Juste un petit peu d'amour rien que pour moi

JUSTE ! Un petit peu d'amour dans ton cœur ! JUSTE ! Un petit peu d'amouur forrevveeerr !

Adriæn attacha les derniers boutons de sa chemise. Il pencha la tête sur le côté, tout en se contemplant dans la glace. Ses doigts lissèrent son col avant de revenir sur leur pas. Ils détachèrent le dernier bouton pour laisser la visibilité sur le creux de sa gorge. Il attrapa sa cravate, fit le nœud mais ne le serra pas autour de son cou. Il laissa du jeu. Devant la glace, il s’entraîna à sourire. Ce n’était pas si évident. Il ne ressentait pas grand-chose. Il s’esclaffa, comme s’il riait à une blague, avant que les traits de son visage ne redevinssent parfaitement sérieux. Il continua encore un temps, corrigeant ce qui n’allait pas dans son expression ou sa gestuelle. Tout ceci n’était qu’une question d’entrainement. Il mimait les autres pour tout ce qui était positif. Il y avait des moments où il se sentait bien, mais ces moments n’étaient jamais à l’avantage d’autrui. Lorsqu’il touchait Johannês, il ressentait un début d’adrénaline. Celle-ci avait été on ne peut plus haute le jour où il avait dépassé de nouvelles limites. Son problème résidait dans cette forme d’accoutumance qui s’imposait à lui. Au début, regarder son ami dormir lui avait suffi. Puis il s’y était habitué. Il n’y avait plus ressenti le moindre frisson. La sentence était irrévocable : il lui en fallait toujours plus pour se sentir exister.

« Bonjour, je suis Adriæn Kælaria. On s’est déjà croisés je crois… » dit-il, un beau sourire sur le visage. Il fit signe à la jeune fille de s’asseoir et sortit de sa veste un petit cadeau qu’il fit glisser sur la table avant de s’installer. « C’est trois fois rien mais je me suis dit que, quitte à participer à l’événement, autant se prendre au jeu jusqu’au bout. » Il avait acheté quelques bijoux pour l’occasion, qu’il avait fait emballer dans des boîtes différentes. Les boucles d’oreille qu’il venait de confier à Hélène étaient dorées, avec une imitation de saphir. Il avait décidé que le présent serait pour elle dès qu’il l’avait vue. Quant à la raison de sa venue, il n’allait pas l’avancer. Il ne voulait pas que les jeunes filles se sentissent vexées par son manque d’intérêt initial. De plus, comme il n’aimait pas perdre, et qu'il avait perdu contre Sympan, il avait préféré oublier cet événement et déformer l’histoire à sa convenance ; autrement dit, il était ici de son propre chef.

D’un geste, il plaça son coude sur la table et posa sa joue dans sa paume. Il la regarda, en veillant à avoir l’air ouvert. « Alors ? Qu’est-ce que tu aimes faire dans la vie ? » Il lui sourit pour l'encourager, tout en ajoutant une question, au cas où elle ne se sentît pas à l'aise avec la précédente. « Tu as une idée de ce que tu aimerais faire plus tard ou pas encore ? Personnellement, j’aimerais devenir médecin pour sauver le plus de vies possible. Je trouve ça important. »

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Juste un petit peu d'amour rien que pour moi

JUSTE ! Un petit peu d'amour dans ton cœur ! JUSTE ! Un petit peu d'amouur forrevveeerr !

« Ce n’est rien. » avait-il répondu, lorsqu’elle avait avoué ne rien lui avoir amené. C’était même mieux. Elle lui était à présent redevable, même inconsciemment. L’idée lui plaisait. Aussi, contrairement à d’autres, Adriæn n’était pas dérangé par le Ma’Ahid d’Hélène, l’Humaine ailée. Il n’utilisait pratiquement jamais sa magie. En cause : sa faiblesse. Le fait que celle-ci eût totalement disparu ne lui avait donc rien fait, qu’une impression vague de manque, comme la sensation qu’il avait oublié de faire quelque chose.

« Vraiment ? Je suis heureux qu’elles te plaisent. » lui dit-il, toujours souriant. Il la regarda faire, un sentiment d’appartenance naissant en même temps dans son esprit. « Nous sommes deux alors. » Lui aussi aimait étudier. Il se servait simplement de ses connaissances contre les autres et, surtout, pour arriver à ses fins. De plus, il avait à cœur d’arriver à s’entourer de nombreuses illusions. Dans sa tête, il devait impérativement devenir le plus parfait possible, en apparence du moins. Il pêchait encore dans de nombreux domaines mais, avec de l’entraînement, il finirait par réussir. Il y avait toujours moyens d’améliorer son physique, de devenir plus agréable et plus talentueux. Manier la fausse modestie faisait également partie de son idéal. « La difficulté ne me fait pas peur, surtout quand c’est pour réaliser mes rêves. » lui précisa-t-il.

Il se laissa légèrement tomber en arrière sur sa chaise quand elle lui demanda depuis quand il désirait devenir médecin et comment il avait eu l’idée. « Tu risques de rire mais… Je ne sais pas si tu connais Johannês. C’est mon meilleur ami. Quand on était petits, on jouait souvent au docteur. Ça m’est venu comme ça. » Il ne pensait pas vraiment à la profession de médecin en disant ça. Il parlait plutôt de l’envie de le posséder. « Scientifique ? C’est intéressant. J’ai un colocataire qui veut l’être. Après… entre nous, j’ai quelques doutes quant à la réalité de son sens de l’éthique… » Il aimait voir briller ses yeux. Ça lui donnait envie d’écarter ses lèvres pour y faire pénétrer son doigt.

Il se redressa lorsqu’elle lui fit les aveux d’une expérience. « Oh je vois. Tu n’es pas là pour te trouver un petit ami alors ? C’est dommage. Tu risques de briser des espoirs. » Il lui sourit néanmoins. « Et… si ce n’est pas trop indiscret, tu penses que l’AAAP nous a mis ensemble pour quelles raisons ? » Il n’avait pas cherché à comprendre le fonctionnement des placements. En y réfléchissant, soit ils avaient procédé au hasard soit, effectivement, il y avait des raisons derrière le roulement. Une Humaine et un Ondin, objectivement, ça n’avait aucun sens. « En tout cas, si tu cherches à étudier les Ondins à l’avenir, je serais ravi de t’aider. » Il lui sourit.

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