« Tu veux un verre d'eau ? » Lorcán secoua la tête par la négative. Il ne se sentait pas d'avaler quoi que ce soit. Il s'était assis sur une chaise qui traînait et son regard vide fixait le labyrinthe dont il venait de sortir. « Ça va, t'es sûr ? T'as l'air... Bon pas tout pâle vu ta peau, mais chiffonné. C'était juste pour rire, tu sais. Je sais pas ce que t'as fait pour vexer Pépita à ce point, mais de toute façon, il fallait bien placer Muscarine avec quelqu'un. » « Ne prononce pas son prénom. » « Qui ? Pépita ou Muscarine ? » « Les deux. » soupira l'Alfar avant de plonger le visage dans ses mais pour frotter ses yeux. Son confrère eut une moue compatissante. « Ça s'est si mal passé ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? » « Je préfère ne pas en parler. » fit-il gravement, la douleur marquant chacun des muscles de son visage. « Et Lana était avec qui ? » « Léonidas. » « Qui ? » « C'est le fiancé de Muscarine. » « Que... » « Oui, ils étaient ensemble à la base. » « ... » « Désolé. » ajouta-t-il rapidement mais avec trop d'hilarité contenue dans la voix pour que ça paraisse sincère. « Et là, j'espère que je suis avec elle ? » « Euh, les duos ont déjà été formés pour la partie maquillage. D'ailleurs, faudrait que t'y ailles, sinon elle va t'attendre. » « C'est qui cette fois ? » « Melissandre. » « ... C'est pas celle qui vole des sous-vêtements à je sais plus qui ? » « Euh, je sais pas, t'auras qu'à lui demander ! » « J'ai pas envie d'y aller. » geignit Lorcán, les épaules toutes affaissées. Même ses cheveux paraissaient plus ternes.
« Bonjour. Melissandre, c'est ça ? Je m'appelle Lorcán, je crois qu'on ne s'est jamais parlé encore. Tu ne m'as pas trop attendu ? » Soulagé de l'apparence normale de sa nouvelle partenaire, le roux s'assit et écarta les cuisses en voyant qu'il n'aurait pas la place pour ses jambes tant les deux tabourets étaient proches. Il jeta un coup d'oeil aux instructions et au matériel sur la table et fit la moue en regardant la marque de maquillage. « Humf, c'est du premier prix. Ça risque de nous donner des boutons... Heureusement, je savais à quoi m'attendre et j'ai ramené mes propres affaires. » Il prit la sacoche qu'il tenait à la main et la vida de son contenu sur la table après avoir repoussé le reste. « Alors, c'est vrai ce qu'on dit ? » fit-il l'air de rien avant de prendre une palette de fards colorés dans sa main. « Tu voles les sous-vêtements de Gyzyl ? » Il la regarda, évaluant à la fois la forme de son visage mais aussi son expression à l'entente de sa question. « Tu l'aimes ? C'est un peu étrange quand même de faire ça. De la part d'un Démon ou d'un Sorcier, ou à la rigueur d'un Luxurieux, pourquoi pas. Je ne connais pas trop Gyzyl, c'est la dingo, non ? Pire qu'une Réprouvée, il paraît, elle change de caractère autant que je change de bijoux. T'es attirée par les filles alors ? Ou les garçons, ça te plaît aussi ? J'espère en tout cas. Même si j'avoue qu'après mon expérience dans le labyrinthe, je n'ai plus le coeur à ces choses. Je veux juste revenir à mon dortoir, me laver, et oublier. J'étais avec... avec... Muscarine. » Il eut un frisson rien qu'en le disant. « Bon, voyons voir. Avec ton pyjama noir et rouge, il vaut mieux rester dans ces couleurs, mais avec une touche de doré. Le mieux, c'est que tu gardes la capuche sur ta tête parce que la couleur de tes cheveux jure horriblement avec le reste. Ne bouge pas. » Il se pencha et commença à passer délicatement les couleurs du bout des doigts sur son visage.
