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 Les parents, c'est trop nul | Lazare

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Aubépine Percefeuille
~ Magicien ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 86
◈ YinYanisé(e) le : 23/04/2023
◈ Activité : Étudiante à Basphel
Aubépine Percefeuille
Mar 04 Juil 2023, 19:22


image de source inconnue
Les parents, c'est trop nul
Lazare & Aubépine

Aubépine maugréait en réajustant les sangles de son sac à dos, dont une boucle s’était empêtrée dans sa chevelure déjà bien emmêlée. Vraiment, c’était le pompon. Non seulement elle ne pouvait pas participer au bal des Vampires – encore une occasion gâchée par ses parents, dont la surprotection ne faiblissait pas malgré les années qui passaient- mais elle devait participer à une sortie scolaire. Ce qui voulait dire se traîner au-dehors pour crapahuter pendant des heures, se contorsionner pour examiner sous toutes les coutures les spécimens qu’on lui donnerait à observer et mettre à l’épreuve sa furtivité – inexistante, dans son cas personnel – pour ne pas effaroucher la faune locale. Elle pensait pouvoir profiter de son temps libre pour étudier et mener à bien quelques projets personnels ; mais les professeurs semblaient déterminés à ce que leurs étudiants restés derrière n’en profitent pas pour se la couler douce.

Lorsqu’elle leva le nez de son paquet de nœuds, la masse d’élèves avait déjà été scindée en petits groupes de deux ou de trois. Elle n’avait pas fait attention à la répartition ; qu’elle ait été faite par un professeur ou par les élèves eux-mêmes, ça ne changeait pas grand-chose pour la petite magicienne. Sa réputation de Miss Catastrophe la précédait et personne n’avait envie de se retrouver coincée avec elle.
Cela ne la dérangeait pas outre mesure. Tout ce qui pouvait engendrer du ressentiment était bon à prendre et contribuerait à sa transformation en Sorcière au cœur de pierre.
Elle jeta un regard contrit et interrogateur au professeur se tenant debout au milieu de la foule d’élèves, qui commençait lentement mais sûrement à se dissiper. Il poussa un soupir résigné et désigna du menton un élève qui semblait flotter dans son uniforme.
« Je suppose que c’était trop vous demander que de prêter attention aux consignes. Vous et Monsieur Halloy irez vous intéresser à la végétation qui se développe dans le bosquet bordant la grande cascade. N’oubliez pas : cantonnez-vous à l’observation autant que possible. Si il vous semble utile de prélever des échantillons, utilisez des gants et protégez vos voies respiratoires. Ne vous approchez pas de la falaise. »
Il jaugea un instant du regard la paire de magiciens comme si il regrettait déjà son choix, puis haussa les épaules et esquissa un geste vague les invitant à prendre congé. La zone qu'il leur avait assignée ne se trouvait pas loin ; il pourrait toujours accourir si une catastrophe arrivait.

Aubépine trottina jusqu’à l’intéressé, étonnée de ne pas le reconnaître. Sa mémoire des visages était plutôt bonne, en temps normal. « En route, mauvaise troupe ! » lui lança-t-elle avec énergie, malgré le peu d’enthousiasme avec lequel elle avait initialement abordé cette sortie scolaire. À quelque chose malheur est bon : elle avait déjà sa petite idée de comment en tirer le meilleur.

Une fois qu’ils se furent un peu éloignés des yeux scrutateurs du professeur, elle se tourna vers son camarade et l’étudia d’un peu plus près ; elle était maintenant certaine de ne l’avoir jamais rencontré avant.
« Dis, tu n’es pas à Basphel depuis très longtemps, non ? » C’était rare, mais il arrivait parfois que des étudiants se fassent transférer en cours de scolarité. C’était sans doute son cas. « Comment ça se fait ? Tu viens tout juste de convaincre tes parents de t’y envoyer ? Les miens voulaient que j’aille au Sanctuaire de Coelya, comme toute la famille avant moi. J’ai dû tempêter pour parvenir à mes fins ! Heureusement, je suis fille unique, alors ils ont du mal à me refuser grand-chose. Enfin… même si depuis que je suis là, ils passent leur temps à me mettre des bâtons dans les roues. Je n’ai pu participer à quasiment aucune excursion hors du territoire des Îles Suspendues. » Son ton s’était fait boudeur. « C’est vraiment trop injuste. Je me faisais une joie de participer au bal de Seaghdha… dire qu’en ce moment même, quasiment tous les élèves sont en train d’y faire la fête… certains plus jeunes et moins expérimentés que moi. » Elle reporta son attention sur le garçon. Il n’était pas très grand pour un adolescent de son âge, mais tout de même un peu plus qu’elle. « J’imagine que tu n’as pas pu rendre le formulaire à temps, si tu viens d’arriver. » Aubépine eut un sourire compatissant et décida de ne pas enfoncer le couteau dans la plaie plus que nécessaire.

