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La Liste de nos Cauchemars

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Partenaire - Solo | Inktober 2021
Intrigue - Et si vous étiez perdu dans l'existence d'un autre, à vivre ses pires cauchemars ? | Suite de La Liste de nos Rêves, en lien avec Lärtneesh, dont l'utilité est d'améliorer le point de vue de Mancinia sur Neah.

Coutume des Orishas - Lärtneesh:

Allongés l'un à côté de l'autre, les amoureux se laissaient aller vers le sommeil. À moitié emporté, l'Ange ressentait les mouvements de l'Humaine, qui venait se blottir contre lui, cherchant sa chaleur et son contact. Elle était heureuse, mais également empreinte d'une certaine tristesse à l'idée de retourner sur le Continent, d'être séparé de lui en raison de leurs obligations respectives. Mancinia voulait en savourer la moindre miette. Dans un sourire, lui indiquant par son basculement vers la droite qu'il n'était pas encore endormi, Neah mis son bras autour de sa taille pour l'enlacer et l'étreindre encore plus, tout en lui offrant un baiser sur le front. Ils n'avaient plus besoin de parler pour se comprendre, que ce soit leurs sentiments ou leur Lien, tout semblait suivre son exact chemin. Tandis qu'elle s'endormait, enserrer dans les bras de son Capitaine tout en appréciant sa chaleur et son odeur, ce dernier songeait qu'il ne regrettait pas de lui avoir proposé ce voyage, d'avoir pris un moment de détende en sa compagnie et d'avoir résolu quelques problèmes, des non-dits qui demeuraient. Et puis, ils avaient choisis d'adopter une charmante Ygdraë. Certes, ce n'était pas prévu au programme, mais Sif ... le rendait heureux. Sombrant peu à peu, sa dernière pensée était adressée à son lui passé. Lui qui avait vu un avenir macabre, sombrant presque dans le désespoir, avait réussi à tenir bon et en avait été récompensé.

La Lumière était au bout du tunnel, le Bonheur aussi.

Comparable à la quiétude d'un bain, la chaleur de l'eau sur laquelle il reposait sans couler n'était ni intense, ni insuffisante, même si les vapeurs émanant des alentours laissaient croire le contraire. En ouvrant les yeux, l'oeil de Neah s'heurtait à la voûte étoilée, dont il ne reconnaissait pas les constellations. C'était étrange, curieusement calme, tout comme son esprit et son corps. Quelque chose en lui savait que ce n'était pas normal, mais en même temps, ce n'était pas comme s'il devait s'inquiéter, puisqu'après tout, aucun malheur ne lui arriverait en ces lieux. Peut-être ? Revenant de sa léthargie, l'Ange vit Mancinia se redresser, ayant été entraîné avec lui dans cet endroit. Quoi de plus normal, puisqu'ils étaient un couple, de vivre la même expérience ? Une robe blanche, vaporeuse et ceinturé avait été revêtue, ce qui lui permet de prendre conscience d'avoir des habits similaires, tout en la suivant, s'asseyant à son tour. Ses ailes étaient déployées dans son dos, brillantes et majestueuses, ne donnant que plus d'éclat aux alentours, au point que les reflets des étoiles sur l'onde en soient assommées. Contrairement à ce qu'il pensait en balayant les alentours du regard, ce n'était pas vraiment le lac cerclé de montagnes et entourant la Cité en ruines qui revenant souvent lorsque Reine pointait le bout de son nez. C'était autre chose, mais quoi ?

Mancinia s'était penchée sur le côté, en leur centre et avait saisi quelque chose dans sa main que Neah n'avait pas remarquée. Cette sphère semblait aussi délicate que le cristal, malgré son allure nacrée d'une blancheur quasiment divine. Instinctivement, les Écuyers de l'Aurore savaient ce qu'elle était. Un Xuroäal. L'Humaine en savait relativement assez sur les Orishas pour connaître cette coutume qu'elle estimait aussi pure que dangereuse, l'Ange n'en avait aucune idée, c'était l'instinct. Sa main reposait dessus, il engageait le mouvement pour la rejoindre.

— Tu ne vas pas aimé ce que tu vas voir.
— Je te retourne cet avertissement.
— Je me sens prête.
— Je me sens prêt aussi.

Neah posait sa main sur la sienne. Ils eurent une inspiration, attendant aussi nerveusement qu'impatiemment que la chose se réalise, que l'un et l'autre découvre tout. Les éventuelles appréhensions ne concernaient pas les tromperies qu'il y aurait pu avoir, ni les choses inavouables l'un envers l'autre, ni les actes honteux que l'un aurait pu commettre dans son existence, puisque ces petits secrets bien entretenus ne seraient pas utiliser pour nuire à l'autre, non. Partager tout ce qu'ils étaient n'était pas un acte anodin, ce n'était pas uniquement des sentiments ou des actes, ce n'était pas remettre en avant le Bonheur, mais les blessures. C'était surtout elles que tout un chacun tentait de dissimuler. Mancinia le savait, elle avait tenté, durant des mois, au début de leur relation, à ce qu'il ne sache pas, mais Neah était son Gardien, son âme-soeur, son fiancé ... Il savait, mais ce n'était pas ressentir. Ils avaient conscience des horreurs et des injustices ayant clairsemé leur route, ils étaient conscients que l'autre souffrirait de ce que l'autre avait subi.

Pourtant, ils avaient choisis.

Et dans un sourire complice, douloureux, quelque part ...

Chacun posait sa seconde main sur le Xuroäal.

Post I - 840 mots
Inktober - Jour I - Cristal

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La Liste de nos Cauchemars

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En boutonnant la veste de mon costume de mes doigts maladroits et tremblants, n'importe qui aurait pu croire que la Colère s'était emparée de moi à l'idée de me rendre à l'anniversaire de ma cousine, mais ce n'était pas Florine qui était responsable de tous mes sentiments contraires à m'en retourner la tête. Mes réactions instables étaient imputables à cette Humaine. À Mancinia. Je ne parvenais pas à l'oublier, malgré le temps qui était passé, malgré mon retour à la maison. Je suis étreint d'amers regrets. J'avais mal agis, certes, mais était-ce une raison pour me chasser de la sorte ? J'étais parti, de mon côté, comme elle le souhaitait et n'avait plus aucune nouvelles depuis. Devais-je réaliser le premier pas ? Allait-elle m'ignorer malgré ma volonté d'être un véritable Gardien, de veiller sur elle ? Je n'étais sans doute pas le meilleur, ayant proposé de l'être par impulsion, m'étant laissé subjuguer par ses yeux bleus comparables à des pierres précieuses dont la couleur avait été oubliée depuis longtemps ... mais je le voulais. C'était ainsi, c'était ce que je désirais. La protéger.

Mais même si elle demeurait une combattante émérite au point d'avoir obtenu un rang, ce n'était pas une raison pour me rejeter. J'étais maladroit, certes, mais moi aussi, je subissais ce qu'il se passait ! Pourquoi était-elle aussi égoïste de se croire l'unique victime, ici ? Ce qu'elle était injuste. Nous aussi, les Démons nous ont attaqués, ravageant une partie extérieure de notre île. J'avais encore des frissons en repensant à ce cada ... Non. Je ne devais pas y penser, pas maintenant, pas aujourd'hui. ​Je terminais de m'habiller, essayant d'aborder un sourire autrement que soumis à mes sentiments, mais je n'y arrivais pas.

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Je m'observais dans le miroir, partagé entre plusieurs sentiments. Nithael m'avait demandé comment j'allais. Mal. Celle qui s'était improvisée mentor depuis notre retour était sans doute le meilleur soutien que je puisse avoir en ce moment. Elle essayait de me ramener à la raison entre deux sessions d'entraînements improvisés. Un Lien ne se brise pas, il survit à tous les obstacles. Pourtant, le comportement de ma Protégée, si on pouvait l'appeler ainsi, me remémorait continuellement les problèmes dans lesquels nous étions. D'une tape sur l'arrière du crâne, elle m'avait renvoyé chez moi. J'étais épuisé. Comment une arme de bois pouvait-elle être aussi lourde ? Pourquoi mes muscles criaient de douleur ? Pourquoi tout était si confus dans mon esprit ? Je ne pensais qu'à elle. Est-ce que c'était son cas aussi ? Où était-elle ? Pourquoi ? C'en devenait presque assommant. Je me demandais encore la raison quant à la naissance de ce Lien incertain, celui qui était né de notre regard et de nos paroles. Je lui avais demandé, elle avait acceptée et nous voulions marcher ensemble quelques temps, pour voir si ce serait viable, mais cela n'avait pas été le cas. Curieusement, nous n'avions eu nulle cérémonie, comme de coutume, mais son aura me hantait, autant que son visage et sa présence à mes côtés, malgré moi. Je savais, inconsciemment, que nous étions Liés. Je savais très bien, désormais, que nous ne pourrions plus être séparés sur de longues durées sans en subir les conséquences. Elle reviendra. Je le sais. Si ce n'était pas le cas, alors ce serait moi qui irait à sa rencontre. Est-ce que ... Elle accepterait les changements ?

Bordel.

J'allais devenir dingue.

C'est obsédant. Que devais-je faire ?

Je savais Mancinia d'une bravoure admirable. Je savais qu'elle cachait ses faiblesses sous un pseudo masque d'impassibilité, mais cela ne l'empêchait pas de progresser sur son chemin, sans se reposer sur moi, comme si elle n'avait nullement besoin d'un Gardien. Je ne veux pas devenir un fardeau. J'étais en tort, peu importe si j'essayais de me dédouaner sur son comportement. Sa peur avait été engendrée par mon geste. C'était ma faute. Je dois devenir son égal ... et cela passera certainement par la voie des armes. En compagnie de Gilgamesh et de Nithael, c'était indéniable que j'y avais pris goût. Je n'aimais pas ... tuer. Mais avoir une épée sur le côté, ce n'était pas que ça. Je le sais. Ce que j'ignore, c'est l'utilité que cela aura aux yeux de l'Humaine. De mon Humaine. Je devais aussi penser aux miens. À la guerre qui sévissait. On avait besoin de nous. De personnes volontaires et engagées. Ma décision était prise.

Je vais tout faire, Mancinia.

Je vais tout faire pour réduire l'écart entre nous.

Même si j'ai conscience que ce sera un gouffre que je peinerais à combler, Matasif.

Post II - 800 mots
Inktober - Jour II - Costume

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La Liste de nos Cauchemars

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Assis sur le sable, j'observais l'oorunilà inondant l'océan bordant l'Ileri. J'aimais le vent dans mes cheveux et l'odeur salée s'engouffrant dans mes narines, allant de pair avec la vie trépidante de la Citadelle. Les navires pêcheurs, à quelques kilomètres de la côte progressaient prudemment en raison des eaux déchaînées, qui pouvaient grimper de plusieurs mètres rapidement, entraînant la venue de créatures maritimes. De ma position, on aurait dit que des mouettes volaient auprès d'eux, mais j'étais conscient qu'il s'agissait là de défenseurs, prêts à intervenir au moindre problème. Depuis le précédent assaut des Démons, les choses s'étaient calmées et l'idée d'une évacuation vers le Continent Naturel s'était amoindrie. La Magie défensive faisait son office sur toute la région, depuis que les Statues hideuses, habitées par des sentiments macabres, avaient disparues des abords de la Terre Blanche. Ou avaient été enlevées ? Je n'en savais rien. J'avais seulement conscience que si la terre ne tremblait pas, les environs n'en demeuraient pas moins sous tension et les rondes militaires étaient fréquentes. Je donnais sûrement l'impression d'être insouciant ou poussé dans des réflexions profondes, mais la vérité était que je me demandais comment allait Mancinia. J'aurai bien voulu me mettre à sa recherche, sachant qu'elle était partie de la Capitale des Humains, mais s'éloigner des côtes n'avais jamais été aussi dangereux. Le climat est désastreux. Les vents ne semblent jamais s'apaiser et la mer est perpétuellement en colère. Les monstres marins sont de plus en plus nombreux au large, sous la coupe de celui qu'on nomme le Kraken Noir, qui ne manquait pas de dévorer des navires entiers.

