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 [Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...

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Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 423
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Lun 01 Nov 2021, 22:29


Image réalisée par Washanapple

Lorsque les Royautés se multiplieront...


« Tu penses que c’est une farce ? » finit par demander Læn à son ami. Les deux jeunes hommes avaient embarqué sur un navire après avoir reçu une lettre très spéciale. L’hésitation ne les avait pas étreints sur l’instant. Dans un état second, ils avaient simplement obéi, en se rendant au point de rendez-vous et en attendant leur moyen de locomotion. L’Ondin - ou, du moins, celui qui était au courant de son appartenance au peuple des Sirènes - ne voyait pas d’inconvénients à voyager par ce biais. Il avait bien plus vécu à la surface que dans les profondeurs. Il avait un comportement de Bipède. « Je ne sais pas. » « Mais t’as bien une idée, non ? » grogna le faux Magicien, assis sur une caisse en bois. Il avait posé ses avant-bras sur ses genoux et fixais Adriæn depuis le bas. L’autre était debout et marchait lentement sur le pont. Le blond s’arrêta et fixa un instant la tignasse du ronchon et ses reflets bleutés. Il croisa les bras. « Non. » répondit-il, à contre-cœur. Il n’aimait pas être ignare. Pourtant, c’est ce qu’il était à l’heure actuelle. Cette histoire de royauté le dépassait. Peut-être était-ce un piège mais ça n’avait plus aucune importance. Ils étaient presque arrivés et, au fond, il sentait qu’ils ne pourraient pas fuir. S’ils décidaient de reculer, le sort qui les avait incités à se jeter dans la gueule du loup les contraindrait de nouveau. De toute façon, Adriæn préférait prendre le risque. Il ignorait le fin mot de l’histoire mais s’il pouvait accaparer un trône - même un trône officiellement non reconnu - il ne raterait pas l’occasion. Il désirait le pouvoir.

Læn se leva et attrapa l’autre par le col. « Comment ça, non ? Tu n’arrêtes pas de te vanter de savoir plein de trucs et, là, t’en sais rien ? Te fous pas de ma gueule ! » Il y eut un silence. L’Ondin vit parfaitement que l’autre était suspicieux. « Attends… Tu crois que je suis à l’origine de tout ça ? » Il haussa un sourcil. « Vraiment ? » « Ouais… Je sais pas. Ça me parait trop gros ! Puis j’ai pas envie d’être un putain de Roi moi ! J’ai autre chose à foutre ! » « Ah ? Comme quoi ? » « Comme… Putain mais on n’a même pas encore fini nos études ! Je ne sais même pas me gérer moi-même, je ne vais pas gérer une île ! Quant à toi, c’est pareil ! » « Quoi, moi ? » « Bah tu sais bien. Tout ça là… Les trucs avec ta sœur et tout… » C’était un sujet complexe entre eux, ce qui n'empêcha pas le blanc de penser que le discours de son ami n'avait aucune cohérence. Quoi qu'il en soit, Adriæn avait compris facilement que Læn nourrissait quelques désirs inavoués envers sa jumelle. Il ne savait pas comment le prendre mais les imaginer tous les deux, à lui, lui plaisait assez. Tant qu’il était dans la capacité de les contrôler et qu’ils ne faisaient rien sans lui, il partait du principe que ça ne lui posait pas de problème. Néanmoins, il se méfiait. Son ami était impulsif et sa jumelle était une vraie vipère. Il la soupçonnait de vouloir asseoir une quelconque emprise sur le bleu, juste pour l’atteindre d’une manière ou d’une autre. Il ne le lui laisserait pas. « Ma sœur n’a rien à voir là-dedans. » Heureusement, il nourrissait quelques intérêts pour Kiara. Elle était un levier intéressant à ses yeux. « Ouais, c’est ça. Cette pouff… » L’Ondin plaqua sa main sur la bouche du Magicien. « Fais attention à ce que tu dis. » Ils étaient proches, à présent.

Adriæn poussa un cri lorsque les dents de Læn attaquèrent sa peau. « Aïe ! » fit-il, en écartant ses doigts de là. Il se prenait pour un piranha ou quoi ? « Ne recommence plus ! » dit-il, d’une voix autoritaire. L’autre fit la moue et l’imita. « Ne recommence plus ! Gna gna gna. » L’Ondin soupira. Il se vengerait, plus tard. Il avait commencé à verser un puissant somnifère dans la tisane que le bleu avait l’habitude de prendre le soir. Cette habitude de grand-mère plaisait au Kælaria. Il n’était pas encore allé trop loin mais voir son ami entièrement à sa merci, plongé dans un sommeil profond, avait tendance à rendre son imagination fertile. Il ne pouvait pas faire grand-chose à Basphel, puisqu’ils avaient deux colocataires, dont un - Sympan - qui adorait les observer à toute heure du jour et de la nuit. Néanmoins, puisqu’ils allaient sur une île et qu’ils seraient peut-être seuls la nuit, il n’excluait pas l’idée de, lui aussi, devenir une sorte de scientifique. Il avait à cœur de connaître parfaitement Læn. Il voulait se rapprocher de lui, plus qu’actuellement. « Au fait… » commença-t-il, son esprit pensant à quelque chose de totalement inattendu. « Il y a cette fille aux cheveux bleus à Basphel… Elle me dit un truc. » « … Mais qu’est-ce que je m’en fous des filles aux cheveux bleus ! » s’emporta le Magicien, visiblement contrarié par le peu de réaction du blond à sa réplique. « Hum. Veuillez m’excuser, Votre Majesté. » le railla l’autre. Une lueur impulsive passa dans les yeux du Taiji qui, par miracle, ne se jeta pas sur le jumeau de Lana. Celui-ci, l’air de rien, leva les yeux vers le ciel après un silence entre eux. « J’ai entendu des gens dire que le ciel avait changé, juste avant notre départ… » « Quoi ? » Ni l’un ni l’autre n’étaient de grands observateurs des cieux. « Je n’en sais pas plus. »

Lorsque le navire accosta, c’était le matin. Læn dormait encore, dans sa cabine. Adriæn, comme toujours, se levait tôt. Il fut donc le premier à constater les nombreuses silhouettes qui les attendaient sur la berge. Cette histoire de royauté n’était pas une farce, finalement. Et encore, il ne savait pas tout. Il ignorait des choses, comme l’union qui serait inévitable entre Læn et lui.

998 mots

Explications


En gros :

- Le ciel a complètement changé. La position des étoiles n'est plus la même et la nouvelle commence à se répandre et à inquiéter (même si les débiles comme Laen et Adriaen n'y connaissent rien XD)

- Le but du rp c'est simplement de dire que vos persos ont reçu une lettre les conviant à Maggie. Ils voyageront en bateau jusqu'à l'archipel et, plus précisément, jusqu'à l'île qui leur a été assignée. Vous pouvez accoster et découvrir l'île. La lettre dit qu'ils vont devenir rois/reines et a un gros effet hypnotique. Le but après ce sera que vous fassiez des quêtes sur l'île de votre perso pour qu'il la découvre plus en profondeur ^^ [Là c'est mon premier message, pour Adriaen ou Laen au niveau des gains. Je ferai la suite dans un autre message, pour filer les gains aussi à l'autre]

- Vous devez préciser à la fin de votre rp la deuxième particularité de votre île.

Nombre de mots


- 900 mots minimum

Gains


- 1 point de spécialité
- Le titre de Roi ou Reine de l'île [donner l'île en question]
- La propriété de l'île [donner le nom de l'île en question]

Deadline


Le 31 décembre 23h59



[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  4p2e
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mar 02 Nov 2021, 20:16



Lorsque les Royautés

se multiplieront...


« Sais-tu où se trouve le Prince ? » demanda l’un des Sorciers à son comparse. Ce dernier était occupé à surveiller la Mer. On ne savait jamais. Une Sirène pouvait se cacher entre deux vagues. Il sourit, d’une façon malsaine. « La dernière fois que je l’ai vu, il titubait en direction de sa cabine. » « L’Empereur Noir risque de nous punir… » « Mais je t’en prie, vas-y ! Vas dire au Prince qu’il devrait limiter sa consommation d’alcool ! » Le silence s’installa. « Ouais… » murmura celui qui avait désiré limiter la casse. Ma réputation n’était plus à faire. « J’imagine qu’il sait ce qu’il fait. » Je n’en savais pas grand-chose mais personne sur le bateau ne m’empêcherait d’agir à ma guise. « Il paraît qu’il se tape la fille du Monarque Démoniaque. » « Des rumeurs sans fondement. Il ne s’abaisserait pas à ça. » Peut-être.

Je m’affalai dans un fauteuil, ma flasque à alcool dans une main, ma pipe dans l’autre. Entre deux doigts, je tenais la fameuse lettre. J’enlevai mes bottes d’un geste décidé, visiblement très peu concerné par le bruit que l’une d’elles fit en heurtant le mur en emportant avec elle un bibelot quelconque. Au lieu d’en éprouver une forme d’inquiétude, je me mis à ricaner comme un idiot, remarquant d’un même temps que mes joues me semblaient légèrement anesthésiées. Je posai la flasque entre mes cuisses et mon torse. Mes pieds, nus, étaient, à présent, enfoncés dans l’assise. J’inspirai le tabac. La fumée m’irritait les yeux, si bien que mes sclérotiques étaient à présent rouges. « Aaaah… Dastan Dastan Dastan… » commençai-je. « Est-ce toi qui as foutu le bordel dans les cieux ? Avec ta sale face de Bipolaire ? » J’étais seul. Le Belegad n’était pas là. Tout ce que je voyais de lui était son nom, mentionné dans la missive qui m’avait été adressée. Elle nous nommait, tous les deux, Rois de l’île de Charmyë, dans l’Archipel de Maggie. « Sale connard de merde. » soufflai-je, avant de boire une gorgée de whisky. Ça me faisait du mal et du bien à la fois. C’était une sensation difficilement descriptible, comme celle de mes ongles qui s’enfonçaient parfois dans ma chair. La griffure me faisait saigner mais j’aimais ça. « Dastaaaaan. » clamai-je, les lèvres humides de liquide.

Ma tête bascula en arrière, rattrapée par le dossier. Pourquoi est-ce que je voyais le roux partout ? Dans ma réalité, dans mes rêves, dans mes délires. Pourquoi fallait-il qu’il me hantât ainsi ? Lui et Lucius. « Putain. » dis-je, comme une plainte emplie de folie. Lorsque je fermais les yeux, je sentais la présence du Bipolaire. Il était comme un poison qui s’infiltrait dans ma tête. Je le haïssais. J’allais lui faire regretter. Je me mis à rire à cette idée. Comment pourrais-je faire ? Il y avait bien des solutions. Je pouvais ordonner qu’il fût écartelé. Je demanderais ensuite que ses membres fussent conservés et je les exposerais dans ma chambre, pensai-je, les yeux fixés dans le vide, le haut de mon corps légèrement chancelant. Je remontai la couverture qui me couvrait en partie. La laine me plaisait assez. Passer mes doigts entre les grosses mailles m’occupait au moins autant que boire et fumer. Et il y avait cette lettre, cette maudite lettre qui ne faisait que confirmer que ce connard de roux allait me coller pour encore longtemps. Je ne devais pas fermer les yeux. C’était trop tentant d’imaginer ce traître proche de moi. Je haïssais tous ceux qui tournaient autour de lui, à commencer par mon frère et cette salope d’Ygdraë. Je n’allais pas oublier son sein contre lui. Je déglutis et mes lèvres s’étirèrent sous le ressentiment. C’était elle que je devrais faire écarteler. J’étais à peu près sûr que sa peau s’arracherait parfaitement bien. Mon petit lapin.

Lorsque je m’éveillai, le lendemain, je me rinçai la bouche avec de l’alcool. Si le soleil n’avait pas frappé furieusement contre ma fenêtre, je n’aurais pas su faire la différence entre le jour et la nuit. J’attrapai ma pipe et tirai dessus. Le tabac froid me fit grimacer. Par terre, je me mis à rire, absolument pas sobre. Vu que j’avais une bosse sur le côté droit du front, je soupçonnai une chute du fauteuil. Tant pis. Le sol, ce n’était pas si mal pour dormir. Et où était ma couverture en laine ? Je me mis à quatre pattes et me trainai jusqu’au tissu. Je l’enroulai autour de moi, comme une barrière protectrice, avant de relever les yeux vers l’un des marins. « Prince Érasme. Nous sommes arrivés. » « Parfait ! » lançai-je, en tentant de me redresser. Je manquai de m’étaler par terre. L’homme voulut m’aider mais fut obligé de se stopper. Ma colère claqua, comme les mots qui sortirent d’entre mes lèvres jusqu’à lui. Les choses étaient très claires : s’il me touchait, j’allais le faire écorcher vif. Personne ne me touchait. Pas lui. Pas mon père. Personne !

En plein délire, je sortis dehors. La clarté me fit mal aux yeux. Je plaçai ma main en visière et me mis à rire lorsque je constatai la présence de pauvres villageois sur la plage. « Ohé ! Braves gens ! Je suis votre Roi ! L’autre n’est qu’un usurpateur de roux ! Loi numéro un : les roux doivent tous cramer ! » Les individus se dévisagèrent, incertains. « Dastan ! » gueulai-je. « T’es où, sale enflure ? Viens m’épouser qu’on rigole ! » Je me mis à rire devant notre situation pathétique. « Ce sera toi la Reine ! »

943 mots
Pour la deuxième particularité, elle sera mise dans le message de Dastan

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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Mar 02 Nov 2021, 21:49

[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  Fla6
Lorsque les Royautés se multiplieront...




