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 | Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition |

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Jeu 16 Fév 2023, 09:00



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Le refus de son père le heurta. Ses muscles se contractèrent, sa mâchoire se serra, et dans ses yeux apparut un éclat tranchant. Ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de sa main. Il était triste, mais cette tristesse chevauchait une colère qui ne se nommait pas. Qu’imaginait-il ? Que Gustave se mettrait soudainement à comprendre ? Lui qu’il n’avait jamais entendu parler d’autre chose que de ses multiples conquêtes ? Lui qui grimaçait en ourdissant les rumeurs d’homosexualité qui couraient sur certains nobles ? Lui qui prenait cette orientation sexuelle comme une insulte afin d’en affubler ceux qui lui déplaisaient ? Lui qui n’avait d’estime que pour les hommes de son rang, de sa caste ? Les poings tremblants, il recula pourtant. Cet homme-là restait son père. Avec tous ses défauts, tous ses vices, toutes les horreurs qui sortaient de sa bouche. Il était l’homme qui l’avait éduqué, aimé, protégé. L’homme qui avait adoré en lui le fils qu’il croyait avoir. L’homme qu’il avait lui-même longtemps admiré et respecté, qu’il respectait encore, malgré tout, au moins un petit peu. « Ne parle pas de lui comme ça. » Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Placide en valait cent comme lui. Placide avait un cœur et une tête qui lui permettaient de penser avec autre chose que son entrejambe. Il avait de la douceur, de la tranquillité, de la beauté, de l’humour. Partout où il allait, il apportait avec lui la singulière légèreté de son être, qui n’entachait en rien la profondeur de son âme. Son dos heurta le mur. Écouter son père traîner l’ancien Prince dans la boue lui était insupportable. « Tais-toi. » grinça-t-il entre ses dents. Mais Gustave ne se tut pas. Il parla, parla, parla ; et la rage de Ludoric enfla, enfla, enfla.

Jusqu’à ce que la voix d’Hermilius ne retentît de l’autre côté de la porte. Son palpitant s’emballa ; il tourna la tête vers la sortie que son paternel avait condamnée, puis son regard croisa le sien. Libéré de son entrave, la porte ouverte, il pouvait partir. Il était prêt à le faire ; il se ravisa. Il planta ses iris bronze sur son géniteur – ils le savaient tous les deux, il n’était plus que cela, désormais. « Je préfère mille fois être un enculé plutôt qu’un connard de ton espèce, et je préfère mille fois être amoureux d’un homme avec qui je ne pourrai jamais me marier plutôt que d’avoir un mariage de merde comme le tien. Et tu sais quoi ? Je préfère dix mille fois ne pas pouvoir avoir d’enfant plutôt que d’être un père comme toi ! » D’un geste brusque, il se débarrassa de la main d’Hermilius et, les jambes en feu, sortit du bureau de Gustave en claquant la porte. Dès qu’il fût dans le couloir, des sillons de larmes dévalèrent ses joues. Il les chassa du dos de la main, rageusement, en se dirigeant vers sa chambre. Il le détestait. Il le détestait d’autant plus fort qu’il l’avait aimé, profondément aimé, pendant des années et avec tout l’amour qu’un fils pouvait éprouver pour son père.

Dans sa chambre, Ludoric entreprit de réunir fébrilement des affaires. Tout son grand corps tremblait, secoué par la déferlante d’émotions qu’il ressentait. Avec des gestes erratiques, précipités, il remplissait un large sac. Il était hors de question qu’il demeurât ici. Il ne pouvait plus vivre sous le toit de ce père qui le haïssait non pas pour qui il était, mais pour ce qu’il était. Gustave aurait pu exécrer son caractère, sa manière d’être, ses agissements. Le roux aurait pu lui en vouloir pour cela, mais ça n’aurait probablement pas été injustifié, aléatoire, irraisonné. Le renier à cause de sa sexualité, ça l’était. Par instant, quand les sanglots résonnaient trop fort dans sa poitrine, il regrettait. Il songeait qu’il aurait dû garder son secret et le vivre ainsi toute sa vie, ou au moins une grande partie. Le temps pour son père de mourir. Mais quand il y réfléchissait, il savait que c’était une utopie absurde et idiote. Jamais il n’aurait été heureux ainsi ; et pourquoi aurait-il sacrifié son bonheur pour un homme dont le caractère, la manière d’être et les agissements avaient tout de détestable ?

Le sac jeté sur son épaule, Ludoric regarda par la fenêtre. Des trombes d’eau cascadaient depuis le ciel. Peu importait. Il allait quand même partir. Trouver Placide. Et vivre heureux. Il jeta un coup d’œil à son bureau et y repéra l’herbier que son amant lui avait offert. Il le prit et le glissa à l’intérieur de sa veste, avant de se diriger vers le carreau. Il actionna le mécanisme et le fit coulisser vers le haut, avant de se glisser à l’extérieur. D’un pas décidé, il se dirigea vers l’écurie.



Message II – 797 mots




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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Jeu 16 Fév 2023, 10:52

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De l'importance d'avoir des drogues efficaces
Ezidor




Rôle:

TW : Violences physiques et sexuelles. Il dégoûte et je vais aller vomir.

« Merci. » Ezidor récupéra le ruban de parchemin pour lire l'unique ligne qu'elle contenait. Un souffle de rire lui échappa. L'âge n'avait pas enlevé à Childéric son culot. Il avait bien envie d'ignorer sa requête et le laisser mariner dans des problèmes qu'il aurait pu facilement éviter. Après le fiasco du bal, sa situation devenait périlleuse, mais avec Uobmab sur le trône, c'était le cas de la population toute entière. Des rumeurs qu'il avait pu entendre du nouveau roi, il suffisait que Merlin se lève du mauvais pied pour que certains perdent leur tête. Or, sa reine ne lui donnait que peu de raisons de contentement et était-elle même une source de danger, Déodatus en avait fait les frais. Lieugro était voué à devenir une terre gorgée de sang et de larmes et le bal n'avait été qu'un aperçu du chaos qui attendait ses habitants. Childéric méritait-il d'être abandonné à leurs mains ? Par le passé, son disciple s'était révélé malin. Actuellement, tout ce que le docteur voyait, c'était un soldat plus préoccupé par le sort d'une femme de petite vertu qui n'avait même plus la fraîcheur de son côté, qui avait démontré son incompétence dans ses devoirs et sa dernière surprise lui avait suffisamment déplut pour qu'il ne se précipite pas vers lui afin d'établir ensemble les meilleurs choix. Pour le moment, Ezidor n'était disposé à lui offrir que son silence. S'il devait le revoir, des explications ne suffiraient pas.

La lettre lui fut arrachée des mains. Cette Irène aussi était d'un irrespect insondable et un soupçon d'irritation s'installa au fond de ses iris. Rien de comparable cependant à celle qu'affichait la folle sans honte en gratifiant sa domestique d'un soufflet. Il haussa un sourcil, prenant bonne note du nouvel emplacement de la lettre. Il la récupérerait, d'une façon ou d'une autre, mais après le spectacle. Sans doute habituée aux égarements de son employeuse, Martine n'avait pas estimé prudent de quitter la chambre au plus vite. Le liquide forcé dans sa gorge, elle vacilla sur ses appuis. Mais ce n'était pas elle qui intéressait le docteur. Il n'y avait pas d'hésitation, aucun remord pour gêner l'entreprise d'Irène. Même si le manque d'habitude rendait sa méthode désorganisée, il ne put que saluer son zèle. Quittant son assise, il se leva pour lui tendre la ceinture. Il ne retourna pas à sa place. D'ici, il avait une vue imprenable sur le fessier griffé de zébrures rouges. À en juger la force qu'y mettait sa tortionnaire, il se couvrirait bientôt d'hématomes. Ses mains se croisèrent dans le bas de son dos, guère impressionné pour le moment. Il se ravisa aussitôt, contemplant avec des yeux ronds sa potentielle disciple qui venait de grimper sur sa victime pour mordre ses flancs. La sauvagerie imprégnait ses traits quand elle le regarda. Une louve avait pris possession de la femme. Sans lui répondre, il vint se placer près du bureau. Ses doigts vinrent éprouver les morsures marquant la taille et il sentit son entrejambe tressauter. Ils remontèrent ensuite pour orienter le visage de la domestique vers lui. Au fond de ses pupilles voilées, il décela une lueur de conscience. Elle ouvrit la bouche mais il dut lire sur ses lèvres comme le son refusait de sortir. Il sourit. Non, il n'était pas son sauveur. Il avait aussi remarqué quelques vaines tentatives pour se soustraire aux tourments infligés. Trop droguée pour avoir du succès dans son entreprise, assez consciente pour que l'horreur traverse les brumes de sa conscience. Ce n'était pas si mal tant qu'elle ne se débattait pas trop. Il n'aimait pas avoir à lutter en même temps qu'il prenait son plaisir.

« Après peut-être. » Finit-il par répondre. Son regard venait de s'arrêter sur une loupe. Il s'en saisit et examina l'objet avant de le tendre vers Irène. « Vous voulez jouer ? Il va falloir suivre mes règles. Descendez et utilisez ceci pour commencer. On verra comment vous vous débrouillez avec ça avant de passer à plus volumineux. » Ouvragé d'ornements métallique, le manche avait une ligne irrégulière. De toute façon, ses fesses étaient déjà ravagées. En attendant qu'Irène descende, il récupéra la ceinture et vint la nouer autour du cou de la domestique de sorte à laisser une langue de cuir faire office de laisse. Il vint ensuite se placer dans le dos de la blanche. Il ne chercha pas à cacher l'excitation qui tendait son pantalon en réduisant la proximité entre leurs corps. Il glissa la loupe dans sa paume et garda sa main sur son poignet pour le guider. Son autre main encadra l'autre côté d'Irène pour faire de même. « Aide-toi de tes jambes pour écarter les siennes. Utilise tes mains pour faciliter la pénétration. Une fois que tu l'auras inséré, ce sera plus simple. » Glissa-t-il dans ses oreilles. Il la lâcha pour venir attraper les hanches de Martine et la maintenir en place. Il l'avait vue se crisper et bouger n'était pas recommandé, d'où l'utilité de la laisse. « Tire si elle se débat trop. Le manque d'oxygène contribue à l'efficacité de la drogue. La cambrure aide aussi. » Conseilla-t-il d'une voix rauque. « Fais quelques va-et-vient. » Sans lâcher la vision de l'objet qui disparaissait par intervalles, il détacha ses mains de la domestique pour venir descendre le long des jambes de la blanche pour faire remonter le tissu de sa robe. Quand il fut au contact de sa peau, il s'écarta juste assez pour défaire les boutons de son pantalon et se pressa de nouveau contre Irène. Il repoussa sur le côté ses cheveux et lécha la courbure de sa nuque. Sous ses yeux, elle poursuivait son œuvre et son désir s'aiguisa. « Penche-toi. » Lui ordonna-t-il tout en amenant ses doigts près de ses fesses.

Message II | 1020 mots


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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 16 Fév 2023, 11:02



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Freyja


Rôle :

Note : Mentions de sexe, de violences et de violences sexuelles.


