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 [EVENT] Partie IV [Enzel]

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Ven 05 Sep 2014, 11:06

« Enzel... Il faudrait que l'on se voit plus souvent. » Nastaé était allongé dans le lit d'une auberge, accompagné du fé. Ses belles lèvres fines embrassaient aléatoirement le visage de son compagnon, dans un sourire équivoque « Tu m'as manqué. » Fourrant sa tête dans son cou, emmêlant ses jambes aux siennes, l'Empereur caressa le torse, puis le bassin de l'homme contre lui. Ils devaient se diriger autre part, faire des rencontres politiques et économiques, tout avait été très clair de toute manière. La rencontre aussi.


« Enzel... ? » Depuis qu'ils s'étaient rencontrés au Palais de Dasha, l'Ondin se comportait avec le fé, comme s'ils avaient une quelconque relation sérieuse et établie. Il pensait à lui à une certaine fréquence, et désirait le voir tout aussi souvent. Seulement, sachant cela impossible il préférait lui écrire. Mais le monde qui fut dans les sombres abysses, ces derniers temps, ne permit pas aux deux hommes de se revoir, ayant autre chose de plus important à traité qu'une entrevue de souverain. Ce dernier fut d'ailleurs mis à mal quand le peuple se rebella à moitié contre l'autorité dont il devait faire preuve au quotidien.
Passant ses doigts dans la nuque du fé, il le vit se retourner. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu, et c'était bien trop pour lui. Ils venaient de se rencontrer en chemin tout deux se dirigeant au même endroit : Au lac de la transparence. Le continent naturel étant pourtant vaste, il fallait croire qu'il n'y avait pas trente-six façons d'accéder là-bas.
Nastaé s'approcha de lui, comme il aurait chanté une ode, et prit ses joues entre ses grandes mains, pour déposer un baiser sur ses lèvres « Bonjour Enzel... » Ses lèvres esquissèrent un léger sourire, alors que ses yeux en amande étaient espiègles, malicieux. Ses deux émeraudes scrutèrent le fé avec attention.
L'Ondin trouvait qu'il avait changé. Plus fort, plus robuste, plus expérimenté. La vie défilait, et à vrai dire, il n'y avait que lui qui ne changeait pas. Se redressant, il fut ravis de discuter avec l'homme, s'apercevant qu'ils avaient la même idée finalement.

Après tout, ils étaient Rois.


Et ce fut de la même façon, qu'ils se retrouvèrent à faire une halte dans un hameau avant le Lac, prenant une chambre alors que la nuit tombait. Seulement, l'Ondin ne laissa pas le loisir au fé de se reposer correctement en dormant jusqu'à l'aube.
Nastaé repoussa la couette pour finir par se lever. Comme à son habitude, la nudité n'étant pas un fardeau impur pour lui, il laissa ses cheveux se balader dans son dos, sur le haut de ses cuisses, et filer devant pour dessiner son torse « Le mieux serait directement de voir Edwina tu ne crois pas ? » Il haussa les épaules « Je suppose qu'un conseiller suffira... Ca remonte un peu mais, j'ai entendu le... Changement de race de ton ancienne reine. » Se vêtissant de ses voiles, s'enroulant intelligemment dedans il dit « C'est pas un peu... Soudain ? Tu en savais quelque chose ? » Car depuis la dernière fois, tan de choses avaient changé. Nastaé n'était pas allé au conseil des chefs, et ne s'en était pas voulu, croyant sur ce plan là en sa collègue pour défendre son peuple. Tan que c'était pour garder un semblant d'apparence, il ne doutait pas qu'elle se crèverait à la tâche s'il l'avait fallut.

Sortant de l'édifice, il était temps pour eux de se mettre en route. Le Lac de la Transparence était juste à côté, à quelques minutes de marche, et arriver en plein jour était toujours de meilleure augure. Nastaé alla directement au but, là où il pouvait rencontrer les grands pontes, ou les conseillers de la reine. Plusieurs magiciens d'une certaine puissance se hâtèrent de les recevoir.
L'Ondin avait complètement changé d'attitude. Tout à coup froid, distant, il avait revêtit ses habits d'apparats royaux, les mêmes qu'il mettait lors de cérémonies. La coiffe ornée de bijoux et d'une plume, qu'il avait, pesait aussi dans la balance quant à son accoutrement « Bonjour. Pardonnez cette visite impromptue mais je suis l'Abyssum et j'aimerai m'entretenir avec l'un de vous quant aux futurs accords économiques entre nos peuples. » C'était inespéré qu'un Roi vienne chez eux juste après la crise de la magie. Les commis de la zone se dépêchèrent de trouver les personnes qu'il fallait, pour procéder à une discussion diplomatique.
Dès que les premiers intendants partirent, Nastaé se mit à réfléchir sur plusieurs choses, ayant retrouvé sa position de souverain. La façon dont il toisa Enzel était dure, sombre et sévère, mais il était évident que le malheureux n'avait rien fait. L'Ondin réfléchissait, et ne quittait pas son masque, même pour regarder l'homme à ses côtés, plus petit que lui.


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Dim 07 Sep 2014, 15:42


Un sourire flottant sur mes lèvres, mon regard gris acier avait embrassé la totalité du corps de l'apollon, à la fois avide et satisfait. Atmosphère tamisée, murmures de désir, élégance presque divine, cela à peine avait suffi à transformer notre soirée en un agréable délice, alors que rien n'avait été prévu de la sorte. Mes doigts avaient couru sur la peau d'albâtre de l'Abyssum alors que ses lèvres me taquinaient et me comblaient, et à l'instant où sa tête s'était logée dans le creux de mon cou, ses longs cheveux soyeux délivrant une caresse me tirant un frisson, j'avais plongé avec douceur ma main entre ses mèches améthyste et avait murmuré à son oreille, une réponse qui n'avait été guère qu'un souffle, pourtant éloquent, teinté d'espièglerie :

« Nous sommes d'accord. »



Et ce ne fut guère l'unique sujet sur lequel nos opinions convergèrent. Sympan était revenu en ce monde, avait restauré la magie et ses miracles, mais le cœur des hommes demandait encore à être apaisé, car si le Créateur avait instillé l'espoir dans le cœur des habitants de ce monde, il ne leur avait rendu ni leurs parents, ni leurs enfants, ni leurs richesses. Et bien moins encore, l'ordre, celui dont les peuples avaient besoin pour vivre en harmonie – même le peuple libre ne s'affranchissait guère du concept. La crise avait demandé de la part des gouvernements bien des efforts, en avait ébranlé plus d'un jusqu'à ses fondements, mais la nouvelle ère qui débutait demandait tout autant de labeur, sinon plus. Bien trop occupé à gérer les affaires féeriques, je n'avais guère eu le loisir de me préoccuper de celles des autres peuples, mais je ne doutais pas que l'Abyssum avait autant de pain sur la planche que nous autres Gardiennes du Jardin Secret. Et les doigts fins de l'apollon effleurant ma nuque tels une douce brise d'un printemps que nous attendions tous et toutes avaient chassé de mon cœur et de mon esprit la peine que je ressentais à chaque fois que mes pensées se tournaient vers mes semblables. Le chaos avait sévi, des vies s'en étaient envolées. Y compris chez les Gardiennes.