Jusqu'aussi loin son regard pouvait se porter, la surface de la mer rutilait sous le soleil, bercée de mouvements perpétuels, offrant vaniteusement ses joyaux liquides aux mille teintes, tantôt aussi verts que le lichen dans les forêt des bipèdes, tantôt d'un bleu azuré défiant le ciel de s'offrir un meilleur reflet. Avec le jour couchant, quelques notes orangées et roses se hasardaient ça et là, dessinant des ocelles mouvantes sur le visage de Susannah, penchée par dessus le bastingage. Le menton mollement posé dans la paume, elle exhala un énième soupir. Les profondeurs l'appelaient, confiantes d'offrir une distraction plus attrayante à la Sirène que le morne horizon uniquement rompu par la proue du bateau. Affalée ainsi à demi par dessus bord, l'adolescente n'évoquait en rien la reine proclamée par la lettre laissée dans sa cabine. Ses yeux incolores parcouraient avec attention l'ombre de sa silhouette. Un sourire orgueilleux éclaira son visage. Avec un peu d'imagination, elle voyait son corps couvert des plus belles parures, des plus belles soieries. N'était-ce pas la moindre des choses pour une Reine ? On la laverait avec des laits soyeux avant de la masser longuement avec des huiles parfumées aux prix extravagants et de tresser ses cheveux en y glissant des perles aussi scintillantes que des étoiles juste pour lui plaire. Elle ne méritait pas moins et ne se contenterait pas de moins. Comment serait son peuple ? Cela n'avait pas d'importance, elle les rendrait aussi dociles que des moutons ou ils mourraient. Devait-elle mettre ça au clair dès son arrivée sur l'île ou attendre un peu ? Leur amour n'avait que peu de valeur à ses yeux, elle avait besoin qu'ils soient utiles, d'une manière ou d'une autre mais surtout, il était essentiel qu'ils la craignent. Elle leur apprendrait à ne pas se laisser berner par ses traits enfantins.
«Souhaitez-vous rentrer à la cabine ? Un repas vous y attend et le lit a été fait.» Une ombre passa sur le gris brumeux de ses yeux, la voix ayant chassé ses rêves dorés. Un pli rigide se logea au coin de la commissure de ses lèvres. «Laissez-moi. Je n'ai pas besoin de vous pour savoir quand je peux aller me restaurer et me reposer. Ne m'adressez plus la parole. Stupide Gaelyan.» Ajouta-t-elle pour elle-même sur les derniers mots. Le matelot n'était pas la vraie cause de sa soudaine hargne, il avait juste eu l'imbécilité d'être là pour lui rappeler le moment d'aller dormir. Dernièrement, dès lors que ses paupières lourdes se fermaient avant de dormir, au lieu des ténèbres, un visage agaçant lui apparaissait. Des prunelles habitées de colère, encadrés par de longs cheveux d'un bleu presque noir sur lesquels elle souhaitait tirer jusqu'à mettre son cuir chevelu en sang. À chaque fois, elle rouvrait les yeux pour braquer sur le plafond un regard fulminant et une frustration sans nom l'enflammait de l'intérieur. Il était la cause de ses insomnies et des cernes bleutées ourlaient les yeux de la Lyrium. S'il n'avait appartenu qu'au domaine des rêves, Susannah aurait pu se faire une raison et vivre avec cette malédiction mais le goujat osait se montrer à Basphel. Seule la raison l'empêchait de se ruer sur lui au détour d'un couloir pour le rouer de coups pour ce qu'il lui avait fait subir dans son rêve. Insolent chien. Si elle ne risquait pas une punition, peut-être aurait-elle déjà cédé à cette envie pressente de déchirer ses chairs. Peu importait qu'il soit fautif ou non, elle n'avait pas besoin de raison pour rabaisser un mâle. Un air renfrogné sur le visage, elle frotta le bout de son nez refroidi par la nuit survenue avec sa paume avant de rejoindre sa cabine.
Au matin, elle s'étira en maugréant en sortant à l'air libre, délaissant son petit-déjeuner pour voir l'île promise. Elle avait entendu des pas se précipiter sur le pont du navire et des voix crier des ordres pour préparer l'arrimage au port. Mettant sa main en visière pour percevoir le ruban de terre qui se déroulaient face à eux, l'enfant en elle ressurgit et elle sautilla à pieds joints sur place. L'excitation redonnait des couleurs à ses joues blêmes d'avoir peu dormi. Dans un coin de sa tête, elle réservait des doutes sur la véracité des dires de la lettre mais Malyë existait et le peuple qui se massait en une ligne grouillante en arrière de l'unique pont n'était là que pour elle. Un sourire de requin fit étinceler ses dents et Susannah fit volte-face pour retourner dans sa cabine et soigner sa tenue. La première impression était importante, même si elle leur apprendrait à porter sur sa personne le même regard craintif et respectueux si elle était en chemise de nuit que si elle était vêtue de riches atours. Une couronne l'attendrait-elle ? Comment serait son palais ? Car il y aurait un palais, il fallait qu'il y en ait un. Il devrait être immense, avec de nombreuses ouvertures pour laisser la brise insulaire caresser les voilages transparents qu'elle ferait installer en guise de portes.
Quand elle refit surface, Malyë était bien plus proche et Susannah détailla avec un air avide la flore aux chaudes couleurs carmines et ocres. De lourds fruits luisant comme des grenats au soleil pendaient lourdement aux branches et le sable lui-même avait préféré au miel une teinte framboise sur lequel somnolaient des créatures à la silhouette longiligne. Leurs écailles d'ivoire capturèrent l'attention de la Sirène qui se jura d'en écorcher quelques uns pour s'en faire une robe. Avant même de rejoindre Basphel, elle avait toujours eu le goût pour les beaux vêtements et devoir porter l'uniforme lui était presque aussi intolérable que de devoir fréquenter des bipèdes à longueur de journée. Susannah mit pied à terre en acceptant gracieusement l'aide d'un matelot avant de redresser ses épaules. L'air impérial, le menton haut, elle fit face aux petits gueux qui attendaient sa venue.

1045 mots
Seconde particularité de l'île : Le sable est rose et les plages sont envahies de caïmans albinos.





[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  7qoc
Merci Jil  [Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  009 :
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 03 Nov 2021, 17:57


Illustration - Yuhong Ding

Lorsque les Royautés se Multiplieront


Ça me rappelle la lettre que l'on avait chacun reçu du Conseil de Boraür.
Et ils nous ont bien eu en nous nommant Prophètes d'Ësse'Aellun sans nous avertir au préalable, soupira Neah en passant une main dans ses cheveux. Et maintenant, nous serions Roi et Reine d'une île perdue dans une Archipel dont nous n'avons jamais entendu parler ? Soyons sérieux ...

Mancinia avait l'air conquise devant cette idée, mais ce n'était pas son cas. Il connaissait ses ambitions et ne manquait pas de la soutenir dans ses démarches. Il savait que la Royauté lui siérait comme un gant, puisqu'elle savait administrer un territoire et motiver autrui. La suite de son ascension au sein de sa hiérarchie serait naturelle, presque tracée ... et c'est pour cette raison que l'Humaine ne manquait pas de le rappeler à l'ordre.

Si un trône devient mien, tu deviendras Roi.

Ce n'était pas une question, son Gardien étant loin d'être un idiot et, qui plus est, il en avait conscience. Épouser Mancinia était une chose qu'il ferait dans un avenir proche et il endosserait certains de ses titres par mariage, dont celui de Marquis de Nylmord, le plus élevé qu'elle détenait. Du moins, jusque maintenant.

Uniquement un consort sans le moindre pouvoir, ainsi en va la volonté de ton peuple.

À ses yeux, son existence ne changerait pas. Il accompagnerait Mancinia durant ses sorties officielles, serait l'homme à ses côtés et prendrait soin de leurs enfants. Le Capitaine haussait les épaules.

Cela me convient ... J'aime mon travail.

Elle le savait, plus que quiconque, le gratifiant d'un tendre sourire, mais cela ne l'empêchait pas d'insister.

Tu ne veux vraiment pas venir avec moi sur cette île ? Ils nous ont nommés Souverains et nous ne pouvons pas l'ignorer.
Non, évidemment que non. Je ne sais pas ce que le gestionnaire de l'île ou ses habitants avaient en tête, mais nous pouvons aller à leur rencontre. De plus, tu as l'air de tellement tenir à cette idée ...
Oui ! s'exclama-t-elle. Oui, c'est important pour moi de savoir que des gens me font confiance !

Neah l'observait, ressentant presque les battements de son coeur ravis et heureux de son Humaine dans sa poitrine. Que ce titre de Reine soit véridique ou simplement honorifique, elle s'en moquait éperdument, on lui avait demandé d'être présente et elle le serait. Ces gens étaient des inconnus, mais ayant connu ce qu'était l'abandon et la difficulté, Mancinia avait de la peine de laisser ces derniers dans un coin pour ne plus y repenser ensuite. Et puis, encore une fois, ils seraient ensemble. Tant mieux. Vu que les deux Souverains étaient amenés à être liés sur la durée, il ne se voyait pas confié sa fiancée à un autre homme. Ou une autre femme. Ou ... autre chose. En observant sa propre lettre, l'Ange espérait que ce ne soit pas une mauvaise plaisanterie ou il se chargerait de retrouver le coupable et de le lui faire payer. Toutefois, son acceptation n'était pas signe de foncer tête baissée.

Je pense néanmoins qu'il serait imprudent de s'orienter en mer pour l'instant.
Ah, oui, tu as remarqué aussi ...

Difficile de ne pas le voir, tant les Astres semblaient s'être retournés brutalement. Progressivement, ces dernières semaines, les Constellations et les Étoiles semblaient avoir mués. Les Humains l'avaient constaté parce qu'ils s'orientaient avec celles-ci durant la nuit, quant aux Anges, cela avait été similaire, surtout pour les membres de la Nith-Haiah qui ont décidé de réécrire des cartes stellaires, par sécurité. La nouvelle se répandait assez rapidement aux travers des peuples, mais malgré l'incompréhension et quelques craintes, tout un chacun s'habituait à la situation.

Par ailleurs, comment vais-je expliquer ça, encore ? ...

L'Ange parlait de l'Armée Céleste. S'il devenait réellement un Roi, même d'une simple île au milieu de l'océan, sans que cela n'impacte les Anges et ses engagements militaires, ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait dissimuler. Mancinia était dans la même situation que lui vis-à-vis de sa hiérarchie.

Je crois qu'ils ont l'habitude que tu cumules titres, honneurs, richesses et territoires.
Hum ... Que vas-tu faire de ton côté ?
Je vais aller voir en premier de quoi il en retourne réellement, ce sera mieux si on me pose des questions.
Tu n'as pas tort, admit-il, réfléchissant d'autant plus à la question. J'avais de toute manière demandé un congé pour superviser de moi-même ce que les rapports avaient mentionnés sur Orahza. Lorsque ce sera fait, nous pourrons procéder comme on l'avait imaginé.

Après avoir obtenu le territoire, Neah avait averti ses supérieurs hiérarchiques militaires et civils de sa volonté d'en faire un territoire attaché à la Nation si ce dernier se révélait intéressant. Après le Bal de Lagherta et le Thé, il avait obtenu les précieux rapports, tous plus élogieux et enthousiastes les uns que les autres. Il avait demandé de se rendre sur place pour s'assurer de la véracité de ces derniers, analyser la pureté de certains filons et voir, pour une fois, ce qu'il avait hérité. De son côté, Mancinia avait entamé la construction d'un village et d'un Port à sa demande. Tout était presque terminé. Ce serait intéressant s'il s'avérait que l'endroit soit propice à une installation. L'Ange savait à quel point sa fiancée voulait les aider et, à dire vrai, cela le touchait beaucoup.

... Peut-être que ce sera utile si tu veux aller au sein du Gouvernement des Anges.
Non.

Mancinia ne dit plus rien, ce n'était pas la peine d'insister. À l'inverse de sa personne, Neah n'était pas un homme ambitieux, même si aux yeux de l'Humaine, il avait les qualités requises pour être plus qu'un Anjonù. Au final, ils en étaient au même stade. Ils stagnaient. Ils aimaient cette situation, mais elle s'y sentait de plus en plus à l'étroit. Les choses allaient bientôt changées ...

Je ne suis pas fait pour diriger.
Tu commandes des hommes.
Être un Capitaine n'est pas l'équivalence d'un Roi. Mes décisions seraient plus importantes, impacteront la vie des gens et ...

Le Gardien de l'Iskandar s'était arrêté. Il voyait très bien où celle-ci voulait en venir et il ne voulait pas tomber dedans.

... Combien de temps penses-tu rester sur cette île ?
Je n'en sais rien.
Voguons vers l'inconnu, alors, sourit-il, amusé.



Mancinia sentait ses bottes s'enfoncer dans le sable de cette plage vierge, observant les environs qui ne semblaient pas avoir de transcendance visuelle pour l'instant. Il faisait agréable. Neah venait à sa rencontre, après avoir dit aux marins de prendre du repos. Elle avait loué les services de ce navire et de son humble avis, ils ne seraient pas de trop. L'Ange avait ses ailes dans son dos, leur éclat doré était caractéristique, mais elles étaient au repos. À l'approche de cet endroit, comme sur Boraür, sa Magie avait commencé à décroître et il avait choisi de les rendre visibles, car contrairement à l'Île de l'Hiver, cet endroit lui était étranger et il s'en méfiait, mieux valait paré à toutes les éventualités. À quelques mètres de son Humaine, il manquait d'éclater de rire. Mancinia était assaillie, comme lui quelques secondes après, d'une nuée de papillons bleus délicats, venus se poser un peu partout sur eux ou voltigeant à quelques centimètres.

Ils sont beaux, souffla-t-elle.
... J'espère qu'ils ne sont pas carnivores.
Mais non !

Ils éclatèrent d'un rire léger, comme pour rassurer ceux qui se cachaient un peu plus loin, mais qu'ils avaient clairement repérés depuis quelques minutes.

N'ayez pas peur.

Curieusement, la voix de Neah semblait les avoir apaisés et quelques courageux vinrent à leur rencontre tandis que les papillons azurés s'en allèrent.

Vous êtes nos Roi et Reine ?
Il semblerait, sourit Mancinia.

Les habitants se regardèrent en biais les uns les autres avant de se retourner vers eux avec un sourire heureux.

Bienvenue chez vous !

Mancinia - 1310 mots


[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 03 Nov 2021, 23:07



Unknown

Lorsque les royautés se multiplieront...

Evénement | Dastan & Erasme



Dastan fixait la lettre, les sourcils froncés. Il en avait marre qu’on lui envoyât des putains de lettres. Il avait bien du mal à les déchiffrer, et demander à son père de les lui lire, c’était s’exposer à un risque. Ça voulait dire qu’il entretenait un contact avec l’extérieur de Bouton d’Or, dans le dos de tout le monde. C’était vrai. Mais il ne fallait pas que quelqu’un le sût. Le Réprouvé froissa le papier en une boulette et la jeta à travers la pièce. En bon Bipolaire, il aurait pu laisser tomber. Cependant, sa curiosité lui ravageait tellement les tripes qu’il lui fût impossible d’ignorer la missive plus de cinq secondes. En poussant un grognement, il retourna la chercher dans un coin de la chambre et la fourra dans sa poche. Il allait trouver une solution. Il avait une idée.