Un frisson d’horreur mordit l’échine de Coline, en même temps que ses sourcils se fronçaient sous le coup de la détermination. Elle était orgueilleuse, mais peut-être pas suffisamment pour ne pas apprendre de ses erreurs – ou, du moins, elle se montrait assez intelligente pour revenir dessus. Elle avait passé trois jours à étudier Judas pour essayer de repérer les moments où il baissait sa garde. Elle avait cru que sa vigilance ne se tarissait que lorsqu’il dormait : elle s’était trompée. Si elle désirait le tuer, il lui faudrait être plus à l’affût, mieux renseignée et plus précise. Si elle voulait l’assassiner elle-même, elle devrait laisser tomber la danse et la posture de l’étiquette, les troquer contre des attitudes plus brutales et sauvages. Sur ce terrain-là et face à lui, elle n’avait aucune chance. Face à ses enfants non plus, probablement. Reprendre son trône ne serait pas qu’une affaire de caprices, de manipulations et de coups bas. Confrontés à la force brute, ses mesquineries pourraient être balayées d’un simple revers de main. Non. Face à eux, elle devrait apprendre à jouer comme eux. S’allier à Garance ne suffirait pas : même si elle avait toujours méprisé la politique de son père, elle ne connaissait pas les Uobmab. Elle reproduirait exactement les mêmes erreurs, et sa tête sauterait. Tant mieux. Cette garce ne méritait que ça. Elle voulait voir son sang s’enfoncer dans les sillons qui entouraient les pavés de l’allée royale. Si les Uobmab ne s’en chargeaient pas, elle s’en occuperait.

La main de Judas sur son cou puis ses lèvres posées sur les siennes tuèrent les sensations qu’avaient fait naître ses propos et la ramenèrent à des souvenirs de moments qu’elle lui avait refusés depuis la mort de son père. Elle sentit dans la pression de son toucher que cette fois, il ne la laisserait pas s’échapper. Elle n’était pas certaine de le vouloir, malgré la colère, malgré la culpabilité, malgré la souffrance et malgré la peur. Il avait dit « demain ». Ensuite, elle ne le verrait plus, pendant longtemps peut-être. Ses hésitations se fracassèrent sur le meuble contre lequel il la projeta. Un soubresaut de bonne conscience l’incita toutefois à se redresser pour lui faire face, mais ses mains puissantes la contraignirent à maintenir sa position. Un nouveau frisson courut sur sa peau quand elle sentit ses doigts glisser sur son fessier. Les siens se resserrèrent autour du bois du meuble, prêts à encaisser l’assaut. Judas était rarement délicat. Il faisait l’amour comme il parlait, bougeait et tuait. Au début, elle avait souvent eu mal, sur le coup comme après. Avant lui, elle n’avait eu qu’une seule expérience, et l’amant de la fameuse Yvonelle s’était montré bien plus doux. L’alcool avait peut-être aidé, aussi. Elle n’en savait rien, et avec la langue de Judas entre ses cuisses, elle n’avait guère le temps d’y songer. Toujours était-il qu’elle avait fini par s’habituer, plus ou moins ; par apprécier, par moments, la rudesse avec laquelle il la prenait, comme si non seulement il ne souhaitait pas l’épargner, mais en plus, désirait l’endurcir.

Quand elle le sentit s’insérer en elle, elle se cramponna plus fermement au rebord du meuble. Comme elle s’y attendait, il ne fut lent que le temps de se faire sa place entre ses hanches. La puissance de ses assauts n’ébranla pas qu’elle ; les bibelots qui décoraient le bois valsèrent autour d’eux dans une mélodie fracassante de porcelaine brisée. Les gémissements de la Princesse ricochaient dans cette atmosphère sonore ; ils ne s’essoufflèrent que lorsqu’elle put reprendre sa respiration, haletante, quand son amant eût ralenti. Au début, elle avait été incapable de suivre son rythme. Elle ressortait de ces ébats vidée d’énergie et, souvent, lorsqu’il terminait, elle n’était plus qu’une poupée de chiffon entre ses mains. À force de répétition, elle était apte à l’accompagner de plus en plus loin, et souffrait moins des suites de ces entraînements sportifs auxquels il la soumettait. Les douleurs musculaires – ou autres – s’étaient raréfiées. Elle avait gagné en endurance et s’était musclée – pas suffisamment pour rivaliser. Son ego, en revanche, en surpassait bon nombre d’autres. Si bien que lorsqu’il acheva sa phrase, elle lui jeta une œillade mauvaise par-dessus son épaule. « Laisse-moi bouger, alors. » fit-elle en se redressant. Dès qu’elle put se dégager de son étreinte, elle le poussa vers le lit, où elle lui intima de s’asseoir. Elle fit de son mieux pour ignorer la chaleur qui irradiait dans sa fesse du fait du coup qu’il venait d’y porter.

Coline le jaugea. Elle aurait pu le laisser là, nu dans sa chambre, et partir. Il lui aurait sans doute couru après et l’aurait prise, encore, plus brutalement, plus violemment. Peut-être devant la tête de son père. À cette pensée, son envie de fausse fuite fut coupée nette. Elle défit ce qui maintenait sa robe en place et la laissa choir à ses pieds, avant de s’avancer vers le souverain. En posant les mains sur ses cuisses, elle s’agenouilla entre ses jambes, puis le prit dans sa bouche. Elle aimait bien parce que cette position-là lui conférait un semblant de pouvoir – c’était en tout cas ce qu’elle croyait. Elle aurait pu lui mettre un coup de dents à n’importe quel moment. Au bout de quelques minutes, elle se redressa, s’essuya les lèvres d’un revers de main, puis enjamba le brun, soupirant en le sentant revenir en elle. « Et si je décide de venir avec toi à Uobmab ? » demanda-t-elle en bougeant son bassin contre le sien. Si elle s’y rendait, elle pourrait en apprendre plus sur leur manière de fonctionner, sa tante saurait qu’elle n’était pas morte – ce pour quoi elle devait prier à longueur de temps –, Merlin et Zébella la croiraient loin d’eux et ne verraient donc pas la menace. Coline noua ses bras autour du cou de Judas et l’embrassa, avant de plaquer ses mains sur ses épaules pour le faire basculer vers l’arrière. « J’aurais toujours le droit de partir, une fois là-bas, ou je redeviendrais ta prisonnière ? » Les yeux plissés, les doigts ancrés sur sa peau, elle le dévisageait, sans plus bouger. C’était une hypothèse à prendre en compte. Ce qu’il était possible de faire ici ne l’était pas forcément chez lui.



Message II – 1043 mots




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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Jeu 16 Fév 2023, 16:20

| Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition | - Page 3 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Chapitre V


Musique
Bonjour, ceci est toujours un message de la brigade des bonnes mœurs pour dire que ce message est scandaleux, violent et sexuel. Merci o/

Rôle:

« Eléontine ? » Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres. « Non. » Avec le changement de royauté, Hermilius commençait à se dire que les craintes qu’il avait jusqu’ici nourries concernant le fait que sa cousine pourrait éventuellement ternir son image n’étaient plus d’actualité. Au pays des bienpensants, certes, il était problématique de jouer avec les sentiments des autres, d’écarter les cuisses des vierges amourachées de sa personne par défi avant de les abandonner et d’en abuser tout autant par vices. Néanmoins, au pays des bêtes, il devenait la normalité, un loup au milieu d’autres loups. Tout ce qu’il désirait, à présent, c’était épouser Clémentine. Bien sûr, il préférait sauvegarder les apparences mais si ses illusions et manipulations sautaient, il s’en relèverait.  « Et je ne le défends pas. Je t’évite de t’agiter pour rien. » Il défendait Ludoric à moitié. Cependant, faire confiance à Hermilius revenait à avancer sa main aveuglément, droit dans la gueule ouverte d’une vipère. « Me marier ? Je l’envisage. » répondit-il, les doigts à l’intérieur de la prostituée. « Tu as l’air saine. » lui dit-il, une fois qu’il eût senti son index et son majeur. Il se méfiait, avec les catins. Il n’avait pas vérifié l’état du vagin d’Adénaïs mais il aurait dû. En y repensant, il avait été bien imprudent. Il reprit le fil de sa conversation avec Gustave. « Néanmoins, je ne suis pas sûr de partir. J’ai plutôt l’intention de rester. » Ses doigts étaient repartis dans un balai ferme. Il s’en fichait du plaisir de cette femme, actuellement. Il voulait juste que ce fût confortable pour le cas probable où il finirait par s’introduire en elle.

Hermilius tourna la tête vers Gustave lorsqu’il posa sa dernière question. « Pourquoi ? Ça te gênerait ? » demanda-t-il, légèrement amusé. Lui, ça l’excitait plus qu’autre chose. Ils avaient beaucoup joué aux voyeurs avec Eléontine. Ainsi, il avait assisté, en toute discrétion, à certains des ébats entre sa cousine et son mari. Il s’était masturbé en les observant. Il n’en ressentait aucune honte, comme il ne ressentait aucune honte à l’avoir fait devant le spectacle qu’avait donné Ezidor. Son corps se tendait dès qu’il était question de sexe et il répondait simplement à ses pulsions. Il ne choisissait ni ses fantasmes ni les sources de son désir. D’ailleurs, ce n’était pas franchement Gustave qui l’excitait – parce qu’il était hétérosexuel – mais plus le secret, et aussi le fait de voir sa cousine subir les assauts d’un autre. La situation actuelle lui plaisait aussi. Il aimait bien la pensée du fait que pénétrer cette catin pût exciter le mari d’Eléontine malgré lui. Il avait toujours aimé l’emmerder. « Entre hommes, on peut bien s’adonner à ce genre de pratiques. À partir du moment où on ne se touche pas entre nous… là ce serait dégueulasse. » précisa-t-il. La prostituée voulut dire quelque chose mais il lui fourra son doigt encore humide dans la bouche. « Chut. On ne te paye pas pour avoir un avis. » lui souffla-t-il, d’une voix douce.

« Au sujet de ton fils, je pense juste que tu ne tireras rien de lui en le confrontant. Il faut la jouer plus… fourbe. Placide n’est plus Prince alors si tu ne veux pas que Ludoric aille fricoter avec lui, il suffit de l’éliminer. En plus… » Il déboutonna son pantalon et tourna le dos à Gustave de façon à ne pas trop incommoder sa susceptibilité par rapport au sexe masculin. « … ce n’est pas sûr mais que ferais-tu, toi, si tu te disputais avec ton père sur le même sujet ? N’irais-tu pas retrouver ton amante coûte que coûte ? » Il finit par pénétrer la pute. Il continua la discussion, tout en effectuant des va-et-vient lents. « Si Placide est toujours vivant, c’est peut-être que la Royauté ne sait pas où il se trouve. Or, il n’est probablement pas seul où il est. Autrement dit… si Ludoric sort de cette maison à un moment et qu’on le suit, il y a de grandes chances qu’on tombe sur Placide, au moins. Tu suis ? » Et la connaissance, c’était le pouvoir. Hermilius n’avait pas forcément envie de trahir Garance, mais il voulait savoir où elle se trouvait pour pouvoir discuter avec elle de la suite des opérations et de l’augmentation de ses tarifs. Elle n’était plus la sœur du Roi et, lui, avait très envie de la foutre à quatre pattes devant lui, surtout maintenant qu’il se faisait plaisir. « Si on trouve l’ancienne famille royale, on pourra discuter sérieusement. Je ne sais pas ce que tu comptais faire entre partir et rester mais je pense qu'il y a quelque chose à jouer... » Il se retira. « Retourne-toi. » demanda-t-il, après une petite caresse sur la joue de la prostituée. Il referma son pantalon. Il n’avait pas fini mais ça pouvait attendre. Il s’assit sur le bureau et tapota les fesses de la jeune femme, en veillant bien à ce que son buste fut couchée contre la table. « Tu y vas ou tu te défiles ? » Il sourit et reprit le fil, comme si de rien n’était. « Pour le problème Placide… y a toujours moyen de s’en débarrasser. Ludoric sera probablement abattu et ce sera le moment de le marier de force à un parti convenable. Il s’y fera. » Ou pas. Il pouvait également entrer dans une rage telle qu’il tuerait Gustave avant de se suicider lui-même. Ce serait dommage. Dans tous les cas, même dans celui où il acceptait un quelconque mariage, Hermilius connaissait les homosexuels. Il irait satisfaire ses pulsions avec des hommes, en dehors des murs de son union maritale. Ce n’était pas une maladie. Ça ne se soignait pas, chose que Gustave ne semblait pas encore avoir assimilée. « Et Elzibert ? » demanda-t-il, curieux de la présence du garçon.

