Le premier envol [quête avec Takias]

Dim 06 Nov 2011, 23:12

Aaliah regarda la jeune femme qui partie aussitôt à la poursuite du magicien-souris, son félin à ses talons. Luuna, sa fidèle louve aurait put également courir après le petit rongeur, mais cela n'était guère dans ses habitudes. La louve préférait nettement assisté à la poursuite que d'y participer. De plus, le tigre sembla s'en sortir tout seul. C'était un félin avant tout et il attrapa la souris en quelques instants, non sans avoir détruit quelques meubles sur son passage. L'ombre assista à la scène sans bouger, observant le malheureux magicien désormais prisonnier des crocs du tigre de l'elemental. Aaliah savait qu'elle ne laisserait pas son fidèle animal tuer le magicien. Comme elle, il lui fait connaitre le secret pour faire apparaitre les ailes qui leur avaient été offertes. L'ombre ne lâcha pas les yeux de la souris, attendant de voir comment Takias allait s'y prendre pour faire parler le magicien.

L'elemental laissa à son compagnon à patte, la joie de malmener le magicien pour le forcer à parler. La souris couina, se tortilla et finalement, une voix envahi ses pensées. Un simple regard vers sa compagne de route suffit à lui faire comprendre qu’elle venait de recevoir également un message mental de la part du magicien. Le message était simple, il suffisait à l’ombre de penser à l’apparition de ses ailes et celles-ci s’ouvriraient dans son dos. Une simple pensée. Tout bêtement… Cependant, n’ayant pas l’habitude de ce genre de prouesse et pour facilité ses pensées, l’ombre ferma les yeux. Elle repensait aux ailes que le magicien lui avait récemment offertes, les imaginant ouvert dans son dos comme si elle désirait s’envoler maintenant. Ce fut à ce moment là qu’elle ressentit une violente brûlure autour de son cou. Une nouvelle fois, la magie du collier la surpris, lui arrachant au passage un cri de douleur. L’ombre porta ses mains à son cou, mais la douleur s’estompa déjà aussi subitement qu’elle était survenue, comme si sa peau c’était déjà habituer à la magie du bijou. Cependant, ses mains n’entrèrent en contact avec le collier qu’à moitié ! Aaliah baissa les yeux et remarqua que le collier étincelait de mille le feu, tel une étoile filante éclairant la nuit, semblait fondre dans sa peau. Il disparut rapidement, tandis que l’ombre sentit la magie s’infiltrer en elle. Dans son dos, deux sillons lumineux apparurent ouvrant un passage pour ses nouvelles ailes. C’était une étrange sensation, agréable et dérangeante à la fois. Se sentir pousser des ailes était une chose agréable, comme une nouvelle liberté. Cependant l’ombre n’avait pas encore l’habitude d’être ailée et les plumes qui lui sortaient du dos la chatouillaient horriblement, de plus, le poids la fit basculer en avant. Elle attendit un instant avant de se redresser, faisant légèrement bouger ses ailes, ses longues plumes ébène nettoyant le sol au passage. Lorsqu’elle eut compris le fonctionnement du battement, elle se redressa sur ses pieds, tentant de trouver un nouveau point d’équilibre, le poids des ailes ayant tendance à la faire basculer soit vers l’arrière, soit vers l’avant. Finalement, elle trouva une position stable et entreprit une courte contemplation de sa somptueuse paire d’ailes neuves. Elle se rappelait le jour où Dante de Mallet avait tenté de la brûler vif. L’ange déchu avait alors contemplé le spectacle de haut grâce à ses ailes tandis que l’ombre n’avait eut que son bouclier magique pour se protéger des flammes. Une méthode certes efficace puisqu’elle y avait survécu, néanmoins très risquer puisque l’ombre n’avait put terminer dignement le combat, quelques flammes ayant meurtrie sa peau à plusieurs endroit. Depuis, ses blessures avaient cicatrisées sauf une… Intérieurement, Aaliah n’aspirait qu’à une vengeance pour soigner sa blessure la plus profonde. Non seulement, Dante avait brisé sa vie, mais en plus, après l’avoir combattue, il l’avait abandonné sur place. Une humiliation terrible. L’ombre n’était pas parvenue à assouvir son désir le plus profond et l’ange déchu avait semé le doute en elle. Cependant, elle comptait bien tout faire pour que son chemin recroise celui de l’ange déchu. Et une paire d’aile ne serait pas du luxe contre un être qui pouvait voler de par nature…

La voix de la jeune elemental ramena l’attention de l’ombre sur le magicien toujours coincé entre les crocs du tigre. Elles détenaient désormais le secret pour faire apparaitre leur ailes, elles n’avaient plus besoin du magicien… L’ombre hocha la tête, comme pour remercier l’elemental discrètement de lui laisser l’âme du magicien. Elle fit quelques pas pour se rapprocher de la souris qui se transforma soudainement en être humain. Le vieil homme tira sur ses vêtements pour se dégager de la mâchoire du félin, déchirant de ce faite le bas de sa cape. Il regarda l’ombre droit dans les yeux, l’air étrangement calme et serein, comme s’il accueillait la mort avec joie. C’était rare les gens qui voyaient la mort comme une amie venant mettre fin à une vie trop longue plutôt que comme ennemie venue vous faucher sans émotion. L’homme s’était construire une véritable forteresse au sein de la montagne pour protéger ses connaissances et faire d’étrange expérience dans la discrétion la plus totale. Mais de ce faite, il s’était également forger une barricade contre la mort. Il s’en était fait une joie et en avait largement profité avant que la vie ne lui joue un vilain tour pour avoir autant narguer la mort. Aaliah avait enfin put percer les émotions du vieil homme qui jusque là, c’était fermer totalement à l’ombre. Elle comprit pourquoi son chemin avait croisé celui du magicien. Elle ressentait sa douleur. Celle qui le rongerait de l’intérieur depuis des années. Elle ressentait également sa peine. Il savait que la douleur deviendrait plus grande encore et qu’il lui fallait désormais accepter ce qu’il avait fuit depuis tant d’années : la mort… Cette dernière était pour lui une délivrance, même s’il aurait aimé s’amuser encore un peu. Car pour lui, toutes leurs aventures n’avaient été qu’un simple jeu censé le divertir avant que ne sonne sa dernière heure.

