Et là le dragon te traverse la tête et PAF !

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Sympan avait les yeux fixés sur les cinq cartes qu’il tenait dans ses mains. Sur la première, un dragon flamboyant était représenté. Il était vraiment curieux par rapport à la thématique. Drejtësi avait commencé à lui parler du Jeu des Enchanteurs et des Tournois du même nom et, entre deux expériences salivaires avec la jeune fille, il avait décidé de s’y mettre. Pour le moment, activer les cartes dans le vide suffisait à le contenter. Il regardait les effets magiques avec les yeux d’un enfant émerveillé. L’émerveillement, chez l’Ygdralfar, s’illustrait par une expression fascinée mais non moins folle. Ses yeux se fixaient sur le phénomène étudié, sa tête se penchait sur le côté et un petit sourire tordu naissait sur ses lèvres. Parfois, il lui arrivait de regarder les individus ainsi et, généralement, ce n’était pas très bon signe. Ce n’était jamais bon signe, en réalité, car ses facultés intellectuelles en constante progression ne faisaient qu’accroître le nombre des idées tordues qui lui passaient déjà dans la tête. Dans son cas, les idées étaient une chose – bien qu’inoffensives en soi – mais le mieux, pour tout le monde, restait qu’il ne trouvât jamais les moyens de ses prétentions.

Alors qu’il s’apprêtait à lancer la magie de sa carte dragon, il se dit que ce serait peut-être intéressant de le faire en présence d’un autre individu. Puisqu’il ne connaissait pas plus que cela le jeu en lui-même, des milliers d’interrogations avait germé dans son cerveau biberonné aux expériences de Yanna. Est-ce que l’effet s’appliquait aussi aux individus ? Ou est-ce que les cartes ne pouvaient faire que s’affronter entre elles ? Et si ce dernier cas était vrai, ne pourrait-il pas les modifier pour faire en sorte qu’elles pussent atteindre des personnes ? Il se voyait bien tenter d’impressionner la professeure de botanique avec une fougère géante qui sortirait d'une carte pour étouffer les élèves récalcitrants. Ce serait amusant. Peut-être. « Hum. » Il y avait des choses à exploiter.

Sympan tourna la tête sur le côté lorsqu’il vit Claer. Il releva ses manches tranquillement, découvrant ses bras maigres. Il adorait porter des vêtements amples. Il avait lu dans un livre que certains animaux se hérissaient pour se montrer plus impressionnants. Lui le faisait avec ses vêtements. À l’intérieur des froufrous et des drapés, il était presque impossible de discerner où se situait son squelette recouvert de peau. Les muscles étaient une option qu’il n’avait visiblement pas choisi de prendre à la naissance. « Hé, toi, le bipède femelle à crinière blonde ! » fit-il, pour attirer son attention avant de déclencher la magie. Le dragon sortit de la carte dans un condensé de poussière dorée et rugit férocement avant de foncer sur la tête de l’adolescente.

L’Ygdralfar fit la moue lorsque l’animal traversa le visage de Claer sans qu’elle ne subît le moindre dégât. « Hum. Moui. » fit-il, un peu déçu.

Et là le dragon te traverse la tête et PAF !

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Sympan sourit lorsque la bipède blonde posa la question. Il pencha néanmoins la tête sur le côté et la regarda, dans l’attente de plus d’explications de sa part sur ce qu’elle désirait savoir. Parfois, les questions lui paraissaient trop vagues. Qu’est-ce que c’était ? Le dragon ? La magie ? L’effet ? Il lui arrivait encore fréquemment – de plus en plus rarement – de s’emmêler les pinceaux et de donner des réponses bien trop fournies. De plus, son cerveau avait tendance à faire des liens entre des éléments plus ou moins éloignés. Parfois, il parlait trop vite ou sautait de ce que les autres percevaient comme du coq à l’âne. Il devait donc faire attention. « Peut-être. » répondit-il, évasif. Il n’était pas très calé sur les dragons et le fait qu’elle en sût plus que lui sur l’espèce exacte de l’animal ne lui plut pas vraiment. D’un autre côté, il désirait réellement se rapprocher de personnes savantes au sujet de plusieurs domaines afin d’en apprendre davantage. S’il restait avec des idiots comme Johannês, il n’apprendrait jamais rien des autres et devrait donc se contenter des livres et des données qu’il pourrait récolter ici et là. « Brindille ? » répéta-t-il. Il n’était pas franchement susceptible mais le franc parler de cette femelle l’étonnait. « Juste une carte. Tu y vas un peu fort, non ? Ce n’est pas juste une carte. Les procédés magiques mis en place dans ce jeu sont dingues. Les connais-tu ? Je n’en ai pas l’impression. » Il lui sourit néanmoins, d’un sourire un peu gauche, avant de lui tendre son paquet de cartes. « Tiens, cadeau. » Il en trouverait d’autres. Un sujet bien plus intéressant venait de s'offrir à lui. « Dis-moi… Je cherche des cobayes pour une toute nouvelle expérience. Tu n’auras pas besoin de me répondre tout de suite. C’est même recommandé de prendre le temps de réfléchir, histoire que je m’assure de ton consentement. » Pour cette étude-là ou, du moins, pour ce groupe-là, il avait décidé de faire entrer en jeu cette notion de consentement. D’après lui, les expériences qui ne s’encombraient pas de l’accord d’autrui étaient les plus réussies et justes. Le mieux restait quand les sujets n’étaient pas au courant. Ainsi, aucune de leurs habitudes n’étaient modifiées et l’étude pouvait se réaliser dans un milieu réellement optimal. Son expérience visait justement à le prouver. « L’expérience est très simple : tu n’auras rien à faire, juste à me laisser t’observer pendant soixante-douze heures entières. » Il se débrouillerait pour infiltrer son dortoir. « Voilà. Tu sais tout. Recontacte-moi pour me donner ta réponse quand tu voudras. » Il se leva et s’approcha un peu de son visage, comme s’il avait voulu trouver une puce sur le bout de son nez. « Si cette expérience est concluante, on pourra ensuite partir à la recherche d’un Amote doré. Je suis sûr qu’on pourrait obtenir un financement et des moyens matériels pour ça. » Il lui fit un clin d’œil, prêt à partir. « Oh et… Je suis Sym. »

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