« Dis-moi de quoi ça parle. » Il tenait l’Ange par le col, contre un mur. Son autre main plaçait la lettre sous ses yeux. Le pauvre Ailé bégaya, la sueur perlant déjà sous ses cheveux blonds. « Dépêche-toi ! » - « Oui, pardon, je… ça dit que… que tu dois devenir le roi de l’île de… de Charmyë, dans l’archipel de Maggie, avec Érasm- » - « Tais-toi ! » s’exclama vivement le rouquin, mais trop tard. « … Salvatore. » Un long silence s’ensuivit, durant lequel les deux adolescents se toisèrent, l’un avec hargne, l’autre avec incrédulité. « C’est le fils de l’Empereur Noir ? » finit par demander le lecteur, défiant et apeuré. « Non. » Il plissa les yeux, affrontant le regard dur de Dastan, avant de les baisser. Il osa tout de même demander : « C’est qui ? » - « Un connard. » L’Immaculé ramena ses iris sur la lettre. « Un connard auquel tu vas te marier, visiblement. » - « Quoi ?! » Le blond se ramassa un peu plus contre le mur, comme s’il craignait un coup. « Oui c’e-c’est écrit, là… » Timidement, il pointa du doigt une ligne du courrier. Le rouquin tourna le papier comme s’il espérait comprendre ce qui était écrit, mais il n’était pas moins analphabète que quand il avait commencé à agresser l’Ange. « Putain. » Ses prunelles retournèrent se planter sur le Vertueux. « Si tu dis un seul mot de tout ça, je te démembre, je t’arrache la tête et je te file à bouffer aux sangliers. Compris ? » Le blond acquiesça vigoureusement. « Et quand je reviendrai, tu m’apprendras à lire. D’accord ? » Il opina à nouveau. Il n’avait pas tellement le choix.

Cette saloperie de couille molle de Sorcier. S’il était l’instigateur de ce bordel, il allait le tuer. S’il ne l’était pas, il allait le tuer quand même. N’en avait-il pas marre d’intervenir si souvent dans sa vie ? À cause de lui, il avait été obligé de quitter Bouton d’Or en faisant preuve de la plus grande discrétion du monde – domaine dans lequel il n’excellait pas –, de trouver un port, de négocier sa place sur un navire – il avait presque dû y laisser un rein – et de traverser les océans, chose qu’il n’avait jamais faite et qui n’avait pas manqué de lui provoquer moult nausées. Il le haïssait, et s’il avait pu lui vomir dessus, il l’aurait fait. En outre, le ciel s’était métamorphosé. Tantôt, il attribuait ce changement à une malédiction de plus – le capitaine du bateau s’était trompé d’itinéraire plusieurs fois car il avait pour habitude de se guider grâce aux étoiles –, tantôt il y voyait les signes d’un grand changement et donc l’annonce potentielle d’une aventure. Chez les Réprouvés, on avait coutume de dire que les astres recelaient la mémoire du monde, car ils avaient toujours été et seraient toujours, éternels spectateurs du cirque des mortels. S’ils avaient changé de place, c’était qu’ils attendaient un changement radical – bon ou mauvais.

« Roi Dastan, un navire a accosté. » Le rouquin se tourna vers la villageoise. Il était arrivé quelques jours plus tôt. Au début, il avait tempêté : contre la volonté des habitants de faire de lui l’époux d’Érasme, contre leurs tentatives de l’empêcher de découvrir l’île sans sa « moitié », puis tout simplement contre leur existence, celle de l’île et, surtout, celle d’Érasme. Puis, il avait fini par se fatiguer et décider de lui-même qu’il n’avait qu’une solution, aussi déplaisante fût-elle : attendre. « C’est pas trop tôt. » grogna-t-il. « Allons à la plage. » La femme partit devant, et il la suivit. Parvenu sur le sable brûlant, il put se délecter d’un spectacle qu’il n’aurait cru admirer si tôt, et qui gomma son air bougon. Les bras croisés, un sourire railleur aux coins des lèvres, il écouta cet abruti de Mage Noir complètement bourré déblatérer des âneries. Il n’avait aucun doute sur son taux d’alcoolémie : il avait côtoyé assez d’ivrognes pour en reconnaître les manières. Tandis qu’il continuait à l’insulter, les regards des autochtones convergèrent vers lui. Il finit par s’avancer vers la proue de son navire. « De nous deux, c’est toi qui ressembles le plus à une femme, crétin. » dit-il, sans avoir conscience qu’il faisait écho aux propos d’une Démone. « Et je vois que t’as déjà commencé les festivités, tu devais être drôlement pressé de te retrouver dans notre lit de noces. » Une grimace de dégoût se peignit sur ses traits. La vérité, c’était qu’il attendait Érasme avec le vague espoir qu’à deux, ils parviendraient à convaincre les habitants de ne pas les marier. Ensuite, le Sorcier partirait, et il garderait l’île pour lui tout seul. Ce serait parfait pour s’entraîner à devenir l’Empereur des Deux Rives.

Il jeta un coup d’œil un peu inquiet au bateau. Était-il venu avec Val’Aimé ? Probablement pas, mais cette pensée parasite s’implanta quand même. Des frissons coururent dans son dos. « Mes Rois. » Un homme brun, dont les rides creusaient des sillons de sagesse sur son visage, se détacha de la foule pour aller vers les deux adolescents. Dastan se retourna et le regarda, incertain. Il l’avait déjà vu. C’était aussi lui qui l’avait accueilli. « Je suis Lazarro, l’un de vos conseillers. Le peuple de Charmyë est heureux et soulagé que vous ayez répondu à son appel et soyez parvenus jusqu’ici. » On lui avait déjà tenu ce discours. Ensuite, il avait explosé de colère, et ils avaient tous fui durant plusieurs heures. Il se gratta le sommet du crâne. « Naétölrayu a béni votre venue comme il bénira votre union. » - « Naétolquoi ? » On ne la lui avait pas encore faite, celle-là. « Et je vous l’ai déjà dit, on va pas se marier. Je suis un Réprouvé, je peux pas et je veux pas épouser un putain de Sorcier. Et lui non plus, il veut pas m’épouser. Vous allez nous forcer ? » Il s’avança, menaçant. L’homme recula. « C’est que vous n’avez pas vraiment le choix. Maintenant que vous êtes ici, si vous ne vous mariez pas, vous allez mourir. C’est écrit dans le grand livre de Charmyë. » Une jeune fille, près de lui, lui tendit un imposant ouvrage. Le roux posa les yeux dessus. Encore des putains d’écriture. « J’en ai rien à foutre, de votre grand livre. Je vous ai dit que j’allais pas l’épouser, merde ! Vous avez les oreilles bouchées avec de la merde de cerfeuil ou quoi ? »



Message I – 1241 mots

Note : La deuxième caractéristique de l'île, c'est la présence de Naétölrayu. Qu'est-ce ? La suite au prochain épisode /sbaf




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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Mer 03 Nov 2021, 23:57


Illustration - Kadeart

Lorsque les Royautés se Multiplieront


Les Écuyers de l'Aurore ne s'étaient pas attendus à un accueil aussi chaleureux. Ils s'étaient dit qu'au mieux, ils allaient devoir convaincre les habitants de leur rang, surtout si quelqu'un l'avait décidé à leur place et, au pire, essayer de balayer le malentendu d'une plaisanterie éventuelle, mais ce n'était pas le cas, au contraire, ces derniers attendaient depuis longtemps que leurs Souverains viennent de la mer et ils étaient heureux de faire leur rencontre. Maintenant que la barrière des présentations sommaires était passée, tout semblait venir naturellement, avec une telle chaleur empreinte de sincérité que Mancinia, comme Neah, se retrouvaient dérouté.

Vous avez dû faire un long voyage !
Vous avez faim ? Nous avons chassé un cerf ce matin !
Oh, oui, c'était difficile !
Est-ce que vous voulez boire quelque chose ?
Nous vous attendions depuis tellement longtemps !

Toutes les questions fusaient les unes après les autres, ils avaient du mal à conserver leur expression stoïque, s'échangeant un regard. Est-ce que c'était vrai, ou la plaisanterie était vraiment bien rôdée ?

Ahem, toussota Mancinia, qui obtint automatiquement le silence. Tout va bien, les amis ! Nous ne voulions pas manquer de politesse en ne nous présentant pas. Je suis Mancinia. Mancinia Leenhardt.
Neah Katzuta.
Il semblerait que nous ayons été choisis pour être vos Souverains.

Il y eu un silence, mais aucun des visages devant eux ne perdait son sourire, même si certains d'entre eux s'échangeaient des regards étonnés de sa déclaration. En y regardant de plus près, leurs hôtes portaient des morceaux de coton rectangulaire aux couleurs chatoyantes, d'autres étaient même nus, mais tous portaient une fleur de tiaré au-dessus de leurs cheveux.

Choisis ?
Mais non, ça a toujours été vous !
Vous nous faites une blague, c'est ça ?
C'était très drôle !

Leurs appréhensions étaient balayées par des rires joyeux. Neah savait qu'ils ne mentaient pas.

Ne restez pas là, vos Majestés ! On va vous conduire à votre maison !
Oh, oui, oui, venez !
Suivez-nous !

Quelques-uns des femmes avaient prit le bras de Mancinia pour l'entraîner à leur suite, sans la moindre gêne, l'Humaine se laissant faire, non sans un léger rire. Amusé, l'Ange sourit sincèrement, avant de se mettre à les suivre.

Donnez-moi ce que vous tenez en main, Majesté, je vais le porter pour vous !
C'est un peu lourd ...
Mais non !

En fait, si, complètement. Lorsque Neah le relâchait, l'homme manquait de tomber à la reverse, tandis qu'il retenait son bagage par la poignée, lui évitant de ne se blesser réellement dans la manoeuvre.

Je vous avais prévenu.
On ... On va le faire, votre Majesté.
Ce n'est pas une obligation.
Mais si !

Il n'eut guère le choix que de le céder ... à trois hommes qui le portait à bout de bras. Avaient-ils réellement prit autant à eux deux ? Ils étaient pourtant économes durant de tels voyages. Cela dit, de par ses yeux de Capitaine, Neah voyait bien qu'ils manquaient de musculature. C'était même flagrant. Ce devait être un peuple chaleureux, très peu habitué aux formes de violence ... Tant mieux.

C'est quoi que vous avez dans votre dos, mon Roi ?

Cette question le laissait perplexe, mais il était vrai que ses plumes étaient particulières.

Des ailes.
Ça sert à quoi ?

S'arrêtant un moment sur le chemin, il scrutait son interlocuteur curieux et toutes les oreilles qui attendaient son explication. Était-il possible ... qu'ils ne le sachent pas ? Impensable.

Elles me permettent de voler.
Comme les oiseaux ?!
Woah ! Moi aussi, j'en veux !
Mais c'est trop bien !

Si lui avait des exclamations de surprise et d'émerveillement en reprenant sa marche et en songeant à l'absurdité de la situation, il entendait très clairement les choses du côté de son Humaine.

Vous êtes vraiment très belle, ma Reine !
Oui, vos cheveux sont soyeux !
Et vos yeux, de véritables étoiles de mer !
Et regardez vos cuisses, vous devez avoir de beaux enfants !
Vous avez des enfants ?
Vous êtes mariés ?
Venez, c'est par ici !

Elle n'avait même pas eu le temps de répondre à leurs questions, partagée entre la stupéfaction et l'hébétement. À une centaine de mètres de la plage se trouvait une sorte de village, ayant toujours les pieds dans le sable. Il n'y avait que des tentes, visiblement résistantes, loin de la maison traditionnelle de certains peuples. À leur entrée, le couple royal était décidément assez surprit de l'agencement de l'unique pièce, mais surtout, de sa décoration.

On a tout préparer pour quand vous arriveriez !
On espère que ça vous plaît !
Allez, tout le monde, on va préparer le dîner !
Oui !
Prenez votre temps !
On viendra vous cherchez !
Allez, tout le monde dehors !

Soudainement, l'agitation retombait et s'éloignait, ne laissant que le bruit des vagues non loin.

Drejtësi, soufflait Mancinia. Je ne m'attendais pas à ça !
Je sens qu'on a un long chemin à faire, se mit à rire Neah.

Mancinia se vautrait presque dans l'unique lit de leur maison, soudainement vidée. Quel peuple énergique ! Elle ressentait les pétales répandues sur les couvertures parcourir sa peau dénudée au niveau des bras, puis saisi celui de Neah pour l'attirer vers elle, ce dernier se laissant tomber à ses côtés, prenant soin de ne pas blesser ses ailes. Finalement, ils allaient devoir se serrer pour dormir ici, ce lit n'était pas très large ... La Fille du Soleil se sentait comme dans un rêve, se collant à son compagnon dans une étreinte, mais en le tenant autrement que par la taille.

Je ne suis pas un chauffage, pas besoin de m'allumer.
Mais non, je ...

L'Humaine était mignonne ainsi embarrassée.

Oui, oui, ma Reine. Je ne vous permet pas de toucher ainsi mon royal postérieur.
... C'est toi qui perd au change.

Neah sourit et l'embrassait, tandis que ses mains venaient sur son torse, chastement. Il y avait eu un véritable flot d'informations, cela leur permettait de se recentrer.

Je crois qu'ils ignorent tout de la civilisation, commenta-t-il après quelques minutes de repos. Ils ne savent même pas ce que sont mes ailes ...
Ils sont si innocents, admit-elle. Tu sais ... Je m'attendais à être traitée en Reine, avec tous les protocoles pompeux habituels, mais leur manière d'agir à mon égard me plaît. Je me sens importante, mais sans qu'on ne me rende mal à l'aise moi-même.

Elle se redressait brutalement, s'asseyant sur le lit, armée d'une détermination nouvelle.

J'aimerai vraiment les aider.
Mancinia ... Nous n'avons pas les moyens.

C'était surtout de temps et ... de temps. Mancinia démultipliait les projets, les travaux et les ambitions. Elle était tombée malade quelques semaines auparavant et après avoir brièvement lever le pied, voilà qu'elle recommençait.

Je sais que tu es inquiet, dans la mesure où nous dépensons astronomiquement pour ...
Tu dépenses. Je sais que dès la construction du Port sur Orahza achevé et dès que tu auras stabilisé les commerces dans lesquels tu as investis, tu as l'intention de débuter une vaste campagne de financement avec le Gouvernement Angélique.

Il soupirait, partagé entre la résignation et l'ennui, en se redressant à son tour.

Où vas-tu t'arrêter ?
Je ne m'arrêterais jamais.

Elle se redressait de son assise, presque impériale.

Je suis la Reine de Koelyë. J'ai l'intention de m'acquitter de cette tâche pour tous ceux qui croient en moi !

Il y eu un léger silence.

Tu es magnifique.
Neah ... !

Son nom avait été soufflé avec agacement. Ne la prenait-il pas au sérieux ?

J'aimerai seulement que tu sois prudente et que la ruine ne te guette pas.
La pauvreté ne m'inquiète nullement, j'y ai vécu et même si mon train de vie a changé au fil des ans, je suis prête à tout perdre.
Tu ...

