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 [Q] Les frissons de l'âme [Solo]

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Sam 26 Nov 2022, 17:39


Les frissons de l'âme
I. Suite de la Fiche de Wao

Objectif : Wao [compagnon Orine de Min] rencontre son premier Aisuru potentiel à Drosera, Eöl Lièn.

Tout est prêt. Et pourtant, la confiance de Wao s'est évaporée. L'Orine s'est levée à l'aube et a passé la matinée à se préparer à sa rencontre décisive. Certaines disent qu'une relation est déterminée par la première impression, pour la plus grande partie. Il lui est donc capital de revêtir sa meilleure apparence et ses meilleures manières. Comme un soldat s'arme pour le combat, il se pare de ses armes de séduction. Aidé par les Orines à l'ambassade du Troisième Plateau de Drosera, Wao n'a pas le moindre pli sur son yukata, ni la moindre irrégularité sur sa peau. On lui a assigné la couleur violette ; ses bijoux, tissus et maquillage ont été soigneusement choisis pour mettre en avant ce coloris. Wao a entamé sa journée par une séance de méditation, mais depuis, l'anxiété a repris ses droits dans son esprit. L'Orine, Maîtresse dans l'art de la dissimulation de ses émotions, n'en montre rien. Les Orines senior qui l'assistent lui disent être admiratives de son calme. Mais sous son masque, il est aussi tremblant qu'une fleur à l'épreuve de la tempête.

« Wao Ming ? Il vous attend, Vous pouvez le retrouver sous le porche sur la gauche du jardin. » Lui, Eöl Lien. Son Aisuru potentiel. Potentiel... si peu de certitudes dans ce mot, et tant de promesses. Sa mentor pose une main sur son front afin de puiser une partie de son anxiété. « Le plus important, c'est d'être vous-même. Ne l'oubliez pas. » N'est-ce pas hypocrite ? Mh. Le jeune homme inspire un grand coup et avance vers le pas de la porte. Son pied s'enfonce dans l'herbe humide du jardin. Très souvent, les rencontres formelles avec des Aisuru potentiels se font au sein de l'ambassade Orine de la ville. C'est une façon de ne pas trop arracher les candidates à leur zone de confort. Pour Wao, c'est salutaire : arrivé par téléportation, il n'a pas encore mis le pied à Drosera et découvrira la ville avec l'Alfar. Il se conforte dans cette idée de vivre une première fois avec lui. Quoiqu'il advienne, il aura quelque chose d'unique à tirer de cette rencontre. L'anxiété laisse place à l'excitation de l'inconnu. Les quelques lettres échangées avec son prétendant l'ont rempli d'espoir. Son cœur brûle de tout découvrir sur lui et sa culture.

Ses getas résonnent sur le chemin de pierre alors que l'Orine s'approche du bout de la ligne. Il ne porte que peu d'attention à la beauté du jardin. Soudain, au détour d'un érable et de ses feuilles écarlates, une grande silhouette parée de bleu et d'une longue chevelure blanche se détache de la végétation. Son cœur accélère à mesure qu'il s'en approche. Il bondit quand l'Alfar se retourne et remarque sa présence. Wao le détaille du regard : sa posture est droite et élégante. Ses cheveux blancs encadrent un visage sévère, adouci par son regard où se loge une tendresse certaine, mais bien cachée. « Wao Ming. » Il se lève et s'incline à la façon des Orines. Il n'en faut pas plus pour que son cœur chavire. Eöl excède toutes ses attentes. Son aura est magnétique et sa prestance intimidante. Wao est sous le charme. « ...Sire Eöl Lièn », formule-t-il difficilement en s'approchant de lui. Il s'incline à son tour et pose un genou au sol, en lui signifiant son intention de dévotion. « Enfin, nous nous rencontrons. » La voix de l'Alfar est gracile. Son ton ne laisse pas paraître son émotion, mais ses prunelles anthracites la trahissent. Wao pensait connaître tant de choses sur Eöl en se basant sur leurs correspondances... en le voyant maintenant, il réalise l'abîme d'inconnu qui les sépare. Il a tant à apprendre.