938 mots



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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
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Lyz'Sahale'Erz
Ven 17 Fév 2023, 10:21



Les Portes



« Je vais chercher Dame d’Ukok. » informai-je un domestique. Celui-ci acquiesça, comprenant que je parlais d’Ernelle. La pièce dans laquelle nous discutions précédemment s’était vidée et, face à mon reflet dans la vitre, il m’avait fallu prendre une décision. Rester ici ou partir. Aider ou trahir. Lorsque je quittai la demeure et que la pluie s’abattit sur moi, je n’étais toujours pas certain de mon choix. Néanmoins, j’avais décidé, dans un élan de droiture, de chercher ma sœur disparue. Pensais-je la trouver ? Non. La garde aurait réussi cette mission bien avant moi si mon aînée s’était réfugiée dans les lieux qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Je le savais, ce qui ne m'empêcha pas de me diriger tout de même vers ces derniers. Ernelle avait, bien sûr, son jardin secret et je l’avais plus ou moins respecté, faute de respecter son corps. Sur mon visage, l’eau se frayait un chemin. Des gouttes transparentes s’accumulaient sur le bout de mon nez et sur le haut de mes sourcils, avant de tomber au sol ou sur mes vêtements. Je levai les yeux vers le ciel. Celui-ci était menaçant et le vent commençait à souffler en bourrasques inquiétantes. « Ernelle ? » appelai-je, lorsque mon regard perçut une ombre. Sans doute celle d’un arbre balloté contre son gré. Je posai la main sur la garde de mon épée. Les temps qui couraient, qu’ils fussent réels ou figurés, n’étaient bons pour personne. La bonté ne me définissait pourtant pas. Le Roi était mort et… Je fermai les yeux un instant, le temps de me ressaisir. Le Roi était mort mais je ne devais pas oublier que ma loyauté avait été bien plus acquise à sa sœur qu’à lui-même. Lambert soutenait également Garance mais je n’étais pas sans savoir que les deux se connaissaient depuis longtemps. Il y avait un affect entre eux qu’il n’y aurait jamais entre la future Reine et moi, ce qui m’était préjudiciable puisque je sentais parfaitement la méfiance que ce dernier nourrissait à mon égard et, ce, malgré ses paroles. Le sentiment était partagé, pas que je pensasse que Lambert pût tenter quoi que ce fût contre la famille royale tombée mais bien parce que je n’écartais pas la possibilité qu’il pût s’en prendre à moi en cas de difficultés. Était-il juste et loyal ou faisait-il semblant ? Je penchais pour la première possibilité mais certains cachaient bien leur jeu. Ezidor était un médecin apprécié, après tout.

Lorsque j’entrai dans la dépendance, mes vêtements étaient détrempés. L’eau s’était infiltrée absolument partout. L’intérieur de mes chaussures ressemblait à une rizière et chacun de mes vêtements collait à ma peau d’une façon qui devint réellement désagréable lorsque je fus au sec. « Ernelle ? » appelai-je, avant de me laisser tomber sur une chaise mal rangée. « Bordel. » fis-je, en passant ma main droite sur mon visage. Le temps ne se prêtait pas aux recherches. En regardant dehors, je me dis que je pourrais sans doute attendre un peu ici, jusqu’à ce que la pluie cessât ou diminuât. Il fallait que je me séchasse, sous peine d’attraper froid. Je me relevai, retirai mes chaussures et fouillai quelques tiroirs afin de trouver de quoi m’essuyer. Mon esprit s’égara sur les réactions de Clémentine et de Placide lorsque je retirai mon manteau. Cette situation allait probablement détruire ma sœur. Elle n’était pas faite pour les moments de crise. Jusqu’ici, elle s’était contentée de coudre et de s’occuper de son jardin. Même les hommes semblaient être un bien trop gros défi pour son cœur fragile. Quant à Placide, sa réaction se comprenait. Il venait de perdre son père et n’avait pas la maturité nécessaire pour prendre sur lui. Il était aussi fragile que la première. Ils auraient pu faire un beau mariage. Sans forcément s'aimer, ils auraient pu partager des moments tendres et complices. Peut-être aurait-elle même pu accepter la présence de Ludoric.

Torchon dans les cheveux, je cherchai la salle de bain en me maudissant de ne pas avoir pris le temps d’écrire à Adénaïs. Je tombai sur la chambre et m’arrêtai à l’embrasure, lorsque mes yeux aperçurent un corps, étendu là. Mon regard s’arrêta sur les fesses de l’inconnue. Il ne s’agissait pas d’Ernelle mais ma première pensée fut de me dire qu’elle aurait plu à Ezidor. Je serrai les dents. Ce n’était pas le moment. Je m’avançai. Heureusement, je n’avais rien enlevé d’autres que mon manteau et mes chaussettes. Ça aurait été indécent, me dis-je, en essayant de rester fidèle à celui que j’étais aujourd’hui : droit et loyal. Je posai ma main sur son épaule et la secouai. Son visage me disait vaguement quelque chose, en l’observant de plus près. « Ma Dame ? Ma Dame ! » Lorsque je vis qu’elle reprenait conscience, je la questionnai. « Je suis Childéric d’Ukok, vous êtes dans une propriété privée. Comment êtes-vous entrée ? Essayez-vous de fuir Lieugro ? Vous a-t-on fait du mal ou menacée ? » Une petite voix, dans ma tête, me souffla que ça ne devait pas encore avoir été le cas, pas encore. Je l'écartai du mieux que je pus.

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Tekoa - Childéric:

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Ven 17 Fév 2023, 11:52



Les Portes


Aux mots d’Eléontine sur le fait que Déodatus eût violé la Régente, un rire désabusé sortit d’entre mes lèvres. Je ne savais pas à quoi s’attendait ma mère en posant une question sur la sexualité honteuse de Ludoric mais il m’apparut très nettement que les deux femmes risquaient de se livrer à l’un de ces nombreux combats de poules. C’était à la fois ridicule et plaisant de les imaginer s’enfoncer dans la médiocrité. Entre Eléontine et Adénaïs, le choix était parfaitement clair : aucune des deux. Elles étaient sur la pente descendantes, surtout la maîtresse de maison. Bientôt, les jeunes ne voudraient plus d’elle. Elle ressemblerait à une grand-mère. En silence, je la jugeai. Une fois sa beauté ternie, que lui resterait-il ? Rien. Elle braillerait pour qu’on la remarquât, comme une pintade blessée. Ma mère avait bien plus de décence dans le choix de ses répliques et, malgré mon animosité à son égard, je pouvais volontiers le lui reconnaître. « Ouais… ce qui veut dire qu’ils sont un peu comme tout le monde, non ? » À prendre sans consentement, à agir sans accord. « Un peu comme Déodatus. » fis-je, piquant. Pouvait-on réellement se permettre un commentaire sur le fait de prendre sans consentement quand son propre fils avait écarté les cuisses d’une adolescente pour s’y introduire de force. Je tournai les yeux vers Eléontine et son éventail. J’allais le lui faire bouffer si elle l’agitait ne serait-ce qu’encore une fois. « Et il n’est pas le seul. » lui assénai-je. « Quant à mon frère, c’est bien fait. Quitte à forcer, autant ne pas se faire prendre. » articulai-je, un tonnerre grondant dans ma voix. « Vous auriez pu lui apprendre. » grondai-je, à l'attention de l'épouse de Gustave.

J’aurai bien parler davantage mais l’état d’Yvonelle me préoccupa plus que d’apprendre à cette rombière qu’elle avait plutôt intérêt à ne pas m’emmerder. Dans l’hypothèse où le choix serait fait de rester et que je venais vivre chez les De Tuorp, il lui faudrait surveiller ses arrières, car le ressentiment que je nourrissais vis-à-vis de ma mère avait tendance à se reporter sur elle dès qu’elle l’ouvrait. Je l’avais déjà fait crier, ou peut-être avait-elle fait semblant, mais une chose était sûre : il me tardait de recommencer, différemment. Je me sentais sali en sa présence. Elle était répugnante. Ma main caressa la cuisse de ma demi-sœur et je lui souris. « On va trouver une solution. » J’approchai mon visage du sien, ma bouche de son oreille, afin de chuchoter. « Je pense qu’on devrait laisser notre mère et Eléontine ensemble. Viens. » lui dis-je, avant de me redresser. « Merci pour le goûter mais nous sommes fatigués. Veuillez nous excuser. » Il valait mieux imiter Hermilius. J’étais à peu près certain qu’il s’était éclipsé pour ne pas avoir à subir les caquètements des deux poules. Je tirai sur le bras de la blanche et l’attirai à l’étage. Une porte claqua et je m’arrêtai. La silhouette de dos de Ludoric fendit le couloir. Je le fixai et levai les yeux au ciel. Quelle chochotte. Je ne dis cependant rien à voix haute, ni ne fis rien à son encontre. Je me tournai vers Yvonelle. « Je t’assure que ça va aller. Gustave n’est pas si mal. » chuchotai-je. « Avant il n’y avait que notre mère pour nous protéger mais maintenant il est là aussi. Si on se marie, tu deviendras sa belle-fille et il ne te laissera pas tomber. » Je m’approchai d’elle. « Moi, surtout, je ne te laisserai pas tomber. Je te le promets. » Je lui volai un baiser. « Si tu veux, on pourra se mettre sur mon lit pour discuter un peu après ? Je veux juste aller voir mon père pour savoir ce qu’il compte faire. Je ne crois pas que ce soit Eléontine qui décide et je veux être sûr qu’il compte bien rester. » L’une de mes mains se porta à sa joue. « Je t’aime, d’accord ? Je veux juste le mieux pour nous deux, que ce soit ici ou ailleurs… Mais ailleurs n’est pas moins incertain qu’ici. » La décision était dure à prendre. « Et puis… il faut que je te parle de quelque chose à propos de mère, quelque chose qui me fait penser qu’il ne faudrait peut-être pas la laisser décider pour nous. » Je déglutis. « Mais avant j’aimerais parler à Gustave. » répétai-je, aussi pour retirer l’image du tableau de mon esprit. « Tu n’es pas obligée de venir, bien sûr. » lui soufflai-je, avant de me diriger vers la porte du bureau par laquelle était sorti Ludoric. Je frappai. « Père. J’aimerais vous parler. » Vu le soufflet qu’il m’avait mis, je préférais éviter d’entrer quelque part sans y être invité. Surtout, je n’avais pas envie qu’il me frappât devant Yvonelle.

