Contrarié était un euphémisme pour décrire l'état dans lequel Nel quitta le labyrinthe. Ce Magicien n'était qu'un sale coincé du fion, un ramassis de pudeur pire qu'Angélique, juste un con incapable de prendre les choses autrement que trop sérieusement. Et ce type était du Charbon aussi ? Elle espérait sincèrement qu'il n'imaginât pas que cela lui donnait une forme d'immunité vis-à-vis d'elle. La règle était claire : s'il s'éloignait, s'il faisait la route seul, il lui devrait un gage. Elle en riait d'avance. Elle n'était pas la plus douée en mathématiques, mais ce calcul-ci demeurait facile à faire : de son action il avait tiré plus de risques que de bénéfices. Il ne l'aimait pas ? Elle s'en foutait royalement. Elle allait même lui donner une véritable raison de la détester puisqu'il y tenait tant. « Ah, te voilà. ». Tu te tournes vers l'étudiant au bout du tunnel qui venait t'accueillir et qui peinait à maintenir le contact visuel. La Déchue s'amusa de le voir le visage en feu et l'air troublé. Quel regard avait-il pu jeter à Johânnes en le voyant passer ? « Tu es Nel, c'est ça ? ». La brune approuva d'un signe de la tête. « Ok, suis-moi, la suite c'est là-bas. » - « Sir Porcelet s'y trouve aussi ? » - « Sir Por- Ah ! ». Le garçon retint difficilement un rire moqueur à ce sobriquet en comprenant qui était concerné. « Non, les binômes changent après le labyrinthe. Maintenant tu es avec Gustavo de la Torpilla. Un Déchu aussi. Vous devriez bien vous entendre du coup. ». Pour ne pas dire mieux. Ce ne devait pas être trop difficile non plus de toute façon.

En ouvrant la porte du cabinet, l'étudiant fit un rapide topo de ce qui attendait la Luxurieuse avant de la laisser seule et découvrir la pièce en attendant son nouveau partenaire. Elle avisa d'abord la table et l'ensemble du nécessaire à maquillage. Un message s'y trouvait également. Un sourire lascif étira alors ses lèvres en lisant son contenu, songeant déjà à la caresse des doigts de son binôme sur sa peau, au frisson délicieux qui les accompagnerait et aux possibilités qui s'offriraient à lui alors que son kigurumi dissimulait une palette entièrement nue et prête à accueillir l'artiste sur chaque parcelle. « Ah, merde , c'est ça j'ai oublié ! » se fit-elle en tapant son front du plat de la main. Il y avait une chose qu'elle devait dire au bénévole et qui avait son importance : elle n'avait plus de potion inhibitrice. L'ensemble des flacons s'était brisé lors de sa chute dans le labyrinthe. Elle verrait ça après, tant pis.

La porte s'ouvrit derrière Nel qui pivota pour découvrir son nouveau partenaire. Charmant fut le premier adjectif qui lui vint en tête en le voyant, rictus assuré sur les lèvres et lueur pleine de confiance dans le regard. Luxurieux également ? Orgueilleux peut-être ? A moins qu'il ne s'agisse d'un Gourmand ? Dans tous les cas, déjà son esprit vagabondait sur des aires où les vêtements étaient de trop. « Bonsoir ! » salua-t-elle, bien plus guillerette qu'à son arrivée dans la pièce. « Ils t'ont expliqué le but de ce jeu ? » continua-t-elle en s'installant sur l'une des chaises. Elle croisa les jambes d'une façon exagérément provocatrice. « T'as une préférence sur la façon dont tu veux être maquillé ? ». Elle ne s'attarda pas sur le mot pour l'instant. Elle voulait lui laisser la surprise d'en découvrir son contenu et savourer le genre de réaction qu'il aurait. « Ta partenaire t'a empêché d'enfiler ta combinaison ? » questionna-t-elle en posant son regard sur le vêtement, essayant d'en deviner la forme. Ses yeux finirent leur course, comme chaque fois qu'elle détaillait un homme, sur son entrejambe. Et comme chaque fois elle en imagina la taille, la forme. Elle se visualisa la situation, les configurations possibles. Elle n'avait plus envie de jouer le jeu de l'AAAP à présent. C'était maintenant qu'une potion aurait été la bienvenue.

