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 [Q] La graine du complot [Solo]

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Dim 22 Jan 2023, 22:04


La graine du complot
Après le RP Complots, plantes et épées couronnées

Objectif : Wao rédige un rapport d'enquête pour le compte de Rubèn, le fils de son Aisuru potentiel, Eöl. Puis, il quitte Drosera après avoir tenté de renouer avec son Aisuru promis.

Jour I.

Ceci est, à la demande de Rubèn Lièn, la première entrée d'un carnet de rapport d'enquête. Moi, Wao Ming, Orine promise à Eöl Lièn, aide à rédiger le rapport de l'entreprise de Rubèn. Je ne saurais être tenu responsable de l'enquête menée par lui-même.

Rubèn m'est apparu plus fébrile que jamais ce matin. Ses cheveux étaient ébouriffés, comme s'il sautait du lit, et des cernes alourdissaient ses paupières. « Wao ! Wao ! Tu prendras ton petit déjeuner plus tard. Nous devons nous rendre à l'université », s'exclama-t-il d'une voix forte. Il m'expliqua ensuite, sur le trajet, que l'échantillon que nous avions prélevé dans la mer avait donné ses résultats. Afin de garantir la sécurité de la source, son nom ne sera pas divulgué ici. Toutes les sources anonymes seront désignées comme « Paulette », désormais.

Quand nous sommes arrivés, j'ai découvert un établi impressionnant. Paulette nous a accueillis entre deux rendez-vous. C'était expéditif. Elle a dit n'avoir rien trouvé dans l'échantillon de plante, hormis une trace éteinte de magie. La source s'est dit très désolé et nous a, je m'excuse des termes, mis à la porte sans procès. « Cette affaire me paraît louche », m'a confié Rubèn juste après. « Je vais tirer un autre échantillon et le donner à une autre source que Paulette. Tu m'accompagnes aux docks ? On en profitera pour prendre du poisson et les donner aux domestiques pour faire des maki de chez vous. » Rubèn s'est quelque peu enamouré de la cuisine Orine, c'est l'un de mes plus grands succès de cette dernière lune. Mais je m'égare.

Nous sommes allés aux docks afin de retrouver les marins que nous avions précédemment interrogés, afin de connaître l'évolution de la situation. Cette entreprise a fort inquiété Rubèn : nous n'avons pas retrouvé les marins. D'autres employés aux docks nous ont informés que ces derniers ont mis les voiles pour un autre port où, je cite, "les taxes ne les prendraient plus à la gorge". Rubèn continue à penser que quelqu'un empoisonne l'eau du port afin de semer les graines d'une rébellion. Notre enquête s'arrête ici : « Je vais essayer de convaincre mon patron d'accorder des heures à consacrer à ce sujet d'investigation. Il aurait tort de s'en priver car on s'assoit sur quelque chose d'énorme. »


Jour II.

Rubèn n'a non seulement pas obtenu d'heures accordées à dédier à l'investigation, mais a en plus été assigné à des tâches sur des heures supplémentaires. Il me dit que les responsables le font exprès, afin de détourner son attention de sa "grosse affaire".

Quoiqu'il en soit, notre enquête n'avancera pas pendant quelques jours. J'épluche tous les journaux et l'ambassade Orine pour connaître d'éventuelles informations supplémentaires sur la mauvaise pêche. Mais je m'aperçois que les Orines ne parlent que des météorites qui flottent au-dessus de plusieurs villes. Je vais proposer à Rubèn d'écrire sur ce sujet.

Jour V.

[entrée sur le carnet écrite avec des codes de cryptage, selon les indications transmises par Rubèn] Nous attendons toujours les résultats du second échantillon. Rubèn s'est impatienté. Il a pris les devants : nous sommes retournés chez Paulette (la première source, susmentionnée). Une fois de plus, il m'a juste demandé de prendre mon carnet avant que l'on ne parte à l'université.

J'ignorais encore de quoi il en retournait quand nous avons passé les portes. Mais au détour d'un couloir, à quelques mètres de son bureau, il m'a expliqué : « Écoute-moi bien. Ce que je vais te demander ne te plaira pas. Mais tu as juré faire ce que tu peux pour la famille d'Eol, n'est-ce pas ? » Je me suis senti pris au pied du mur. Néanmoins, en l'absence de son père, je n'ai pas eu le cœur de lui refuser mon aide.

