais que cela pour une auberge aussi modeste – je décidai d'aller également de prendre l'air, ne croisant toutefois aucun client de l'auberge au cours de ma petite promenade nocturne. Seul mon mini-dragon, Steel, se décida à venir à ma rencontre, me tenant compagnie pendant une bonne trentaine de minutes avant de s'envoler à nouveau dans les cieux, me laissant seul sous le ciel étoilé. Si il y avait bien une chose que j'étais parvenu à comprendre chez mon compagnon animal, c'était qu'il appréciait peu les auberges humaines, et s'en tenait assez souvent éloigné, m'y laissant seul. En réalité, Steel ne restait pas non plus à mes côtés lorsque je passais mes nuits sous le couvert de feuilles ou de fleurs, ce qui faisait que j'ignorais totalement où mon compagnon animal passait ses nuits... Néanmoins, cela ne m'inquiétait pas outre mesure, Steel étant probablement plus doué que moi pour survivre en pleine nature – lui ne rencontrait pas de problèmes liés à l'humanité, contrairement à moi...

Je me décidai finalement à retourner à l'auberge, et aperçu au retour un autre client me précéder de peu. Il s'agissait de l'un des hommes auxquels je devais ma table libre pendant le repas, accompagné d'un tigre nain. Il me précéda également dans les escaliers et dans le couloir menant jusqu'aux chambres, et pénétra dans celle qui devait très probablement être la sienne. Et à vrai dire, cela ne m'aurait pas vraiment importé si, passant devant ladite chambre, je n'avais pas entendu des cris, suivis de bruits d'échauffourée. Hésitant, je demeurai pendant plusieurs instant devant la porte, ne sachant si je devais ou non me mêler de ce qui ne me regardait pas, au risque de m'attirer des ennuis. Je n'eus toutefois nul besoin de trancher devant ce dilemme pour me les attirer puisque finit par débouler hors de la chambre un Orisha aux yeux vert et violet. Qui, dans la coïncidence la plus totale de ma vie de Fée affligée d'un mauvais karma, se trouvait être mon colocataire de la nuit à venir. Avant même que je n'eus le temps de réorganiser mes pensées dans le bon ordre – oui, bon, je suis un peu long à la détente parfois... - l'Orisha m'empoigna le bras en m'entraîna plus loin dans le couloir avant de me pousser à l'intérieur de notre chambre commune. Et lorsque j'aperçus la lueur dansant dans le regard de l'Orisha, mêlant terreur et colère, je sus que le quart d'heure qui allait suivre allait être tout sauf agréable.

« Tu as entendu, hein ? me lança-t-il d'une voix où se mêlaient ces deux mêmes sentiments. »

Immédiatement, tous mes sens se mirent en alerte. Mes appuis se fléchirent, et j'hésitai un instant à empoigner l'une des épées harnachées dans mon dos, que ce soit pour m'en servir en tant qu'outil de dissuasion ou autre chose. Mais je me ravisai en me rappelant de deux détails : cet homme était bien plus fort que moi – il n'y avait qu'à voir la façon dont il m'avait baladé dans le couloir – et il n'était accessoirement pas dans mon intérêt de réveiller tout le bâtiment qui me surprendrait, l'arme au poing, et en tirerait probablement les mauvaises conclusions. Ne restait qu'une solution, la moins glorieuse de toutes certes, mais très probablement la plus sûre. Sans même attendre que l'Orisha n'esquisse un mouvement dans ma direction, je me précipitai vers la petite fenêtre entrouverte de notre chambre, sautai et repris ma forme féerique, haute de quelques centimètres à peine. Je parvins de cette manière à me glisser à travers la petite ouverture et à m'envoler vers d'autres horizons. Ou tout du moins à me sortir de cette auberge – avouons que ça fait moins classe, comme formulation.

Pestant contre cet Orisha qui venait de me faire perdre de l'argent et un toit pour la nuit, j'entrepris la recherche d'un refuge improvisé pour la nuit. Et ne tardai pas à tomber sur les deux clients de l'auberge ayant des démêlés avec l'Orisha, se reposant au pied d'un arbre. J'examinai un instant celui-ci afin de déterminer s'il pouvait me fournir un abri suffisant pour la nuit, mais mon attention était bien plus attirée par ce duo qui avait, en quelque sorte, fichu en l'air tous mes plans pour la nuit. Pas que je leur en veuille particulièrement. Mais disons qu'il s'agissait plutôt là de l'expression de ma curiosité féerique, qui me poussait à mettre mon nez dans les affaires de tout le monde. Toujours sous ma forme réduite, je m'approchai des deux hommes, qui ne semblaient pas avoir remarqué ma présence – une Fée vêtue de noir, avec des ailes noires dans la nuit, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus voyant.

Et, dans un élan d'espièglerie, je me plaçai derrière l'épaule de celui qui semblait être le plus efféminé des deux, et qui tenait dans sa main un avis de recherche.

« Personnellement, j'pense que l'heure est plutôt étrange pour se lancer dans ce genre de chose... commentai-je sans réfléchir. »

Et voilà. Ma langue et ma manie de répondre à tout avaient encore devancé le reste de mon cerveau – si tant soit peu que j'en ai un, des fois je me le demande... Je pris quelque peu de recul afin de ne pas me prendre un coup de tapette ou quoi que ce soit d'autre en pleine poire et repris forme humaine, laissant néanmoins mes oreilles pointues et mes ailes noires transparentes visibles, les deux hommes ayant probablement deviné ma nature féerique.

« Salut, fis-je avec la nonchalance qui m'était propre. J'espère que le psychopathe dans l'affaire, c'était bien l'Orisha et pas vous. »
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Mer 10 Avr 2013, 23:40

Nastaé était épuisé. Il avait relu trois fois la même phrase sur son vélin, et n'avait retenu que la moitié des mots. L'avoir coupé comme ça, en plein sommeil... Non mais quelle idée !
Il pesta alors intérieurement, passant gracieusement les doigts dans ses cheveux pâles pour mettre une mèche derrière son oreille. Nanti avait trouvé un bon plan pour chasser de la sorcière. Dans l'absolu, ça pouvait rapporter gros, mais quand on était pas capable de comprendre une foutue phrase, il fallait déjà voir à se reposer avant d'entreprendre une quelconque entreprise.
Rabattant un genoux vers lui, il appuya son coude, puis sa tête sur sa main, dessus, soupirant de mal être, et laissant un peu tomber sa feuille jaunie.
Citation :
Personnellement, j'pense que l'heure est plutôt étrange pour se lancer dans ce genre de chose...
Nastaé sursauta, écarquillant les yeux, et tournant la tête vers l'origine du son. Par réflexe, il monta sa main à son épaule, avant de voir un petit machin voleter dans les airs, et grandir, jusqu'à prendre forme et taille humaine. Il n'avait jamais vu ça !
Sautant sur ses pieds, carrément réveillé tout à coup, il se plaça à côté de son frère, aussi grand que lui, et se plaça légèrement en retrait, son épaule derrière sa forte carrure.

Même si l'Ondin était au bord de l'évanouissement dû à la fatigue, au choc, et à la surprise, il n'en resta pas moins émerveillé. Ce garçon était vraiment magnifique. Du moins, sa nature raciale le rendait sublime. Il regardait, un peu hébété, les ailes sombres et légèrement transparentes, s'agiter sans cesse, avant d'entendre à nouveau sa voix, bien moins aigüe :
Citation :
Salut. J'espère que le psychopathe dans l'affaire, c'était bien l'Orisha et pas vous.
L'Orisha... L'Orisha... Hum...
Nanti prit l'initiative, un peu échaudé, Nastaé toujours sous le choc, croisant les bras : « Bien sur que oui ! Ce malade a agressé mon frère pendant que j'étais sorti. Pourquoi ? Il t'a causé des problèmes ? ». Entendre la voix brute et rauque d'Ant' le fit réagir. Il sortit de sa transe, décolla ENFIN ses yeux de ses ailes et se racla la gorge : « Euh... Oui, je ne suis pas très doué en relations sociales. » Comparé au gaillard collé à lui, sa voix paraissait fluette. Bien sur elle était masculine, une voix d'homme, mais plus douce et veloutée. Et puis Nastaé s'exprimait autrement, avec... Certaines manières, mais sans en faire trop. Il connaissait le juste milieu.
Passant une main dans ses cheveux il dit : « Voici Nanti, mon frère, Tora, ma jolie tigresse, et moi-même, Nastaé. Ce type nous a viré de notre chambre, et je pense franchement que la nuit va être longue... ». Il avait sourit pour la première partie de la phrase, avant de soupirer en commençant la seconde. L'Orisha avait tout gâché, quel crétin ! L'Ondin enroula à nouveau son bras autour de celui de Nanti -plus musclé et plus bronzé-, et se reposa contre lui, fermant doucement les yeux. « Ant', il faut trouver un endroit ou dormir... », « Allons au prochain village, nous trouverons bien quelque chose ! Tu nous suis ? ». Nanti s'était adressé au nouveau arrivé dans le groupe gentiment, et attendait sa réponse. S'ils trouvaient de quoi dormir, du moins un endroit sur, il pourrait se joindre à eux.

Le jeune homme fourra l'avis de recherche dans sa besace, et ensemble ils se mirent à marcher sur la route en terre. Nastaé voyait dans le noir, donc ce n'était pas difficile pour lui de suivre le chemin, mais il commençait à trainer de plus en plus. Au début, il s'accrocha juste au bras de son frère pour garder le rythme, puis finit par lui prendre la main. Mais il voyait bien que Nanti le tirait plus qu'autre chose et il finit par dire, un peu boudeur : « Ant', porte moi... », « T'es chiant ! Tora ne se plaint pas, elle ! », Nastaé grimpa d'un bond sur le dos de son frère : « Oui, mais elle est moins fragile que moi aussi... », « Tsss... ». Continuant la marche, Nastaé se trouvait bien, et les balancements du corps de son ainé le berçaient. Mais, ayant sa tête tournée vers la fée il dit : « Tu visite la région toi aussi ? »
Il était curieux de savoir ce qu'il faisait là, et d'en savoir plus sur lui en général.

Après avoir discuté, ils arrivèrent à un autre endroit. Les bras de Nanti étaient endoloris, et il posa son frère au sol à l'entrée du village. Le soleil était en train de se lever, et les coqs chantaient. Les hommes filèrent dans l'auberge la plus proche, invitant évidement la fée à se joindre à eux, et prit une chambre pour que tous, puissent se reposer. Cette fois-ci, Nanti restera avec Nastaé, et dormirait avec jusqu'à ce qu'ils se lèvent...
La chasse aux sorcières attendra leur réveil !
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Jeu 11 Avr 2013, 00:52

Je savais que ce n'était pas très sympathique de ma part, mais je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire moqueur en voyant l'inconnu sursauter et bondir sur ses pieds, et aller se planquer derrière son compagnon de voyage bien mieux taillé que lui pour les confrontations physiques. Bien qu'agresser deux types inconnus dont une armoire à glace ne faisait absolument pas partie de mes projets du moment. Probablement que cette manie de me moquer gentiment des gens me venait également de mes ascendances féeriques, même si cela avait parfois tendance à m'attirer des problèmes. Comme quoi, peut-être que ce sont les Fées, les aimants à problèmes, et pas juste moi.