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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Lun 10 Juil 2023, 22:45



Unknown

Les parents, c’est trop nul

En duo | Aubépine & Lazare



Si Basphel avait été intégrée à l’un des continents, il aurait pu se faire la malle à tout moment. Lazare avançait avec cette pensée collée aux semelles, pareille à une chanson entêtante que seule une danse endiablée jusqu’à l’épuisement total semble pouvoir faire disparaître. Au moins, ses fesses n’étaient pas vissées sur une chaise de cours pour le contraindre à écouter un professeur barbant déblatérer de grandes lois à faire crever d’ennui des cailloux. Confiné à sa mauvaise foi, le jeune Magicien avait décidé qu’au sein de l’école, tout était inintéressant et asphyxiant. Même les sorties scolaires. On attendait de lui qu’il sympathisât avec ses petits camarades : il n’avait pas envie de décrocher un mot. Il n’allait pas rester. À quoi bon faire ami-ami ? Il ne voulait pas discuter avec sa partenaire de terrain. Son entrain le blasait. Il aurait voulu pouvoir se cacher derrière un arbre et la laisser s’égarer toute seule. Avec un peu de chance, elle n’aurait pas prêté attention au rebord de la falaise et se serait écrasée en contrebas, ce qui lui aurait permis d’avoir la paix pour un bon moment. Malheureusement, il n’était pas suffisamment cruel pour lui souhaiter avec sincérité de mourir – chaque mauvaise pensée avait tendance à le traverser pour s’évanouir aussitôt. Si l’adolescente s’approchait trop du précipice, il se sentirait obligé de la retenir. Ça le saoulait.

Ça le saoula encore plus quand elle commença à parler. « Nan. » répondit-il, en regardant ailleurs. Il faisait mine d’observer la végétation, comme le leur avait demandé le professeur. Ses yeux céruléens glissaient sur le camaïeu de vert, indifférents. Sa compagne d’infortune semblait avoir ouvert la bouche pour ne plus jamais la fermer. Lazare croisa les bras. Son discours, cependant, lui fit vivement tourner la tête vers elle. Elle avait préféré venir ici plutôt que d’aller aux Palais de Coelya ? Se moquait-elle de lui ? Coelya, c’était la liberté ! Basphel, une prison. Du coin de l’œil, il la détailla avec plus de précision, les paupières plissées. Ses cheveux verts lui conféraient une allure atypique – sans doute de la même façon que le bleu de sa propre chevelure avait tendance à retenir l’attention. De grosses lunettes rondes cerclaient ses yeux, à demi-noyés sous une épaisse frange. « Seaghdha ? » Un sourire amer borda ses lèvres. Il détourna le regard et tira un coup de pied léger dans un bout de branche qui traînait devant lui. « Nan, j’aurais eu largement le temps de remplir le formulaire. Mes parents sont juste des débiles qui se croient tout permis. » maugréa-t-il. « Ils ont tendance à me refuser absolument tout. C’est peut-être parce que j’ai dix mille frères et sœurs, mais j’ai un doute. » Il n’y croyait pas. Ils étaient juste trop cons pour comprendre et prenaient un malin plaisir à le contrarier. « J’ai jamais voulu venir ici. Ils ont décidé de m’y envoyer parce que… » Il s’interrompit et, d’un nouveau coup d’œil, la jaugea. Elle n’avait pas besoin de savoir. « J’étais aux Palais de Coelya, avant, et crois-moi, c’était mille fois mieux que cette école qui « forme l’élite de demain ». » Il mima des guillemets avec ses doigts. « Franchement… » Levant les yeux au ciel, il lâcha un soupir exaspéré. « Mais mes parents sont un peu comme ça, tu vois, ils sont de la haute et ils estiment que je dois suivre le même chemin, blablabla. Bref. Je vais pas rester. C’est qu’une question de semaines avant qu’ils me laissent revenir chez moi. » Il allait fuguer, oui. Mais autant garder ses plans pour lui. Il ne savait pas s’il pouvait lui faire confiance. De toute évidence, c’était une Magicienne, mais il ne croyait pas à tous ces trucs de solidarité nationale et raciale. C’étaient des concepts d’adulte inventés pour se branler la nouille, ça n’avait rien à voir avec la réalité. Et puis, elle aurait pu décider d’être solidaire avec ses parents et le dénoncer. « Pourquoi ils t’ont pas laissée aller à Seaghdha, tes parents ? Ils avaient peur que tu te fasses croquer la jugulaire ? » Un sourire moqueur plissa les coins de sa bouche. Il garda les bras croisés, parce qu’il n’avait quand même pas envie de discuter.

« En vrai, je sais pas toi, mais moi j’en ai rien à faire de ses plantes à observer à côté de sa cascade enchantée, là. » lança-t-il. Et pourquoi s’embêterait-il à obéir ? Le professeur n’était pas là. La liberté leur tendait les bras. Le monde s’ouvrait à eux. Un océan de possibles les attendait. « Je te propose une aventure. » Sans vraiment attendre son assentiment, il lui prit le poignet et partit en courant. « On va aller jusqu’au bout de l’île ! Il paraît qu’il y a une cascade bien plus impressionnante que celle qu’il veut nous faire aller voir. » Il n’en savait fichtrement rien. Il avait juste eu une idée. Un peu lunaire, comme souvent. Peut-être qu’on lui avait menti et que cette île n’en était pas une ? Peu importait. Quoiqu’il trouvât à son supposé « bout », il était certain que cette escapade lui vaudrait des réprimandes. D’autant plus qu’il avait entraîné l’une de ses pauvres et innocentes camarades avec lui. Si son comportement avait été le motif de son exclusion des Palais de Coelya, Basphel n’y résisterait pas non plus.



