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 Les Portes - Chapitre V

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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Mar 25 Oct 2022, 23:20

Les Portes - Chapitre V  - Page 13 G7pa
Les Portes V - Le Conte II
Ezidor




Rôle:

« En effet. » Acquiesça Ezidor sans douter une seule seconde d'avoir égrené quelques petits bâtards ça et là, ici comme ailleurs. Il ne s'en souciait nullement. Il y avait une différence entre être père, et être géniteur. Dans le premier cas, le sentiment qui s'en rapprochait le plus avait été lorsqu'il avait pris sous son aile un petit fouineur qui ne se fondait pas dans le moule noble qui avait été taillé pour lui et s'était laissé courtiser par les ténèbres des coulisses pendant un temps. Le désir d'enseigner et de guider, de se glorifier lorsqu'il réussissait et dépassait ses attentes, n'était-ce pas ce que tout père devait ressentir ? Mais il y avait des bavures sur ce tableau, des choses qu'il avait faites qui n'entraient pas dans la liste du père parfait. Il ne regrettait rien, car les regrets étaient une perte de temps et l'apanage des faibles d'esprit, et parce que Childéric n'en gardait pas souvenir. Ce qu'il ne savait pas ne pouvait lui faire de mal, mais à la réflexion, peut-être le moment était-il venu de lui révéler d'autres secrets. N'était-il pas assez grand à présent pour l'entendre ? Ezidor s'amusa à imaginer les expressions qui troubleraient son visage en faisant tourner sa partenaire, écoutant à peine les justifications dont elle l'abreuvait. Elle le prenait pour un idiot, ce que personne n'appréciait, mais le médecin n'allait pas s'en contrarier pour autant. Il aimait qu'elle aggrave son cas sans le savoir, à lui donner davantage de raisons de lui vouloir du mal. Il reconnaissait cette fierté ; toutes les prostitués possédaient cet air, comme s'il s'agissait d'un vêtement que nul ne saurait leur enlever. C'était ridicule, car elles ne possédaient rien, et Ezidor allait s'assurer que sous peu, il la dépouillerait de cet inutile voile de dignité dont elle se drapait. Il suffisait de peu de choses pour rappeler à chacun la notion d'humilité. Gustave, au hasard, en avait fait les frais il y a peu. Il était toujours bon d'être ébranlé dans ses certitudes. Ezidor, par exemple, s'efforçait toujours de douter de tout et de tout le monde. Doté d'une méfiance qui frisait la paranoïa, il ne prenait rien pour acquis et remettait en question ses propres capacités. Ainsi, il restait toujours affûté et avec une longueur d'avance suffisante pour ne pas être inquiété d'être un jour accusé pour ses méfaits.

Aimable, il laissa Adénaïs s'épancher sans l'interrompre, se contentant de l'accompagner en l'emportant sur la piste de danse au gré de leur valse. Il était amusant comme il fallait si peu d'attention pour qu'elle s'épanouisse comme un tournesol embrassant le ciel. Ce devait être quelque chose qu'elle recevait peu. Les hommes la visitant la gratifiant de pièces d'or plutôt que de la qualité d'une conversation. Son avis n'était pas inintéressant, mais Ezidor ne pouvait s'empêcher de biaiser son jugement en la dévaluant. Et comment faire autrement ? La pauvre femme perdait en valeur à chaque nouvelle série de coups de reins contre ses fesses. Encore quelques années et c'était une pomme fripée et déjà mordue à plusieurs reprises que le commandant courtiserait, ou pire, épouserait. Ne pouvait-il pas prendre le peu qu'elle avait encore à offrir et s'en contenter ? Malgré lui, sa mine s'était assombrie et il se força à sourire quand elle rit de son propre bavardage. Petite idiote sans saveur.

« Ma foi, je vais tâcher de répondre à votre curiosité dans l'ordre. » Un léger reproche perçait dans sa voix. Il n'aimait pas qu'on l'interrogeât trop. Sa discrétion était son arme la plus précieuse. Dès qu'on cherchait à creuser pour percer le masque du médecin terne et revêche, c'était qu'il avait dû commettre une fausse note pour attirer l'attention sur lui. « Même si, au final, je pourrais conjuguer l'ensemble de vos questions car je n'ai qu'une réponse à vous apporter. La seule dame qui a jamais su trouver le chemin à mon coeur est la médecine. Ce n'est pas seulement un métier que j'exerce, c'est une philosophie de vie. Voyager me devenait nécessaire pour déployer mes talents et découvrir de nouvelles techniques dont mes patients, tels que vous, pourraient bénéficier. Nous n'évaluons pas le monde avec les mêmes outils de mesure, Adénaïs. Ce que je trouverai palpitant sera peut-être un herbier recensant toutes les vertus des plantes et où les trouver. Le reste m'importe peu. » Une partie de la vérité pour assouvir la curiosité de la dame, afin de renforcer le portrait ennuyeux du docteur qu'elle hébergeait. Il lui fallait rester sans histoires. Le pouvoir des secrets résidait dans le fait qu'ils devaient le rester. Sans cela, une fois énoncés, ils n'avaient plus aucune valeur. Néanmoins, il y en avait certains, lorsqu'ils étaient murmurés à l'oreille de la bonne personne, qui pouvaient faire leur effet et il aimait à lancer en l'air parfois une pomme de discorde et voir qui s'en saisirait en vol pour en faire bon usage.

Ezidor termina de faire pivoter sa cavalière et en la réceptionnant contre lui, il en profita pour lui chuchoter à l'oreille. « Mais puisque vous êtes si curieuse de l'étranger, je note parmi les invités la présence du souverain d'Uobmab. De sombres rumeurs courent sur ce Royaume et vous devriez vous méfier en sachant que Déodatus accompagne la princesse Zébella. D'ailleurs, je ne les vois déjà plus. La fougue de la jeunesse est une bonne chose, mais peut-être qu'un roi, et un père, ne verrait pas les choses de la même manière. N'est-elle pas promise à son frère ? » Il marqua une pause de fausse réflexion. Il savait très bien quel lien unissait les enfants du Royaume étranger. « Mais vous êtes en sécurité ici. Bien sûr, comme tous les monarques, ils peuvent se permettre davantage de choses, même lorsqu'ils sont en visite chez leur voisin. Mais vous n'avez pas à vous en faire. Votre état vous protège et une femme dont je ne peux dévoiler le nom, secret professionnel oblige, n'aura pas non plus à s'inquiéter ce soir grâce à mes services. Loin de moi l'idée de me faire juge de pratiques... inhabituelles, mais ne pas être touchée par la grâce d'attendre un enfant est dans certains cas, une bénédiction. »

Message VI | 1110 mots
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Min Shào
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Min Shào
Mer 26 Oct 2022, 21:56


Les Portes - Chapitre V


Want - Taemin

Rôle:

Natanaël entra sur la piste de danse avec Yvonelle. Son élégance digne d'une Déesse lui conférait un magnétisme redoutable. Le blond ne l'avait presque plus quitté des yeux depuis qu'elle l'avait retrouvé et accepté sa rose. En tenant sa main, il l'entraîna d'un seul coup vers lui puis la fit malicieusement tournoyer afin de lancer leur première valse. Natanaël voulait faire office de parfait cavalier pour elle, mais sa beauté le désarçonnait et il laissa échapper quelques maladresses. Il fallait dire que le noir lui seyait étonnamment bien. La couleur épousait ses formes et faisait ressortir son teint de porcelaine, encadré par sa chevelure sélénite. Yvonelle faisait figure de femme fatale.

Au début, le blond n'eût aucun regard pour les autres convives ni pour la salle de bal : son champ de vision s'arrêtait sur le visage et les courbes d'Yvonelle, magnifiés par ses délicates arabesques au rythme de l'orchestre. La mélomane s'accordait bien mieux que lui à la musique. Natanaël approcha sa belle en pressant délicatement sa taille et lui susurra : « Quelle fabuleuse danseuse tu fais... et moi qui pensais bien te guider, nos rôles s'inversent. » Soudain, une voix de femme résonna dans la salle et tira Natanaël de ses contemplations. En se tournant, il aperçut la femme de Lambert De Lieugro qui lui faisait une scène. Il regarda Yvonelle et afficha un sourire gêné. « Ouh, je n'aimerais pas être à sa place... espérons que nous tomberons pas dans leurs travers à leur âge », commenta-t-il, un sourire en coin. Ayant vécu sous le toit de célibataires, il n'avait jamais été témoin de disputes de couples et il priait pour que ce fléau les épargne longtemps... pour toujours, si possible.

En détournant le regard d'Yvonelle, il avait remarqué une flamme qui se détachait de la foule. Ce dernier se tourna alors et découvrit Rosette avec Elzibert qui discutaient en dansant. La rousse avait opté pour une tenue élégante en toute simplicité, à son image. Il réalisa alors à quel point elle et Yvonelle avaient deux physiques différents. En tous points, même au lit, elles lui offraient des plaisirs aussi intenses qu'opposés. C'était peut-être ça, son problème : il ne pouvait pas choisir quand le monde offrait tant de beauté. Ce dernier fut tenté d'accrocher son regard sur les courbes de son aimante, mais il se tourna à contrecœur, le regard fuyant. « J'espère que Rosette ne va pas être trop perturbée. Ce n'est agréable pour personne de voir ses parents se donner en spectacle. Rapprochons-nous d'eux discrètement...! » Il commença à faire des pas de côté vers ses amis afin de les saluer, mais un inconnu fut plus rapide que lui. Un brun eut l'audace d'interrompre les deux amis en pleine danse pour demander quelque chose à Rosette.

*C'est qui, ce bouffon ?* pensa-t-il avec agacement. Sous son air ébahi, elle hocha la tête et se laissa entraîner par ce dernier. Cette fois, il s'autorisa à montrer sa surprise à Yvonelle. « Mes yeux m'ont abusé ou Rosette vient de se faire subtiliser par un double d'Elzibert ? » Il haussa les épaules et reprit la valse afin de ne pas paraître tâche sur la piste, mais avec moins de cœur. Son ami semblait tout aussi agacé que lui, se précipitant dans un coin de la salle. Le blond eût un soupçon d'inquiétude pour Clémentine, laissée de côté par son cavalier si tôt dans la soirée, mais il fut chassé tout aussi vite par ses inquiétudes concernant Rosette. Pourtant, il était inévitable qu'une femme célibataire de son âge et de son acabit soit courtisée. Il était déconcentré et œuvra pour ne plus chercher la rousse des yeux.

Maintenant, c'était Yvonelle qui comptait. Elle était sublime et il voulait le lui faire comprendre. Natanaël aimait danser, surtout car cet art embellissait les courbes féminines et lui offrait un spectacle dont il ne se lassait jamais. Néanmoins, une autre envie avait germé depuis son arrivée au domaine D'Etamot et grondait dans son bassin. Il aurait aimé attendre un peu plus avant d'entraîner sa fiancée à l'écart, mais ses jours d'abstention enflammaient ses instincts les plus primaires. Inconsciemment, il renforça sa prise sur le corset de sa fiancée. Le blond s'imaginait déjà défaire les lacets du tissu et caresser ses courbes. Son cœur battait à l'idée de retrouver ces sensations qu'il convoitait pardessus tout. Il tenta de feindre l'indifférence, mais la fiancée avait certainement déjà perçu l'idée qu'il se faisait de la suite. Elle le connaissait par cœur. Ou presque.

Natanaël ralentit ses pas et se rapprocha d'Yvonelle, autant que les conventions sociales le permettaient dans un lieu public. Une braise s'était enflammée dans ses prunelles. « Je te l'ai déjà dit, mais je réitère : tu es parfaite. » Car c'était bien seul mot qui pouvait rendre justice à sa beauté. « J'aimerais t'attirer dans les jardins. Maintenant. » Il pencha sa tête un peu plus vers elle. « Tout de suite. » Ce dernier ne put réprimer un sourire en coin. Il s'éloigna et reprit la danse, l'air de rien. C'était une proposition, mais qui restait assez subtile pour qu'il lui laisse une porte de sortie. Il savait que sa fiancée n'appréciait pas qu'il soit trop pressant : au contraire, cela avait pour fâcheuse conséquence de l'éloigner de lui. En somme, ce qu'il voulait éviter à tout prix.