Je me suis autorisé un soupir et lui ai répondu : « Que veux-tu, cette fois ? » Il m'attira un peu plus loin, là où il y avait moins de passage. Je m'inquiétais. « J'ai conscience que je t'en demande beaucoup et je te rendrai la pareille. » A-t-il répondu, en faisant mine de parler de la pluie et du beau temps. Mon inquiétude atteignait des sommets. « Il faut que... tu entres dans le bureau de Paulette et que tu lui demandes de l'accompagner à l'extérieur. » Je clignais des yeux sans comprendre. « Tu inventes un prétexte, je ne sais pas, moi... » Il se tenait les mains dans la tête, plongé dans une intense réflexion. Malgré ma confusion, je me suis concentré pour l'aider.

« Comme... hm... lui demander où se trouve quelque chose ? Une salle de conférence ? » Il fut surpris par ma suggestion. « Oui, c'est ça, excellente idée ! Tu diras que... tu me cherches ! Parce que toi, tu ne prends pas de cours ici. » Il hochait la tête en même temps. Ses mains se posaient sur mes épaules. Il est redevenu calme. « Tu es prêt ? » Je hochai la tête en gardant une posture droite, mais de la transpiration couvrait déjà mes mains. Je n'étais pas fait pour ça. Mais Rubèn partait déjà à l'autre bout du couloir et je ne me voyais pas fuir devant la première difficulté... avant de me laisser le temps de plus réfléchir, je suis parti frapper à la porte, les mains tremblantes.

« Entrez », ai-je entendu à travers le bois. Je jetai un regard de l'autre côté du couloir. Rubèn s'était dissimulé derrière un rideau dans l'indifférence générale. En revanche, j'avais l'impression que des regards suspicieux se posaient sur moi. Ils savaient ce que je m'apprêtais à faire ? C'était mon impression. J'entrai dans l'atelier, plus pour fuir les regards que par courage. Je m'avançai et reconnus Paulette. Une ride creusait son front, prête à s'enfoncer au plus profond de son crâne. Il était anxieux et pressé, ce qui n'allait pas simplifier ma tâche. Je baissai les yeux et cachai mes mains transpirantes derrière mon dos. « Hanasu Wao ! Quelle charmante surprise. » Je relevai la tête, surpris de son changement instantané de comportement. Il posa ses gants et se détourna de ses fioles pour revenir vers moi. « Que me vaut cette visite ? »

Je ne me souviens plus très bien de la suite. Il me semble avoir bredouillé que je cherchais Rubèn. En tous cas, il est sorti sans attendre et sans verrouiller son atelier. Il marchait vite. Il avait visiblement hâte de m'emmener à destination. Mais l'université est grande : nous avons fait quelques bonnes minutes de marche, si bien que je ne sus plus comment revenir à la sortie une fois au cœur de ce dédale. « La salle de conférence est à droite, au bout du couloir », me dit-il en pressant légèrement mon dos avec sa main. « Maintenant, veuillez m'excuser. »

Alors, la panique s'empara de mon esprit. Il fallait plus de temps à Rubèn... alors je dis la première chose qui me passait à l'esprit : « Attendez ! » Il s'est arrêté en plein élan. J'avais eu ce que je voulais, mais je n'avais pas prévu la suite. « Je... » « Plaît il ? » « Je ne suis pas certain du numéro de la salle. Et si je me trompais ? Je ne me sens pas à l'aise de me retrouver seul ici. J'aurais la fâcheuse impression d'être un intrus. » Il ne cacha point son exaspération, mais se retourna vers moi. Je savais que j'avais le bénéfice du doute. Il ne s'attendait pas à ce qu'une Orine lui mente, et il avait raison. C'était contre-nature, tout simplement.

Je permis d'épargner une précieuse minute à mon acolyte, et comme il me le précisa plus tard, cela sauva la mission. Quand il s'en alla, je me suis efforcé de retrouver mon chemin afin de ressortir de l'université. Trouver une sortie ne fut pas difficile, mais retrouver la direction du foyer Lièn me posa plus de problèmes. Je ne préciserai pas le processus que j'utilisai pour revenir, mais il était tard quand j'arrivai et je fus surpris par mon accueil. Eöl était là et me gronda. Je ne le blâme pas. Il m'a dit m'avoir cherché partout et m'emmena aussitôt dans une boutique, sans que je puisse répliquer, sous les yeux de sa femme. Désormais, il connaîtra tous mes déplacements, puisqu'il m'a enjoint à porter une bague liée à une carte qui indique ma localisation dans Drosera.