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Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2460 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Lun 13 Nov 2023, 13:06
Rien de tel qu'un makeover pour se remettre d'un traumatisme
On lui avait dit d'attendre ici, dans cette petite pièce qu'on avait refermée derrière elle, lui informant que son nouveau partenaire ne tarderait pas à arriver. Lorcán de son petit nom. Melissandre avait ainsi tenté de deviner son identité raciale de cette unique information qu'on lui avait donnée. Derechef elle avait éliminé les Humains avec tristesse. Les Magiciens et les Sorciers ensuite. Puis les Anges et les Orines. « Y a plus beaucoup de race à tendance bénéfique restante ». L'adolescente grimaça en se trouvant confronté à cette réalité. Elle tenta de se remémorer ce qu'elle avait lu dans le livre des rumeurs. Elle n'avait cependant pas souvenir d'avoir lu ce nom. Il fallait dire que certains revenaient particulièrement souvent et éclipsaient de ce fait les autres. Alors qu'elle commençait à tourner en rond et s'impatienter, la porte s'ouvrit enfin sur le garçon. Un Alfar, donc. Une espèce que certains disaient parfois en voie de disparition tant on en voyait peu. Du moins jusqu'à ce que tous décident de sortir de leur cachette.
D'un hochement de la tête, l'albinos confirma son identité, les sourcils froncés, indisposée par la différence de taille qui les séparait. Y avait-il idée d'être aussi haut qu'un chameau ? « Non, je crois pas. » répondit-elle. Elle n'en savait trop rien. Elle n'avait pas de montre pour suivre l'écoulement du temps et celui-ci était trop relatif pour se fier aux impressions. Ça n'aurait de toute façon pas changée grand-chose qu'elle lui signalât que, si, il s'était fait attendre. « Tu crois que c'est vraiment une teub qu'il a dans le froc ? » - « Il a l'air de particulièrement s'y connaître en produits de beauté pour un Alfar. ». C'est vrai qu'il aurait s'agit d'un Humain ou d'un Déchu, la chose aurait été moins étonnante. Les Alfars étaient aussi réputés que les Sorciers concernant leur niveau de tolérance envers la différence. « De quoi il se mêle ? » - « Pervers. » - « C'est lui qui a lancé la rumeur ? » - « C'est lui c'est sûr. ». Là où elles s'offensèrent, Melissandre leva les yeux pour détailler l'expression de son vis-à-vis. Il semblait être assez indifférent à cela et elle ne réagit que trop tard pour répondre. Déjà le roux s'était lancé dans une longue tirade où elle fut incapable d'en placer une. Intérieurement, elles se mirent à moquer son flux intarissable de parole. Melissandre les laissa s'exprimer sans broncher. Elles n'avaient pas tout à fait tort. L'Humaine attendit simplement qu'il se concentrât sur son ouvrage pour enfin intervenir.
Debout face à lui, faute de faire une tête en moins si elle s'était assise comme lui, l'adolescente demeura immobile à le laisser dessiner son visage et ce malgré leurs contestations et mise en garde. Pour une fois elle n'en tint pas compte, principalement à cause de sa confession sur l'horreur que fut son épreuve précédente. « Ah, c'est pour ça. Je me disais que tu étais bien pâle pour un Alfar. » déclara-t-elle, incapable de lui donner tort en disant qu'il devait exagérer. « Muscarine a emménagé dans mon dortoir il y a quelque temps. ». dévoila-t-elle en retenant une grimace afin d'éviter de gâcher le maquillage. Elles s'appliquèrent à exprimer son dégoût profond pour cette truie. Personne n'approchait ni de prêt ni de loin son couchage, et celle-ci ne se gênait pas pour en profiter largement. Il y avait bien trop de Sorcière dans sa chambre de toute façon. « Tes cinq minutes d'horreurs sont mon lot quotidien. » ricana-t-elle alors, cynique. Parfois elle se demandait jusqu'à quelle profondeur s'enfoncerait un index si on appuyait sur sa peau. Est-ce qu'elle éclaterait comme une baudruche si on y plantait une aiguille ? « J'ai un compte à régler avec elle. Elle m'a bousillé une paire de chaussures en vomissant dessus. » fit-elle en fermant les yeux lorsqu'il s'appliqua à farder ses paupières. « Pourquoi tu l'as pas encore fait d'ailleurs. » - « Qu'elle explose cette dinde, c'est la meilleure chose qui puisse lui arriver. » - « Je suis pas décidée de la façon dont lui rendre l'amitié. » ajouta-t-elle tant à l'intention de Lorcán que d'elles.