Apparemment beaucoup moins chamboulé par mon apparition soudaine, ce fut le plus grand carré des deux hommes qui réagit à ma question plus ou moins explicite, au quart de tour par ailleurs. Cherchant dans mes souvenirs récents, je parvins à me rappeler d'une voix similaire à l'auberge qui semblait vouloir chercher des noises à l'Orisha qui s'était introduit dans leur chambre. Par principe, je considérais que celui qui n'était pas dans sa propre piaule était le moins innocent dans l'affaire, mais ma paranoïa m'avait tout de même poussé à ne pas prendre aveuglément mes deux interlocuteurs pour des saints descendus sur terre – enfin, pour ce coup-là, peut-être était-ce plus ma raison que ma paranoïa qui était en cause... Visiblement, d'après les dires de cet homme plutôt bien bâti, mes hypothèses avaient été fondées, bien que confirmées en très grande partie par un taré d'Orisha qui avait été visiblement prêt à se venger de sa frustration sur ma personne. Il était vrai que comparé à mon interlocuteur, je devais faire figure de défouloir facile...

Conservant mes mauvaises habitudes, je répondis au premier des frères avec une ironie qui, je l'espérais, ne les froisserait pas trop :

« Oh non, c'est l'grand amour entre nous... A un tel point qu'il m'a mis dehors. Ou plutôt, qu'j'ai préféré me mettre dehors. »

Normalement, tant que je n'avais pas projet d'agresser l'un des deux frères, cela devrait aller... Puisqu'au moins l'un d'entre eux semblait posséder un poil d'auto-dérision – un exercice auquel je m'adonnais régulièrement – et/ou dans le cas échéant une bien piètre estime de lui-même – ce qui, au final, ne devait pas le rendre si différent que moi sur le fond. Il était clair comme de l'eau de roche que, pour des frères, ces deux hommes ne donnaient pas la même impression au premier regard, mais je ne voyais pas vraiment cela comme une raison suffisante pour complexer – à moins que, comme moi, ce type possède cinquante autres frères infiniment plus doués que lui dans tout un tas d'autres domaines. Si Nanti dégageait de la force et de l'assurance, et que son visage était semblable à une image séduisante de la virilité, je trouvais que Nastaé n'avait lui non plus pas de quoi se plaindre auprès de dame nature – ou de je ne sais quel Aether peut-être chargé de la procréation et de la transmission des gènes – pour son physique, certes moins baraqué, mais tendant à la finesse.

L'obscurité dans laquelle nous plongeait cette nuit à lune partielle était néanmoins peu propice à une observation physique détaillée de mes deux interlocuteurs, aussi me contentais-je de cette première impression : la vigueur et la force alliées à la finesse et la grâce. J'avais aussi quelques doutes quant à qui avait viré qui de quelle chambre, mais je passais pour cette fois la réflexion sous silence, sachant pertinemment que la raison pour laquelle Nastaé, Nanti et la tigresse se retrouvaient sous les étoiles pour les mêmes raisons que moi – à la différence près que, moi, je n'aurais probablement pas été capable de me défendre contre l'Orisha. Et bien que n'ayant pas vraiment abordé ces deux-là plus leur tigresse pour leur tenir compagnie jusqu'à Tataouine les Bains, j'acceptai la proposition de Nanti quant à un petit voyage commun jusqu'au prochain village. Mon projet initial avait été tout autre – à savoir me trouver une fleur – mais cette alternative me convenait. Au moins, je n'aurais pas à déployer des trésors de persuasion pour convaincre un végétal de m'abriter pour la nuit.

« Enzel, pour vous servir. Entre insomniaques malgré nous, soyons solidaires... »

Nous empruntâmes ainsi une route de terre menant jusqu'à un autre village, Nastaé ouvrant la marche pendant un certain temps, avant de se retrouver finalement en queue de peloton – bon, d'accord, trois + un ça fait petit comme peloton, mais bon – traînant des pieds avant de carrément s'accrocher au bras de son frère. Et de le supplier, au final, de le porter. Ce qui me tira un sourire amusé, bien que je ne fis aucun commentaire – je n'étais pas impitoyable à ce point. Mais au lieu de s'assoupir sur le dos de son frère comme je m'y étais attendu, Nastaé préféra entamer les discussions, visiblement intrigué par ma présence en ces lieux.

« En quelque sorte, lui répondis-je. Et j'essaye de gagner ma vie, accessoirement. Je suppose que, vu la question, vous aussi faîtes un peu de tourisme dans le coin... » 



Finalement, nos pas nous menèrent jusqu'à un autre village, possédant lui aussi une auberge – heureusement. Une fois arrivés au comptoir – et après avoir tiré du lit un brave aubergiste qui n'avait rien demandé à personne – les deux frères réservèrent une chambre tout en m'invitant à les rejoindre, et je lançai d'une pichenette une pièce au propriétaire de l'établissement afin de compléter le montant à payer. Certes, je ne roulais pas sur l'or, mais vivre aux dépends des autres n'était pas vraiment dans mon genre.

Lorsque je rouvris les yeux, après une fin de nuit plutôt agréable – heureusement que je n'étais pas un très grand dormeur – je balayai la chambre du regard, avant de m'attarder sur les deux frères qui ne tarderaient probablement pas à se réveiller. Silencieusement, je me préparai, sans pour autant faire réapparaître mes ailes que j'avais, par habitude, fait disparaître avant de sombrer dans les bras de Morphée. Discrètement, je sortis de la chambre et vint m'asseoir à une table de la salle commune, après avoir commandé trois petits-déjeuners. J'ignorais si j'allais poursuivre une partie de mes pérégrinations avec les deux frères, mais leur commander un petit-déjeuner me paraissait être la moindre des choses. Jouant distraitement avec quelques-unes de mes mèches ébène, j'attendis qu'arrivent les frères ou la nourriture. Et plutôt même les deux.
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Jeu 11 Avr 2013, 11:41

Visiblement, l'Orisha lui avait aussi posé des problèmes. Décidément ce type ne laissait personne tranquille ! Ainsi, il se retrouvait dans la même situation que les deux hommes, et l'Ondin culpabilisait légèrement.
Nastaé répéta son prénom dans sa petite tête. Enzel, c'était assez joli. En tout cas il aimait bien ! Alors il écouta la suite, désireux d'en savoir plus.
Citation :
« En quelque sorte. Et j'essaye de gagner ma vie, accessoirement. Je suppose que, vu la question, vous aussi faîtes un peu de tourisme dans le coin... »
L'Ondin lui sourit, acquiesçant. Il l'harcèlerait de questions demain, pour le moment l'heure était à la détente. Nanti le taquina : « Tu es lourd. T'aurai pas un peu grossi en mangeant chez les Hommes ? ». Mais Nastaé lui pinça les joues : « Hey ! Je suis très bien comme ça, et puis les gens m'aiment quand même ! Et puis il y a pleins de gros chez les Hommes, alors j'ai de la marge. », ce type était une vraie pipelette, mais son rire résonna brièvement, montrant ainsi sa joie du moment. Il passa ses bras autour du cou de son frère, posant sa tête sur son épaule, continuant le voyage dans cette proximité fraternelle.


Nastaé se vautra sur le matelas moelleux que lui offrait la chambre d'auberge, avant de s'endormir tout aussi vite. Ses oreilles devinrent sourdes de tout lorsque ses yeux se fermèrent. Lorsqu'il se leva au milieu de l'après-midi, il eu la bonne surprise de ne pas être seul dans le lit. Nanti dormait toujours, lui qui pensait qu'il était le plus gros dormeur de la famille, son frère le battait. Nastaé leva la tête, et se tourna, pour se leva. Il s'étira, s'habilla, puis se mit à cheval sur son frère, le réveillant de manière assez originale. Nanti le poussa en grommelant, émergeant doucement.
L'Ondin prit les devant et descendit les escalier de l'auberge pour rejoindre le jeune homme de la veille, attablé. S'asseyant en face de lui, il le salua d'un sourire, avant de dire : « Nous avons pu l'avoir notre nuit ! Et ça fait du bien... Nanti dort toujours, il met des années à se lever. », une vrai feignasse pensa-t-il.
Mettant les mains dans ses poches, il heurta quelque chose d'étrange, et le sorti de l). C'était un parchemin qu'il dépliait. A oui, l'annonce. « Apparemment des sorciers sèment le désordre sur les Terres d'Émeraude... Mais pourquoi il m'a donné ça ? Il veut vraiment affronter ce genre de types ? » Nastaé prit quand même peur. C'était des sorciers, donc doué en magie, plus qu'eux, et peut être plusieurs... Quoi qu'ils étaient assez solitaires en règle générale. Cependant, ça ne le rassurait pas quand même.

Nanti descendit les escaliers d'un pas un peu lourd, et mal réveillé. Il frotta sa tignasse, et jeta un coup d'oeil a la salle. S'asseyant à côté de son frère, Nastaé lui claqua l'affiche sous les yeux, fronçant les sourcils, en disant : « T'étais sérieux en me donnant ce truc ? », « Quoi ? Ca te plait pas ? T'es difficile... » Nanti prit l'affiche d'une main, et appuya sa tête sur la table de l'autre : « Je suis sur qu'Enzel n'est pas un sale froussard comme toi, hein ? » Nanti sourit, tirant malicieusement la langue sur un coin de bouche, avant de la rentrer en souriant. Oui, il taquinait son frère, mais au fond il voulait vraiment partir. Nastaé croisa les bras et regarda la fée. « Arrête ça... » Levant les yeux vers leur partenaire, il délia ses bras, appuya ses coudes sur la table en bois, et lui sourit sincèrement de toutes ses dents, diminuant la distance entre eux deux malgré le meuble : « Tu viens avec nous alors... ? ». Sa voix était douce, presque charmeuse, et ses gestes allaient avec. Oui, il voulait sincèrement qu'Enzel vienne et il ferait tout, quitte à le faire tomber sous son charme et qu'il le suive pour ses beaux yeux.
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Jeu 11 Avr 2013, 19:21

Pendant tout le trajet, je n'avais à vrai dire eu qu'une seule envie : me laisser emporter par les bras de Morphée. J'avais donc passé tout le voyage à lutter pour ne pas m'endormir en marchant – ce qui aurait eu l'air passablement stupide – et à somnoler de temps à autre, mes pieds me faisant avancer mécaniquement, sans même que je n'ai le besoin conscient de leur donner des ordres. Et de ce fait, faire la conversation à mes compagnons d'infortune n'avait pas fait partie de mes priorités, quand bien même certaines choses m'avaient interpellées chez eux. Mes deux seuls neurones occupés à maintenir un semblant de réveil à ma conscience et à mon corps n'avaient pas eu le loisir de se pencher sur des questions physiques et métaphysiques sur Nastaé et Nanti, reportant les éventuelles questions au lendemain.

C'est donc en attendant la nourriture que j'avais commandée pour nous trois que je me mis à m'attarder un peu plus sur le cas de ces deux voyageurs, frères malgré tout ce qui les opposait sur le plan physique et mental. Peut-être était-ce là un sale préjugé, mais je voyais Nastaé comme un artiste ou un mage frêle, quelque peu fragile mais probablement plein d'autres ressources. Et en revanche, si je ne prenais pas Nanti pour un débile fini, je supposais que ce n'était quand même pas lui qui avait inventé l'eau chaude. Il semblait néanmoins qu'il était bien plus résistant et fort que son frère, et n'avait aucun mal à l'imaginer plus âgé que Nastaé. Tout en jouant machinalement avec les mèches ébène tombant devant mon regard acier, je songeais un instant à la brève discussion que j'avais eue avec les frères cette nuit, avant que nous nous isolâmes respectivement dans un silence dû à la fatigue et à la somnolence. Nanti avait mentionné un séjour de son frère chez les 'Hommes'... Ce qui laissait à croire que ces deux-là faisaient partie d'une race qui n'avait pas l'habitude d'interagir très souvent avec d'autres habitants de ce monde ne faisant pas partie de leurs semblables. L'hypothèse d'humains en cavale était donc d'ores et déjà exclue. Et il me paraissait peu probable que ces deux-là fassent partie du peuple féerique, quand bien même leurs chamailleries auraient pu vraisemblablement faire partie intégrante d'une discussion entre deux de mes semblables. Mais primo, les Fées masculines, ce n'était pas si courant que ça, et deuxio, ils n'auraient pas été tant surpris de mon apparition cette nuit.

