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 [Q] L'eau coule sous les ponts [Solo]

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

~ Orine ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Dim 22 Jan 2023, 23:09


L'eau coule sous les ponts
Après le RP La graine du complot

Objectif : Wao revoit sa mère à l'ambassade des Orines de son Plateau à Drosera. Il lui tient tête pour la première fois, puis tombe en proie à ses émotions.

« Wao ! Tu oublies quelque chose », entend l'Orine dans son dos. Surpris, il se retourne et découvre qu'il a pensé à tout pour la cérémonie du thé ; tout, sauf les tasses. Voilà qui ne lui ressemble pas. Ce dernier bougonne un remerciement et retourne chercher la précieuse vaisselle en céramique. « Tout ira bien », le rassure l'Orine à la voix douce. Wao lui répond machinalement, mais il ne la voit pas. Pas vraiment. Son esprit est trop préoccupé par les retrouvailles qui l'attendent. Retrouvailles ou entretien ? Il penche pour la deuxième hypothèse.

Ce dernier se dirige dans la salle privée de l'ambassade des Orines sur son plateau à petits pas, soucieux de ne pas renverser le plateau. Le tissu de ses chaussettes émet de discrets frottements contre le tatami alors qu'il arrive au bout du couloir. Une fois arrivé devant la porte où sa mère se trouve, il s'assit, pose le plateau et glisse la porte pour l'ouvrir. Il s'incline devant son invitée, reprend le plateau et se relève. Il va le poser sur la table basse, puis fait demi-tour pour fermer la porte. Tous ses gestes sont millimétrés. C'est un rituel qu'il a appris par cœur, et face à sa mère, il prend toutes les précautions possibles pour être parfait. Avec elle dans la pièce, chacune de ses actions a des allures de test.

Ses yeux perçants l'observent et cherchent la moindre erreur à sanctionner. « Pardonnez cette attente », murmure Wao, doucement mais fermement. « Ce n'est rien ! J'étais occupée à prendre des notes, de toute façon », lui rétorque sa mère en désignant un carnet de son menton. Par son attitude générale, Wao se rend compte qu'elle vit comme une Alfare pure et dure. Elle est ambitieuse, perfectionniste et mesurée. Un jour, l'univers des Orines ne lui suffit plus : elle commença alors à étendre son influence chez les Alfars. Et aujourd'hui, elle dore de prestige le nom de la famille à laquelle elle s'est liée. Wao a entendu qu'elle se considérait elle-même comme une femme politique, et non plus seulement une artiste. Il se demande laquelle des deux occupations a pris le pas sur l'autre, aujourd'hui. Il se demande aussi s'il doit l'envier. Il ne sait plus trop.

« Le voyage vous a-t-il été plaisant ? » Lui demande-t-il pour faire la conversation. Elle soupire longuement, ses yeux suivant consciencieusement ses mains qui essuient le bord de sa tasse. « Aussi plaisant qu'il peut être de descendre aussi bas... » Wao ne relève pas sa critique à peine masquée. Sa mère vit au plateau supérieur avec la famille de son Aisuru. Elle n'a pas daigné de l'y inviter alors qu'elle y a eu des enfants qu'il ne connaît pas. « Ici, même les lieux les plus ordinaires sont relevés d'un charme fort plaisant », se défend-il maladroitement.

Pour une Orine, la Cité des Alfars, des êtres aussi sensibles à la beauté que perfectionnistes, est une mine d'inspiration. « Attends de voir le cinquième plateau, les autres te sembleront pâles en comparaison », rétorque-t-elle en croisant ses mains. « D'où vient ce matcha ? » Wao pose leurs tasses, sa cérémonie terminée. Il soulève une assiette de mochi préparés par ses soins et la pose de façon à ce qu'elle forme une ligne parfaitement droite avec leurs deux tasses. Sa mère ne lui fait pas de compliment, mais l'absence de critique a plus de valeur encore. « Celui-ci provient d'Onikareni... je ne consomme que des denrées qui sont amenées directement de nos montagnes », lui répond-il en se saisissant de la tasse. Il humecte discrètement l'odeur de sa boisson et ferme les yeux.

Depuis qu'il est arrivé à Drosera, Wao est devenu plus sensible aux odeurs. C'est un sens qu'Eöl lui a appris à apprivoiser. L'odorat a gagné de nouveaux bienfaits pour l'Orine. Le train des odeurs le tracte vers d'autres contrées. La senteur de matcha lui rappelle la chaîne de montagnes de sa terre, qui défile devant ses yeux. Il entend les rires de Min et de Chuan résonner dans le vide. L'odeur en attire d'autres identifiées à Onikareni : elle l'emmène dans les forêts de cerisiers. Sur le flanc des montagnes, au milieu des pins. Puis elle le tourne vers une autre direction, sur les rails de ses émotions. La nostalgie du temps de l'innocence, le bonheur d'avoir vécu ces souvenirs... pour prolonger ce voyage, Wao rouvre les yeux et se saisit d'un mochi à la fraise.

