Il m'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout !

☙ BØRNS - Just In Case I Love You

Nerveusement, Susannah se frotta le cou. Comme beaucoup d'autres, le sien était décoré d'une multitude d'entailles dont la provenance était évidente. Le même phénomène apparaissait sur ses bras. Elle s'estimait chanceuse cependant. Certains s'étaient réveillés poisseux de sang comme s'ils s'y étaient baignés. D'un coup d'oeil jeté en biais, elle nota l'absence de ces marques sur Johannês. Un peu plus tôt, l'air de rien, elle l'avait arraché à son éternel groupe d'amis en prétextant qu'un des professeurs encadrants souhaitait les voir pour leur soummettre un exposé à présenter à leur retour. Fière de son idée, son mensonge avait perdu de sa superbe quand elle s'était mise à trébucher sur ses mots et avait fortement rougit en lui adressant la parole. Il lui était difficile de l'approcher sans souffrir de mille réminescences de leur soirée. Même la migraine morcelant son front le lendemain n'avait pu se vanter d'avoir chassé l'adolescent de ses pensées ou le sourire bête qui fleurissait sur ses lèvres régulièrement et sans raison particulière.

Elle les guida jusqu'à une rue, puis une autre et ainsi de suite jusqu'à juger qu'ils étaient suffisamment éloignés pour révéler le subterfuge. « Il n'y a pas de professeur, je cherchais juste un prétexte pour te parler. » Un sourire malin releva les coins de sa bouche. Elle était heureuse de le voir malgré sa nervosité. « Je ne t'ai pas vu au Bal. » fit-elle en essayant de ne pas trop montrer sa déception. Dire qu'elle n'avait pas fantasmé danser dans ses bras aurait été un mensonge plus gros qu'elle. Son imagination avait galopé toute la nuit suivant leur rencontre, elle l'avait même imaginé lui confesser son amour au beau milieu d'une valse. Elle aurait posé la main sur sa poitrine et aurait déclaré avoir besoin de temps pour répondre à ses sentiments. Son oreiller avait été la victime malgré lui de l'intense maëlstrom émotif qui l'avait saisie à cette vision quand elle l'avait serré contre elle jusqu'à lui en faire perdre sa forme. Puis il avait brillé par son absence et tout s'était écroulé. Est-ce qu'il regrettait ce qu'il lui avait dit ? Est-ce qu'il regrettait l'avoir embrassée ? Le cœur tourmenté, la bleue avait fini par se décider à lui parler avant de devenir folle à force de ne pas savoir. « Est-ce que tu n'es pas venu parce que tu m'évitais ? » demanda-t-elle d'une petite voix.

Le bruit d'une conversation la détourna du visage de Johannês qu'elle dévorait des yeux, à la recherche du moindre indice et elle découvrit trois silhouettes qui remontaient la rue en sens inverse. Ils sourirent en les voyant. Même dans l'ombre de leurs capuches, leur teint blême ressortait. Susannah ralentit et se colla au mur, espérant qu'ils les dépasseraient. Ils ralentirent aussi et s'arrêtèrent face à eux, se plaçant de façon à leur couper la route. « Vous vous êtes perdus ? » Celui qui avait pris la parole avait un air amène mais la bleue surprit une lueur affamée dans les prunelles de son voisin. « Pas du tout. On nous attend. » mentit Susannah. Elle referma sa main sur le poignet de Johannês et commença à reculer.

Message I | 564 mots

Elle m'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout !

Musique

Læn suivait Susannah depuis bien cinq minutes. Il avait scrupuleusement évité de regarder ses amis avant de partir avec elle. Il avait craint de trouver sur leur visage des sourires entendus et des regards brillants de complicité. Il regrettait de leur avoir dit. Même s’il ne se souvenait pas exactement de comment il leur avait annoncé, il était certain d’avoir parlé de Susannah… et de saucisses. Et puis il y avait eu la découverte de ce tatouage immonde en forme de pâquerette. Il ne se l’était pas fait seul et quelqu’un avait dû être à l’origine de ce dernier. Il n’avait pas encore trouvé le connard qui avait marqué sa peau de façon indélébile ; aussi parce qu’il ne l’avait pas cherché. Tout était flou et il n’aimait pas trop l’idée qu’il eût pu oublier plus de la moitié de la soirée. Depuis, il faisait comme s’il savait et qu’il n’y avait aucun problème. Il suspectait Sympan. C’était bien un truc d’Ygdraë, ça, les pâquerettes. Il ne lui avait pourtant rien demandé.