Il ne parlait pas d'une ruine matérielle, seulement d'une ruine mentale et physique, mais elle l'avait interrompu en l'embrassant. Son arme fatale. Dans ses bras, Neah avait l'impression de pouvoir mettre le monde à ses pieds. Il coupait court à leur échange, soupirant.

Je vous adore, les gars, mais laissez-nous.
Hihihi, les amoureuuuux !
Vous êtes beaux !
Trop mignon !

Bien qu'ils se trouvaient dans l'entrebâillement de l'entrée, ils étaient une dizaine à s'être invités.

Ma Reine, mon Roi ! Nous voulions vous offrir ceci !

Ils s'étaient inclinés respectueusement en leur tendant leur présent, Mancinia l'avait prit presque instantanément, retournant l'éclat entre ses doigts experts, une lueur brillante dans les yeux.

C'est splendide. Où l'avez-vous trouver ?
Là-bas !
Sur la montagne !
Elle pleure de temps en temps et ses larmes deviennent des pierres !

Peu à peu, un sourire satisfait apparu sur le visage de la Sertisseuse. Des saphirs. Cet endroit en était tapi !

Je crois avoir trouvé le moyen de financer notre travail ici.
C'est pour honorer votre union, vos Majestés !
Oui, oui !
Ah ...

Neah ressentait une certaine douleur, malgré le sourire de sa Protégée.

Nous ne sommes pas mariés.

Neah - 1505 mots | la seconde particularité est la présence de pluies de saphirs


[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  Chriss10
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Ven 05 Nov 2021, 17:03

SHUWU par G xy
Lorsque les Royautés se multiplieront...

Il fallut quelques heures à Èibhlin pour se décider à en parler à Emrys. Ce qu'on lui demandait n'était pas anodin après tout, surtout quand on demandait ça à une Alfar. Ne pouvait-on pas lui envoyer des lettres normales ? s'était-elle prise à penser. Ce fut après un long débat entre elle et elle que la Sarethi se décida enfin. Alors, après un dernier regard sur le miroir de sa coiffeuse où elle replaça une mèche derrière son oreille, elle usa de l'orbe mise à sa disposition pour rejoindre Emrys.


Les mains posées sur le garde-fou à la proue, Èibhlin regardait avec amusement des dauphins qui jouaient avec le navire, effectuant des acrobaties lorsqu'ils sautaient hors de l'eau ou y disparaissant pour réapparaître de l'autre côté du vaisseau. On pouvait croire qu'ils essayaient d'attraper le reflet de la lune dans l'eau. La Sarethi leva le nez en direction des nues, fixant le ciel qui s'assombrissait au fur et à mesure que la lumière du soleil disparaissait sous l'horizon, laissant apparaître à la place les étoiles. Puis elle posa son regard sur un Alfar qui se trouvait, lui, sur la poupe où il y détaillait le ciel tout en prenant des notes dans un de ses nombreux carnets. Le programme d'astronomie allait devoir être revu dans sa totalité. C'était pour ça qu'il était présent, afin de savoir si le phénomène était global ou s'il ne concernait que les Alfars et noter la nouvelle position des astres dans le ciel. L'attention de la jeune Alfar se porta de nouveau sur les étoiles. C'était étonnant la façon dont elles semblaient toutes liées les une aux autres à former une espèce de labyrinthe. La voix d'Eldora la ramena l'esprit sur terre, son regard venant trouver la Númendil qui échangeait avec l'astronome. Devant ces personnes bénies par Dothasi, Èibhlin se sentait petite et insignifiante. C'était pourtant elle qui avait été désignée pour gouverner d'après le message. Elle repensa alors à la missive l'ayant menée ici. Elle l'avait tant lu qu'elle en connaissait la moindre ligne par cœur. Reine de l'île d'Issë, aux Archipels de Maggie. Elle n'avait jamais entendu parler ni de cette île, ni de cet archipel et avait d'abord cru à une blague d'ailleurs. Souveraine aux côtés du Roi d'Issë, Dorian Lang. Ça, c'est ce qui l'avait incitée plus encore à ne pas y croire avant se souvenir qu'elle n'avait jamais évoquée le Vampire à qui que ce soit. Portant son pouce à sa bouche, elle commença à en mordiller l'ongle alors qu'un stress insensé la saisit.

Les yeux encore endormis, Èibhlin se redressa sur son couchage. Du dos de la main elle tenta cacher le bâillement qu'elle ne réussi pas à réprimer avant se frotter les paupières. Elle s'était assoupie en quelques minutes seulement, bercée par le roulis régulier des vagues sur la coque. L'océan devait être calme aujourd'hui cependant puisque le grondement de la houle avait cédé à un léger clapotis à peine perceptible. Après quelques minutes à comater assise, la Sarethi s'étira largement puis se prépara — comme on pouvait se préparer à bord d'un navire en pleine mer — pour remonter sur le pont supérieur et retrouver l'air frais. Ce fut cependant un visage surpris qu'elle afficha en voyant l'horizon. Ou en ne le voyant pas justement. Une épaisse brume cernait le navire qui avançait difficilement sous la faible brise. C'était à peine si on en voyait les extrémités. Elle avait l'impression de se trouver dans un de ces lieux maudits et s'attendait presque à voir débarquer un navire fantôme. On disait que l'on pouvait en voir la nuit sur la Mer Maudite. L'équipage s'était-il trompés de direction ? S'était-il fait duper par les étoiles ? « Quelle purée de pois. » commenta Eldora qui apparue dans le brouillard, derrière Èibhlin. « Vous êtes certain que nous sommes bien sur la Mer d'Ostëra ? » lança-t-elle à la première oreille qui l'entendrait tout en dépassant la Sarethi. « Affirmatif madame. Nous devrions arriver dans la journée. » répondit le capitaine à la barre. Ostëra. Quelque part, pas si loin, se trouvait Lagherta. « Vous pouvez être plus précis ? » - « Dans la matinée ? La soirée peut-être ? Ça dépend si on conserve cette allure, si le brouillard s'épaissit encore ou si le vent se lève et la brume avec. ». Un brin inquiète, Èibhlin se plongea à nouveau dans la contemplation de cette absence d'horizon. C'était à croire que l'on cherchait à les empêcher d'arriver. Il y avait quelque chose de hors du temps à cette impalpable bulle opaque et au silence pesant seulement brisé par le clapotis des vagues.

Ce fut lorsque les premiers chants — que l'on aurait pu croire appartenant à des corbeaux — de ce qu'elle supposa être des oiseaux se firent entendre des navigateurs que la brume se décida à se lever, révélant l'île dans sa splendeur. Passé la plage de sable blanc, c'était un joyau d'améthyste qui se dessinait sous leurs yeux. Tandis qu'Èibhlin fixait le décors avec une nouvelle envie, les matelots jetèrent l'ancre et mirent un esquif à l'eau. Ils finiraient la route à la rame apparemment. Un de ces oiseaux les survolant précédemment se posa sur le garde-corps, attirant le regard de l'illustratrice qui se fit rond comme des soucoupes. Ça n'avait rien d'un oiseau en fait. Des ailes rachitique prenaient place là où elles étaient habituellement duveteuse et c'était comme si on avait plumé l'animal pour laisser apparaître une peau lézardée. Sans parler de ces yeux agressifs. Il avait les attributs que l'ont pouvait donner aux dragons. Il n'avait rien de ressemblant pour autant. C'est donc curieuse de cette faune qu'Èibhlin monta dans la petite embarcation, accompagnée de Eldora et trois autres marins les conduisant, afin de rejoindre le rivage.

À quelques pas de la plage, l'un des matelots sauta hors de la barque afin d'aider à la pousser sur la terre ferme et permettre à tous de débarquer au sec. Des iguanes qui se faisaient dorer la pilule sur le sable s'échappèrent à toute vitesse à la venue de ces étrangers. Èibhlin les détailla avec amusement avant de se faire interpeller par un inconnu. « Ne vous fiez pas trop à ces animaux, ils ne resteront pas peureux éternellement. Une fois adulte ils auront assez grandis pour vous dévorer comme une sucrerie. » fit l'homme en s'approchant. Puis un sourire se dessina sur son visage avant qu'il ne ploie, lui et celle qui l'accompagnait, devant la jeune Alfar étonnée de cette introduction. « Je me présente : Bran Lochlann, Conseiller au Roi et à la Reine d'Issë. Bienvenue chez vous, Votre Majesté. Nous vous attendions. » se présenta-t-il, une main sur le torse. Èibhlin papillonna des yeux. Elle avait du mal à admettre que ce soit à elle que l'on s'adressât de cette façon, aussi cherchât-elle un soutien auprès de ses accompagnants, sans succès. Les marins s'en moquaient bien et Eldora... Et bien c'était Eldora. Difficile de demander à une Alfar, une Númendil qui plus est, de son rang de se montrer heureuse de voir une gamine être traitée en Reine. « B... Bonjour. Je suis Èibhlin Mè... » - « Nous savons qui vous êtes, Votre Majesté. » coupa la jeune femme avant tourner le visage vers la Númendil. « Êtes-vous sa protectrice ? » lui demanda-t-elle. Le visage de l'interrogée se durcit. « Pas exactement. » répondit-elle d'une voix lente. « Notre Sire n'est pas avec vous ? » questionna ensuite Bran en levant le visage vers Èibhlin. « Sire ? ». Le contenu de la lettre lui revint en tête. Elle avait oublié. Elle aurait aimé qu'ils ne lui rappelle pas d'ailleurs. « Non. Pourquoi devrais-je forcément me promener avec lui ? » répondit-elle en détournant le visage. Puis, avant que le duo ne lui renvoie la balle, elle changea de sujet de conversation. « Vous avez une belle flore. » - « Et elle est votre, ma Reine. » fit la femme. Sienne. Le regard d'Èibhlin allait du duo à la forêt derrière eux, un sourire réprimé sur les lèvres. « Si vous permettez que je vous mène à votre résidence. » reprit le conseiller en se relevant pour la guider à travers la forêt. « Elle ne vient pas ? » demanda l'Alfar à sa suite, Eldora sur les talons, en voyant la comparse de son guide rester sur la plage, les observant seulement s'éloigner. « Elle attend notre Roi. ». Une moue se dessina sur le visage des deux Alfars. L'une à cause de la mention d'une royauté volée, l'autre à cause du Vampire. Si ce n'était que ça, cette indigène pouvait bien partir et le laisser se débrouiller avec les lézards. Elle s'en sortirai mieux seule qu'avec lui.

Rapidement ce détail encombrant fit place à une intense curiosité comme elle détaillait les immenses arbres qui les cernait à la manière d'une haie d'honneur muette, loin d'être silencieuse pour autant. Ils étaient grands et imposant. Pas autant que le Tawaradan, mais plus que les ligneux de la Forêt des Murmures. Leurs feuillages étaient d'un vert si sombre qu'on le croirait aussi noir que l'écorce de leurs troncs. Pourtant ce n'était pas cette teinte qui peignait le paysage. La Sarethi s'approcha d'une épaisse racine en marge du chemin de terre et s'agenouilla pour observer de plus prêt l'excroissance qui y poussait. « C'est un champignon ? Je n'en ai jamais vu de pareil. Ils sont beaux. » commenta-t-elle en balayant des yeux la forêt entièrement envahi de ces mycètes. « Ils sont cependant nocifs. » répliqua Bran en fixant un énorme champignon, semblable à une plateforme, fixé à un tronc plus en hauteur. « De quelle façon ? » - « Ils sont hallucinogènes. Et à hautes doses ils peuvent être mortels. ». Un silence ponctua ses explications. « J'espère que cela ne vous rebutera pas dans votre règne. » s'inquiéta soudainement le guide. Èibhlin se releva pour lui faire face, le sourire aux lèvres. « Non. Vous n'avez pas d'inquiétudes à avoir. Je vous l'ai dit, je les trouve magnifique. » répondit-elle bien moins tendue qu'à son arrivée. Elle se sentait chez elle avec cet environnement. « On y retourne ? J'ai hâte de voir les surprises que peut offrir cette île. » reprit l'illustratrice avant se faire devancer par son conseiller. « Permettez que je vous ouvre la route. Il est dangereux de s'en écarter et facile de se perdre. Ce serait regrettable que vous vous égariez. ». Ces mots attisèrent un peu plus la curiosité déjà bien présente de la Sarethi. « Je vis dans une forêt dense. Je ne m'égare pas si facilement et connais les dangers que l'on peut y trouver. » - « Le problème n'est pas tant la densité de la jungle. Ce sont plutôt les insectes et les reptiles qui l'habitent, ainsi que les champignons. À certaines saison ils dégagent tellement de spores qu'on prendrait ça pour du brouillard. ». Eldora tourna le regard vers la forêt. Il y avait autre chose de dangereux sur cette île. Elle ne sentait plus Nathys et ça l'inquiétait. Le monstre n'avait jamais été si silencieux sinon avant qu'elle apprenne son existence. Après un œil sur les ténèbres de la forêt, un rire enchantée s'échappa des lèvres d'Èibhlin. De la façon dont il en parlait, il lui semblait que la population avait plutôt tendance à éviter la nature et s'en prémunir. Les choses changeraient sous son règne et ils la chériraient, et l'adopteraient, comme elle l'adorait déjà.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1919
Deuxième particularité de l'île : la faune est principalement composée de grands reptiles et d'insectes géants très joueurs
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Ven 05 Nov 2021, 22:20


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Lorsque les Royautés se multiplieront...
Aurel & Eiko

Akiko fronça légèrement les sourcils en tournant son visage vers le ciel, où se dessinait progressivement la constellation. Un instant, elle resta pensive, soucieuse, passant instinctivement une main dans le dos de sa fille. C’était un geste qui se voulait rassurant. A croire qu’elle mimait inconsciemment le comportement qu’elle aurait souhaité qu’autrui lui témoigne.  Un instant, elle se pinça les lèvres puis redescendit le regard sur la mer qui s’étalait devant elle. Le voyage avait été long. Elle avait hâte qu’il se termine. Au loin, elle apercevait le lopin de terre se dessiner. L’annonce de l’îlot, un peu plus tôt, avait été un véritable soulagement.