Je n'ai point parlé de notre entreprise avec Rubèn, car j'estime que le devoir de la vérité incombe à lui seul. Néanmoins, je n'enlèverai sous aucun prétexte la bague de mon doigt. Si cela ne plaît pas à son fils, il poursuivra seul cette investigation. Si tu lis ce texte, Rubèn, sache que j'ai fait mon possible afin de préserver l'harmonie dans ta famille. La vérité a un prix que tu n'es pas prêt à payer.

Jour VI.

Voici les informations que m'a rapporté Rubèn après avoir été dans le bureau de Paulette. Le soir-même, il m'a réveillé en pleine nuit. Il s'était introduit dans ma chambre afin de partager les nouveaux éléments qu'il avait en sa possession. J'ai protesté, mais rien ne pouvait entamer sa détermination.

Il m'a dit avoir fouillé dans les clients de la source -et non pas dans les prétendus résultats cachés de l'échantillon marin. Je n'ai obtenu aucune nouvelle information sur ce sujet. Il semble que l'objet de son enquête ait complètement changé. Ce qu'il a trouvé était, selon lui, dérangeant : presque toutes ses commandes concernent le même produit, pour une société dont il ignore encore l'origine. Il me dit que l'un de ces clients a obtenu deux promotions en très peu de temps, il trouve cela louche. Je ne connais pas son nom.

Il m'a ensuite dévoilé que la société en question était en rapport avec la société des juristes de l'Université. Rubèn me dit que l'association se réunit à des intervalles dont il ignore encore la logique dans un café isolé. Il m'a proposé que nous nous y rendions. J'ai refusé, mais je sens bien qu'il ira par lui-même. Je n'ai plus le choix : cela va trop loin. Le soleil se lève et je suis censé me préparer pour une promenade matinale avec Eöl. J'espère qu'en lisant ces lignes, Eöl, tu comprendras que mes décisions n'ont pas été prises contre toi, bien au contraire.

Le lieu en question se nomme le Café de Flore. La prochaine réunion aura lieu dans quatre jours. Elle rassemblera une trentaine de membres de l'alumni juridique. Je soupçonne Rubèn de s'y rendre.


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Min Shào
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Min Shào
Sam 04 Fév 2023, 10:20



Ellipse après le RP Deuxième mouvement : moderato -

Wao et Eöl marchent silencieusement, côte à côte. Aujourd'hui, l'Alfar ne lui a pas pris sa main. L'Orine s'en attriste, mais il n'est pas surpris. La veille, leur première dispute a éclaté. Wao ne peut pas le blâmer : il lui a dissimulé des informations sur sa famille, et sur ses propres activités. Le fait qu'il ait les meilleures intentions à l'esprit ne saurait minimiser ses actes. Il est puni, c'est aussi simple que cela. Et le brun s'apprête à doubler la sentence. « Vous devez me trouver froid, aujourd'hui », finit-il par commenter après un long silence. Devant eux se tient un saule pleureur entouré d'un petit champ d'amarantes. L'arbre se trouve au centre du parc, et il est considéré comme sacré pour les Alfars. La veille, un culte de la Déesse Dothasi a visiblement eu lieu autour de lui. Des bougies rabougries et une trace de sang sont les ultimes témoins de l'événement.

« Froid ? Non. Distant... » Eöl ne termine pas sa phrase. Ce matin, il est avare de mots. Wao sent que son travail tournoie sans cesse dans son esprit. Il n'est jamais vraiment avec lui –jamais entièrement, en tous cas. Ce mystère qu'il trouvait excitant au début a tourné en un goût amer de frustration à l'épreuve de ses absences. « Asseyons-nous. » Le ton de Wao semble inquiéter l'Alfar. Un voile passe devant son regard, en l'espace d'une seconde. Il se retourne et entreprit de grimper dans un arbre en face du saule pleureur. Wao est surpris par sa soudaine impulsion d'aventure, mais il le suit. Ses mains cherchent une prise solide sur le tronc, puis son promis lui tend une main. Wao lève la tête et en a le souffle coupé. Eöl est si beau. Sa chevelure blanche chute vers lui comme les branches du saule pleureur vers les amarantes. « Il y en a qui sont morts ainsi », commente-t-il soudain. L'Orine secoue la tête pour revenir à la raison et pose sa main dans la sienne.

