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« Bonjour et bienvenue à ce cours, mesdemoiselles, messieurs. Ne sortez pas trop vite toutes vos affaires, aujourd’hui, nous ne ferons rien de traditionnel. Pas de prises de notes effrénées, pas de longs monologues de ma part. Pas de petits malins qui font la sieste dans le fond de la salle non plus, en pensant passer inaperçus. Sachez, Monsieur Thymiens, que je vous vois. Il vous arrive de ronfler, ce n’est ni discret, ni gracieux. Encore moins respectueux envers moi. Si ce cours n’a été choisi que pour vous permettre de rattraper le retards sur vos nuits de nourrissons, vous pouvez toujours chercher ailleurs. En ce jour, très chers élèves - comprenez bien que je m’adresse à ceux d’entre vous qui sont là pour la matière, pour travailler et apprendre, pas comme Monsieur Thymiens ici présent, je vous ai préparé une activité qui devrait vous plaire. Tout d’abord, cette occupation vous permettra de ne pas être enfermés dans cette salle pendant les horaires qui sont réservé à mon enseignement. Vous serez libre de vos mouvements, de la manière dont vous préférez travailler et de l’endroit qui vous convient. Ne vous voilez tout de même pas la face : il ne s’agit pas de vacances que je vous offre gracieusement, mais bien d’un devoir. Et un devoir important, puisque ce dernier comptera beaucoup pour la validation de cette matière. Deuxième point positif : si vous réussissez correctement cette épreuve, je ne vous imposerez pas d’autres évaluations écrites et rédactionnelles. Pour résumé : si vous avez une bonne note à ce travail, pas d’examen de fin d’année pour vous. Du moins, et je me répète pour qu’on ne m’accuse pas de fausse joie, pour ce qui concerne cette matière et uniquement celle-ci. Vous aurez très certainement une épreuve terrible et insurmontable en mathématiques. Mais ça ne me regarde pas, et je vous l’avoue, je me fiche bien de vos résultats en sciences. Tout ce qui m’intéresse, c’est de voir ce que vos petits cerveaux, livrés à eux-même, sont capable produire. J’essaie de ne m’attendre à rien, pour ne pas être déçu. Malgré moi, je souhaite également que quelques-uns d’entre vous me surprenne. Enfin… Je parle, je parle, je parle trop, même, paraît-il, du moins c’est ce que dise les rumeurs étudiantes sur ce bon vieux monsieur Patty, professeur en Communication. Venons-en au vif du sujet, pour ne pas perdre plus de temps… » 



Le vieil homme, petit et un peu bedonnant, à la chevelure argenté et au crâne dégarni, était la plupart du temps quelqu’un d’assez agréable. Bavard, certes, mais gentil et bienveillant envers ses élèves. Ces derniers temps, malheureusement, il était de mauvaises humeurs. Peut-être à cause de ce Thymiens, qu’il avait entendu ronfler une seule et unique fois et qui le payait à présent ? Ou bien à cause de ces fameuses rumeurs qu’il avait entendu à son sujet. Évidemment que les élèves parlaient entre de leurs professeurs ! Il faut bien trouver un moyen de relâcher la pression et de s’amuser à l’école, voyons… Syrianne, assise au milieu d’un rang proche de l’estrade, avait un peu mal au coeur pour ce pauvre Monsieur Patty. Il était vexé. D’un autre côté, elle n’était pas ravie non plus d’hériter d'un devoir à cause de ses états d’âmes… Il marchait, les bras croisés dans son dos, de long en large sur la petite scène qui comportait un bureau et un tableau noir qui mesurait toute la largeur de la salle.

« Vous devrez, par groupe de trois ou de quatre, pas plus, pas moins, je vous préviens, je serais intransigeant à ce sujet, préparer une présentation complète sur un sujet précis. Ledit sujet est totalement libre et c’est là, selon moi, que réside la plus grande difficulté du travail que vous aurez à faire. Je voudrais un exposé totalement exhaustif sur ce que vous aurez choisi. Arrangez-vous pour ne pas m’ennuyer deux fois avec la même idée… Donc, je disais, que vous ne devrez rien oublié. Il faudra donc faire en sorte de ne pas choisir une problématique trop large ou général. Rien de trop simple non plus, puisqu’il vous faudra parler chacun pendant une quinzaine de minutes. Puisque je connais votre aversion générale pour les mathématiques, je fais l’addition pour vous : cela correspond à quarante-cinq minutes à une heure de présentation. Je me réserve le droit d’intervenir à tout moment, à ma guise. Oh, et tous les groupes passeront la semaine suivante. Vous avez un délai de sept jours pour vous organisez, faire les groupes et tout préparer. Et dernier point, qui va vous faire rugir, j’en suis certain : tout le monde devra assister à chacun des exposés. Votre absence équivaudra à un malus sur la note du groupe entier. »

Effectivement, tout l’amphithéâtre se mit à protester. Une semaine de liberté, contre une semaine de torture !

« Là-dessus, je tiens à préciser que je ne serais absolument pas disponible pour toutes questions ou validations. Débrouillez-vous. À la semaine prochaine. »

À ces mots, le professeurs Patty remit en place sa cravate, attrapa sa petite mallette et quitta la salle par la porte réservé aux enseignants, laissant une foule d’étudiants à moitié perdu. Il n’avait pas parlé de marche à suivre, ni de thématique et encore moins de méthodologie ! Dans un premier temps, la formation des groupes prévalait sur le reste et Syrianne se mit à la recherche de camarades pour l’épauler. Elle choisit finalement, après un rapide tour de la salle des yeux, de faire signes à deux Lyriennes qui faisaient parties, tout comme elle, du département de l’Étain.