Nous savions tous que le Continent Dévasté était en train de trembler. Les vagues se déchaînaient contre lui, comme des crocs humides prêts à engloutir sa proie. Cela avait atteint le Continent du Matin Calme. Je l'avais vu. Je l'avais ressenti. J'y étais, avec Nithael, nous avions assuré l'évacuation de blessés, ceux qui fuyaient ceux que l'on nommait les Masques d'Or. Ces créatures vêtues de tenues colorées portant un masque d'or. Des êtres avides de sang et de massacres. Si nous étions relativement épargnés des maux secouant les Terres du Yin et du Yang, combien de temps serais-ce encore le cas ? Je crois que l'heure n'était plus à l'hésitation. J'avais moi-même manqué d'être pris en tenaille lors de l'assaut de l'île. J'avais pris une vie pour la première fois et, même si cela avait été un Vil, j'en étais encore hanté. De savoir comment une lame passait si aisément les chairs. J'avais voulu voir le monde. Était-il réellement ainsi ? J'avais atteint Drosera et ses rumeurs, avant de devoir fuir en compagnie des Elfes et de l'ancienne Apakan, Nydelia. Cette guerre entre Sorciers et Sirènes n'en était qu'une partie de ce qui nous attendait, car nous étions les suivants. Non, nous étions en guerre. Les Démons ne cessaient de profiter de l'inertie pour causer encore plus d'horreurs. Chez moi. Chez Mancinia. Je fermais les yeux, prenant une longue inspiration avant de me redresser, époussetant mes vêtements des grains de sable. Mancinia était courageuse, elle saurait comment se débrouiller plus que moi et puis, je ne pouvais pas me permettre de partir sur un coup de tête. Plus maintenant. Pour moi, c'était l'heure.

J'ai choisi de m'engager.

J'attendais l'ouverture du recrutement depuis tôt ce matin. Je craignais peut-être de changer d'avis en cours de route, mais cela n'avait pas été le cas. J'étais soutenu et écouté. Gilgamesh m'a encouragé sur cette voie dès que ma résolution avait franchi mes lèvres. Il avait été heureux de voir que ses enseignements m'avaient convaincus et, mieux encore à ses yeux, ce n'est pas vraiment vers la Nith-Haiah que je m'étais tournée. Au sein de la Compagnie de Yüerell, je trouverais certainement mon chemin et serait encore plus à même de défendre ceux pour lesquels j'engageais mon arme. Je ne serais sans doute pas le militaire le plus compétent, mais cela m'était égal. On avait besoin de moi et ce rôle qui m'incombait auprès de l'Humaine me tenait à coeur. J'ai conscience que sa nature raciale la met régulièrement dans des situations périlleuses et moi, je devais être prêt à toutes les éventualités et ce, malgré les appréhensions nouant mon estomac pendant que le recruteur notait toutes ces petites choses importantes nécessaire à mon intégration.

— Nom ?
— Neah Katzuta.

Le recruteur m'observe d'un peu plus près, je ne savais pas vraiment ce qu'il me voulait avant de me poser la question.

— Combien mesurez-vous ?
— Je ne sais pas trop.

Je le sens me scruter pour essayer de délimiter ma taille. Je savais être en-dessous de la moyenne des Anges, mais je n'avais même pas envisagé que ça puisse être un frein à mon engagement. Ce serait tout de même ridicule, n'est-ce pas ? J'étais quelque peu embarrassé à cette idée, moi qui voulais devenir utile.

— La raison de votre engagement ?

Cette nouvelle question me détendit. En cette période, ce ne devait pas être un motif suffisant pour recaler un volontaire.

— ... Je suis un Gardien.

Franchement, oui. À moitié. Je n'aurais peut-être pas dû le dire ? Je ne pouvais pas le dissimuler non plus. Ça ne se faisait pas. Je voyais les yeux du recruteur s'élargir sous mon annonce. Ce n'était pas tous les jours qu'on en croisait un. C'était une fonction respectable et sérieuse. Je crois que Mancinia et moi l'avons pris un peu à la légère ... Ce n'est pas grave.

— Hum ... Vous avez de l'expérience ?
— Je ... Non. Enfin ! Je ...

C'était vraiment compliqué. Je me sentais sondé jusqu'aux tréfonds de mon âme. Je devais être honnête, le reste n'était pas important. Je me répétais en boucle qu'ils étaient là pour me former.

— J'ai été témoin de la récente attaque. J'ai ... aidé. J'ai aussi été ... à Drosera et sur le Continent du Matin Calme. J'ai vu ce qu'il se passait là-bas et depuis, je m'entraîne avec une membre de la Nith-Haiah et j'ai eu l'occasion de pratiquer avec des membres de la Compagnie.
— Très bien.

Il notait quelques nouvelles choses, cochait quelques cases, avant de me tendre des papiers pour les signer. Je le fis et il me gratifiait d'un sourire.

— Bienvenue dans la Compagnie de Yüerell, Aspirant Katzuta.

Post III - 1040 mots
Inktober - Jour III - Navire
Oorunilà - Coucher de Soleil
Ileri - Terre Blanche

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La Liste de nos Cauchemars

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Je refermais l'entrée de ma chambre en me retenant de la claquer violemment, ce n'était pas nécessaire de montrer mon mécontentement et d'outrager encore plus mes parents. Je connaissais leur position avant même d'avoir pris ma décision et il n'y avait rien de surprenant devant leur refus quant à mon enrôlement. Ils avaient réellement cru que mes escapades sur les terrains d'entraînement étaient une lubie passagère. Ils nieraient certainement être fiers qu'un Lien se soit créer pour moi et de me voir y consacrer mon temps et mes efforts, mais cela ne pouvait pas demeurer dans un tel statu quo ... J'ai clairement vu leur mine décomposée, à mon retour, tenant mon uniforme. Ils avaient été mis devant le fait accompli de mon intégration. C'était devenu terrible lorsqu'ils avaient compris que mon choix s'était porté sur la Compagnie de Yüerell plutôt que sur l'Inējisha Kọọ. Ils étaient contre. Ils estimaient que l'idéologie véhiculée par la milice allait à l'encontre des valeurs de notre Famille. J'avais côtoyé ses membres et je savais qu'ils n'étaient pas aussi monstrueux que les rumeurs le laissaient prétendre. De mes voyages, j'avais vu l'horreur sévissant sur les terres et celle-ci ne se trouvait pas au coeur de ces Soldats. Leur mauvaise réputation venait de leur lien, diffus et lointain, avec l'Ange Disparu qu'avait été Delix, celui qui avait été à deux doigts d'anéantir le Mal. Je savais qu'ils avaient une vision plus radicale de la situation, mais nous en avions besoin, c'était la réalité. Je ne pouvais pas rester à être aveugle, ce n'était pas possible.

Pour mes parents, Mancinia ne méritait pas ce sacrifice de ma part. Je me demandais pourquoi ils le voyaient ainsi ? Je n'étais pas d'accord avec leurs propos et notre conversation avait tourné en surdité vers l'un et l'autre. Ils m'avaient menacé, dans un élan de propos irréfléchis, de me mettre à la porte si je m'obstinais. Qu'importe. S'ils me reniaient, dans tous les cas, j'étais sûr d'avoir le gîte et le couvert durant la durée de ma formation. Pour eux, comme pour moi, c'était une chance que nous ne soyons pas aussi extrêmes. J'avais choisi de sauter le repas et de ne pas bouger de mon lit, ça pouvait sembler puéril pour quelqu'un de mon âge, mais mon envie de tranquillité l'emportait sur le reste. Assis à mon bureau, je parcourais du regard un ouvrage en Alikir, tournant les pages sans comprendre le moindre sens aux traits et aux points, leur écriture étant totalement à l'opposé de la nôtre. Cette langue des Humains sur laquelle je n'avais aucune maîtrise m'intriguait. Je n'avais pas l'opportunité d'en demander plus à ma Liée, le concernant. Peut-être aurait-elle bien voulu me le traduire, en d'autres circonstances ? D'ailleurs, pourquoi était-ce à elle de déchiffrer cette oeuvre ? Est-ce qu'il était possible pour moi d'apprendre la langue de ce peuple qui m'était peu coutumier ? Je devais m'assurer de sa protection, mais vu qu'elle était plus puissante que moi, n'était-ce pas aussi à moi d'apprendre à mieux la connaître ?

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Lorsqu'il avait été temps pour moi de m'intégrer à la vie militaire, mes parents m'avaient encouragé à demi-mots. Ils me soutenaient, j'étais leur seul héritier, mais intérieurement, j'étais conscient de leur Espoir de me voir revenir à la raison, de me m'entendre dire que j'avais rendu mon uniforme. Je ne pouvais pas, de plus, ce n'était pas vraiment mon genre de m'engager sans raison, surtout pour quelque chose d'aussi sérieux et qui me tenait à coeur. Pendant mes premières sessions de cours, l'appréhension m'avait gagnée, créant un noeud dans mon estomac. J'avais continuellement la crainte de mal agir, de mal faire ... et rien n'était plus parlant que l'angoisse, surtout la mienne. J'avais beau savoir être avant tout là pour apprendre et qu'on ne devenait pas un Soldat accompli quelques minutes, c'était ma nature. Je devais vraiment apprendre à contrôler cette anxiété. D'ailleurs, je me demandais souvent comment réagirait Mancinia, est-ce qu'elle me trouverait idiot en clamant que j'étais sans espoirs ? Ou elle sourirait pour m'encourager ? Je rêvassais. Là où j'étais, ce n'était pas une si bonne idée. Je devais me concentré sur le cours.

— ... Si elle remplit ses devoirs du premier coup, la lance est en mesure de chasser les soucis que peuvent causer une hache, une épée ou une dague. Quelqu'un sait me dire pourquoi ?

Notre Instructeur se retournait vers nous, nous questionnant du regard. Nous suivions un cours théorique sur les armes, avant de les manier, de savoir dans quoi on s'engageait, avec leur puissance, leurs faiblesses, leurs points forts et leur spécificités.

— Non, personne ?

Il n'était pas question d'accuser qui que ce soit, ou de se moquer de notre méconnaissance d'Aspirants. Je voyais bien que cela embarrassait mes camarades, je levais mon bras pour répondre. Si ce cours endormait mes sens, c'est parce que l'arme en question, j'avais appris à la connaître avec celle qui occupait mes pensées.

— Katzuta, dit-il en m'autorisant à m'exprimer.
— Avec ou sans armure, sa défense est supérieure, dis-je en me redressant, droit.
— Et pourquoi ?
— À cause de son allonge, récitai-je. Si l'adversaire use d'une épée de taille normale, elle n'est pas assez longue ou assez rapide pour atteindre un lancier. Une arme d'hast transperce ou repousse son adversaire sans exposer le corps de son utilisateur, il augmente également le taux d'esquive, ou de fuite, s'il est en mauvaise posture. Sa seule ennemie resterait l'épée de type espadon, mais elle n'est utilisée que par des combattants expérimentés et aptes à la manier, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Je me taisais ensuite, l'Instructeur approuvait d'un signe de tête, m'autorisant à me rasseoir. Je sentais les paires d'yeux de mes camarades sur moi, curieux. Je m'étais laissé emballé, je crois ... Mince.

Post IV - 965 mots
Inktober - Jour IV - Noeud

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La Liste de nos Cauchemars

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Comme son corbeau de tout instant à son épaule, Mancinia était la compagne sur le mien. Dans mon esprit. Une empreinte indélébile. J'avais envie de la voir, maintenant que me enseignements ne cessaient de me renvoyer vers celle que je n'avais côtoyé que quelques temps. C'était vraiment bizarre, comme impression. Est-ce que tous les Liens étaient pareils ? Ou le nôtre était cassé à cause de l'absence de cérémonie ? Je n'en avais aucune idée. Je devrais sûrement me renseigner durant mon temps libre, sachant que d'autres Gardiens se trouvaient dans les rangs de Yüerell, ils seraient le plus à même de me renseigner. Assurément, nous nous étions Liés de manière peu conventionnelle. Et maintenant, à avoir bu ses paroles concernant le maniement de sa lance, dont elle chérissait l'acquisition, je me sentais comme un idiot, dans la salle de cours. Comment mes camarades allaient-ils me voir, maintenant ? Comme un amoureux des armes ? Un emmerdeur ? Une personne studieuse ? Les attendes n'en seraient que plus élevées. Vraiment, bravo Neah, bravo !