« Qu’est-ce que tu dessines de beau, Eiko ? » La concernée, installée devant un pupitre de fortune, releva la tête vers le blond qui s’était accroupi à ses côtés. « C’est mon château, regarde ! » fit-elle en brandissant le morceau de parchemin sur lequel elle avait laissé son art s’exprimer. Les couleurs se mélangeaient dans un joyeux dégradé de teintes pastelles, au gré des coups de pinceaux maladroits. Les ballottements du navire avaient rendu les tracés plus tremblotants qu’à l’accoutumée. « Ouah, que c’est beau. » la félicita Bae, esquissant un sourire attendrit devant la mine enjouée de la gamine. « Merci ! Regarde, là, c’est mon jardin. » expliqua-t-elle en désignant un coin de la page où les couleurs s’agglutinaient particulièrement. « Là, il y a ma chambre, et puis là, ça sera la chambre pour mes poupées. » continua-t-elle en pointant du doigt des carrés tracés au milieu des murs de la cabane qui lui servait de palais imaginaire. Bien qu’excentrique, le dessin représentait une riche demeure typique de sa région d’origine, plutôt que les majestueux bâtiments qu’elle avait pu visiter durant les derniers mois, lors de son exploration du monde extérieur. « Et puis là, il y a Fanfan et Poupou. Et puis plume aussi. » L’artiste avait cette fois-ci montré deux boules de couleur jaune et rouge, ainsi qu’un long serpentin bleu. « Et puis maman, moi et toi, regarde, tu es là ! » La Hanatsu avait développé un véritable attachement envers le garçon. Sa présence lui était devenue familière, presque évidente. Il ne le lui avait pas encore annoncé mais leurs chemins se sépareraient bientôt. Dans quelques jours, il reprendrait le bateau pour quitter la mystérieuse île de Segmaë et s’en irait, seul. Ce départ causerait une grande peine chez l’enfant. Mais elle s’en remettrait, après quelques jours, lorsque l’appel de l’aventure effacerait de sa mémoire la tristesse causée par l’absence de son ami. Le musicien esquissa un sourire. Il était touché d’avoir une place sur la peinture de la petite Orine. Ses lèvres tremblotèrent malgré le sourire qui s’étira sur son visage. « Et qu’est-ce que c’est, ça ? » demanda-t-il en pointant un étrange soleil à côté de la fillette. « Ça, c’est Aurel. » répondit-elle calmement. Bae haussa légèrement les sourcils face à cette explication spontanée. Aurel. L’inconnu qu’ils rencontreraient en arrivant sur l’archipel et qui était, selon les explications qu’ils avaient reçues, destiné à gouverner sur l’île aux côtés d’Eiko. Il ne comprenait pas la raison profonde pour laquelle elle avait représenté son pair de cette façon. Elle-même ne se souvenait plus vraiment de la justification. Elle l’avait simplement imaginé de la sorte, réminiscence du songe qu’ils avaient partagé. « Tu as hâte de le rencontrer, n’est-ce pas ? » demanda Bae, bien qu’il connaisse déjà la réponse. La fillette n’avait fait que parler de lui depuis qu’on lui avait expliqué qu’ils allaient sur l’île pour rencontrer une nouvelle personne. Elle lui avait également fait de nombreux dessins. « Oh oui alors ! Ça va être mon nouveau copain. » L’enfant n’avait aucune appréhension. Elle ne se demandait pas si son camarade allait être gentil ou s’il allait bien s’entendre avec elle. Les réponses lui semblaient couler de source, son innocence encore intacte n’éveillant aucun doute.

« Moi, quand je serai reine, je demanderai à manger des Mocchi tous les jours ! » s’écria la fillette, enchaînant sur une nouvelle conversation. L'idée que l'heure du quatre-heure était passée depuis longtemps lui avait soudainement traversé l'esprit et, comme souvent, il lui avait pris l'envie de grignoter cette sucrerie. « Ah oui ? Et qu’est ce que tu feras d’autre ? » « Mmh, on organisera un grand cache-cache avec tous nos nouveaux copains, et puis du théâtre avec des beaux costumes, et puis des histoires qui font peur et aussi des histoires d'amour, et puis des chansons. Pleins de chansons tout le temps ! » lista-t-elle en décomptant ses missions sur ses doigts. L’énoncé fit rire l’adolescent qui ébouriffa affectueusement les cheveux de la future reine. L’idée lui paraissait incongrue. Qu’une enfant en bas âge soit amenée à régner sur un peuple qu’elle n’avait jamais rencontré lui paraissait délirant. Cependant, il n’avait pas osé contester la décision d’Akiko d’emmener sa fille à la rencontre de ses futurs sujets. La plus âgée avait ses raisons. Peut-être avait-elle consulté les esprits du temple à côté duquel ils vivaient. Ou bien peut-être suivait-elle simplement des ordres ? Peut-être s'agissait-il de l'opportunité de nouer une nouvelle alliance ? Si tel était le cas, le blond n'avait pas été mis dans la confidence. Pourtant, l'air inquiet que prenait Akiko lorsqu'elle pensait qu'on ne l'observait pas poussait l'éphèbe à penser que la mère de l'enfant n'acceptait pas cette situation de bon gré. « Dis, tu crois que Aurel il est déjà arrivé ? » demanda Eiko en se retournant vers ses aînés. Sa mère esquissa un sourire, tendant son bras devant elle. « Oui, regarde... » « Un autre bateau ! » s'extasia la fillette en sautillant.

937 mots
On réfléchit encore à la deuxième particularité



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Sam 06 Nov 2021, 20:17



[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  Adam-cuisine

Lorsque les Royautés se multiplieront


Lorsque je reçus la lettre, un amusement assez visible s’empara de moi. Si je crus tout d’abord à une plaisanterie, je compris rapidement que ce n’était pas le cas quand je vis mon handicapé favori tenir dans ses mains le même morceau de papier.

Mon regard avait coulé sur lui, empli d’une lubricité à toute épreuve. Le fait que je sois Humain ne calmait pas mon envie de lui. C’était complexe. Il avait fallu s’adapter et il le faudrait encore, jusqu’à ce qu’il décide de muer.

Pour le moment, ce n’était pas envisageable. Même si le Nylmord le croyait, il devait le faire surveiller. Feindre le handicap n’était pas la même chose qu’être véritablement handicapé. Ce n’était peut-être même pas cette question-là qui le taraudait mais plus une volonté de ne pas muer tout de suite. À la prochaine, il devrait prendre l’apparence d’Elias et il ne faisait pas bon de ressembler à l’Empereur Noir en l’absence de magie. C’était un risque que je comprenais parfaitement, même si les petites fesses bien fermes d’Elias n’étaient pas affreuses, et loin de là.

« Je crois que… »

Je savourais l’instant.

« Je crois qu’il va falloir que tu t’agenouilles devant moi, Roi Kaahl Paiberym. »

Je posai mes deux mains sur les accoudoirs de sa chaise et m’approchai, sans dépasser les bornes non plus. Plusieurs personnes du voisinage et quelques domestiques nous avaient surpris assez proches l’un de l’autre. Il avait commencé à se plaindre de mes travers de Luxurieux à ces derniers, parfois exaspéré, parfois amusé, parfois irrité.

C’était prévu. Ça aurait été trop suspect que je reste sage. Pour l’instant, nous ne faisions rien, rien de visible pour autrui. Quand c’était sérieux, nous allions dans la maison de poupées. Là, j’avais tout le loisir de parcourir son corps. Je m’amusais même avec son insensibilité parfois, à lécher certaines parties de son anatomie et à commenter en détails ce que je faisais et ce qu’il manquait. De cette manière, je me vengeais peut-être un peu de l’existence de Laëth. Ce n'était pas très clair. J'étais sans doute juste sadique.

« Et ne me sors pas la carte du handicap pour ne pas le faire, sinon je te mets à genoux moi-même. »

Il pouvait très bien le faire. Il en avait le pouvoir.

Cette situation me paraissait intéressante. D’un côté, il restait puissant, même quand j’étais à côté de lui avec la Bague. De l’autre, il avait des failles et, petit à petit, il se reposait sur moi pour plusieurs choses. Il tentait de ne pas utiliser sa magie, comme s’il cherchait à en oublier l’usage. Je trouvais ça attendrissant et cette pensée me paraissait bizarre venant de moi. Je parlais de l’Empereur Noir. Normalement, attendrissant et Empereur Noir ne pouvaient pas se trouver dans la même phrase.

**

« Allez hop ! »

Je fis un mouvement sec du bras. Ce qui se trouvait dans la poêle sauta puis retomba dedans, sans dommage.

« Je ne suis pas mauvais. Jil m’a bien formé. À force de faire la cuisine ensemble, j’ai pris la main. »

On ne faisait pas que de la cuisine ensemble, même si l’activité à laquelle je pensais possédait quelques principes similaires : parfois, on avait mal au poignet à force de l’agiter, on se retrouvait souvent avec des matières gluantes sur les doigts et goûter sans modération était conseillé. Cuisine et sexe étaient deux choses parfaitement compatibles, en plus, surtout pour quelqu’un d’aussi Gourmand que moi.

Imaginer mes lèvres autour de différents desserts me fit penser à Laëth et à notre bûche. J’entrai en érection presque immédiatement.

« … Fait chier. »

Les rêves étaient bien plus plaisants que la réalité. Souvent, elle se donnait et tout se passait bien. Il n’y en avait qu’un qui avait été affreux.

« Dis voir… »

Je me retournai, coupai l’omelette en deux et la déposai dans nos assiettes.

S’il y avait un équipage sur le navire, j’avais décidé de m’occuper en cuisinant. À force de rester sans rien faire, je prenais racine. En Humain, j’étais beaucoup moins porté sur le cul et le vide de mes journées me paraissait vite insupportable. De ce fait, il fallait que j’occupe mes doigts, surtout que nous pouvions difficilement disparaître dans un espace aussi restreint. J’étais donc en manque de sexe, ce qui expliquait aussi la réaction de mon corps selon moi. Je ne bandais habituellement jamais en pensant à l’Ange lorsque j’étais Humain.

« Non rien. J’ai pas envie de savoir… En fait, si. J’ai fait un rêve y a quelques temps dans lequel tu étais. Il y avait Freyja aussi. Et, dans ce rêve, tu m’as guidé vers elle, pour que je la pénètre. »

J’avais l’impression de paraître complètement con à lui demander s’il y était pour quelque chose.

« Tu l’as vraiment fait, hein ? Pourquoi ? »

S'il niait, j'aurais l'air fin.  

**

« Je crois que tes voisines fantasment sur nous… Il y en a une qui m’a envoyé une œillade assez claire la dernière fois, en me disant… C’était quoi déjà ? Quelque chose comme… »

Je pris la voix d’une vieille femme.

« Je vois que vous vous occupez bien du Baron, n’est-ce pas ? C’est bien. Je n’ai rien contre ça vous savez. Les jeunes sont tellement coincés de nos jours. De mon temps, ce n’était pas aussi tabou. Laëth doit être bien contente ! Quelle chance de pouvoir continuer sa carrière pendant que vous vous occupez de la maison ! »

Je me mis à rire, la couverture du livre que j’étais en train de lire, couché sur mon lit, effleurant mes lèvres.

« Je ne sais pas trop ce qu’elle image mais, dans sa tête, je suis l’homme de la maison visiblement… »

Ce n’était pas pour me déplaire, tant qu’on m’imaginait avec lui.

« Entre ça et l’île, je crois que ton Ange va vouloir m’assassiner. »

Qu’elle vienne, j’allais l’accueillir.

969 mots



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Sam 06 Nov 2021, 23:08

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Lorsque les Royautés se multiplieront...
Èibhlin & Dorian




«Tu as remarqué, le ciel a changé ?» Un silence éloquent lui répondit. Pourquoi croyait-elle que je me préoccupais du ciel ? Posément, je tournais la page de mon livre et m'installais plus confortablement contre le dossier du banc. Mais Selyne n'aimait pas être ignorée, et bien qu'elle en ait l'habitude avec moi, elle ne le prenait jamais bien. Ce fut donc sans surprise mais non sans douleur que je la vis m'envoyer le bout de sa chaussure pointue dans le mollet. «Je te parle, misérable ver de terre.» Ma mâchoire se contracta et je fermai les paupières pour trouver la patience en moi. Quand je rouvris les yeux, je consentis à regarder les étoiles. Bien qu'étant une créature nocturne, je n'avais aucun intérêt pour l'astronomie. «Et alors ?» Elle émit une exclamation dégoûtée. «Tu fais honte à notre Lignée. Ne devrais-tu pas au moins te rendre utile et te trouver un travail si tu ne comptes pas au moins t'intéresser à la science ? Tu es un fainéant profiteur qui vit à nos crochets sans faire le moindre...» Je levais les yeux au ciel. C'était reparti. Coupant court à ses jérémiades, je l'interrompais sèchement : «Va passer ta frustration de devoir être avec moi avec les matelots. Ou mieux encore, la prochaine fois que Laysa te demande de m'accompagner, dis-lui en face que tu n'en as pas envie plutôt que de m'ennuyer. Je ne suis pas plus enchanté que toi.» À ma grande surprise, elle éclata de rire. Son hilarité dissipée, elle articula sur un ton glacial. «Tu es mignon si tu crois que je vais jouer à la maman pendant que tu joues au Roi sur une île que personne ne connaît.» Je la regardais sans comprendre. «Je ne te suivrais pas sur ton lopin de terre moisi. J'ai d'autres plans. Tout le monde ne prend pas racine comme toi, j'ai pris mes dispositions pour aller poursuivre quelques projets personnels. Je passerais te récupérer d'ici une quinzaine de jours. Ou plus, selon mon désir.» «Et s'il m'arrive quelque chose ? Tu ne pourras pas mentir à Laysa.» «Me voilà terrorisée. Ça me tue de te le dire mais contentes-toi de rester en vie. Ça ne devrait pas être trop difficile pour le petit cafard que tu es. J'ai confiance en ta capacité de revenir empoisonner ma vie.»