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Aubépine Percefeuille
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Aubépine Percefeuille
Mar 01 Aoû 2023, 01:06


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Les parents, c'est trop nul
Lazare & Aubépine

Les sourcils de la jeune fille se haussèrent au-dessus de sa paire de lunettes comme deux petites chenilles bondissantes lorsqu’elle comprit que le garçon était un Magicien, lui aussi ; elle espéra que sa déception n’ait pas été trop visible. Heureusement, l’étudiant était trop occupé à déverser son fiel sur leur école pour remarquer ce qui était fugacement passé sur les traits de la Magicienne. C’est d’ailleurs cet air revêche qu’il arborait depuis le début comme le fier étendard de ses griefs qui avait fait penser à la jeune fille qu’il appartenait à une race dite maléfique. Quelle savoureuse ironie aurait-ce été de se retrouver en tête-à-tête avec un Vampire, alors même que sans eux se déroulait le bal de Seaghdha ? Bon, d’accord, c’était la pleine journée ; mais une rencontre avec un Démon ou même un Déchu aurait été tout aussi intéressante. Évidemment, ceux qu’elle cherchait à approcher plus que quiconque, c’était les Sorciers. Simplement en mentionnant sa précédente scolarité, le garçon était parvenu à briser en éclats l’espoir qu’il avait fait croître dans le cœur d’Aubépine avec sa dégaine nonchalante frisant l’antipathie.
Cela n’avait pas empêché cette dernière d’opiner du chef d’un air entendu durant son plaidoyer contre l’autorité parentale. Elle n’aurait personnellement pas qualifié ses parents de "débiles", non parce qu’elle manquait d’audace, mais parce qu’elle préférait appliquer avec eux la méthode douce ; elle était persuadée qu’à force, elle parviendrait à les faire dévier du droit chemin avec elle. Si l’aspirante Sorcière affectionnait les histoires tragiques de familles déchirées par des choix cornéliens, elle se figurait difficilement son avenir sans l’ombre des Percefeuille derrière elle – ou à ses pieds, si il le fallait.
« Ouais, les miens sont… vraiment pas cool non plus. Ils me font pas confiance, c’est lourdingue, au bout d’un moment. J’ai quand même déjà quinze ans, hein. » Elle tentait d’imiter l’air détaché-un-poil-hargneux de l’adolescent, mais les mots cahotaient sur sa langue sans y trouver tout à fait leur place. « Je sais pas s’ils ont peur qu’il m’arrive quelque chose ou juste que je me mette à avoir des… mauvaises fréquentations. » Elle se retint d’ajouter que c’était pourtant bien son but.

La proposition du garçon la prit de court. Les chenilles vinrent de nouveau danser sur son front tandis qu’elle resta plantée là, bouche entrouverte, se retenant de justesse de le questionner bêtement à propos de leurs devoirs et des notes qui en découleraient. Par Suris, elle qui croyait devoir se farcir une sortie scolaire des plus barbantes aux côtés d’un sage Magicien au sang bleu, voilà que ce dernier lui proposait soudainement de prendre la tangente ! Si elle n’attrapait pas l’opportunité au vol, elle s’en mordrait les doigts tout le reste de sa scolarité. D’ailleurs, il ne lui avait pas vraiment laissé le choix ; elle se retrouva à trottiner derrière le garçon, son fatras brinquebalant dans le dos, une main écrasée sur son béret pour l’empêcher de chuter, « Attends… Arrête-toi ! » Ils n’avaient pas fait une vingtaine de mètres qu’elle était déjà toute essoufflée. Elle se courba en deux pour soulager un point de côté naissant. « Pfiou... nom d’un topinambour...» D’une main, elle avait saisi la manche son partenaire de terrain pour l’empêcher de partir sans elle. Il était hors de question qu’elle le laisse comprendre la situation de travers. Se redressant, elle vrilla sur lui un regard où dansaient des étincelles. « Toi aussi… toi aussi, tu veux te défaire des carcans qu’on nous impose sans arrêt à longueur de journée ? Les parents, l’école, la société ? Comme si notre destin était déjà tout tracé, qu’on avait qu’à suivre bêtement les règles sans jamais les questionner ! » Elle aspira une bouffée d’air et, droite comme un i, entraîna le garçon dans ce qui était pour elle - ou pour un escargot - une marche rapide. « Je ne sais pas comment ça se passe aux Palais de Coelya, mais ici, tout le monde prend les Magiciens pour des bonnes poires. » En tout cas, c’était son expérience personnelle. « Eh bien, on va leur montrer. »  Si elle avait déjà tenté d’imiter la signature de ses parents, elle n’avait encore jamais osé sécher un cours. Elle espérait presque qu’ils se fassent attraper. « Allons voir cette cascade, ou ce qu’il y a derrière ! Qui sait ce qu’on pourrait y trouver ? Imagine... » L’excitation la gagnait au fur et à mesure qu’elle parlait. « C’est complètement fou, mais si on trouvait un moyen de quitter l’île au nez et à la barbe des professeurs… »

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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Dim 27 Aoû 2023, 22:08