— Comme l'a dit l'Aspirant Katzuta, reprit l'Instructeur en le tirant de ses pensées confuses. Les armes d'hast ont peu de contre à leur hauteur, en termes de combat, si son allonge est adaptée. Que diriez-vous d'une démonstration pratique ?

Il y eu quelques murmures enthousiastes à côté de moi. Nous n'étions que peu à avoir eu une expérience, disons, sur le terrain. Imprévue, surtout. C'est sans doute ce qui nous avait convaincus de tous nous tenir ici. Aider autrui était dans notre nature.

— Monsieur !
— Oui, Aspirant Levy ?
— À quoi sert une arme lorsqu'on a de la Magie ? Est-ce que ça sert à quelque chose de savoir manier une lance lorsqu'on a une Magie puissante ? Tout ce qu'il y aurait à faire, c'est de l'utiliser ! ... Monsieur !

L'ennemi n'utilisera aucune magie si tu le plantes avant, réfléchis ! J'eu un sursaut avant même de soupirer. Ça y est. Une semaine chez les Humains, quelques entraînements avec des personnes de mon entourage expérimentées et je réagissais comme un vétéran, intérieurement. Ridicule. Bien que n'étant pas en mesure de deviner ses pensées, mon Instructeur sourit. C'était une remarque pertinente, en vérité.

— Elle n'est utile que si votre adversaire n'en use pas lui-même pour se protéger, répondit-il plus posément. L'armement, les stratégies et l'art magique n'ont eu de cesse d'évoluer pour devenir de plus en plus performants et maniables, garantissant un maximum d'efficacité afin d'obtenir un résultat optimal. Nous allons vous apprendre à utiliser les deux ... et vous où vous êtes les plus compétents.

Je prenais conscience que mon maniement des armes devait être plus développé que mes compétences en Magie. Je connaissais la connaissais, mais je savais à peine l'utiliser. Si ce n'est pas du tout. Je me demande jusqu'où je pouvais aller ...

— Revenons à ce que vous devez d'abord tous réaliser en premier, à savoir, votre posture. Quelle que soit la combinaison d'armes utilisée, la position initiale à prendre avant le début de chaque engagement est la plus importante.

Mon intention était devenue soudainement optimale. Je me souvenais des variations que Nithael ou de Gilgamesh - enfin, la Soldate Nith-Haiah et l'Instructeur Ypsilántis, c'était ainsi que je devais les nommer, désormais - pouvaient avoir dans leurs enseignements, puisqu'ils ne maniaient pas le même type d'armement.

— Cette position sera bien évidemment variable, non pas seulement à cause de votre matériel de combat, mais également en fonction du contexte de ce dernier, un entraînement, un duel ou une véritable mêlée ne seront jamais similaires. Il sera aussi à prendre en compte votre adversaire et son propre matériel ... Un Démon ne combat pas comme un Sorcier.

Je voyais un sourire sur son visage, quelque peu moqueur. J'imaginais moi-même assez mal un Sorcier combattre dans une armure complète, mais en vérité, je n'avais jamais vu le moindre Soldat issu de cette race. Je n'avais vu que les Démons et les Masques d'Or, les deux Fléaux de ce temps, visiblement.

— Cela dit, peu importe votre adversaire, la connaissance et la maîtrise des différentes postures vous offriront le luxe de l'adaptabilité. En effet, contre un adversaire plus rapide, contre une combinaison d'armes de plus grande portée, ou même contre de la magie, se positionner en posture défensive peut s'avérer être bien plus efficace que de se borner à son habitude.

Je le voyais regarder Ace Levy d'un regard appuyé, mais ce dernier était néanmoins totalement à l'écoute de ses propos.

— Ce qui régit votre posture initiale sera toujours basé sur une optimisation de l'équilibre entre votre potentiel d'attaque et l'efficacité de votre défense. En fonction de la situation, une garde offensive augmentera donc légèrement votre facilité à l'attaque, en réduisant légèrement votre défense. A contrario, une position défensive facilitera votre défense au dépend de votre potentiel d'attaque.

Concrètement, la base de notre position de garde sera sensiblement similaire quelle que soit le type d'arme utilisée, mais c'était à nous de l'optimiser selon nos capacités. Un vrai art, hein ? L'Instructeur nous montrait ensuite comment avoir une position correcte. Nos pieds étaient placés en angle droit, le talon du pied arrière suivait la ligne formée par le pied avant. L'écart idéal entre les deux talons était la longueur du tibia - j'entendis un rire à mon encontre, bien que sans méchanceté, mais l'ignorait. Les genoux étaient ensuite légèrement fléchis, afin de garantir l'explosivité du déplacement grâce à un effet ressort, qui permettait d'avancer ou de reculer plus rapidement.

— Il convient de poser son tronc de façon égale sur ses deux jambes de manière à pouvoir réagir rapidement. Ce dernier sera droit, légèrement tourné de biais, dans l'axe de son bassin. Le bras d’arme sera quant à lui souple et détendu, comme ceci.

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— Neah Katzuta, c'est ça ? me demanda-t-il en me saluant d'un signe de tête. Chÿsam Lancaster.

Je lui répondais par l'affirmative, détendu. Je me sentais plus à l'aise dans la pratique, sans doute parce que j'avais déjà eu les bases avant mon engagement, mais il n'était pas question de les négliger et de me moquer des efforts de mes camarades. Je ne voulais pas non plus m'amuser à être le mec inatteignable ... Ça n'avait aucun intérêt dans l'Armée, où nous évolutions comme un seul bloc pour la protection du Bien. En duo, nous essayons chacun la posture en la maintenant autant de temps que possible pour assurer notre stabilité. Je n'avais aucun mal à me tenir, me permettant de corriger mon partenaire, qui se laissait aller vers l'avant. Avec une arme, ou une armure, il prenait le risque de tomber.

— Comment tu fais pour apprendre aussi vite ? m'interrogea Chÿsam, impressioné.
— Je n'ai aucun mérite. J'ai déjà pratiqué cette base.
— Et tu es quand même venu au cours ?
— On est tous à la même enseigne, ici. Je ne peux que m'améliorer par l'entraînement, c'est tout.

Je le gratifiais d'un sourire, embarrassé sur les bords.

J'avais l'impression d'avoir du métal fondu dans la nuque tant le regard de l'Instructeur me scrutait.

Post V - 1170 mots
Inktober - Jour V - Corbeau

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La Liste de nos Cauchemars

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J'étais entré depuis près d'un mois et, malgré la répétition de nos tâches, je ne m'ennuyais pas un seul instant. C'était souvent compliqué d'étudier et d'être au meilleur de sa forme durant les entraînements avec une fatigue qui s'accumulait, mais je prenais mon engagement sérieusement. N'aurait-ce pas été idiot de dire l'inverse ? J'avais eu le temps de me demander durant plusieurs semaines si la vie militaire me plairait, mais l'imaginer et la vivre était deux choses différentes. C'était bien mieux ! Je comprenais pourquoi Mancinia s'était laissée séduire par les armes, de plus, je n'avais jamais autant été entouré, supervisé, sans parler des liens que je nouais avec mes camarades. Au début, nous étions très discrets les uns avec les autres, muets presque, un peu gênés, mais au fil des sessions diverses, nos coeurs s'étaient ouverts. J'avais eu l'agréable surprise de voir que je partageais ma chambre d'Aspirant avec Chÿsam. Au départ, on n'y avait pas vraiment prêté attention, mais cela me faisait même curieux d'avoir un partenaire aussi proche de moi. Un ami, maintenant, je pouvais le dire. Je m'étais aussi rapproché d'Ace Levy, cet Aspirant qui ne voyait que la Magie comme ultime remède à tous les maux, surtout la nôtre, qui ne souffrait pas de l'Antimagie des Humains. Il voulait faire carrière et permettre à cette idée de se répandre, genre, vraiment. C'était son aspiration, de grimper les échelons pour terrasser le Mal de cette manière, il se donnait beaucoup pour cela.

De mon côté, cela ne me disait rien. Je m'étais engagé pour moi, pour Mancinia et pour les Anges. C'était une charge à plein temps d'être Soldat, je n'osais imaginer avoir des responsabilités encore plus lourdes. En même temps, je n'étais qu'Aspirant et on ne pouvait pas envisager de faire carrière si on échouait à la conclusion de cette étape. C'était rare, mais il y avait toujours des exceptions qui confirmaient la règle. Avec ma chance légendaire, j'aurai pu être dans ce lot. Plus étonnamment, je m'étais également lié d'amitié avec des filles de mon unité, comme Rosalie Mäschen ou encore, la redoutable Anzass Ectrie. Elle était la plus âgée des Aspirants et s'était engagée sous une impulsion, désireuse de rétablir la Justice dans ce Chaos ambiant. Elle avait étudié le Droit et voulait officier comme Avocate, mais les temps actuels l'avaient incité à accomplir son devoir sur une autre voie. Et Anzass, surtout, avait un talent indéniable pour ...

— Tu peux m'appâter autant que tu veux avec ton framboisier mental, je sais que ce gâteau est au chocolat.

Je soupirais.

— Comment fais-tu ?
— La Lecture est un talent naturel chez moi.
— À ce point quand même ...

L'Aspirante Ectrie était douée dans la lecture des esprits et, les nôtres, étaient des livres ouverts dans nos sessions magiques visant à améliorer nos barrières mentales. Dans un sens, c'était une chance que de l'avoir avec nous durant ces exercices, où nous piochons un objet, un nom, ou quelque chose de similaire, que nous devions protéger. Jamais je n'avais réussi à lui dissimuler quoi que ce soit et c'est ce qui rendait mon amélioration encore plus délicate, car savoir lire dans le sien, d'esprit, était bien plus complexe encore que de se prémunir.

— Tu sembles avoir une magie très faible, Neah.
— Je t'avoue n'avoir jamais eu l'idée de m'en servir avant d'intégrer Yüerell.
— Non ?
— Je t'assure.

Nous discutions autour de la table, car il s'agissait d'un moyen de nous déstabiliser mutuellement.

— Heureusement que tu as des petits muscles, dit-elle en palpant innocemment son bras en guise d'exemple pour montrer son point faible. Tu es au moins doué pour le combat !
— J'aime bien la pratique physique, curieusement.
— Tu n'aimais pas te battre, avant ?
— Non ... Je voulais devenir Architecte et reprendre l'entreprise familiale.

J'eu un léger froncement de sourcils, comme si je venais de découvrir quelque chose. Oui, c'est ça. Un sourire victorieux apparu sur la commissures de mes lèvres.

— Un verre de ... Aïe !

J'allais décrire ma découverte quand une douleur vrilla mon crâne, déformant mon visage dans une mimique douloureuse. C'était une brèche volontaire, elle m'avait eue !

— Bien essayé ! rit-elle.
— C'est bon, tout le monde. On s'arrête ici.

Je n'allais pas m'en plaindre ! J'avais la tête douloureuse, qui tournait un peu. Un verre d'eau sucré et une pause allaient certainement me remettre. L'Instructrice vit mon état, c'était le risque à prendre, mais elle ne démontrait aucune émotion à l'encontre de ma partenaire. Pour certains, elle était arrogante quant à sa puissance magique.

— Aspirante Ectrie, évitez d'envoyer à l'infirmerie tous vos camarades.
— Je suis simplement douée, madame ! dit-elle en haussant les épaules, un sourire aux lèvres. L'Aspirant Katzuta veut se renforcer qui plus est !

Je ris doucement. Je me redressais lorsqu'elle nous libéra pleinement. Plus ou moins.

— Aspirant Katzuta, un instant.
— Madame, dis-je en m'arrêtant dans mon élan.
— J'ai pris le temps de parcourir votre dossier, reprit-elle. Vous avez déclaré être un Gardien à votre admission au sein de la Compagnie. Seulement, à l'Oúnjẹ ọna Asopọ, vous n'êtes pas inscrit comme tel. Comment vous l'expliquez ?

Je clignais des yeux. J'avais totalement omis - et je n'étais pas le seul - à nous enregistrer. Je choisis d'être honnête en le révélant, mais cela mettait mon Instructrice dans un état moins suspicieux, mais très surpris.

— Je ne comprends pas, Aspirant Katzuta. Vous avez un Lien, mais aucun acte devant l'Oúnjẹ ọna Asopọ ? Dans ce cas ...