La nuit enveloppait l'île lorsque je m'installais dans une barque instable. J'estimais qu'il serait le matin dans quelques heures. Ainsi balloté dans un silence brisé par les rames fendant les vagues en direction de la plage, je resserrai les bras autour de moi, saisi par le froid s'infiltrant au travers de mes vêtements. Ou bien était-ce l'inquiétude ? Le ricanement de Selyne résonnait encore à mes oreilles. Visiblement, elle était aussi sceptique que moi sur les implications de cette lettre mais c'était toujours plus amusant lorsque l'on restait spectateur. Quelle que soit la nature de cette mascarade, j'espérais juste qu'elle se terminerait rapidement. Je n'oubliais pas l'autre élément de la lettre portant sur l'identité de la Souveraine de l'île et un sourire sans joie étira mes lèvres. Si toute cette farce s'avérait vraie, alors j'aurais au moins la satisfaction de trouver quelqu'un sur place qui serait aussi, sinon plus, contrarié que moi. Je n'entretenais aucun doute sur le fait que ma présence la crisperait et cela m'emplissait d'un plaisir anticipé qui n'avait pas de prix. La barque s'enfonça mollement dans le sable humide. Un petit comité nous attendait, leurs visages éclairés par des torches. Une large muraille végétale nous surplombait, l'île semblait impénétrable à première vue. Les autochtones s'inclinèrent et je regardais à droite, puis à gauche, avant de me souvenir du contenu de la lettre. Un rire incrédule m'échappa. La situation était démentielle et m'échappait déjà. Je réalisais que je n'avais jamais cru un seul mot de cette lettre jusqu'à cet instant précis et, de fait, je ne m'étais pas préparé psychologiquement. Ignorant quoi faire, je grattais nerveusement ma nuque jusqu'à ce qu'une femme au centre s'approche et me sauve de cette détresse passagère. Elle ploya à nouveau devant moi mais je notais une certaine raideur dans son attitude. Depuis quand attendaient-ils ainsi ? Ses cheveux tressés révélaient un visage sur lequel apparaissaient quelques rides et ses tempes étaient grisonnantes, un visage calme et ferme qui inspirait la confiance. «Au nom de votre peuple, nous vous souhaitons la bienvenue sur l'île d'Issë, votre Majesté. Je me nomme Ophéclia Larbanthès, conseillère du Roi et de la Reine d'Issë.» Muet de stupéfaction, j'inclinais doucement la tête. «Notre Reine est arrivée il y a quelques heures. Nous attendions que vous soyez réunis pour entamer la célébration de votre venue tant attendue.» «Je... D'accord.» Impuissant, je suivis Ophéclia en jetant des regards sur les abords de l'île. Le ruban de sable cédait rapidement la place à un tapis d'herbes veiné de racines violacées et noires. Lorsque je vis que nous prenions un chemin étroit à peine visible, je retrouvais ma voix. «Nous devons marcher ?» Il y eut un moment de silence, si long que je crus qu'elle ne m'avait pas entendu jusqu'à ce qu'elle réponde enfin d'une voix impassible. «Oui, mon Roi. Les routes ne sont praticables qu'à pied. C'est d'autant plus vrai la nuit.» «Mais je suis épuisé de mon voyage.» Protestais-je, sans me soucier de paraître tel un enfant geignard. Quelle était cette île primitive sur laquelle il n'y avait même pas de monture pour rejoindre mon... château ? Palais ? J'ignorais jusqu'à notre destination. Je commençais à contempler la possibilité que cette conseillère m'emmenait jusqu'à une cabane suspendue dans les arbres et je frémis d'horreur à cette pensée. «J'en suis désolée, votre Majesté. Peut-être souhaitez-vous que je demande à quelqu'un de votre escorte qu'il vous porte sur son dos ou dans ses bras, selon votre bon plaisir ?» Il était difficile d'ignorer le sarcasme, malgré le ton qu'elle avait pris soin de garder uni et je me rembrunis. Agacé, je marmonnais entre mes dents : «Non, ce ne sera pas nécessaire.» Puis, comme si les vannes de mes protestations venaient de s'ouvrir, je râlais. «Il faudrait penser à faire un chemin plus large pour le futur. Je ne cesse de trébucher sur les racines.» «Loin de moi l'idée de vous contredire, mon Roi, mais nous avons déjà tenté cela par le passé. L'île est vorace et la nature reprend ses droits sur nos tentatives plus rapidement que nous ne travaillons.» Sceptique, j'observais les barrières végétales qui se dressaient de part et d'autres. Les lianes se balançaient lourdement aux branches aussi épaisses que trois personnes. «Et la magie ?» «Plaît-il ?» Je me tus, réalisant à cet instant que j'avais perdu ma magie au fur et à mesure que nous progressions vers l'île. Issë annihilait donc toute magie. Etions-nous en territoire Humain ? Cette perspective ne m'enchentait que moyennement.
Je désignais alors l'un des multiples champignons nichés entre les racines. Certains étaient aussi volumineux que des bosquets et leur teinte atypique ne m'aurait pas inspiré à les manger, même lorsque j'étais encore capable d'apprécier une nourriture normale. «Et ça ?» Patiemment, Ophéclia répondit à la question implicite. «Ce sont des champignons toxiques, votre Altesse. Cependant, les spores exsudées possèdent des propriétés hallucinogènes. À dose contrôlée, ils ne sont pas nocifs, si ce n'est une dépendance qui peut s'installer chez son consommateur mais à haute dose...» Son silence fut équivoque et je lui souris. «Ah vraiment ? J'aimerais essayer.» «Bien sûr, mon Roi.» «Maintenant.» «Maintenant ?» «Puisque je vous le dis.» Son visage se ferma et elle prit un ton prudent pour répliquer. «Ne souhaitez-vous pas attendre d'être arrivé ?» «Pour ?» J'ignorais si c'était l'absence de Laysa ou d'un quelconque chaperon aux dents longues mais je me sentais d'humeur audacieuse et je devenais curieux de cette île et de ses secrets. «Ne préférez-vous pas avoir l'esprit clair pour rejoindre notre Reine ?» Je me gaussais. N'était-elle pas amusante à penser que je puisse vouloir donner une quelconque impression à cette insupportable pimbêche ? «Ne me faites pas répéter, Ophéclia. Je suis de bonne humeur. Je vous en conjure, laissez à ma très chère Reine le plaisir de changer cela.» L'air pincé, elle répondit du bout des lèvres. «Comme il vous plaira.» «Il me plaira.» Assurais-je, un large sourire désormais sur le visage. Un air désapprobateur sur le visage, elle lança quelques ordres brefs et bientôt, un fumoir en argent fut suspendu à une pique qui dansa près de moi au rythme de notre marche, libérant ses boucles brumeuses jusqu'à mon visage. Mon escorte avait préféré se couvrir le bas du visage pour éviter d'ingérer la fumée. L'odeur était quelconque mais au bout de quelques minutes, je sentis mon esprit devenir très léger. Si léger, en fait, qu'il me parut soudainement possible de m'envoler vers les étoiles. Mes épaules tressautèrent d'un rire idiot. Je m'appuyais sur l'épaule d'Ophéclia et lui soufflait dans l'oreille. «Ne vous fiez pas trop à la Reine. Elle a quelques troubles psychologiques, vous savez ?» Elle conserva un silence circonspect et je poursuivis. «Je compte sur vous pour m'indiquer une quelconque action inhabituelle de sa part.» Je la sentis se raidir et, pressentant qu'elle allait protester, j'insistais. «Je ne vous demande pas de trahir notre Reine, loin de moi cette idée. Vous savez combien elle m'est chère. Mais il est normal que je souhaite connaître les occupations qui plaisent à sa Majesté, vous en conviendrez ?» «Oui, mon Roi. Je vous en prie, restons sur la route. Je ne souhaite pas m'égarer de nuit dans la forêt. Nous serions dévorés avant d'avoir fait dix pas.» J'éclatais de rire. «Vous êtes si drôle Ophéclia. Et vos cheveux brillent.» Je n'aurais pu en jurer, mais il me sembla qu'elle soupirait. Cela m'était égal car je m'extasiais désormais sur le dragon aux yeux de feu sur le chemin juste en face de nous. Il leur fallut de longues minutes pour me convaincre qu'il ne s'agissait que des torches avant que je ne me décide à poursuivre mon chemin, à moitié effrayé par la bête imaginaire, à moitié pris d'un fou rire nerveux qui ne semblait jamais devoir cesser.
Lorsque nous arrivâmes, je m'assis en tailleur à même le sol, aux pieds d'Èibhlin. Un air boudeur bloquait les commissures de mes lèvres vers le bas. Comme un enfant, j'énumérais mes maux sur mes doigts. «J'ai froid, je suis fatigué, j'ai mal aux pieds et aux jambes. Et Ophéclia a refusé à plusieurs reprises à ce que je lui prenne du sang, la vilaine coquine.» La concernée s'inclina et souffla d'une voix excédée. «Je m'excuse, votre Majesté. Notre Roi a souhaité consommer sans attendre la fumée. Nous allons le conduire jusqu'à votre chambre en attendant que les effets s'estompent.»

1914 mots



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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Mer 17 Nov 2021, 15:46


Lorsque les Royautés se multiplieront...

«
Rega'de Sha' ! Des buuuulles ! » s'exclama Aurel tandis que la barque approchait des côtes. Il avait l'impression d'arriver sur une de ces îles fabuleuses que ses livres contaient. En mieux même ! S'il avait pu, il se serait tenu à l'avant de l'esquif prêt à sauter sur le sable de la plage à peine auraient-ils accostés. Antonija les en avait empêché, lui et Sharihzad tout aussi excitée que son frère. Malgré la beauté des lieux, l'Ange affichait un air inquiet. Elle gardait en tête cette nuit qui lui avait paru affreusement longue. Elle n'avait d'ailleurs pas voulu partir dans cette aventure lorsque le message leur était parvenu. Pour Aurel — qui pouvait songer à un enfant comme souverain ? Il n'avait pas la capacité à régner ou même à assumer les responsabilités qu'imposait la couronne. — mais pour son Protégé également. Son "non", pourtant catégorique, avait été balayé par la mine assombrie du garçonnet et son insistance à rejoindre les lieux. Elle n'avait pas résisté bien longtemps à ses suppliques bien qu'elle ne comprît pour exactement pourquoi ça lui tenais à cœur. L'esprit des enfants est décidément bien curieux. Elle espérait seulement que Maximilien comprendrait. Encore. Un soupir lui échappa. Il aurait bien des nouvelles à encaisser à son retour, car il reviendrai, impossible de songer que non.

À peine la barque entra en contact avec le sol qu'Aurel sauta dans le sable doré, malgré les contestations de la Wun. « Viens Sha' ! C'est marrant, le sable il est dur et mou à la fois ! » fit-il remarquer dans un rire. Antonija sourit à la remarque. Il n'avait l'habitude que du sable fin et libre et des dunes mouvantes sous le souffle chaud du Désert. Le rouquin et sa sœur découvrait pour la première fois l'océan et son environnement. La plage ; l'écume des vagues en haute mer ; le calme clair du lagon ; l'odeur salée du vent ; le roulis de la houle sur le navire ; le goût iodé de l'eau ; l'étendue bleue à perte de regard ; l'horizon plus inaccessible que sur terre ; les caprices des éléments. Sharihzad leva les yeux en direction du soleil, les mains en visière pour se protéger de sa luminosité. Aurel fit de même. « Tu crois c'est le même soleil qu'à la maison ? » questionna l'Enfant des Cieux. Après tout, le décors y était presque identique — le sable surplombé d'un soleil brillant de mille feux — mais la température était bien plus clémente ici. Avant qu'elle n'obtienne quelques réponses que ce soit, une bulle vint se poser sur son petit nez et lui éclater au visage en une pluie de fine gouttelettes, déclenchant un fou rire de la part de son frère. Rire qui s'arrêta bien vite alors que celui-ci subit le même sort que la fillette, riant à son tour. Sous le ciel de pastel, les bulles flottaient dans l'air, balayés par les vents sur le territoire, des reflets arc-en-ciel se dessinant à la surface de leur fine pellicule sous la lumière de Jeriel. « Ça vient d'où ? » interrogea Aurel. « Des geysers, dans les plaines de l'île. » répondit une voix inconnue. Le groupe se tourna en sa direction. Ils y virent un petit groupe d'individus souriant. Deux personnes s'en détachaient. Un homme et une femme, affichant une mine affable. « Bienvenue à Segmaë, votre Majesté. » ajouta l'homme en offrant une révérence au garçonnet, le torse penché en avant et les mains jointes devant le front. « Je croyais que c'était de l'eau qui sortait des geysers. » intervint Antonija, surprise. « De l'eau ? Quelle idée. J'ignore qui vous a raconté ce genre d'histoire mais ce n'est qu'affabulation. » répondit tout aussi surpris l'homme. « Majesté ? C'est quoi ? On a un Majesté nous ? » interrogea de nouveau Aurel en se tournant vers sa sœur qui haussa les épaules. « C'est vous, la Majesté. Vous êtes notre Roi bien aimé. » répondit la femme avec un sourire attendri. « Mais il est bien trop jeune pour tenir se rôle. » rétorqua la Wun. Un silence accueilli sa remarque avant d'être tranché par la femme, à nouveau. « Et vous ? Qui êtes vous ? » lui demanda-t-elle, un brin courroucé. « Antonija Hōlōwaty. Je suis l'Ange Gardienne du père d'Aurel. Je m'occupe des enfants...En son absence. » se présenta-t-elle, sa voix baissant d'une octave à ses derniers mots. « Vous êtes bien familière avec notre Sire, Mlle Hōlōwaty. Si vous contestez le pouvoir de notre monarque, inutile de rester ici. » fit l'indigène sur un ton posé malgré une expression agacée. L'Ange papillonna des yeux, ne comprenant pas la réaction de sa vis-à-vis. « Je... Non. Je me demande juste comment un enfant peut assurer la gestion d'un territoire. Cela demande un minimum de connaissances en administration, en législation, en politique intérieure et extérieure... Ce n'est pas inné ce genre de compétences et elles s'acquièrent avec le temps surtout. » répliqua-t-elle, toujours confuse. L'homme intervint afin de temporiser la situation en voyant l'air perdu des enfants. « Il demeure toujours la Reine. Et si malgré ça il leur est difficile de régner, Douria et moi nous nous assurerons de la régence de nos souverains jusqu'à ce qu'ils soient aptes. » - « La Reine... Eiko, c'est cela ? » - « C'est cela. » confirma-t-il. « C'est quand qu'elle arrive ? » demanda le garçonnet avec un air pressé. Les deux Conseillers levèrent les yeux avant qu'un sourire ne se dessine sur leurs visages. La nommée Douria leva l'index, vers l'horizon marin. « Elle ne devrai pas tarder. » dit-elle, ravie, alors que la forme d'un vaisseau s'y dessinait.
©gotheim pour epicode


Mots | 964
Seconde particularité de l'île : Possède des geysers de bulles


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Priam et Laëth
Mer 24 Nov 2021, 21:52



by Douglas Murakami

Lorsque les royautés se multiplieront...