Unknown

Les parents, c’est trop nul

En duo | Aubépine & Lazare



« Quoi ? » grommela Lazare en ralentissant, tandis que son sourire fanait et que son faciès retrouvait son habituel air mi-agacé mi-blasé. Il se tourna vers l’adolescente ; ses doigts se défirent des siens. En la voyant tenir ses côtes, il haussa les sourcils. C’était une blague ? Lui non plus n’avait pas l’habitude de courir, mais bon, quand même. Il n’était pas explosé comme ça au bout de vingt mètres. Il leva les yeux au ciel et retint un énorme soupir. « Allez, viens, on n’a pas le temps de traînasser. » Il secoua son épaule pour l’encourager à se ressaisir. Elle n’allait tout de même pas le planter là ? Ce serait vraiment la fille la plus déplanante qu’il eût connue de toute sa vie – et pourtant, les Ætheri savaient combien il en avait rencontré, des filles barbantes, à commencer par certaines de ses sœurs. Et puis c’était quoi, cette façon de jurer ? Elle ne connaissait pas de gros mots ? Ce que les Magiciens pouvaient être mous du genou ! Il fit mine de repartir pour la pousser à le suivre, mais ses phalanges se refermèrent sur sa manche, et il fut bien obligé de suspendre son mouvement. Il la regarda, prêt à dégainer un nouveau « quoi », plus insolent et énervé que le premier, mais elle se remit alors à parler, et le flot continu de ses palabres eut tôt fait de noyer sa véhémence sous une couche d’impatience abasourdie. « Oui oui, voilà, j’en ai marre de tout et je veux me barrer. Comme ça je ferai ce que je veux. » Il s’exprimait avec un détachement qui pouvait laisser croire que le sujet était anecdotique, voire sans importance, quand il occupait actuellement le cœur de son existence. Il se comportait souvent ainsi, avec une nonchalance qui donnait l’impression que tout lui coulait dessus comme de l’eau sur de la roche. Ça avait le don de faire bondir sa mère, ce qu’il jugeait hautement satisfaisant.

Il fut rassuré qu’elle se remît à marcher, même si elle était lente et qu’il aurait préféré continuer à courir jusqu’à cracher ses poumons sur la mousse lustrée par l’humidité des bois. Il aurait probablement suffit de quelques mètres supplémentaires, mais il n’en avait cure. « Ah ouais ? » fit-il, faussement étonné, tandis qu’il pensait : En même temps… Ce n’était pas grâce à des spécimens comme elle que les autres élèves pouvaient se mettre à penser que les Magiciens étaient autre chose que de gentilles petites bêtes fanatiques de la paix, de leur super lac magique et, surtout, des bals dansants et des guinguettes en tout genre qui parvenaient à fleurir toute l’année, pareils à de la mauvaise herbe de la pire espèce. En réalité, il aimait bien ces festivités, parce qu’il aimait bien danser et que souvent, des jeux y étaient proposés. Ce qu’il n’aimait pas, c’étaient tous les cancans qui s’y répandaient et qui en ressortaient. Ça, c’était insupportable. « Ouais. On va leur montrer. » Il n’existait aucun « on » mais si aller dans le sens de l’adolescente pouvait l’inciter à le suivre jusqu’au bout de cette fichue île et à ne surtout pas retourner dans les jupes du professeur, il approuverait chacune de ses inepties – dans les limites du raisonnable. Et puis, même si elle paraissait niaise, au moins, elle semblait avoir l’ambition de ne pas l’être. C’était déjà ça.

« Tu veux partir, toi aussi ? » Cette fois, la surprise teinta avec honnêteté dans sa voix. « Mais tu voudrais aller où ? Je veux dire, si tu veux pas aller aux Palais de Coelya ? » Il la jaugea d’un coup d’œil. « Tu voudrais arrêter tes études ? » Il y avait déjà songé, mais l’éventualité ne l’avait pas convaincu. S’il voulait se lancer et créer une boutique de jeux, ou quelque chose dans ce goût-là, il estimait avoir besoin de quelques connaissances en comptabilité, en fiscalité, en vente, et cætera. Lazare n’avait pas suffisamment confiance en lui pour se lancer seul, démuni de tout savoir – bien que, si on lui posait la question, il n’avouerait jamais cette faiblesse, trouverait une autre raison à la poursuite de ses études, et se targuerait peut-être même qu’avec un nom comme le sien, on n’avait pas besoin d’aller à l’université, on pouvait entrer partout et bien sûr, on pouvait tout réussir. C’était faux et en parfaite contradiction avec la détestation qu’il éprouvait pour ce patronyme. Sans lui, il serait sans doute bien plus libre. Il était ce qui le rattachait à sa famille et à toutes les obligations qu’elle faisait peser sur sa personne. Le Magicien fixa son regard sur l’horizon, puis demanda : « Tu sais à quel point l’île est grande ou pas ? Tu crois qu’on va mettre combien de temps à arriver au bout ? T’as pas une carte dans tout ton bazar, par hasard ? »



Message II – 822 mots


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Aubépine Percefeuille
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Aubépine Percefeuille
Lun 25 Sep 2023, 01:26


image de source inconnue
Les parents, c'est trop nul
Lazare & Aubépine

Entre deux expirations laborieuses, Aubépine souriait jusqu’aux oreilles. Il était plus que temps qu’elle se trouve des alliés à Basphel. L’idée d’entraîner un de ses pairs sur le chemin de la corruption avec elle était presque aussi alléchante que de le parcourir main dans la main d’un Sorcier. Qui sait, peut-être qu’au sein même de l’école d’autres Magiciens aspiraient à passer du côté obscur ? La jeune fille n’avait jamais vu les choses sous cet angle. Jusque là, elle les évitait, peu désireuse d’entendre des bonsuriseries à longueur de temps. Mais si ils étaient ici et non au Palais de Coelya, cela pouvait signifier qu’ils en avaient assez de la voie officielle, ou au moins qu’ils étaient plus ouverts d’esprit. Les possibilités que ce changement de point de vue ouvrait l’exaltaient.