Elle s'interrompit, comprenant notre situation.

— Vous n'avez pas eu de Cérémonie ?
— Non, madame.

J'étais conscient de la rareté de notre cas. Je n'avais seulement pas compris ce qu'il impliquait d'avoir un Lien ainsi créé au détour d'un regard. Je le savais, désormais, même si Mancinia devait l'ignorer, ou dans ce cas, tentait de nier le sentiment de proximité qui devait nous unir. J'étais en colère à son encontre, mais celle-ci n'avait pas perduré. Je savais que ce devait être son cas également.

— Soit. N'oubliez pas de dire à votre Humaine de venir accomplir les démarches avec vous, ou de les faire de son côté à la Lika dī Sasathā pour que tout soit en règle.
— Oui, madame.
— Bien, ce sera tout.

J'avais à peine esquissé un demi-pas qu'elle reprit la parole.

— Aspirant Katzuta ... N'oubliez pas que vous avez une vie entre les mains. Vos responsabilités sont encore plus grandes.

J'acquiesçais à son endroit, la saluant une ultime fois.

Je le savais mieux que quiconque, vu que je m'étais engagé pour elle.

Post VI - 1082 mots
Inktober - Jour VI - Esprit
Oúnjẹ ọna Asopọ | Lika dī Sasathā - Institution des Liens, en Naciaze et en Alikir

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La Liste de nos Cauchemars

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Il existait une coutume, au sein de la Compagnie, qui se déroulait au moment de notre entrée et que l'on nommait le Repas des Aspirants. Une célébration organisée à notre encontre, où nous croisions ceux qui seraient de notre promotion, mais également nos aînés, ceux qui passeraient, dans quelques mois, leur dernier test avant de devenir de véritables Recrues. Si, en général, elle était organisée au premier soir de notre apprentissage, la nôtre avait été reportée pour les raisons évidentes, suite aux assauts imprécis des Démons, des Statues et des flots ravageurs. C'était un dérobement aux règles, sans doute, mais une situation exceptionnelle méritait des mesures exceptionnelles. Nous étions compréhensifs et puis, cela nous donnait droit à une après-midi de repos, qui serions-nous pour nous plaindre ? Nous étions, évidemment, surveillé pour éviter les débordements, mais l'ambiance était surtout ... Je ne saurais le décrire verbalement, cela me rappelait les pauses que nous avions entre les cours, lorsque j'étudiais encore dans mon établissement scolaire. Il y avait des différences notables, puisque les armes avaient remplacées les stylos. Désormais, mes erreurs devenaient celles de mes camarades, comme les leurs devenaient les miennes. C'était un moyen de nouer des liens de confiance et de rigueur personnelle, de penser collectif plutôt que se prétendre unique. J'appréciais cet état d'esprit, c'était au-dessus de tout ce que j'avais imaginé. En un mois, j'avais l'impression d'avoir une seconde famille.

Nous nous amusions aux dés, mais sans argent, ni beuverie. Si nous perdions, nous devions raconter une anecdote sur nous-même. J'esquivais les embarrassantes, voire intimes. Chacun se respectait. Je ne parlais pas de Mancinia. Il n'y avait que Chÿsam qui était au courant, mais je ne voulais pas que mon rôle de Gardien soit la seule chose qui me définisse ici. J'avais même l'impression d'être prétentieux de penser cela, mais il s'agissait d'un rôle important, qu'on enviait souvent, laissant admirateurs ceux qui n'avaient pas de Liens envers ceux qui le possédaient, tant il semblait pur et merveilleux. Un ravissant Conte de Faes loin de la réalité, comme toujours. Je comprenais mieux pourquoi ce rôle nécessitait une volonté et une préparation quant à l'union avec un Enfant de Sympan. L'éloignement devenait de plus en plus délicat, j'avais envie de voir mon Humaine, celle qui m'avait été unie par les Dieux. Peut-être n'était-ce pas le Lien ... mais ma culpabilité ? Je l'ignorais. Je n'allais néanmoins pas laisser son spectre gâcher ce moment, elle ne me l'aurait pas pardonnée si elle l'avait appris. Je souris sans réelle raison, ce qui ne tombait pas dans les yeux d'aveugles. De plus, Ace ne cessait de vouloir me combattre, amicalement bien entendu. Il me trouvait très doué, je me trouvais vraiment trop maladroit avec mes mains, mais ce n'était que quand j'avais une arme.

À la pratique du Gubà, j'apprenais vite. Je trouvais que ça ressemblait à une danse martiale et je sentais mes membres inférieurs bien plus stables. Ou c'était simplement l'euphorie des premiers cours, on en reparlerait quand les choses allaient montées d'un cran en difficulté. J'avais perdu mon tour aux dés, alors Ace m'avait sauté dessus pour que j'accepte son offre de bataille, plutôt qu'une anecdote potentiellement ennuyeuse sur mon enfance. Je n'étais pas confiant, mais j'avais accepté. Je l'avais mis à terre sous le regard de nos camarades, rieurs et il avait promis de me rattraper, autrement, il ne pourrait grimper dans la hiérarchie. J'y repensais en dégustant un bon repas, avec des tortillas roulées, garnies de salade, de blanc de poulet grillé et une petite sauce au yaourt et ciboulette. Cuisiner copieux sans empiler les calories, c'était possible à la Compagnie ! Je m'entendais bien avec chacun d'entre eux et, plus le temps passait, plus j'étais à l'aise. Plus on progressait, plus j'étais fatigué, mais je voulais profiter de ces moments complices avant la reprise des entraînements, à l'aurore.

— Donc, Neah, il paraitrait que tu es un Gardien ?

J'avais tourné la tête vers Jade, qui me souriait tandis que les yeux s'étaient écarquillés. Comment était-elle au courant ? Est-ce qu'elle avait entendu ma conversation avec l'Instructrice Barelli ? Je ne savais même pas quoi répondre tant cela me prenait au dépourvu.

— Quoi, c'est vrai ?
— Oui, c'est vrai.

Je regardais désormais Chÿsam, qui n'avait eu aucun problème à dire la vérité. En même temps, je ne voulais pas leur mentir, mais tout de même ! Ce dernier, malgré mon air réprobateur, m'incitait d'un mouvement de la tête à leur dire. Tout irait bien. Plus ou moins.

— Pourquoi il n'y a que Chÿsam qui est au courant ?!
— Le privilège d'être son pote, les gars, dit-il fièrement.
— Ouais, c'est ça, c'est honteux, Neah, honteux !
— Elle s'appelle comment ? À quoi elle ressemble ?

J'étais enseveli sous leurs questions. Effectivement, leur comportement n'avait pas changé, mais leur curiosité s'était exacerbée.

— Mancinia, dis-je, un sourire sur la commissure de mes lèvres. Elle s'appelle Mancinia.
— ... Leenhardt ?

J'allais avoir un torticolis en me retournant sans cesse.

— Mancinia Leenhardt, pas vrai ?
— Comment tu la connais, Bertrand ?
— Si c'est la même personne, alors c'est aussi une Chevalière du Duché d'Arkas. Du coup, c'est la même Humaine, Neah, tu confirmes ?

Je suis resté un instant silencieux. Je la savais Matasif, mais j'ignorais qu'elle ... J'acquiesçais. Je ne pouvais pas agir comme si je connaissais si peu celle que je devais protéger.

— Hein ? Une Humaine qui est Chevalière chez les Magiciens ? Comment c'est possible un truc pareil ?
— Il parait qu'elle a aidé une femme à échapper à un mariage arrangé.
— N'importe quoi, c'est une dame de la haute qui voulait en mettre plein la vue à son adversaire et elle a battu le Champion en deux temps trois mouvements !

Je les écoutais distraitement. Je ne pouvais m'empêcher de le penser, de me dire que ... Mancinia, tu es exceptionnelle. Pourquoi m'a-t-on uni à toi, toi qui a déjà réalisé des prouesses tandis que je demeure derrière ? N'est-ce pas plutôt toi qui es mon Humaine Gardienne ? Je souris à l'idée, curieusement blessé.

— Pas croyable, Neah, t'es le Gardien de cette femme, sérieux ?
— C'est pour ça que t'a intégré Yüerell ?
— Oui.

Mon honnêteté allait me perdre, je me repris.

— Enfin, ce n'était pas uniquement que pour elle, je ... pour le peuple aussi.
— Oui, oui, bien sûr, pour le peuple, ricana Ace.
— Du coup, Neah ... , demanda Jade les yeux pétillants en marquant une courte pause, avant de reprendre. Tu l'aimes ?

J'avais entrouvert la bouche, choqué, totalement incapable de répondre à cette question, puisqu'elle ne m'avait même pas effleurée l'esprit. J'avais beau pensé à elle de temps en temps, ce n'était pas de ...

— Qu'est-ce que tu racontes ?! lui demandai-je en haussant le ton un peu fort à mon goût. Ça ne fait même pas un an que je la connais !
— Tu connais le coup de foudre ?
— Y'a plein d'Anges qui épousent des Humains, c'est pas grave, tu sais !
— Mais c'est pas ça je vous dis !
— Pourtant, il l'a même déjà pris par la main, commentait Anzass.

Je la regardais, elle me regardait avec sourire plein de malice. Je plissais les yeux. Je savais désormais qui était responsable de la fuite, elle l'avait lu dans mon esprit.

— Mancinia est une personne importante et je ressens sa présence auprès de moi, même si elle est éloignée. C'est une femme forte, ça, vous le savez, mais elle n'hésiterait jamais à aider les personnes dans le besoin. Pour l'instant, je n'ai de Gardien que le titre, alors je vais tout faire pour en devenir un qu'elle reconnaitra comme son égal.

Je le voulais vraiment. Plus que tout.

Post VII - 1277 mots
Inktober - Jour VII - Admirateur

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La Liste de nos Cauchemars

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— Regardez-moi qui voilà ... Neah !

Je m'étais arrêté au milieu du couloir à l'entende de cette voix m'appelant, me retournant dans sa direction vers l'homme qui me décochait un sourire étincelant. Mes camarades avaient suivi mon arrêt, curieux dans un premier temps, avant que je ne préférasse ne pas les mêler à cette conversation.

— Partez devant, je vous rejoins.

D'un mouvement de tête, ils acquiescèrent tandis que je me détournais d'eux pour prendre la direction de ...

— Gil ... Je veux dire ... Soldat Ypsilántis ! le saluai-je avec les respects qui lui étaient dus.
— Il est vrai que l'usage veut que je te nomme Aspirant Katzuta, désormais, dit-il en relâchant un petit rire. Dide ke.

Je me redressais, tout sourire. Je n'avais pas eu l'occasion de le croiser depuis mon engagement, même s'il devait suivre mes progrès au travers de ses collègues. De tous, il était celui que je voulais le moins décevoir. Gilgamesh Ypsilántis était l'homme m'ayant encouragé à rejoindre les rangs de la Compagnie de Yüerell, qui m'avait enseigné les bases du combat et m'avait incité à m'entraîner, chaque jour, par la course ou l'étude. Voir si cela me plaisait réellement, pour mieux me mettre au service du peuple, du Bien et même de mon Humaine.

— Es-tu satisfait des apprentissages de la Compagnie ?
— Je le suis.

Je ne regrettais pas. Bien entendu, je pouvais être fatigué et me demander, de temps en temps, ce que je fichais ici, mais je tenais bon. Curieusement, c'est comme si j'avais trouvé l'impulsion qui me manquait, au lieu de suivre un chemin déjà défini en reprenant notre entreprise. Et même si je changeais d'avis, je pourrais prendre la suite de mes parents, dans quelques décennies, ou quelques siècles.

— Iyi, iṣootọ, igboya, récita-t-il en posant sa main sur mon épaule. Tu as tout cela en toi et c'est appréciable de te savoir dans nos rangs, Neah. Il ne faut pas que le Mal progresse.

Au fond de mon coeur, j'étais ému de ses paroles. J'avais les lèvres tremblantes, ne sachant que répondre à une telle confiance. Je manquais souvent de confiance en moi, je paraissais ... J'étais naïf sur bien des points, je le savais. J'avais toujours connu le cocon de la Citadelle Blanche et découvrir l'extérieur de mes terres, dans un chaos sans nom, m'avait bouleversé. Si j'étais adulte selon les autres peuples, en conséquence de mon âge, au regard des Anges, j'étais encore un enfant. Le Soldat Ypsilántis relâchait mon épaule, se reculant doucement pour remettre une distance acceptable entre nous.