Je coupai néanmoins court à mes réflexions lorsque j'aperçus Nastaé descendre les escaliers de l'auberge, et lui rendis son sourire lorsqu'il s'approcha de la table que j'avais prise, par politesse au moins. Enfin, je n'étais pas sûr que cela ne soit que de la politesse au vu du certain charme que dégageait la personne de Nastaé, mais je m'efforçai d'éloigner le plus rapidement possible ce genre de pensées qui ne ressemblaient pas vraiment à mes pensées habituelles. Je ne pus néanmoins m'empêcher de détailler le physique du jeune homme, alors que celui-ci s'attablait en face de moi, quelque peu émerveillé par sa peau diaphane et sa chevelure dont la couleur me paraissait incertaine. Et j'en parvins à la même conclusion que celle que je m'étais formulée à moi-même cette nuit, lorsque j'avais scruté dans l'obscurité la silhouette de Nastaé : cet homme respirait la grâce et l'élégance. Je n'aurais pas été étonné d'apprendre qu'il avait déjà moult prétendantes au mariage – ou au moins, au lit.

Je n'avais écouté que d'une oreille distraite les commentaires de Nastaé sur sa nuit, mais ceux portant sur l'affiche qu'il venait de sortir de sa poche interrompit mes réflexions, me tirant un sourire mi-figue mi-raisin. Si Nastaé trouvait le moyen de s'étonner sur l'affiche donnée par Nanti à son frère, je n'avais personnellement aucun mal à deviner les intentions d'un homme impulsif comme lui. Et, contrairement à Nastaé, je me doutais bien que ce n'était pas pour plaisanter que son frère lui avait refilé l'affiche. Personnellement, je n'avais rien contre les Sorciers, et n'étais pas assez belliqueux ou même fort pour leur chercher des noises, quand bien même ils semblaient faire un peu de grabuge sur ces terres. Après tout, des rumeurs couraient sur une guerre proche entre les Sorciers et les Réprouvés... Mais je ne tenais pas particulièrement à prendre parti. J'avais beau me qualifier de bonne poire bénéfique, je n'avais pas la prétention de vouloir répandre le Bien sur ces terres... Même si, soit dit en passant, un grabuge provoqué par les Sorciers ne serait pas forcément bon pour les affaires et pour mon foutu sens éthique. Voilà pourquoi j'avais un avis plutôt mitigé sur le sujet, et que je ne répondis pas à Nastaé.

Mon regard gris acier préféra aller se poser sur le plus âgé des frères qui descendait à son tour les escaliers de l'auberge, l'air beaucoup moins réveillé que Nastaé. Il vint s'asseoir à côté de ce dernier, lequel l'assaillit immédiatement d'une question vis-à-vis de l'affiche qu'il avait dans les mains. Et lorsqu'il me prit à partie en évoquant ma prétendue bravoure, je ne pus qu'esquisser à nouveau un sourire mi-figue mi-raisin, quand bien même je savais pertinemment qu'il s'agissait d'une taquinerie.

« Ca dépend, répondis-je, quelque peu mal à l'aise en souriant toujours. »

Bon, d'accord, ce n'était pas une réponse, mais c'était mieux que rien. Je n'avais pas vraiment l'habitude de me lancer des fleurs. Mon truc, c'était plus l'auto-dérision que l'auto-congratulation. Mais lorsque Nastaé, finalement convaincu par son frère – il lui en fallait peu – se pencha vers moi en me souriant de toutes ses dents, il me sembla entendre un court-circuit s'effectuer dans mon cerveau, et je ne pus répondre qu'un :

« Euh... »

… assez pitoyable avouons-le. Mais même si je n'avais pas eu l'intention de me mêler des affaires des Sorciers, il semblait que la présence de Nastaé changeait la donne. Et je savais que cette impression n'avait rien de rationnel, mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir envie d'accompagner un peu plus longtemps les deux frères. Quitte à castagner quelques Sorciers au passage.

« Pourquoi pas, finis-je par répondre en détournant le regard, gêné. »

L'aubergiste eut le mérite de s'approcher de notre table à ce moment-là afin de nous servir une petite collation, que j'avais réussi à lui soutirer en insistant sur le fait que nous avions payé la nuit plus un repas, et que même si l'après-midi était déjà entamée, nous n'avions pas eu droit à tous les services que notre argent avait servi à payer. Nous avions ainsi droit à quelques tranches de pain et de lard, ce qui me convenait personnellement, n'ayant pas des goûts culinaires très compliqués. Je profitais de l'instant que je pris pour me servir afin de remettre un peu d'ordre dans mes neurones chamboulés, même si je ne parvins pas à me défaire de l'idée d'accompagner Nastaé et Nanti dans leur expédition. J'en profitai donc pour leur poser quelques questions, celles que je n'avais pas eu la force de leur poser cette nuit.

« Dites, vous venez d'où ? J'ai cru comprendre que vous n'étiez pas du coin et que vous n'étiez pas humains, mais je vous avouerai que c'est bien peu pour satisfaire ma fâcheuse curiosité... D'ailleurs, vous faîtes quoi dans la vie à part aller tataner les Sorciers du coin ? »
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Jeu 11 Avr 2013, 21:45

Nastaé trouvait qu'Enzel le regardait beaucoup plus, qu'il ne regardait son frère. Cependant, l'Ondin resta sage et tranquille, ne voulant pas s'émouvoir d'un simple regard. Quand il insista un peu pour que la fée les accompagne, Nanti resta interdit devant le sourire de victoire de son frère. Oui, il avait réussi à faire plier Enzel, mieux que lui, et maintenant, le jeune homme était embarqué, où qu'ils aillent. Ingénieux non ? Se redressant quand la nourriture arriva, il scruta l'aubergiste renfrogné leur apporter à manger. Erk... L'Ondin prit un bout de lard entre deux doigts, comme si ce dernier était un insecte ignoble, et le jeta à Tora, qui s'en régala. Lui ne se contenta que du pain et lança nonchalamment à Nanti : « Tu vas être malade si tu mange ça... », « Tsss, y a qu'une fillette comme toi pour faire un tel rejet de tout ce qui est gras. Madame mange des poissons de qualité hein ! », « Oh ! Pardon de ne pas manger le premier requin que je trouve ! ». Par cette phrase, Nastaé évoqua une anecdote peu glorieuse de son frère, repportant son attention sur leur acolyte. La fée l'intéressait beaucoup plus que Nanti, et s'il avait pu être seul avec lui, il n'aurait pas hésité à se rapprocher un peu plus. A tâter le terrain. Cependant, l'Ondin avait des manières, et une certaine estime de soi, pour ne pas être outragent, en plein lieu public.

Les questions qui suivirent le gênèrent un peu au début. Mais il finit par vite s'en ficher, se disant que lui aussi avait révélé sa vrai nature devant eux, sans pudeur, mutant même d'un trait, dès leur première rencontre. Alors il pouvait bien lui dire... « Nous... Faisons parti du peuple des sirènes. Nanti a trente-et-un ans, et j'en ai dix-huit mais... » Il regarda son frère un instant. Ant' était en train de manger, sans vraiment prendre part à la conversation, se souciant bien mal de ce que pouvait dire son frère. Nastaé reprit donc, plus sur de lui : « Ant' est chasseur, et moi je suis danseur. Mais j'ai voulu le faire sortir de là pour qu'il voyage avec moi, je trouve ça plus agréable de faire la route avec son frère. » Il avait fini de parler, comme si Nanti n'était pas là, et qu'il ne les entendait pas. D'un côté c'était tout comme, car il ne répliqua pas et ne nia pas non plus.

Une fois le repas terminé, Nanti se prépara pour partir. « Ne crois tu pas que l'on devrait repousser notre départ à demain matin ? », « Non Nastaé, ne commence pas. On part maintenant, et puis les sorciers ne nous attendrons pas mille ans ! ». L'Ondin disait plus ça car il trouvait l'idée plutôt moyenne, de partir alors que la nuit allait tomber dans trois heures, mais il ne contredit pas son frère, et invita à Enzel de faire pareil. Là aussi, quand tout le monde fut prêt, ils se mirent en route.
Bien sur, une fois que le soleil fut couché, et que la lune fut haute dans le ciel, les malfrats de grands chemins leurs barrèrent la route. Nastaé eu un coup de sang, se voyant encerclé par trois hommes, et recula instinctivement. Mais la ville était loin, très loin, alors il n'était même pas question de faire demi-tour ni de fuir. D'ailleurs, Nanti ne comptait pas fuir. Ce dernier était devant les deux hommes, prêt à attaquer, arme au poing, mais Nastaé lui passa devant.

Inspirant lentement, il dit avec une voix douce, et un ton assuré : « Nous n'avons rien à vous donner. ». Les types se regardèrent, s'attendaient-ils vraiment à une telle voix ? Nastaé essayait de faire marcher son charisme sur ces types. Puis le plus téméraire dit : « L'argent, et la nourriture ! ». Le jeune homme tenta de négocier à la manière douce, et il entendit son frère souffler, dans son dos. « Je ne pense pas que ce soit raisonnable et... », mais bien sur, ce qui devait arriver arriva : un des hommes lui lança une dague qu'il reçu dans l'épaule, et, combiné au choc, il atterrit sur Nanti. Ce dernier ne bougea pas d'un poil quand il reçu son frère dans les bras, et ce ne fut pour lui qu'une occasion suprême pour s'attaquer aux opposants. Tora se défoulait avec l'un d'eux, et il en restait un dernier pour Enzel.

De son côté, Nastaé se mit à genoux en retirant la lame, et vit du sang couler à flot. La seule façon qu'il connaissait pour se soigner, c'était de chanter. Seulement ici, ils ramèneraient surement des gens, et puis il ne savait pas quel effet cela ferait sur Enzel. Il savait que cela pouvait le rendre fou à lier, lui retournant le cerveau, comme ça pouvait le mettre en totale béatitude pour sa personne, le temps du chant. Mais en voyant sa vue se voiler, il n'eu pas le choix, et sortie des notes de sa bouche. C'était des sons doux, mélodieux, forts, résonnant à travers les arbres et les plaines, comme si sa voix sortait des entrailles de la terre, pour venir annoncer une bonne nouvelle. Cependant, les ennemis eux, le prirent plutôt mal, et leurs corps se tordaient dans tous les sens, voulant que cela cesse. Nanti ne craignait rien, pouvant lui même chanter, et Enzel, lui...
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Ven 12 Avr 2013, 00:42

C'est avec amusement que j'observai le spectacle que m'offraient les deux frères devant leur repas. Un sourire se dessina sur mes lèvres, mais je préférais ne pas faire de commentaires, non pas par peur de me faire rembarrer – il m'en fallait bien plus pour ne pas ramener ma fraise – mais plutôt par malice, puisque les deux hommes semblaient s'en sortir très bien sans moi pour faire leur petite scène de ménage. Et ressortir quelques vieux dossiers poussiéreux visiblement croustillants – de toutes façons, tout ce qui concernait la bouffe était croustillant, sans mauvais jeu de mot. Imitant Nanti, je mangeai tout ce que l'aubergiste avait mis à notre disposition sans faire de tri, me demandant distraitement si toutes ces références au monde aquatiques étaient dues à une vie passée dans un village côtier, ou à une nature ondine de mes deux interlocuteurs. Après tout, cela faisait partie des hypothèses probables... Nastaé possédait bien la beauté surréaliste des Ondins, sa peau diaphane tirant presque sur un bleu typique du peuple des océans. Seulement, je préférai ne pas faire de conclusions hâtives, n'ayant de toute façon qu'à attendre pour avoir la réponse à ma question. Je songeai un instant aux mets qui auraient convenu aux goûts de Nastaé, mais m'efforçai encore une fois de chasser la pensée alienne à mon esprit d'indépendant.