« J'en suis fort honoré... Eöl. » Son nom sonne si bien dans sa bouche. *Eöl.* Il résonne dans son esprit comme une douce mélodie. « Je dois dire que votre charme surpasse mes plus folles attentes », laisse-t-il échapper. Audacieux. Mais Wao ne peut pas s'en empêcher. Eöl est le premier Aisuru potentiel qu'il rencontre et son cœur a fondu. Pour les Maîtres, ces rencontres ne sont qu'une parenthèse pleine de promesses. Mais pour les Orines, c'est le résultat d'une longue préparation. Pour arriver là où il est aujourd'hui, Wao a compté des dizaines d'heures de cours sur la culture Alfar et pour perfectionner la performance dont il lui fera cadeau plus tard dans la journée. Il a voyagé à Maëlith en bateau juste pour rencontrer des expertes dont les connaissances surpassent les meilleurs talents d'Onikareni. *Être moi-même... je comprends maintenant pourquoi. Après tout, nous n'avons point menti dans nos correspondances.* Wao avance en terre inconnue : sa confiance en lui est sa meilleure arme. Eöl sourit devant son compliment, mais il semble nullement touché. S'est-il trop avancé ? « L'imagination est un outil dangereux. Marchons un moment », se contente de répondre l'Alfar. Wao repousse ses inquiétudes dans un coin de son esprit. Il ne doit pas craquer maintenant. Le moment est trop important pour se laisser emporter. Son bras s'enroule dans celui de son interlocuteur et le duo s'engage sur un chemin discrètement taillé entre les arbres.

« L'est-il ? Un ami à moi ne jure que par l'imagination. Il nous confie parfois que sans elle, sa vie n'aurait aucune saveur », finit par répondre Wao. Son regard se perd dans la danse des fleurs au rythme du vent. A l'abri des regards et de l'agitation de la ville, le jardin de l'ambassade offre un cocon qui détend Wao. « Votre ami ne doit pas faire grand chose de sa vie », laisse soudain échapper Eöl. Le choc des cultures vient de le frapper en pleine face. Si Wao n'avait pas autant appris sur le peuple Alfar, il aurait été choqué de cette réponse. Il aurait certainement rougi, puis dissimulé sa gêne en changeant de sujet, blessé. Mais Wao s'est préparé. Il s'arrête soudain de marcher et plante son regard dans celui d'Eöl. « Bien au contraire. L'imagination est ce qui lui donne des ailes. » Wao grossit un peu le trait : Min n'est pas le plus brillant des adolescents de Takao, c'est un fait. Son surplus d'imagination est parfois comme une ancre qui l'empêche de prendre son envol. Et pourtant... elle lui confère aussi une créativité qui surpasse la sienne et celle de Chuan. « Avoir les pieds sur terre et libérer son imagination ne sont pas deux choses incompatibles. En tant qu'artiste, c'est un équilibre que vous maintenez certainement dans votre quotidien ? »

Il en sait certainement quelque chose. Eöl a commencé l'aquarelle grâce à Wao et ses compétences sont déjà impressionnantes. Il a appris des techniques que même Wao ne connaît pas. C'est l'une des choses qu'il admire chez son Aisuru potentiel : quand il se lance dans quelque chose, il y met toute son énergie. En repensant à ses peintures, l'Orine sourit. Devrait-il lui cacher que certaines se trouvent dans sa poche, toujours à portée de main ? Oui, c'est peut-être un peu tôt. « C'est vrai », admet l'Alfar. « Rien ne sert de rêver sa vie. C'est à cela que je faisais allusion », corrige-t-il. Alors que Wao s'attendait à ce qu'il se renferme, son honnêteté semble l'avoir détendu. « A la fin, tout ce qui restera de notre passage dans ce monde, c'est notre héritage. Et il se construit par des actions, des faits concrets. » Son regard se perd ailleurs. « Pour ma part, j'ai créé ma propre galerie d'art. J'ai peint des portraits qui resteront dans des demeures pendant des siècles, voire plus. Je crée, je construis. C'est ainsi que je m'épanouis. Si je ne faisais que rêver, tout s'envolerait avec moi. » Le cœur de Wao se serre. L'Alfar n'est que cinquantenaire, et pourtant, ses paroles lui donnent des airs de vieux sage. « Vous sentez-vous si proche de la mort ? » Plaisante l'Orine, en espérant alléger la conversation. Les yeux d'Eöl se replongent dans les siens.