Evénement | Priam & Aliénor



« Chez moi, on dit que la mémoire du monde est contenue dans les étoiles. » Allongé sur le pont, Priam avait les yeux rivés sur le manteau perlé de la nuit. La brise soufflait ses danseuses éphémères entre ses cheveux et chuchotait des secrets aux voiles du navire. « Anha’Sona, la Zaahin de la mémoire, a pour habitude de chanter. On raconte que la première fois que les étoiles l’ont entendue, elles ont été si émues qu’elles se sont toutes pressées près de ses lèvres pour récupérer chacune de ses paroles. Depuis, elles ont décidé de garder précieusement les histoires narrées par la Déesse. Ainsi, même si elle vient à disparaître un jour, la légende de notre peuple ne mourra jamais. Il paraît que parfois, on peut les entendre chanter à leur tour, si on tend bien l’oreille. » Il tourna la tête vers la jeune femme étendue près de lui. « Si le ciel a changé, c’est peut-être qu’Anha’Sona conte d’autres récits. » Les bras derrière la tête, la rouquine scrutait le firmament, comme si elle espérait voir les notes que murmuraient les astres. « Je n’entends rien. » - « C’est normal, tu regardes. » Il sourit, elle lui jeta une œillade mi-amusée, mi-agacée. « Quel philosophe. Je savais pas qu’on vous enseignait l’art des traits d’esprit, chez les Réprouvés. » Elle se redressa et passa le revers de sa main sur sa bouche. « Moi, ça m’inquiète, cette affaire. C’est vachement plus compliqué de retrouver son chemin en pleine mer quand on n’a pas les étoiles pour se guider. Heureusement qu’on a la magie. » - « Ouais. » Il y eut un instant de silence, durant lequel elle lui jeta un regard en biais, hésitant. « T’es pas pressé d’arriver ? » - « Je ne sais pas. » Elle le dévisagea. « Hum. C’est une drôle d’affaire, ton truc. En vrai, j’aurais même pas dû accepter de t’emmener ! Ton Empereur Noir, là, il va nous retrouver et nous trancher la tête ! » Elle s’interrompit. « Ouais. Non. Il va faire bien pire. Tu sais quoi ? Je veux même pas savoir ce qu’il va faire. » Priam sourit. « Bons Dieux ce que t’as l’air niais ! Ah les Anges, merde, vous êtes vraiment… » Elle secoua la tête. « Quoi ? » La rousse haussa les épaules. « Je sais pas. Tu te fais du mal, en allant là-bas, non ? » Priam se redressa, sur les coudes, et l’observa. « Y’a beau être écrit que vous êtes mariés, dans ta lettre, là… Bah, ça reste l’épouse de l’autre chien. Vous pourrez jamais vivre ensemble. C’est mignon, hein, les histoires sur vous, c’est très chevaleresque, tout ça, les Amants Maudits, l’amour impossible de la Comtesse et du Paysan, la Magicienne, l’Ange et le Roi Noir, blablabla, mais bon… » Elle cessa son envolée de paroles pour prendre un air plus sérieux, empreint d’une certaine peine, et prononcer d’un ton plus bas : « C’est triste. » Le fils de Réprouvés demeura silencieux. Il la sonda. « Ce ne sont que des histoires. Aliénor et moi ne sommes qu’amis. » Il avait l’air si convaincant qu’elle ne trouva pas l’envie de remettre en doute ses propos. « Ah. » lâcha-t-elle, gênée. « Bah t’es quand même dans la merde, hein ! Marié à l’Épouse Maudite ! Je vois pas dans quel monde ça pourrait se finir par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ou une autre connerie du genre… » Elle croisa les bras, bougonne. L’Ange la regardait, souriant. En vérité, il était préoccupé par l’état dans lequel il trouverait la Fille au Chapeau, et il reconnaissait volontiers que la situation était triste. Mais elle avait aussi un goût de défiance, d’irrévérence et d’insolence qui lui arrachait des sursauts d’enthousiasme. Il préférait se concentrer là-dessus.

Lorsqu’ils accostèrent sur Dorë, ils découvrirent une abondante végétation rose et bleue. Oxaline et son équipage s’extasièrent, et Priam demeura circonspect. Lorsqu’il rencontra les habitants de l’île, il ne fut pas plus avancé sur les raisons de l’invitation. On ne lui en fournit pas d’autres que celles qui avaient déjà été mentionnées dans la lettre. En revanche, on l’invita expressément à rendre visite à la Reine, arrivée avant lui. À l’instant où ses iris dorés croisèrent l’outre-mer profond des siens, il sentit sa gorge se nouer, son estomac se retourner et ses jambes faiblirent. Ils étaient seuls, ou presque. Elle tenait par la main un petit garçon, de cinq ans tout au plus. Le brun le fixa, interdit, avant de relever les yeux vers Aliénor. Il savait qu’elle avait accouché d’un enfant d’Elias Salvatore. Malgré lui, il se tenait au courant de sa situation. La saveur amère du refus qu’il avait opposé à la proposition du Souverain se répandit dans sa bouche, en même temps que son cœur s’imprégnait d’une lourde déchirure. Ils ne s’étaient pas vus depuis quelques temps, mais il avait désormais l’impression qu’une éternité les séparait. Pourtant, il avança vers eux. Comme si les pas pouvaient avaler le temps. « Aliénor. » la salua-t-il poliment. « Je suis content de te voir. » C’était vrai, dans une certaine mesure. Il était heureux de voir qu’elle avait l’air en bonne santé, et peut-être même content de constater qu’elle avait donné naissance, comme elle l’avait si souvent souhaité. Impossible, néanmoins, de se réjouir parfaitement. Il ne parvenait pas à chasser de son imagination le corps d’Elias étouffant le sien. Il se demandait comment elle avait vécu sa grossesse, et si elle était réellement satisfaite de son choix, désormais que la réalité l’actait pleinement. Il avait mal, aussi. Plus mal qu’il ne l’eût cru, lors du voyage et de ses conversations avec Oxaline. Son palpitant nauséeux versait sur son âme des larmes acides. Il baissa le regard vers le bambin. Comment était-il censé réagir ? Avait-il envie de faire l’effort de réagir ? Il n’en était pas certain. Une part de lui-même, sombre et criblée de douleur, voulait laisser s’étendre son malheur jusqu’aux poitrines des deux Mages, jusqu’à provoquer ces remords et ces doutes qui auraient dû les assaillir. Il regarda Aliénor et s’humecta les lèvres, mais ne dit rien.



Message unique – 1036 mots

Note : La deuxième caractéristique de Dorë sera décrite par Mitsu [Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  3298876942




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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Jeu 25 Nov 2021, 07:46


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Lorsque les Royautés se multiplieront



Plus Aliénor regardait Eléas, moins elle trouvait qu’il ressemblait à son père. Le soleil d’Anthias avait donné à sa peau une teinte plus foncée. Il détestait les chapeaux et ne voulait jamais en mettre. Il passait ses journées dehors, à se nourrir de l’astre solaire. Ses yeux étaient bleus, comme les siens. Proche de ses pupilles, des reflets noisette apparaissaient en petits losanges arrondis, semblables à des météorites descendant des cieux. Quant à ses cheveux, ils étaient bruns et drus. Elle aimait passer ses doigts à l’intérieur et, lui, en fonction de son humeur, en redemandait ou la repoussait gentiment, en affirmant de sa voix d’enfant qu’il n’était, justement, pas un enfant. Il était mignon et n'avait jamais rien fait de mal pour le moment, même s’il préférait sa liberté à l’éducation, au grand damne de ses professeurs. Eléas aimait les papillons et les serpents. Surtout, actuellement, Eléas dormait, sur le pont du navire conduisant sa mère vers une autre île. Aliénor sourit. L’enfant s’était assoupi contre elle, la tête coincée entre son bras et son sein. Ses doigts parcouraient son crâne dans un mouvement machinal et tendre.

La Magicienne leva de nouveau les yeux vers les cieux. La nouvelle configuration des Étoiles était sur toutes les lèvres. Pourquoi ? Quel Dieu était-il à l’origine de ce changement ? Était-ce un mauvais présage ou, au contraire, l’annonce d’une merveille à venir ? Elle n’avait pas d’avis sur la question. À vrai dire, elle se contentait de trouver toute cette histoire affreusement mystérieuse et romantique à la fois. Pour elle, c’était comme si les cartes de la vie venaient d’être rebattues. Si le ciel lui-même pouvait changer, alors tout le pourrait sans doute. Rien n’était figé à jamais. Bien sûr, elle aussi, enfant, avait admiré la Voûte. Avec ce déplacement, c’étaient des souvenirs chers qui risquaient de disparaître. Alors, avant de les oublier, avant d’oublier comment était le ciel jadis, elle avait ouvert un journal et s’était appliquée à dessiner et à décrire ce qu’elle avait vu, par le passé. Puis, elle avait reçu une lettre, comme pour affirmer sa théorie. Tout évoluait.

« Qu’est-ce ? » Elias n’était jamais venu voir son fils. Lhéasse, lui, se déplaçait souvent. Cinq ans s’étaient écoulés depuis la naissance d’Eléas sur Anthias. Pour la plupart des lieux extérieurs, on parlait à peine de mois. Cinq ans, loin du monde, loin de sa famille, loin du reste. Elle avait cru que les années effaceraient certaines choses, certains regrets et remords. Ça n’avait pas été le cas mais Aliénor avait investi son amour sur son fils. Sans doute avait-elle légèrement changé. Une grossesse ne laisse aucune femme indemne, tant physiquement que psychologiquement. Si elle avait eu l’occasion de parler à son moi du passé, sans doute lui aurait-elle dit qu’avoir des cuisses bien charnues n'était pas un problème et qu’elle devait, avant tout, être bienveillante avec elle-même. Pourtant, elle n’avait pas vieilli. L’Éternité la maintenait à un âge artificiellement jeune. Elle n’était pas dupe pour autant : elle finirait par se flétrir, un jour ou l’autre, comme toutes les femmes de sa famille. Elle voulait, simplement, avant de disparaître, faire des frères et sœurs à Eléas et les tenir, comme lui, le plus éloignés possible d’Amestris.   « Une lettre. » « Je vois bien. » Un sourire narquois marqua les lèvres du Sorcier. Malgré ses nombreuses recommandations de lecture, Aliénor restait loin des ouvrages. Parfois, il lui trouvait un petit côté Réprouvé insupportable, surtout lorsqu’elle le regardait et murmurait qu’elle avait bien plus important à faire que de lire un énième manuel sur le jeu politique. Elle le craignait toujours mais son enfant et la sûreté de celui-ci lui donnaient des ailes et un côté bravache. Alors, généralement, il l’aidait à cueillir des fleurs avec l’air d’un homme que l’on torturait. Il avait renvoyé son garde du corps comme un malpropre. Ici, elle n’avait pas besoin d’un homme qui le tournât autour ; hormis lui, bien sûr. « Je vais être Reine. » finit-elle par avouer, incertaine. Et Lhéasse passa une très mauvaise journée, bien plus que lorsqu’il constatait qu’Aliénor montait à cheval sans la moindre protection, qu’elle nourrissait maintenant une passion farouche pour le jardinage et portait plus de pantalons que nécessaire.

Sur Dorë, une angoisse sourde avait commencé à lui tordre le ventre. Le temps aurait dû tracer un chemin d’indifférence dans son cœur ; une nostalgie au pire. Ce n’était pourtant pas le cas. Elle était comme redevenue adolescente. Elle se demandait si elle avait beaucoup changé, s’il la trouverait âgée, s’il la reconnaîtrait, s’il… l’aimerait encore. Elle tentait de se calmer en plantant des graines qu’elle avait ramenées d’Anthias dans ce qui serait son jardin. L’île était belle, merveilleuse, et elle peinait encore à croire en ce miracle. Eléas, lui, s’était tout de suite acclimaté et était revenu tout sale de son périple. Elle n’avait pas l’intention de le forcer à se changer. Elle savait que Priam ne lui en tiendrait pas rigueur. « C’est quuuuaannd qu’il arrive ? » demanda-t-il, d’une voix impatiente. Il n’était qu’un enfant, un enfant particulièrement sociable. Elle craignait le moment où il se retrouverait face à face avec son père. Elle craignait que sa simple présence éteignît le feu qui brûlait en lui, cette soif de connaissances et de rencontres. Elle savait que l’Ange, jamais, ne produirait sur son fils cet effet. Mais sur elle, que provoquerait-il ? Elle, elle se sentait… Elle avait l’impression de perdre pieds. « Bientôt. » dit-elle, avec le ton de quelqu’un qui prend conscience de l’inéluctable. Elle replaça son chapeau et vérifia la robe simple qu’elle portait. Elle avait de la terre par ci par là et les ongles noirs de cette même terre. À quoi avait-elle pensé en s’adonnant à cette activité ? Elle sentait le printemps, les plantes, l’eau.

« Il est là ! Il est là ! » cria Eléas, avec un manque total de discrétion. Aliénor se redressa et lui prit la main. Peut-être la serra-t-elle plus fort qu’elle ne l’aurait voulu. Elle déglutit lorsque ses yeux se posèrent sur lui. C’était comme si tous les souvenirs du passé remontaient à la surface, comme si, une nouvelle fois, toutes les Étoiles du ciel se déplaçaient. Elle sentit ses cornées la brûler et l’intérieur de son nez la piquer. « Priam… » murmura-t-elle, la gorge nouée.

Comme le silence s’installait, Eléas prit sur lui de faire un pas en avant, vers l’Ange. « Pss. Ce qu’il faut dire c’est que je suis beau, que je ressemble à maman et que j’ai grandi. Les adultes ils disent tous ça normalement. Ça a l’air de leur plaire et maman, après, elle est contente. » Oui, parce que malgré le fait que le bambin essayait de sécher le plus de cours possible, il ne faisait aucun doute qu’il avait, pour son âge, une maturité et un vocabulaire plus que corrects. « Toi tu t’appelles Priam et t’es un Ange. Je peux voir tes ailes, dis ? » ajouta-t-il, alors qu’Aliénor posait une main dans son dos. En fait, elle ne lui avait jamais dit ce qu’il était mais elle était trop émue pour le remarquer.

1191 mots
 


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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 10 Déc 2021, 12:24


Lorsque les Royautés se multiplieront...

"Le Seigneur des fontaines d'argent, un jour reviendra parmi les siens. Et au retour du Roi de la Montagne, désespoir et souffrance prendront fin."

Tels étaient les mots qui concluaient l'étrange message parvenu à Alþjófr. Ils l'avaient rendu sceptique, bien entendu, et avait songé que celui en étant à l'origine s'était trompé de destinataire. Il n'avait rien d'un Roi. Il n'était pas Élu d'Estella. Il n'était que forgeron parmi les forgerons. Qui plus est, de ses voyages, jamais il n'avait entendu parler de cet archipel sur lequel il était convié. Il apprit rapidement qu'ils étaient nombreux à en ignorer l'existence. Un conciliabule s'était formé parmi le groupe des petits explorateurs. Ils avaient encore tellement de choses à mettre en place. Pour la race. Pour les ententes envisagées. Ce n'était pas vraiment le moment de s'absenter. Pourtant ces derniers mots figés sur le papier inquiétait les Nains. Ils avaient quelque chose de terrifiant. À croire que la population vivait un cauchemar sans fin et vivaient dans une misère inimaginable. Il avait alors été décidé de suivre le message malgré tout et d'envoyer le diplomate, tout d'abord pour la raison qu'il était directement mentionné dans la missive, ensuite parce qu'il était bien plus habitué à ces sortes de voyages que le reste de la troupe. Là-bas, il y relèverait de l'état des lieux et se chargera de prévenir les habitants de son absence de couronne royale.