795 mots
Elzibert (Lucius)
| Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition | - Page 3 943930617

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Ven 17 Fév 2023, 15:25



Les Portes


« Je pourrais peut-être venir avec vous ? » suggérai-je, en m’avançant dans la chambre de Rosette. Mes yeux se posèrent sur elle. « Désolé… La porte n’était pas correctement fermée et, en passant devant, je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter. » avouai-je, avant de regarder Natanaël. « Je m’excuse de vous déranger. » lui dis-je. J’avais du mal à tutoyer les nobles. Je le faisais avec Rosette du fait de notre proximité. Pour le reste, je n’oubliais pas ce que m’avait dit ma mère : il valait mieux être prudent. J’avais beau être le fils de Montarville, personne ne le savait. De ce fait, je restais Clémentin, le palefrenier, actuellement au chômage technique. « Écoutez… » Je plantai mes prunelles dans les siennes et pris la main de Rosette pour l’inclure pleinement dans la conversation. Je ne pouvais néanmoins pas quitter le blond des yeux. Je ne le connaissais pas et ce que je m’apprêtais à dire n’était pas rien. J’avais pensé fuir avant de les écouter, jouer au chat et à la souris avec Zébella tout en tentant de tourner la situation à mon avantage si elle me trouvait. Je n’étais pas contre le fait de l’aider mais je ne savais pas si elle espérait toujours la même chose, si elle l’avait ne serait-ce qu’espéré un jour ou si elle n’avait fait que se jouer de moi. Je l’avais crue sincère mais, encore une fois, elle m’avait menacé juste après m’avoir demandé de l’aider. « Les Uobmab tiennent probablement la mère de Rosette et votre mère en otage pour faire pression sur le Conseiller du Roi et… » Je reliai les fils. « Le Chef des Armées je présume ? » évoquai-je. « Je ne sais pas encore quoi penser de la nouvelle Reine mais j’ai eu affaire à elle avant le bal et je crois savoir ce qu’elle désire. J’ai failli à la mission qu’elle m’avait confiée, celle de tuer son frère, et j’ai toutes les raisons de penser que mon échec supposé ne restera pas impuni. » Je ne pouvais pas l’affirmer mais l’incendie dans les écuries ne me semblait pas accidentel. Parmi tous les possibles, j’avais imaginé plus d’une fois que le feu avait été utilisé comme un avertissement à mon encontre, ou une menace. « Autrement dit, je n’ai d’autres choix que celui de fuir, en théorie. » En théorie parce qu’il m’avait donné une idée. « Néanmoins… » La lettre que Zébella allait recevoir produirait probablement un effet. Lequel ? Je n’étais pas sûr de le savoir. Elle avait l’air d’aimer la compétition. Ainsi, j’espérais que la Reine me chercherait là où je ne serais pas. Où ne penserait-elle jamais à regarder ? Au palais. « … je pense qu’il est plus urgent de tuer Merlin. Merlin mort, Zébella se retrouvera sans fiancé et le peuple en réclamera un pour la descendance. On pourra, à ce moment-là, peut-être… » Je m’humectais les lèvres. « Vous savez, j’ai un peu étudié l’Histoire et, même si ça paraît fou, parfois le mariage peut arranger plein de situations. Des mariages qui sont uniquement politiques et… Peut-être que Placide pourrait épouser Zébella et unir les deux Couronnes ? Ou le fils d’un noble suffisamment important ? » Ce n’étaient que des suppositions. « Mais, quoi qu’il en soit, si Merlin vit, s’il est véritablement comme sa sœur me l’a décrit, on va tous se faire massacrer si on ne part pas maintenant. Il nous faut faire un choix et je pensais… » Je ne quittais pas Natanaël des yeux. « Je pensais que, puisque vous comptiez vous rendre au palais, je pourrais passer pour votre domestique ? Il faut juste que Zébella ne me voit pas… » Parce que, si elle me voyait, le jeu s’arrêterait immédiatement.

Je finis par lâcher la main de Rosette et fit quelques pas dans une direction avant de me retourner. « Je ne sais pas si je serai capable de tuer Merlin mais… si personne ne fait rien… » Je secouai la tête de gauche à droite. « Je… » Mes doigts passèrent dans mes cheveux. « Je ne sais pas si la Reine est comme son frère ou pas mais, pour le moment, jusqu’à preuve du contraire, elle reste notre meilleur espoir d’avenir… Elle m’a menacé de faire de ma vie un enfer si je ne lui obéissais pas et je pense qu’elle en est parfaitement capable mais… Je ne sais pas, je me dis qu’elle a dû connaître que ça : la violence, et que menacer c’est le seul moyen qu’elle ait trouvé pour survivre. » Je la défendais sans doute bien trop. J’avais espoir de viser juste mais je ne perdais pas non plus de vue la possibilité inverse. Peut-être qu’il faudrait les tuer tous les deux. En prenant cette position, je savais aussi que j’allais totalement à l’encontre de ce que désirait le père de Rosette. Néanmoins, bien que je le comprisse, je n’étais qu’un bâtard, le bâtard d’un Roi qui avait été décapité. Autrement dit : j’étais toujours le même, ce qui signifiait aussi que je n’avais pas l’intention de laisser qui que ce fût m’utiliser.

861 mots
Erasme (Clémentin)
Équipe de suicidaires ?  | Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition | - Page 3 943930617

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Ven 17 Fév 2023, 20:33

Chelae
Le Conte
-Êtes-vous sûre d'avoir pris la bonne décision, mademoiselle ?

Clémentine s'était rassise devant sa coiffeuse. Sa crise de panique était passée et à présent, elle était épuisée. Elle avait la sensation de s'être vidée de son sang et physiquement, c'était tout comme. Ses yeux à la lueur terne fixaient un point imaginaire, éclairé par l’unique bougie qui réchauffait la pièce. Clémentine venait de tout raconter à Diane, alors que celle-ci était retournée à ses côtés pour l'informer de la réponse de Placide. La brune avait été soulagée d'apprendre que son invitation avait été acceptée. Cependant, son inquiétude avait été remplacée par une autre bien plus poignante : celle où, le moment venu, elle devrait trouver les mots.

-Je ne sais pas.

Pour être plus exact, c'était la pire décision que la d'Ukok n'avait jamais eu à prendre.

-Cela me semblait être la seule solution. Tout du moins la meilleure.

La réflexion avait été simple quand elle avait été motivée par le coup de l'émotion. C'était une toute autre affaire maintenant qu'on la reprenait sur le fait accompli. L’interrogation de la domestique, son incompréhension, la mettait à nu. Clémentine se sentait stupide et particulièrement immature d’avoir répondu présente à la mission suicide. Rien ne prouvait qu'on accepterait un jour son dévouement, aussi nobles auraient pu être les choix qui l'avaient entrainée sur cette voie – un chemin boueux et jonché de ronces.

-Il fallait bien que quelqu'un se dévoue. Chercha à conclure la dame.

-Si je puis me permettre, la solution proposée par votre frère n'était pas nécessairement la bonne.

-Diane.

-Mademoiselle ?

-Venez-vous d'insulter mon frère en sa fonction de stratège et chef des armées ?

La domestique entrouvrit la bouche et s'agita. Clémentine ne la regardait toujours pas. Elle fixait son point, et uniquement son point. Le reste n’était qu’une source de perte d’énergie inutile. Elle avait de la chance que les derniers événements avaient aggravé sa voix, lui donnant certainement plus de prestance au passage. Elle n’en restait pas moins fragile.

-Pas le moins du monde, mademoiselle ! Pardonnez-moi, je suis confuse. Je n'aurais jamais dû tenir de pareils propos.

Le silence de sa maitresse ne fit que multiplier ses excuses et ses inclinations. Clémentine était, par habitude, la première à s'excuser auprès de ceux qui servaient leur maison. Elle souhaitait que ses employés travaillent dans un environnement sain, où ils se sentaient heureux et respectés en tout temps. L'absence de ce comportement chez la d'Ukok montrait que Diane avait franchi une limite. Nul ne savait si elle devait s'en inquiéter. Clémentine savait que Diane avait besoin de cet emploi et en cela, peu importait son indulgence, elle tenait une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

-S'il-vous-plait, Diane.

La domestique mit fin à ses supplications de grâce.

-Je ne lui dirai pas.

-Merci, mademoiselle.

L'atmosphère restait une enclume lourde et glacée malgré tout.

-Qui d'autre que moi aurait pu se désigner ? Reprit Clémentine après un moment. Il n'était pas question de laisser la famille royale en pâture et le malheureux Lambert était si proche du Roi qu’il risque tout autant sa tête qu’eux. Quant à Childéric, il pourrait les protéger. Par ailleurs, mon frère en a assez fait pour moi et ma sœur. Dans une telle situation de crise, je ne veux pas être un fardeau, Diane, vous comprenez ?

C'était justement cela qui faisait pencher son cœur d'un côté à l'autre de la balance, de l'appel du courage, au regret tempétueux. Serait-elle davantage un fardeau en ne faisant rien et en fuyant, ou alors en s'immisçant parmi les proches des Uobmab ? La domestique ne fit pas de commentaire.

-Et puis, je m'en voudrais toute ma vie, de devoir laisser quelqu'un derrière. Avoua-t-elle. D'ailleurs, je souhaite que vous les accompagniez également, Diane.

Elle pivota sur sa chaise, vers la domestique. Aujourd'hui, il s'agirait davantage de sa confidente toute particulière.

-Si la décision s'arrête sur moi, pourriez-vous veiller sur mon frère, ainsi que sur Placide ?

-Je ferai tout ce que vous voudrez, mademoiselle.

-Merci.

Clémentine se retourna vers son propre reflet, à la recherche de son point si salvateur.

-Savez-vous ce qu'il y a à dîner pour ce soir, Diane ?

-De mémoire, il me semble qu'il s'agit de rôti, et de son hachis de pommes de terre aux champignons. Le repas sera bientôt prêt.

-Ce sera parfait, merci.

-Mademoiselle, puis-je me permettre une question indiscrète ?

-Allez-y.

Au point où elles en étaient, elle n'en avait plus cure. Elles avaient besoin de parler, de lâcher quelques chevaux pour alléger leurs cœurs lourds.

-Aimez-vous Placide de Lieugro ?

Clémentine était surprise qu'on lui pose aussi crument la question. Elle était surprise que Diane ait aussi rapidement eut l’aplomb pour demander, en ayant la certitude d'être dans le juste.

-Cela a-t-il seulement une once d'importance ? Placide ne m'aime pas.

Cela lui brisait le cœur, mais beaucoup de choses qui lui avaient brisé le cœur dernièrement, si bien que cela la rendait presque indifférente. En cela, Clémentine était heureuse de ne jamais avoir eu l’occasion de sympathiser davantage avec le prince. Son attachement n’était pas aussi grand qu’il aurait pu être. Elle supposait.

-Ne dites pas...

-Diane. Je suis certaine que vous êtes bien plus avertie des rumeurs que moi.

Et si celle-ci étaient arrivées jusqu'aux oreilles de la d'Ukok, c'était que celles-ci couraient aussi vite qu'elles étaient vraies. Il y eut à peine un échange de regard, à travers la réflexion du miroir, mais Clémentine devinait que la domestique se mordillait l'intérieur des joues.

-Revenez m'avertir lorsque le dîner sera servi. D'ici là, je vais me préparer.


~931 mots~
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Sam 18 Fév 2023, 09:40



| Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition | - Page 3 Js9b

Les Portes V


Rôle :

J’avais passé tout l’après-midi à hésiter. Mon cœur m’appelait vers Ludoric mais mon devoir m’enchaînait à cette maison. Mes sœurs n’étaient plus là et la logique voulait que le poids de la couronne volée me revienne. Mon père mort, Adolestine et Coline au mieux absentes, la transmission du devoir royal avait été directe et sans fioriture. C’est, du moins, ce que je me disais pour m’attacher à cette chambre. Au fond, je ne voulais que Ludoric mais je savais aussi que si je partais maintenant, je laisserais la couronne sans héritier. Je culpabiliserais peut-être toute ma vie. Le temps passait donc, les minutes devenant des heures.

Les images qui se bousculaient dans ma tête me ramenaient toujours vers mon dilemme. Je n’avais jamais été attaché à la royauté et le peuple lui-même ne me voyait pas comme un Roi. Je ne correspondais pas aux standards. J’étais hors catégorie ou bien dans la catégorie des faibles. Néanmoins, j’étais à peu près certain que mon père y avait glissé également au fur et à mesure qu’il avait pris de l’âge et s’était englobé de chagrin. La force ne dure qu'un temps. Elle fait ensuite place à la fatigue.

Je fixai le plafond, étalé sur mon lit. Si je partais maintenant, que je trouvais Ludoric et que je le sommais de s’enfuir avec moi, sans possibilité de retour, je passerais peut-être pour un lâche. Je me sentirais comme tel probablement.

« Je n’ai jamais été attaché à la couronne. »

Le dire à haute voix ne fit pas disparaître le sentiment étrange qui avait germé dans ma poitrine lorsque j’avais su que Judas et ses enfants s’étaient emparés de Lieugro. Je ressentais la douleur de la perte, oui, mais autre chose. J’avais l’impression d’être l’enfant qui, après avoir délaissé pendant de longs mois un jouet, s’y intéresse de nouveau une fois qu’un autre joue avec et menace de se l’approprier. Était-ce ça ? Une pensée immature ? C’était possible, tout comme la pensée qui bouillait en moi, celle qui me montrait très clairement que si je partais, ce serait Garance qui s’emparerait de l’ensemble. Je détestais ma tante. Je m’en méfiais également.