« J'y pense parfois, oui. Je m'y sens à la fois aussi proche qu'un nourrisson et un vieillard à la fois. C'est un va et vient. » Tentative ratée. Wao est à deux doigts de faire de son premier rendez-vous une séance de thérapie... l'humour n'est certainement pas son point fort. Ni celui de l'Alfar, apparemment. « En ce moment, j'y pense énormément. Depuis que mon oncle s'en est allé... le deuil a ce genre d'effets sur quelqu'un. » Son interlocuteur sourit et une question muette surgit dans son regard. Il ouvre la bouche et hésite, mais se retient et se replonge dans la contemplation du jardin zen, alors que le duo s'approche d'un ponton rouge. Wao répond par un simple regard. Il est décontenancé, même si l'Alfar a déjà parlé de ce décès dans leurs échanges épistolaires. Est-ce une bonne chose qu'il s'ouvre autant ? Ou a-t-il piétiné l'ambiance ? Ce dernier s'immobilise au milieu du ponton et s'accoude à la structure en bois. « Construire un héritage... » répète l'Orine. Cette notion est si éloignée de sa culture, précisément car l'héritage des Orines est indissociable de celui de leur Maître. « Ce n'est pas à cela que je dédie mon existence », murmure-t-il, perdu dans ses réflexions. « Je me vois plus comme... cette fleur de lotus. » Il désigne du menton une fleur à moitié fermée, dont la couleur blanche apparaît faiblement derrière son enveloppe verte.

« Mon rythme s'accorde à celui de la nature. Tranquille et inoffensif. En paix avec ce qui m'entoure. Quand cette fleur fânera, elle s'enfoncera sous l'eau et disparaîtra. Mais moi, je me souviendrai de sa beauté quand je l'aurai vue s'épanouir. Et ce souvenir me suffira. » Une existence simple et tranquille. Qui s'intègre dans l'ordre des choses... Wao se perd dans la contemplation du jardin et Eöl laisse un silence s'installer entre eux. Un silence apaisé. Comme s'il n'y avait plus rien à dire, car leurs esprits communiquaient déjà. Il ne sait plus quoi faire. Il a passé des heures à apprendre toutes les règles de la préparation, mais aucun manuel ne l'a préparé à l'après.

Wao finit par frissonner, la fraîcheur du vent l'envahissant alors qu'il s'est immobilisé. Et soudain, une chaleur l'envahit : Eöl s'est rapproché de lui, en collant son bras contre le sien. L'Orine lève les yeux vers lui, troublé par ce contact physique. Son cœur s'est réchauffé en même temps que sa peau. Sa complicité avec l'Alfar semble aller de soi, comme si elle était l'aboutissement de quelque chose qui remonte à très loin. Ce rapprochement est une main tendue. Comment est-il possible qu'il se lie aussi vite à un inconnu ? Cela ne lui ressemble pas. « Et si vous m'emmeniez dans le petit salon qui nous est réservé ? J'ai toujours rêvé d'assister à une cérémonie du thé. Et puis... vous me l'aviez promise. » D'autres promesses percent à travers le regard d'Eöl. Déjà, celle de vouloir passer plus de temps avec lui. L'Orine hoche la tête, l'estomac noué par l'émotion. *Ce que vous voulez*, répondit-il mentalement.