Ses doigts se blanchissent de farine à son contact. C'est le parfum préféré de Xue, la petite sœur de Min. Il revoit son sourire alors que ses dents croquent dans la pâte de riz molle, puis sur le morceau de fraise en son centre. Ses papilles exultent. Il pourrait manger ainsi du matin au soir, tous les jours de sa vie, sans jamais se lasser... mais soudain, le train s'arrête. Le silence se brise. « Eh bien, il y a longtemps que je n'avais point retrouvé ces saveurs », lui confie sa mère, un mochi à peine entamé dans la main. Wao remarque qu'elle ne respecte plus l'étiquette Orine. La position de ses mains obéit aux règles de politesse Alfare. Cela fait bien longtemps, en effet. Sa mère repose le mochi promptement et s'essuie les mains sans le terminer, en grimaçant à la sensation de farine collée sur les doigts. « Cela ne me manque pas tellement, mais il est important de ne pas oublier d'où l'on vient. » Wao laisse son désaccord percer à travers son regard, mais il continue à mâcher sans rien dire.

La mère et le fils discutent ainsi pendant quelques minutes. Wao lui donne des nouvelles de ses proches, en ne faisant pas état de son manque d'enthousiasme à la mention des avancées de ses deux amis proches. Il comble les vides en essayant d'esquiver sa question fatidique. Mais elle finit par arriver, aussi tranchante que le couteau à sushi. « Alors, tu t'es enfin lié à ce... Arnold ? Harold ? » L'Orine plisse le nez, vexé qu'elle ne puisse retenir le nom d'une personne qui a pris autant d'importance dans sa vie. Mais une fois de plus, l'autorité de sa mère tait son mécontentement. « Eöl. Eöl Lièn », corrige-t-il après avoir bu une gorgée de thé afin de peser ses mots. « Et c'est en cours. Je n'attends plus que le bon moment », ment-il, les yeux plantés sur la table.

Mais sa mère n'est pas dupe. « Je n'en doute pas », répond-elle avec un ton qui indique tout le contraire. « Tu sais, ce n'est pas facile d'être une Orine à Drosera. » *Vous  m'en direz tant*, songe-t-il amèrement. « Vous le pensez vraiment ? J'ai été plutôt bien accueilli, malgré les réserves que ce peuple a envers les étrangers. L'art a ce don de créer des ponts », ment-il une nouvelle fois. C'est comme une seconde nature de voiler la vérité, chez les Ming. « Des ponts, oui... » murmure-t-elle, songeuse. « Les ponts ne sont pas difficiles à détruire non plus. Il suffit d'un torrent d'eau pour le rompre. Envoyer les pierres valser au fond de la rivière, se faire recouvrir de sable et disparaître... » une ombre passe dans son regard.

A ce moment-là, Wao réalise une chose essentielle : l'image qu'il se fait de sa mère n'est pas la réalité. Il la voit comme ayant tant de succès, tant de mérite... mais qu'en est-il vraiment ? *Dans quelle affaire vous êtes-vous fourrée, mère ?* Wao le pense très fort, mais il n'en dit rien et plonge ses yeux dans sa tasse de thé afin de cacher ses doutes. L'ombre d'une idée lui intime de faire ses recherches sur elle plus tard, juste pour s'assurer qu'elle a des sales affaires planquées sous son expression doucereuse et ses manières de pseudo-noble. Il retrouve alors confiance. S'ils étaient dans une bande-dessinée, Wao aurait commencé à grandir. Ses épaules s'élargiraient, encore et encore, jusqu'à faire craquer la pièce. La vérité est que sa mère n'a plus rien à lui apprendre. C'est une mascarade.  

Lui vole de ses propres ailes. Il trace son propre chemin, qui a été fleuri par sa famille. Sa véritable famille. Celle des Shào. Celle qui lui a donné de l'amour et de l'affection. Celle qui lui a pris la main et appris à marcher. Qui a poussé son dos dans la balançoire, pour le propulser haut dans le ciel. Elle ? Elle est minuscule. Comme un moustique qui vient au moment où l'on s'y attend le moins, pour venir vrombir à ses oreilles, de son bruit insupportable. Et au moindre geste hostile, elle s'échappe. Sa mère n'a plus de pouvoir sur lui. Wao se tient droit. Quand il pose sa tasse de thé vide sur la table, elle émet un claquement qui fait sursauter sa mère. Ses yeux anthracite plongent dans leur copie conforme.