La question de l’adolescent la stoppa net dans ses rêveries.
« Euh... » À vrai dire, elle s’était prise au jeu de son imagination débordante, elle-même attisée par la perspective d’une rébellion à deux, mais elle n’avait pas réfléchi aux véritables conséquences qu’entraîneraient indubitablement une telle escapade. Comme souvent, les mots étaient sortis de sa bouche sans qu’elle ait y ait tourné sept fois la langue, un conseil que lui répétait très souvent sa mère, à quoi la petite Magicienne rétorquait du tac au tac que c’était un coup à se faire des nœuds.
Aubépine finit par secouer la tête. « Non. Nous ne sommes pas encore prêts. » affirma-t-elle, catégorique. Il était clair pour elle désormais que le Magicien et elle étaient sur la même longueur d’onde. « Je me suis trop battue pour entrer à Basphel, je n’en ressortirais pas avant d’avoir achevé mon éducation ! » Et surtout pas avant d’avoir une bonne dizaine de sortilèges explosifs et néfastes à son actif, sans parler de la connaissance requise pour concocter des poisons divers et variés. Pour l’instant, elle n’avait rien de tout ça, mais ça ne saurait tarder.

« Ah ! Mais quelle bonne idée ! » Un doigt tendu en l’air, les yeux écarquillés comme si une ampoule venait de s’allumer au-dessus de la tête, la jeune fille se figea sur place. « Je dois avoir ça quelque part, attends un instant... » Le sac tomba sur le sol dans un bruit sourd accompagné d’échos de grelots et de casseroles. En vérité, elle n’était pas certaine d’avoir emporté sa carte – il lui arrivait souvent d’oublier ses affaires, surtout celles dont elle avait le plus besoin ce jour-là – mais la marche rapide l’avait fatiguée et elle aurait accepté n’importe quel prétexte pour faire une pause.
À genoux sur le tapis herbeux, elle commença la fouille. De son sac, elle sortit plusieurs manuels scolaires, deux paires de lunettes de rechange, une chaussette tricotée par sa grand-mère dans laquelle Philomène aimait se lover, des petits gâteaux à la châtaigne, une théière miniature en forme de chaumière, un attrape-rêves cassé, des plumes de hibou et enfin, la carte. Elle dénicha aussi les fioles qu’on leur avait confié pour qu’ils y déposent des échantillons et en fourra quelques-unes dans sa poche. « J’y pense, si tu aperçois des chardons-zèbres sur le chemin, préviens-moi, d’accord ? J’ai entendu qu’ils poussaient dans le coin. On les appelle comme ça par rapport aux papillons noirs et blancs qu’ils attirent. Oh, c’est pas pour les devoirs, hein ! C’est pour un projet personnel. » s’empressa-t-elle d’ajouter, craignant que son nouvel ami dissident ne prenne sa requête pour un excès de zèle. Il lui manquait toujours des ingrédients pour ses expériences mais n’était pas une femme de terrain.

Enfin, après s’être relevée - non sans efforts, Aubépine dénoua le cordon qui maintenait la carte enroulée sur elle-même. Les bras tendus de part et d’autres du parchemin, elle se rapprocha de son acolyte pour qu’il en tienne une des extrémités et ainsi retrouver une main libre. Il s’agissait en fait d’une carte approximative des îles proches de l’école, du moins celles dont la position restait suffisamment fixe pour être référencées ; elle désigna un point du doigt. « Alors… si j’ai bien compris les instructions du professeur… on est là. Le ballon nous a déposé… ici, je crois ? » Le doigt se posa au sud de l’îlot, avant de remonter sur une zone verte et bleue. « Là c’est le bosquet qu’on devait examiner. On est pas très loin. » La Magicienne se gratta le menton, songeuse. « L’île n’est pas grande, mais ça fait quand même une trotte si on veut rejoindre l’autre bout. Par contre, je ne vois pas la cascade dont tu me parlais... » Déception et fatigue faisaient un mauvais cocktail et son intrépidité commençait à faiblir. Soudain, son regard s’illumina. « Oh ! Peut-être que… j’ai entendu dire que la magie des Îles les rendaient parfois instables. Serait-il possible que ta cascade se trouve dans une zone fluctuante ? » Un index potelé se mit à tapoter furieusement le nord-est. « Là. On dirait qu’ils n’ont pas eu assez de données pour légender cet endroit. Qu’est-ce que tu en penses ? » À cet endroit, l’encre paraissait grise et effacée, comme si on avait voulu y indiquer une zone de flou. À moins que ce ne fut qu’une tache d’humidité ?


871 mots

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Orphée Dasgrim
Sam 14 Oct 2023, 09:11



Unknown

Les parents, c’est trop nul

En duo | Aubépine & Lazare



Lazare ouvrit la bouche, puis la referma. Elle s’était battue pour entrer à Basphel ? Était-elle aussi idiote ? Voulait-elle vraiment dire qu’elle avait eu l’opportunité de rester chez elle, avec tous ses amis, et qu’elle avait fait des pieds et des mains pour que ses parents acceptassent de l’envoyer dans l’école internationale ? Ou avait-il oublié de nettoyer ses oreilles depuis trois semaines ? Cette deuxième hypothèse était impossible : la vision et l’odeur de la cire le dégoûtait trop pour qu’il oubliât de prendre soin de son conduit auditif. Il haussa les sourcils et s’humecta les lèvres, avant de se mordre l’inférieure pour la laisser rouler contre ses dents. Il allait devoir s’évader sans elle. Ça ne le dérangeait pas – c’était le plan de base. Seulement, son désir de demeurer à Basphel faisait d’elle un obstacle à son escapade plus conséquent qu’escompté. Ne voudrait-elle pas le retenir ici, lui aussi ? Essayer de le convaincre de l’intérêt d’y réaliser ses études ? Dans son entourage, c’était ce que tout le monde avait fait. Ruminant cette pensée, il ne dit rien lorsqu’elle s’arrêta encore. Elle semblait prête à l’aider à trouver la fameuse cascade. Cependant, que ferait-elle lorsqu’elle comprendrait que cette sortie scolaire serait sa dernière parmi eux ? Le dénoncerait-elle ? Il estimait qu’il serait déjà assez loin quand elle trouverait le professeur, mais quand même… Si elle était comme tous les autres Magiciens, elle agirait « pour son bien » – notion qu’il trouvait excessivement discutable, ce qu’il s’évertuait à dire à ses parents, qui s’entêtaient à faire des choix à sa place. Comme celui de le coller ici.