Nastaé ne tarda pas à confirmer mes soupçons, affirmant sa nature d'Ondin, y ajoutant même son âge et celui de son frère, sans que je ne l'ai particulièrement demandé. Cela dit, cela me fit réaliser que j'avais considéré d'emblée Nanti comme l'aîné, et ce à raison. Comme quoi, j'avais quand même un instinct pas si pourri que ça – bon, d'accord, c'était facile à deviner... Une telle différence d'âge me paraissait en revanche plutôt conséquente, mais l'essentiel semblait être que cela n'affectait en rien la relation fraternelle existant entre les deux Ondins. Pendant un bref instant, mon esprit s'égara vers mes propres frères, ceux que Dame Taiji avait également adoptés, suite à leur abandon ou à des tragédies semblables à celle qui n'avait laissé qu'un souvenir fugace dans ma mémoire de nouveau-né féerique. J'ignorais qui de nous était le plus âgé, tout comme j'ignorais lequel était le plus jeune. Peut-être Raphaël. Mais notre relation n'avait rien à voir avec celle qu'entretenaient Nanti et Nastaé. Rien d'étonnant en soi puisque nous, fils Taiji, avions passé notre enfance à subir une éducation stricte et efficace de la part du majordome Seth du manoir Taiji. Probablement que cela nous avait fait gagner mais perdre également beaucoup.

Néanmoins peu désireux de me perdre dans les souvenirs de ma propre enfance qui n'étaient pas des plus agréables, je préférai songer à ce que venait d'affirmer Nastaé. Si ce dernier était plus jeune et probablement plus fragile que Nanti, il s'avérait toutefois qu'il était à l'origine de leur présence sur la terre ferme, fait que je trouvais assez surprenant compte tenu du caractère respectif des deux Ondins. Dont les métiers ne me surprirent par ailleurs guère. Je me surpris néanmoins à souhaiter voir un de ces jours Nastaé monter sur scène, imaginant d'ores et déjà la grâce même en mouvement devant le regard captivé de ses spectateurs.

« Personnellement, je trouve aussi que c'est plus drôle, fis-je d'un ton espiègle, répondant à la remarque de Nastaé sur un 'voyage plus agréable'. »

Je préférai ne pas en dire plus, laissant les esprits des deux Ondins travailler pour comprendre la portée de cette phrase, qui n'était pas difficile à saisir. Selon mes estimations, même un nombre de neurones inférieur à cinq était suffisant pour comprendre que les dossiers familiaux ressortis lors de voyage entre frères avait de quoi amuser les éventuelles tierces personnes. Et n'ayant pas vraiment l'habitude de parler de ma personne tant que l'on ne me posait pas de questions explicites, je passai sous silence les détails me concernant.

Une fois le repas fini, Nanti fut, sans la moindre surprise, le premier à bondir sur ses pieds afin de se préparer à partir, visiblement pressé d'infliger une bonne correction aux troubles-fêtes traînant dans le coin. Moi-même je trouvais assez étrange l'idée de vouloir partir trois heures seulement avant le coucher du soleil, mais ne protestai pas plus que Nastaé lorsque nous nous mîmes en route. Après tout, les rythmes décalés n'étaient pas ce qu'il y avait de plus de dérangeant, et en tant que professionnel travaillant parfois dans l'urgence, je m'y adaptais plutôt facilement. Ce fut donc sous les rayons de l'astre lunaire que nous tombâmes sur des malfrats de grand chemin, semblant également vivre et travailler de nuit. Je restai cependant en retrait, la main posée sur le pommeau de l'une de mes épées accrochées dans mon dos, derrière Nanti. J'étais avant tout un mage, et me mettre en première ligne n'aurait pas été la meilleure des choses à faire, surtout en présence de Nanti, qui, lui semblait être capable e régler leur compte à ses adversaires uniquement par la force physique.

Ce fut néanmoins avec surprise que je vis Nastaé se positionner devant son frère, ouvrant le dialogue avec les criminels d'une voix douce et assurée – chose dont j'aurais été incapable, avec mon charisme de moule sexagénaire. Cependant, malgré cette tentative louable de régler les choses sans verser une goutte de sang, ce qui devait arriver arriva : l'un des bandits se saisit de sa dague et la lança sur l'Ondin. Personnellement, j'aurais pu voir la chose venir, demeurant sceptique quant à des négociations avec des bandits souhaitant nous déposséder de bien que nous avions réellement malgré les dires de Nastaé. Après avoir rattrapé ce dernier, Nanti passa à l'attaque, de même que la tigresse, qui se jeta toutes griffes dehors sur le bandit se trouvant à ma gauche. Par réflexe, j'avais fait glisser d'un éclair ma lame noire hors de son fourreau dans un chuintement métallique, mais mon regard acier s'était porté sur Nastaé, qui, à genoux, tentait de retirer la dague de son épaule.

En aurais-je eu l'occasion, je me serai précipité vers lui pour user de mes dons de guérison, mais le troisième des bandits se jeta sur moi, brandissant à deux mains une épée bâtarde qu'il abattit avec violence. J'interposai machinalement ma propre lame par réflexe, mais fut pris au dépourvu par la force de mon assaillant, infiniment plus grande que la mienne. Nos lames entrecroisées, je compris rapidement que je ne pouvais laisser durer l'opposition de force qui me mènerait à ma perte. D'un coup, je cédai à la pression volontairement tout en décalant légèrement ma lame sur le côté gauche. Je me décalai d'un bond à droite, évitant ainsi la lame de mon adversaire, mais fut obligé de lâcher ma propre arme, entraînée par la force du bandit. Erys heurta le sol dans un fracas métallique, tandis que Valeria sortit de son fourreau avec un chuintement, trouvant sa place dans ma main gauche. Je m'apprêtai à contre-attaquer, mais une voix à la fois douce et puissante s'éleva, envoûtant nos esprits.

Sous le coup de la surprise, ma main s'arrêta au milieu de son geste, et la lame de mon adversaire, poursuivant la course qu'elle avait entrepris avant que ne s'élève le chant entailla légèrement mon coude gauche, avant que son propriétaire ne la lâche et s'écroule sur le sol sous l'effet de la magie. Et ma lame blanche, Valeria, ne tarda pas à rejoindre la sienne, mes doigts s'ouvrant malgré moi et laissant choir l'épée, tandis que différentes sensations emplissaient mon corps et mon être tout entier.

Je sentis la douleur de l'entaille qui avait été faite à mon coude disparaître, la blessure se refermant sous l'effet de la magie des sirènes. Tandis qu'une autre, insidieuse, envahissait petit à petit mon thorax, semblant percer mon cœur comme l'aurait fait un poignard affûté. Mes mains se portèrent immédiatement à l'emplacement de mon cœur, et mes jambes se dérobèrent sous moi. Je tombai à genoux, ma main gauche venant à l'encontre du sol afin d'éviter de m'y étaler complètement. Mais mon regard acier vint fixer le sol sans le voir, tandis que je sentais mon esprit même m'échapper, entrant dans une sorte de transe mêlant anergie et souffrance. Incapable de réagir à cause de cette étrange sérénité qui m'envahissait en même temps que la douleur, je demeurai immobile, à genoux, tandis que d'autres autour de moi se tordaient de douleur sur le sol, sans même que je n'ai conscience de leur présence.

Mon esprit, pris dans cette gangue paradoxale de sérénité et de douleur, devenait de plus en plus absent alors que s'élevaient les notes du chant de Nastaé.
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Sam 13 Avr 2013, 11:03

Enzel était aussi prêt à partir qu'eux, cependant le voyage ne fut pas plus bruyant que l'allée. C'était la nuit, il fallait évité d'attirer l'attention, bien qu'ils n'étaient pas à couvert. Alors bien sur, quand ils se firent attaquer, Nastaé chargea le premier. Il avait pensé pouvoir exercer une quelconque pression sur les brigand, par sa prestance, mais il déchanta bien vite. Il était pourtant du genre sur de lui, à essayer de bluffer ceux qu'il sentait fort et trop beau, et parfois, ça ne marchait pas. Comme ici. Son charisme n'avait pas fais effet, et il était désolé d'avoir failli car personne ne fut impressionné. Il n'était qu'un jeune petit minet, et même si les brigands étaient des types moches et abrutis, malheureusement ils n'avaient pas été atteint par sa beauté, et sa présence. Ca le désespérait. Là, c'était "seulement" des ratés, mais plus tard, quand il voudrait monter en grade, escalader les échelons de la hiérarchie, cela lui posera un réel défaut, à coup sur. Les gens ne veulent pas quelqu'un d'insignifiant à la tête du gouvernement, ils veulent, au contraire, quelqu'un qui en jette, qui reflète un sentiment de sureté et de sécurité. Pour le moment, Nastaé en était encore trop éloigné.

Lorsque son chant résonna pour soigner ses blessures, Nanti en profita pour mettre le coup de grâce à chacun, et Tora se délecta de jouer avec un membre perdu. Plus les notes sortaient de sa bouche, et résonnaient dans la plaine, plus sa plaie se refermait correctement. Au bout de trois minutes, elle fut complètement guérit, et celles de ses camarades -quand bien même ils en avaient- aussi. Cependant, quand il se mit debout, sa tête tourna et il tomba dans les bras de son frère. « Nanti... Excuse moi je... », « Ca va, je n'ai rien, mais... On ne peut pas dire la même chose d'Enzel. Il faudrait que tu évites de chanter devant les Hommes. ». L'Ondin soupira. Il le savait, mais là, il n'avait pas le choix. Et avec sa robustesse physique en carton, rien que le peu de sang qu'il avait perdu, avait failli lui faire perdre connaissance. Nastaé s'en voulait, il ne savait pas vraiment comment réagir face à la fée. La seule fois où il avait utilisé son chant, c'était pour charmer un élémental, bien plus beau que lui, et qu'il désirait à tout prix.
Prenant juste quelques minutes de plus pour boire, il finit par venir vers Enzel et posa sa main sur son épaule : « Tu vas bien ? Désolé de t'avoir dérouté. », Nastaé ne connaissait même pas les effets secondaires de cette technique. Est-ce qu'il allait lui en vouloir ou au contraire rester neutre voire léthargique ?