Mots: 974


PS:
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Jeu 27 Oct 2022, 00:21

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Dans un silence attentif, Adénaïs écoutait la réponse bien brève de son cavalier et si peu satisfaisante. Elle avait du mal à croire que son cœur n'avait jamais eu quelque inclination pour celui d'une autre personne. Et s'il disait la vérité, elle ne pouvait que se faire la réflexion que sa vie, aussi aventureuse pût-elle être, méritait la pitié. Elle savait que certains trouvaient l'amour frivole et inutile. Elle savait également qu'on appréhendait le monde d'une toute autre façon lorsque l'on possédait quelques transports envers une personne. Elle ne chercha cependant pas à approfondir le sujet. S'il ne désirait pas parler de ces choses-là, il n'y avait aucune raison à insister, au risque de gâcher une soirée qu'elle espérait agréable. Ça lui était nécessaire. « J'ai l'impression que vous n'êtes pas un adepte des conversations de salons. » commenta-t-elle à la place lorsqu'il la fit tourner sur elle-même. Elle devait admettre être plutôt en accord avec lui sur ce point. Si elle en avait l'occasion, elle appréciait bien plus débattre de sujets et d'autres forçant à la réflexion, plutôt que de passer trois heures à s'inquiéter du mauvais temps qui pouvait perdurer. Néanmoins, elle n'en avait plus vraiment l'occasion. Elle ne prenait plus ce temps non plus. Le monde lui apparaissait trop noir depuis trop longtemps de toute façon pour ne pas porter un œil négatif à tout ce qui l'entourait. Non, personne ne possédait la pureté des anges. Oui, l'égo des uns passait avant le bien-être des autres. Non, aucune intention offerte n'était dénuée d'intérêt. Oui, les disparités attisaient une haine destructrice envers son prochain. Pour résumer, le monde était incapable de bonté universelle et sans limite à l'égard de ceux qui le peuplaient. Telle était sa vision des choses et le médecin ne tarda pas à lui donner raison. Pendant un court instant un voile de ténèbres s'abattu autour d'elle pour suspendre le temps en une terrifiante seconde silencieuse. Son visage, derrière l'épaule d'Ezidor se déforma de l'horreur de cette nouvelle et son regard se mit à parcourir la foule à la recherche du souverain. Ce fut la pression sur sa hanche, lui indiquant la fin de la proximité initiée, qui l'invita à déguiser ses sentiments derrière le simple masque de l'inquiétude, celle qui gagnait n'importe quel être assez censé pour savoir que l'arrivée de Judas en ces lieux n'était pas une bonne nouvelle. Le cœur au bord des lèvres, elle accusait chacun des mots lui parvenant comme un coup de masse qui s'abattait sur son être, et la dernière affirmation assenée finit de l'achever. « Mon état ? » répéta-t-elle avant laisser échapper un rire jaune. « Rien ne protège personne de ce roi. La seule chose pouvant entraver ses décisions est sa propre mort. Or, personne en ce royaume n'est assez fou ni courageux pour oser se dresser devant lui. » souffla-t-elle d'une voix grave, comme craignant que le concerné ne l'entende. Alors elle s'écarta d'Ezidor. « Veuillez m'excuser Sir de Xyno. N'en prenait pas ombrage, mais il me faut savoir où se trouve mon fils. Comme vous l'avez si bien relevé, celui-ci est absent de la salle et en compagnie de la Princesse d'Uobmab et je tiens à savoir s'il se porte bien avant que Sa Majesté d'Uobmab n'intervienne. Messire, ce fut un plaisir de partager cette danse avec vous. » conclut-elle leur échange dans une révérence avant s'éloigner. De toute façon, elle aurait été incapable de continuer cette valse. Sa tête lui tournait de trop et son estomac dansait une java trop enflammée dans son ventre pour ça.

La d'Etamot s'approcha d'un domestique. « Pouvez-vous m'apporter de l'eau s'il-vous plaît ? » - « Bien sûr ma Dame. » répondit celui-ci en opinant du chef. « Et trouvez où est passé mon fils. » ajouta la blonde avant que son vis-à-vis ne s'échappe. « Comme il vous siéra ma Dame. » approuva-t-il à nouveau avant s'éloigner. Alors Adénaïs continua son chemin jusqu'au buffet où elle prit appui, le visage baissé et les yeux fermés. Ce médecin se moquait-il d'elle ? Il ne lui arrivera rien. Quelle bonne blague ! La seule raison pour laquelle elle respirait encore aujourd'hui c'est parce qu'elle s'était murée dans un silence de mort et avait enterré ce qui s'était passé au plus profond de son être. Si seulement elle avait pu oublier... Mais il y avait Elzibert. Le pauvre n'était pour rien dans cette histoire. Mais son garçon dont le visage était trop identique au garçon d'écurie forçait sa mémoire à garder vivace la dernière interaction qu'elle avait eue avec le Roi d'Uobmab. « Tout va bien ma Dame ? ». Surprise de cette présence qu'elle n'avait pas entendue arriver, Adénaïs sursauta, fixant avec confusion le nouveau venu. « Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous effrayer. » fit-il rapidement avec un sourire désolé en voyant la stupéfaction de la blonde. « Il n'y a pas de soucis. » déglutit-elle dans un semi-mensonge. « Tout va bien, je vous remercie. J'ai seulement été prise de vertige et avais besoin de me poser. » sourit-elle. Elle prit un instant pour le détailler. Grand, blond, il était richement vêtu. Un noble à l'évidence. Elle ne le connaissait pourtant pas. « Vous n'êtes pas de Lieugro n'est-ce pas ? ». À son tour il sourit. « En effet. Laissez-moi me présenter : Florestan de Pærsphöresst. » fit-il dans une courte révérence, la main sur le cœur, avant offrir un sourire charmeur. « Ah ! » s'exclama alors Adénaïs comme elle comprit que ce n'était pas seulement un noble qu'elle avait face à elle. Celui autrefois nommé Charmant alors qu'il n'était que Prince, aujourd'hui roi du royaume de Pærsphöresst. « Veuillez m'excuser Monseigneur, j'ignorais que vous seriez présent ce soir. » ajouta-t-elle vivement en une longue révérence. « Ma foi, j'ai bien l'impression que ce n'est pas une mauvaise chose. » répliqua-t-il en lui tendant le verre d'eau apporté par le domestique, avant tourner le regard vers la piste de danse. Suivant son regard, elle le vit enfin, Judas. « Je vous aurais bien offert une danse, malheureusement je fais déjà attendre la demoiselle à qui j'ai promis cette valse. » reprit-il en se saisissant de deux coupes de champagne. « Ce n'est rien Majesté, ce fut un honneur de pouvoir discuter avec vous. » répliqua-t-elle dans l'immédiat. « Avec plaisir Ma Dame... ? ». Elle comprit que c'était une question. « Adénaïs d'Etamot. » répondit-elle alors dans une nouvelle révérence. « Dame d'Etamot. Ce fut une joie de faire votre connaissance. » conclut-il la conversation avant s'éloigner. La blonde le fixa jusqu'à ce qu'il soit noyé par la foule. Cette présence lui avait fait du bien. Le temps de quelques minutes elle avait oublié ce qui l'avait écartée de la piste. Son départ eut cependant l'effet de refaire émerger ses ténèbres avec une déroutante vivacité.

D'un regard elle sonda la foule, dans l'espoir d'y trouver son amant. Lorsque ce fut fait, elle ne le lâcha pas du regard jusqu'à la fin de la première valse. Alors elle se pressa de rejoindre Childéric pour l'arracher au bras de Garance, malgré le rang que chacun partageait. « Dame de Lieugro. Sir d'Ukok. » les salua-t-elle tout d'abord avec déférence avant se tourner vers la reine consort. « Puis-je vous emprunter votre cavalier pour la prochaine danse ? S'il accepte de m'honorer de celle-ci évidemment. » ajouta-t-elle en portant son attention sur le brun Elle n'aurait pas dû aller le voir. Pas de suite tout du moins. Pas après la discussion qu'elle venait d'avoir avec Ezidor. Cependant, et tandis qu'elle s'interdisait la fuite, elle ne voulait pas rester seule. Ce lui serait insupportable. Elle avait besoin d'une bouée à laquelle se raccrocher, et Childéric lui apparaissait comme celle dont elle avait besoin. Elle ne connaissait que trop peu Ezidor pour qu'il ait ce pouvoir — qui plus est, elle ne lui faisait plus assez confiance pour cela — et elle ne se voyait aucunement aller déranger le souverain ou son conseiller simplement pour ça. Ne restait ainsi plus que le chef des armées, quoi qu'elle eut préféré le trouver dans d'autres circonstances.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1364
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Babelda
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Babelda
Jeu 27 Oct 2022, 21:18


Image par Fernanda suarez.
Les portes - Chapitre V
Babelda

Rôle:

Le roi esquissa un sourire, à mi chemin entre l'amertume et la tendresse. « Je suis certain qu'ils apprécieront votre sollicitude pour leur situation. » Il mentait. Judas ne semblait jamais éprouver la moindre émotion, et ses deux enfants semblaient n'avoir aucune affection pour les membres de leur propre famille. S'ils voyaient la douce Clémentine les approcher avec le visage du deuil, ils s'agaceraient sans doute de constater la pitié qu'ils lui faisaient éprouver; peut-être s'en offenseraient ils en constatant que, contrairement à bon nombre d'autres nobles, la d'Ukok éprouvait réellement de la peine à l'égard de leur perte. Sa candeur avait quelque chose d'adorable. Aussi, lorsqu'elle aborda la passion de son fils, Montarville fut épris par le même élan d'attendrissement. « C'est vrai que Placide est un garçon sensible... » Peut-être ne devrait-il pas admettre ce genre de choses en public. Pas après ce qu'il avait fait. Pourtant, l'homme refusait de voir une once de méchanceté chez sa cavalière. Elle lui tendait une oreille attentive et il avait la sensation que tout ce qui se glisserait dans ses oreilles n'aurait pas l'affront de s'échapper entre ses lèvres avec mesquinerie. « Une sensibilité qui m'échappe, je l'admets. Même s'il s'agit d'un domaine intéressant, j'ai du mal à appréhender la fascination qui l'habite. » Il avait vu un herbier traîner sur le bureau de son fils, lors de ses dernières visites dans la chambre de son garçon... Peut-être que Placide pourrait le montrer à Clémentine. Contrairement au père, la dame semblait éprise du même intérêt que l'adolescent sur ce domaine. « Je suis certain que mon fils serait ravi d'échanger à ce sujet avec quelqu'un qui le comprenne. Je serais même rassuré de savoir qu'il a quelqu'un avec qui échanger sur ses passions. » Quelqu'un qui n'était pas le fils de Gustave de Tuorp. « Ca lui remontera peut-être le moral. »

Montarville s'immobilisa. Son cœur flancha sous l'air grave de Lambert. Une affaire urgente ? S'était-il passé quelque chose ? Merlin avait-il violenté Adolestine malgré la protection derrière laquelle il avait essayé de la barricader ? Que faisait ce garçon d'écurie ? Ou bien, était-ce Placide ? Avait-il refait des folies, abandonné à sa solitude ? Ou bien quelqu'un avait-il entendu parler du destin qui attendait Coline et décidé d'orchestrer un coup d'état ? La gorge sèche mais les mais moites, le De Lieugro s'éloigna légèrement de sa partenaire de valse. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-il. Il n'arrivait pas à calmer son anxiété, qui pulsait frénétiquement dans sa poitrine. Il se sentait sur le point de défaillir. Lequel de ses enfants était en danger ? Le père avait peur de connaître la réponse : tant qu'il restait dans l'ignorance, les trois étaient en danger, mais ils restaient également tous saints et saufs. Le cœur s'affolait sans connaître la terreur. Pourtant, il ne put s'empêcher de chercher le visage de ses deux filles à travers la foule. Celle-ci semblait parfaitement calme, bien plus en tout cas que lui, dont le visage n'avait pas réussi à arborer l'expression de l'impassibilité.