L’adolescent se frotta le nez du revers des doigts, mécontent. « Des quoi ? » fit-il. Les plantes n’avaient jamais été son fort. Son frère Ambroise les adorait. Il tenait cette passion de leur mère, qui avait obtenu d’appeler quatre de ses filles Rose, Hortense, Camélia et Hyacinthe. Lazare se félicitait que son père eût remporté la courte paille qui lui avait permis de choisir son prénom. Sinon, il aurait peut-être dû s’appeler Pissenlit, Coquelicot ou Rhododendron. « OK, je vois… C’est quoi, ton « projet personnel » ? » Il la scruta. Il l’imaginait déjà, les épaules couvertes d’un plaid, un chocolat chaud cloué à la main, en train de décorer sa chambre de fleurs séchées, de feuilles d’automne, de plumes brunes et de petits galets dont la face ronde rappelait sans aucun doute la niaiserie de la sienne. Il croisa les bras, saoulé. On ne pouvait compter sur personne. Les autres finissaient toujours par tirer de gros nuages gris sur le soleil de son existence. Bande de crétins. Si elle essayait, il ne la laisserait pas faire. Il comptait bien s’envoler, et il était hors de question qu’un boulet attaché à l’école ne le maintînt au sol. Il avait une vie entière à construire et à mener, loin d’ici. Une vie d’aventures, de jeux, de plaisirs et de surprises ! Pas une existence cloisonnée entre quatre murs, les fesses vissées sur une chaise et les yeux rendus hagards d’avoir trop fixé un tableau noir.

Quand elle étala la carte sur le sol, Lazare n’y jeta qu’un bref coup d’œil. Un pli boudeur tirait ses lèvres pincées sur le côté droit de son visage. Avec sa déclaration, elle avait vraiment gâché la fête. Il ne l’avouerait jamais – jamais – mais c’était probablement ce qui l’agaçait le plus – ou le peinait ? chez lui, la colère résolvait tout – dans cette situation : une porte close s’était violemment rabattue sur la lueur de connivence qui aurait pu exister entre eux. Il avait cru se faire une acolyte de fuite : il n’en était rien. Bien qu’il luttât contre sa nature sociable depuis son arrivée à Basphel, le bleu portait en lui le désir de créer du lien et de se faire des amis. C’était inscrit en lui, aussi sûrement qu’on avait marqué sa figure du sceau des Halloy : il ressemblait tant à son père que sa grand-mère s’amusait à dire, la main sur la bouche et ses yeux ridés brillant de malice, qu’on aurait pu croire qu’il avait été coulé dans le même moule. Il ne comprenait pas en quoi c’était drôle. Il n’avait pas envie d’être le portrait craché de son paternel. « La cascade ? » Son regard retrouva son éclat habituel, ponctué d’une lueur incertaine. Il n’avait pas pensé à ça. Au fait que son invention n’apparaîtrait sûrement pas sur la carte. « Ah euh… » Il regarda la tache probablement créée par une goutte d’eau. « Oui, ça doit être ça ! » répondit-il immédiatement. Il n’avait jamais entendu parler des zones fluctuantes ou de l’instabilité de la magie du territoire, mais peu lui importait. Tout était bon pour s’échapper. « On devrait y aller. » Il attrapa la carte et la tendit devant lui pour mieux regarder. Elle n’avait pas menti : l’île était grande. L’échelle en bas de la carte aurait dû réduire ses espérances à néant, car il aurait bien du mal à rejoindre l’extrémité des terres en une journée. Il n’y prêta pas attention. Avec de la volonté, on arrivait à tout. Il ferait en sorte d’y parvenir. Et personne ne viendrait ruiner ses efforts. Personne.

Ragaillardi par la perspective de s’enfoncer en territoire inconnu, Lazare repartit d’un bon pas. Son regard alternait entre des plongeons sur la carte et un décodage des environs, pour tenter de se repérer. Il n’avait jamais été doué en jeu de piste. « Tiens, en attendant, tu voudrais pas qu’on fasse un jeu ? J’ai pris mes cartes, mais ce serait pas pratique, donc on pourrait faire quelque chose comme « action ou vérité ». » Il lui jeta un coup d’œil. « T’as qu’à commencer. »