Aussitôt, l'Alfar le hisse pardessus le tronc d'un coup sec. Wao est propulsé vers le haut, si fort qu'il en perd l'équilibre. Eöl, accroupi sur la branche, se redresse et prend l'Orine dans ses bras pour le retenir. Le geste semble spontané, mais Wao sait qu'il est parfaitement calculé. Sa main est parfaitement posée dans le creux de son dos, l'autre enlaçant ses épaules. Wao a rêvé d'enlacer son Aisuru potentiel toutes les nuits depuis son départ, et pourtant... il ne ressent plus la chaleur qui l'avait tant enivré au départ. Quelque chose ne tourne pas rond. Leurs esprits se sont trop éloignés. Cette réalité est laide, horrible et cruelle. L'estomac de Wao se soulève : il est dégoûté et ne sait pas exactement pourquoi, ou par qui. Eöl ou son fils, Rubèn, ou lui-même ? Est-ce lui qui a un problème, ou les autres ? Et Eöl l'a-t-il ressenti aussi ? Cette dernière pensée le paralyse d'effroi. Lentement, son rêve s'écroule. L'étreinte qui l'avait laissé assoiffé, qu'il avait tant voulu retrouver, s'est perdue dans l'obscurité.

Wao s'écarte d'Eöl, les joues rougies par la honte. L'Alfar pourrait croire qu'il manifeste une gêne pudique, touché par son étreinte, mais il n'en est rien. Wao est honteux de n'avoir senti aucune chaleur. Il ressent une impression de trahison secrète, qu'Eöl pourrait découvrir rien qu'en tendant l'oreille. « Merci. » L'Orine s'assoit sur son banc d'écorce. Devant eux, des Alfars passent leur chemin. Certains flânent, mais la plupart soutiennent une marche rapide, talonnés par la montre. « De rien. » La voix de l'Alfar ne trahit aucune émotion. Wao ignore s'il a perçu quoi que ce soit. Un silence chargé de tension forme comme une cage autour d'eux. Chacun attend de trouver le courage de lancer le sujet qui fâche. « Je dois vous dire quelque chose », murmure alors Wao. Sa main se referme contre l'écorce, broyant les éclats en proie à sa poigne. L'Orine a utilisé un ton formel, souligné par le retour de leur vouvoiement de départ. Eöl se tourne vers lui :

–Non. Surpris, Wao plonge un regard inquisiteur dans le sien. Avant, je dois te parler d'une chose qui m'alourdit le cœur.
–De quoi s'agit-il ?
–...cette soirée où mon idiot de fils a joué aux justiciers. Le regard de Wao s'assombrit. Son promis fait référence au bal masqué catastrophique. L'Orine s'apprête à s'excuser, même s'il ne sait pas encore de quel reproche il sera affligé.
–Oui ? Le cœur de Wao s'affole. Il sent qu'Eöl l'emmène sur une pente glissante.
–Melliana m'a partagée une information inquiétante. La pente se transforme en ravin. Sa femme jalouse veut briser leur promesse et le bal n'a pas joué en sa faveur.
–Ah, balbutie-t-il. La gorge de Wao s'assèche.
–Elle m'a dit que tu dansais avec quelqu'un. Une femme.
–Et alors ? Tu n'étais pas là.

Wao n'a pas su mesurer ses mots, vexé que son Aisuru potentiel, cible de tous ses désirs, puisse remettre en question sa confiance. Mais le sang d'Eöl ne fait qu'un tour. Il le foudroie du regard et, soudain, Wao ressent une douleur autour de sa main droite. Il tente de la bouger, mais elle est figée. Quand il se tourne vers elle, son visage blêmit. L'écorce s'est étendue pour prendre sa main en étau, entremêlée de ronces. Un filet de sang coule entre les fissures du bois.

« Arrête tout de suite ! » S'écrie-t-il faiblement, en essayant de tirer son bras. Une larme perle sur le côté de son œil. Sous son ordre, les écorces se sont figées. Soudain, les ronces s'écartent et disparaissent, emportant des bouts de chair sur leur passage. Quand il retire sa main, il découvre des griffures rougeâtres sur toute sa longueur. Eöl tente de prendre sa main, mais Wao a un mouvement de recul. Une peur pointe dans le regard qu'il lui lance et l'Alfar semble être pris au dépourvu. Il ne s'excuse pas ; à la place, le blanc pose un tissu qui se teinte de rouge au contact de sa main. Les griffures ne sont pas profondes, mais Wao en est retourné. Il ne peut plus lui donner le carnet d'enquête de Rubèn ; la situation s'est déjà trop envenimée. Il prend alors la décision de le lui cacher. Tant pis pour l'Alfar.