— Je te laisse retourner à ton entraînement, Aspirant Katzuta. Ne lâche rien, on se reverra sûrement lorsque tu seras devenue une Recrue, officiellement.
— Bẹẹni ! déclarai-je fièrement.

J'exécutais à nouveau le salut militaire pour prendre congé et me diriger vers le terrain d'entraînement, pour ne pas être en retard. Je n'avais pas envie de me voir allouer des exercices supplémentaires et, en revenant quelques instants avant que notre Instructeur n'arrive et ne plisse les yeux à mon encontre, sans commentaires, mais avec une mise en garde aux creux de ses mires, j'avais eu de la chance. Aujourd'hui, exercice d'on se tape dessus pour améliorer notre résistance ! Ce n'était pas la dénomination exacte, mais c'est ainsi que je l'appelais.

— Cet homme, tu le connais, Neah ?
— Oui, répondis-je en prenant un bouclier adapté à la morphologie. C'est l'homme qui m'a encouragé à m'engager au sein de la Compagnie.
— Ah ouais ? C'est un Instructeur, non ?

Je confirmais d'un signe de tête.

— Neah, tu me dois une revanche !

Je me retournais vers mon camarade, étonné de sa déclaration. Je n'étais pas le seul.

— Ceci est un entraînement, Aspirant Levy.
— Oui, monsieur ! Mais l'Aspirant Katzuta et moi nous nous élevons mutuellement par des combats amicaux !
— ... Voulez-vous êtes plus malin que moi, Levy ?

Quand l'Instructeur omettait le terme d'Aspirant, mieux valait éviter de le contr ...

— Oui !

J'étais estomaqué de son audace.

— Faites-moi trente tours de terrain. Exécution.
— Oui !

Je le voyais s'élancer gaiement, nullement ennuyé par cette punition. C'était dommage concernant Ace, mais il devrait attendre une autre configuration pour obtenir sa revanche datant du Repas des Aspirants. Chÿsam serait mon adversaire durant cette session. Nous avions beau être amis, aucun de nous ne nous retenions durant ces combats. J'arrivais à avoir des coups puissants, que ce dernier esquivait avec une agilité remarquable. Nous nous complétions bien pour combler les lacunes de l'autre.

— D'ailleurs, Neah, tu as eu des nouvelles de Mancinia récemment ?

Je savais cette question destinée à ma déstabilisation. Tout le monde la prenait pour mon point faible, mais j'étais plus soucieux à son encontre que ... amoureux. Rien ne traversait mes lèvres, car je dû encaisser un nouvel assaut qui en fit tressaillir mon bras au point que ma main lâchait le brassard interne du bouclier par réflexe, sans le faire tomber pour autant. Je raffermis mon emprise et c'était repartit. Il attaquait, je défendais. Je me repositionnais, avant qu'un nouvel assaut n'intervienne.

— On ne réponds pas ?

Je n'allais pas lui répondre des évidences.

— Je ne vous ai jamais vu échanger des lettres.
— Nous ne sommes pas vraiment porté sur l'écriture.

Bouclier levé, je comptais effectuer une attaque frontale, presque sans pitié, tandis qu'il levait son arme en bois, mais non moins douloureuse à l'impact.

— Vous vous êtes disputés ?

Touché.

— Oui.

Aucun de nous deux ne poursuivions cette conversation, demeurant muets à ce propos jusqu'au terme de l'entraînement. Je ne sentais clairement plus mon bras, ce dernier ayant encaissé attaque sur attaque pour m'éviter d'avoir mal à d'autres endroits de mon corps. Je comprenais à quel point le bouclier était une défense importante pour les Humains. Je lançais sa gourde à Chÿsam qu'il rattrapait en plein vol.

— Ça va ton bras ?
— Ouais, mais t'y es pas allé de main morte !
— Je suis désolé. J'étais vraiment à fond.
— Je ne parlerais plus de Mancinia, promis, grimaça-t-il.
— Ce n'est pas ...

Je détournais les yeux. Elle me manquait. Encore plus quand tout le monde me parlait d'elle.

— Tu devrais aller la voir, non ?
— Je te rappelle que je suis un Aspirant. On ne part pas comme ça de ...
— Nous ne le serons plus très longtemps, Neah.

Oui, dans peu de temps, soit je serai une Recrue, soit je serais renvoyé. Cela dit, à l'instar d'une montre qui engrenait le temps, mon corps engrenait chacune des secondes me séparant de Mancinia. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Que ressentait-elle ? J'ai convaincu qu'elle brillait, tel le Soleil du Désert, sur ceux qu'elle côtoyait, ou brûlait à mort ceux qui essayaient de s'en prendre à sa personne. Je le promettais ... Je deviendrais assez puissant pour devenir son bouclier !

Post VIII - 1125 mots
Inktober - Jour VIII - Montre
Dide ke - Repos
Iyi, iṣootọ, igboya - Honneur, Loyauté, Courage | Il s'agit d'une devise militaire, concluant souvent les discours militaires
Bẹẹni - Oui

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La Liste de nos Cauchemars

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Chÿsam avait raison, nous étions au terme de notre vie d'Aspirants. Nous étions à l'aube de notre dernière session d'évaluation, il était inévitable que la pression ne cesse de grandir au creux de nos estomacs, tandis que les minutes s'engrainaient. En tant qu'Aspirant, une bonne condition physique était essentielle pour suivre le rythme exigeant de l'instruction militaire, c'est pourquoi nous avions eu des entraînements réguliers, progressifs et adaptés à nos besoins de jeunes apprentis. Nous avions été traités comme si nous n'avions aucune condition aucun savoir et nous devions montrer le fruit de tout notre travail aux travers des tests d'aptitudes physiques, magiques et intellectuels, constituant la dernière étape dans le processus de sélection des prochaines Recrues. Nous savions que les refus étaient rarissimes, mais on ne pouvait s'empêcher d'être anxieux. Je n'étais pas à l'aise moi-même. ​En suivant les cours et les entraînements, nous avons été mis dans de bonnes conditions pour les étapes à venir, savoir si nous nous engagions dans la bonne voie.

En clair, mettre toutes les chances de notre côté pour réussir ce que l'on appelait le Test des Preux. C'est à la suite de ce dernier que nous serons répartit dans l'une ou l'autre des cohortes de la Compagnie : celle qui sera amenée à nous voir évoluée est choisie selon ce que nous dévoilerions, celles où nos compétences s'amélioreraient vers l'excellence. À ce stade, je n'avais aucune préférence. J'irai où on aurait besoin de moi. Il y avait de nombreuses épreuves, celles qui se concentraient sur nos habilités physiques analysaient l'endurance au travers d'un parcours d'obstacles, au sol et aérien, ainsi que notre capacité musculaire générale, dans une une série de pompes en position rectiligne, où la poitrine touchait le sol et où nous devions élevé les mains entre chaque séries. On avait aussi une course à pieds, la démonstration de nos capacités techniques au combat rapproché ou avec un équipement ... Et les épreuves écrites. J'avais la vague impression que ce serait interminable et, pourtant, les heures passaient à une vitesse affolante.

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Je ne savais dire comment je me sentais dans l'attende des résultats. J'étais loin d'être calme, mon coeur tambourinant contre ma poitrine de manière désordonné. J'étais assis sur un banc de bois, la tête apposé contre le mur derrière moi. L'ambiance était presque religieuse, le silence dominait, entre deux explosions de joie pour un camarade ayant réussis ses évaluations. Anzass était ressortie avec un sourire enchanté aux lèvres, elle devait être de loin la seule à ne pas douter de sa réussite. J'étais vraiment content pour elle, avec son humeur éclatante, elle ferait la différence dans son unité ... si nous n'étions pas dans la même ? Personne ne savait, à ce stade. On s'en moquait un peu, car, même s'il n'y avait eu aucun recalé, nous ...

— Aspirant Katzuta.
— Oui !

Dans un sursaut, je me redressais de mon siège. J'avais l'impression de réagir plus vite ces derniers temps, dès que l'on m'appelait. Suivant le militaire vers une salle attenante, j'y trouvais trois personnes assises en plus de ce dernier, que je saluaient respectueusement. Je les connaissais tous, bien entendu, mais sous leurs regards unis, j'avais l'impression d'être un criminel dans l'attende de son jugement, ne sachant à quelle sauce il allait être broyé.

— Aspirant Katzuta, avant de vous remettre vos résultats, nous n'avons qu'une seule et dernière question. Que représente l'uniforme pour vous ?

Je clignais des yeux, assez surprit. Je présumais que mes compagnons avaient également eu à y répondre. J'essayais de voir la situation comme un entretien d'embauche, ma dernière chance de partir en courant, également, puisqu'après ce moment, si j'étais choisi, ma vie serait liée à la Compagnie. Je pris une légère inspiration. La réponse était si ... évidente.

— Ce n'est pas seulement un simple morceau de tissu que l'on revêt. Il représente énormément de valeurs personnelles, mais également nos anciens, nos aînés, ceux qui ont montré la Voie. Ils représentent aussi l'engagement que nous faisons envers la Patrie et les peuples que nous avons jurés de défendre.

Même en cet instant, il ne pouvait mettre Mancinia de côté. Les Anges étaient les Gardiens des Enfants de Sympan, personne ne nierait cette évidence.

— Cette réponse vous convient-elle, chers collègues ?

Je sentais le noeud se détendre devant leur acquiescement, la pression retombait progressivement devant les quelques sourires qui se dessinaient devant moi.

— Aspirant Katzuta, toutes nos félicitations, vous êtes désormais une Recrue de la Compagnie de Yüerell.
— Merci, messieurs ! dis-je en les saluant.

J'avais énormément de bonheur dans mon corps, mais j'étais sans doute encore assommée sous l'annonce pour pleinement l'exprimer en ressortant de la salle. J'étais ravi de l'annoncer fièrement, moi aussi, avant d'encourager Chÿsam, qui n'en pouvait plus d'attendre, sans rien lui dire de plus, pour rejoindre Anzass. Je savais que nous serions tous pris, curieusement que ma sentence était tombée.

Ce soir, ce serait notre dernière soirée comme Aspirants.

Nous avions l'intention de bien la célébrer.

Post IX - 825 mots
Inktober - Jour IX - Pression

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La Liste de nos Cauchemars

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C'était une cérémonie se voulant assez courte comparativement à celle qui nous attendrait si nous réussissions notre instruction, mais elle avait de quoi nous rendre extrêmement fiers. Moi, en tout cas, je l'étais. L'Imperator, accompagné des Imperio et des Capitaines de la Compagnie, étaient apparus devant nous en partageant un discours vibrant sur notre volonté admirable. Je me demandais parfois où ils allaient chercher tous ces nouveaux textes, si toutefois, ils en changeaient véritablement. Un à un, nous étions appelés pour connaître notre unité d'affection, tout en recevant notre tout première arme et de se voir désigner la personne qui serait en charge de notre instruction. J'avais vu Anzass recevoir avec un sourire jusqu'aux oreilles son affectation, intérieurement, c'était celle qu'elle espérait le plus, où ses talents seraient les plus à même de se renforcer tout en servant notre Nation. Quand mon tour vint, je faisais comme tous mes camarades me précédant, en me dirigeant, toujours droit, vers l'estrade et de saluer mes supérieurs. C'était vraiment intimidant. Je me sentais totalement dérouté de sentir tous ses regards sur moi ... Je n'étais décidément pas très à l'aise, même si, heureusement pour moi, cela ne se reproduirait que rarement dans ma vie.

— Aspirant Katzuta, vous serez intégré au sein de Boadicēa. Toutes nos félicitations.

Je vois ... Boadicēa. C'est vrai que l'on avait souligné mes capacités physiques, au détriment de ma Magie, qui demeurait mon point faible. Je n'estimais pas en avoir besoin, en l'état, pour être aussi bon que n'importe qui. Sans doute était-ce une erreur.

— Merci, monsieur !

Je m'inclinais en avant tout en prenant l'épée entre mes deux paumes relevées vers les cieux, à hauteur de mon visage, avant de me redresser et de l'observer du coin de l'oeil ce fourreau brillant. Les artisans étaient époustouflants.