Parmi les péchés qu'envisageait Nel concernant son vis-à-vis, elle élimina à présent la Gourmandise. Ne demeurait plus que la Luxure et l'Orgueil, et c'était tant mieux. Les Gourmands avaient tendance à satisfaire leur plaisir personnel avant celui de l'autre. L'avantage principal qu'il y avait avec eux, c'est qu'ils faisaient partie des partenaires les plus infatigables. Le sexe pouvait s'avérer particulièrement addictif, or l'addiction était le plus gros point faible des Gourmands. Néanmoins les Orgueilleux savaient se montrer endurant également. même si ça tenait plus du défi dans leur cas. Un Orgueilleux ne pouvait se permettre de tenir seulement cinq minutes ou de ne supporter qu'une séance. C'était bien trop blessant. Il était donc assez commun de voir ces derniers prendre une potion d'endurance ou afin de bander plus facilement et plus longtemps, voir même les deux en même temps. Ainsi ils pouvaient se vanter devant tout le monde de leur performance dépassant celle des plus grands Luxurieux, y compris en ce qui concernait la jouissance du ou de la partenaire. Il y avait quelque chose qu'ils n'avaient cependant pas. Les Luxurieux étaient particulièrement imaginatifs en matière de sexe. Le corps nu de l'autre était comme un jeu et ils avaient tant exploré le leur et celui des autres qu'ils connaissaient chacune des parties sensibles d'un corps humain. On disait que certains étaient même capables de faire jouir sans même toucher ses partenaires. Un regard, un souffle pouvait être aussi agréable qu'un cunnilingus ou une fellation, et aussi intense que les allez et venu d'une verge. Ils connaissaient les limites et, en cela, pouvaient enchaîner les partenaires et les séances sexuelles en se fatiguant moins et sans potions pour aider.

Du moins, c'était ce qu'elle avait entendu. Ses expériences se limitaient pour l'instant à des Déchus de son âge, donc moins mâture. Aussi les Orgueilleux l'avaient, pour l'instant, toujours déçue à cause des attentes qu'elle en avait. Les Gourmands, elle n'en parlait même pas. Ils étaient si pressés qu'ils étaient incapables de tenir l'allure qu'on lui avait vantée. Enfin les Luxurieux, et elle se comptait évidemment dans le lot, étaient si avides que c'était à peine s'ils prenaient le temps de caresser le corps de l'autre. De ce fait, elle avait arrêté d'attendre après ses partenaires, quels qu'ils fussent. Ce qu'elle regrettait Avalon à cause de ça.

La remarque sur son costume la fit sourire. Même sans cet accoutrement elle avait des remarques du genre. « J'ai failli avoir un costume de cochonne, mais je crois qu'ils se sont dit que ce serait trop exagéré. » commenta-t-elle dans un rire. Elle préférait celui-ci de toute façon. Souvent c'était péjoratif quand on utilisait l'adjectif de cochon. Manger comme un cochon, faire des cochonneries, des cochoncetés, bande de cochons... Non, elle n'aimait pas ça. Elle préférait clairement qu'on la traite de chienne, oui. Que l'on dise qu'elle était en chien. On utilisait ces termes uniquement pour parler de sexe d'ailleurs, à l'inverse du cochon. « Hum ... ». La réflexion n'apaisa pas sa Luxure croissante. Au contraire même. Sans mise en garde préalable, elle s'assit sur les cuisses du Déchu. Déjà elle sentait son entrejambe humide. « J'ai oublié de me maquiller avant de venir. Peut-être un peu de rouge sur les lèvres pourrait être pas mal. ». Si son corps répondait instinctivement à son désir, elle tentait malgré tout de rester concentrée sur ce qu'ils devaient réellement faire. C'était difficile. « Compléter le costume en me dessinant un museau aussi. ». Vraiment, vraiment, vraiment difficile. Son cœur palpitait avec force dans sa poitrine et son bas-ventre l'embrasait tant que ça devenait insupportable de demeurer à cette distance sans rien faire. « Sinon un cunni. » lâcha-t-elle finalement, à bout de volonté et activant déjà ses doigts sur le vêtement du Déchu pour le débarrasser de son haut. Ça ne faisait pas partie des consignes. Elle s'en foutait royalement à présent. Les règles étaient faites pour être brisées après tout. « C'est ça que je veux. » soupira-t-elle en dézippant son vêtement pour révéler sa peau à nu. Il était plus jeune qu'elle. Elle se demanda même s'il avait déjà couché avec une fille. Il y avait une première fois à tout de toute façon. Elle se saisit des mains du garçon pour les plaquer sur ses seins avant de défaire le lacet de son pantalon. Au moins, cette fois-ci, son partenaire semblait réagir favorablement à sa supplique, de toutes les manières que ce soit.