**

Proche de la porte de la chambre de Clémentine, j’avais hésité trop longtemps à entrer. J’avais même posé ma tête contre le bois, dans l’espoir de trouver un peu de courage. Je ne savais pas pourquoi est-ce qu’elle voulait me parler mais j’étais d’un naturel un peu fuyant. Lorsque je suspectais un problème ou des attentes qui dépassaient probablement mes capacités, j’avais tendance à fuir. Je la suspectais de vouloir me présenter ses condoléances et j’avais peur de me mettre à pleurer devant elle. D’un autre côté, je l’avais trouvée très brave durant la discussion précédente. Elle l’avait été bien plus que moi et j’espérais ne pas la décevoir.

Je m’écartai un peu lorsque j’entendis des pas se rapprocher. Le vent soufflait particulièrement fort et la pluie s’abattait de façon presque meurtrière sur les volets. Ceux-ci avaient été fermés entre temps. La maison ne tremblait pas mais, parfois, des courants d’air frais passaient, venus dont je ne savais où. Peut-être y avait-il une cave donnant sur l'extérieur ?

« Oh euh… Diane ? »

La domestique venait d’apparaître après avoir ouvert la porte. Mes joues s’empourprèrent. Je ne voulais pas que l’on pense que j’écoutais aux portes. Je n’avais rien entendu. Mes pensées étaient trop mélangées et me harcelaient bien trop aussi pour ça. Je n’étais même pas certain de les avoir entendues ne serait-ce que discuter.

« Je viens voir Dame Clémentine. »

Je passai une main dans mes cheveux, embarrassé. J’espérais être présentable. J’avais beaucoup pleuré durant l’après-midi. Je m’étais plus d’une fois mis en colère aussi. Mes yeux étaient sans doute encore brillants et j’étais définitivement décoiffé.

Je soupirai une fois qu’elle fut partie et j’entrai, après avoir frappé. Je n’avais jamais été très à l’aise avec les autres. Je préférais les espaces naturels et sauvages, là où la parole n’était pas nécessaire et où tout semblait bien plus logique.

« Dame D’Ukok. J’espère ne pas être trop en avance. Je ne savais pas à quelle heure vous vouliez me voir. Si cet horaire-là ne vous convient pas, je peux bien sûr revenir plus tard. »

Je l’avais dit en refermant la porte derrière moi, tout doucement, comme si un nourrisson était en train de dormir dans la pièce.

« J’en profite pour vous remercier de nous avoir accueilli ici. Je suis conscient des risques que vous prenez en le faisant et j’apprécie votre hospitalité. »

Je levai les yeux vers elle, hésitant. Mes mains étaient posées de chaque côté de mes bras croisés. Je ne savais pas si j’avais froid ou si j’essayais de me rassurer. Un mélange des deux peut-être.

770 mots

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Sam 18 Fév 2023, 12:58


Les Portes - V


Merlin chancela. Il manqua d'atterrir dans la paille, mais se rattrapa contre le mur de pierre. Le poison de Zébella se déversa contre les parois de son esprit, sans le pénétrer pour autant. Son frère avait appris à filtrer ses paroles pour n'en retenir que les parties intéressantes. Et elle avait raison sur un point : Judas mettait ses enfants à l'épreuve. Cela signifiait qu'ils étaient livrés à eux-mêmes. Il mettrait tout en oeuvre pour garder la main sur cette nouvelle terre acquise, mais peu importait qui maniait le sceptre –les alliés de l'Empire d'Uobmab ne manquaient pas. Tant qu'il ne devenait pas stérile, son père était d'ailleurs autant une force qu'une faiblesse pour Merlin. Et le brun ne pouvait pas brûler les étapes. S'il pouvait tuer son père demain, il le ferait. Mais en l'attente de l'opportunité idéale, le fils anobli avait d'autres affaires à régler. Sa propre descendance, pour commencer.

Merlin s'épousseta et rajusta sa tenue. Il se redressa et toisa Zébella, qui mesurait une tête de moins que lui. Il repensa à ce temps où elle lui enfouissait le visage dans la boue d'un seul geste. Depuis, il avait grandi. Ses assauts étaient devenus moins dangereux. Elle savait où frapper, mais avait de moins en moins d'emprise sur lui. Un jour, il la surpasserait. Sa sœur finirait bien par redescendre de ses grands chevaux. Son heure viendrait. *Patience*, songea-t-il, essayant de se retenir de poursuivre sa joute verbale. Il l'écouta lui faire une leçon de politique, nullement impressionné. Il avait déjà pensé à tout cela. Sa stratégie marinait tranquillement dans un coin de son esprit, le temps que ses conseillers arrivent.

Il pouffa quand elle mentionna "bien aimer" Lambert, l'incapable qui, à défaut de protéger son Roi, n'avait pas eu la décence de faire le moindre sacrifice pour Montarville. « Les Lieugro t'ont adoucie, sœurette ? A moins que... te faire fourrer par une brindille ait ébranlé ton âme de guerrière ? » Répliqua-t-il, en jaugeant la distance qui les séparait. En vrai, il aurait très bien pu la prendre maintenant. Il était armé. Est-ce qu'elle cachait toujours ses couteaux aux mêmes endroits ? A sa surprise, Zébella se retint néanmoins de lui sauter à la gorge. Elle était lancée dans ses grands projets de règne. Merlin nota mentalement de récupérer l'information auprès de ses domestiques et bâilla, faisant mine de s'ennuyer. « Tu ne m'apprends rien. Mais puisque tu es enfin disposée à me parler, poursuivons cette discussion ailleurs. » Il tentait de le cacher, mais Merlin commençait à grelotter dans l'air humide des écuries. Il se retint de tourner le dos à Zébella et lui intima de sortir du box. Le brun regarda l'étalon s'ébrouer pour éloigner les mouches qui l'assaillaient. Même la plus rebelle des créatures pouvait être domestiquée. Il suffisait de savoir comment la débourrer.

Merlin s'arrêta avant de revenir dans le château. Son cheval, qu'il avait demandé à préparer, restait immobile dans un box avec deux compagnons. Une colère s'immergea dans son esprit et il fronça les sourcils. Il toisa un domestique, qui s'immobilisa sur place, comme foudroyé. Il balbutia quelque chose que Merlin ne comprit pas. « Que fait mon cheval ici ?! » Il s'avança d'un pas. Le domestique enfouit sa tête dans ses épaules et recula sur le côté, comme un chien face à un prédateur. « Alors ? » Le vieillard se colla contre un mur et sembla soudain reprendre ses esprits. « Le... la pluie... enfin... la tempête a rendu les routes impraticables, Majesté. On nous a dit d'attendre la fin avant de préparer les chevaux. J'vous jure », se sentit-il obligé de préciser. Merlin leva le bras. Le malheureux écarquilla les yeux et se prépara à recevoir le coup. Mais le brun lui asséna une tape amicale. « HA ! » S'exclama-t-il soudain. « La tempête, hein ? » Il allongea le cou pour voir le rideau de pluie qui devenait de plus en plus épais. Merlin voyait à peine le bosquet d'où il était. La météo allait les paralyser jusqu'au lendemain, c'était certain. Et s'il ne pouvait partir, c'était aussi le cas des autres. C'était une bonne nouvelle. Une opportunité inespérée de mieux se préparer. « C'est très bien. Allez. » Il donna une autre tape au domestique, dont il oublia l'existence en revenant à l'intérieur.

Sans plus d'explications, il se rendit dans la salle du trône, sans faire attention à Zébella. Mentalement, il comptait le nombre de soldats d'Uobmab à leur disposition. Le nombre n'était pas à leur avantage, mais ils n'étaient pas démunis pour autant. Une fois dans la pièce, Merlin souffla. Un feu avait été allumé dans l'âtre et des bougies illuminaient les côtés du trône. Une odeur de poussière avait envahi la salle. Merlin ne s'y était rendu qu'une fois, afin de réfléchir aux moyens de l'améliorer. Il y avait tout à refaire. Montarville avait été un souverain paresseux. Cette salle dégoulinait de médiocrité. Il fallait lui donner des allures d'opulence, la polir, la faire gronder d'intimidation. « Quand Lazarus arrivera ici, sa priorité sera de refaire cette pièce. Nous avons déjà décidé des lignes directrices de la redécoration. C'est dans la même idée que la salle de Père, mais avec un soupçon d'opulence. » Uobmab était un empire gigantesque qui rayonnait par sa présence dans tous les coins de la région. Merlin souhaitait importer quelques oeuvres des meilleurs artisans de leurs Royaumes pour la composer. Un tapis pourpre, un lustre de cristal, et évidemment, des portraits de leur famille. Des armes complèteraient les murs.

Merlin n'était pas un homme d'apparences, mais s'asseoir sur le trône était son rêve d'enfant. A ce titre, il avait visualisé la scène maintes et maintes fois, perfectionnant tous les détails pour créer l'illusion parfaite. Ce lieu cristallisait son ambition. C'était là où l'Histoire était écrite par les Grands. Par ceux qui importaient. A Uobmab, il s'était souvent faufilé dans la salle du trône. Haut comme deux pommes, il s'emparait du sceptre et le traînait jusqu'au trône, puis s'asseyait dessus. Il s'était même masturbé dessus, s'essuyant sur le coussin. Merlin sourit en pensant à ce souvenir, les yeux rivés sur son trône. Plus que jamais, il touchait son rêve du doigt. Lui qui était parti de si loin. Lui qui avait tué pour obtenir sa place, envers et contre tout. Si Zébella savait... son frère se tourna vers elle et croisa les bras, affichant un air sérieux. Obtenir la couronne était une chose ; la garder en était une autre. Il en était parfaitement conscient. Leur famille les avaient préparés toute leur vie pour ce moment. « Tu te souviens de la Mère Dodue ? » C'était le nom peu affectueux que Zébella et Merlin avaient donné à leur nourrice.

C'était celle qui avait survécu le plus longtemps à leur service. Elle leur avait inculqués les bases de la politique, radotant des leçons simplistes encore et encore, jusqu'à ce qu'elles pénètrent la caboche des enfants. « Elle nous disait que le succès d'un règne ne reposait pas seulement sur l'autorité et la puissance. » Parce qu'il allait de soi que Merlin avait déjà acquis ces deux éléments. « L'efficacité est aussi essentielle. Elle repose sur un domaine purifié. C'est ce qu'on va faire, donc. » Purifier le Royaume de ses traîtres à la Couronne, comme Lambert et peut-être sa famille. Des parasites qui avaient tâché le nom De Lieugro et feraient la même chose avec D'Uobmab comme cette tapette de Placide, et peut-être Adénaïs, à défaut de plier le genou et de s'excuser auprès de Zébella. Puis tester les autres. « Nous avons assez de soldats pour aller arrêter deux ou trois personnes dans un Domaine, et pour constituer une escorte sécurisée vers un autre. » Si la tempête durait, les D'Uobmab et leur personnel pourraient se préparer à prendre une ou deux familles en joug avant qu'ils ne puissent s'exiler.

Merlin s'avança vers la fenêtre. La vue donnait sur le jardin, qui ressemblait à un amas de plantes et de boue sous la pluie battante. « Cette escouade pourrait être envoyée chez les D'Eruxul dès que ce sera possible. Si Lambert est absent, nous pourrions toujours faire emprisonner sa famille. » Et la faire payer pour les actes d'un lâche en fuite... puis la gracier en l'échange de la loyauté de Madeline et de sa fille. Il doutât que son épouse si insatisfaite se sacrifie pour son traître de mari. Au contraire, elle pourrait devenir sa première maîtresse, et sa fille Rosette l'épouse d'un cousin d'Uobmab. Il y avait quelques bons partis dans la Cour de Royaumes voisins. « Et moi... je pourrais me rendre chez les De Tuorp. C'est, en tous cas, la route la plus sécurisée de notre château. » Il haussa les épaules, faisant mine de ne pas être encore entièrement déterminé.