Sa voix mélodieuse avait laissé échapper mon nom comme lui seul savait le chanter. Une partie de moi s'étonnait encore de la manière dont l'Ondin parvenait à me surprendre, se glissant dans mon dos, aussi silencieux qu'une ombre, jouant avec mes désirs et mes sentiments. Mon corps tout entier avait vibré, entendant cette ode si délicieuse, appréciant la caresse délicate. Et mon cœur avait suivi. Un mot, un seul, m'avait échappé, vibrant d'émotion :

« Nastaé... »



Dire que la présence de l'Ondin m'avait manquée au plus profond de la tourmente n'aurait été qu'un pâle euphémisme ne rendant guère justice aux sentiments qui m'animaient. Plus d'une fois avais-je posé un regard dépité sur le chaos, avait senti le désespoir gagner mon cœur. Et, prêt à rendre les armes, j'avais plus d'une fois appelé en silence, crié dans le plus grand des secrets sans qu'un seul mot ne franchisse mes lèvres, mon cœur souffrant de l'absence de cet homme qu'il aimait. Nul n'avait témoigné l'existence de ces larmes qui m'avaient échappées aux moments les plus difficiles, nul n'avait témoigné de ces instants où le monde avait failli me briser. Mais peut-être que l'Abyssum en avait deviné l'existence à l'instant où nos regards s'étaient croisés.



Le peuple demandait un souverain. Après tant d'épreuves, après le chaos et la destruction, le renouveau devait se faire. Le trône de l'Edelweiss Eternelle était demeuré vacant depuis que sa précédente occupante avait été destituée de ses fonctions par le peuple lui-même, et n'avait admis aucun souverain durant le reste de la crise. Méfiance et rancoeur avaient existé envers toutes celles qui avaient servi la reine déchue, Myrialuna Aiyena, les institutions avaient été profondément ébranlé, les Fées s'étaient détournées du pouvoir royal. En l'absence de magie, il avait de toute façon semblé que les souverains étaient aussi impuissants que le reste du peuple. Mais une nouvelle ère n'aurait su débuter sans que s'élèvent les voix des celles qui demandaient à croire à nouveau en un futur certain.

« Edwina... Je n'suis pas certain qu'elle sera disponible, elle doit avoir au moins autant à faire que nous, si ce n'est plus. »

Certainement que nul n'oublierait la dévotion et l'altruisme dont les Mages blancs avaient fait preuve en accueillant sans distinction réfugiés de tous horizons au sein de leurs terres.

« Quant à Myrialuna... poursuivis-je, plus distant. Oui, je savais. Nous l'avions faite surveiller. Depuis la disparition de son mari, elle a toujours eu en elle cette part de ténèbres qui a probablement causé sa chute. »

Je n'en ajoutais pas plus. Mais probablement que Nastaé sut deviner le fond de mes pensées. L'un comme l'autre étions conscients de nos ténèbres respectives. Pourtant, nous étions toujours debout.


La prestance de l'Abyssum demande à être reçue en conséquence – il n'y a qu'à voir l'homme paré de ses plus beaux atours et de son charisme de souverain pour s'en apercevoir. Aussi ne doutais-je pas un instant que si nous fûmes reçus par bien des Mages d'importance, ce fut par la ferveur que suscita la présence de l'Empereur des Ondins et non par quelconque égard pour ma personne. Nastaé était un Roi de l'ancienne ère à présent. Et en tant que tel, il se fit le devoir d'adopter l'attitude d'un souverain posé et détaché. La passion fervente de la veille n'était plus qu'un souvenir. Privilège qu'était le mien.

Exercice ardu qu'est celui de se distinguer à côté d'un homme tel que Nastaé. Pourtant, je ne cillai pas lorsque je sentis son regard se poser sur moi et pris la parole à mon tour :

« Salutations. Je suis Enzel Taiji, Neibulla du peuple féerique. »

Mon regard parcourut les visages des dignitaires rassemblés par la venue de l'Abyssum, y lisant surprise mais également scepticisme.

« Mon peuple, à l'instar des autres, demande à se relever, poursuivis-je. Et il entend le faire par l'avènement d'un nouveau souverain, ce dont vous avez certainement déjà eu vent. »

Une pause, délibérée. Les regards, auparavant attirés par la prestance de l'Abyssum, se posèrent sur moi, me détaillèrent, et j'eus la satisfaction d'entendre quelques murmures s'élever ça et là. Nul doute que les petits oiseaux de l'Ultimage avaient rapporté aux oreilles de leurs hauts dignitaires les rumeurs courant au sein du peuple féerique. Rien n'était sûr tant que le nouveau souverain serait assis sur le trône, mais un nom courait parmi les miennes. Et peut-être que certains avaient relevé l'utilisation du masculin, inhabituelle pour quiconque connaissait quelque peu les us féeriques.

« C'est pourvu d'intentions similaires à celles de l'Abyssum que je me présente à vous. »

Certes moins fringant que l'Ondin, je m'étais vu offert par les miennes des habits de bonne facture, qui, au lieu de mettre en avant une élégance que je ne possédais guère, soulignait les qualités pour lesquelles je m'étais fait connaître au cours des précédents événements : celles d'un guerrier agile, sobre, mais pas moins remarquable en son sens.

« Hum... Notre monde se remet à peine d'une crise, il nous est difficile de parler de nous lancer tout de go dans des partenariats économiques. »

Mon regard gris acier se posa sur un homme d'une cinquantaine d'années, dont les cheveux bruns commençaient à se teinter de l'argent de la vieillesse. Dans son regard, la lueur perspicace de l'homme qui juge par le fond et non la forme.