Le geste suivant d'Eöl le perturbe encore : il l'enlace, enfouissant son visage contre son torse. Wao se laisse faire. Il ne sait plus comment réagir ou quoi penser. « Je tiens bien trop à toi », lui murmure l'Alfar. Une larme coule sur le visage de l'Orine. Il a tant attendu une telle confession de sa part... mais c'est trop tard. Ses mots ne lui apportent aucun réconfort. « J'ai peur que quelqu'un d'autre vole ton cœur en mon absence. » Une amertume remplace la tristesse dans l'esprit de Wao. Il se détache de son étreinte et plonge son regard dans le sien. « Alors arrêtez de me laisser croupir ici. Emmenez-moi avec vous. » L'Alfar soupire. Une fois de plus, le duo est dans une impasse. « C'est quoi, le problème ? Vous me faites pas confiance ? Je peux vous accompagner et vous aider... dites-moi juste comment faire. » Un sourire sans joie s'étire sur le visage d'Eöl. Il soupire une nouvelle fois et dessine le contour de son visage avec son doigt. « D'accord. Je vais m'arranger pour mon prochain voyage. » Le visage de Wao s'illumine enfin pour la première fois de leur balade.

Est-ce qu'il a fallu qu'il s'approche du point de non-retour pour que l'Alfar accepte enfin de faire une concession ?  La méfiance chasse très vite son espoir. « Vous me le promettez ? » Eöl rapproche son visage du sien. Leurs souffles s'entremêlent. « Seulement si tu arrêtes d'utiliser ce ton aussi formel avec ton promis. » Toujours ses yeux plantés dans les siens, Eöl prend doucement sa main blessée. Il retire le tissu et y appose un baiser chaste. Wao est toujours aussi confus, mais une chaleur agréable naît dans son ventre et se déverse dans le haut de son corps. Son cœur s'affole. « Tout ce que tu voudras », murmure Wao. La chaleur remonte jusque sa nuque et s'empare de son souffle. Alors qu'Eöl lui rend sa main, Wao est pris d'une impulsion. Il profite de son inattention pour presser ses lèvres promptement sur ses cheveux blancs. Eöl se redresse et affiche un air outré. Un sourire espiègle fleurit sur le visage de Wao. « Quelle audace, mon cher ! » Un rire gracieux s'échappe des lèvres d'Eöl. Le sang a cessé de perler sur la main de Wao. Quand il tente de s'appuyer sur l'écorce pour sauter de l'arbre, la douleur lui arrache un rictus. Mais c'est un piètre prix à payer pour obtenir une promesse.

*

Chère Chuan,

J'ai besoin de toi. Je sais que l'on ne peut pas se voir. Tu es entre Onikareni et Aeden, je suis à Drosera et je ne peux pas sortir d'ici... mais j'ai besoin de t'entendre. A défaut, j'ai besoin de tes conseils. Tu es la seule personne à qui je peux envoyer cette lettre. Je te fais confiance. Je sais que je suis quelqu'un de secret. Tu as été incroyablement patiente avec moi et tu es la seule qui aie réussi à m'ouvrir au monde, même un peu.

Je ne sais plus quoi faire. [des ratures ont griffonné la ligne.] Je pensais que ça allait mieux avec lui. Je pensais qu'il allait changer. Il est toujours absent, à cause de son activité de galeriste. Un jour, il fait ses valises pour aller sur le Continent Dévasté, et la semaine suivante, il disparaît à Avalon. Il ne me dit pas toujours ce qu'il fait, il est flou, fuyant. Et pendant ce temps, sa famille m'embarque dans des histoires à n'en plus dormir.