« Ah. » laissa-t-il échapper d’entre ses lèvres d’un air détaché lorsqu’elle lui avoua qu’aucun professeur ne les avait demandés. En réalité, il était rassuré. Il n’aimait pas du tout faire des exposés. Et puis… s’il n’y avait pas de professeur, ça voulait dire qu’elle voulait être avec lui. Il chassa pourtant l’idée de sa tête, ronchon. La situation n’était pas claire, même s’il lui semblait bien l’avoir vu rougir. « Non c’est vrai… » Il se sentait un peu couillon. Comme il ne savait pas sur quel pied danser, être avec elle prenait une tournure étrange. Allait-elle lui parler de ce qu’il s’était passé ? Ou devait-il le faire ? Il déglutit, gêné. Il aurait pu faire comme si de rien n’était si l’envie de recommencer ne lui enserrait pas l’estomac. L’adrénaline qui pulsait dans ses poumons était difficilement ignorable. Il ne voulait simplement pas passer pour un con. Il valait mieux attendre qu’elle dît quelque chose. Et si elle ne disait rien, il ne dirait rien non plus. Il faudrait juste qu’il s’assurât ensuite que ses potes se la fermassent aussi. Il aurait l’air débile mais moins que si la rumeur se répandait qu’il avait dit qu’ils étaient ensemble alors qu’ils ne l’étaient pas. « Quoi ? Mais non ! » s’emporta-t-il. N’importe quoi. Les bals ne lui faisaient franchement pas envie mais ce n’était pas à cause d’elle qu’il n’y était pas allé. C’était du fait de l’immense gueule de bois qui l’avait cloué au lit toute la journée et la soirée du bal.

Quand il vit un groupe s’approcher d’eux, il plissa les yeux. Il comprit assez facilement que ses membres avaient des intentions belliqueuses ; il avait d’ailleurs tendance à en trouver là où il n’y en avait pas. « Qu’est-ce que ça peut vous foutre de toute façon ? » répliqua-t-il, après que Susannah eût parlé. Elle était vraiment bizarre. Depuis quand s’écrasait-elle devant autrui ? « Dégagez de notre chemin sinon je vous pète les dents. » Il avait aussi la fâcheuse manie de se mettre dans un pétrin plus grand que lui.

517 mots

Il m'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout !

☙ Melanie Martinez - Strawberry Shortcake

« Bon, tant mieux alors. » Et son sourire soulagé s'épanouit sur son visage comme une fleur inondée de soleil. Il fut soudain plus facile de suivre la théorie selon laquelle il n'aimait tout simplement pas les bals. À moins qu'il n'ait été occupé ? À quoi ? Avec qui ? De nouveau, les questions affluèrent. Le doute la tenait entre ses griffes paranoïaques. Il avait préféré passer la soirée ailleurs, et pas avec elle après ce qu'il lui avait dit. La jalousie broya ses sentiments naissants mais elle n'eut pas l'occasion de cuisiner Johannês sur ce qu'il avait fait et avec qui. Plus embêtée qu'effrayée, Susannah réfléchit à un moyen de se débarrasser des vampires pour reprendre leur conversation quand le Magicien aboya à ses côtés, la faisant sursauter. Ses yeux s'arrondirent comme des billes. Eux aussi apparurent surpris par la virulence de l'adolescent. Celui qui s'était exprimé se tourna vers ses compagnons. « Attendez, je vais arranger ça. » Il sourit aux deux étudiants et un sentiment diffus de confusion gagna Susannah. « Pas la peine de s'énerver, on voulait simplement aider. C'est une grande ville, c'est facile de s'y perdre. » « Oh, c'est bien aimable à vous. » répondit rêveusement l'Ondine qui commençait à les trouver sympathiques. Elle songea à Pieris, au bref pincement quand il lui prenait son sang. Est-ce que ce serait pareil avec d'autres Vampires ? Elle n'arrivait pas à se souvenir de la soirée au bal. Les morsures à son cou étaient sensibles mais ne faisaient pas mal.