« Nous ne parlons pas de projets de grandeur, tempérai-je, mais de poser des bases qu'il est nécessaire de poser. »

Un signe approbateur de la tête de sa part, avant que les portes ne s'ouvrent pour laisser entrer une dame du même âge, aux prunelles d'un bleu perçant et aux cheveux blonds cascadant librement sur ses épaules nues. Après s'être inclinée avec grâce, elle nous souhaita la bienvenue :

« Abyssum. Neibulla. Ce sera un honneur et un plaisir pour moi et mon assistant de répondre à vos questions et à vos attentes. La force des choses a fait que notre peuple a pu conserver une partie de son fonctionnement économique malgré la crise. Pour autant, la plupart, sinon la totalité de nos accords économiques extérieurs sont devenus caduques. Je suis donc à votre écoute. »

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Dim 21 Sep 2014, 23:13

Nastaé s'habillait. Dans un voile de sensualité, il s'enroula dans ses voiles blancs en lin, écoutant d'une oreille distraite les dires d'Enzel. Ainsi Myrialuna était suspectée... Ce n'était que le début de la fin finalement, lorsqu'on voyait comment elle traitait les fées. Si lui ne lui avait jamais parlé, il avait eu quelques échos notamment lors du bal qu'elle avait organisé pour son couronnement. Elle avait scandé que les fées pouvaient être viles et perfides, ridiculisant sur place tous les membres qui peuplaient cette race. C'était humiliant, tout bonnement humiliant. Et Nastaé avait beaucoup rit.
Lorsqu'Enzel ne fit que lui confirmer qu'elle était inapte, il eu un petit sourire en coin, le genre de rictus qui voulait dire qu'il le savait, qu'il s'en doutait. Regardant son amant, il ne fit que hocher la tête, prenant la réponse comme il se devait, sans juger ni faire de commentaire.

Une fois sur place, ils furent rapidement face à une conseillère, qui les accueillit avec bienveillance. Non sans méfiance, mais avec un tact et une diplomatie que l'apprentie d'avant n'avait pas eu. Nastaé s'exprima le premier, serein et confiant. Le belle femme regarda alors Enzel, qui fit de même, démontrant alors toute sa suprématie. Croisant les bras, l'Ondin lui jeta un coup d'oeil, le voyant très sévère, essayant de garder contenance. Il s'amusa à se servir de son empathie et de ses émotions, pour le distraire, de manière à le taquiner. Il aimait voir jusqu'où Enzel pouvait lui résister, et il était amusant de voir combien cet homme était faible. Il était faible face à l'entité qu'il était. Et lui ? Et lui était-il plus fort face à cet homme, petit en taille, mais si omniscient en grandeur ? Non... Pas plus. Devant ce visage qui se voulait dur et sévère, Nastaé avait envie de le dérider, d'entendre à nouveau les gémissements qu'il pousserait sous ses baisers, sous ses attaques affectueuses, prêtent à l'emmener dans leur monde à eux.

Mais le temps n'était pas aux élucubrations coïtales. L'Ondin s’aperçut qu'il ne connaissait pas le peuple de son amant. Le terme « Neibulla » ou encore le fait qu'il soit... Si convaincu de ce qu'il disait, faisait naitre de la fierté dans les yeux du plus grand. Une fierté sans précédent. Il ne voulait pas d'un partenaire sans substance et complètement dénué d'ambition. Cet homme allait prendre la suite de l'ancienne souveraine... Quelque chose de nouveau allait se produire et ça ravissait l'Ondin. L'Empereur jubilait déjà de la suite. Mais rien ne transparaissait sur son visage. Il fallait garder un profil de roi, ce qu'il savait parfaitement faire. Sa prestance n'était pas entachée une seconde par celle du fé. Mais pouvait-il seulement parler de tâche ? Non. Enzel était tout sauf une tâche. Il était une fleur qui ne cessait de pousser pour éclore petit à petit, jusqu'à ce qu'une main habile vint le cueillir. Et cette main ne serait aucune autre que celle de l'Empereur.

L'échange dura un moment. Lorsqu'Enzel parlait, Nastaé laisser échapper quelques râles très discrets, inaudibles des autres, mais bien clairs pour le fé. Il pouvait bien le prendre pour un animal en rut, peut importait, le désir était là et ça, ce n'était ni feint, ni animal, bien au contraire. Cet homme dégageait une sobriété respectueuse certes, mais il n'en devenait pas moins charismatique. Derrière eux, une femme fit son entrée. Nastaé se retourna et inclina la tête doucement. Elle sourit, faisant de même, avant de se placer non loin d'eux. Elle était très belle et particulièrement élégante. Une fois qu'elle annonça qu'une partie de leur ressources fonctionnaient toujours, l'Empereur rabattit une mèche de cheveux derrière son épaule, avant de dire « Je suis ravis de constater que, comme nous autres, vous avez pu conserver une partie de votre potentiel économique. Certains de nos monopoles ont vu leur cheminement s'éteindre face à la crise de la magie, mais la citée océane à su échapper au pire. Nous avons conservé des forces que nous mettons aujourd'hui à profit, de manière à pouvoir nous redresser rapidement. Certaines industries sont à nouveau en fonctionnement, et ce serait un honneur pour moi de vous faire profiter des ressources que nous produisons. » Il décroisa les bras, liant ses doigts sans pour autant évacuer un soupçon de gêne « Avez vous des nouvelles de votre Reine ? J'ai entendu qu'elle... Avait failli au conseil des souverains. », « Failli est peut être un grand mot très cher. Disons que la royauté étant quelque chose de nouveau pour elle, elle a besoin d'un temps d'adaptation. », « Evidemment. », « Mais parlons de vous, voulez vous ? Votre peuple n'a été représenté que par une seule personne. Etiez vous... », « Comme vous le savez certainement, la citée ondine est une cité bulle qui, sans magie, s'annonce fragile et instable. Mon peuple, ayant plutôt un bon destin avec l'eau, ne voyait pas d'un mauvais œil son inondation. Seulement... Les habitants de celle-ci sont divers et variés, et bien que nous ayons évacués les lieux de tout dangers potentiels, il existait encore un risque. Risque que je me devais d'écarter. Notre séparation était un choix commun et, comme vous le voyez, les nôtres sont toujours en bon état. » Imposant un silence de quelques secondes il annonça « Je suis ici pour entendre la voix de votre Reine à travers vos propos. » Son ton s'était fait de plus en plus ferme, et peu de gens parlaient. Même les murmures ne se firent pas « Bien... Votre condition nous conforte dans le fait que toutes les monarchies n'ont pas été détruites. »

La femme regarda alors Enzel, comme pour passer à un autre problème. Nastaé était d'accord pour instaurer un échange de monopole, il ne manquait plus que les dire du fé pour lier certaines bases, de manière à y revenir dessus plus tard. Evidemment les Ondins se devaient d'être un peuple mystérieux et à la fois respecté. Ses yeux émeraudes se détournèrent, pour venir se poser sur le fé, le dévorant alors maintenant du regard. Il ne se gêna pas pour l'imaginer dans ses bras, trembler de passion, alors que leurs corps, tendus comme des arcs, ne supporterait plus la pression de leur désir. Cette vision lui suffisait, et la malsaineté de ses pensées, se reporta sur son regard qui se fit espiègle, et vicieux.
Mais peut importait, il se vengerait plus tard de la frustration constante qu'il ressentait.