« Avec plaisir, Dame D'Eruxul. » répondit le monarque en esquissant un sourire crispé à Madeline, qui venait de les rejoindre. Il l'observa initier avec son époux une proximité dont il n'avait pas été témoin depuis longtemps maintenant. Une pointe d'agacement le saisit : il voulait connaître le fin mot de l'histoire, et son intervention retardait le verdict. Lorsqu'elle s'en alla, le roi se tourna vers sa cavalière, un air désolé sur le visage. Il avait un peu de peine de la laisser ainsi. « Je suis navré, Dame D'Ukok. Je me vois dans l'obligation de traiter cette affaire urgent... Veuillez m'excuser de vous laisser ainsi sans cavalier... Mais je vous serai redevable pour une seconde danse, si vous la souhaitez. » L'homme effectua une signe de tête poli avant de s'éloigner en compagnie de son conseiller. « Allons dans un endroit privé. » dit-il.

Une fois seuls dans l'une des pièces du château - ils s'étaient éloignés de la salle de bal et le silence qui y avait ponctué leur marche avait été une véritable torture - Montarville explosa. « Que se passe-t-il, Lambert ? » demanda-t-il à nouveau. « Est-il arrivé malheur à l'un de mes enfants ? »
759 mots


Merci Kyra nastae

Avatar : NIXEU
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Min Shào
Ven 28 Oct 2022, 23:04


Image par Alena Aenami
Les Portes - V


En arrivant dans la salle de bal, Merlin remarqua que le regard d'Adolestine cherchait du réconfort dans la foule. L'attention des danseurs avait convergé d'un seul coup vers elle et Merlin. Beaucoup saluèrent la Princesse sur son passage, mais l'accueil était plus glacial pour lui. Ce dernier leva le menton, gonflé de fierté. Il était habitué à ces regards hostiles. Ils lui donnaient de la force : seuls les faibles plaisaient. Les ragots se focalisaient toujours sur les cibles qu'on ne pouvait atteindre.

Merlin appuya ses mains contre le corps de sa cavalière et commença la valse. Il se tenait droit et exécutait les mouvements avec une technique honorable, mais sans grace. Il n'aimait guère danser, même si cela restait un moyen utile de courtiser des femmes. Il valsait parfois avec ses cousines qu'il gardait sous le bras dans le cas où le ventre de sa sœur tardait à accueillir sa progéniture. *Je devrais lui fourrer un veau dans le ventre. Voilà une vision qui serait du Zébella pur et dur.* Son regard se dirigea naturellement vers elle. La colère remontait alors qu'il apercevait sa sœur avec un autre cavalier que lui. C'était viscéral. Mais soudain, Adolestine le surprit en prenant la parole, armée d'audace. « Cruel ? Je n'irais pas jusque là. Que votre mère ait trépassé après vous avoir donnée naissance, en revanche... »

Il lui laissa interpréter ces mots. Irrépressible, sa colère acérait son comportement. Ce dernier fit mine de trébucher puis raffermit sa prise sur son corps. Il glissa ses doigts vers le bas de ses hanches, à la naissance de son postérieur, et toucha son corset avec son coude. Il n'en éprouvait nul autre plaisir que d'en renforcer son mal être. A vrai dire, il était impressionné que la brune se soumette à son contact malgré ses ressentiments à son encontre. Il aurait pensé qu'elle se soit faite porter pâle pour l'événement. Finalement, elle le divertissait.

Mais soudain, son regard se porta sur sa domestique, tout droit revenue de sa requête urgente. Alors qu'il réfléchissait à un prétexte pour mettre fin à sa danse, la remarque d'Adolestine l'amusa tellement qu'il ne put réprimer un léger rire. *Ah, si tu savais.* Le masque de sa cavalière se craquelait, les fissures dévoilant un soupçon d'honnêteté brute.

« Comment osez-vous ! » Souffla-t-il promptement, assez fort pour que les couples autour d'eux entendent. Un semblant de contrariété s'afficha sur son visage alors qu'il s'arrêta de danser une seconde, comme pour encaisser sa remarque acerbe.  « Peu m'importe votre jugement de ma personne. Mais je n'accepterai pas que ma fiancée soit comparée à une truie. » Il s'inclina prestement puis s'échappa de la piste, en laissant Adolestine plantée sur place. Satisfait de son petit scandale, il se précipita pour aller boire un verre d'eau. Ce dernier chercha Zébella des yeux afin de voir si elle avait remarqué son geste, mais il ne trouva ni elle, ni Déodatus. Il se mordit la lèvre, inquiet. Il regrettait cette situation. Même si c'était Déodatus... sa colère de désemplissait pas.

En remarquant la domestique d'Adolestine porter un plateau près du buffet, il décida de la heurter discrètement sur son passage. La brune trébucha. Son plateau s'effondra au sol dans un fracas de verre et l'alcool se répandit sur son tablier. « Par le ciel ! Vous allez bien ? » Ce dernier l'aida à se relever en la prenant par la taille et afficha un sourire glacial. Merlin adorait souffler le chaud et le froid. Il regardait avec satisfaction la bataille intérieure que ses victimes menaient afin de garder le masque. Si c'était une nécessité pour les domestiques, il l'abhorrait chez les bourgeois et les nobles. Il faisait d'eux de simples outils de décoration : incapables de se défendre face à la violence, ignorant l'existence de la chaîne alimentaire derrière les murs de leur cage dorée pendant qu'ils chutaient dans ses tréfonds. Ce n'était que leur rendre grâce de leur rappeler leur place.

« Auriez-vous quelques conseils sur les boissons à disposition, Marianne ? » fit-il mine de demander à sa domestique, qui s'était placée à part. « On me l'a confirmé. Il est mort », affirma-t-elle comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. Un rictus illumina le visage de Merlin. « Le rouge du Château Delacroix ? Très bien, veuillez m'en servir une coupe. » La domestique s'en alla précipitamment et revint avec le breuvage en main. « Très bon travail, Marianne. Je vous accorderai du repos à notre retour. » Peu habituée à sa clémence, cette dernière balbutia des remerciements.

Merlin porta le liquide râpeux à ses lèvres. Alors le Prince héritier avait été assassiné. Enfin une chose qu'il avait réussi à mener à bien... après tout, il l'avait cherché. S'isoler un soir où toute la garde avait été mobilisée pour l'événement était une bien piètre décision stratégique. Quelques pots-de-vin avaient certainement suffi à ses espions pour qu'un domestique glisse du cyanure dans sa soupe. Un frisson d'excitation lui parcourut le corps : son plan était en marche. Désormais, il ne pouvait plus rien faire pour l'arrêter. Marianne n'avait besoin que d'un mot de sa part pour ordonner le placement de la preuve dans une chambre. Laquelle ? Cela allait dépendre de la suite des événements.

Après avoir bu quelques gorgées et affiché une expression satisfaite, feignant une quelconque connaissance en matière de vins, il jeta un regard de biais vers Garance De Lieugro. Son cavalier venait d'être happé par une convive. L'opportunité était trop parfaite : Merlin fourra précipitamment son verre sur Marianne, le liquide rouge tâchant sa manche, puis s'avança vers le duo tel un prédateur vers sa proie. Il n'avait d'yeux que pour elle. « Sire D'Ukok. Dame D'Etamot. » Si la blonde ne lui importait guère, il avait le D'Ukok à l'œil. Même si l'armée des D'Uobmab était plus puissante que celle de ce Royaume, il n'en était rien à l'instant présent. Un mot de Childéric et leurs têtes tombaient, à lui, Zébella et Judas. Oh, il avait mille raisons de ne pas le faire... mais il le pouvait.

« Dame De Lieugro. » Il tenta de masquer son tressaillement à la vue de sa poitrine mise en valeur par son corset. *Regarde-la dans les yeux*, se gronda-t-il intérieurement. « Je me permets d'émettre la même demande que Dame D'Etamot. Bien sûr, si vous souhaitez rester entre vous plus longtemps... » Il se tourna vers Adénaïs. « Nous pourrions danser ensemble, si le cœur vous en dit. » C'était donc elle, la pute du royaume. *Mh... nue, elle pourrait au moins m'arracher une érection. Oui, elle pourrait faire l'affaire*, la sonda-t-il en mettant en évidence son ruban.

Mots: 1207

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Sam 29 Oct 2022, 08:36




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


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Un sourire pétilla, moins d’une seconde, sur les lèvres de Garance. « Renieriez-vous le passé ? » Ensemble, ils évoluaient au cœur de la foule, fiers et élégants. « Ou est-ce un défi ? » Une lueur de malice se glissa dans ses yeux, avant d’être aussitôt chassée par le sérieux naturel qu’elle savait s’imposer. « Si tel est le cas, j’espère que vous serez suffisamment excellent pour vous surpasser à chaque danse. » Il n’avait jamais été son plus mauvais cavalier, au contraire. Il avait même probablement fait partie des meilleurs. Son corps disposait de la tonicité et de la souplesse que cet exercice requérait pour atteindre le sommet de son art. Ses mains savaient la guider, doucement mais fermement, comme il le fallait. Elles épousaient ses formes sans les brusquer. La plupart des hommes avec qui la sœur du Roi avait dansé faisaient preuve d’une gestuelle plus rustre ou plus hésitante, qui faisait de l’union des corps une série d’achoppements parfois peu agréables. Lambert, aussi, faisait exception. Elle regarda Childéric. Si ces deux hommes n’avaient pas constitué d’éventuels obstacles dans la réalisation de ses objectifs et ce, malgré leurs défauts et leurs vices, elle se serait probablement laissée aller à leur accorder la majeure partie de sa confiance. Elle ne le pouvait pas. Elle vivait au cœur d’une existence qui exigeait d’elle une méfiance et une maîtrise d’elle-même permanente.

« J’ignore ce que mon frère a en tête, mais je ne doute pas qu’il fera le nécessaire pour que le début du règne de Coline se déroule au mieux. Il sait à quel point les changements de tête couronnée peuvent troubler l’ordre public. » Lorsque la royauté avait ceint le front de Montarville, bien des remous avaient agité le royaume, et ce durant plusieurs longs mois. Elle ne pouvait pas prétendre ne pas y avoir été étrangère – bien que nul ne sut qu’elle avait été à l’origine de certains coups d’éclat. Déjà, elle réfléchissait à quelle sorte de traitement elle pourrait réserver à sa nièce. Comme elle n’entrerait pas en fonction tout de suite, elle avait le temps d’y songer et de se préparer. « Quelle version vous plaît le plus ? » répondit-elle à son interrogation. C’était une question rhétorique. La réputation de Judas le précédait. Garance n’éprouvait aucun doute : il avait assassiné sa femme, comme Zébella projetait de se débarrasser de son frère. L’inverse était-il vrai ?

Puisqu’il mentionnait une intervention de Lambert, la princesse tourna la tête afin de voir la scène. Le blanc, près du roi, s’adressait à lui avec un air grave. Quelques mètres derrière, sa femme semblait se diriger vers eux. Garance plissa les yeux, avant d’être entraînée par la gestuelle de Childéric et de replonger son regard bleu dans le sien. Il le fit délicatement dévier vers la droite. L’emprise de sa main sur sa nuque la fit frissonner. « Effectivement. » Elle observa quelques instants sa digne silhouette, avant de ramener ses prunelles dans celles du chef des armées. « Le pire, je ne sais pas. Ce serait peut-être crier au loup bien avant d’en voir la queue. Mais je suis certaine que rien ne sera fait pour apaiser votre inquiétude, et que malgré toutes nos précautions pour assurer à cette soirée un déroulé plus que convenable, nous n’allons pas nous ennuyer. » Elle lui sourit, comme si elle venait de faire un bon mot, le tout pour masquer la véritable teneur de leurs propos. Personne ne pouvait les entendre, mais la gestuelle en disait parfois bien plus long que le reste.