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Sam 13 Avr 2013, 19:41

Trois minutes. Trois minutes qui me parurent être une éternité. Si l'on m'avait dit qu'il ne s'était écoulé que trois minutes depuis que la première note du chant de Nastaé s'était élevée, je n'y aurais pas cru. Car il y avait tout un univers contenu dans ce chant, un univers qui m'avait emporté, ne laissant derrière que mon corps, tel une coquille vide, dénué de toute conscience. Ce doux chant, qui avait soigné les blessures des uns et provoqué la douleur des autres semblait avoir eu sur moi un effet des plus étranges, un mélange de ces deux réactions provoquées chez ceux entendant la Voix angélique des Ondins. J'ignorais si cette réaction était toujours la même chez moi lorsque j'entendais le chant des Sirènes, mais j'étais à vrai dire à des lieues de me soucier de ce problème. Comment aurais-je pu me préparer à ce chant doux et redoutable, moi qui n'avais jamais enduré cette litanie des profondeurs ? Seul Eïr aurait pu m'y préparer avant qu'il ne renonce à sa nature pour devenir Chaman, mais jamais il n'avait chanté de la sorte devant ses frères, moi y compris.

Mon esprit absent ne perçut même pas les cris de souffrance et d'agonie que tirait ce chant à nos adversaires. Ni même la lame de Nanti leur abréger leur supplice. Aurais-je été conscient, probablement aurais-je tenté d'en savoir un peu plus sur nos agresseurs avant de mettre un terme à leur vie aussi impitoyablement. Je n'étais pas un de ces Anges descendus sur terre plein de vertus et de principes naïfs en tête, mais je me répugnais tout simplement à ôter la vie, car la première que j'avais prise avait été celle d'un être qui m'était cher. Je n'étais pas idiot au point d'éviter de porter un coup fatal en toutes circonstances – j'avais tout de même un redoutable instinct de préservation – mais en l'occurrence, il y aurait peut-être pu y avoir d'autres alternatives. Mais toutes ces considérations m'étaient devenues lointaines et fuyantes, et aussi longtemps que dura la litanie de l'Ondin, je fus prisonnier d'une indifférence des plus totales, même vis-à-vis de la douleur qu'avait déclenché les premières notes de Nastaé. Cette douleur était toujours présente, mais comme tout le reste, elle ne parvenait pas à me détacher de cette stupeur léthargique qui s'était saisie de moi.

Et lorsque les notes de l'Ondin s'évanouirent petit à petit, jusqu'à ne plus résonner dans mes oreilles pointues, je demeurai encore quelques instants prisonnier de cette stupeur. Ce fut comme si ma conscience me revenait petit à petit, mon ouïe étant la première chose qui me permit de percevoir l'environnement qui m'entourait, sans que je ne sois totalement capable d'interpréter toutes les informations auditives qui parvenaient à mon cerveau. Ainsi, si j'entendis bel et bien les voix de Nastaé et de Nanti échangeant après le combat, je n'en saisis aucunement le sens. Pas dans un premier temps dans tous les cas. La deuxième chose qui me revint fut la nociception. Je sentais revenir cette sensation douloureuse qui m'avait assailli au début du chant, mais celle-ci ne tarda néanmoins pas à s'estomper, tout comme ma torpeur. En vérité, celle-ci se serait dissipée doucement, petit à petit, si je n'avais pas senti, brusquement, la main de l'Ondin se poser sur mon épaule. Tous mes sens revinrent à moi, de même que la possibilité d'intégrer les informations qu'ils me délivraient.

Je fus assailli de toutes parts par les différentes sensations qui me revenaient brutalement. L'odeur du sang. La vision d'un corps sans vie, étendu à quelques mètres de moi. La froideur du sol sur lequel reposaient toujours mes genoux. Le goût amer de l'impuissance. La voix douce de Nastaé. Brusquement, sans réfléchir, je me saisis du poignet de l'Ondin et rivai mon regard acier dans le sien, visiblement empreint d'inquiétude. Comme si cet homme constituait un ancrage pour mon retour au monde réel. Je ne tardai néanmoins pas à réaliser mon geste, qui avait dû surprendre l'homme au regard émeraude, et m'empressai de défaire mon emprise sur son poignet, tout en écartant sa main de mon épaule et en détournant le regard.

« Je... commençai-je. »

Je n'eus cependant pas la force ni la courage de terminer ma phrase, qui me semblait tout d'un coup bien futile. Je me détournai et posai un pied au sol, tout en ramassant ma lame blanche, Valeria, que j'avais laissée choir lorsque Nastaé avait entonné les premières notes de son chant, et me relevai, évitant soigneusement le regard des deux frères. Je me trouvais pathétique. Un fils de la noble maisonnée Taiji, s'effondrant rien qu'en entendant le chant d'un Ondin, qui aurait pu avoir un effet seulement bénéfique sur moi. J'imaginais d'ores et déjà la mine déconfite de Seth si celui-ci venait à apprendre cet incident. Plus encore, je m'en voulais d'avoir une nouvelle fois cédé la prise devant une magie s'attaquant à mon esprit. Cela m'avait déjà coûté la vie d'un être cher, et depuis, j'étais devenu un peu trop susceptible à ce sujet. Mais je décidai de garder toutes ces réflexions pour moi-même, comme j'en avais l'habitude. Peut-être avais-je trop tendance à garder mes problèmes et mes complexes pour moi, mais je ne pouvais me résoudre à m'apitoyer sur mon sort devant autrui. Je préférai endurer seul. Et aller de l'avant.

Ainsi, je fis quelques pas dans un silence religieux et m'agenouillai quelques mètres plus loin afin de récupérer ma deuxième lame, puis fit glisser mes deux armes dans leurs fourreaux respectifs accrochés dans mon dos. Je poussai un petit soupir, puis me tournai enfin vers les deux Ondins, leur adressant un sourire quelque peu peiné, trahissant quelque peu la rancune que j'avais non pas envers eux, mais envers moi-même.

« Désolé pour ça, fis-je en passant une main gênée dans ma chevelure ébène. Je dis pas que tu chantes comme une casserole Nastaé, au contraire même, mais j'aimerais qu'à l'avenir, tu évites si possible de me retourner le cerveau. Le pauvre est pas assez sensible à l'art pour ça. »

L'auto-dérision était ma seule alternative à l'apitoiement, et à vrai dire, je la trouvais plutôt pas mal. J'ignorais si les deux frères avaient ou non perçu ce qu'elle dissimulait – à savoir un fort complexe d'infériorité – mais je ne tenais pas vraiment à le savoir. Je n'appréciais pas particulièrement à ce que d'autres s'adonnent à un exercice d'introspection avec ma personne.

« J'tiens tout de même à signaler que je suis guérisseur de profession, donc si t'as un pépin du même style à l'avenir, je préférerais que tu me fasses signe. »

Je gardai la fin de ma phrase pour moi-même – qui était la suivante : 'au lieu de me détraquer les neurones' – peu désireux de blâmer plus que nécessaire le pauvre Ondin qui n'avait après tout que tenté de sauver sa peau, et avec succès. Je ne pouvais décemment pas lui reprocher de ne pas avoir préféré laissé sa blessure s'aggraver alors qu'il ignorait tout de mes aptitudes professionnelles. Probablement que j'aurais dû lui en faire part avant cet incident, mais il fallait croire que le travail d'équipe était encore un truc que je maîtrisais assez mal.

« On y va ? demandai-je avec un sourire espiègle cette fois-ci. Enfin, si vous voulez encore vous encombrer d'un truc comme moi. »

Maintenant que j'étais en route pour effectuer une tâche dans laquelle mes compétences seraient peut-être utiles, je m'étais décidé à aller jusqu'au bout, mais peut-être que les deux Ondins ne voulaient pas s'encombrer de la présence d'une Fée incapable de supporter la Voix des Anges. Qu'ils décident d'effectuer les recherches de leur côté ou qu'ils décident de supporter encore un peu ma présence, j'étais pour ma part prêt à traquer quelques Sorciers pour un certain détail qui m'était revenu en tête, mais que je n'étais pas sûr de vouloir évoquer pour le moment.
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Sam 13 Avr 2013, 20:41

Quand Nastaé voulu prendre la température de la fée, il fut contraint de constater l'ampleur des dégâts. Son chant avait fait beaucoup plus de fractures mentales, dans sa tête, qu'il ne l'aurait cru. Enzel était dans une léthargie des plus totale, à genoux, les mains totalement lâche, sans armes au bout, les yeux dans le vide, à écouter passionnément chacune de ces notes. Cependant, la voix douce de Nastaé ne le fit pas sursauté, mais le ramena cruellement à la réalité. L'Ondin était tout à coup très triste d'avoir arrêté de chanter, si ça pouvait lui faire autant de bien, et l'apaiser de la sorte. Pour lui, la fée était dans un bien être total quand il chantait. Quand Nastaé voulu prendre la température de la fée, il fut contraint de constater l'ampleur des dégâts. Son chant avait fait beaucoup plus de fractures mentales, dans sa tête, qu'il ne l'aurait cru. Enzel était dans une léthargie des plus totale, à genoux, les mains totalement lâche, sans armes au bout, les yeux dans le vide, à écouter passionnément chacune de ces notes. Cependant, la voix douce de Nastaé ne le fit pas sursauté, mais le ramena cruellement à la réalité. L'Ondin était tout à coup très triste d'avoir arrêté de chanter, si ça pouvait lui faire autant de bien, et l'apaiser de la sorte. Pour lui, la fée était dans un bien être total, quand il chantait. Lorsque le jeune homme lui attrapa le poignet, l’Ondin voulu mettre son autre main sur son autre épaule, pensant qu’il allait tombé, mais ce fut tout le contraire. Enzel prononça un mot, avant de repousser son étreinte amicale, et se lever. D’accord, il n’avait peut être pas à le toucher, il n’avait peut être pas à être si proche mais le repousser de la sorte… Non, ça blessait toujours Nastaé. Il était trop tendre, trop fragile, et sa robustesse ne lui permettait pas de passer au dessus de cela. Il aurait aimé revenir en arrière, ne pas chanter, réparer sa faute, mais c’était impossible maintenant que c’était fait.

Ce fut avec une mine triste, ne regardant pas la fée, qu’il se leva et se plaça près de Nanti. Lui jetant un regard anxieux, il détacha ses cheveux, qui couvrirent sa nuque, lui tenant un peu plus chaud par cette nuit qui commençait à avoir tout de glacial. Lorsque Enzel parla, l’ondin ne releva même pas la tête, restant près de son frère, qui lui regardait le jeune homme sans gêne. Ses paroles se voulaient peut être marrante, drôle, ou quoi que ce soit qui détendait l’atmosphère, mais Nastaé était trop fragile pour avoir à nouveau le sourire.
Son sourire avait disparut.
Il avait fait une faute grave, ne se posant même pas de questions sur les conséquences, et il avait blessé celui qu’il aurait désiré préserver le plus dans cette aventure. La fée était guérisseur et c’était son travail de soigner et sauver les gens, alors il lui demandait de l’appeler la prochaine fois qu’il se blesserait. Nastaé ne dit rien, n’acquiesça même pas, gardant son regard rivé sur l’herbe fraîche et verte. Il culpabilisait bien plus que de raison, et Nanti savait pertinemment que ce n’était pas bon. Il passa un bras autour de ses épaules, le prenant contre lui. Nastaé se laissa tomber contre son frère, croisant les bras. S’il avait pu, il aurait surement pleuré. Ce n’était pas normal qu’il soit si sensible. C’était peut être une force, mais c’était surtout sa plus grande faiblesse.