« Tu étais mourant depuis des années » S’étonna-t-elle, ne comprenant pas l’acharnement donc avait faire preuve le magicien. L’ombre n’avait pas survécu longtemps à la douleur que lui avait infligé la perte de son aimé. Il ne lui avait fallut que quelques joues à peine pour se donner la mort et mettre un terme à la souffrance. Hors le magicien avait résisté pendant des années à une douleur qui ne pouvait nullement disparaitre avec le temps. Bien au contraire, elle allait en s’empirant tandis que la maladie s’étendait en lui.

« Je le sais, mais j’avais tant fuit la mort que je voulais trouver le moyen de l’éviter encore une fois… mais, comme tu peux le voir, mes connaissances furent impuissantes et mes expériences inefficaces. »

« Face à l’heure de la mort, il existe nul remède »

Le vieil homme hocha la tête. Cette vérité inéluctable, il en avait pris connaissance depuis peu. Il avait fait son temps et il était temps pour lui de partir. Cependant, il avait lutté depuis si longtemps contre la mort, qu’il ne parvenait plus à détruire les barricade qu’il avait lui-même forger autour de son esprit. Ce dernier refusait de cessez le combat, pourtant perdu d’avance depuis des années. Aussi, depuis, il attendait l’arrivée d’une ombre pour briser cette résistance. Il tendit les bras, prêt à mourir, laissant son esprit ouvert à l’ombre. Sur son visage, un sourire se dessina.

« Je suis heureux d'avoir put vous offrir mes dernières paires d'ailes à toutes les deux. Pour quitter ma demeure, prenez cette porte, elle vous conduira jusqu'au sommet de la montagne sans embuches. » Dit-elle en montrant d’un geste de la tête une porte qui sembla apparaitre par magie dans un coin de la pièce. « Pour redescendre de la montagne, vous avez désormais des ailes… »

L’ombre regarda le magicien et usa de son contrôle des émotions pour briser toute résistance en lui. Fini de voir la vie de manière positive. Fini de s’amuser. Fini de vivre dans l’insouciance en croyant que la vie était éternelle. Elle ramenait le magicien à la triste vérité. Il était condamné et lutter ne servait plus à rien. La douleur était là, présente depuis longtemps, il pouvait la ressentir également. Son sourire s’effaça petit à petit pour laisser place à une grimace de douleur et de tristesse. Voir les gens se démener pour franchir ses pièges l’aidait à tenir debout, mais maintenant ses genoux vacillaient. Son esprit fini par se résigner et cessa de lutter. Le cœur prit enfin conscience de la maladie qui le rongeait et mit fin à ses battements vitaux. Le vieil homme agrippa sa poitrine, tandis que sa respiration venait à lui manquer. Il s’effondra sur le sol dans un râlement rauque, énonçant un dernier merci avant que ses yeux vitreux et sans vie fixèrent le plafond de la pièce. C’était fini pour lui… Aaliah se rapprocha de lui et lui ferma les yeux, puis, elle se dirigea vers la porte sans un mot. Elle avait fait remplit son rôle d’enfant de la mort.

Comme le magicien leur avait dit, la porte menait vers un long couloir dépourvu de tous pièges, probablement celui qu’il utilisait pour sortir. Le chemin fut rapide et aisé. Aaliah avait d’ailleurs profité de cette sécurité pour communiquer par télépathie avec un membre de son espèce pour lui indiquer le chemin le plus pratique pour rejoindre le magicien. A sa sortie du couloir, il ne fallut que quelques instants au passeur pour retrouver la jeune ombre. Il fit un simple signe de la tête à l’ombre avant de s’engouffrer dans le couloir. Pas besoin de mot, il savait ce qu’il avait à faire : récupérer l’âme du magicien et la faire passer de l’autre côté. Aaliah se retourna ensuite vers Takias et son tigre…

« On se reverra un jour, mais je n’oublierai pas ton aide… » Lui lança-t-elle simplement sur un ton moins froid que d’habitude, bien que loin du dialogue chaleureux entre ami. Aaliah savait qu’une ombre ne se faisait pas d’ami, de plus, elle préférait nettement sa solitude. Néanmoins, elle savait qu’elle pouvait faire confiance à la jeune elemental qui lui avait laissé l’âme du magicien et qui l’avait aidé à surmonter les obstacles. Mais cela, elle n’allait pas le lui confier, préférant la phrase habituelle de la mort. Les ombres finissaient toujours par revoir ceux qu’elles avaient un jour côtoyé, pour une raison ou pour une autre…

Et d’un battement d’aile, la grande faucheuse disparut dans le ciel…

Spoiler:

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