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Jeu 25 Sep 2014, 22:20


Mes pensées vagabondaient, mes désirs me titillaient, alors que je sentais à mon côté la présence de l'Abyssum au charisme irrésistible. De quoi m'agacer quelque peu, puisque je m'efforçais de déployer tant d'efforts pour être à la hauteur du souverain des Ondins, dont la présence ne devait éclipser la mienne, dans l'intérêt du peuple féerique. Mais même si ces pensées malvenues m'importunaient, me forçant à redoubler d'efforts pour demeurer impassible sous les regards des Magiciens ne demandant qu'à jauger le très probable futur souverain du peuple féerique, une partie de moi ne pouvait s'empêcher de les apprécier. Une imagination fertile, des désirs avides et un parangon de beauté font des ravages dans le cœur et l'esprit, autant en bien qu'en mal. Et alors que la représentante du peuple des Mages blancs nous invitait à exposer la nature de nos offres, je risquai un coup d'oeil vers l'Abyssum, apollon imperturbable et d'autant plus sublime, avant de détourner le regard, me morigénant intérieurement pour cet instant d'égarement – délicieux, certes, il fallait l'avouer. Le souvenir des caresses sulfureuses de l'Ondin était on ne pouvait plus déplacé pour la situation – et aussi inutile, à mon grand dam. Même s'il semblait que lui non plus n'était pas non plus des plus calmes dans cette position, son désir, bien que discret, faisant écho au mien, dans un supplice dans lequel nous nous étions nous-mêmes plongés, pour nos deux peuples respectifs.

Et quand bien même mon trouble était pour moi aussi évident que le soleil dans un ciel d'été, il s'avéra que ni la représentante des Magiciens, ni son assistant ne semblèrent remarquer quoi que ce soit, pas un regard ou un geste de leur part trahissant une quelconque gêne ou suspicion. Ce qui pour moi semblait occuper une majeure partie de mes préoccupations n'était au final guère visible sur mon visage, ce dont j'aurais pu être fier si mes pensées n'avaient pas été presque totalement dévouées à Nastaé, dont la voix mélodieuse s'était élevée pour répondre aux attentes et aux questions de la dame aux cheveux blonds. Et si j'en appréciais les accents les plus subtils, je ne pus que me montrer davantage intéressé par ce qu'elle révéla, les informations en provenance des profondeurs ayant été inexistantes durant la crise. Plus d'une fois j'avais songé à l'homme qui avait à sa charge des milliers d'Ondins, dont la présence me faisait cruellement défaut, plus d'une fois avais-je souffert du vide suscité par son absence, mais je n'avais au final eu aucun moyen de connaître le sort de ceux qui vivent sous les mers, les problèmes de mon peuple ayant primé sur ma curiosité et mon inquiétude personnelles. Seul le silence était demeuré, nous laissant imaginer le mieux comme le pire pour le peuple des profondeurs. Et les Aetheri savaient à quel point mon imagination fertile avait travaillé une fois mes pensées tournées vers cet homme à la fois fort et fragile qu'était Nastaé.

Mais il semblait que son absence comme son silence avaient été la rançon d'un succès certes modeste, mais considérable au vu de l'état actuel du monde. Le peuple ondin avait survécu, de même que sa société, qui avait d'ores et déjà été ébranlée par les Jours de Sang aux prémices du déclin de la magie – un bouleversement de la société ondine qui demeurait nimbé d'un voile de mystère, que nous n'avions su écarter qu'en écoutant les secrets livrés par notre magie féerique. Et l'Abyssum avait refait surface, m'était revenu, comme je lui étais revenu. Une pensée qui me tira un sourire discret, qui se mua en grimace toute aussi fugace avant de disparaître lorsque je songeai à la pauvre Edwina évoquée avec tant d'indifférence par le souverain des Ondins. Et au conseil désastreux auquel l'Abyssum n'avait pas assisté – qu'y aurait-il vu de toutes manières, sinon une comédie tragique et désespérante ? Aurais-je été capable de soutenir le regard des puissants de ce monde en sa présence ? Quelque part, je n'en doutais guère, mais le souvenir de l'Ultimage se jetant dans mes bras traversa fugacement mon esprit et me dissuada de songer plus amplement à la question. De même que le regard céruléen de la Magicienne venant croiser le mien.

« La société féerique évolue, je ne vais pas vous le cacher, mais certaines choses demeurent, comme son savoir-faire et son économie. Nombre de nos communautés ont perdu au cours de la crise, mais mon peuple est prêt à repartir et à s'investir dans le commerce extérieur notamment. Les Magiciens sont les bienvenus sur nos terres pour y vendre ou y échanger leurs marchandises si la réciproque demeure vraie.
- Elle l'est, me répondit avec certitude la Magicienne. Et il m'est agréable de constater que les vôtres sont prêtes à marchander avec les autres races.
- Certaines l'ont toujours été, d'autres moins. Mais comme je vous l'ai dit, la société féerique évolue. Tout marchand magicien s'aventurant sur nos terres dans le respect de nos lois y est le bienvenu, et bénéficiera de la protection de l'Aeos Fyddin et des Thariannies. »

Un signe approbateur de sa part me fit savoir que les miennes bénéficieraient des mêmes privilèges en terres magiciennes. Un accord certes minime, relevant du bon sens pour quiconque y réfléchissait quelque peu, mais essentiel en ces heures où les peuples se remettaient d'un état d'anarchie totale.

« J'ai également sous la main une liste et les coordonnées d'entrepreneuses féeriques cherchant à nouer des liens avec vos propres entreprises dans un intérêt économique, poursuivis-je en faisant glisser dans ma main un parchemin d'un étui en bois ouvragé féerique. Certaines ne cherchent par ailleurs qu'à renouer avec les vôtres, qui doivent d'ores et déjà les connaître. »

Le papier changea de mains et le regard céruléen de la Magicienne courut sur les lignes qui y étaient inscrites.

« Très bien. Nous allons faire en sorte que ces demandes soient connues. Puis-je vous offrir notre hospitalité en attendant des nouvelles de nos propres entrepreneurs ? Nous ne saurions vous congédier de manière aussi cavalière une fois nos affaires conclues. »



Quelques minutes plus tard, l'assistant de la Magicienne, poussa pour nous la porte d'une suite digne des invités les plus honorables, ce que nous étions probablement à leurs yeux, suffisamment grande pour que deux personnes puissent y cohabiter sans même se voir – ce qui, bien entendu, ne serait guère notre cas. Une fois le Magicien disparu, je m'approchai de l'Ondin, effleurant la peau diaphane de son bras, avec une légèreté presque sensuelle.

« Nastaé. »

Son nom, tout aussi délicieux que son être, franchit mes lèvres chargé d'émotions. Entendre de la voix de l'Ondin les efforts qu'il avait déployés au cours de ces derniers mois pour gérer le chaos du déclin avait fait resurgir dans ma mémoire et dans mon cœur le désespoir de son absence.

« Tu m'as manqué. Tu... n'imagines pas à quel point. »

Ce n'était pas un reproche. Mais une confidence. Qui n'aurait jamais franchi mes lèvres si je ne m'étais pas trouvé en sa présence, si le poids de mes responsabilités et des siennes ne m'avaient pas paru aussi évident. Je me détournai, m'approchant d'un tableau accroché au mur, dépeignant le Lac de la Transparence baigné des lueurs chatoyantes du crépuscule, respirant la mélancolie. Ma main droite se referma sur mon propre poignet, crispée.