— Vous serez également sous la supervision d'Akin Kosmidis, un de nos Soldats vétérans.
— Merci de prendre soin de moi ! dis-je en le saluant.

Ce dernier me répondit d'un signe de tête après s'être avancé, sortant du rang pour me montrer qui il était, avant de revenir en arrière et de se remettre en position. Il s'agissait d'un Ange aux cheveux noirs mi longs et bouclés, dont le regard chocolat se mélangeait avec sa peau noir. Il qui me rappelait curieusement un Humain.

Ah.

Je descendais des marches.

Mancinia.

J'aurai aimé qu'elle soit au courant de cette réussite, mais ce n'était pas le cas. Elle me manquait, mais je n'osais toujours pas reprendre contact. Elle non plus ne l'avait pas fait. Combien de temps ce manège durerait-il ? Je m'interrogeais tout du long, écoutant distraitement les affectations de mes plus proches amis. Je souris en découvrant qu'Ace et Chÿsam resteraient avec moi. Au terme de cette cérémonie, nous récitions le Serment de l'Honneur, tous ensemble, dans une même volonté d'unité. C'était sous Orin Ti Ireti, par contre, que je pris pleinement conscience d'une chose.

Je n'étais plus un Aspirant.

J'étais une Recrue.

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— Neah.
— Oui, monsieur ?

Je m'étais redressé presque instantanément de derrière les caisses que nous devions ranger. Cela aurait dû me prendre plus de temps, étant donné que mon superviseur avait été appelé par le Capitaine pour une réunion et que j'avais dû faire ce travail seul, mais je m'en étais assez bien sorti. C'en était presque satisfaisant.

— Tu devrais arrêtez de m'appeler Monsieur, soupira-t-il, marquant une courte pause, avant de reprendre avec un sourire. Appelle-moi Akin.
— Mais ...

Je le savais habitué à ce genre de réactions, cela se voyait dans son regard, mais aussi parce que je devais être sa vingtième Recrue. Pourtant, il avait choisi de gommer ces formes de politesse dans ses enseignements, si le devoir ne l'exigeait pas.

— Je sais que c'est assez déroutant vu que tu as appris le respect de la hiérarchie ces derniers mois, mais quand tu cesseras d'être une Recrue, tu deviendras mon collègue et ne pourras plus m'appeler Monsieur, parce que ça sera vraiment trop bizarre, tu ne crois pas ?
— À moins que je ne réussisse pas, souris-je.
— Ce sera donc toujours Akin si tu te fais virer.
— Très bien, d'accord ... Akin.
— Bien, dit-il en acquiesçant devant ce petit succès. Maintenant, je vais te crier dessus parce que tu as remis en cause mon enseignement en pensant que tu allais échouer.
— Mais ...

Je ne disais rien de plus. Ce n'était pas la peine de protester.

— Tu es si sérieux, Neah, répliqua-t-il en posant ses mains sur ses hanches. Je sais que tu ne pensais pas à mal, c'est bien de toujours vouloir faire de son mieux, tu en auras donc l'occasion ! Puisqu'on a du travail en dehors de la Caserne, dès demain !

Je l'écoutais attentivement, maintenant que l'incident était clos.

— Tu as entendu les rumeurs concernant les événements se déroulant au niveau des montagnes, à l'est ?
— Oui, acquiesçai-je.

Il était délicat de ne pas les entendre, vu que tout le monde en parlait ! Il y avait une sorte de magnétisme qui attirait les Anges, par là-bas. Certains en étaient revenus secoué en prétendant avoir vu un être, charismatique et puissant, qui les avaient encouragés à rependre la Parole des Aetheri. Certainement un Prêtre. De qui ? Personne ne le savait. C'était autant un problème que personne ne savait son identité ! En dehors de cet état intriguant dans lequel ils revenaient, autant dire que les actions de se type passaient mal et la situation ne pouvait demeurer ainsi.

— Nous irons à plusieurs équipes, de plusieurs cohortes, pour enquêter sur la situation et voir ce qu'il en est. Nous aurons une réunion demain matin, avant le départ, alors soit à l'heure.
— N'est-ce pas un problème que j'en sois ?
— Ce n'est qu'une mission d'observation et nos équipes militaires sont occupées un peu partout. Si nous devons agir, nous appellerons des renforts. On s'est dit que ce serait bien, une mission sur le terrain, pour vous.

C'était donc le but de leur réunion ...

— Tu as besoin de moi pour terminer ton travail ? demanda-t-il en regardant les alentours.
— Non, merci. Il me reste juste à terminer l'inventaire !

Akin clignait des yeux.

— Tu as déplacé tout ça si vite.

Il l'avait dit sur un ton impressionné, mais je ne voyais pas pourquoi il l'était. À choisir, j'étais vraiment dans mon élément ici. Je faisais peut-être des petites tâches ingrates, difficiles et embêtantes, mais je me sentais, surtout, utile ...

Post X - 1065 mots
Inktober - Jour X - Choisir

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La Liste de nos Cauchemars

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J'étais retourné dans ma chambre, préparant mon paquetage concernant la mission qui nous attendait. J'avais été convié à la réunion de ce matin, en compagnie d'Akin et d'autres paires, regroupant Soldats et Recrues, dont certains membres avaient été formé avec moi, mais avait été réparti dans d'autres branches de la Compagnie. Ça me faisait vraiment étrange, pour le coup, de devoir partir en mission, ma première au sein de mon unité, mais cela allait devenir la normalité. Dans ce climat assez tendu, où les combattants des Aetheri se dressaient contre ceux de l'Unique, ainsi que la situation chaotique des Terres du Yin et du Yang, les milices angéliques allaient se répartir les tâches, entre la défense de l'île, l'évacuation du Continent du Matin Calme et l'aide aux populations victimes des fléaux naturels. Pour l'heure, on nous avait présenté la situation, regroupant dans un dossier tous les témoignages qui avaient été réalisés concernant cette vision des montagnes, prévenant de l'arrivée du Chaos et du devoir de servitude des Anges envers les Aetheri.

C'était vraiment curieux, car les hypnotisés avaient été aimanté vers l'endroit, relativement dangereux, sans en subir les conséquences. J'avais deux heures, avant le départ, pour me préparer et avaler quelque chose. Akin m'avait conseillé de prendre quelque chose de solide, plutôt que ma soupe habituelle, car mon énergie serait rapidement amoindrie dans les hauteurs. Je n'avais pas à me plaindre qu'il surveillait tout, ses conseils m'étaient précieux. J'ajustais ma bure, enfilant mon manteau de fourrure blanc et vérifiait, une ultime fois, que ma tenue était en ordre avant de rejoindre Akin. Je ne savais pas ce qui nous attendait, je m'étais dit que cette aventure ne serait pas comme les autres. À cet instant, j'ignorai qu'elle allait changer ma vie.

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Au loin de la Citadelle, par delà son éclat illuminant la région, trônait de magnifiques murailles de poudre claire. Nous devions aller au-dessus des falaises abruptes, constamment enneigées. Un coin que je ne verrais pas souvent, malgré le vol que nous effectuons aux abords de ces merveilles. Au milieu de l'ascension, nous avions un froid mordant qui m'aurait gelé la peau sans des vêtements adaptés et une pierre de chaleur que l'on portait au niveau du buste, ce qui n'empêchait pas l'engourdissement des muscles si nous étions trop statiques dans les hauteurs. Comment faisait les Humains, à gravir ces monts à pieds ? Mancinia devait avoir du mal à traverser, ou ... contournait-elle ? Ça devait lui demander un temps de dingue. Si je deviens plus fort, je pourrais ... la prendre dans mes bras pour ... ? Mais à quoi je pensais, putain ! Je comprenais de plus en plus mes sentiments à son égard, mais je ne voulais pas y penser. Je m'entraînais et c'était tout. Je voulais savoir comment elle allait, mais c'était le Lien qui le voulait , rien à voir avec de l'Amour ! Je ... Est-ce que je l'aimais ? N'était-ce pas idiot d'aimer si rapidement une femme que vous connaissiez si peu ?

— Tu as l'esprit occupé ces derniers temps, tu veux en parler ?
— Oh, je ...

Je marquais une pause, suspendant ma cuillère au-dessus de mon bol de soupe, regroupant quelques morceaux de pommes de terre. Rien ne lui échappait, est-ce que je pouvais lui demander ? Lui dire ? Prenant une légère inspiration, je prenais mon courage à deux mains.

— Je suis un Gardien, mais tu dois déjà le savoir, juste que mon Lien ...
— C'est récent de moins d'un an, n'est-ce pas ?

J'acquiesçais. Cette histoire me rendait amer. Je veux dire, ma séparation brutale de Mancinia, quelques jours à peine notre rencontre, notre ... établissement en tant que Paire. Comment ne pas ressentir de l'amertume, des regrets ?

— Tu dois te préparer.
— Comment ça ? demandai-je, étonné.
— Ça va empirer avec le temps.
— Em ... Empirer ?
— Neah, dit Akin en reposant son bol, cherchant les mots à m'adresser. Tu devrais savoir que plus les années passeront, plus ton Lien va devenir omniprésent dans ta vie. Même quand ... c'est quoi son nom déjà ? Mancinia, c'est ça ? Eh bien, même en son absence, ce sera comme si elle était à côté de toi, à chaque instant. Tu ressentiras le moindre de ses troubles, le moindre de ses changements d'humeur. Cela se contrôle, bien entendu, mais cela demande beaucoup de temps ...

Il sourit devant mon air ahuri.

— Si tu trouves que tu penses trop à elle et que ce n'est pas normal, je te rassure, c'est tout à fait normal.
— Je ... On ne s'est pas quitté en bons termes avant mon engagement. Je n'ai pas de nouvelles et je n'ai pas osé la recontacter non plus.
— Laissez-vous le temps.

J'avais besoin de l'entendre. J'avais besoin d'entendre que j'étais sur le bon chemin.

— Du moins, j'espère que cette satanée guerre vous en laissera le temps ...

J'avais Espoir que les temps durs passeraient.

— Il est l'heure de se remettre en route.

Je me redressais, mettant quelques instants à me rendre compte que la pression dans l'air avait changée. Le vent lui-même semblait moins mordant, plus chaleureux. Je clignais des paupières, mais qu'est-ce que c'était ? Quel était cette chose ? Je me retrouvais à quelques pas d'une lumière claire, qui ne m'éblouissait pas. Éloignée, elle semblait au moins être haut de deux fois un homme normal. J'étais béat, ne sachant que dire ou que faire. Est-ce que j'aurai seulement le temps de réagir ? J'ai voulu parler, mais sa voix ne résonna que dans mes tripes et son cerveau avait du mal à exprimer une réponse. Elle était logique. D'un clignant des yeux, le phénomène cessait, laissant la nature reprendre ses droits, suspendus momentanément. Sans attendre. Je retournais vers la plaine, puis vers Akin, qui reprenait ses esprits, dans un monde qui me semblait plus étincelant.

— Neah, tu vas bien ?
— Oui. Vous avez vus ?
— Nous l'avons tous vu ! Je me sens ...
— Apaisé.
— Oui !

Je refermais mon poing devant son visage. Fort d'une détermination nouvelle. C'était désormais à moi de briller.

— Nous rentrons !

J'acquiesçais, déployant mes ailes, avant le départ. Akin s'étranglait de surprise en me regardant.

— Tes ailes !

Post XI - 1030 mots
Inktober - Jour XI - Amer

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La Liste de nos Cauchemars

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J'avais vu l'incompréhension dans ses yeux, sûrement de la crainte aussi. Akin devait avoir le même regard que le mien, car je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je ne ressentais aucune sensation particulière sur mes protubérances naturelles, mais saisi au coeur devant la vive incompréhension de mes camarades, qui me dévisageaient. Je tournais la tête pour m'assurer moi-même de la situation et elles ... mes ailes n'étaient plus blanches ! Enfin, si, elles l'étaient encore, évidemment. Je n'étais pas un de ces abrutis de Déchus, mais le bout de mes plumes était parsemés d'une couleur dorée d'une brillance que la neige était en mesure de refléter. Je ne ressentais aucune lourdeur, aucune douleur ni quoi que ce soit de lié à ce changement. J'étais éberlué, les bougeant en espérant voir cet éclat tomber par un mouvement, mais rien ne se produisit. Une exclamation étouffée attirait ensuite mon attention, une de mes camarades m'avait imité pour voir si elle aussi dénotait quelque chose. Son action l'avait confirmé ; Je n'étais pas le seul dans ce cas. Akin, comme moi-même et le reste de notre équipe semblait comprendre la portée du problème. Cet or, qui était collé à l'embout de nos ailes, était une conséquence de l'apparition de cette mystérieuse ... créature, ou quoi que ce soit, qui avait transfiguré nos plumes immaculées. Nous allions devoir rentrer. Et vite.