Les dernières notes essoufflées, la blonde se détacha du corps de son ancien amant. « Je vous remercie pour cette danse, Childéric. J’ai été ravie de constater que vous n’avez rien perdu de vos aptitudes. » Elle lui sourit poliment, et s’apprêtait à enchaîner, lorsque l’approche d’une silhouette sur sa gauche retint son attention. Se tournant vers Adénaïs d’Etamot, elle la salua à son tour : « Dame d’Etamot. » Il était de notoriété publique que, depuis la disparition de son mari, cette femme n’était plus qu’une épave. Pour garantir à ses enfants un train de vie aux allures de noblesse, elle entretenait des relations sans lendemain avec de nombreux partenaires. On murmurait parfois à la cour que Childéric la courtisait ardemment. Elle n’avait jamais pris la peine de vérifier cette rumeur mais, à détailler l’attitude de chacun des protagonistes, elle n’en aurait pas été surprise. « J’allais justement prendre congé de ce cher Childéric. » dit-elle, avec un sourire de complaisance, comme si elle était au courant de quelque chose. Parfois, l’art des relations consistait à faire croire plus qu’à savoir. « Et je crois que le porteur de mon ruban vient réclamer sa danse. » Ses iris étaient fixés sur la silhouette de Merlin d’Uobmab, qui s’approchait sans la quitter des yeux. Cette attitude en aurait fait frissonner plus d’une ; elle inspirait à Garance à la fois mépris et amusement. Les hommes qui convoitaient quelque chose présentaient toujours d’innommables faiblesses. « Prince d’Uobmab. » Elle le vit baisser le regard sur sa poitrine, mais ne lui fit pas l’offense de relever son impolitesse. Elle se contentait de le scruter, comme si elle avait pu trouver dans sa physionomie quelques signes supplémentaires de son orageux caractère. « Je vous accorde cette danse avec plaisir. À plus tard, Childéric. Dame d’Etamot. » Après deux signes de tête respectueux, elle suivit le prince plus loin sur la piste de danse. Face à lui, elle se positionna de sorte à pouvoir entamer la valse. Dès que la musique s’élança, ses pas s’emboîtèrent aux siens. Elle portait en évidence le bijou qu’il lui avait offert. « Vous plaisez-vous toujours autant parmi nous ? » s’enquit-elle, se rappelant de la lettre qu’il lui avait adressée. Ses prunelles tombèrent à nouveau sur la silhouette de son père. « Je suis ravie de constater que votre père a pu faire le déplacement. Ce ne devait pas être aisé, eu égard aux récents événements… » La blonde le regarda droit dans les yeux. « Excusez-moi, je vous prie. Vous devez certainement préférer éviter le sujet. »



Message VIII – 1023 mots

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Lana Kælaria
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Sam 29 Oct 2022, 10:04




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


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Dès que les premières notes retentirent, le cœur d’Yvonelle se cala sur leur rythme. La musique faisait chanter son âme ; tout son être s’y accordait. Il vibrait, pareil à un instrument dont on froisserait les cordes ou frapperait les touches. Au rythme des envolées, elle s’épanouissait autant qu’elle s’oubliait. Même les quelques maladresses de Natanaël ne parvenaient pas à l’arracher aux délices de la valse. Elle sourit à son fiancé. « Si je suis bonne danseuse, c’est parce que tu me permets de l’être. » C’était vrai ; malgré quelques fautes occasionnelles, le blond dansait plus que convenablement. Il avait dans sa gestuelle une fluidité semblable à l’océan qu’il chérissait tant. À cette pensée, son cœur se serra. L’océan… Il le lui prendrait, elle le savait. Elle serait comme toutes ces femmes qui parfois parcouraient la grève, un enfant dans les bras, le cœur au-delà, avec l’espoir fou de voir apparaître au loin le navire qui leur ramènerait leur époux. Plus le temps passait, plus il lui apparaissait évident qu’elle ne souhaitait pas de cette vie-là. Elle ne voulait pas être la compagne d’un fantôme, qui ne manquerait pas de se perdre dans d’autres bras que ceux de la mer, et l’amante d’un homme promis à une autre, qui n’aurait plus ni son temps ni son attention à lui accorder. Elle désirait une vraie place auprès de son amour, dans sa vie comme dans son cœur. Plus elle y songeait, moins elle était certaine que cet amour fut Natanaël. Cette pensée la frappa telle la morsure du vent en hiver ; elle frissonna. Elle éprouvait pour lui une grande tendresse et une affection illimitée. Cependant, les vagues de sentiments qui la bouleversaient au début de leur relation s’étaient apaisées. Désormais, c’était lorsqu’elle voyait Elzibert que son cœur se soulevait violemment. Presque malgré elle, elle le chercha des yeux. Il était avec Rosette. Elle l’enviait. Elle aurait voulu pouvoir danser avec lui.

La voix de son fiancé la tira de sa tristesse. Elle suivit son regard et entraperçut les expressions de Lambert et Madeline d’Eruxul. Un rouge honteux colora légèrement ses joues et une sensation de malaise lui tordit les tripes. Seraient-ils encore ensemble, lorsqu’ils auraient leurs âges ? Elle déglutit. Comment pourrait-elle rompre des fiançailles ? La honte s’abattrait sur elle. Et pourtant, elle ne pouvait se sortir de la tête l’idée de faire reconnaître à Gustave de Tuorp la paternité d’Elzibert. « Je l’espère aussi. » répondit-elle, avec une pensée pour sa meilleure amie. Elle la savait très attachée à sa famille. La distance que le travail de son père creusait entre ses parents la peinait, parfois. Néanmoins, elle semblait ne pas avoir prêté attention à la dissension qui semblait s’imposer entre eux. Tandis qu’elle se rapprochait, avec l’idée que Natanaël allait sans doute demander la prochaine danse à la rousse, et qu’elle pourrait ainsi en voler une à son demi-frère, un élément perturbateur entra dans son champ de vision. Elle haussa les sourcils, étonnée. Qui était-ce ? Pourquoi s’approchait-il de Rosette ? Ses yeux la trompaient-ils ou ressemblait-il comme deux gouttes d’eau à Elzibert ? « Non, je crois bien que… C’est vraiment étrange. » Le nouveau couple se forma, et le brun s’éloigna. Le cœur d’Yvonelle se fendit. Elle aurait aimé qu’il vînt les voir, la voir. « Rosette a l’air de le connaître. Elle ne m’a rien dit… » lâcha-t-elle, à moitié pour masquer sa tristesse, à moitié parce qu’elle en était vraiment déçue. C’est peut-être lui, l’homme de sa vie. L’amertume lui étreignait la poitrine. Elle avait presque envie de formuler cette pensée à voix haute, pour renvoyer à Natanaël la souffrance qui la happait. Elle n’en fit rien, peut-être parce qu’elle n’était pas si cruelle.

Pourtant, elle regretta de ne pas l’être lorsqu’elle sentit le toucher de son fiancé devenir plus pressant, plus désireux. Elle le regarda dans les yeux. Elle y vit la flamme de la luxure ; elle s’y brûla d’une façon détestable. Son corps se gaina d’une tension réfractaire. Elle n’avait pas envie de lui. Elle n’avait envie de personne. Elle voulait juste se blottir dans les bras d’Elzibert et lui promettre qu’elle allait tout faire pour qu’ils pussent être ensemble. Cette folie tournoya dans son esprit, bien plus que ses pas sur la piste de danse. Et pourtant bien moins que son cœur quand elle le vit parler à une autre femme, Irène d’Errazib. Elle se reconcentra sur son fiancé. « Je pense que ce n’est pas très sage. On pourrait nous voir. » Piètre justification, sans doute. « En rentrant, ce soir, si tu veux. » se sentit-elle obligée d’ajouter. Les dernières notes de la musique s’étirèrent, avant de tout à fait se taire. Yvonelle s’arrêta. Elle porta deux doigts graciles sur sa tempe, avant de relever ses yeux bleus vers le blond. « Je… J’ai besoin de prendre un peu l’air. » Elle souffla. « Toute seule. » Elle le lâcha, déposa brièvement un baiser sur sa joue en lui disant : « je reviendrai pour la danse du ruban », et s’éloigna vers les grandes baies vitrées ouvertes sur l’extérieur. Elle passa par l’une d’elles et disparut dans les jardins. Après quelques déambulations, elle y trouva un banc un peu à l’écart, sur lequel elle s’assit. Là, ses yeux devinrent deux océans dont des flots s’échappèrent tumultueusement.



Message VIII – 891 mots


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Sam 29 Oct 2022, 11:21



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


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Ludoric espérait ne jamais avoir à épouser Coline. Elle était belle et intelligente, sans aucun doute, mais tous les récits de Placide le hantaient. Il voyait en elle toute la prétendue noirceur qu’elle recelait. Pourtant, il jouait le jeu. Il faisait comme si de rien n’était, comme s’il espérait accomplir les volontés de son père et la prendre pour femme. Cette simple idée le dérangeait. S’imaginer partager avec elle le même type de nuit que celle qu’il venait de vivre avec son frère lui donnait la nausée. Il n’éprouvait aucune attirance pour son corps féminin. Néanmoins, qu’il s’agît du sien ou de celui d’une autre, il ne pourrait pas y échapper. Il lui faudrait plonger entre les cuisses d’une femme, aussi souvent que nécessaire pour qu’elle tombât enceinte, et peut-être plus encore. Son devoir marital lui pèserait tout au long de sa vie. Une crainte le préoccupait cependant : parviendrait-il à faire semblant d’éprouver du désir pour une femme ? Son corps réagirait-il comme il le fallait ? La réponse lui était partiellement connue. Il avait un jour eu recours aux services d’une prostituée. Il avait été incapable de faire quoi que ce fût et s’était enfui, honteux. Depuis, il n’avait pas essayé de réitérer l’expérience. Il espérait que c’était sa jeunesse et son inexpérience qui avaient soumis son corps à la désertion du désir, néanmoins, il en doutait. S’il pensait à une femme quand il se touchait, son envie se délitait peu à peu. S’il imaginait Placide, le reste du monde cessait d’exister. « Je n’aurais pas qualifié ça de naïveté, mais plutôt d’espoir. » répliqua-t-il, concentré au maximum sur ce qu’elle lui disait. « N’espérez-vous jamais rien ? » - « Oh, si. Mais quand on est princesse, on est souvent rappelée à la réalité : rien ne s’obtient que par l’espoir. Il ne suffit pas d’espérer le bonheur et de l’attendre aux quatre coins d’une prison pour l’y trouver. En vérité, je pense que lorsqu’il est question de bonheur, il ne faut pas se contenter du peu que l’on peut avoir, mais œuvrer pour en tirer le plus de profit possible. Peut-être pourriez-vous trouver une épouse qui ne soit pas gênée par vos voyages professionnels ? Il en existe sans doute plus qu’on ne le croit. » Il vit le piège dans sa question et, désireux de se laisser encore une marge de manœuvre quant au choix de sa future compagne, il manœuvra par d’autres interrogations. « Le croyez-vous ? M’aideriez-vous à la trouver ? » - « Je ne sais pas. Mais je peux vous aider à réaliser votre rêve d’intégrer l’armée, ou même la garde royale ; cela, j’en suis certaine. » Il la dévisagea. Était-elle sérieuse ? Dans quelle mesure ? Et qu’attendrait-elle en retour ?