« J'ai cru devenir fou. »

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NB : Thariannies : milice féerique | Aos Fyddin : armée régulière féerique
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Sam 27 Sep 2014, 22:46

Nastaé remercia les conseillers, notamment la femme blonde qui l'avait accueilli chaleureusement. Les magiciens étaient des êtres courtois, quoi que parfois réservés. En tout cas, aucun n'avait fait l'étonné lorsqu'il annonça son titre. Avant d'être des maitres en magie, c'était des Erudits, et ils savaient évidemment que l'existence des Ondins n'était pas que mythes et légendes.
Le souverain marcha gracieusement à travers les couloirs de l'édifice, contemplant par la même occasion l'architecture. Dès que les portes furent poussées, les valets laissèrent là les deux hommes, refermant derrière eux sans plus les importuner. L'Empereur se déchaussa et foula le tapis soyeux de ses pieds si finement sculptés, comme s'ils étaient inspirés d'une statue. Jetant un coup d'oeil sur les environs, il observa agréablement les murs et le plafond. Les peintures étaient très belles, et méticuleusement faites. L'atmosphère qui s'en dégageait pouvait à la fois rassurer, et étouffer ceux qui s'y tenaient dedans. Retirant sa coiffe qu'il posa sur le meuble juste à côté de lui, il s'apprêtait à délier ses cheveux violine, lorsque le fé souffla son nom.
Sa petite stratégie avait donc fait effet ? Il l'avait vu essayé de garder la tête haute, rester si fier et habile de ses mots, et pourtant. Voilà qu'il se dévoilait devant le Seigneur. Ce prénom, prononcé à demi-mot, fit presque frémir l'éphèbe. Tournant la tête, légèrement surpris de cette prise d'initiatives de sa part, il sentit les doigts d'Enzel caresser sa peau d'albatre.

Le manque, la solitude, en voici des mots et des émotions qu'avaient connu l'Ondin. Seul, dans sa cité d'or de cristal, emmuré pendant que sa collègue s'agitait sur la terre. Il devait maintenir sa ville et sa place, au détriment d'un peuple en colère et haineux. Enzel aurait été le meilleur soutient. Malheureusement, se fut les ombres qui l'aidèrent à tenir. Les ténèbres du mensonge et de la manipulation étaient arrivés à garder le peuple sous scellé. Il s'était passé quelques jours, peut être des semaines, et pourtant, Nastaé assimilait ce temps à des lunes entières, et des millénaires.
Le fait qu'Enzel vienne vers lui était un exploit en soit, mais qu'il daigne ainsi prononcer de tels sentiments à son égard, révélé du miracle. Ses grands yeux verts se fermèrent légèrement, et l'étonnement laissa la place à une passion qui commençait à le dévorer. De même, il se détendit, laissant son corps venir lentement vers celui du bel homme qui osait à peine le regarder. Son demi sourire reprit le dessus, montrant clairement ses envies du moment, comme une drogue dont il ne pouvait réellement se passer « Et moi donc... » Dans sa tour d'ivoire, Nastaé était seul. Autant psychiquement, dû au manque d'Enzel, mais aussi physiquement, dû à l'évacuation partielle du Palais, et à des mise en place de normes de sécurité. L'Ondin voulu lui toucher la joue, le faire venir vers lui, mais il préféra laisser le fé agir et aller au bout de ses dires, de ses mots qui lui brulaient la gorge. Pour cela, le petit homme se détourna, feignant d'admirer un tableau insipide. Aux yeux du souverain, il n'y avait rien de plus éclatant dans cette pièce que l'être qui lui tournait le dos. Peu importait les œuvres, les tableaux, le plafond ou les travaux d'orfèvres... Enzel était celui qui captait toute son attention.

Devant ces mots, devant ces déclarations qui, d'habitude, ne seraient jamais sortie de cette petite bouche, l'Ondin cru devenir fou, à son tour.
Lentement, il s'approcha de lui, ne faisant pas le moindre bruit sur ce sol duveteux. Il commença un ballet, pas après pas, pour rejoindre le corps stoïque du fé. Alors ses mains, sans aucune pudeur, vinrent se placer à des points stratégiques. L'une se fila dans la mince ouverture que donnait la combinaison brodée de l'homme, pour atteindre directement son torse, alors que l'autre enserra sa taille. Ses lèvres vinrent ainsi parsemer son cou de baisers, cherchant à chatouiller son amant. Au fond de lui, la flamme qui brulait doucement s'intensifia d'un coup, réchauffant son ventre et son corps. Sa voix était légèrement plus lourde que d'habitude, et annonçait de viles intentions derrière ce timbre « Enzel... Comment ton corps a-t-il fait pour supporter le froid hivernal de mon absence... ? » Sa main glissa de sa taille à son visage et il attrapa son menton entre ses doigts fins, tournant sa tête. Ses lèvres vinrent dévorer sa mâchoire de baisers gracieux et savamment dosés, pour faire languir le fé « Moi même je m'étonne de la résistance de nos âme, quant au vide respectif que nous laissons chacun dans notre vie... » Il griffa doucement la peau du torse du fé, celle qu'il avait juste sous ses ongles, alors que ses cheveux violets tombaient dorénavant sur le corps d'Enzel, prouvant la proximité des deux êtres « Je t'ai rarement vu si... Entreprenant. Et j'espère en voir bien plus bel homme... » A ce moment, il se redressa, tournant le fé vers lui.
Dans le mouvement, il dégrafa sa belle tunique ouvragée, posant ainsi ses paumes à même la peau nu de son amant. D'un geste enserrant sa taille, il le fit venir contre lui, pour basculer sur le lit double à baldaquin qui faisait office de couche « Je doute que nous utilisions plus d'une paire de draps... » Autrement dit, aucun des deux ne touchera l'autre lit, préférant rester dans les bras l'un de l'autre, partageant leur passion commune, que de s'aventurer au-delà de cet appartement déjà énorme.