« Mais nous nous promenions simplement. C'est mon... » Elle jeta à Johannês un coup d'oeil, soudain incertaine. « Il... Tu... ? » Elle avait un peu envie de mourir plutôt que de lâcher les mots. Et s'il se mettait à rire ? Et qu'il allait ensuite tout répéter à ses amis ? Elle serait mortifiée. « Non ! Lleven ! » Il y eut un vif mouvement dans le coin de son champ de vision et elle vit celui qui avait eu une note affamée dans le regard se détacher de ses amis pour se jeter sur Johannês. « Merde ! » Susannah l'entendit à peine. Son état de passivité se brisa, le vampire trop surpris par l'initiative pour entretenir sa magie et elle fronça les sourcils. « Mais enfin ! Lâchez-le ! » Elle voulut marcher pour sauver son elle-n'osait-pas-dire-quoi mais fut retenue par le bras. Le temps de se retourner, elle fut mordue au bras sans autre forme de procès. Elle poussa un cri de surprise et récupéra vivement son membre, au prix d'une vive douleur là où il l'avait mordue. Elle hoqueta à la vue du sang qui ruisselait hors de la plaie, trop rapidement à son goût. « Malotru ! Regardez ce que vous avez fait ! » Et elle colla une gifle au mal élevé avec son bras valide. « Ça ne va pas, non, d'attaquer les gens comme ça ? Espèce de vaurien ! » D'un geste vif, elle s'empara de son oreille pour l'attirer plus près du sol, à sa hauteur. « J'attends des excuses ! » Son agresseur se contenta de grogner en se tortillant pour échapper à sa prise tout en essayant de la mordre de nouveau. Pieris n'aurait jamais fait ça. Quelle indignité. Elle pensait les Enfants de la Nuit plus distingués que cela. Elle jeta un coup d'oeil vers Johannês. « Est-ce que ça va ? »

Message II | 574 mots

Je pars du principe que ce sont des Vampires encore jeunes qui avaient un gros creux.

Elle m'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout !

Musique

« Ton ? » Læn lâcha la question d’une façon si naturelle qu’il en cligna des yeux. Son quoi ? Il était son quoi ? Un instant, il en oublia totalement son irritation envers les Suceurs de Sang. « Je… Hein ? » Était-elle en train de lui demander de définir ce qu’il était ? Il n’en était pas sûr. Dans le doute, il préféra ne pas répondre. De toute façon, il n’en eut pas le temps parce qu’une tignasse brune lui sauta dessus. Il se retrouva par terre, à devoir gérer un Vampire et, surtout, les crocs de ce dernier. Ils frôlèrent son nez, sa mâchoire puis, enfin, se plantèrent dans son épaule. « Putain ! » Ce n’était pas la même sensation qu’avec Pieris. Son colocataire s’appliquait toujours pour le mordre. Il se plaçait à côté de lui, prenait ce qu’il l’autorisait à prendre – souvent son avant-bras – et mordait avec délicatesse ; pas comme ce bourrin. Même les rares fois où il avait planté ses crocs dans son cou, ça s’était toujours bien passé. Ça l’avait même détendu. S’il mit du temps à réagir, il finit par réussir à trouver une prise et à envoyer sa cuisse en plein dans l’entrejambe de son assaillant – en espérant que ça marcherait. Comme il n’écoutait pas franchement en cours, il avait surtout retenu – sans doute à cause de Sympan – que les Enfants de la Nuit ne pouvaient pas avoir de rapports. Ça l’avait amusé puis il s’était senti gêné d’avoir ri à ça. Il préférait ne pas savoir. De toute façon, il n’aimait pas qu’on parlât de sexe devant lui.

Quand il entendit la question de Susannah, il venait de réussir à se débarrasser de son agresseur. Il se releva, la regarda, lui prit la main et se mit à courir après un rapide « Viens on y va ! ». C’était con mais quelque chose dans sa poitrine avait bien plus peur pour elle que pour lui. Il aurait été seul, il aurait sans doute continué à se battre ; tant pis s’il avait fini par baigner dans son sang. Néanmoins, le fait qu’elle fût là changeait la donne. Il ne la croyait pas faible. Il était juste effrayé à l’idée qu’il lui arrivât quelque chose.