Cette décision était autant motivée par sa tête que son entrejambe. Il avait tout à gagner à s'allier avec Eléontine et sa famille. « Que pense-tu d'offrir une position à Gustave De Tuorp ? Il ne doit pas être compliqué à satisfaire. Et son fils est ambitieux, à ce qu'on dit. » Il avait entendu quelques rumeurs inquiétantes au sujet de Ludoric, mais il n'était pas encore trop tard pour que cette famille ne prenne le droit chemin, plutôt que celui de la potence. De plus, lui et Hermilius étaient célibataires, ce qui ouvrait la porte à de multiples opportunités d'alliances. Si une famille du Royaume gagnait à se rallier, c'était bien celle-là. « Sa femme aussi est ambitieuse. » Et bonne, en plus de cela. Quant aux D'Ukok et à Childéric... Merlin estimait que le danger était trop grand. Leur domaine était très éloigné du château, et avec une Couronne, la valeur de sa tête grimpait fortement. Celle de leurs meilleurs soldats également. En outre, leurs espions peinaient à ramener des informations utiles depuis leur prise de pouvoir. Ils devaient se parer à toute possibilité. Le cœur de Merlin s'accéléra. L'idée d'avoir le droit de vie ou de mort, d'asservir des nobles, de servir la justice soi-même était tellement exaltant. C'était même orgasmique. « Notre règne pourra commencer par l'exécution publique de Lambert. Ce serait une belle note avant notre mariage, non ? S'unir sur le sang des traîtres. » Merlin n'était pas poète, mais il fallait avouer que cette image irradiait une pure beauté.

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Sam 18 Fév 2023, 17:27


Les Portes - Chapitre V


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Blow Up The Outside World - Soundgarden

 Rosette s'éloigna de Natanaël quand elle mentionna son père. Si le blond suivait son plan, les deux amis ne seraient plus dans le même camp. Les implications étaient lourdes. Un ruisseau les séparerait. Il deviendrait un lac, puis un océan. Leur amitié ne serait plus jamais la même. Natanaël devrait peut-être même rompre tout contact. « Ta mère... j'aimerais pouvoir te faire savoir si je la trouve au Domaine Royal, mais je serai surveillé. Je doute que nous puissions communiquer après mon départ. » Rosette poursuivit et appuya là où ça faisait mal. Elle montrait une audace qui ne lui ressemblait pas. Le blond était admiratif. Ses yeux coulèrent au sol quand il décela une pointe de défiance. Au fond, il avait le choix. Il en était entièrement responsable et il n'était pas encore capable de l'assumer.

Quand elle mentionna son père, il secoua la tête. Natanaël ne pouvait imaginer un futur sans massacre. Il avait été témoin de la cruauté de Merlin. Il avait poignardé Déodatus de sang froid. Pire, il avait aimé ça. Il l'avait vu. Le blond frissonna. Une ombre d'horreur passa dans son regard. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il se cacha derrière ses paupières et serra le poing. Merlin hantait ses jours et ses nuits, comme les derniers mots de son ami. *Ça ne va pas s'arrêter, Rosette. Les massacres vont se poursuivre. Fuis tant que tu le peux, bon sang !* Il pensa ces mots sans parvenir à ouvrir la bouche, figé par le souvenir du meurtre.

Mais le nom de sa fiancée le ramena à la réalité. Natanaël rouvrit les yeux et ravala son émotion. Son estomac se tordit, mais aucune larme ne roula sur ses joues. « Yvonelle... » Son nom sonnait d'une étrange façon. Comme s'il lui était devenu à moitié inconnu. « Elle n'a pas le temps de penser à nous. » Il ne faisait pas référence à la mort de Déodatus, mais plutôt à l'état de sa mère. Yvonelle était très proche d'Adénaïs. Sa mère avait besoin d'elle plus que jamais et la blanche n'allait pas faillir à son devoir. « De toute façon, l'heure n'est plus aux cérémonies », murmura-t-il, comme s'il répondait moins à Rosette qu'à lui-même. Il joua nerveusement avec sa bague de fiançailles, sans savoir réellement ce que ce bijou signifiait aujourd'hui. Il l'aimait et voulait se marier à elle, mais il n'était plus prêt pour cela. Il doutait qu'elle le suive et laisse sa mère seule. Pire, elle pourrait le détester pour cela et il en était horrifié.

Un intrus s'immisça soudain dans son champ de vision. Clémentin était apparu sans qu'il ne l'ait entendu arriver. Natanaël fronça les sourcils, visiblement dérangé. *C'est quoi, son délire, à lui ?* S'agaça-t-il en le regardant prendre la main de sa dulcinée. Il avait beau enrober ses mots de politesse, ses gestes contredisaient sa bienséance. « Je t'en prie », répondit-il en allant s'asseoir de l'autre côté de la pièce, près du secrétaire de Rosette. Il croisa les bras et attendit. Quand il mentionna Zébella et sa mission secrète, Natanaël se félicita néanmoins de s'être assis. Elle voulait tuer son frère ?! Le blond se retint de dire quoi que ce soit. Il ne faisait pas confiance à cet inconnu. Était-il une sorte d'assassin ? Se pouvait-il que Rosette puisse craquer pour ce genre d'énergumènes ? Quand il énonça la possibilité de tuer Merlin, Natanaël pouffa. « Tu es fou à lier », commenta l'adolescent. Mais son interlocuteur poursuivit son argumentaire.

Savoir que Zébella voulait Merlin mort changeait la donne pour lui. Si elle apprenait qu'il n'était pas son frère, elle entrerait dans une colère noire. Le chaos s'inviterait dans la famille royale. Et si Clémentin était réellement prêt à faire ce que personne n'oserait réaliser, ils avaient une chance. Elle reposait sur de nombreux éléments hors de leur maîtrise, mais ce n'était plus impossible. Il y avait une issue. Un moyen de protéger leurs proches. Il jaugea la réaction de Rosette d'un rapide coin d'œil. Elle ne semblait pas d'accord avec Clémentin, et c'était compréhensible. Une ferveur commença à répandre une douce chaleur dans son torse. Natanaël se releva et s'approcha de Clémentin. « Je t'écoute », l'encouragea-t-il. Son ton avait changé. Son cœur s'accélérait. Le blond se raisonna. Il se demanda pourquoi Clémentin n'avait pas déjà mené sa mission à bien. C'était louche. Natanaël s'assombrit. Ce n'était pas si simple. Des idées sombres s'insérèrent dans son esprit. Il les rejeta et secoua la tête une nouvelle fois. Il ne devait pas penser comme ces salauds de D'Uobmab. Merlin ne lui ferait pas perdre son humanité. Il lui avait pris son innocence et c'était bien assez.

« On se passera de ta philosophie de comptoir. » Natanaël était amer, en proie à ses propres démons. Cette attitude ne lui ressemblait pas non plus. Mais il ne pouvait rien y faire : il n'aimait pas cet homme. Ils étaient incompatibles. Néanmoins, il était dans son camp et le blond avait plus besoin d'alliés que d'amis. « Jusqu'à preuve du contraire, Zébella est aussi dangereuse que son frère. » C'était la raison pour laquelle il voulait partir. Si l'un d'eux tombait, cela signifiait plus d'instabilité et donc, plus de chaos. Qui pouvait les sauver aujourd'hui ? D'Uobmab possédait une bonne partie des terres. Ils avaient aussi des moyens de pression sur les Royaumes libres –notamment des accords de paix qui ne seraient pas brisés pour eux. Natanaël ne voulait pas vivre sous le joug de la terreur, mais la guerre était le pire des maux. Et soudain, il comprit ce que Rosette trouvait à Clémentin. C'était un rêveur. Un homme qui voyait le monde tel qu'il aurait aimé qu'il soit. Le D'Ukok soupira et commença à envisager sa proposition.

C'était fou, certes, mais malin. Il y avait un monde où son plan fonctionnerait. « Néanmoins, je peux plaider en ta faveur », poursuivit-il en hochant la tête. Il lui semblât que Clémentin jouait cartes sur table avec lui, mais il ne pouvait lui dévoiler son propre atout. Pas encore. « Je compte lui proposer mes services. M'engager dans la marine des D'Uobmab. Certainement dans le fief de leur Royaume... si cela signifie protéger Ernelle ». *Et moi-même*, songea-t-il. L'essentiel de leur flotte se trouvait là-bas. Les échanges commerciaux étaient nombreux et la région prospère, loin des tensions qui animaient les Royaumes plus récemment acquis par les D'Uobmab. Natanaël pourrait monter dans la hiérarchie et revenir en temps voulu. Il avait également pensé à quitter Lieugro pour Narfas, un peuple marin dont la moitié des frontières étaient bordées par l'océan. Mais le royaume n'était pas non plus à l'abri des ambitions dévorantes de Judas.

Des idées folles se bousculèrent dans son esprit. Enfouie sous sa détresse, un désir de vengeance consumait son cœur petit à petit. Si Clémentin voyait Merlin comme un mortel, Natanaël pouvait en faire de même. Le prince saignait. S'il lui plantait un couteau dans le cœur, il s'arrêterait de battre. Merlin n'était pas invincible. En énonçant cette réalité qu'il n'avait pas encore assimilée, Clémentin venait de le réveiller de sa longue torpeur. Son cœur s'embrasa. Soudain, Natanaël écourta la distance qui le séparait du brun, ses yeux brûlant de détermination. « Tu penses vraiment pouvoir le faire ? C'est important. Redis-le moi. » Il planta son regard dans le sien et chercha à déceler la peur. Il voulait y croire, mais Clémentin devait se montrer plus sûr de lui. Il le fallait. « Parce que si tu es certain, alors je t'aiderai. Par tous les moyens. » Il posa une main sur l'épaule de Clémentin et la secoua, haletant. « Je veux Merlin mort. » Il pouvait servir les D'Uobmab par pur intérêt, mais pas lui. Jamais.

Ces mots eurent un effet libérateur. Le visage de sa mère passa brièvement dans son esprit. Puis celui de Déodatus. « Et si tu le rates, je le ferai moi-même. » L'étouffer dans son sommeil. Le balancer par la fenêtre. Natanaël n'avait pas peur de se salir les mains. Seule sa mort importait. S'il obtenait sa vengeance, alors il serait libéré de ses tourments. « Si Zébella peut nous aider dans notre entreprise, si elle le veut vraiment mort... alors, à nous trois, ce serait possible. » Il se tourna vers Rosette. Il pensa à Lambert. Il s'apprêta à formuler une hypothèse folle, mais se ravisa. Natanaël se retourna. Son cœur tambourinait dans ses tempes. Un sifflement l'envahissait. Il se sentait fiévreux. Le blond se rapprocha de la fenêtre et prit une longue inspiration. La pluie s'était épaissie. Les nuages avaient plongé la forêt dans un crépuscule précoce. *Il peut mourir. Il n'est pas invincible.* Le D'Ukok écarquilla les yeux, surpris de cette épiphanie. Ses sens devinrent flous. Il se sentit vaciller et se retint de tomber en s'appuyant sur la fenêtre. Il se rapprochait du maëlstrom. S'il allait plus loin, le courant l'engloutirait. Il atteindrait un point de non-retour.