Il s’apprêtait à le lui demander lorsqu’une exclamation près d’eux le fit se redresser. Merlin d’Uobmab venait de se détacher brutalement d’Adolestine de Lieugro, et se défendit virulemment de l’une de ses attaques avant de s’incliner et de quitter la piste de danse. « Votre sœur a l’air d’avoir froissé le prince. » commenta-t-il, avant que ses yeux ne tombassent sur le ruban qui entourait le poignet de la princesse. C’était le même que le sien. Un vent de soulagement et d’espoir le balaya. Il allait pouvoir échapper à la blanche et, peut-être, avoir plus de nouvelles de son amoureux. « Elle n’est pas toujours très diplomate, surtout lorsqu’il le faut. » Un fracas, près du buffet, vint ponctuer son propos. Il regarda. Le prince étranger venait de bousculer une domestique chargée d’un plateau. Il avait l’air très en colère. « Vous devriez peut-être tenter d’apaiser les choses ? » - « Ma tante va parfaitement s’en charger. Elle est très douée pour apaiser les tensions. » Ludoric tourna la tête dans la direction que lui indiquait le regard de Coline. Tandis que les dernières notes de musique s’évanouissaient, Merlin s’apprêtait à faire danser la sœur du roi. « Me voilà rassuré. » Le roux s’arrêta. « Puis-je porter secours à votre sœur, votre Altesse ? Je viens de remarquer que nous portons le même ruban, et je serais un bien piètre sujet si je la laissais ainsi dans l’embarras. » Sa cavalière haussa les sourcils. « Si vous souhaitez encore éprouver ma compagnie, je reviendrai vous voir aussitôt. Nous pourrons reprendre notre prometteuse conversation. » - « J’ignorais que vous éprouviez de l’affection pour Adolestine. Je pensais que vous lui préfériez mon frère. » rétorqua-t-elle, les prunelles plongées dans les siennes. Une étrange lueur sérieuse brillait dans ses iris. Imperceptiblement, il fronça les sourcils, incertain quant à ce qu’elle souhaitait signifier. Les mots n’avaient rien d’étrange, mais son regard, lui… Son cœur battit un peu plus fort. « Mais soit. Soyez le chevalier que vous espérez tant être et sauvez cette âme en peine. Je vous libère. » Elle s’écarta de lui. Il exécuta une révérence, puis s’éloigna en direction d’Adolestine.

Parvenu près d’elle, il s’inclina. « Votre Altesse. » Il releva la tête et lui sourit. « J’ai constaté que nous partagions la même étoffe de ruban. » Pour le lui montrer, il leva son poignet à hauteur de visage. « Auriez-vous l’obligeance de m’accorder la danse qui m’est due ? »



Message VIII – 876 mots




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Sam 29 Oct 2022, 14:32



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Kiara


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Coline suivit Ludoric du regard. Un vague sourire flottait sur ses lèvres. Qu’il rejoignît donc sa sotte de sœur. Ils avaient sûrement bien des choses à se dire au sujet de ce pauvre Placide qui avait eu la stupide idée de se tailler les veines. Elle les observa un instant. Adolestine savait-elle ce qui se tramait entre les deux garçons ? Possible. Aucun étonnement là-dedans. Son frère et sa jumelle passaient trop de temps ensemble pour qu’ils ne s’échangeassent pas ce genre de confidences. Comme avec ce bouseux de palefrenier avec qui elle dépensait tout son temps libre. C’était là leur différence fondamentale : la blanche refusait de perdre du temps. Dans tout ce qu’elle faisait, elle essayait de le mettre à profit. Ses journées étaient en général savamment organisées. Batifoler avec le garçon d’écuries ou écouter les révélations de son frère sur sa sexualité ne l’intéressait pas. Elle avait depuis longtemps fait le choix d’entretenir le minimum de relations possibles. Ouvrir son cœur ? Elle n’y voyait là qu’une perte de temps grandiose et, peut-être, plus secrètement, une cause de souffrance. Les gens n’étaient que des bêtes à chagrin. Seul son père trouvait grâce à ses yeux. Les autres ne constituaient qu’un amas de pions avec lesquels son esprit s’entraînait à la stratégie. Avec les pions, on n’a ni pitié ni état d’âme. Elle repensa à Placide et au sang qui s’écoulait de ses poignets, mais chassa ces images de son esprit.

Pour ne pas rester au milieu des danseurs, elle se dirigea vers le buffet. Elle y attrapa une coupe de champagne, puis se tourna pour admirer les reflets chatoyants de la valse. Ses yeux coururent sur les faciès tournoyants des invités. Du fait de son rang, elle connaissait la plupart d’entre eux. Elle remarqua que son oncle avait interrompu son père, cavalier de Clémentine d’Ukok. Sa femme, Madeline, se trouvait un peu plus loin. Elle recentra son attention sur Lambert et le roi. Leurs visages étaient marqués d’émotions. Elle attrapa le poignet d’un domestique qui passait, qu’elle connaissait bien et qui la connaissait bien. « Trouvez pourquoi mon oncle a interrompu la danse de mon père et venez me dire pourquoi. En toute discrétion. » Ses doigts se resserrèrent autour du bras du serviteur, puis elle le lâcha. « Oui, votre Altesse. » opina-t-il, avant de s’éclipser sans qu’elle ne lui accordât un seul regard. La princesse, malgré sa curiosité, se détourna du duo d’amis. Que pouvait-il s’être passé, ou se passer, pour que Lambert prît la liberté d’interrompre la danse d’ouverture du souverain ? C’était nécessairement urgent. Était-il arrivé quelque chose à Placide ? Ou s’agissait-il d’un autre incident ?

Les lèvres trempées dans sa coupe de champagne, elle continuait d’y songer lorsque ses iris dorés s’arrimèrent à une silhouette qu’elle n’avait vu qu’en peinture, et qu’elle reconnut pourtant immédiatement. Judas d’Uobmab. La blanche releva légèrement la tête, intriguée. Il menait une femme aux formes voluptueuses ; à l’inverse, sa figure semblait avoir été taillée dans le roc. Même le contour de sa bouche paraissait dur. Elle reporta son attention sur le monarque. Parmi sa sombre chevelure, une mèche blanche éclatait. Il était vêtu avec beaucoup d’élégance. Les rumeurs à son sujet allaient bon train. La réputation de son fils, bien établie après quelques jours à peine au sein du royaume des Lieugro, ne faisait que les encourager. Quant à la princesse Zébella, elle était d’un tel tempérament qu’elle faisait aussi craindre celui de son père. On le décrivait, entre autres, comme un homme ambitieux que peu de limites contraignaient. En cela, il était intéressant – et intéressant, au moins, de s’en faire un allié. Coline étudia un moment le couple puis, lorsqu’elle sut que la valse touchait à sa fin, posa son verre d’alcool et s’avança vers le souverain, souriante. Parvenue devant lui, elle exécuta la révérence attendue. « Roi d’Uobmab. Madame. » L’adolescente releva la tête, uniquement vers lui. « Nous ne nous sommes pas encore rencontrés. Je suis la Princesse Coline de Lieugro. » Il devait probablement le savoir, mais elle préférait le préciser avant d’essuyer un revers. « Je me permets de troubler les convenances pour vous demander une danse. Me l’accorderiez-vous ? » Son regard, enfin, se posa sur sa cavalière, et fut naturellement attiré par le tatouage qui marquait sa gorge. Surprise, elle parvint malgré tout à formuler quelques mots à son attention, en ramenant son regard dans le sien : « J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de mon audace. Je suis certaine que le roi n’éprouvera aucune difficulté à vous retrouver par la suite. » Il y avait donc des femmes qui se laissaient marquer au fer rouge comme on le faisait à certaines bêtes. Son mépris pour elle s’étala sur son cœur.



Message VIII – 796 mots

RIP Coline <3


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Dim 30 Oct 2022, 00:30


Les Portes

À chaque geste indécent — volontaire, je n'étais pas assez idiote pour croire l'inverse — que Merlin portait à mon encontre, je pouvais sentir un tressaillement courir sur ma peau, mélange de peur et de dégoût. Jusqu'à la surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il s'amuse de ma remarque. La suite n'en fut pas moins étonnante et je recevais sa critique avec un mouvement de tête stupéfait. « Qu– ». Je n'eus pas le loisir de pouvoir finir ma question et le fixai seulement, un sourcil arqué et l'air ahuri, jusqu'à ce qu'il me délaisse. Enfin, songeai-je, ignorant les regards qui auraient pu se tourner vers nous. D'une manière inconsciente, je passais les mains sur ma robe, comme cherchant à me débarrasser des traces qu'aurait pu laisser le prince sur mon corps lors de ce court — et pourtant déjà trop long — instant partagé. Ce fut le fracas du verre brisé au sol qui attira mon attention ailleurs que dans le vide. À mon grand désespoir — et mon faible étonnement — je pus ainsi constater que Merlin était mêlé à l'affaire. Ce garçon savait-il seulement se montrer un semblant correct plus de deux minutes ? Je commençais à sérieusement penser que non, et j'attendis ainsi qu'il s'éloignât de nouveau pour rejoindre cette pauvre Lénora, impliquée malgré elle dans des histoires qui ne la regardaient pas. « Allez vous changer. Vous savez mieux que moi comme il est compliqué de nettoyer une tache de vin une fois sèche. » commençai-je en posant une main rassurante sur son bras. Je ne la laissai pas partir dans l'immédiat pour autant. « Profitez-en pour demander à faire préparer des chevaux avant de revenir, même si Clémentin n'est pas présent. » ajoutai-je dans une messe basse avant de conclure en souriant, « Ne vous inquiétez pas, je ne compte pas profiter de votre absence pour fuir. Je vais encore avoir besoin de vos services et, de toute façon, il y a quelques affaires que je souhaiterais régler dans cette soirée. ». Sur ces mots, je me décidai enfin à la libérer.

J'expirai un souffle. J'étais pourtant habituée de ces soirées. Celle-ci s'avérait pourtant être particulièrement éprouvante mentalement. Je portais mon attention sur une agitation à peine visible mais clairement sensible pour ne pas pouvoir la remarquer. Cette famille avait-elle un cœur au moins ? Parce que, de la même manière que Merlin avait pu s'émouvoir du décès de sa mère, il n'avait pas fallu longtemps au père pour trouver une remplaçante à la Reine d'Uobmab. Je me détournai ainsi de lui, cette attitude me répugnant au possible. C'était à croire que cette pauvre femme n'avait existé que pour donner naissance à des héritiers insupportables et méprisables au possible. Je me mis à intérieurement espérer qu'un jour le peuple d'Uobmab trouvât la force de se révolter face à un régime qui se souciait trop peu de la condition humaine. Il ne suffirait que d'une étincelle. Le souverain et ses enfants absents, il n'y avait pas meilleur moment propice à cela. Douce utopie, je le savais. Je poussai un nouveau soupir, dépitée, avant me décider d'aller retrouver Ludoric. La danse n'était pas tout à fait terminée, mais ça n'avait aucune importance. Ce n'était pas comme si Coline se souciait de ce genre de choses, elle.