Lorcán esquissa une grimace compatissante. Il préférait ne pas imaginer à quoi devait ressembler une chambre où Muscarine était, cela valait mieux pour éviter les cauchemars. « J'ignore comment tu fais. À ta place, je trouverais une manière de lui faire changer de chambre, ou bien je demanderai à changer. » C'était certain. Lorcán détestait l'absence d'hygiène. Il n'était pas très ordonné, mais la propreté et l'odeur étaient deux choses sur lesquelles il se montrait intransigeant. Heureusement, cela ne posait pas trop de problèmes avec ses colocataires. Zeryel, dans sa quête pour devenir Monsieur Parfait, s'arrangeait pour que jamais ses affaires ne dépassent son côté et était relativement plus propre que la moyenne pour un adolescent ayant grandi avec ces sauvages de Réprouvés. De toute façon, il était rare qu'ils soient finalement tous ensemble dans le dortoir, sauf pour dormir.
« Elle a quoi ? Par Dothasi, mais il faut la mettre sur un bûcher ou la crucifier comme leur précédent souverain. » persifla l'Alfar, la bouche tordue vers le bas pour manifester tout son dégoût. Finalement, il préférait sa salive à son vomi. Si elle lui avait vomi dessus dans le labyrinthe, il s'en serait probablement évanoui. L'odeur, l'aspect, la texture. Il réprima un frisson et se sentit nauséeux rien qu'à l'imaginer. « Mmh, tu as bien raison. » approuva-t-il. « Voilà, j'ai fini. À ton tour. » Il se recula sur son tabouret et attendit, les mains sur ses cuisses. « Si tu veux, on peut se venger ensemble de Muscarine. Comme tu es dans son dortoir, tu dois savoir des choses sur elle. On devrait pouvoir trouver son point faible. L'AAAP m'a dit tout à l'heure qu'elle était fiancée avec Léonidas Taiji, je crois que je l'ai déjà aperçu. Il est plutôt beau garçon, mais va savoir combien de temps ça va durer. Leur magie a tendance à les enlaidir. » Et il n'aimait pas beaucoup qu'il ait été sélectionné pour accompagner Lana pour la traversée du labyrinthe. Il devait y avoir un moyen de jouer un tour à Muscarine qui, d'une façon ou d'une autre, retomberait aussi sur son fiancé. « Tu sais si Muscarine est amoureuse de quelqu'un ? On pourrait lui faire croire que quelqu'un s'intéresse à elle ? Glisser des lettres de confessions d'amour dans ses affaires. D'abord anonymes pour susciter sa curiosité, puis ensuite on y mettra le nom. Qui a du succès en ce moment ? Adriæn ? Ça pourrait fonctionner. L'AAAP essaie de faire des duos combinant les Sorciers et les Ondins, disons que ce sera ma contribution à leurs efforts. On aura qu'à écrire les lettres ensemble et tu t'arrangeras pour les mettre dans ses affaires. Tu es d'accord ? »
Message II | 469 mots
Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2460 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Mer 22 Nov 2023, 23:15
Rien de tel qu'un makeover pour se remettre d'un traumatisme
Melissandre esquissa un léger mouvement de tête sur le côté lorsque son vis-à-vis lui fit part de l'horreur que ce devait être d'être dans cette chambre. Ça l'était. Elle refusait cependant de laisser tant de Sorcières ensemble. Et puis, elle avait un petit avantage pour elle : elle était Humaine. En cela, on avait tendance à ne pas trop s'aventurer dans son propre espace vital, aussi faible soit son anti-magie. Il était néanmoins vrai qu'il lui était déjà arrivé de songer qu'elle ne pourrait pas supporter cela trop longtemps non plus. « Le bûcher serait plus efficace. Avec toute sa graisse, le feu prendrait facilement. » déclara-t-elle à mi-chemin entre l'humour et l'approbation d'une telle idée. « Surtout