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Dim 19 Fév 2023, 00:24

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Ce qu'elle en avait pensé ? Qu'une telle chose ne serait jamais arrivée si Judas n'avait pas — encore — été se mêler des affaires des autres. Que son fils avait été un idiot de croire qu'il valait mieux agresser cette fille que préserver son intimité. Elle le lui avait d'ailleurs dit, avant d'espérer en vain plaider sa cause auprès de celui qu'elle considérait comme véritablement coupable. « Que finalement, qu'importât la naissance, les hommes ne sont pas si différents les uns des autres. ». C'est ce qu'elle aurait répondu à Éléontine si celle-ci n'avait pas été si pressée de reprendre la parole. Son attention se porta alors sur Elzibert et la dureté de ses mots. Que s'était-il passé entre le jour du bal et les suivants pour qu'il eût changé à ce point ? Gustave était la seule explication qu'elle avait, cependant elle n'arrivait pas à croire que l'homme soit le seul à l'origine de ce changement, même si elle était certaine qu'il avait sa part de responsabilité. Elle n'arrivait cependant pas à savoir quoi ? Ce fut donc sans un mot qu'elle fixa ses enfants quitter la pièce. C'était insupportable. Adénaïs savait qu'allait venir ce jour où ils se passeraient volontiers d'elle, mais elle n'aimait pas les conditions dans lesquelles cet événement se déroulait. « Dame de Tuorp. » l'interpella-t-elle sans détacher son regard du couloir qu'ils avaient empruntés. « ... ». En fait elle fut incapable d'articuler quoi que ce soit. Seul le gémissement du vent s'engouffrant dans les cheminées, donnant une vie propre à la demeure, combla le court silence qui lui permit de mettre en place ses idées et pouvoir s'exprimer. « Pourquoi avez-vous accepté notre venue ? ». Elle s'était déjà posé cette question un nombre incalculable de fois depuis leur départ du domaine. « J'espère pour vous que vous arrivez bien plus que moi à maintenir un semblant d'autorité sur votre enfant. ». Elle s'en voulait pour tout ce qu'elle avait et n'avait pas fait. Elle en voulait à Gustave d'être le rustre qu'il était, et elle en voulait à Judas d'être le monstre qu'il était. Elle se pinça la lèvre. Chaque fois qu'elle voyait le visage d'Elzibert, elle repensait à la mort de ce qui aurait dû être son petit frère. Ou sa petite sœur. Il ressemblait tant à ce garçon, trop attentionné pour son bien. Toutefois, à présent... Il n'y eut pas seulement Deodatus qu'elle perdît au bal, et elle priait intérieurement avec ferveur pour qu'Yvonelle demeurât, elle, la douce jeune fille qu'elle avait toujours été jusqu'alors. La pluie martelait les vitres à l'extérieur, et c'était à peine si l'on s'entendait encore. C'était un jour de pluie comme celle-ci qu'elle avait eu Deodatus. À l'époque, cela avait rendu sa journée lumineuse. Elle aurait dû se douter que c'était annonciateur de mauvaise fortune. « Vous ne m'aimez pas, Éleontine. Ce n'est pas difficile à deviner. ». Ils étaient peu à la considérer de toute façon. Ceux-là se comptaient sur les doigts d'une main et n'étaient plus réduits qu'à deux à ce jour. La d'Etamot rejoint le fauteuil sur lequel elle était installée plus tôt. « Mais il me faut vous confesser une chose. ». Elle était fatiguée, lasse de lutter contre un monde qui la rejetait. Plus rien n'avait d'importance maintenant. « Je vous envie tant. Quand les choses ne font que me tomber dessus, tout semble couler sur vous. Elles sont rares ces fois où le monde semble vous avoir accablé. ». Elle releva le visage vers la Tuorp, marquant une courte pause comme elle détaillait les traits de son visage. « Pourtant j'ai l'impression que le bal ne vous a pas épargnée non plus. ». À commencer par la décision de Gustave de reconnaître Elzibert comme sa progéniture. « Tout le monde a souffert d'une façon ou d'une autre de cet événement il semblerait. ». Une véritable catastrophe. L'ancien conseiller du Roi était pourtant connu pour ses soirées fastes et animées. Cette fois, il semble qu'un grain de sable du nom d'Uobmab soit venu enrailler la bonne organisation des choses. « Vous avez en partie tord pour votre supposition, plus tôt. » reprit-elle sur un tout autre sujet et sans aucune transition. « Il est possible qu'Elzibert veuille quitter le pays. Et Yvonelle semble prêter plus d'attention à sa parole qu'à la mienne. ». Elle soupira. Songer au voyage l'épuisait déjà. « Seulement, je n'ai aucune raison de partir. L'Ailleurs ne sera pas bien différent d'ici dans mon cas. ». Et elle n'avait simplement pas la force pour rejoindre une autre terre, quand bien même ce serait synonyme de nouvelle vie. « Quant à vous, sincèrement, pourquoi désirez-vous rester ? Ne me faites pas croire qu'il ne s'agisse que de fierté. Elle n'est, de toute façon, d'aucune utilité sous le régime à venir. ». Au contraire même. Quiconque se verrait surpris à être en train de lever la tête plus haut que celles des souverains en place risquerait de la perdre.
© ASHLING POUR EPICODE




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Dim 19 Fév 2023, 10:51




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


La silhouette de Rosette pivota vivement vers la porte, en même temps que son cœur détalait. Le regard ancré sur Clémentin, elle cligna des yeux. Bien qu’elle eût parfaitement entendu ce qu’il venait de dire, elle n’était pas certaine de bien comprendre. De vouloir comprendre. Ses doigts se serrèrent autour des siens, tandis que ses yeux verts scrutaient son profil déterminé. Elle glissa une œillade vers Natanaël, pour évaluer sa réaction : il s’éloigna jusqu’à s’asseoir sur l’un des fauteuils, bras croisés. La rousse s’était toujours doutée que, le jour où un homme entrerait dans sa vie, le d’Ukok risquerait de ne pas apprécier. Il devait d’autant moins se réjouir de la situation que Clémentin n’était qu’un palefrenier, quand lui était un noble. Néanmoins, il était fiancé à Yvonelle et n’avait jamais émis la volonté de rompre cette alliance pour s’unir à Rosette – ce qu’elle n’aurait, de toute façon, pas accepté. Il avait donc toujours dû être évident, pour lui aussi, qu’elle se marierait à un autre, et que ce jour-là, leur liaison prendrait fin. Ou peut-être avait-il envisagé de continuer quoi qu’il arrivât ? Malgré les écarts effectués à ses côtés, elle avait trop de droiture pour infliger cela à son futur époux. Ou au garçon qu’elle fréquentait – se fréquentaient-ils ? L’adolescente s’humecta les lèvres, songeant que ces réflexions n’avaient pas leur place à cet instant. Elle baissa brièvement les yeux, avant de les remonter sur Clémentin. « Nous n’en savons rien… » glissa-t-elle, bien que ce fût l’hypothèse la plus probable. Que Natanaël souhaitât se rendre devant les Uobmab était une chose ; que Clémentin le désirât, une autre encore. Il n’avait pas tué Merlin et en cela, il avait failli à la mission que lui avait confiée Zébella. Il n’avait pas non plus remplies celles que Montarville lui avait assignées. Ces décisions parfaitement inappropriées des têtes couronnées avaient eu des conséquences effroyables et, aussi injuste et stupide que cela pût être, la Reine pouvait faire peser la responsabilité sur Clémentin. Elle pouvait vouloir le punir. Le tuer. Le blond avait raison : il était fou à lier. Fou à lier, et pourtant : il n’était pas l’un de ses oiseaux qu’elle pouvait enfermer dans une volière. Ses ailes demeuraient déployées, prêtes pour l’envol. Elle ne pouvait que rester au sol, ou s’élancer avec lui.

Plus il parlait, plus le visage de la rousse se décomposait. Elle avait pensé que, si les d’Eruxul partaient, il viendrait avec eux. Que s’ils restaient, ils le cacheraient. Elle, en tout cas. Elle l’aurait fait. « C’est utopique. » souffla-t-elle. Elle avait demandé confirmation à son père, concernant les rumeurs qui retentissaient au sujet de Placide et de Ludoric de Tuorp, depuis le bal. Ils s’aimaient vraiment. Ils venaient tout juste de l’assumer publiquement. Son cousin n’avait jamais été attiré par la couronne. Pourquoi accepterait-il d’épouser la Princesse Zébella ? Le forcerait-on ? Quelques jours plus tôt, elle aurait abondé en ce sens – c’était la voix de la raison. Cependant, depuis que Clémentin était entré dans sa vie, les choses étaient différentes. Arranger un mariage entre Placide et Zébella, c’était comme la contraindre à épouser un noble sorti de nulle part. Les enjeux étaient certes bien plus conséquents, et le Prince tenu par des devoirs amplement plus importants, essentiels, même, mais… Elle lâcha les doigts de Clémentin et se passa les mains sur le visage en soufflant par le nez. Tout allait trop vite. Elle n’avait pas encore eu le temps de discuter avec son père, d’évaluer précisément où pouvait se trouver sa mère, de songer à l’avenir, d’organiser, de planifier. Une part d’elle, néanmoins, ne pouvait s’empêcher d’admirer le courage de Clémentin, la ferveur avec laquelle il s’exprimait et les possibilités incroyables que créaient ses mots. Mais c’était trop dangereux. Ce n’était pas à eux de régler le sort d’un royaume. Surtout pas en se jetant ainsi dans la gueule du loup.

Les premières paroles de Natanaël contribuèrent à la rassurer. Elle s’avança vers les deux garçons, prête à appuyer le blond, avant de s’arrêter, les yeux plantés sur sa bouche. Il venait d’acquiescer à la proposition de Clémentin. Elle secoua la tête. Rosette savait ce qui allait désormais se passer : l’un allait alimenter le brasier de l’autre. Elle voyait le même feu brûler dans leurs yeux ; c’était un feu dévorant, terrifiant, contre lequel elle se sentit atrocement impuissante. Les syllabes défilèrent presque trop vite pour qu’elle pût les comprendre ; elle était spectatrice d’un complot qu’elle ne pouvait démanteler. Ses doigts se refermèrent autour du tissu de sa jupe ; ses poings se serrèrent. Quand le regard de Natanaël se posa sur elle, sa mâchoire se contracta. Elle le regarda passer, sans rien dire. Par moments, la jeune fille ressemblait à son père. Elle laissait le silence l’envelopper pour que le phrasé des autres s’étendît au mieux. C’était temporaire. Juste pour mieux rebondir. Elle s’avança entre les deux garçons, l’un debout au milieu de la pièce et l’autre appuyé contre la fenêtre. « Vous êtes fous tous les deux. » lâcha-t-elle. Son regard alla de l’un à l’autre, percutant, avant de s’arrêter sur le blond. Elle voulut dire quelque chose, mais se retint. Elle tourna la tête vers Clémentin. Son expression s’adoucit, aquarellée des sentiments qu’il éveillait en elle. Néanmoins, au fond de ses yeux étincelait le dilemme auquel elle se trouvait confrontée. La jeune fille pinça les lèvres, puis croisa les bras. « Laissez-moi demander à mon père ce que souhaitent faire les Lieugro, et ce qu’il est possible de faire, pour le royaume comme pour nos mères. Ils envisagent peut-être de reprendre le pouvoir, je ne sais pas. Je ne pense pas que tuer Merlin et Zébella soit facile, et le faire, c’est prendre le risque de s’exposer aux représailles de leur père. » Ils ignoraient en effet comment réagirait Judas. Il y avait peu de chances pour qu’il acceptât la mort de ses enfants et la perte de cette annexion sans broncher. « Pour le moment – et j’espère que les choses resteront ainsi –, la famille royale a une armée et un peuple derrière elle. Pas nous. » Ses iris s’attardèrent sur Natanaël. Ils s’étaient juré une amitié à la vie à la mort, tous les cinq. Ils n’étaient plus que quatre, désormais. « Si le pire devait arriver, je n’ai pas envie que… » Ça lui semblait tellement fou qu’elle eut du mal à le formuler. « Je n’ai pas envie que vous perdiez la vie pour quelque chose que l’on aurait pu faire autrement. » Elle glissa une œillade en direction de Clémentin, avant de fixer un point droit devant elle. Le mur, impassible et solide, semblait se moquer d’eux. Rosette inspira. « Et si on ne peut pas faire autrement, je viendrai avec vous. » Avant qu’ils pussent protester, elle poursuivit, en les regardant tour à tour : « Je pourrai aider. Je connais mieux le palais que vous deux. Je saurai où nous cacher en cas de besoin. » Du fait de la position de son père et de sa parenté avec la famille royale, elle avait passé des heures à jouer dans les vastes salles et à explorer les moindres recoins, parfois secrets, du vieux château. « Je pourrais prétendre vouloir aider les Uobmab. Dire que mon père et moi nous sommes disputés à cause de ma mère, ou quelque chose comme ça. » Son cœur se serra. Elle n’avait pas envie de l’abandonner, mais il était évident qu’il aurait moins besoin d’elle que les deux garçons – et que si elle pouvait l’aider en vengeant la mort de son ami et de leur Roi, elle le ferait.