À peine esquissai-je un pas en direction du rouquin que je le vis s'approcher également. Pour la première fois de la soirée peut-être j'osais un sourire sincère. « Messire. » le saluai-je en retour dans une courte révérence. Une joie désolée m'envahit en découvrant mon ruban jumeau à son poignet. « Avec plaisir. » répondis-je ainsi à sa demande en lui tendant le bras pour rejoindre la piste de danse. « J'espère que ma sœur ne vous aura pas trop importunée. Lorsqu'elle a une idée en tête, il devient difficile de l'en détourner. » fis-je sur les premiers pas qu'il initia. Ses gestes étaient doux et attentifs, loin de la rugosité et de la malveillance qu'avait pu avoir Merlin. « Je suis curieusement étonnée, au vu des décisions qui semblent avoir été réfléchis par nos parents, que nos rubans se trouvent être accordés, surtout venant de Lambert. » fis-je remarquer suite à sa réponse tandis que je me laissais guider par mon nouveau cavalier avec plus de plaisir que précédemment. « En sachant également les rumeurs qui courent sur votre personne également. Tel père, tel fils, dit le monde. ». Je ne pus retenir un rire bref. Le monde n'avait jamais autant fait erreur dans ses hypothèses. Pourtant les choses commençaient à changer. « Ce n'était pas sage d'avoir passé la nuit avec Placide. » lui soufflai-je, craignant que notre entourage ne surprenne cette conversation-ci, après un tour sur moi-même nous forçant à une certaine proximité. Je ne détaillai cependant pas plus. C'était inutile. Il comprendrait parfaitement à quoi je faisais allusion. « Des bruits ont commencé à courir dans les couloirs à ce propos. » ajoutai-je bien plus désolée. « S'ils devaient se propager au-delà des murs du château... ». Je me pinçai les lèvres, laissant le sens ouvert à ma phrase. Avais-je réellement besoin de préciser ce qu'il risquerait d'arriver dans cette situation ? Par-dessus l'épaule de Ludoric, je pus voir Lambert s'échapper de la pièce en compagnie de mon père. Le capharnaüm de la salle ajouté à la distance nous séparant m'empêcha de connaître la raison de cette attitude. C'était étrange. Il se passait quelque chose, c'était certain. Avait-ce un rapport avec la venue de Judas ? Ou était-ce encore autre chose ? Je décidai pourtant ne pas m'en occuper pour l'instant. Il y avait des choses que j'avais moi-même besoin de régler. Un problème qui risquait de s'ajouter parmi une tonne d'autres que mon père devait supporter. « Je me dois de vous faire une confession. » commençai-je tandis que la figure de Lénora se redessinait à proximité. « J'ai fait préparer des chevaux. ». Je marquai une pause. « Je ne suis pas née au bon endroit je crois. » souris-je tristement. Je pensai à mon père. Je pensai à mon oncle. Je pensai à Placide. Je pensai à maman. « La vie de château commence à me rendre aigrie. » essayai-je de rire. « On dit que Coline va être nommée reine. Ça n'a rien d'officiel encore. Mais c'est ce qu'il se raconte. ». Je la cherchai des yeux sans réussir à la trouver. « Je ne suis pas certaine de réussir à rester plus longtemps enfermée et surveillée. Surtout en sachant ma sœur être sur le point de porter la couronne. ». Je ne lui en voulais pas. Je comprenais le choix de notre père. Le poids de la couronne m'aurait été insupportable et Placide se complaisait auprès de la nature, et de Ludoric. « Si ce n'est ce soir, ce sera demain. ». J'avais l'impression de faire une erreur alors même que je n'avais jamais autant senti le bonheur si proche. « Je me disais... Enfin, je veux dire... ». Je m'ancrais dans ses iris. « Il existe peut-être une terre ailleurs où une relation comme la vôtre serait plus aisément toléré et... ». Un rire nerveux m'échappait. « Vous devez me prendre pour une folle. » conclus-je tristement en détournant le visage, honteuse.
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Latone
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Dim 30 Oct 2022, 12:26



Son obsession pour Clémentine la dégoûtait. Ernelle ignorait comment elle parvenait à conserver une certaine contenance aux bras de cette énergumène, mais plus il évoquait sa sœur, plus les révélations assassines de Lénora la hantaient. Clémentine elle-même fut désolée d'apprendre qu'il serait son cavalier. La D'Ukok commençait à perdre pieds, alors que les rouages d'une danse requéraient toute sa focalisation sur ce jeu. Aucune femme de ce nom ne devrait se retrouver entre les griffes acerbes d'un homme. Jusqu'à maintenant, Ernelle avait toujours réussi à s'échapper de leurs emprises, puisqu'elle reprenait un semblant de contrôle bien plus accommodant lorsqu'ils se retrouvaient entre ses cuisses. Néanmoins, puisqu'il était question de sa tendre sœur, il ne lui était plus possible de rester passive. Par nonchalance, elle suivit son regard sur la scène ahurissante qui se dessinait sous leurs yeux. Les corps parlaient aussi bien que les mots, et sans ces derniers, la mécanique suffisait à interpréter correctement un drame lorsqu'il prenait forme. En l'occurrence, le scénario tissé par Hermilius lui paraissait bien plus improbable ; sinon, pourquoi le Roi et conseiller s'éloigneraient-ils de la sorte ? Pourquoi la soi-disant amante du Roi serait la plus fâchée des trois ? Quelque chose de moins superficiel s'était produit, et Clémentine s'était retrouvée seule dans cet ouragan infernal.

Lorsque Hermilius saisit l'occasion pour s'emparer de sa sœur – attiré comme le piranha avec le sang – Ernelle s'activa pour opérer son plan de secours. Les femmes aussi avaient leurs griffes. La machiniste effleura sa boucle d'oreille, une pièce plutôt magnifique en apparence, proche du savoir-faire d'une bijouterie en vogue au sein de la cité royale. Elle sourit soudainement, la connexion s'étant bien opérée avec la libellule miniature qu'elle avait glissé sur la chemise de l'impotent. Elle entendait à présent, clair comme de l'eau de roche, le moindre fracas de ses pas sur les carreaux, la moindre impulsion de son souffle. Ernelle s'octroyait un droit de surveillance sur lui. Il était trop influent pour échapper à la vigilance des gardes, et cela ne lui plaisait guère. Peut-être aurait-elle dû en parler à Childéric. Oui, peut-être aurait-elle dû… Au moment où le De Tuorp esquissa ses révérences malfamées, la Dame D'Ukok se rapprocha de leur position et effleura un domestique qui la devançait. La petite araignée mécanique se glissa jusqu'au cou du malheureux et lui asséna une décharge douce, toutefois suffisamment notable pour le gêner dans ses mouvements. Son plateau se renversa non loin de Clémentine et de sa compagne de discussion.

" Juste ciel, le personnel de cette soirée est d'une maladresse affligeante ! "

Le domestique s'étouffa dans des milliers de complaintes. Au moins ses boissons n'avaient touché que les chaussures de ces demoiselles ; en vérité, Ernelle s'en serait voulu d'avoir ruiné la robe de Clémentine.

" Quelle indignité ! N'avez-vous donc aucune manière ? Elle écarta la pauvre victime de ce drame, son regard trahissant une colère palpable. Occupez-vous plutôt du verre éparpillé avant que quelqu'un ne se blesse ! "

Celui-ci mis de côté, elle pivota aussitôt vers sa sœur. Hermilius demeurait encore une menace et il lui serait plus utile de découvrir s'il complotait avec sa cousine au sujet des amourettes de la royauté. Tout ce cocktail dérangeant lui donnait le tournis et elle n'avait même pas encore eu l'occasion de boire ne serait-ce qu'une coupe, pourtant… La sécurité de ma sœur m'importe bien plus que les frivolités de la cour.

" Clémentine, ce goujat ne t'a pas froissée ? Elle lui attrapa la main ; sa poigne était volontairement ferme pour lui faire comprendre, par esprit sororel, qu'elle devait suivre son pas. Allons évaluer l'étendu des dégâts plus loin, tu leur as déjà bien assez attiré l'attention. Le ton s'avérait bien désolé, une foule pouvait être si cruelle et assassine lorsqu'elle s'intéressait à nous. Son attention vira par ailleurs sur la blonde à leurs côtés. Vous aussi, mademoiselle, nous devrions vérifier l'état de vos ballerines. Elle lui offrit son bras afin de l'entraîner aussi. Elle aussi exhalait un parfum d'innocence qu'elle ne saurait laisser tarir. Merci de votre sollicitude, Sir De Tuorp. " Elle ne lui avait accordé qu'un regard en biais, c'était bien tout ce qu'il méritait.

En dehors de la salle principale, son accélération se fit plus franche et son emprise sur Clémentine et la blondinette s'amenuisa. Le signal avec la libellule lui paraissait moins net d'ici, ce qui en soi demeurait un avantage, puisqu'elle pourrait s'en servir pour localiser Hermilius. Elle leur fit faire un crochet sur le passage des domestiques et héla une brune qu'elle reconnaissait parfaitement.

" Lén— S'il vous plait ! Pourriez-vous nous porter assistance ? Sans le masque des mondanités, Ernelle ne s'embêtait point de bienséance. Employez mon aide, si besoin. " Le travail manuel l'intéressait bien plus que la gestuelle des langues.

Elles leur laissèrent le bon soin de décider du sort de ces chaussures, sans doute à peine tâchées par son complot. Simplement les essuyer, les changer par d'autres paires à disposition dans cet immense château, les apparences lui étaient parfaitement égales sur l'instant. Mis à part qu'elle n'appréciait guère voir Lénora continuer de jouer les potiches… Elle méritait bien plus et Ernelle n'attendait que leur danse pour corriger cette injustice.

" Ma sœur… Son long silence trahissait son embarras. Je n'apprécie pas cet homme. Je refuse qu'il nous incommode davantage. Je suis à deux doigts de le dénoncer à notre frère pour ses propos si… Elle prit une inspiration, soudainement conscience que ce n'était pas la bonne attitude à adopter en présence de soi-disant "inconnues". Est-ce que ta valse avec le Roi s'est bien passée ? " Malgré son interruption soudaine, elle entendait. Ernelle n'était par ailleurs pas bien sûr de savoir pourquoi les D'Eruxul s'en mêlèrent.

En tout pour tout, elle offrit un sourire qui se voulût tendre auprès de la jeune blonde emportée par ses actes. Sur l'instant passé, la Dame D'Ukok pensait qu'il valait mieux l'éloigner du prédateur. Avec du recul, ce ne serait qu'omission de sa part de ne point solliciter ses impressions.

" Mes excuses pour la gêne occasionnée, mademoiselle. Une fois de nouveau apprêtée, voudriez-vous être raccompagnée auprès d'une connaissance ? " Elle jeta un bref regard à Clémentine, peut-être que cette dernière saurait mieux gérer son cas étant donné leur précédente interaction. Si Ernelle savait que c'était le Prince Placide en personne...


1128 mots ~



By Jil ♪
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Min Shào
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Min Shào
Dim 30 Oct 2022, 13:26


Image par Pauline Voß
Les Portes - V


Il m'était douloureux de suivre des yeux cette princesse si douce avec le prince sans cœur. Son expression était impassible, mais ses gestes traduisaient son malaise. Autour d'eux, certains jetaient des regards lourds de sous-entendus en direction de la brune. Allait-il garder son bras toute la soirée ? Si c'était le cas, je devrais chercher un prétexte pour l'en tirer. Mais soudain, mes inquiétudes se portèrent sur un autre duo : le Roi et la Dame D'Ukok, alors que ce dernier était interrompu urgemment par son ami. Je laissai échapper un soupir : il n'était pas surprenant que le Roi soit dérangé au cours du Bal. « Lénora. » Un domestique, posté de l'autre côté du buffet, détacha mon regard de ces scènes inquiétantes. « Veuillez rapporter ces verres sales en cuisine. » Je hochai la tête et m'exécutai. Mais en me retournant, je percutai soudain le D'Uobmab de plein fouet. Il s'était téléporté ici ou quoi ? Comment ne l'avais-je pas pu voir venir ? Je regardai les verres s'écraser au sol, impuissante, et tentai de retrouver l'équilibre. Mais ce fut le prince qui retint ma chute.

Sa voix feignait la sollicitude, mais sa main placée sur mon corps me serrait telle une griffe. Le rouge monta à mes joues alors que plusieurs émotions inconfortables rebondissaient dans mon esprit. « Je vous remercie. » J'étais habituée à l'exercice : mon expression ne trahit ni colère, ni gêne. « Je ferai plus attention la prochaine fois, pardonnez-moi. » Mais il ne m'écoutait déjà plus : il s'était retourné et allait voir sa domestique. De l'autre côté de la salle, la princesse venait à mon secours. Je ne pus m'empêcher de sourire en constatant sa bonté de cœur. Mais l'ordre qu'elle me donna le fit disparaître tout aussi vite. Sans le savoir, la brune venait de me placer dans une situation extrêmement inconfortable. La fille du Roi mijotait quelque chose dans son dos. Et bien que j'en comprenne trop bien la raison, j'envisageais d'intervenir. « Bien, votre Altesse. »

Mon regard se plongea dans le sien. Je n'y vis pas l'once de malveillance. Depuis mon arrivée au château, elle n'avait montré que bonté. Mon cœur bondit alors que je lui murmurai : « Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je souhaiterais vous faire part d'informations… importantes plus tard. » Je restai vague, mais mon comportement en disait long et je ne doutai point qu'Adolestine le comprit. Je n'étais pas décidée à confesser mon amour pour son père, mais si elle comptait réellement fuir, il fallait qu'elle sache qui j'étais. Il fallait qu'elle puisse entendre mon expérience. J'avais vécu le rêve qu'elle envisageait certainement. Elle ne se rendait pas compte des sacrifices qu'elle mettait en jeu. C'était certain. Néanmoins, je me promis de ne plus y faire allusion pendant la soirée. Je lui laissai le choix.