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— Est-ce que vous sentez quelque chose de particulier ?
— Je ne sens rien, Docteur, dis-je. Je vous assure que c'est vrai.
— Je ne remets pas en cause vos paroles, Recrue Katzuta, mais nous devons étudier le problème.

J'étais assis sur un tabouret, ailes déployées. Quelques médecins de la Compagnie nous auscultaient, touchant nos ailes, s'assurant qu'on ressentait bien la présence de l'or et non pas d'une illusion : c'est comme si le bout en avait été enduit ! J'avais accepté que l'on me prélève une plume pour voir si cela repoussait de manière similaire, ou si c'était un effet temporaire. Seul le temps nous le dirait. Comme il n'y avait aucune raison de me garder en observation, vu que mon corps et mon esprit allaient bien, le Docteur Thrace prit la décision de me laisser quitter l'Infirmerie.

— Au moindre changement, venez nous voir.
— Bien, Docteur !

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Malgré les jours passants depuis cette mission, qui s'était conclue de manière hors-norme, il n'y avait rien eu d'alarmant. La Compagnie avait investigué plus en profondeur et nous avions pu constater des effets similaires chez tout ceux qui avaient été en contact avec cet éclat de lumière, ce qui n'avait pas été retranscris dans le rapport, puisque personne n'y avait prêté attention. Par sécurité, les autorités avaient émises un arrêt interdisant aux civils de s'approcher de la montagne, mais nous-mêmes n'avions pas le droit d'y aller, le temps que les choses s'apaisent. Que l'on sache la vérité ... si on la découvrait un jour. Je n'étais pas inquiet, pour ma part. Je n'avais rien noté de douloureux à mon état, ni de nouvelles envies complètement folles, de manière à vouloir servir les Aetheri de manière absurde.

— Neah, tu es libre ?

Je considérais un instant Akin qui se tenait dans l'encadrement de la porte de la salle de repos, attendant ma réponse avec un léger sourire sur le visage.

— Oui, bien sûr, dis-je en relevant la tête de mon assiette.
— J'ai une bonne nouvelle, poursuivit-il en venant s'asseoir devant moi. Tu vas être envoyé à Utopia.

Mon coeur s'était soudainement mis à battre plus vite, pulsant l'inquiétude au travers de mes veines.

— Tu n'as pas à t'inquiéter, cela ne concerne pas vraiment la guerre, me rassura-t-il. Les Humains nous ont demandé de l'aide concernant un événement qui se tiendra dans leur Capitale, le Bal d'Encens.
— Je ... C'est quoi ?
— Une célébration en l'honneur des Aetheri, mais qui alimentera la création des couples au sein de leur Cité.

Je comprenais plus ou moins l'idée.

— Ce sera la Matasif Leenhardt qui se chargera de la défense du lieu, tu la connais, n'est-ce pas ?

Son sourire s'élargit autant que mes yeux s'agrandirent. Je restais muet, la bouche entrouverte.

— Tu as dit que tu avais envie de la revoir, de discuter. Ce sera une opportunité, à toi de voir si tu la saisi ou non.
— Akin, je ...
— Ne me remercie, c'est naturel. Je dois te guider au quotidien et si je peux te permettre d'y voir clair avec tes sentiments ...
— Je ne suis pas amoureux de Mancinia.

J'avais l'impression que mes paroles ne contenaient aucune conviction. J'avais l'impression de la renier. Je voyais bien au regard d'Akin qu'il ne me croyait pas, mais c'était la vérité.

— Tu as des sentiments pour elle, même si ce n'est pas de l'amour. Tu peux simplement la voir comme une amie, ou autre chose, si tu veux ... mais ce que tu ressens est la même chose qu'elle ressens.

Il prit une de mes mains dans les siennes.

— Ne perdez pas de temps à attendre que l'autre agisse. Fais-le. Ce Lien vous appartient, Neah, il n'y a que vous qui pouvez vous comprendre ...

Post XII - 847 mots
Inktober - Jour XII - Collé

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La Liste de nos Cauchemars

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Je savais que nous manquions d'hommes, mais m'envoyer en compagnie d'autres Recrues sur ce territoire était un peu ... Qu'est-ce ce que je racontais avec mon sourire jusqu'aux oreilles ? Je n'étais pas crédible, autant dire que tout mon apprentissage semblait avoir été balancé aux oubliettes rien qu'à l'idée de la revoir. De revoir Mancinia. C'était sûr que ce serait le cas, vu qu'elle était une membre organisatrice de ce Bal d'Encens, dont la charge de la sécurité, sous la supervision d'autres membres de l'Armée des Humains, lui avait été remise. J'imagine qu'il était de bon ton d'exhiber une combattante qui n'avait pas complètement plié sous les volontés de son Roi et qui s'était illustré à l'étranger, encore que ces considérations ne m'intéressaient pas. Nous avions eu une brève réunion, avec un Capitaine, mais mon Humaine n'était pas présente. Je n'avais pas osé sortir de l'endroit où nous étions pour quelques nuits, à sa recherche, même si j'en avais le droit, même si je savais où elle était ...

Notre présence en ce lieu, en cet après-midi particulière, était avant tout en raison de notre alliance ancestrale, même si l'Apakan se serait pas présent, ayant une charge plus que conséquente. On essayait néanmoins de sauvegarder les apparences en cette période troublé de conflits, où la guerre s'enclenchait entre plusieurs races. Je ne m'étais pas attendu à voir l'Impératrice de la Nuit au sein de la Capitale du Désert, mais l'événement se déroulait de manière à ce qu'elle n'en soit pas troublée et Yulenka ne semblait avoir cure de l'Antimagie des Enfants de Sympan. Un moyen de rappeler qu'elle restait l'une des Souveraines les plus craintes de sa génération. Quelques membres alliés avaient aussi fait le déplacement, comme le Titan, Cocoon Sforza, ou les représentants Réprouvés, Sherry Shinee et Wrath Taiji, qui accompagnait leur Reine, Erza Taiji, en compagnie du Daedalus, Eerah Von Dreth. Le Roi des Humains, membre éminant de l'événement, venait au bras de sa dernière compagne, Nausicäa. Celle qui ne semblait ne pas avoir de nom prestigieux pour prétendre être à cette place, mais visiblement, tout le monde semblait plus intriguée par sa personne que par ce dernier. Qui était-elle ? Était-elle la prochaine épouse du monarque ? J'écoutais les conversations à la volée, dans mon coin, mais elles ne m'atteignaient pas. Je la voyais. Je voulais aller lui parler, en dehors de notre devoir, à coeur ouvert.

Je ne pouvais pas, mais je ne savais pas non plus si elle m'accorderait un regard après cet événement. Nous n'allions pas nous ignorer toute notre vie, pas vrai ? L'Humaine devait aussi ressentir ce manque, se soulagement d'être avec l'autre après des mois. Mancinia, regarde-moi. À la longue, elle me regarderait, car cette volonté glissait, inexorablement, vers son coeur. Pourtant, l'attende devenait insupportable, me concernant. Je l'abordais, tranquillement, la laissant conserver son masque de neutralité malgré l'offense dont elle venait d'être victime, mais son hésitation quant elle me déclare avoir quelque chose à me dire me surprit, me laissant aussi plein d'espoir. Je devais assurer, ici, mais je n'avais plus eu que ça en tête. Je ne sais pas combien de secondes se sont écoulées, avant que l'on vienne me voir. Je me rappelais de leurs noms, parce qu'ils m'avaient marqués de leur ressemblance saisissante. C'était Isiode et Isley. Qui était l'un et qui était l'autre ? Je n'en savais rien. Je pouvais seulement constater qu'ils s'entendaient bien, se taquinant mutuellement. Je me demande la tête que je tirais quand l'un m'a demandé si je la connaissais. Oui, aucune chance que je sache faire la différence entre des Jumeaux, je devais usé de stratagèmes. Je ne quittais pas Mancinia des yeux, curieusement. Je déclarais être son Gardien et, une chose était certaine, j'en étais vraiment fier. Invitée sur l'estrade, elle s'adonnait à une danse des siens avec une aisance détonante. J'étais ... subjugué par sa prestance, sa beauté. Les Humains étaient le peuple de la danse, je ... J'ai chaud.

Merde.

J'y crois pas.

Non.

Je ne pouvais pas être ... Non ?

Je voulais être innocent et croire que c'était la chaleur de nos retrouvailles qui me mettaient dans cet état, mais j'étais loin de l'être malgré ma volonté d'être sincère. Je me rendais compte que j'avais envie d'être cet homme qui l'accompagnait, de danser avec une telle proximité. C'était normal n'est-ce pas ? Pourquoi était-ce si triste de le voir comme un éloignement ? Ce n'était pas comme si elle m'appartenait. J'étais ridicule. Reprend-toi, Neah. Je n'étais pourtant pas le plus piètre idiot. Entre le Daedalus et de la Dovakhiin, je repensais aux propos de Gilgamesh, répété inlassablement à l'encontre des Déchus et des Réprouvés ; l'Union du Ridicule. Je n'avais pas un très bon avis sur eux, mais cela ne risquait pas de changer et pourtant ... il changea très rapidement, plongeant vers les abîmes. L'un d'entre eux s'était dirigé vers ma précieuse Protégée et ne la traitait pas en bien. Je le savais, ça me mettait quelque peu en rogne. Je serrais le poing, mais ce n'était pas la peine que j'intervienne. Mancinia était meilleure que moi et n'avait pas besoin de mon aide, peu importe les remontrances qui parvenaient à mes oreilles. Une chose était certaine, dès cet instant, les Ailes Noires ne valaient plus rien à mes yeux. J'avais envie de les voir disparaître ... Qu'est-ce qu'elle fait ? Pourquoi son visage était coller au-dessus du mien ? Ce n'était pas la peine de te moquer de moi devant mes collègues, tout de même. Idiote. Je lui avait bêtement dit que je l'aimais, mais avec une légèreté relative. Ni elle ni moi n'avions compris exactement pourquoi l'on se parlait ainsi.

Aaah, elle m'aimait, comme une Protégée aimait son Gardien, n'est-ce pas ?

Je regardais vers le haut, distinguant la charpente boisée soutenant la toiture de l'établissement. Ils étaient véritablement doués dans la construction. Oui, c'était ça. Mancinia et moi devions construire notre relation, à l'image de nos peuples. Peut-être que ce serait ce soir, que nous commencerions.

Post XIII - 1000 mots
Inktober - Jour XIII - Toiture
Merci I&I

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La Liste de nos Cauchemars

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Je ne savais pas vraiment la raison, sûrement mon inaction, mais comment comprendre ce que Mancinia et moi savions l'un de l'autre, même sommairement ? Je crois que mon collègue dans cet aventure s'était mis en colère en raison de cela, mais nous ne partagions simplement pas le même point de vue. Je devais protéger Mancinia, certes, mais elle avait son caractère et je craignais bien plus que de devoir castrer une Aile Noire si j'intervenais. Nous aurions été deux dans un sale état. Si l'idée prêtait à sourire, je n'avais pas envie de tenter cette expérience douloureuse. Pourquoi ce soudain éclatement ? Cette question demeurait quelques minutes en suspens, avant que l'on vienne nous avertir que des Démons prenaient d'assaut une caravane au milieu du Désert. Je devais partir. Je cherchais des yeux Mancinia, nos regards se croisèrent. Curieusement, nous n'avions pas besoin de mot, en cet instant. Je n'avais pas besoin de savoir, mais l'on vint me donner une explication, pour que nous partions l'esprit apaiser. Ce frère venait de me confier la chose que je ne pouvais suspecter. Isley avait perdu sa Protégée ... Je n'osais imaginer la souffrance qu'il avait dû éprouver, ce qu'il éprouvait maintenant. Je n'avais plus rien dit, il n'y avait aucun problème et nous étions partis affronter les Vils qui malmenaient ceux que nous devions protégés. Je ne savais pas pourquoi, mais en cet instant, quand je les vis, ils me paraissaient moins impressionnants.