Lorsqu’Enzel proposa de repartir, ce fut Nanti qui parla, brisant le silence fraternel : « Bien sur, on te garde nous ! Hein Nastaé ! ». L’appelait fit un bref signe de tête, indiquant que oui, il était d’accord pour que la fée reste, évitant toujours son regard. « Bien, allons-y, ne trainons pas, leurs collègues vont surement arriver. Tora ! ». La tigresse revint docilement à leurs côtés, et Nanti prit la tête du groupe. Nastaé regardait la fourrure de sa meilleure amie, et tenta de la caresser, sans grande conviction. Celle-ci se mit à sa hauteur, et ronronna. « Ce n’est pas la peine, ça ne me rassurera pas ma jolie… », pensa-t-il à son égard.

Le voyage fut plus silencieux que jamais, et même Nanti n’osa pas parler, ou dire quelque chose. Il préférait rester dans son monde, à penser à des choses qui le concernaient légèrement plus, qu’un quiproquo de deux personnes. L’Ondin frissonna en repensant à l’emprise de son partenaire sur son poignet ; il avait été si heureux de ce toucher, de cette légère étreinte, comme si Enzel comptait vraiment sur lui, avait assez confiance pour se retenir à sa personne, mais il déchanta bien vite quand il en vint au moment où il le repoussa sans ménagement. Finalement, ce n’était pas la personne de confiance qu’il attendait. Nastaé était qui pour lui ? Un étranger. Un simple étranger. Un compagnon de fortune, rien de plus, rien de moins, alors qu’espérait-il à la fin ? Encore une fois, il avait envie de pleurer. Charismatique, mais pas très prompt à encaisser les chocs. Ils traversèrent un village endormi, et Nastaé, qui trainait derrière le convoi, fut happé dans l’ombre. Quelqu’un mit sa main sur sa bouche pour ne pas qu’il cri, attrapant sa taille par derrière, et le fit disparaître, dans un bruit feutré. Non mais ce n’était pas possible ! Comment arrivait-il a se fourrer dans des merdiers pareil à chaque fois ?
Se débattant il réussi à manipuler les ombres pour mettre son kidnappeur au sol, et dans le choc, il lâcha le jeune homme. L’Ondin se releva rapidement, voulant sortir de là, quand son agresseur attrapa un de ses voilages, lui arrachant sous la pression. La moitié de son torse était dévoilé aux regards, et à la morsure nocturne du froid. Lâchant alors un cri, il fonça pour rejoindre l’artère principale du village, lorsqu’il se prit Nanti de plein fouet. « Bouge de là ! Il est dangereux ! Va-t-en ! », « Attends un peu… ». Son frère, peur de rien, machine de guerre, partit à la rencontre du type, et ils engagèrent un combat de cape et d’épées. Nastaé croisa les bras, grelottant légèrement, n’ayant pas peur pour la vie de son robuste frère, mais étant plus gêné d’être à côté d’Enzel. Qu’elle fillette quand il s’y mettait !
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Sam 13 Avr 2013, 22:20

Je dus lutter de toutes mes forces pour que mon visage ne se décompose pas lorsque je vis la réaction de Nastaé suite à mes actes ayant suivi la dissipation des effets du chant. Ayant perdu mes repères, peut-être avais-je réagi trop violemment. Mais ce qui avait été fait avait été fait, et je me voyais mal courir après l'Ondin après avoir repoussé violemment sa main une fois que mes doigts s'étaient refermés sur son poignet. Non, j'avais préféré me détourner et me concentrer sur mes propres problèmes de conscience, sans vraiment porter attention aux états d'âme de l'Ondin aux traits fins. Ce dernier s'était replié sur lui-même et était venu se réfugier auprès de son aîné, sans néanmoins dire un mot. Même mes propos engageants n'avaient pas suffi à le sortir de cette tristesse qui semblait s'être emparée de lui. Et ce ne fut que grâce à Nanti que je réussi à me convaincre à rester aux côtés des deux frères. Autrement, j'aurais probablement pris la fuite, incapable de gérer cette pointe de culpabilité qui me perçait le cœur. J'adressai un sourire maladroit à l'aîné des deux frères, sans pour autant pouvoir y mettre vraiment du cœur, puis nous nous mîmes en chemin, dans un silence de plomb.

Ce silence pesant perdura tout le long du trajet, accroissant mon malaise et mon sentiment de culpabilité. Je n'avais pas pour habitude de m'attacher de la sorte aux gens que je rencontrais, n'ayant au final que peu d'attaches sur cette terre, mais la réaction de Nastaé n'avait pu me laisser indifférent. Aussi individualiste que je l'étais, je demeurais une créature du Bien, sensible au sort de ceux qui m'entouraient. Et plus ces derniers étaient sensibles, plus je l'étais également. En temps normal, je m'efforçais de mettre une limite à cette sensibilité et me contentais de me montrer d'agréable compagnie sans pour autant forger de réels liens affectifs, mais je n'avais jusque-là jamais été confronté à une pareille situation. A une pareille sensibilité. Aussi longtemps que mes pas suivirent ceux de Nanti, je cherchais un moyen de sortir Nastaé de cette attitude dépressive qu'il semblait avoir adopté depuis que j'avais repoussé sa main. Mais rien ne me venait à l'esprit. Au final, on avait beau me qualifier d'ouvert et sociable, je n'étais pas vraiment doué en relations humaines, ayant créé autour de moi cette limite que la plupart des gens ne percevait pas, mais à laquelle Nastaé venait de se heurter.

Et pour la première fois depuis la mort d'Erys, je m'en voulais d'avoir construit cette limite, de m'être imposé une telle distance avec autrui. Car celle-ci venait de blesser un être plein de bonnes intentions, et ce bien pus profondément que je n'aurais pu le prévoir. Je m'en voulais de m'être concentré sur mon incapacité à résister au chant de l'Ondin, au lieu de me préoccuper des répercussions qu'avait eu un tel acte sur sa personne. Je m'en voulais, mais j'étais incapable de faire quoi que ce soit pour y remédier. Je me trouvais franchement désespérant.

C'est dans une telle ambiance où la moitié du groupe broyait du noir que nous pénétrâmes un village, endormi à cette heure plutôt tardive. A priori, rien n'aurait dû entraver notre avancée, mais il se révéla que notre petit groupe avait un potentiel d'aimant à problèmes. Si bien que, avant que qui que ce soit n'ait pu réagir, Nastaé se fit enlever par un homme dissimulé dans les ombres. Nanti et moi mîmes quelques instants à réaliser la disparition de l'Ondin, qui traînant quelque peu à l'arrière du groupe, avait disparu dans la plus grande des discrétions. Ce n'est que lorsque nous parvint le cri du jeune homme disparu que nous réalisâmes son absence, et accessoirement les problèmes qu'il s'était attirés. Nanti réagit au quart de tour et s'élança vers l'origine du cri, Tora sur ses talons. Perdu dans mes sombres pensées, je fus légèrement plus long à réagir, si bien que j'eus l'impression d'arriver légèrement après la bataille, alors que Nanti venait de se placer devant son frère afin d'engager le combat avec l'homme qui l'avait agressé. Nastaé se recula légèrement, et je pus constater que sa rencontre avec son mystérieux agresseur e s'était pas faite sans dommage. Si l'Ondin ne semblait pas être blessé, il avait en revanche perdu une bonne partie de sa tunique, dont les restes pendaient à présent dans le vide, dévoilant le torse nu du jeune homme.

Je chassai rapidement la première pensée me venant à l'esprit, qui aurait pu offusquer l'Ondin que j'avais suffisamment bouleversé ainsi. Et voyant que celui-ci grelottait, à cause du froid certainement, je passai une main gênée dans mes mèches ébène avant de déclipser le baudrier auquel étaient accrochées mes deux épées et enlever mon long manteau noir que je tendis à l'Ondin en détournant le regard.

« Errm... Vas-y prends-le, tu dois avoir froid, fis-je, gêné. Euh et tu sais... je t'en veux pas, hein. Si il y a quelqu'un à qui j'en veux, c'est plutôt à moi-même... Désolé, vraiment. »

Seth en aurait fait des bonds, songeant aux cours d'expression orale que j'avais eu au manoir Taiji avec mes frères. Après tout, l'objectif à atteindre était l'excellence, et être un bon orateur était quelque chose d'important pour quiconque voulait prétendre faire un peu de politique. Mais bon, je n'avais jamais prétendu vouloir faire de la politique. J'accrochai de nouveau mon baudrier par-dessus ma tunique noire à manches longues, avant de poser mon regard acier sur le combat mené par Nanti. Celui-ci semblait avoir le dessus, mais... Un mouvement dans le coin de mon champ de vision m'interpella, et je dégainai immédiatement ma lame noire avant de la lancer en direction d'un homme posté sur le toit d'une maison. Armé d'une arbalète, il venait de décider de changer de cible, passant de Nanti à Nastaé, plus facile à atteindre. Il esquiva de peu mon épée, avant de se lever et de se décider à battre en retraite. Peu enclin à le laisser fuir, je m'élançai sans réfléchir à sa poursuite, faisant apparaître mes ailes d'un noir transparent et récupérant au passage mon épée en usant de mes pouvoirs de télékinésie.

Le fugitif se échappa à ma vue au détour d'un toit, sur lequel je me posai avec précaution, l'arme au poing et scrutant attentivement les alentours. Je ne m'étais cependant pas attendu à ce que mon adversaire utilise un pouvoir d'invisibilité, et son poing, sans que je ne puisse le voir arriver, heurta avec violence ma mâchoire. Etourdi par le choc, je reculai, et ne pus parer le coup de pied qui m'arriva droit dans les cotes, me coupant le souffle et me pliant en deux. Perdant l'équilibre, je chus au bas du toit, et dû mon intégrité osseuse que grâce aux réflexes de mes ailes, qui battirent frénétiquement afin d'amortir le choc. Cependant, mon adversaire invisible ne me laissa pas le loisir de me relever sauter également à bas de la maison, atterrissant au-dessus de moi et me plaquant au sol à l'aide de l'un de ses genoux. Ce ne fut qu'à ce moment là qu'il désactiva son pouvoir d'invisibilité pour m'offrir un sourire sadique, avant de plaquer une main sur ma bouche, et l'autre sur le torse.

Une douleur fulgurante se propagea sous les doigts de mon agresseur, et mon cri de douleur fut étouffé par son autre main. De la magie noire. Ce type était un Sorcier. Je tentai de récupérer mon épée tombée non loin de là avec ma main droite, mais mon agresseur l'écrasa impitoyablement sous son genou. Je m'efforçai de ne pas succomber à la douleur croissante que ce type m'infligeait sous l'effet de sa magie noire, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Ma main gauche s'agrippa avec la force du désespoir au bras du Sorcier, mais sans effet. Je devais trouver une solution. Et vite. Je ne voulais pas que Nastaé fasse de nouveau les frais de mon incompétence. Mais plus je m'efforçai de trouver une solution, plus le désespoir s'emparait de mon être, sous l'effet de mon impuissance mais également sous l'effet de la magie vicieuse du Sorcier...
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Sam 13 Avr 2013, 23:59

Nastaé n'osa pas regarder Enzel. Cependant, lorsqu'il entendit un drôle de cliquetis, il ne pu se retenir de regarder d'où venait le bruit. Il vit alors les fourreaux de la fée tomber à terre, et enlever la couche supérieure de ses vêtements, pour lui tendre timidement.
Ca y est, il avait encore envie de pleurer. Sérieusement, ce type était en mousse, c'était affligeant... Il se trouvait affligeant. Les dires du jeune homme le réconfortèrent. Même si pour certains ce n'était pas clair, ou que certaines paroles pouvaient ne pas avoir de sens, et bien pour l'Ondin, chaque mot avait son importance. Il lui avait prêté son habit en s'excusant, et en se justifiant. C'était bien assez pour le jeune homme, pour le dévisager en scrutant ses traits, voulant savoir ce qu'il pensait exactement. Il l’admirait et ses yeux verts étaient remplis de sentiments sincères, traduisant le bien être qu’il commençait à ressentir, face à ce mur d’excuses. Au final, il lui sourit. Sincèrement, timidement, mais il sourit. « Merci. » Nastaé était heureux. Heureux de se dire que finalement, Enzel avait aussi réfléchis à son geste, avait remarqué son air maussade, avait tenté de rétablir la communication entre eux pour qu'ils clarifient les choses. Mais l'Ondin ne pu vraiment dire ce qu'il pensait, que la fée dégaina une de ses épées. S'habillant rapidement, il se mit en garde, de manière à prévoir un coup.