Il ne s’arrêta pas avant d’être devant le logement occupé par Basphel. Après un bref instant où il reprit son souffle, il la tira de nouveau. Il entra et l’entraîna dans une pièce à part. Sa poitrine était frénétique. Il la lâcha et porta sa main à son épaule. « Putain… » La douleur était vive. Il retira son haut et le plaqua contre la plaie. Puis, il la regarda. « Tu vas bien ? » lui demanda-t-il, tout en s’approchant. Il se sentit de nouveau con, avec toutes ces émotions qui le bousculaient. Il se pinça les lèvres, hésita, n’hésita plus et finit par avaler la distance entre eux. Il posa une main sur sa joue et l’embrassa.

491 mots
C’est la fin du rp et la fin des haricots aussi xD

Elle l'aime un peu, beaucoup trop, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout !

Candy Store - Heathers: The Musical

Titouan se figea en reconnaissant la crinière bleue de celle qui venait de passer devant lui. Du regard, il scruta Johannês qui l'entraînait à l'écart. Un profond sentiment de malaise l'étreignit. Une pointe de jalousie transperça également son cœur, en les voyant débarquer ensemble, rien que tous les deux, essoufflés. Les interrogations se bousculaient dans sa tête. Pourquoi trainaient-ils ensembles ? Qu'avaient-ils fait avant pour se retrouver dans cet état - hors d'haleine et pleins de sang ? Pourquoi est-ce qu'ils s'éclipsaient là-bas, de façon si suspecte ? La réponse ne tarda pas à lui être révélée, lorsqu'il choisit de les suivre et d'entrer dans la pièce.

Le disciple d'Ajrov écarquilla les yeux. Il eut l'impression d'avoir avalé une pierre, tant son estomac lui tomba sur les talons. Ses poings se fermèrent, il les serra jusqu'à ce que ça en devienne douloureux. Titouan esquissa un pas pour intervenir : coller con poing dans la tronche de cet enfoiré qui osait embrasser Susannah. Bien sûr, ils ne sortaient plus ensembles - par sa décision - mais il refusait de rester les bras croisés alors qu'il assistait à ce genre de scène - les hommes, les vrais, ne s'imposaient pas aux jeunes femmes. Ca ne pouvait être que ça : pourquoi le magicien aurait retiré son maillot autrement ? Evidemment, l'ondine le repousserait pour l'affront qu'il lui faisait, mais le blond se ferait un plaisir d'en rajouter une couche en lui cassant le nez et en lui collant un œil au beurre noir.

Alors qu'il voulut faire un pas, un détail perturba le Lyrienn et l'arrêta dans son entreprise. La bleue, qui s'était toujours montrée inexpressive et non réceptive - voire même donner l'impression de s'ennuyer - lorsqu'il avait essayé ce genre de rapprochement, sembla apprécier le contact des lèvres sur les siennes. Plus que cela, même, puisqu'elle rendit à l'exhibitionniste l'affection qu'il lui témoignait avec autant de passion. Le blond en resta pantois et, bouche bée, il observa la scène avec un mélange d'incrédulité et d'injustice. Le spectateur se mordit la lèvre. Il avait envie de hurler - de pleurer, aussi. Parce qu'au fond, une part de lui regrettait la façon dont s'était terminée leur relation. En la voyant s'adoucir, il s'était rappelé l'émoi de ses premiers sentiments, et il s'était surpris à se remémorer les bons moments passés ensembles - lorsqu'elle n'avait pas fait étalage de son mauvais caractère, quand il avait pu saisir la véritable adolescente, derrière la carapace qu'elle brandissait pour se montrer invulnérable. Plus d'une fois, il avait songé à aller lui redemander de sortir avec lui. Il savait qu'il s'agissait d'une idée stupide - Zeryel avait essayé de l'en dissuadé et Claer avait souligné toutes les raisons pour lesquelles il s'agissait d'une terrible idée. Ca ne l'avait pas empêché d'espérer.

Autant dire que ce baiser était une sacrée douche froide. La désillusion avait un goût de bile, amère et brûlante d'acidité à la fois. Pour ne pas s'infliger ce spectacle plus longtemps, le blond laissa son corps éclater sous l'assaut de ses palpitations désespérées : il s'en alla dans un courant d'air bruyant.

DU DRAMA !