Mots: 1939
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Min Shào
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Min Shào
Dim 11 Déc 2022, 17:22


Les frissons de l'âme
I. Suite de la Fiche de Wao

Thème : j's lullaby

Des flocons de neige s'effondrent sur les murs transparents de la bulle où Wao et Eöl ont improvisé un atelier de peinture. Cette bulle s'étend à l'esprit de l'Orine. Seul avec l'élu de son cœur, Eöl, et celui de son âme, l'art, il plane sur un nuage d'euphorie. Ces derniers jours, sa vie s'est emballée. Ses sentiments pour l'Alfar n'ont cessé de croître à chaque pensée, à chaque mot et chaque rencontre. Il ne sait pas si c'est réciproque, mais à vrai dire, cela lui importe peu. Il est si transcendé par la beauté de ce lien qu'il ne se soucie plus de cela. Une chose écrite dans sa dernière lettre échangée avec Chuan reste ancrée dans son esprit : "le bonheur ne peut que résider en nous." Elle a raison. Ce sentiment si pur et si puissant le rend, à lui seul, heureux et épanoui. Alors il savoure chaque moment passé en compagnie d'Eöl sans s'embarrasser de questions.

Wao retient tous les détails de l'Alfar, qu'il perçoit comme d'innombrables portes qui mènent à son âme. Ce dernier pose, appuyé sur une bibliothèque où il a entreposé tous ses livres sur l'art. Les flammes de la cheminée donnent à ses yeux un éclat de braise. Durant une longue heure de peinture, il a tout le loisir d'observer l'homme dans ses moindres détails. Cette ombre de ride de concentration ancrée sur son front. Le grain de sa peau. Le trait de ses sourcils, soigneusement tracé. La blancheur de sa chevelure qui égale celle de la neige qui les entoure. Pour cette peinture, Wao utilise ses meilleurs pigments. Il prend le temps de soigner chaque trait pour lui donner l'exacte épaisseur voulue. L'Orine n'est pas pressée : elle pourrait le regarder ainsi pendant des heures. Eöl est un modèle docile et patient. Son corps est immobile, mais son regard vogue vers d'autres horizons. L'Alfar est un homme cérébral, avare de mots, mais plein de réflexions. Wao apprécie son amour pour le silence. Il permet à ses regards et à ses mouvements de s'exprimer avec plus d'élégance. Il rend chacun de ses mots plus puissant, plus tranchant, aussi, parfois.

Wao pose son pinceau. Il n'a pas besoin de dire qu'il a terminé : Eöl le comprend directement. D'un regard, il lui demande de l'autoriser à quitter sa pose. L'Orine hoche la tête et se lève. « Venez voir. » Il amena une autre bougie pour éclairer le tableau des deux côtés. Peindre dans une semi-obscurité est une tradition de sa famille.  Elle permet de s'attarder plus longtemps sur les subtilités, et d'éveiller son imagination. Wao n'a pas peint sa toile de façon réaliste. Il a changé certaines couleurs et ajouté des détails. Au-dessus de l'Alfar, il a ajouté des flocons de neige. Sa tenue en est recouverte. Le froid de la glace contraste avec les couleurs de la cheminée, qu'il a peint uniquement sur son visage. Wao n'en est pas satisfait, mais il sait que peu importe le nombre de retouches qu'il lui apportait, elle ne serait jamais assez bien pour lui. L'important est qu'elle plaise à l'Alfar. C'est lui qu'il tente d'impressionner, après tout. Ce dernier guette la réaction de son modèle avec une impatience difficilement dissimulée. « C'est fort intriguant », commente-t-il après un moment passé à observer la toile de près. Wao lâche un discret soupir de soulagement. Les deux artistes partagent des astuces et débattent du vernis à utiliser pour la surcouche. Ils discutent ensuite de mouvements artistiques. Wao est étonné de la proximité des courants de peinture entre Alfars et Orines. Les deux peuples sont parfaitement opposés, et pourtant, l'art comporte de nombreuses similitudes, la plupart basées sur leur rapport à la nature.