C'est ainsi qu'Alþjófr se trouva à devoir quitter Utopia pour trouver un navire au-delà des terres désertiques. Un étrange mais pas moins agréable sentiment l'étreint dès lors qu'il eût définitivement quitté le territoire des Humains, et un sourire élargi son visage comme sa main vînt se poser au niveau de son cœur. C'était comme s'il retrouvait une vieille amie dont il s'était séparé de façon déchirante. Son lien à la terre et aux éléments qui la composent était revenu et son regard avait retrouvé la trace du Dnoûde. Le passage d'une famille de sanglier. Une nuée d'oiseau s'étant posée le temps d'un repos mérité. Le chemin emprunté par une cariole d'exilés. C'est avec cet esprit renouvelé qu'il allât rejoindre le premier port et sillonner les mers en direction d'un lieu non prévu dans son programme initial. « Et vous êtes quoi vous dites ? » l'interrogea un des marins en même temps qu'il brossait le pont. « Un Nain. » répéta pour la énième fois Alþjófr avec une patience proche du légendaire. « Un nain, d'accord, ça se voit. Mais quoi exactement ? ». Le forgeron tourna son visage vers l'homme, arquant un sourcil et légèrement décontenancé par l'esprit du mousse.« Exactement ? Un Nain. » répondit-il sans lâcher des yeux son vis-à-vis qui redressa la tête, arrêtant par la même son activité. À en voir sa tête, il avait l'impression d'être prit pour un con. « Je suis membre du peuple Nain, résidant en la Terre de Feu, protégée par notre Souverain Ragnar Tamgör, Élu d'Estella et Roi sous les terres. ». Ou Sous les montagnes disaient-ils parfois. La soudaine prise de parole détaillée du Nain surprit le marin. « Est-ce que c'est plus clair comme ça ? » ajouta Alþjófr avec un étrange sérieux. Le marin se contenta à opiner du chef en silence avant se remettre à la tâche. Il n'avait pas tout comprit, mais peut-être valait-il mieux ne pas trop insister par risque d'encore moins comprendre. « Terre à l'horizon ! » entendirent-ils la vigie clamer. Dans un réflexe, tout l'équipage leva le nez et cessa ce qu'il était en train de faire pour fixer un point invisible de leur hauteur dans cet horizon lointain : le territoire qu'ils rejoignaient. L'île de Ryvië.

La première chose qui marqua le Nain à l'approche de l'île fût l'immense volcan fumant et bouillonnant trônant au cœur de cette terre rongée par la lave et les flammes et dégageant la forte odeur de souffre et de brûlé. « Et bah. Vous êtes sûr de votre coup ? » commenta un matelot l'accompagnant jusqu'à la rive, plaçant une bande de tissu sur son visage pour se protéger de la fragrance loin d'être agréable. « Non. » admit l'explorateur. Pas tant à cause de la montagne en rage. Mais il avait à nouveau perdu le sens du Dnoûde. Comme dans le désert, il se sentait parfaitement démuni. Pourtant la sensation était encore différente ici. Il ne saurait exactement dire en quoi ou comment l'expliquer correctement. À Utopia, il avait l'impression de devoir constamment lutter contre une force lui pompant son énergie magique. Là, elle s'était juste évanouie. Comme s'il n'avait jamais été capable de magie. Comme s'il n'en avait jamais été pourvu. Une fois sur la plage au sable brunie des poussières de roches et des cendres volcaniques, le Nain s'extirpa de la barque et se tourna vers le rameur. « Je vais voir ce que deviennent les résidents de l'île. » - « Comme vous le sentez, je vais rester vous attendre là du coup. » répliqua rapidement le marin avant que son passager ne lui propose de le suivre. Avec un haussement d'épaule, le forgeron s'avança vers la steppe noircie par une éruption déjà lointaine au vu de la température dégagée par la lave solidifiée. Elle n'en demeurait pas moins suffisamment récente pour que la végétation ait à peine commencé sa repousse.

L'explorateur contourna largement le volcan pour rejoindre le terreau fertile qui avait survécu aux attaques du monstre de feu, à l'opposée de la coulée obscure et désertique qu'il avait rencontré en premier lieu. Il supposa qu'il y trouverait une forme de vie quelconque, peut-être même des êtres humanoïdes vivants. Finalement ce fut l'un de ces êtres qu'il espérait croiser qui vînt à sa rencontre, l'homme dévoilant un air surprit en découvrant le voyageur. Le Nain était, lui, principalement rassuré. « Votre Majesté ? Nous pensions que vous arriveriez plus tard. » fit l'indigène avant même les présentations. Puis, sans prévenir, il mit le genou à terre comme il se confondait en excuse pour ne pas avoir été là pour accueillir sa personne. Tant bien que mal, Alþjófr tentait le rassurer, lui disant qu'il venait juste d'arriver, qu'il n'avait aucune raison de s'inquiéter pour un soi-disant retard. « Et puis, je suis en aucun cas roi de toute façon, vous me devez rien. ». À ces dernières paroles, l'homme se redressa, une nouvelle expression surprise se glissant sur son visage. Il ne comprenait pas pourquoi le Nain lui disait ça. « Mais, bien sûr que vous l'êtes. Vous êtes notre Souverain tant attendu. Notre Protecteur. Notre père à tous. Le Roi de la montagne. Alþjófr Oaka. ». Cette fois ce fut le Nain qui marqua son incompréhension. Ils avaient juste sur le nom, certes. Mais le reste ? Ça n'était pas lui. Si ? Il se questionna finalement sur la véracité et la sincérité de son interlocuteur. "Roi de la montagne".  L'Élu d'Estella avait également un titre dans le genre. Mais il était "sous les montagnes". La chaîne de l'Edelweiss enneigé en somme, celle abritant les Forges fumantes. Qui plus est, le message utilisait déjà cette appelation de "Roi de la montane". La montagne... Le volcan ? Le voyageur se décida à écouter l'homme. Il semblait avoir quelques connaissances plus précises de la situation le concernant, et elles étaient les bienvenus.

Le duo s'avançant à travers la forêt, le Nain sentit dans le col de son vêtement la petite boule pelucheuse qu'était Myrk, ses deux fines cornes égales à des brindilles trahissant en premier sa présence lorsqu'il se dévoila enfin. Ce qui était amusant avec ces créatures, c'est qu'elles étaient l'illustration parfaite de la solitude qui avait régie le Petit Peuple durant des ères. Le regard d'Alþjófr fut alors attiré par la présence de fumée apparaissant au-dessus les ligneux. Et elle n'était pas causée par le volcan. Il y avait quelqu'un là-bas. Le village vers lequel son vis-à-vis le menait possiblement. "Tous", c'est ce qu'il avait dit. Lorsqu'ils apparurent à travers les branchages, l'activité qui régnait aux abords du village cessa, comme si le temps s'était arrêté pour la communauté. Enfin, une voix retentit. « Le Roi est arrivé ! ». C'était la joie qui emplissait cette exclamation. « Le Roi est de retour ! » clama un autre d'un même air. Soudain, tous se dirigèrent en direction du Petit Homme, y comprit ceux à l'intérieur des habitations et à l'autre bout du hameau, un état d'excitation immodérée et de bonheur évident dessinant les visages des indigènes. Un instant, le Nain crut qu'il allait finir noyé, piétiné et étouffé sous la foule. D'un geste, celui qui s'était fait connaître comme conseiller de sa Majesté calma les ardeurs des villageois et le silence se fit, total et immédiat. Après quelques secondes où personne ne dit ni ne fit rien, la foule se sépara lentement en deux à l'arrivée d'une jeune femme, d'apparence tout du moins, suivie de quelques indigènes, tous portant un large plateau d'osier rempli de fruits en tout genre. « Nous n'avons pas grand chose à vous offrir. Veuillez tout de même accepter ce présent en guise de bienvenue. » expliqua-t-elle en courbant l'échine, rapidement imitée par ses pairs. Alþjófr la rassura d'un sourire. « C'est parfait, merci. » répliqua-t-il avant se saisir de l'un des fruits — une sorte d'abricot mais mauve — sous le regard impatient du groupe. Et, tandis qu'il mordit dedans, il sentit ses dents se heurter à un noyau aux courbes irrégulière et à la texture bien plus rugueuse qu'il n'en avait l'habitude. En constatant ce qu'il avait croqué, son regard s'écarquilla comme il sépara vivement le fruit en deux morceaux pour se saisir du "noyau" et le lever au-dessus de sa tête afin d'en faire refléter les lignes à la lueur du soleil. Une gemme. De l'obsidienne, à première vue. Tout les fruits étaient ainsi ? Les habitants ne semblaient pas étonné. Plutôt ravi. Peut-être que non finalement. Cela n'en demeurait pas moins surprenant.
©gotheim pour epicode


Mots | 1650
Seconde particularité de l'île : Certains arbres contiennent des gemmes dans leur fruit et ldes pierres précieuses peuvent apparaître dans l'eau
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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Ven 10 Déc 2021, 16:04


[Ère des Prophéties] - Lorsque les Royautés se multiplieront...  Captur50
Image : Alayna Danner

Quand les Royautés de multiplieront






Description de scène de sexe dans ce spoiler:

"Yz...Yyyz ?" "Mh ?" Daé caressa la joue de saon amantx avant de lui murmurer : "J'arrive pas à penser à autre chose qu'à l'île, je sens que faut que j'me mette en route. Je te laisse un mot quand je reviens ici, d'acc ?" "Mh. Bonne chance. Je t'aime" "Moi aussi" iels s'embrassèrent et Daé fit un petit geste de la tête qui fit apparaître sur lui une tenue de voyage complète, ne laissant pas passer le vent et protégeant du froid. Il prit également quelques livres, une carte du ciel et de quoi écrire et déploya ses ailes, s'envolant sur Lua Eyael encore endormie et voyant en souriant le bureau de Geralt encore allumé dans les Tours de Zéphyr.

Il avait compris après quelques recherches dans la bibliothèque sur des cartes où pouvait apparaître l'archipel dans lequel il était convié et il était surtout terriblement intrigué par cette île et depuis la lecture de cette lettre ses pensées avaient du mal à se focaliser sur autre chose.

Le voyage était épuisant, la nuit était froide, le vent des mers que le Rehla survolait était humide et cinglait son visage. Heureusement il arrivait à créer un petit champ télékinétique, presque instinctif, pour se protéger des intempéries majeures. Au milieu du trajet, il fit disparaître ses ailes blanches, trempées et fit apparaître la même paire d'un gris clair aux reflets noirs. Une autre particularité de ce trajet à laquelle Daé essayait de ne pas prêter attention, mais qui l'inquiétait depuis des jours maintenant était le comportement du ciel et plus précisément des étoiles. Il avait la sensation de ne plus reconnaître exactement les constellations qui étaient au-dessus de lui, et même au-dessus de Lua Eyael et il savait que son savoir, au moins sur ce sujet, ne lui faisait pas défaut. Mais lorsqu'il arriva au-dessus de l'archipel qu'il cherchait après plusieurs heures de vol, la tête lui tourna tant la constellation qui était au-dessus de lui était immense et surtout, inconnue. Il ne savait pas par où commencer à la regarder, il ne savait pas comment la déchiffrer. Il s'arrêta en l'air, ses ailes battant pour ne pas qu'il tobe et commença à tenter de la dessiner, mais sans succès, il en était trop proche en étant dans les airs et les conditions n'étaient pas assez bonnes. En revanche, il allait devoir en parler à Geralt au plus vite. Il n'aimait pas spécialement cela. Il se recentra sur son objectif et piqua en direction de l'île de Manalyë, sur laquelle il avait été convié. Alors qu'il s'en approchait à grande vitesse, avec en fond le bruit de cette constellation qui semblait essayer d'entrer en communication avec lui, il vit grandir des arbres, de plus en plus grand, immenses, comme il n'en avait peut-être jamais vu auparavant. Voyant cela comme un poste d'observation idéale, il se posa au sommet du plus haut d'entre eux et commença à regarder autour de lui. L'île semblait être une immense forêt, des arbres de partout et certains presque aussi imposants que celui sur lequel il se trouvait. L'air était calme et frais. La nuit laissait gentiment sa place à ce qui semblait être un Jelyarsh. Daé n'en avait jamais entendu vu, mais ce petit soleil qui se pointait comme pour annoncer le soleil ressemblait à ce qui lui avait été décrit. Il sourit, émerveillé par le réveil lumineux de ce nouvel archipel puis fut soudain dérouté par une voix qui hurla sur un arbre alentour. "ET LORSQUE L'ENFANT DU SOLEIL SE LEVERA, SUR MANALYË ARRIVERA LE SOUVERAIN. LE ROI EST LA. LE ROI EST LA." Daé se retourna et fit disparaître ses ailes avant de...constater qu'elles ne disparaissaient pas. "Ah non... Non pas ça, pas maintenant. Je vais pas me balader avec cette merde dans une forêt." "SILENCE, LE ROI PARLE." la voix avait crié et les quelques bruits autres que ceux de la forêt s'étaient tus immédiatement. Deux constats s'offraient maintenant au Rehla. Ses sujets, parce que c'était apparemment ce de quoi il était question, n'était pas spécialement malins et sa magie ne fonctionnait pas. Il suffisait donc d'assumer. Il déploya ses ailes grises et s'éleva dans les cieux avant de plonger en piqué en direction de la forêt où l'attendaient, entre le tronc immense de l'arbe dont il venait de descendre et d'autres arbres quelques personnes, une petite dizaine qui, dès son arrivée, mirent un genou en terre et baissèrent la tête. Deux d'entre elleux étaient à l'avant de ce petit groupe et l'un·e prit la parole. "Majesté, c'est un honneur de vous accueillir sur vos terres. Nous pensons bien que la route fût longue, si vous le souhaitez, vos appartements sont prêts." "Bon...d'accord. Je suppose." Légèrement interloqué·e par sa réponse, la personne en question se releva, imitée peu après par les autres et conduit le Rehla vers une maison construite entièrement en bois autour du tronc de l'immense arbre. "Je vois que vous avez déjà rencontré Manalyë. C'est ainsi que se nomme votre île, mais également cet arbre, considéré comme le roi de la forêt et que seul vous avez le droit de toucher." "Quoi ? Les gens ont pas le droit de toucher des arbres ? Mais c'est complètement con." "Euh...oui, bien, pardon Majesté." Même désarroi, iel prit note sur un petit calepin avant d'ouvrir la porte de la maison pour laisser découvrir à Daé ce qui allait être une de ses futures demeures.




1300 mots
La deuxième particularité viendra vite dans un prochain post du coup !

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