Nanti sautait toujours d'un pieds sur l'autre, évitant les coups de son adversaire, tout en lui en portant quelques uns. Nastaé était au milieu, ne voyant tout à coup plus Enzel, et son frère était trop occupé pour s'occuper de lui. Tora elle, resta près de lui, à grogner avant de rugir. Cependant, vu comment elle était jeune et encore faible, elle se fit rapidement mettre au tapis, par un homme. Personne ne touchait sa tigresse, sa meilleure amie, son ange gardien, c’était terminé pour le type. L'Ondin voulu abattre sa colère sur lui mais ce fut inutile, vu qu'il disparut de suite après, partant dans une autre direction. Allant vers son animal, il vit devant ses yeux, une masse tomber plus ou moins lourdement, sur les pavés durs et froids, avant de voir un type capuchonné apparaitre au dessus de la fée. Il pompait l'énergie d'Enzel, et Nastaé fulminait clairement, devant cette scène. Créant de l'eau de ses mains, il combina les deux, et fit en sorte d'augmenter assez le débit, pour déstabiliser le sorcier. Les gens qui avaient un bon flux magique, n'avait pas franchement de résistance physique, alors l'homme noir se décala sous le choc. L'ondin inonda la parcelle de rue où ils étaient, surprenant deux fois plus le type, avant de se ruer sur son partenaire. Il l'emmena dans l'ombre, pour réapparaitre un peu plus loin, plus à l'abris, le temps qu'il reprenne son souffle, et son énergie drainée. Le jeune homme avait mal au cœur pour lui, et s’en voulait de l’avoir fourré dans un tel pétrin. S’il avait décidé de partir seul, de son côté, tout cela ne lui serait jamais arrivé. Regrettait-il d’avoir suivit les deux frères ?

Nastaé se releva, et attrapa un bocal en verre, qu’il brisa sur le mur, pour en ramasser les bris, en les serrant doucement dans sa main. Il était vraiment en colère. Non seulement ils avaient touché Tora, mais aussi Enzel, et même si Nanti était en bonne posture par rapport à son assaillant, ils avaient engagé le combat avec lui. C'était trop. Le sorcier ne parla pas, mais dégaina son arbalète, avant de se rendre invisible. Avec cette fichu technique, il serait plus difficile à Nastaé de le repérer. Quoi que...
Juste avant qu'il ne s'évapore, Nastaé avait sentit la haine qui l'habitait. Grâce à son empathie, il suivit cette trace de sentiment exacerbé se déplacer dans l'air, puis, fermant les yeux, il se concentra sur cette sensation. Il avait beaucoup fait ça avec les animaux, manipuler les bêtes pour les suivre et aiguiser ses sens de cette manière. Mais ici, il pouvait perdre la vie à tout moment. Attendant ainsi quelques secondes, il lança un bout tranchant, qui rebondit contre le mur, s’éclatant un peu plus, avant de tomber à terre. Le deuxième coup lui, ne tarda pas et surprit assez l’ennemie, pour venir se planter dans ses côtes. Pendant dix secondes, il perdit son invisibilité, ce qui aida l’Ondin à le repérer pour lui donner un coup de poing. D’accord, sa force n’était pas fabuleuse, mais avec la pression de l’eau, il avait une chance de croire qu’il lui avait faire perdre quelques dents. Profitant du fait qu’il soit sonné, il prit les ombres pour qu’elles le traversent de part en part, disséquant complètement son corps, avant de l’avaler tout entier.
Nastaé aimait les ombres, il était à l’aise dans ce genre de situation, car il savait que la nuit, il avait toutes les chances de gagner, même contre un sorcier.

Se méfiant d’autres pouvant venir vers eux, il revint rapidement vers la fée, avant d’être rejoint par Nanti. Une fois que leur partenaire de route fut à nouveau en pleine possession de ses moyens, Nastaé fit attention de ne pas le toucher, bien qu’ils étaient près l’un de l’autre, et dit : « Si je ne peux pas chanter, alors c'est à toi de soigner Tora. S’il te plait, Enzel… » Sa voix était triste et mélodieuse à la fois, bien qu’elle restait masculine.

Lorsque Tora fut à nouveau en pleine forme, sur ses quatre pattes, les trois hommes retournèrent dans la rue centrale. « Que faisaient-ils là ? Ils sont disséminés dans toute la région ? », « Je sais pas, mais ils ont l’air puissants… On devrait faire attention. Et toi… », Nanti attrapa son frère par le cou, passant un bras autour de celui ci : « Tu reste près de moi d’accord ? ». Nastaé ronchonna un peu avant de dire : « Pourquoi ce n’est pas toi que l’on kidnappe… ? ». Bien évidemment, il posait la question mais la réponse était évidente et il la connaissait. Son frère sortit une dernière phrase très judicieuse, écartant un bâillement : « Ca vous dit de faire une pause pour cette nuit ? Et puis peut être que si on dort dans cette auberge, demain matin nous pourrons interroger les habitants ? ». Le plus jeune des deux frangins acquiesça, puis, se tournant vers la fée, il resta devant lui quelques secondes, mais ne pu résister. Non, c’était dans ses gênes, c’était instinctif, il fallait qu’il le fasse. Ne pas se laisser aller à ce genre de pulsions affectives… Ce n’était pas naturel, ce n’était pas lui. Alors il s’avança d’un pas, prenant son partenaire dans ses bras, posant sa tête sur son épaule : « Merci beaucoup pour ce que tu as fait. Tu as été très courageux Enzel… Merci. » Et même s’il se débattait, il était heureux de pouvoir avoir cette étreinte avec lui. Ca le rassurait, ça le mettait en confiance. C’était un spasme à assouvir à tout prix.
Se décalant de lui, pour se mettre à quelques centimètres, lâchant ainsi son dos, il lui offrit le plus beau et le plus sincère des sourires.
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Dim 14 Avr 2013, 22:12

A vrai dire, je n'avais su à quoi m'attendre de la part de l'Ondin en retour de mon geste. Et qu'il accepte ma veste sans protester allégea quelque peu ma culpabilité, sans pour autant la faire disparaître. Mais c'était d'ores et déjà un premier pas. Même si, en réalité, je ne calculais pas grand chose de tout cela – j'étais un bien piètre manipulateur de sentiments. Je ne savais même pas mettre des noms sur mes propres sentiments en ce moment-là, et si je n'avais pas été occupé par la suite à poursuivre ce Sorcier dans les ténèbres de la nuit, probablement aurais-je rougi en voyant les prunelles émeraude de l'Ondin trahir les sentiments sincères qu'il ne savait dissimuler envers ma personne. Mais je n'eus de toutes façons aucunement besoin de ressentir l'envie d'aller me planquer loin dans un trou sous terre sous l'effet de la gêne puisque je trouvai meilleure - ? - occupation dans la traque d'un fugitif, traque qui s'était à présent retournée contre moi.

Car je me trouvais dans une impasse, alors que, petit à petit, l'éventail de mes actions possibles s'étrécissait jusqu'à ne contenir qu'une seule option : prier les Aetheri pour qu'un facteur extérieur m'offre une occasion de m'en sortir. Et même pris dans ce tourbillon de souffrance intenable, je ne pouvais m'empêcher de trouver cette solution plutôt pathétique pour moi. Décidément, j'étais loin d'appartenir à l'élite de quoi que ce soit, et ce malgré les aspirations et les entraînements que j'avais subis de la part de Seth. Au moins, songeai-je ironiquement, si je mourais de cette manière, cela convaincrait le majordome de manière définitive qu'il n'y avait vraiment aucun moyen de faire de moi quelqu'un sortant de l'ordinaire. Mais plaisanterie mise à part, cela ne me plaisait guère de devoir perdre la vie dans un lieu pareil. Ma main droite était bloquée par le genou de mon agresseur. La gauche était toujours libre, se cramponnant désespérément à ce bras qui tirait violemment ma force vitale hors de mon corps. Tentant de faire abstraction de ma douleur et prendre de la distance, n'usant que ma raison comme avait tenté de nous l'inculquer Seth, je défis lentement mon étreinte vaine sur le bras de mon agresseur, pour diriger lentement ma main vers la poignée de Valeria, reposant toujours dans son fourreau, plaqué au sol contre mon dos. Mais mon geste n'échappa pas au Sorcier, dont le sourire sadique s'élargit, et je pus sentir une brusque décharge douloureuse s'étendre tout le long de mon bras. Celui-ci retomba sur le sol tandis que mon nouveau cri de douleur fut étouffé par la main du Sorcier.

Pris dans cet océan de souffrance, mon regard acier défiant cependant toujours celui de mon agresseur, je ne vis pas Nastaé, au bout de la rue, prendre l'initiative. Le Sorcier non plus. Notre surprise fut ainsi commune lorsqu'un jet d'eau vint brusquement le frapper de plein fouet, rompant le contact entre ses mains et mon corps. Encore confus de douleur, j'inspirai hâtivement une grande bouffée d'air, tandis que ma main droite cherchait frénétiquement le manche de ma lame noire – par chance, je parvins à ne pas boire la tasse... La douleur avait nettement diminué en intensité, et il ne persistait à présent qu'une désagréable impression de picotement à l'endroit où le Sorcier avait apposé sa main, mais j'étais incapable de me redresser, totalement vidé de mes forces. Mes doigts se refermèrent sur le manche d'Erys au moment même où les ombres m'engloutirent pour m'amener un peu plus loin, à l'écart de la confrontation. Réalisant que ce tour de magie avait été du fait de Nastaé, je tentai de me redresser à la hâte, mais mes forces me firent défaut, et je ne parvins qu'à me mettre sur les coudes, haletant.