Je commençai à ramasser les débris pour les remettre sur le plateau, les yeux dans le vague. Je serrais les dents en retenant les larmes qui montaient malgré moi. L'idée de verbaliser mon secret me faisait trembler comme une feuille. Je remettrais alors tout en jeu. Déconcentrée, je me blessai le doigt en ramassant le verre. « Laisse-moi t'aider. » Martin se pencha et m'aida dans la tâche, après avoir noué un morceau de tissu autour de mon index. Je lui en remerciai puis nous nous dirigeâmes vers les cuisines. Je le soupçonnais d'avoir le béguin pour moi, mais il avait vite compris que mon cœur était volé par un autre homme. Tous les domestiques savaient désormais que j'avais un "amoureux secret" et les spéculations allaient bon train. S'ils savaient...

Sur le chemin, ce fut cette fois Ernelle qui m'interpella. Encore perdue dans mes pensées, je m'immobilisai et posai le plateau dans les bras de Martin en lui offrant mon sourire le plus doux qui soit. Le pauvre avait déjà bien des tâches à accomplir... il s'en alla, les deux mains encombrées de plateaux. Que s'était-il encore passé pendant que j'avais le dos tourné ? La Dame D'Ukok était visiblement aussi confuse que moi, suivie par une dame tâchée du même liquide qui avait lacéré mon tablier de cramoisi.

Nous nous retrouvâmes dans la salle d'eau attenante aux chambres d'amis. Je m'empressai d'humidifier un chiffon, puis allai m'agenouiller afin de frotter les chaussures de la convive. Heureusement, la tâche, qui n'avait pas eu le temps de sécher, disparut en quelques mouvements. Je relevai la tête vers la Dame. « Avez-vous verni vos... » En voyant les traits de son visage de près, je m'immobilisai. Elle avait une ressemblance frappante avec le prince Placide. « Vos... vos chaussures récemment ? » Je détournai le regard afin de me concentrer sur la suite de ma phrase. « Cette couche a sauvé votre paire. Regardez... la tâche a disparu. »

Je n'arrivais plus à la regarder en face. Placide avait donc une sœur cachée ? Ou s'agissait-il d'une cousine éloignée ? J'avais appris par cœur la généalogie des De Lieugro, curieuse de tout ce qui touchait au Roi, et aucun visage comme le sien ne me venait en tête. Néanmoins, il n'était pas mon rôle de poser la moindre question. Je me relevai et m'inclinai, d'abord envers elle. « Pardonnez ma confusion, ma Dame. Je suis Lénora, domestique au château, et je sers votre famille. » Je m'inclinai ensuite vers Ernelle et sa sœur, en faisant de mon mieux pour cacher une quelconque intimité avec la D'Ukok. « Avez-vous besoin d'autre chose, Mesdames ?» Je n'étais guère présentable et face au malaise de la situation, je priais pour qu'elles me laissent m'enfuir.

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Dim 30 Oct 2022, 18:12


hihihihi.
Les portes - Chapitre V

Rôle:


Eléontine et Gustave valsaient. Elle plantait son regard céruléen dans le sien. Ils étaient beaux, bien assortis, comme deux bijoux d'une parure parfaite. Quant il lui avait retourné ses sentiments, la blonde avait déplacé sa main, de sur son omoplate, jusqu’à la figer sur le coin de sa nuque. Maintenir un contact, peau contre peau, lui semblait de plus en plus essentiel. Le changement était discret mais il apaisait le cœur torturé de la de Tuorp. Elle avait encore de l'emprise sur son époux. Le savoir la rassurait cruellement. Finalement, et contrairement à ce qu'affirmait Gustave, elle pouvait y faire quelque chose. Rien n'était figé et l'espoir renaissait. Gustave était encore à elle. Enfin son coeur, point son engin à forniquer, qui, lui, appartenait à tout le peuple. Elle eut l'envie de blottir sa tête contre sa poitrine, pour écouter ce battant paisiblement, mais elle ferait scandale aux mœurs, se faisant.

L'orchestre balançait ses harmoniques et la Dame semblait apaisée, bien qu'elle savait son mari torturé. Avec son froncement de sourcils, qui n'enlevait rien à sa beauté magnétique, elle devinait aisément ses pensées. Elle espérait qu'il finirait par trouver une réponses à ses questions, tout seul, pour ne pas qu'elle s'épuise à inventer encore et encore des mensonges. Les miracles n'existaient cependant pas et bientôt il la questionna sur son silence. "Pourquoi ne pas t'en avoir parler plus tôt ?" reprit-elle, doucement. Elle baissa les yeux, rompant leur regard partagé. Eléontine n'en réfléchit que plus. Et si elle disait simplement la vérité pour une fois ? "J'aurais voulu te répondre que je l'ai fait en pensant bien faire. Comme je te l'avais dit, ce jour fatidique. Pour respecter notre vieux serment." Elle releva les yeux. Ils étaient brillants de larmes. "Mais c'est faux." Elle levait les yeux et papillonna des paupières, comme pour empêcher les larmes de couler. "Gustave..." Elle le regardait de nouveau. "Ce que je t'avais dit est faux : tu as épousé une manipulatrice et une menteuse." dit-elle, un tremolo dans la voix. "Si je l'ai fait c'est pour..." Elle déglutit, comme pour s'empêcher de s'effondrer. Il ne fallait pas qu'une larme coule et ruine son maquillage. "Pour me venger. De toi." finit-elle, annonçant la sentence.

La scène prenait presque une allure surréelle. Bien que la dame semblât alors aussi fragile qu'une pâte feuilletée, elle continuait de danser. Elle ne manquait aucun pas, point diminuée par sa vision brouillée. Si Gustave était troublé, elle menait la danse avec brio. "Sais-tu ce que l'on dit sur toi ? Sur nous ?" demanda-t-elle avec une rhétorique parfaite. "Que tu es moins fidèle qu'un chien, que tu couches avec toutes les nobles dames, que tu es le père de nombrable bâtards." trancha-t-elle. "Que Ludoric a aussi peu de vertu qu'un diablotin, né des bourses du diable. Ne t'es-tu jamais point questionner sur le fait qu'il ne soit toujours pas engagé, à son âge ?" continua-t-elle. "Diantre, même la fille d'Adénaïs la putain, Yvonelle, a déjà un promis." murmura-t-elle. "Alors je l'ai fait pour me venger, oui. Et parce que je ne voulais pas inspirer la pitié. Qu'allaient dire les nobles gens devant mon ventre rond ? S'ils nous féliciteraient en premier temps, ils seraient les premiers à nous cracher dessus, dans notre dos. L'enfant aurait été, pourraient-ils dire, être encore le fruit de l'indécence. Ou alors l'aurait-on plaint, comme l'on aurait plaint la mère, dans laquelle s'essuie le membre souillé du mari. D'ailleurs, peut-être que cet enfant n'est qu'une excuse pour occuper la femme, tandis que l'homme sombre dans les bordels, dans les cuisses de l'Etamot, ou même dans celles, plus royales, de Garance de Lieugro." L'orchestre atteint son apogée dans la salle. Les notes étaient puissantes, atteignant un climax inouï. "Peut-être me considères-tu comme une femme stupide, Gustave? Peut-être essayeras-tu de me convaincre que les racontars ne sont que ce qu'ils sont : des racontars ? Mais ce n'est pas pour la vérité que je m’enhardis. Je t'aime, oui. Et je t'aime même en sachant que tu peux avoir d'innombrable maitresse et bâtard. Cela fait peut-être de moi une folle mais l'amour est en cela qu'il est fou. Alors non, ce n'est pas pour la vérité que je me venge, mais pour cette réputation que tu as fait aux Tuorp." La musique cessa. Eléontine s'inclina devant son mari. "Mais je regrette maintenant. Follement. Parce que je le répète : je t'aime. J'aurai dû t'en parler. Comme tu aurais du me parler de tes aventures. Je les aurais accepté. Je les accepte."

Discrètement, pour ne pas que les autres convives le remarquent, elle passa son index sous son oeil. Il fallait effacer toutes traces de drames. "Pour ce qui est d'Hermilius : il est mon cousin. Et c'est toi mon mari. J'aimerais me montrer contrariée face à cette supposition outrageuse mais, je peux comprendre ta colère. Cela reste déplacé mais..." Elle plaça ses mains jointes sur son ventre, juste au dessus de ses jupons. "... oui. Il était au courant pour l'enfant." asséna-t-elle, doucement. "J'avais besoin d'un soutien pour ne pas flancher. Car bien que j'ai pu te le laisser paraître, on ne décide pas, comme on décide de son gouter, d'arrêter aussi facilement sa grossesse. J'avais besoin de la moralité, plutôt basse de mon cousin. Madeline, elle, ne sait rien. Elle m'en aurait dissuadée. C'est une femme honnête, qui, par tous les dieux, m'a offert son amitié alors qu'elle est pleine de vertus." Eléontine baissa la tête. "Me voilà bien peinée de t'avoir dit tout cela, ainsi. Ils sont des dires qui pourrissaient depuis des années en mon sein. J'aurais voulu que jamais tu ne les entendes, car je ne veux point te voir mortifié ou bien te montrer la peine qui est la mienne. Mais, comme cet avortement, voilà qui est fait." Elle releva la tête, et commença à quitter la piste de danse. "Si tu veux en discuter, nous pouvons aller dehors. Ne faisons pas de scandales."

1100 mots
Moi qui voulait faire plein de truc durant ce tour, en allant voir Madeline ou Hemini, Eléontine m'a emporté vers d'autres eaux.
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Mitsu
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Mitsu
Dim 30 Oct 2022, 18:20


Image par Joelin Tan

Explications


Bonsoir <3

Allez, on continue tranquillement  Les Portes - Chapitre V  - Page 13 009

La salle de bal est ainsi : >>> Salle de bal <<< (merci Astriid ^^)

Pour les joueurs qui avaient des personnages dans le conte précédent (des Trois Royaumes) vous pouvez les jouer un peu en PNJ et faire des caméos ;D

Le 6 novembre on fera l'épreuve du dada pour ceux qui le souhaitent =)  

Pour le duo du bal :
- Zébella et Déodatus
- Ezidor et Adénaïs
- Gustave et Eléontine
- Adolestine et Merlin
- Clémentine et Montarville
- Yvonelle et Natanaël
- Madeline et Lambert
- Ernelle et Hermilius
- Coline et Ludoric
- Childéric et Garance
- Elzibert et Rosette

Les personnages sans partenaire : Placide, Lénora et Clémentin

Rappel sur les rubans  :
- Montarville & Madeline (ruban jaune à pois roses)
- Gustave & Clémentine (ruban rose à étoiles vertes)
- Déodatus & Eléontine (ruban bleu à rayures vertes)
- Ludoric & Adolestine (ruban orange à losanges bleus)
- Clémentin & Rosette (ruban vert à fleurs rose)
- Ezidor & Placide (ruban marron à pois noirs)
- Hermilius & Zébella (ruban violet à cœurs bleus)
- Elzibert & Coline (ruban rouge à papillons noirs)
- Merlin & Garance (ruban noir à potimarron orange)
- Natanaël & Yvonelle (ruban gris à rayures noires)
- Childéric & Adénaïs (ruban blanc à rayures dorées)
- Lambert, Ernelle et Lénora (ruban bleu à rayures dorées)
- Judas & Irène si vous voulez (ruban doré à rayure rouge)

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à mettre tout en œuvre pour le réaliser ^o^

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement 8D

Voilà !  Les Portes - Chapitre V  - Page 13 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  Les Portes - Chapitre V  - Page 13 1628

Participants


La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés.