« Allons nous promener le temps que la peinture sèche », propose-t-il soudain. Un éclat dans ses yeux intrigue Wao. A-t-il quelque chose à lui montrer ? L'Orine ne sait pas où il l'a téléporté. Il a tenu à l'amener ici pour qu'il découvre une forêt enneigée. Cette attention a fait fondre son cœur : il a mentionné dans l'une de leurs premières lettres qu'il n'avait jamais vu de forêt enneigée de sa vie. Il y a bien les montagnes d'Onikareni, mais les sommets sont dépourvus de toute végétation. D'ailleurs, ils sont si inaccessibles que Wao ne s'est risqué le voyage qu'une fois. C'est la seule fois où il a accompagné Chuan dans ses défis sportifs de folie, et la dernière. Le fait qu'Eöl s'en souvienne encore signifie une chose : soit qu'il a très bonne mémoire, ou qu'il a relu ses lettres à un moment ou à un autre. Peu importe la réponse, il en est fort touché. « A votre guise », sourit Wao. Dehors, le coucher de soleil donne un éclat de vie à la forêt endormie. Les flocons de neige se font plus rares. La forêt semble si silencieuse, recouverte de son linceul... que pourrait-être le son silencieux de la neige, en musique ? De légères touches de piano aigues ? Un doux air de flûte traversière ? « Tendez votre bras. » L'ordre de l'Alfar est donné à voix basse, mais ferme. Wao aime cette façon qu'il a de s'adresser à lui. Il prend un ton différent. Son regard change et fait que l'Orine se sent spéciale à ses côtés. Se pourrait-il que...? Non, il ne doit pas y penser.

Silencieuse, l'Orine lui obéit. L'Alfar glisse un manteau de fourrure sur ses épaules. Wao peut sentir son odeur de cèdre émaner de son cou quand il se penche vers lui pour lui mettre le manteau. Il sent la chaleur de ses mains traverser le tissu. A moins que ce ne soit lui qui l'imagine ? Wao est pris d'un élan qui le surprit : il a une envie soudaine d'écourter la distance qui les sépare et de l'étreindre longuement. Wao n'est pourtant pas friand des contacts physiques. Ce dernier se concentre pour réprimer cette envie disgracieuse. Il ne veut surtout pas paraître trop affectueux. « Merci », bredouille-t-il pour se distraire de cette envie. Eöl le regarde alors que ses mains sont encore posées sur ses épaules. Les sentiments de Wao le trahissent certainement, puisqu'un sourire énigmatique se dessine sur le visage de l'Alfar. Puis, il se détourne de lui afin de s'habiller. Wao enfile des bottes, qu'il trouve au demeurant fort laides, puis les enfouit sous son kimono, qu'il lisse avant de sortir. « Après vous », lui intime Eöl. Wao obéit une fois de plus et s'engouffre hors de la bulle en touchant une serrure ensorcelée.

La morsure du froid le surprend une fois à l'extérieur. L'Orine serre ses bras contre son manteau en frissonnant. Il n'est pas habitué à de telles températures. L'Alfar, d'un autre côté, ne semble nullement perturbé par l'air gelé. Il sourit en remarquant l'inconfort de l'Orine. « Nous voici au bout du monde, dans un lieu froid et isolé. Mais pourtant, vous n'avez pas hésité une seule seconde à me rejoindre. Vous regrettez, maintenant ? » S'enquit-il avec une pointe d'humour. Il lui présente son bras et entame un chemin qui s'enfonce dans la forêt. Au rythme de ses pas, la neige émet de doux craquements, comme si plusieurs couches cédaient sous son poids. « Tant que vous êtes à mes côtés, j'irai partout », répond-il, les yeux perdus dans l'immensité du ciel enflammé. « Que diriez-vous d'un cratère de volcan pour notre prochain rendez-vous ? » Plaisante-t-il, à moitié pour embrayer la discussion sur une future rencontre. L'Alfar sourit. Wao a appris à déceler les secrets de ses lèvres. Ce dernier rit et parle peu, mais ce sont ses sourires qui transmettent ce qu'il ressent. Celui-ci est sincèrement amusé par sa réponse. « Attention... ne me mettez pas au défi. »