Message III – 961 mots


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Aubépine Percefeuille
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Aubépine Percefeuille
Jeu 02 Nov 2023, 19:52


image de source inconnue
Les parents, c'est trop nul
Lazare & Aubépine

Pouvait-elle vraiment le lui dire ? Aubépine sautilla d’un pied à l’autre, incertaine. Évidemment, elle mourrait d’envie de le faire : tout lui déballer, lui faire promettre le secret - peut-être même le sceller par un pacte de sang ?- et puis commencer dès à présent à échafauder des plans pour devenir des Sorciers dignes de ce nom et conquérir Basphel (et puis le monde). Pourtant, aussi fort qu’elle voulait le croire, rien n’affirmait que son partenaire de fugue veuille véritablement devenir un Mage Noir. D’accord, il voulait défier l’autorité, ses parents et l’école, comme elle. Du point de vue de la petite Magicienne, la suite logique à l’émancipation était le passage du côté obscur. Mais après tout, il était un Halloy. En tout cas, c’est ainsi que l’avait appelé le professeur, et lui-même avait mentionné une famille nombreuse et noble, donc elle avait peu de chances de se tromper. Le brusquer si tôt dans leur collaboration, encore fragile, serait une erreur stratégique. Rien ne pressait.
« Oh… ça, c’est un secret. Tout ce que je peux te dire, c’est que c’est un ingrédient précieux pour de nombreuses concoctions. » éluda-t-elle, invoquant tout le flegme donc elle était capable. « Ça sent super bon, mais il ne faut pas se laisser tenter à le consommer seul, sinon... » Elle gloussa, laissant la phrase en suspens. Cultiver une aura de mystère était important pour conserver l’attention de son interlocuteur – en tout cas, c’est ce qu’elle avait entendu dire. Elle n’arrivait pas à tenir sa langue très longtemps, en règle générale.
La vérité n’était pas si intéressante : manger cette plante telle quelle provoquait un météorisme abdominal. Le ventre se gonfle de gaz, gargouille, et on a cette irrépressible envie de se… relâcher. La jeune fille essayait d’élaborer un puissant laxatif et elle était certaine que les propriétés de cette plante lui serait fort utile.

Maintenant qu’ils étaient lancés, carte à la main, marcher lui semblait beaucoup moins pénible. Bien entendu, elle ne pouvait toujours pas aller très vite et ses jambes comme ses poumons protestaient sans discontinuer, mais elle était de bien trop bonne humeur pour les laisser gâcher son aventure. L’air fleurait bon la liberté et l’amitié. Elle se mit à espérer très fort que la tache floue qu’elle avait repéré plus tôt sur le parchemin était réellement une de ces fameuses zones fluctuantes ; et s’ils se faisaient subitement téléporter en terre inconnue ? Sur une île qui ne serait pas répertoriée sur les cartes, un territoire inexploré, à l’abandon depuis des siècles ? Leur petite escapade prendrait alors la tournure d’une véritable expédition, chargée d’excitation et de crainte.
Il était bien entendu plus probable qu’ils se fassent attraper avant d’arriver à leur destination. Pour autant, Aubépine avait à cœur de toujours saupoudrer d’un peu de magie et de folie ses perspectives d’avenir, que ce soit à long terme ou à court terme. Ainsi, elle naviguait dans le présent de façon bien plus légère, toujours à l’affût d’un miracle qui rendrait sa vie plus intéressante et jamais déçue longtemps quand rien ne se passe, car elle sait que la prochaine occasion l’attend au détour d’un couloir.

La proposition du Magicien était l’une de ces belles surprises. « Oh, chouette ! J’adore ce jeu ! » Tapant des mains avec enthousiasme, l’adolescente se mit aussitôt à se triturer les méninges. En vérité, elle n’avait jamais joué à ce jeu autrement qu’avec Philomène. Évidemment, l’oiseau n’étant pas doué de parole, c’est elle qui devait se charger des questions et des réponses. Ça ne l’empêchait pas de s’amuser, mais l’idée de s’y engager avec un pair l’enchantait beaucoup plus. En plus, le hibou avait un sale caractère et en venait toujours à bouder après avoir performé un gage ou deux, lorsqu’il ne refusait pas tout bonnement de participer. Il fallait espérer que le garçon soit meilleur joueur. « Si tu veux, on pourra se poser pour jouer aux cartes quand on aura trouvé la cascade. On l’aura bien mérité. D’ailleurs, c’est quel genre de jeu de cartes ? J’essaie d’apprendre à tirer le tarot, mais c’est pas si simple. Enfin, bref... alors… attends, attends, laisse-moi réfléchir... » Elle se gratta le menton, songeuse. Par quoi commencer ? Vérité, peut-être ? Pour le premier tour, c’était bien de commencer doucement. Mais que lui demander ? Les possibilités étaient infinies. Elle réalisa qu’elle ne connaissait même pas son prénom ; pas question de gâcher sa question là-dessus. Sans tenir compte de l’impatience éventuelle de son acolyte, Aubépine laissa le silence s’étirer tandis qu’elle réfléchissait.

Tout à coup, elle se figea, un doigt tendu vers le sol. « Regarde ! Un chardon-zèbre ! Quelle aubaine, ça tombe à pic ! » Excitée comme une puce, la petite Mage se recroquevilla pour observer de plus près la plante. Un papillon blanc s’échappa de son juchoir, lui chatouillant les narines au passage. Avec précautions, elle récupéra une des fleurs, tige et racine comprises, qu’elle mit de côté pour son usage personnel. La deuxième fut cueillie de manière moins cérémonieuse. Les yeux et les lèvres plissés par la malice, elle l’agita sous le nez du garçon. « Action ! Tu dois manger cette fleur ! »