- Babelda (Montarville) : VIII
- Hélène (Garance) : VIII
- Kiara (Coline) : VIII
- Kyra (Adolestine) : VIII
- Ikar (Placide) : VIII
- Faust (Gustave) : VIII
- Lucillia (Eléontine) : VIII
- Laen (Hermilius) : VIII
- Dastan (Ludoric) : VIII
- Latone (Madeline) : VIII
- Adriaen (Lambert) : VIII
- Yngvild (Rosette) : VIII
- Chelae (Clémentine) : VIII
- Léto (Ernelle) : V
- Tekoa (Childéric) : V
- Min (Natanaël) : V
- Eibhlin (Adénaïs) : VIII
- Lucius (Elzibert) : VIII
- Stanislav (Déodatus) : VI
- Lana (Yvonnelle) : VIII
- Thessalia (Irène) : I
- Chuan (Lénora) : V
- Dorian (Ezidor) : VI
- Gyzyl (Judas) : II
- Wao (Merlin) : V
- Susannah (Zébella) : VIII
- Erasme (Clémentin) : VIII

Deadline Tour n°9


Dimanche 06 novembre à 18H

Gain Tour n°9


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Sentiments partagés : les sentiments de (remplir avec le nom du rôle joué) ont tendance à se mélanger à ceux que votre personnage ressent dans la réalité pour les individus ayant incarné les autres personnages du conte.

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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Dim 30 Oct 2022, 18:24



Les Portes



Après un regard entendu à ma cavalière, je reportai pleinement mon attention sur la Princesse Coline de Lieugro. Elle était jeune mais était également la seule à avoir eu l’audace de venir me saluer. Bien entendu, selon leurs coutumes, j’étais sans aucun doute fautif de ne pas m’être présenté au Roi dès mon arrivée. Néanmoins, je trouvais que leurs usages laissaient passablement à désirer. Si un autre Monarque se présentait en mon Royaume, je savais le recevoir comme il se devait : soit en l’éliminant, soit en lui préparant un banquet digne de ce nom. L’un n’excluait pas l’autre, d’ailleurs. Je n’attendais pas qu’il vînt à moi : j’allais à lui. La passivité était pire que tout lorsqu’une couronne habillait le crâne d’un individu. Loin d’être un symbole rendant la personne inatteignable, elle était, au contraire, une cible parfaite. Il suffisait de fixer la couronne et de frapper vingt-cinq centimètres plus bas pour que celle-ci roulât sur le sol, avec la tête qui la portait précédemment.

J’attrapai la main de la Princesse. Je n’avais pas répondu à sa question. Je n’aimais pas me complaire dans l’étiquette. J’aurais préféré qu’elle me proposât de danser ou, mieux, qu’elle exigeât une danse. Cette autorité aurait été pertinente. Elle était au cœur de son Royaume, là où, normalement, je n’avais que si peu de pouvoir. Aussi, si elle avait été plus âgée, j’aurais volontiers décliné sèchement sa proposition, simplement pour lui apprendre qu’à trop demander l’avis d’autrui, autrui finissait par faire ce que bon lui semblait. Je détestais perdre mon temps en palabres.

Je la fixai un instant, après l’avoir lâchée. Nous nous faisions face. La musique de la deuxième valse avait déjà commencé mais je restai pourtant immobile, à observer les traits de son visage. Elle ressemblait à sa mère, ce qui n'était pas le cas de la Princesse Adolestine qui avait bien plus hérité des traits de son père. Les longs cheveux blancs de Coline encadraient un visage qui me laissait envisager que la demoiselle aimait le contrôle, mais uniquement lorsqu’il était entre ses mains. Elles étaient beaucoup, dans son cas, à penser que cacher leurs sentiments les aiderait à gravir l'échelle du pouvoir. Après un sourire, je plaçai l’une de mes mains sur sa taille. J’évaluai la distance entre nous et, d’un geste précis, la rapprochait de mon corps. Mes doigts coulèrent sur son bras jusqu’à sa main et je la fis mienne, remontant ma prise à hauteur de nos visages. « J’aime danser en silence. » lui fis-je savoir, avant d’entamer la valse. Bien sûr, rien n’aurait dû la forcer à exaucer mon souhait. Cela faisait d’ailleurs bien longtemps que je ne m’émerveillais plus du pouvoir d’une simple affirmation. Nombreux étaient ceux qui préféraient s’excuser et se soumettre. Je leur donnais simplement l’occasion d’être pleinement eux-mêmes. Néanmoins, si elle pouvait aller à l’encontre de ma préférence, ce qui ne m’aurait pas dérangé au demeurant, bien que je préférasse profiter du son de l’orchestre plutôt que du son de la voix de ma partenaire, j’avais en tête de ne pas lui laisser le temps de réfléchir à un sujet de conversation. Il y avait valse et valse. Il était possible de se contenter de suivre un rythme lent et pathétique, en gardant ses mains bien en place et son port de tête immobile, mais ce n’était pas ce que j’avais l’habitude de danser, bien que je l’eusse pratiqué ainsi avec ma précédente partenaire. Puisque j’avais une Princesse dans les bras, autant en profiter pour l’essouffler un peu. De plus, outre une activité physique, je voyais dans la danse un moyen de conquête du corps et de l'esprit de l'autre.  

Quand la musique cessa, nous nous trouvions proche du couloir qu’avaient emprunté plus tôt ma fille et Déodatus d’Etamot. Je regardai Coline et ses lèvres éprouvées par la danse. « J’imagine que vous n’êtes pas habituée à vous faire ainsi malmenée pendant une danse. » plaisantai-je. Je n’avais aucun doute sur le fait que les hommes étaient particulièrement mous au sein du Royaume de son père. La carrure de la plupart d’entre eux parlait d’ailleurs d’elle-même. Les nobles étaient bien plus habitués à manger de grosses portions de sanglier en sauce plutôt qu’à chasser l’animal en question. J’éprouvais pour la graisse une détestation certaine et, si j’avais eu le temps, j’aurais ôté celle de la plupart des individus à grands coups de couteau. Je ne comprenais pas comment il était possible de se laisser autant aller. Quant à la Princesse Coline, elle était si frêle qu’il m’aurait été possible de la soulever avec une facilité déconcertante. Essaierait-elle de répliquer à coups de mots ? Je n’étais pas un faible d’esprit, à m’encombrer de remords et de tourments. Je n’avais, de toute façon, pas le temps de ressasser quoi que ce fût. « Je vous propose donc de continuer cette plaisante expérience durant une promenade entre les murs du palais. » Ma main, qui n’avait pas lâché la sienne, la maintint jusqu’à ce que l’autre vint la chercher afin de la poser sur mon bras. « J’ai toujours rêvé d’enlever l’une des filles de Montarville. » ajoutai-je, sur le même ton, en me mettant à marcher. En réalité, je désirais retrouver ma fille qui, visiblement, ne servait que ses propres desseins. Pas tout de suite, cependant.

Lorsque nous fûmes suffisamment loin de la salle de bal et après plusieurs œillades, je vins récupérer la main de la Princesse dans un sourire et nous replaçai en position de valse, mon corps bien plus proche du sien que précédemment. J'attendis un instant, avant de prendre la parole. « J’ai vu que vous désapprouviez le fait que ma cavalière ait mon nom gravé sur la gorge. » Mes yeux se plantèrent dans les siens. Je connaissais que trop bien les faux-semblants des De Lieugro. « Vous devez croire que cela fait d’elle mon esclave, une vulgaire femme objet, et vous avez tort car je la respecte plus pour son audace que la majorité des hommes et des femmes que je côtoie au quotidien. » Je considérais la majorité comme une simple donnée. « Au demeurant, elle possède de nombreuses qualités, assez pour prétendre m'épouser. Car il s'agit de cela. Oser marquer sa peau du nom de son Roi est la première épreuve dans la compétition menant à la Royauté. » Je n'avais rien à cacher et, si je ne révélais pas certaines choses, c'était souvent parce que personne n'osait me les demander. « Ma première épouse ayant connu la mort, j'ai décidé d'épouser la femme qui répondrait au mieux aux qualités que je juge essentielles pour régner. Être fière de se tenir à mes côtés en fait partie car une femme qui méprise son époux, tout comme un homme qui méprise sa femme, n'est qu'une épine plantée dans le cœur du Royaume. » Je glissai l’un de mes pieds entre les siens, pour la forcer à reculer. « Je marquerais ma chair sans aucune hésitation du prénom de ma Reine si elle le souhaitait. Et je crois bien être ni un esclave, ni un homme objet. »

Je me penchai sur elle et lui offris un sourire taquin, mon regard titillant le sien d'une lueur espiègle. « Je crois que vous me rendez bavard, malheureusement pour vous. » J’exécutai quelques nouveaux pas. Faute de musique, je conférais à notre danse un rythme nouveau, plus proche d'un tango. Mes gestes alternaient entre la sècheresse et la sensualité, un jeu dans lequel je me complaisais parfois. Je m'arrêtais néanmoins de bouger à chaque fois que je prenais la parole. « Les femmes de mon Royaume diffèrent beaucoup de celles vivant dans celui de votre père. Tout comme les danses d’ailleurs. Nous avons une vision plus… directe et brutale des choses. » Le couloir était désert. « Disons que lorsqu’une femme de mon Royaume veut quelque chose ou quelqu’un… » J’approchai mes lèvres de son oreille et y murmurai la fin de ma phrase. « … elle le prend et, ce, par tous les moyens, même si ce qu'elle désire est contraire aux convenances, même si elle doit salir ses propres mains pour l'obtenir. » Je me redressai et, constatant que nous étions positionnés de façon adéquate, plaquai son dos contre le mur d'un simple mouvement de mes mains, sans chercher à lui faire mal pour autant. Mes doigts vinrent caresser sa mâchoire et attrapèrent son menton. Elle n’était pas si jeune. « Lorsque vous êtes venue me quémander une danse, j’ai vu dans vos yeux le début d’un orage. Je pense néanmoins que vous gagnerez à vous libérer des carcans de votre éducations. Vous feriez de cet orage une tempête et, en grandissant, vous deviendrez bien supérieure à toutes ces femmes qui pensent détenir un semblant de pouvoir en manipulant les autres. Ça marche peut-être avec les mâles de votre Royaume mais, personnellement, je n’ai aucun remord à couper les langues fallacieuses. » Plus que cela, je détestais que l'on me prît pour un abruti. « Quand une armée attaque, il vaut mieux savoir se défendre ou répliquer que parler. On ne manipule pas un soldat qui désire vous trancher la tête. On n'en a pas le temps. » Je lui souris. « Pensez-y, si jamais l’envie me prend de vous envahir un jour. » Je lui fis un clin d’œil. Je ne parlais peut-être pas uniquement du Royaume de Montarville mais, pour le reste, il n'y avait parfois pas besoin d'annexer par la force.

Sans m’éloigner, parce que j’estimais qu’elle devait se soustraire seule à mon emprise si l’envie l'en prenait, je la félicitai à ma manière. « J’en entendu dire que vous serez la prochaine Reine. » L’information était normalement confidentielle mais, de mon point de vue, n’était confidentiel que ce qui n’avait jamais été prononcé. Dans tous les autres cas, les murs avaient toujours des oreilles. « J’ai hâte. » Elle ne le serait peut-être pas, si Merlin réussissait. S’il échouait, peut-être attendrais-je qu’elle montât effectivement sur le trône avant d’attaquer Lieugro.

1633 mots
Judas (Gyzyl):

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Les Portes - Chapitre V

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