que la crucifixion n'a pas été d'une grande efficacité sur l'ancien Empereur Noir. ». Il n'y avait pas de miroir à disposition pour que l'adolescente puisse voir son nouveau visage. Elle lui fit tout de même confiance, chose que d'autres auraient qualifiés de folie. Néanmoins, si les Alfars étaient réputés pour la cruauté dont ils pouvaient faire preuve, ils l'étaient également pour leur sens aiguisé de l'art. Le maquillage en était une forme parmi de nombreuses autres. Son regard se posa sur les différents éléments que constituaient la trousse de Lorcán avant de chercher l'inspiration dans les modèles présentés. Elle n'avait pas l'habitude de maquiller des peaux foncées. Aurait-elle hérité de la génétique de ses parents, la chose auraient été plus simple. Elle commença ainsi par la base, d'après ce qu'elle avait pu observer chez ses pairs, à savoir, apposer une base sur des zones spécifiques afin d'éclaircir son teint, principalement autour des yeux, et relever la couleur des pigments qu'elle appliquerait. En même temps qu'elle s'afférait à ce maquillage, elle écouta avec attention la suggestion de son partenaire. Un rictus étira alors ses lèvres. « S'associer avec ce type ? Vraiment ? » - « L'idée est bonne. » - « Toi aussi tu as vécu ça, tu connais. » - « On peut pas le croire. C'est un Alfar. » - « Justement, personne n'imaginera que cette association ait pu se faire. » - « Et s'il nous trahit ? » - « On est le maillon qui lie la lettre à sa destinataire. » - « S'il nous fait un coup de pute on a juste à changer l'identité de l'admirateur pour y mettre le sien. ». Les arguments qu'elles avançaient étaient largement en faveur d'accepter l'offre de son vis-à-vis. Aussi le sourire de l'albinos s'élargit comme elle planta son regard dans celui du roux. « Je ne crois pas qu'elle lorgne sur quelqu'un en particulier. En fait, ce n'est pas le genre de personne dont je me soucis de la vie intime. » qu'elle supposait inexistante. Les choses allaient changer à partir d'aujourd'hui. La soirée à venir serait un excellent début pour se renseigner. « Cette idée peut être bien. Elle est surtout facile à mettre en place. ». Il ne suffisait que d'un papier et un stylo, ce dont l'établissement ne manquait pas. « Avant de passer directement aux longues déclarations d'amour, on devrait glisser des petits messages courts. Ceux qui se glissent facilement de façon discrète dans un sac ou une trousse pour attirer l'attention. ». Avec un peu de prestidigitation, la chose serait aisée à faire. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait quelques tours, mais c'était le genre de chose qui revenait rapidement. « Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'écrire ces messages ensemble par contre. Ça pourrait donner quelques soupçons. ». En pleine réflexion, elle avait cessé son maquillage, se tapotant le menton du bout du pinceau. « Ou alors... Si ! Je sais ! Tu as rejoins quel club ? Je m'y inscrirais, ça donnera une excuse de nous voir régulièrement ensemble. Ça ou on simule d'être en couple. » rit-elle, à nouveau à moitié, en finissant le maquillage de son vis-à-vis. « J'ai terminé. ». Elle tourna le visage vers la porte. Avaient-ils entendu la conversation dehors ? Elle avait omit cette possibilité. « Sûr ils nous ont écoutés. » - « Non, ils sont trop cons pour y penser. ». Sans réponse claire à cette interrogation, Melissandre se redressa en réajustant la capuche de son habit. « Allons-y, partenaire. » appuya-t-elle ce dernier mot non sans amusement.
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