Nastaé se suffisait amplement de la présence de son amant. Il était ravis de faire route avec lui, et de voir un peu comment il faisait ses premiers pas dans le monde politique. L'Ondin savait qu'un jour il le surpasserait, tan en mots qu'en charisme et ce sera à lui, l'Apollon, de faire son trou lorsqu'Enzel s'adressera à une foule. Il ne redoutait pas ce moment... Non...
Son corps pâle vint lentement caresser celui plus chaud et plus rosé du bel homme qui se trouvait dans le lit. Leur mettre une chambre a disposition, ne faisait qu'accroitre leur envie de se connaître. Se reposant sur lui, fourrant sa tête dans son cou, leurs vêtements trônaient dorénavant sur le sol, enchevêtrer les uns aux autres, comme leurs corps et jusqu'à leur âme. Les cheveux violets du bel Ondin serpentaient partout, sur leur peau comme sur les draps. Curieux, celui ci demanda « Nous n'avons pas reparler de ce qu'il s'est... Passé au mariage de la Vénus. » Et pour cause. Sur le corps de l'Empereur, des volutes noires étaient là, tatoué, se déplaçant avec une infinie lenteur, comme une flamme de bougie vacillant au ralentit. D'un coup d'oeil c'était imperceptible. Il fallait au moins rester devant sans bouger pendant une bonne minute « J'aimerai en savoir plus sur... Le pourquoi de ton Histoire. Tu m'as parlé d'être un homme fait... De cendres, de chimie, presque de chimère, j'aimerai savoir pourquoi tan d'artifices. Comment as-tu appri ça ? » Il se redressa, et dans l'intimité des voiles du baldaquin, se mit à cheval d'Enzel. Ses doigts caressèrent le torse nu du fé « Et moi, je te dirai tout... » il sourit en coin, se baissant légèrement, alors que son doigt traçait une ligne en dessous du nombril « ...jusqu'aux moindres détails. » Ses cheveux entourèrent leur visage, et ses lèvres embrassèrent celle de l'homme sous son corps.
L'ambiance qui trônait dans cette chambre était plus qu'une simple atmosphère de cours, d'ébats d'amants. C'était puissant, leurs âmes communiquaient, réclamant la présence l'une de l'autre, demandant alors à chacun de se rapprocher, de ne voir que l'autre, pour pouvoir communier avec, tan par le corps et que par l'esprit. Nastaé sentait le lien qui se créait entre eux. De son côté ça devenait de plus en plus clair, et malgré son... Changement de situation, et sa vision sur le monde, il ne chercha pas à le repousser, à se voiler la face, au contraire « J'espère que tu me feras confiance. Pour toujours, Enzel. » Un chuchotement, un murmure, comme un secret à peine dévoilé. Une demande, une requête, quelque chose de plus sincère encore. Son cœur vibra quelques secondes, et il cru qu'ils étaient à l'unisson.
Ca commençait. Tout commençait à s'installer. Le Chaos, la perte d'êtres chers pour certains, la fluctuation de magie, puis les retrouvailles. Bien sur, ils s'étaient retrouvés même avant de partir chez les magiciens mais... C'était hâtif. Ils avaient à faire. Et puis, ce n'était qu'une piètre auberge, le genre de lieu où Nastaé n'aimait ni se perdre, ni s'attarder. La royauté faisait naitre des valeurs et des besoins. Et les auberges de fortune n'y entrait pas dedans.
Ses doigts finirent alors leur course sous la ceinture, et la seconde main rejoignit la première.
Peut être parleraient-ils... Plus tard finalement.


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Dim 28 Sep 2014, 01:13

Un frisson. Intense. Les doigts fins de l'éphèbe glissant sans aucune pudeur sur ma peau rendue extrêmement sensible par le désir faillirent me dérober la raison à l'instant, alors que les lèvres du bel homme soumettaient mon cou à un délicieux supplice. Et sa voix, suave, s'éleva, trahissant ce désir réciproque qui l'animait et que je ne condamnais d'aucune façon. Mes yeux se fermèrent, sa voix tant chérie résonnant dans mon esprit, telle une libératrice annonçant enfin la fin des souffrances et l'aube d'une ère nouvelle. Mes mots demeurèrent coincés dans ma gorge, luttant pour exprimer la profondeur du désespoir qui m'avait animé, et qui m'animait encore, à en croire l'extase que me tiraient les simples caresses de l'Ondin. Une larme, silencieuse, perla au coin de mon œil et coula le long de ma chair pour venir se noyer dans l'océan améthyste des cheveux de l'éphèbe, ses doigts griffant doucement ma peau. Une larme de peine et de joie mêlées, libérant enfin toute cette souffrance que j'avais gardée au plus profond de mon être. Un tourment qui s'était formé par l'accumulation des voix de mon propre peuple et des cruautés d'une réalité qui avait plongé les terres entières dans le chaos et le désespoir le plus profond. Un tourment d'autant plus insupportable qu'il avait été renforcé par cette solitude constante que j'avais enduré, aucune de mes semblables étant à même de comprendre ma peine. Il m'avait fallu être là pour elle. Constamment, j'avais dû faire preuve d'une force qui leur avait manqué et constamment j'avais encaissé chacune de leurs attaques, de leurs peines et de leurs souffrances sans montrer le moindre signe de faiblesse. Mais la réalité était toute autre.

« Je n'sais pas... laissai-je enfin échapper dans un murmure trahissant la profondeurs de mon tourment. »

Un pâle sourire se dessina sur mes lèvres alors que je levai mon regard gris acier vers celui émeraude de l'Ondin, trouvant dans ses prunelles la force d'apprécier sa malice. Tant de désespoir, tant de peine... Mon cœur débordait d'une souffrance qui ne demandait qu'à se déverser, qu'à s'évaporer au contact de cet homme qu'il aimait. Et dans l'élégance la plus irréprochable, l'éphèbe poursuivit son ballet, nous entraînant tous deux au contact des draps, nos corps entremêlés, à l'instar de nos âmes. Ma peau nue au contact de la sienne, je frémis encore et vis ma détresse se muer en avidité, née de semaines de frustration, de privation. J'avais tout donné. Alors s'il m'était offert de prendre un tant soit peu, je le ferais, n'omettant cependant pas de donner à nouveau en échange. Car je ne pouvais rien refuser à cet homme, le seul capable de partager ce fardeau qui était mien, le seul capable de briser les barrières qui entouraient mon cœur pour en savourer l'intégralité.

Ses caresses suscitaient les miennes, en retour, car j'étais fiévreux de ce désir que nous n'avions guère totalement consumé la veille. Mais bien plus que le corps, c'était à présent le cœur qui avait besoin de s'exprimer, notre amour ne se limitant guère au plaisir charnel éprouvé au contact des draps. Sous mes doigts caressant la peau diaphane de l'Ondin serpentaient ces longues formes ténébreuses qui avaient imprégné son âme d'une pareille noirceur, et je devinai sans peine que l'Abyssum était loin de m'avoir confié tous ses secrets. Tout comme je ne lui avais guère confié la totalité des miens. Pas plus que je n'avais rendu justice à ce fardeau qui me pesait tant, que je n'aurais partagé avec nul autre que lui. Nous avions tant à partager, encore. Et si peu de temps nous avait été accordé. Mais lui comme moi entendions bien rattraper le temps perdu.