Mais, tu vois, je me suis accroché. Je lui ai demandé de faire plus. Et enfin, il m'a promis qu'il m'emmènerait avec lui. Pourquoi me lier à quelqu'un que je ne verrai jamais ? Tu comprends ? J'étais même prêt à partir. C'est peut-être pour ça qu'il m'a enfin promis ce que je voulais. Mais il n'a pas tenu sa promesse. [plus de griffures. De l'encre a fait des pâtés sur la ligne.] Il est parti ce matin. Il est venu me réveiller pour me dire qu'il avait une urgence, qu'il était désolé, qu'il tenait à moi et qu'il tenterait de revenir bientôt. TENTERAIT. J'étais prêt à l'accompagner, même dans ma tenue de nuit, je m'en fichais. Mais il n'a pas voulu. ENCORE UNE FOIS.

Alors je suis perdu ! Tu crois que...? Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est quoi, notre avenir ? Est-ce que c'est compromis ? Est-ce qu'on s'est promis l'un à l'autre trop vite ? Et comment je peux m'intégrer dans sa famille ? Pourquoi c'est si difficile ?

Wao essuie sa joue avec son bras. Le tissu de son jinbei est mouillé de toutes parts, l'eau se mêlant au sel de ses larmes. Son écriture est tremblante. Des gouttes ont perlé en-dehors de son encrier, salissant son bureau. Il s'en aperçoit et, maladroitement, essuie l'encre avec son autre bras. Il pose alors sa plume et se prend les mains dans le visage. Il est désemparé. Plusieurs solutions s'offrent à lui, mais aucune ne lui convient. Il aimerait se téléporter loin, d'un seul coup, sauf qu'il est pris dans une cage. Où qu'il aille, des Alfars le reconnaîtront. S'il veut partir à Onikareni, il doit se rendre à l'ambassade. Et s'il veut sortir de la maison, il rencontrera des domestiques. Il est pris au piège comme une proie.

Thème [oui, je me fais un kiff.]

Son regard s'arrête sur sa main, où ses cicatrices ont presque disparu. Et soudain, il repense au bal. *La fleur !* Au cours de la soirée, la femme dont il ne connaissait  toujours pas le nom lui a offert une rose miniature. Elle lui disait que l'objet aurait le pouvoir de l'emmener près d'elle, s'il avait besoin d'un refuge. Sur le moment, Wao s'était senti béni par ce cadeau tombé des cieux. Puis, la méfiance avait repris le dessus. Mais dans son désespoir, l'occasion lui paraît soudain trop belle. Le brun saute sur place. Il froisse la lettre à Chuan et la déchire en mille morceaux, s'acharnant sur le papier où il a couché tous ses malheurs. Non, personne ne doit savoir. Il doit garder la face.

Wao essaie de détacher son jinbei, mais le tissu résiste. Alors il le déchire, dans sa hâte, et ouvre son armoire à la volée. Il s'empare de son yukata le plus simple à enfiler et agrippe sa valise. Il y a entreposé tous ses objets les plus précieux, comme s'il s'attendait déjà à partir. Elle contient son matériel de peintre, son xun, quelques lettres de ses amis, son argent de poche et ses bijoux. Enfin, il fouille sous son matelas, où il a caché la rose. Il soupire de soulagement quand il découvre qu'elle n'a pas changé de place. Son regard se porte alors sur la bague qu'Eöl lui a demandé de porter afin de le localiser à tout moment. Un autre sanglot secoue son torse alors qu'il la retire de son doigt. Quoiqu'il advienne, cette fuite ne permettra pas de retour en arrière. *Je m'en fiche. Il avait qu'à être là. Je passerai pas un jour de plus dans cette maison de mort.*

Son regard se tourne vers sa dernière toile en date ; elle est recouverte d'un drap, Wao ne désirant pas qu'un domestique la découvre. La toile est à l'effigie de la rousse qui lui a offert la rose. Son cœur bondit alors qu'il imagine la réaction de l'inconnue face à sa dernière oeuvre. Il prend la toile sous le bras, sa valise entre les jambes, et fixe la rose. *Hume son odeur pour revenir à moi*, se souvient-il. Il l'approche de son visage. Derrière sa porte, les domestiques commencent à se hâter pour mettre la maison en ordre avant que la matriarche ne se lève. L'idée de ne plus jamais revoir ses lèvres pincées et son regard ravit Wao. Un nouveau souffle de vie s'insuffle en lui. Il colle la rose à son nez et inspire doucement. De façon surprenante, ce n'est pas une odeur de fleur qui s'impose, mais celle d'une humidité sombre, un peu comme dans une église. Il laisse son odorat le prendre tout entier et disparaît de Drosera, laissant son passé à jamais derrière lui.

Mots: trop
FIN

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