Ces combats me paraissaient moins complexes, moins épuisants, moins douloureux et ce, même si j'avais failli mourir au moins trois fois, avant que nous n'en sortions vainqueurs, ayant mis en déroute les assaillants. Ces moins d'entraînements et de travail n'étaient pas vains, j'en voyais les retombées en ce moment même. J'étais galvanisé, épuisé, mais très satisfait. Nous étions retourner au Bal d'Encens, compléter ce pourquoi nous étions venus. Peu à peu, la nuit s'engageait et nous étions libérer de nos charges, remplacés par une autre équipe. Je n'avais pas revus les Jumeaux après ça. Tant pis, mais j'avais tellement plus urgent, que mes pas et mon coeur, notre Lien, me conduisaient vers elle. Vers Mancinia. Déchargée de ses propres obligations, elle m'invitait à la suivre pour que nous ayons notre conversation tant attendue. Nous empruntions une chambre de l'endroit principal, destinée à l'intimité des couples nouvelles créer, pour se reposer, se restaurer ou ... plus, peut-être. Je savais, même en me mettant des oeillères, que certains étaient venus uniquement pour cette raison. Malgré l'idée d'intimité et de gêne que cela aurait du me procurer d'être seul dans une chambre avec un unique lit en sa compagnie, rien n'y fit. J'étais bien, ici, en sa présence. Ses sourires, sa voix et ses traits tirés. C'était bien elle, ma ravissante Protégée. Au lieu de nouer ses cheveux avec cette lanière, j'avais noué ses mains entre nous. Je ne voulais plus qu'elle m'échappe. Je ne voulais plus qu'on se dispute.

Elle était désolée, je l'étais aussi.

Mon Humaine se blottissait contre moi, l'ambiance et la fatigue s'amusant de nos sens. Je la serrais dans mes bras, observant la boiserie au-dessus de nos têtes. C'était confus dans ma caboche. Est-ce que tu ressens la même chose que moi, Mancinia ? En vérité, je n'ai pas besoin de mots pour savoir. Je n'en connais seulement pas le véritable sens de mes sentiments. Je me voilait sans doute la face, mais ...

En devenant un Gardien, je n'avais pas coché la case de tomber amoureux.

Pourtant, mon admiration et mon attirance pour toi ne sont que les prémices de ce qui nous attendait.

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Akin avait raison, cela avait empiré.

Auparavant, mes inquiétudes étaient portées sur ses réactions éventuelles quant à ma volonté de de me rapprocher, de mon engagement et de notre avenir commun, que nous le voulions ou non, mais maintenant, en plus de l'avoir continuellement dans l'esprit, c'était tout une nouvelle facette de notre Lien qui s'était révélée. Nous nous étions mutuellement pardonner nos erreurs et nous avons choisi de nous soutenir, l'un et l'autre, dans nos réussites, comme dans nos échecs. J'appréciais cela. Je ne voyais pas autrement quant au vécu de cette amitié sincère. ​Si Mancinia avait été surprise de me découvrir comme Recrue de la Compagnie de Yüerell, elle n'avait émis aucune protestation, ou volonté de me voir la quitter. J'avais vraiment envie de la protéger, mais ce que je faisais me plaisait. Je pouvais combiner mon devoir envers mon peuple et envers elle. Je souriais en m'assurant que mon arme soit impeccable, depuis mon retour, Chÿsam se contentait de sourire poliment en me voyant dans cet état. Il avait vent des rumeurs sur les Gardiens et leurs Protégés, mais il savait surtout que nous nous étions réconciliés et me laissait dans cet état de béatitude, à mon grand plaisir. Soudain, l'atmosphère paisible de la chambre fût coupé par l'ouverture de la porte d'entrée, qui nous surprit. Ce n'était pas du tout courant !

— Neah.

Passé l'hébétement, je me redressais. Akin était très sérieux.

— Toi aussi, Chÿsam. Venez.

Moi et mon frère d'armes nous regardions, encore plus incompris dans notre situation de détresse quant à comprendre ce qu'il se passait. Nous le suivions, mais ...

— Akin, qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi cette agitation ?

Je le voyais, désormais, au dehors de ma chambre. Il s'arrêtait au milieu du couloir, je voyais ses épaules s'affaisser, comme s'il se résignait, avant de se retourner vers nous, l'air dur et désolé.

— Nous sommes mobilisés. Tous.

Post XIV - 915 mots
Inktober - Jour XIV - Cocher
Merci I&I

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La Liste de nos Cauchemars

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J'avais été mobilisé. C'était assez surprenant, puisqu'une telle chose n'arrivait jamais lors de la formation des Recrues, mais nous étions dans des circonstances qui ne nous permettaient pas le loisir de demeurer en retrait. La Guerre des Dieux avait pris une ampleur inégalée, entre les sévices de la Dévoreuse, l'assaut des Masques d'Or et les conflits éclatant aux quatre coins des continents, les races se repliaient sur elle-même, permettant au Mal de gagner en puissance. Comment les Démons n'allaient-ils pas se jeter dans la mêlée de ce prodigieux Chaos ? J'avais bien compris, durant la réunion, avec une main glacée sur la poitrine, que l'Armée Démoniaque marchait sur le Continent Naturel. Mancinia, les Humains, ils se trouvaient au nord de ce dernier, mais celle-ci progressait depuis le sud, visant les Terres du Lac Bleu, un territoire des Mages Blancs. L'Impératrice Blanche, Edwina Nilsson et le Daedelus, Eerah Von Dreth, avaient prit des mesures préventives, mais par mesure de sécurité, nous allons être déployé sur place. Pour s'assurer que personne ne leur reproche quoi que ce soit, la Compagnie de Yüerell avait seulement voulu ceux et celles qui seraient volontaires sur le terrain. J'avais accepté. Tout Démon dont j'aurai la peau pourrait protéger un innocent. Tout Démon qui girait sous ma lame serait une menace de moins pour Mancinia. Ce n'était pas parce que j'étais à l'abri, au coeur de la Citadelle, que des vies n'étaient pas détruites à l'extérieur de notre île. Je le savais.

Je ne voulais pas les abandonner à leur sort.

J'avais vu le visage blême de mon père, il s'était appuyé sur la chaise devant lui, encaissant la nouvelle de me voir partir combattre. Ma mère s'était mise à pleurer, presque spontanément, clamant dans sa Colère que je n'avais rien à faire sur le front. Mon coeur de fils comprenait, malgré leurs propos durs ... Je ne voulais pas prendre le risque de les perdre, moi non plus, alors qu'est-ce que ce devait être pour eux. Je me sentais vraiment comme un enfant ingrat de leur causer une telle peine, mais j'étais résolu.

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L'Armée Démoniaque s'était heurté à la ruse des deux monarques, évitant aux Magiciens de lourdes pertes civiles. Néanmoins, nous avions vu nos craintes se réaliser ; cette masse grouillante s'était scindée en deux, l'une visant la sérénité des Terres d'Émeraude, tandis que l'autre était désireuse de traverser l'Edelweiss Enneigée pour atteindre Earudien, la Capitale des Elfes. Les Déchus et les Magiciens avaient convenus de protéger les cols, alors l'Apakan avait décidé que nous irions à l'ouest. Nous nous déplacions nous-mêmes, jusqu'au point d'accrochage : cet heurt violent aurait lieu au-dessus de Stenfek. Nous risquions d'ailleurs de croiser le fer sur deux fronts, en combattant les Vils de l'un et les Bipolaires de l'autre. S'ils ne tentaient rien à notre encontre, nous avions ordre de ne leur causer aucun mal, mais je savais qu'ils ne resteraient pas tranquilles. C'était vraiment un moment important pour moi, qui n'était pas encore Soldat, surtout qu'il n'y avait pas que nos troupes, mais également quelques Humains et autres milices militaires. J'exhalais presque d'impatience, dans mon coin, dans l'attende de la bataille. Je savais que ce n'était pas quelque chose de joyeux et que j'allais certainement souffrir tout du long, peut-être même mourir. Je n'en savais rien, j'étais tout simplement ... insouciant.

S'il y avait bien une chose que maîtrisait les Démons, c'était l'Enfer.

Au coeur du brasier, mon corps entier était tendu et n'en pouvait plus. Je savais aussi que m'arrêter, c'était mourir. Je devais me sortir de là, maintenant que j'avais été séparé de mon groupe dans la cohue qui avait suivi les combats au sol. Là, je venais de tuer un Réprouvé et, bien que je n'aimasse pas leur race, cela m'avait retourner l'estomac. Un Démon, je m'en moquais, je m'y étais habituée depuis leurs assauts sur la Citadelle et Utopia, mais cet homme-là, il défendait les siens, il avait prit les armes pour sa ville, celle qui se consumait tout autour de moi dans un incendie aussi violent qu'inépuisable. Et puis, soudain, une sorte de mur, c'était ... Isley ? Ou Isiode ? Je crois qu'en cet instant, j'en avais rien à foutre. Je le connaissais, c'est tout. C'était un Ange, mais ce dernier semblait complètement perdu. Choqué. J'hésitais à lui en coller une pour le réveiller, mais je n'allais pas l'amocher plus que nous l'étions déjà, tout les deux. Il n'était pas avec son Jumeau, est-ce qu'il était ... ? Non, ce n'était pas le moment de me poser ce genre de questions. On comptabiliserait les pertes plus tard. Je posais la main sur son épaule, même si ça me faisait un mal de chien, tant il était plus grand que moi et puis, cette pluie noire commençait à m'agacer. J'avais l'impression que c'était un mélange de sang, de suie et de magie noire. J'étais encore bombé à l'adrénaline.

À ce moment précis, nous entendions des bruits de gravats et, dans un effort surhumain, l'autre sorti des décombres. J'étais rester coi, moi aussi. Par les Aetheri, c'est un miracle dans ce bordel sans nom. Nous étions partis l'aider, mais l'autre n'était pas remis. Un blessé, un choqué. Je ne pouvais pas les laisser là, alors je les guidais vers le centre médical que nous avions établis à la hâte. J'étais complètement mort, mais ... Je devais y retourner. Je le devais. Une doctoresse eu tôt fait de me ramener à l'ordre. Nous étions surpassés, nous devions nous en aller, ordre du Souverain. Le bouclier qu'il avait établis dans le périmètre était en train de céder. Nous devions nous en aller, mais ce ne serait pas sans nous battre. Je reprenais mon fauchard. Je rabattis mon casque devant mon nez. Je craquais mon dos.

C'était reparti.

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Je détaillais mon anatomie, diagnostiquant les ecchymoses marquant ma peau, ainsi que d'autres entailles résultant de cette bataille monstrueuse. J'étais un mélange de terre, de suie, de sueur, de sang et de tout un tas de choses non-identifiées. On nous avais sommés de nous laver au plus vite, car la pluie dans laquelle nous avions trempé n'était pas naturelle. J'étais donc devant une bassine, à serrer les dents et à greloter, tandis que je passais l'eau glacée sur ma peau dénudée, mes muscles brûlants et mes plaies ouvertes. On n'avait pas la loisir de la douche chaude, des vêtements propres ou de l'intimité aussi et, vu notre état, c'était le cadet de nos soucis. J'étais crevé. J'aurais du voir un médecin, mais les blessés graves étaient prioritaires. Je survivrais sans pansements ni pommade. Je voulais simplement m'étendre sur ma couche et m'endormir. Celle-ci était sommaire, tandis que j'étais contre le sol. Rien de très confortable, ni de très chaud, c'était caillouteux, mais je n'en ressentais pas les pointes. J'étais heureux de respirer, d'être en vie. Je pensais brièvement à Mancinia, avant que quelques paroles chuchotées ne me tirassent de mes rêveries.

— Cette bataille était trop dangereuse pour de nouvelles Recrues.
— Nous n'avions pas le choix. Cette expérience valait à elle seule des mois d'entraînements.

Je m'étais endormi.

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Inktober - Jour XV - Casque
Merci I&I