« Une pierre ne disparaît pas dans le sable, mais elle change de forme. Elle utilise l'eau pour se métamorphoser. Et quand elle deviendra un galet, à force de patience, elle reprendra son chemin vers son Destin, guidée par le courant. » L'Orine soutient le regard de sa mère. Ses yeux le brûlent, mais aucune larme ne noie son courage. « Il est temps de nous séparer. Je dois me rendre à mon cours de piano. » C'est faux, mais il réalise que le temps lui est trop précieux pour le consacrer à s'agiter autour d'un moustique. Cela a assez duré. Un sentiment de haine l'envahit et le fait tressaillir alors qu'il quitte la pièce, seul. Il ne s'incline pas en partant. Comprend-elle qu'il s'agit d'un adieu ? Il la déteste pour avoir eu son emprise sur lui aussi longtemps.

*

 Alors qu'il marche dehors, Wao s'aperçoit qu'il n'a pas pris la direction de la maison des Lièn. Il est entré dans le premier parc qu'il a vu et s'y enfonce sans faire attention au paysage qui défile. Son poing est serré : sa colère s'est réduite en amertume, maintenant que l'origine du mal n'est plus là. Il aurait aimé faire plus ! Lui dire tout, lui cracher les vérités au visage. Elle doit savoir. Elle devrait souffrir, elle aussi, ou au moins se sentir coupable. Et en même temps, il aimerait l'enlacer pour qu'elle lui rende enfin son affection. Cette dernière envie le fait entrer dans un état de colère qu'il n'a jamais subi auparavant. Et tout aussi soudainement, une femme apparaît devant lui. Ce dernier sursaute. Elle a de beaux cheveux de jais et une tenue de domestique. Elle s'accroupit devant lui et baisse la tête en lui exposant ses mains liées. Il regarde derrière lui en pensant qu'elle cible quelqu'un d'autre, mais il n'y a personne.

Wao s'approche d'elle comme d'un objet de musée, presque amusé de la situation cocasse. Le prend-elle pour un noble Alfar ? « Qui... qui êtes-vous ? » Balbutie-t-il. En réaction à sa voix, l'inconnue lève la tête, en dévoilant des yeux foncés encadrés par une chevelure bouclée. « Je m'excuse, Ô Prince Merlin ! Je voulais bien faire mais j'ai mal agi. Pardonnez-moi, par pitié ! » La confusion de Wao envahit son esprit. A mesure qu'elle s'adresse à lui sous le nom de "Merlin", sa rage s'est accrue, jusqu'à le contrôler tout entier, comme si une autre personne entrait dans son corps. *Qu'est-ce qu'elle a encore fait, celle-là ?!* Pense-t-il soudain. Son expression se déforme et son regard s'embrase comme jamais auparavant. Wao a l'impression que le temps s'étire. Il lève le bras de façon irrépressible, ses yeux plongés dans le regard de détresse de cette inconnue qui lui est soumise, et l'abat avec une force inouïe sur sa joue. *C'est bien mérité. Marianne.* Cette autre pensée intrusive lui donne envie de continuer. La domestique s'est effondrée au sol et des larmes déforment son visage. « Tu es si laide quand tu pleures. » Sa voix est différente : plus grave, plus tranchante. Wao lui assène un coup de pied au visage. Une autre secousse l'agite. Puis elle prend sa colère et disparaît avec.

L'Orine regarde ses mains, abasourdi. Il sent encore la puissance du choc qui fait vibrer les membres de son corps. Jamais de sa vie il ne s'est résolu à employer la violence. Qui est-il ? Qui était-elle ? Comment est-ce possible ? Wao rapproche ses mains et s'accroupit, sentant ses forces l'abandonner sous le choc. Il les plaque sur son visage. *Je suis en train de devenir fou. Cette ville me rend fou !* L'Orine reste ainsi pendant de longues minutes, ou heures, il l'ignore. La nuit tombe et un crachin propre à la saison mouille ses cheveux. Wao se lève avec difficulté et rebrousse chemin tel une poupée désarticulée. Lui qui se sentait si puissant tout à l'heure a désormais l'impression d'être démuni. Comme un oiseau qui s'envole de sa cage et atterrit dans un néant d'incertitude. Pour la première fois de sa vie, il ne sait plus où aller. Le futur est sombre comme la nuit. Et Eöl est loin, très loin d'ici.

Mots: +2100
FIN

Utilisation du pouvoir du Monde des Contes :
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