*

L'Alfar et l'Orine marchent ainsi pendant un long moment, si bien que quand leur bulle apparaît à travers le feuillage des sapins, Wao est glacé jusqu'aux os. Il a l'impression que son visage s'est pétrifié et que ses lèvres se sont transformées en glaçons. Même la fourrure n'a pas résisté à la morsure insatiable du froid. A l'idée de se poser près de la cheminée en sirotant un chocolat chaud, il accélère le pas. Ce changement de comportement n'échappe pas au regard affûté de l'Alfar. « Eh bien, la chaleur de ma présence ne vous suffit plus ? » Lui fait-il remarquer, en serrant son bras contre le sien. Wao rougit. D'habitude, il a toujours une remarque à lui rétorquer. La rhétorique est devenu l'un de leurs jeux favoris. Mais quand son regard se plonge dans le sien, il ne trouve plus rien à dire. Il admire les traits de son visage adoucis par le manteau de la nuit. Sa chevelure l'illumine comme un halo, reflétant l'éclat sélénite de la lune. L'Orine ne peut s'en empêcher : il s'arrête et porte ses doigts à ses cheveux, comme hypnotisé par leurs mouvements.

Le froid lui a fait perdre tout sens du toucher et il s'aperçoit soudain de sa vaine tentative. Il s'apprête à s'éloigner promptement et s'excuser pour son contact inapproprié, mais soudain, Eöl l'en empêche. De son autre bras, il le ramène contre lui et le fixe, la bouche entrouverte, comme s'il hésitait à lui dire quelque chose. Le visage levé vers lui, Wao savoure cette initiative inattendue. Son corps semble aspiré vers le sien. Il n'éprouve aucun désir sexuel : il ne cherche qu'à plonger éternellement dans son regard. Il est plus intense, plus communicatif que mille mots. Ce que l'Orine ressent est simplement inexplicable. Aucune forme d'art ne lui vient à l'esprit pour l'immortaliser. La peinture ne pourrait capter ce regard. La musique ne serait pas assez intense pour transcrire ce sentiment. Même une sculpture de leurs corps ne pourrait transmettre leur échange indicible.

« Devenez mon Maître, s'il vous plaît. » Wao s'est entendu parler, mais il est tout aussi surpris que l'Alfar. Les mots se sont échappés de sa bouche. Il a perdu le contrôle. Soudain, son corps est parcouru d'une secousse. Vient-il de tout gâcher ? Est-il allé trop vite ? Ils n'en sont qu'à leur troisième rendez-vous. Il y a tout un protocole à respecter. Il doit rencontrer sa famille. Il doit... « Nous pouvons en discuter », répond simplement Eöl. Il resserre son étreinte et pose sa main sur son visage. Wao frissonne. Est-ce à cause de la fraîcheur de sa peau ou de la chaleur de son contact ? Il n'en sait rien. Et il anticipe encore moins ce qu'il suit. L'Alfar rapproche son visage du sien et colle son front contre lui. Wao ferme les yeux et soupire de soulagement. Il a accepté ! Enfin, presque. Il n'a pas refusé, et c'est tout ce qui compte. Il lui a ouvert une porte. L'Orine est tellement soulagée qu'elle laisse un doux rire lui échapper. La situation lui semble si irréelle. Si parfaite. Soudain, il sent que l'Alfar lui soulève le visage. Il sent quelque chose s'écraser sur ses lèvres, puis s'éloigner tout aussi promptement. Il rouvre les yeux et se perd dans le regard de son futur Aisuru. Ce dernier affiche un sourire qu'il n'a encore jamais vu. Un sourire qui réchauffe tous les recoins de son âme.


Mots: 1953
FIN
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