Et c'est avec une aisance parfaitement naturelle que l'Ondin vint me dominer de tout son corps, sa chevelure améthyste ondulant sur la chair et les draps, procurant une caresse toute aussi exquise que celle de ses mains. Ses doigts vinrent me taquiner à nouveau sans pour autant dépasser une certaine limite, me soumettant cependant à un nouveau supplice. Un supplice d'une nature que j'avais encore peu éprouvé, mettant à l'épreuve ma capacité à garder les secrets de mon peuple en abandonnant la totalité de mon être à l'être aimé. Et nul doute que mon cœur était prêt à trahir ma raison en ce moment même. Un gémissement m'échappa lorsque les mains de Nastaé s'aventurèrent au-delà du raisonnable, ainsi qu'un murmure de supplication :

« Non... »

Mes mains s'élevèrent et se posèrent de part et d'autre du cou de l'éphèbe, mon regard fiévreux se plantant dans le sien. Soumis au supplice par le plaisir de la chair, je luttai pour conserver une once de raison, mon corps frémissant davantage sous les caresses de l'Ondin. Et comme un fruit interdit que l'apollon serait allé cueillir, un soupir franchit mes lèvres, véhiculant mes sentiments les plus profonds.

« Je t'aime. Nastaé... Je... je te fais confiance. »

Un frisson bien plus violent que les précédents ébranla mon être et un nouveau gémissement m'échappa, avant que je ne prenne une profonde inspiration pour poursuivre :

« Mais je ne peux pas... te dire pourquoi. Les desseins des Aetheri... demeurent obscurs même... pour les Gardiens des Secrets. »

Le titre de Gardienne du Jardin des Secrets semblait être honorifique pour tous ceux qui n'appartenaient pas à la race féerique, mais dans un soupir de plaisir, je venais de révéler une part de la vérité. Voire bien plus si l'Ondin était capable de comprendre davantage que l'explicite. Mes mains descendirent prestement le long du torse de l'éphèbe, suivant les volutes ténébreuses, pour s'en écarter finalement et achever leur trajet vers l'intimité de l'Abyssum. Il n'était plus temps de subir seulement.

« Nastaé, dis-moi... Comment fais-tu pour vivre avec le fardeau d'un peuple... Comment fais-tu pour supporter leurs espoirs et leur haine... Plus d'une fois... Plus d'une fois j'ai cru qu'ils allaient m'écraser... Tu m'as manqué. Tellement manqué... »

Je fermai les yeux, embrassant l'extase. Ma raison ? Elle avait presque déserté. Et la joie, le soulagement, indescriptibles, étaient à deux doigts de me tirer de nouvelles larmes.

« Dis-moi... dis-moi tout. »


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Dim 05 Oct 2014, 20:10

Nastaé voulait tout. Il voulait qu'Enzel se livre à lui, corps et âme, et même que son esprit devienne fou. Fou à lier lorsque son prénom serait prononcé en sa présence. Il voulait couler dans les veines de son amant, pour faire de lui son sujet, sa deuxième moitié, totalement dépendante de lui. Nastaé était égoïste, et ce qu'il faisait, il le faisait pour lui, pour ses envies et ses besoins et, Enzel, commençait à devenir indispensable à sa vie. Les pauvres jours chaotiques qui les avaient séparé, représentaient pour eux des mois voire des années. Ils étaient enfin réunis, mais la séparation fut si dure et si longue, que l'Empereur avait cru oublier le goût de la peau du fé. Cette douceur et cette beauté...
Il s'en repaissait à cet instant, comblant alors son amant, duquel il connaissait chaque point sensible. Même si les paroles s'enchevêtraient, comme leurs corps, Nastaé resta lucide dans ce qu'il dit. Il sentit les doigts d'Enzel autour de son cou, serrer doucement sa peau, et un sourire en coin naquit sur son visage. Les petites perles qui roulaient sur le côté de ses jolis yeux gris, apportèrent à la scène une sensualité gorgée de désir. Un lien était entre eux, invisible et présent, battit par leur seule force. Ils ne devaient rien à personne, étant arrivés jusqu'ici par leurs efforts, par le fait d'exécuter leurs désirs, mettant à sac leur raison de pensé. Rien n'était mieux que l'instinct, que l'impulsion. Nastaé vivait à la fois dans la spontanéité, et la réflexion, mettant les deux à profit lorsque la situation l'exigeait.

Ici, c'était la réfléxion. Langueur et réflexion, voilà les maitres mots. Il se prélassait sur le corps de son amant, tout en lui répondant « Les Aetheris ? Quels en sont les desseins ? Enzel... Tu en as trop dit. Es-tu seulement lié... A Eux alors ? Raconte moi Enzel. Livre toi... Mon Amour. » Nastaé se pencha pour l'embrasser, alors qu'il étouffait un râle de plaisir. Les mains du fé devenait habiles, et les sentir sur lui, chauffait son corps à blanc. Pourtant, les échanges vocaux continuèrent, entrecoupés de gémissements.
L'atmosphère de cette chambre leur pesait dessus, tellement que l'Empereur cru se soumettre à la damnation du plaisir. Seulement, il tint encore un peu, laissant sa voix s'échapper « Le peuple n'est qu'un seul et même homme. Il suffit de parler avec la bonne voix, de se mettre à sa hauteur, pour le comprendre, et lui parler. L'écouter, et savoir lui répondre... ahn... Il n'est pas si grand que tu le crois. Si c'est... lui qui fait notre légitimité... il est aussi souvent notre bourreau. Nous devons le tenir par une bride... tu... Ahh Enzel... » Ne pouvant continuer son discours, il jeta sa tête en arrière, ses cheveux volèrent en suivant le mouvement, et alors qu'il se redressait, profitant alors de l'écume du plaisir qui le consumait, il finit par juste tomber mollement sur le corps tout aussi repu de son amant.

Soufflant lentement il dit « Viens avec moi Enzel. Regarde moi. Regarde combien je tiens la bride du peuple, regarde combien j'arrive autant à le faire miroiter des rêves, qu'à satisfaire ses envies. Tu n'as pas à subir ton peuple. Même s'il a voulu se révolter, même s'il a voulu t'écraser, comme le mien à voulu me faire subir, il faut que tu sache te montrer ferme. » Il se redressa et le regarda « Plus que ferme. Impartial. » Se décalant sur le côté, son corps rendu alors glacial, il se leva pour se laver du miasme de leurs étreintes. Ne sachant pas si Enzel allait le rejoindre il dit « Chaque race a ses secrets, chaque race a ses défauts, et il faut savoir les trouver et les exploiter, pour tourner la situation à notre avantage. Sans ça, nous ne serons que de simple porte parole, et non des dirigeants hors pair. » Plongeant dans l'eau chaude, il se transforma immédiatement. Sa nageoire, grande et longue, brillait de mille feux sous la lueur des bougies et de la magie qui éclairait chaque pièce parfaitement. Sa voix retentit alors qu'il frottait doucement son corps, et mouillait ses cheveux « Il faut que tu partes avec la force de quelqu'un qui ne doit rien à personne, et surtout pas aux tiennes. Il faut que tu te dise que si t'es là, c'est grâce à toi, et non à elles. Elles, comme je te dis, sont juste là pour prouver ta légitimité car sans peuple, pas de souverain, mais tu ne dois pas les laisser t'abattre. »

Relevant la tête, il vit dans l'embrasure de la porte, le joli fé, droit de toute sa stature. Lui souriant, il lui tendit la main, pour le faire venir dans le bain.