Message II – 1277 mots

Ouais, c'est la team suicide, youhouuu /sbaf




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Dim 19 Fév 2023, 12:26




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


Les joues rouges, Yvonelle se redressa et inspira. Les mots de leur hôte, combinés aux propos honteux d’Elzibert, l’avaient instantanément enflammée. Elle regarda le brun, atterrée. Elle n’aimait pas la façon dont il parlait de Déodatus, depuis sa mort. Ce qu’il avait fait était terrible et ne devait pas être minimisé, mais se rendait-il compte de ce qu’il provoquait chez leur mère lorsqu’il l’évoquait en ces termes ? L’adolescente la contempla. Ses traits fatigués, ses yeux tristes. Le soin qu’elle apportait à sa tenue malgré son accablement. Le poids sous lequel sa silhouette refusait de courber. Les sourcils froncés de peine, elle pinça les lèvres. Malgré toutes les histoires qui couraient sur elle, Adénaïs avait toujours su garder ce soupçon de noblesse qui faisait tant défaut à Eléontine de Tuorp. La blanche les détailla l’une et l’autre, avant d’entendre, en dépit de son trouble, la drôle de réflexion d’Elzibert, et surtout, de percevoir le ton sur lequel il la prononça. Elle leva les yeux vers lui, intriguée, mais ne rencontra que son sourire. Lentement, elle acquiesça. « Oui, je sais. » Ils ne s’abandonneraient pas. Ils se soutiendraient, toujours. Elle mettrait tout en œuvre pour qu’ils aidassent aussi sa mère, malgré l’animosité nouvelle du brun à son égard. Son chuchotement la fit frissonner. Elle n’était pas certaine que laisser les deux femmes ensemble fût l’idée la plus judicieuse. Cela dit, sans Elzibert, leur discussion serait peut-être moins venimeuse. De son côté, bien qu’elle aurait aimé épauler sa mère, elle ne s’en sentait pas le courage. Ces derniers temps, elle était toujours fatiguée. L’adolescente s’humecta les lèvres et se leva. « Dame de Tuorp, mère, à plus tard. » les salua-t-elle, avant d’emboîter le pas à son frère. Dans l’escalier, elle songea à Rosette et à Natanaël, encore. Le désir de les voir ne la quittait pas, bien que ce fût dangereux. Le père de l’une avait été le plus proche conseiller du Roi, et le second appartenait à la famille du chef des armées. Qu’allait-il leur arriver ? Ils lui manquaient déjà.

À l’étage, ils aperçurent la silhouette de Ludoric. La blanche ne dit rien. Sa conversation avec Placide, déguisée en femme, lui revenait souvent. Elle se rappelait bien de la joie qui avait peint leurs visages lorsqu’ils s’étaient reconnus. On pouvait les critiquer, mais elle les trouvait courageux d’avoir avoué leur amour. Par moments, quand elle songeait qu’elle devrait le faire pour Elzibert, cela lui paraissait insurmontable. Pourtant, dès que ses yeux plongeaient dans les siens, elle oubliait presque tous ses doutes. Elle l’aimait. « Je ne sais pas… » dit-elle, tout bas. Elle aurait aimé pouvoir lui dire qu’elle n’approuvait pas les manières de Gustave, et qu’elle ne lui faisait pas confiance – ni à lui, ni à sa femme –, mais elle n’eut pas la force de formuler ces quelques mots. Depuis les récents événements, c’était comme si elle s’échappait à elle-même. « Je sais. » Elle le prit dans ses bras et se blottit contre lui. Avec elle, il était toujours aussi doux et prévenant. Il l’aimait comme il l’avait toujours aimée, et c’était rassurant. Quand le sol semblait s’ouvrir sous ses pieds, elle se raccrochait à lui et à l’amour qu’il éprouvait pour elle. Yvonelle respira l’odeur d’Elzibert, les paupières closes. « Je veux bien, oui. Je n’ai pas envie de retourner en bas. » S’ils avaient pu disparaître tous les deux, rien que quelques heures, ne plus exister aux yeux du monde… Elle hocha la tête. Elle avait déjà songé à fuir en sa compagnie, avant le coup d’État. Cette hypothèse l’effrayait, mais ne risquaient-ils pas plus à demeurer ici, eux, les parents du violeur de la Reine ? Elle avait peur qu’on s’en prît à eux. Elle avait peur de laisser sa mère seule. « Comment ? » Une lueur inquiète et surprise avait pénétré ses yeux. Qu’avait-il appris ? Qu’est-ce qui pouvait discréditer leur mère au point qu’il pût lui préférer la parole de Gustave, qui n’avait jamais rien été d’autre qu’un père absent ayant refusé de le reconnaître ? Elle s’apprêtait à protester, à lui demander des explications immédiates, mais il s’était détaché d’elle et se trouvait déjà devant la porte du bureau. En quelques pas rapides, elle fut avec lui. « Je viens avec toi. » Elle attrapa sa main pour la serrer brièvement dans la sienne, avant que la porte ne s’ouvrît. Où qu’il allât, elle irait avec lui.



Message II – 739 mots


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Min Shào
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Dim 19 Fév 2023, 13:20


Les Portes - Chapitre V


Rôle:

How to Disappear Completely - Radiohead

 « Ernelle ? » Une voix résonna dans mes songes tourmentés. Ce n'était pas celle de Montarville. Je tiquai dans mon sommeil, sans pour autant me réveiller. Les bruits provoqués par Childéric étaient complètement assourdis par le déluge qui s'abattait sur les terres De Lieugro. Les bruits incessants m'avaient rendue à moitié sourde. « Ma Dame ! » La voix devenait plus insistante. Quelque chose me força à bouger. Les sensations de ma peau contre le drap me tirèrent de mes songes. Dans la pénombre, j'ouvris les paupières et posai mon regard sur le visage de Montarville, penché vers moi, les traits tirés par l'inquiétude. « Ma Dame ! » Non. Ce n'était pas sa voix. Je clignai des yeux. Ses cheveux et ses prunelles s'assombrirent, prenant des airs d'Ernelle, comme piégée dans un corps d'homme. Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits et comprendre qui se trouvait réellement dans la pièce.

J'ouvris la bouche, mais ne sus quoi répondre. Childéric...? Par les Dieux ! Une alarme, tirée de mon inconscient, me fit l'effet d'un électrochoc. J'écarquillai les yeux et me redressai d'un seul coup, percutant la tête du brun. Il recula peu sous l'impact, mais un bruit assourdissant m'envahit l'espace d'une seconde, oblitérant le fracas du déluge. « Pardon... » Ma voix était enrouée. Je prononçais mes premiers mots depuis des jours. Soudain, une sensation de brûlure envahit mon cou. Quand avais-je bu pour la dernière fois ? Je me raclai difficilement la gorge, encore en train de retrouver l'usage de mes sens. « Toutes mes excuses. » Je gagnais du temps. Pourquoi était-il ici ? Ce n'était pas Ernelle qui l'avait envoyé : il ne s'attendait pas à me voir. C'était très mauvais. J'étais en danger. Pour commencer, il s'était adressé à moi comme à une noble. Ensuite, j'étais plus vulnérable que jamais. Surtout sans ma tendre amie pour voler à mon secours. Mon estomac se tordit.

Je portai ma main à ma tête, là où l'impact me faisait encore souffrir. Et seulement à ce moment-là, je réalisai ma posture indécente. J'étais en sous-vêtements, un unique châle recouvrant une partie de mon corps. Je ne m'étais pas lavée depuis des jours. J'avais certainement une allure pitoyable, sauvée uniquement par la pénombre dans laquelle la chambre était plongée. Je ramenai le drap sur mon corps et me hâtai de lisser mon châle pour qu'il recouvre une partie de mes jambes. Je me collai contre le mur. C'était vraiment très mauvais. Affligeant, même. Je cherchai mes mots. Je n'étais pas une noble, mais je n'étais pas sans valeur non plus. La protection d'Ernelle. Je savais qu'elle tenait à son frère. L'inverse était probablement vrai. « C'est Ernelle qui m'a permise, dans son infime bonté, de me rendre ici. Provisoirement »

Arrête d'enrober tes mots. Tu es une domestique. « Vous... vous avez raison. J'ai fui le château royal. Mes jours étaient en danger. » Ce n'était pas complètement faux. Si les D'Uobmab avaient découvert mon identité, ma tête aurait été mise à prix. Les risques que j'encourais au château royal se multipliaient sous leur égide... néanmoins, je n'étais pas complètement honnête et Childéric n'était pas un idiot. « J'étais au service du Prince. Après avoir entendu sa tentative d'assassinat, je... » Ma voix se brisa. Il m'était trop difficile d'évoquer l'événement. Je ravalai ma salive et plongeai mon regard sur le lit. « Ernelle a été vraiment généreuse », ajoutai-je, gênée. « Mais je partirai dès que je pourrai, je vous le jure, Messire. Je nettoierai mon désordre. » Mes mains se nouèrent autour de mes jambes. Mon regard se posa soudain sur la bague d'Ernelle. Oh non. Il l'a remarquée. C'est sûr. « Tenez, c'est à elle, je sais pas ce qu'il m'a prise, je... elle était si belle. Je comptais pas la prendre pour moi. » Mes yeux se plongèrent dans ceux de l'inconnu. Il était méfiant. Mon cœur se brisa quand je retirai la bague de mon doigt et l'enfouis dans sa main humide. Je priai pour qu'il s'en aille. Mais pour aller où ? La nuit tombait et la pluie ne cessait pas. L'homme était affreusement trempé, comme s'il avait surgi de l'océan.

Avec regret, je jetai un œil à la fenêtre. Le destin me jouait des tours. Je n'étais pas tirée d'affaire. Je le regardai et fis mine de renifler le drap. « Je vous pardonne mon indécence. Je vais faire ma toilette. Je peux vous faire à manger, ou à boire, peut-être ? Tout ce que vous voulez », ajoutai-je avec empressement. Je n'avais aucune autre carte à jouer. « Je reviens tout de suite. »  Je m'extirpai du drap en rougissant. Il m'a vue dans un pire état. Au moins, j'ai mon châle, me dis-je pour me donner du courage. Tremblante, je tournai la tête pour identifier l'emplacement de mes vêtements. Ce sont ceux d'Ernelle... non, il ne le remarquera pas. Sa tenue d'atelier est trop masculine. Elle n'a certainement jamais mis cela au château. Après une seconde d'hésitation, je me baissai et les enfouis sous mon bras avec empressement. Je courus à moitié jusqu'à la salle de bain. Un vêtement tomba au sol. Je n'eus pas la force de faire demi-tour et me précipitai hors de la pièce maudite, loin de lui et du danger. La toilette me donnerait quelques minutes pour souffler et réfléchir à ma stratégie. Il avait certainement d'autres questions, et mes réponses pouvaient sceller mon sort.

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