867 mots



Les parents, c'est trop nul | Lazare Ziy3

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Les parents, c’est trop nul

En duo | Aubépine & Lazare



Les mains dans les poches, Lazare répondit : « Un jeu de cinquante-quatre cartes. » S’il se donnait un air détaché, ce jeu était loin de le laisser indifférent. Il s’agissait du premier qu’on lui avait offert. C’était son grand-père qui avait eu cette idée, pour ses six ans. Il l’avait initié à la bataille et, son petit-fils se découvrant une passion pour cette activité, avait décidé de lui offrir ses propres cartes. Le pic, le cœur, le trèfle et le carreau habituels se paraient des grandes figures du peuple magicien : Vaughan, Wagner, Monteverdi, Hautbourg, Halloy, Roswhen, Von Illuynqi, Nilsson et Taiji s’y côtoyaient dans des chatoiements de couleurs. Depuis qu’il le possédait, le Mage Blanc promenait son jeu partout avec lui. Si les cartes avaient souvent subi les effets de ses pérégrinations, il avait toujours veillé à les faire réparer grâce à quelques tours de magie, si bien qu’elles paraissaient être comme neuves. « J’ai plusieurs jeux de tarot, aussi, mais ils sont dans ma chambre ou chez mes parents. Ça fait longtemps que tu tires ? » s’enquit-il. Ce n’était pas ce qu’il préférait faire – les prédictions l’intéressaient bien moins que l’aspect ludique des cartes – mais c’était un sujet qu’il connaissait un peu. Les jeunes Magiciens aimaient bien se faire de fausses frayeurs ou s’offrir des espoirs délirants en se lisant dans les lignes de la main, en étudiant le marc de café ou en se tirant les cartes. Lui aussi, souvent, il rêvait d’un destin glorieux, où jeux, paris, et rires se mêlaient dans l’allégresse générale.

Son regard suivit la direction indiquée par son doigt, et il dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel. Il avait espéré instaurer un peu d’amusement dans leur marche trop lente vers la liberté. Pourquoi diable fallait-il que l’une de ces plantes croisât leur chemin ? Ils allaient encore devoir ralentir, et lui grondait trop d’impatience pour le souffrir. Il fronça le nez quand l’une des fleurs se retrouva agressivement dessous, et recula le buste vers l’arrière. « Quoi ? Je suis pas un âne. » maugréa-t-il. Il fixa la plante, avant de la prendre de mauvaise grâce. « Ça va, je vais le faire. » Il n’était ni peureux ni lâche, si bien qu’il enfournât sans plus hésiter le chardon-zèbre dans sa bouche. Il ne se rappelait absolument pas de ce qu’Aubépine avait dit au sujet de sa consommation et, s’en fut-il rappelé, il l’aurait probablement avalé de la même façon. Il dût mâchonner un petit moment pour en faire disparaître toutes les traces, puis tira la langue pour prouver la réussite de l’action. « Voilà. » Un sourire triomphant aux lèvres, il entama : « Maintenant, à toi. Acti- » - « Mademoiselle Percefeuille ! Monsieur Halloy ! » L’étudiant sursauta vivement et pivota pour découvrir la silhouette du professeur qui, poings sur les hanches, les épinglait du regard tels deux pauvres feuilles de papier embrochées par des punaises. Lazare attrapa Aubépine par le poignet et se mit à courir. Hors de question qu’il se retrouvât à nouveau entre les quatre murs de l’école. « Cela fait vingt minutes que je vous cherche. » Grâce à la téléportation, l’enseignant était soudainement apparu juste devant eux. Surpris, le bleu stoppa net, recula et manqua de se casser la figure. « Puis-je savoir ce que vous faites ? » - « On étudie la végétation, comme vous l’avez demandé ! » s’exclama l’adolescent. « Bien sûr. On m’a prévenu que vous aviez tendance à prendre certaines libertés, monsieur Halloy. Vous aurez tout le temps de réfléchir à ce comportement et d’étudier la végétation durant votre retenue. Mademoiselle Percefeuille, vous lui tiendrez compagnie. »



Lazare, qui avait tant espéré trouver une autre échappatoire vers sa vie de rêve avant la fin de la sortie, dut être évacué en urgence vers Basphel. L’impression qu’un troupeau de buffles galopaient dans ses tripes lui donnait autant envie de vomir que d’aller aux toilettes, et aucun gaz n’était assez puissant pour le soulager. À l’infirmerie, on lui apprit que manger des chardon-zèbres pouvait effectivement causer une dilatation prématurée des intestins – bien qu’en général, seules des flatulences fussent au rendez-vous, si bien que l’aide-soignante envisagea qu’il eût pu consommer quelque chose qui en eût décuplé les effets. Sa nuit se fragmenta entre périodes de sommeil et de crampes, plié en deux sur les toilettes, avec cette odeur infâme semblant venue des enfers. Les trompettes résonnaient, mais leur air n’avait rien de glorieux. Le lendemain soir, il se retrouva en heure de colle avec sa compagne de forfait. Heureusement pour elle, il ne se souvenait absolument pas de ce qu’elle lui avait dit sur la consommation des chardon-zèbres et tenta plutôt de tourner le récit de l’épisode de façon amusante et aventurière afin de moins cuire de honte. En copiant les lignes d’un manuel sur la végétation de l’île, il maudit Basphel au moins cent fois et rêva tout autant à l’avenir qui lui tendait les bras, avec cette certitude dévorante : le monde qui serait le sien n’était pas celui auquel il appartenait. Il n’avait rien à voir avec cette prison qu’incarnait si bien l’école. Il était fait pour être libre. Lorsqu’il aurait réussi à s’échapper, il pourrait mener la vie pour laquelle il était né, et cette espérance suffisait à alléger son cœur. Il releva la tête et cloua son regard à la fenêtre : dehors, les nuages s’effilochaient, et à travers les nuées cotonneuses, il croyait discerner mille promesses d’idéaux.

Fin nastae



Message IV – 919 mots


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