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Sam 11 Oct 2014, 00:30

Quel délice, quel supplice. Les mains de l'éphèbe poursuivait leur œuvre, à l'instar des miennes, me transportant davantage vers le plaisir pur, au détriment du reste. Il semblait cependant qu'il n'était pas encore venue l'heure d'abandonner la raison, et si l'ivresse du désir me consumait autant qu'elle consumait ma prudence et embrouillait mes pensées, je demeurais encore conscient des mots s'échappant des lèvres de l'être aimé, et de la profondeur de ses propos. Et il semblait que lui non plus n'avait pas encore cédé au vice de la chair, son esprit affûté comme une lame n'ayant manqué de relever l'un des secrets que mes quelques mots venaient de lui révéler, alors qu'il n'était en aucun cas propriétaire desdits secrets. Cela aurait été contraire aux us féeriques si les secrets en question n'avaient pas concerné ma propre personne. Que mon amour et mon plaisir concédaient à laisser s'échapper. Et malgré ses questions incisives, l'Ondin ne me laissa guère le temps de pondérer ma réponse, de rappeler à moi les fragments de ma raison s'effritant sous les coups du plaisir, ses lèvres venant se poser sur les miennes, brisant leur barrière et m'apportant une satisfaction de plus, au terme d'une trop longue période de privation. Et en réponse, mes mains poursuivaient leur travail, attisant le désir de l'Ondin autant qu'il attisait le mien.

Et dans cette atmosphère qui ne serait pourtant en apparence guère prêtée à des débats sur la nature du pouvoir royal, Nastaé me livrait ses propres secrets d'empereur. Sa voix mélodieuse, entrecoupée de gémissements de plaisir franchissant ses lèvres autant que les miennes, me dessinait un portrait bien précis de la nature d'un peuple, vu aux travers des yeux d'un roi. Un roi qui avait survécu aux calamités, qui avait su survivre à son peuple mais également faire survivre son peuple. Un roi de l'ancienne ère qui avançait dans la nouvelle avec autant de majesté et de dignité, inébranlable. Un roi, qui, au travers de ses paroles, insufflait en moi un courage nouveau, l'ardeur et l'envie de prendre les rênes d'un peuple pour servir ce même peuple. Mais l'ardeur d'un tout autre genre nous consuma tous deux avant que l'Ondin n'achève son discours. Les cheveux améthyste de l'éphèbe virevoltèrent dans les airs, et les mots cessèrent d'être pendant quelques instants.

Un sourire satisfait sur mes lèvres, je contemplai le visage aux traits fins de mon aimé, son souffle transportant à nouveau des mots éveillant en moi un intérêt tout autre que celui de l'homme retrouvant son âme sœur au terme d'une longue séparation. Affirmer que seul l'observation de l'exercice du pouvoir d'un autre attirait mon intérêt aurait été un mensonge, mais même après le déchaînement de nos ardeurs respectives, j'étais capable d'entrevoir les possibilités que m'offrait l'Ondin. Mon regard gris embrassant la silhouette svelte de l'Abyssum, celui-ci se levant pour se diriger vers la salle de bain, je ne cherchai guère à éteindre la flamme du désir brûlant encore intensément dans mon cœur autant que dans mes prunelles. Comment refuser de le suivre ? Mon désir n'était pas simplement charnel, non, il allait bien au-delà de ce plaisir pourtant grandement apprécié. J'aimais contempler la grandeur de cet homme que j'avais connu si fragile. J'aimais embrasser chacune des facettes de l'Abyssum, que je voulais tout entier pour moi. Et il venait de m'ouvrir la porte à bien des aspects de sa personnalité que je désirais ardemment.

Me redressant, je dévorai du regard la peau diaphane de l'éphèbe à travers l'ouverture de la salle de bain, alors qu'elle se mua presque instantanément en une queue d'écailles émeraude aux reflets iridescents. Et sa voix, chantante, ne cessait de donner forme à cette voie royale que j'étais bientôt amené à arpenter. Doucement, je me levai, mon regard encore et toujours captivé par la Sirène inestimable se languissant à quelques pas de moi dans une eau des plus agréables – il semblait que les Magiciens savaient s'y faire en matière d'hospitalité. Et sa main, tendue, me tira un sourire amusé. Car oui, quelque part, je parvenais à m'amuser de ma propre faiblesse, plutôt que de la déplorer. Ma faiblesse face à cet homme capable de malléer mes désirs les plus intimes. Et avec légèreté, je franchis les quelques pas nous séparant, et me plongeai doucement dans l'eau chaude, frémissant à son contact et me plaçai face à l'Ondin. Ma main se nicha dans celle de l'éphèbe, alors que les doigts de mon autre main, agiles, vinrent danser sur la joue diaphane de l'apollon.

« Que ferais-je sans toi... soupirai-je avec un sourire malicieux, ne parvenant cependant pas à dissimuler toute l'honnêteté de cette question rhétorique. »

Mes doigts s'éloignèrent de son visage, avant que je ne porte les siens à mes lèvres, les embrassant avec espièglerie. Tant d'abstinence m'avait rendu aventureux et joueur. Pourtant, il demeurait en moi une part d'incertitude.

« C'est mon peuple qui me porte là où je vais... fis-je, interrompant mes baisers, mon regard baissé sur les doigts fins de l'Ondin. C'est pour lui que je porterai la couronne. S'il a besoin d'une main ferme, alors... »

Je n'achevai pas ma phrase. En quittant le Manoir Taiji, jamais je n'avais imaginé avoir un jour à parler et agir au nom d'un peuple, pour ce peuple. Jamais je n'avais imaginé que je finirais par suivre cette voie de l'excellence tracée pour chacun des Taiji né des expériences de ma divine mère. Mais les règnes successifs de Caelina et de Myrialuna avaient causé à mon peuple des torts que je ne pouvais à présent plus supporter. Leur passivité avait été l'un des principaux reproches faits à l'égard leurs règnes. Et malgré mon tempérament permissif, je n'étais guère enclin à répéter les mêmes erreurs que mes prédécesseurs. Levant les yeux, je plantai mon regard dans celui émeraude de l'Abyssum.

« Je suis issu des caprices d'une déesse, mais je n'suis au final qu'un ignorant. Apprends-moi, Nastaé. »

Un sourire, espiègle, s'était dessiné sur mes lèvres. Observer son règne, m'imprégner de sa grandeur. Apprendre la royauté. Voilà ce que je consentais à faire. Entre autres.

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