Le fracas du verre attira mon regard vers l'endroit où se tenait l'Ondin, dont les prunelles émeraude brillaient d'une rage qui me surprit. Dans mon esprit, Nastaé était quelqu'un d'attentionné et de prévenant, et je ne l'avais pas vraiment imaginé tenir tête à un adversaire en combat, quand bien même je me doutais bien qu'il devait en être capable. Sentant mes forces me revenir petit à petit, je m'agenouillai, et tentai de me relever, quelque peu soucieux pour l'Ondin, et désireux de lui procurer un soutien si besoin. Mais tout ce que je parvins à faire fut de tituber jusqu'au mur d'une maison, auquel je m'adossai en me forçant à respirer calmement, tout en observant le combat livré par Nastaé. Qui, au demeurant, ne s'en sortit pas trop mal puisqu'il parvint à déjouer l'invisibilité du Sorcier par un moyen inconnu, puis à lui planter un bout de verre entre les cotes avant de le laisser à la merci des ombres que sa magie lui permettait de manipuler. J'esquissai un petit sourire, me disant qu'au final, l'Ondin n'avait pas vraiment eu besoin de mon aide, et que m'éloigner de deux frères avait peut-être été l'erreur la plus grossière que j'avais faite en cette soirée agitée. En ayant visiblement fini de son côté, Nanti ne tarda pas à nous rejoindre, tandis que Nastaé attendait visiblement que j'aie repris quelques forces, avant de me présenter sa requête. Avec un sourire fatigué, je n'hésitai pas un instant à lui répondre :

« Bien entendu. Pour rien au monde je ne refuserais. »

J'avais déjà remarqué la tigresse blessée, mais me précipiter vers celle-ci sans avoir récupéré un semblant de mes forces n'aurait fait qu'offrir le spectacle pitoyable d'une Fée se vautrant au beau milieu d'une ruelle telle un ivrogne sortant d'un bar en fin de nuit. J'avais quand même un semblant de dignité – juste un semblant, mais bon. Lorsque je me sentis d'aplomb, je m'approchai de la tigresse et m'agenouillai auprès de celle-ci, fermant brièvement les yeux afin de concentrer ma magie au creux de mes mains. Celles-ci s'entourèrent d'un halo de lumière blanche, qui s'intensifia lorsque je murmurai un mot en dialecte :

« Relieve. »

Je plaçai ensuite mes mains au-dessus des blessures de la tigresse, qui se refermèrent petit à petit sous l'effet de ma magie. Lorsque toutes les plaies furent ainsi traitées, je dissipai la magie environnant mes mains et me relevai, tout en retenant un soupir de lassitude. Vraiment, cette nuit commençait à traîner en longueur. Mais je ne pipai mot de cette pensée et suivis les deux Ondins jusqu'à la rue principale, que nous n'avions pas réellement eu l'intention de quitter. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres lorsque les deux frères se chamaillèrent de nouveau, alors que je m'efforçai de ne pas envier leur relation fraternelle, que je n'avais jamais eu avec les autres fils Taiji. Nanti ne tarda toutefois pas à regagner son sérieux, proposant d'effectuer une pause au sein de ce village afin de regagner nos forces, mais également pour y enquêter. Proposition qui était plus que bienvenue.

Mais avant que je ne puisse exprimer mon approbation, Nastaé se planta devant moi, et demeura quelques instant silencieux, sous mon regard interrogateur. Et, finalement, il fit un pas en avant et me prit dans ses bras, posant sa tête sur mon épaule. Surpris, je ne sus comment réagir, laissant mes bras écartés de la manière la plus stupide qui soit, ne tentant même pas de me dégager de l'étreinte de l'Ondin qui devait bien faire une tête de plus que moi. Lorsque la voix chantante de Nastaé s'éleva, mes mains ne savaient pas vraiment où se mettre, aussi je les bougeai de manière totalement ridicule de bas en haut sans oser les poser sur le corps de l'Ondin.

« Je... euh... bégayai-je sans parvenir à formuler quoi que ce soit d'intelligible. »

Doucement, l'Ondin défi son étreinte, se recula d'un pas et m'offrit un sourire d'une beauté et d'une sincérité sans pareilles. Sentant le rouge me monter aux joues, je détournai une fois de plus le regard, tout en me morigénant intérieurement pour cette timidité qui ne m'était pas vraiment habituelle. Mais à vrai dire, de tels compliments ne m'étaient pas vraiment habituels non plus.

« Ca aurait été encore mieux si tu n'avais pas été obligé de me sauver... ajoutai-je néanmoins à voix basse, toujours gêné. »

Car à vrai dire, je doutais quelque peu de mon utilité dans cette affaire, n'étant parvenu qu'à me faire surprendre par un Sorcier et ayant obligé Nastaé à me défendre. Mais je me hâtai de me précipiter sur la proposition que Nanti avait faite quelques instant plus tôt pour ne pas m'éterniser sur le sujet de ma gêne :

« Sinon, il est vrai qu'un peu de repos ne ferait pas de mal. Et en plus j'ai besoin de... sécher, ajoutai-je avec un sourire malicieux, tout en agitant mes ailes mouillées. »

Pas que j'en voulais réellement à Nastaé pour ce petit désagrément. D'ailleurs, cela lui ferait également une occasion de changer ses fringues, songeai-je en regardant ma veste sur les épaules de l'Ondin, qui devait être trop petite pour lui. Mais encore une fois, je décidai de passer ma pensée sous silence, bien que je me doutais que si je continuais à traîner dans les ruelles du village la nuit en portant des habits humides, j'avais quelques chances d'attraper froid. Mais de toute façon, je n'en avais pas l'intention, et nous ne tardâmes pas à nous mettre en route pour l'auberge. Décidément, nous avions un don pour tirer tous les aubergistes de la région de leur lit en plein milieu de la nuit...

Une fois dans la chambre que nous avions payée, je ne tardai pas à ôter mes vêtements mouillés tout en faisant disparaître mes ailes, puis les mis à sécher. Il y avait peu de chances pour que la vision d'une Fée en sous-vêtements choque la pudeur des deux Ondins – enfin, je l'espérais... Je me glissai ensuite sous mes couvertures et me laissai rapidement emporté par un sommeil de plomb, qui dura cette fois plus longtemps que celui de mes compagnons de voyage...
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Lun 15 Avr 2013, 00:25

Alors que Nastaé échangeait une étreinte amicale avec la fée, Nanti commença à se diriger vers la porte de l'auberge en s'étirant. La nuit était avancée, chacun commençait à avoir sommeil, mais l'Ondin était captivé par Enzel. Il avait pris de gros risques pour lui, et le "sauver" comme il disait, n'était qu'un juste retour des choses. La timidité du jeune homme l'attendrissait vraiment, car il voyait la sincérité dans ses traits. Certes, les gestes de l'Ondin devait surement paraitre déplacé pour son acolyte, mais quoi de mieux pour prouver une vraie amitié ? Le jeune homme avait vraiment foi en leur relation, et le fait qu'il utilise ses dernières forces, pour relever Tora... Pour Nastaé c'était énorme, vraiment.
Ses yeux émeraude trahissait alors tous ses bons sentiments, et plus ils avançaient, plus il avait envie de le connaitre, d'en savoir plus, de se retrouver seul avec lui pour savoir réellement ce qu'il pensait. Nastaé ne pouvait sonder les sentiments des gens, alors il se fiait à ce qu'il voyait dans les attitudes, et les expressions du visage. Tout n'était qu'interprétation.

Quand le jeune homme sourit à Enzel, il remarqua la position de ce dernier et se rappela qu'il avait été le seul à le toucher. La fée n'avait pas posé ses mains sur lui. Par pudeur peut être ? Haussant les épaules à cette réflexion, il n'y pensa pas plus longtemps, se demandant sincèrement si ce type voulait vraiment de cette amitié. En même temps... Il semblait si ouvert et gentil avec lui...
Entendant un grognement, il vit Tora tituber sur ses pattes, et s'appuyer sauvagement sur les jambes de Nanti. Elle était épuisé, comme eux tous, et il était temps d'aller dormir. La fée était totalement d'accord, et le frère de Nastaé se chargea de réveiller l'aubergiste, pour lui filer des piécettes, et partir squatter une chambre. La encore, ils eurent une chambre spacieuse, où Nanti et Nastaé partageraient le lit, et laisserai un peu d'intimité à Enzel, non loin d'eux.

Nanti était dans la salle d'eau, alors que Nastaé enlevait ses chaussures, et remarqua du coin de l'œil, le jeune homme se déshabiller. Il était espiègle... Pire vipère qui existait sur terre.
Nastaé maitrisait l'eau, et il aurait très bien pu la faire disparaitre complètement, sécher ses vêtements en la faisant évacuer dans les rigoles de la ville, mais non, il aimait voir le corps fin et fragile de la fée, trempé par le torrent qui s'était déversé une demi-heure plus tôt. Alors lorsqu'il se déshabilla, il ne le regarda pas une seule seconde, mais ses sens étaient assez en alerte, pour savoir ce qu'il faisait, et ce qu'il enlevait exactement. Le jeune homme timide et naïf qu'il était, se glissa dans son lit, se pelotonnant dans les couvertures, pour s'endormir aussi tôt. L'Ondin soupira et se leva, se dévêtissant à son tour. Au milieu de la pièce, son corps éclairé par la lune, il enleva ses bijoux, le posant délicatement sur une console en bois, avant de commencer à enlever son sari blanc. Les bras, puis le torse, avant de dénouer un morceau au niveau de la taille, enlevant ainsi un pan d'une jambe, puis le pan de l'autre, et fut quasiment nu, juste un sous vêtement sombre cachant la partie la plus convoitée. Il déposa le tissu sur une chaise, et délia ses cheveux qui tombèrent dans son dos.

Nanti le regarda de loin, essuyant son visage d'une serviette : « Il dort ? », chuchota-t-il, sa voix rauque était similaire à une berceuse. Il indiqua le lit de la fée d'un signe de tête. Sans regarder, Nastaé hocha la tête, et secoua ses cheveux, avant de se coucher. Il avait dit que oui, mais qu'en savait-il réellement ? Un fois assis sur le lit, il caressa Tora, lui donnant des bisous, des câlins, et de l'affection, lui parlant mentalement pour la remercier, et lui transmettre tout l'amour qu'il ressentait pour elle. A son tour, aussi en sous vêtements, Nanti souleva les draps pour venir se mettre près de son frère. Les deux s'allongèrent, et leurs jambes dépassaient du lit. Foutu meuble d'humain ridiculement petit...
Les frangins se faisaient face sur la couche, et Nastaé se rapprocha de son frère, blotissant son corps froid au creux de son torse : « J'avais oublié la source de chaleur que tu étais Ant' ! » Souriant, il enroula ses jambes autour des siennes : « Dis moi, il se passe pas un truc bizarre avec lui ? », « Je sais pas. J'ai l'impression de tout faire de travers. Ca m'attriste, j'aimerai vraiment le garder comme ami. Il est adorable... », « Arrête de réfléchir autant, tu parles comme si il te détestait ! Il te le dira si quelque chose ne va pas. », hum, le problème était là, qu'en savait-il ? Enzel avait l'air fermé comme une huitre, alors il était difficile de savoir quelque chose, a moins de lui tirer les vers du nez, ce que n'aimait pas faire l'Ondin. Le dialogue en chuchotant, des Ondins, mourut, et dans un frisson Nastaé se colla un peu plus à Nanti, avant de s'endormir, totalement reposé contre lui, au chaud, en sécurité. C'était son frère bien aimé...

La nuit le berça, et tous dormirent jusqu'à pas d'heure le lendemain.

« Nastaé. Nastaé ! », son frère l'appela, sans succès. L'Ondin était complètement cuit des efforts de bataille fait la veille, et il était difficile pour lui se réveiller. Lorsque nanti quitta la chambre, il ne le sentit, et ne l'entendit même pas. La place à côté de lui était vide, froide, mais le jeune homme resta plongé dans les abîmes du sommeil.
Tora fila avec Nanti, ayant récupéré plus vite que les hommes, et ils laissèrent la jolie fée, et le grand Ondin seul, dans la chambre exiguë. Il fallait bien qu'il se réveille un jour pourtant ! Le soleil commençait à être haut dans le ciel, la rue en contre bas s'agitait légèrement, et avoir un rythme si décalé leur portait préjudice. Quelle grosse feignasse !
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Retrouvailles (pv Enzel)

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