Qu'avait dit ce type de l'AAAP déjà ? Qu'ils devraient bien s'entendre ? La supposition de ce garçon était bien en-dessous de ça. Nel accueillit les lèvres du Déchu et répondit à son baiser avec la passion, l'avidité et l'impatience des Gourmands. Là où l'on cherchait surtout à inhiber sa libido, ou du moins à la repousser lorsqu'elle commençait à devenir trop pressante, son partenaire actuel prenait un malin plaisir à l'exciter. Il y aurait des choses à redire, certes. Il pétrissait ses seins avec la délicatesse du boulanger et son pain et malaxait ses fesses aussi tendrement que le pâtissier qui homogénéisait la pâte de ses biscuits. C'était cependant secondaire à son esprit. Tant qu'il la faisait jouir, la méthode employée pour ça lui importait peu. Elle ne l'avait en vérité pas attendu pour ça et son bassin ondulait déjà sur les cuisses de l'Orgueilleux, le frottement du tissu sur son entre-jambe lui tirant déjà quelques gémissements étouffés par sa bouche collées à celle de Gustavo. Une main remplaça finalement le tissu. Elle ne cessa cependant pas ses va et viens, accompagnant ainsi les frottements des doigts sur son intimité que le brun arrêta bien trop tôt. Son membre d'abord entre ses doigts, elle se redressa sous l'impulsion de l'adolescent pour se débarrasser définitivement de son habit. Que lui soit à peine dévêtu n'avait pas beaucoup d'importance. Le principal était là et ça lui suffisait. Sans perdre une seconde, elle se laissa empaler par le sexe du Déchu, retrouvant dans une expiration de volupté le contact de sa langue. Une main dans les cheveux de son partenaire, de cours gémissements lui échappaient à intervalles réguliers, conséquence de sa peau nue glissant sur celle du torse dénudé du Déchu. Le froid de l'air toucha ses lèvres sensibles lorsqu'il écarta son visage. Déçue d'abord, son plaisir ne pu finalement que mieux s'exprimer. Mais ce n'était pas encore assez. Elle glissa sa main sur son entrejambe pour reprendre les caresses où Gustavo les avait arrêtés, Entre les coups de reins de l'un et le plaisir qu'elle s'offrait, elle sentit l'extase monter rapidement et la jouissance l'accompagner. Elle commençait également à se sentir bien plus légère, sa libido enfin satisfaite.

Nel fut plutôt triste lorsqu'elle sentit l'érection de l'adolescent prendre fin. Déjà ? Sa concupiscence était peut-être apaisée, elle n'en demeurait pas encore assez rassasiée pour que la Luxurieuse soit tout à fait apte à penser à autre chose qu'à l'entrejambe de tous. Au maquillage, donc. Forcée de laisser le garçon s'extraire d'elle, elle profita de cette seconde où elle se souvint de l'activité de base et où il se rhabilla pour s'emparer d'un rouge à lèvre vif qu'elle appliqua. « Comme ça ils auront rien à dire sur le maquillage. » fit-elle en revenant vers lui pour l'embrasser sur les lèvres avant de descendre dans son cou où elle s'attarda pour y laisser un succion, une main retrouvant instinctivement le contact du sexe de son vis-à-vis. « Je sais pas toi mais moi je me sens déjà mieux. » déclara-t-elle comme après une bonne sieste. Parfois cette nécessité de jouir pouvait se trouver vite pesante quand on la contraignait à ne pas pouvoir suivre sa Luxure. Les potions inhibitrice, bien qu'atténuant le phénomène, avait pour terrible effet d'avoir l'impression d'un étau serré autour d'elle. Il n'y avait ainsi rien de plus efficace que le sexe. De fait, elle ajouta Gustavo à sa malheureusement trop courte liste des personnes sur qui compter. Tranquillement elle se rhabilla, prenant le temps de laisser l'émotion retomber avant de devoir à nouveau se confronter à la mièverie de l'AAAP. Le choc serait trop brutal et difficile à supporter.