Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez
 

 [Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3853
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 17 Nov 2019, 01:07


L
a vulnérabilité des choses précieuses est belle
parce que la vulnérabilité est une marque d'existence.

La Pesanteur et la grâce, Simone Weil

Partenaire : Solo.
Intrigue/Objectif : Au lendemain des révélations, Priam et Laëth sont troublés. Ils ont besoin d'en discuter, l'un comme l'autre, mais la jeune femme éprouve des difficultés à revenir sur les événements de la soirée.

Le lendemain de ce rp...

La caresse du soleil sur son visage la fit grogner. Elle avait oublié de fermer les volets, la veille au soir. Elle se retourna dans son lit et ramena brutalement la couverture sur ses yeux. Une sorte de couinement s'éleva. Elle ouvrit les paupières. Ce n'était pas elle, ça. Non. « Gnnn, Picassooooo... » Elle agita les jambes, agacée. Elle voulait dormir encore un peu. Le couinement recommença. Le chat était monté sur le lit. Elle se redressa pour écarter l'intrus : « Ah non vire d- AAAAAAAAAAAAH ! » De surprise, elle se projeta en arrière et manqua de tomber du lit - elle se raccrocha in extremis aux draps. Sous sa main, elle n'avait pas senti un pelage soyeux. Plutôt quelque chose de bien plus glissant. Pour cause : ce n'était pas le félin qui lui faisait face, mais une petite pieuvre qui, apparemment, tremblait elle aussi de peur. Elle s'était réfugiée derrière l'oreiller. Plus que réveillée, Laëth la fixa avec étonnement. La porte de la chambre s'ouvrit à la volée sur un Priam visiblement inquiet. « Laëth ? Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? Je t'ai entendue cri- Oh. » Ses iris étaient tombés sur l'animal. « Tu t'es fait un nouvel ami, à ce que je vois. » La jeune femme se tourna vers son frère. « Non mais il m'a fait peur ! Je pensais que c'était Picasso, moi ! » Priam sourit. L'intéressé passa entre ses jambes en roucoulant et bondit sur le lit. Il s'approcha de la créature et s'assit pour le sonder du regard. Les deux Anges observaient la scène, silencieux. Finalement, le chat se détourna et entama sa toilette. La plus jeune regarda son aîné, qui haussa les épaules. « À ce rythme-là, on va pouvoir ouvrir un refuge... » Elle se tourna vers l'octopode. « En plus, t'es pas censé vivre dans l'eau, toi ? » Il, ou elle, leva vers la brune les mêmes yeux qu'un enfant ayant fait une bêtise. L'Ange expira et passa une main sur son visage. À peine remise de ses émotions de la veille, elle devait déjà traverser un nouveau spectre de sentiments. « En tout cas, j'ai préparé le petit-déjeuner. » - « Oh. J'arrive dans cinq minutes. » Il acquiesça et quitta la chambre. Laëth se leva, prit des vêtements et descendit à la salle d'eau pour effectuer un brin de toilette.

Assise devant le miroir, l'Ange peignait ses cheveux, perdue dans ses pensées. Elle interrompit sa gestuelle, et déploya lentement ses ailes. Blanches. Après avoir posé la brosse sur le meuble face à elle, elle tendit la main vers l'un de ses appendices, et en caressa les plumes soyeuses. Un frisson virulent mordit son échine. Ça va aller. Dernière phrase qu'il avait prononcée, comme une promesse ou un mensonge. Elle ferma les yeux et, la tête inclinée, pinça l'arête de son nez entre ses doigts. Elle éprouvait des difficultés à démêler les événements et révélations de cette soirée. Les scènes se rejouaient dans le désordre, et seules quelques sentences percutantes ressortaient du capharnaüm qui régnait en son esprit. Y'a pas de faux Anges et de vrais Anges. Ne sois pas bête et crois en toi, car personne ne le fera pour toi. Je compte sur vous pour faire disparaître le mal. Ces trois-ci tournoyaient au rythme d'émotions et de sentiments mal maîtrisés. Le Voyage. Les mille Anges. Hel'dra. Les Elus. Le tourbillon insensé menaçait de déclencher une migraine. D'un mouvement vif et brutal, la jeune femme se leva. Elle jeta sa serviette sur un tabouret, attrapa sèchement ses habits et les revêtit rapidement, avant de sortir de la pièce d'un pas qu'elle voulait déterminé. Entrant dans la cuisine, elle se dirigea rapidement vers une chaise et s'assit, sans accorder un regard à Priam. Silencieux, il fit glisser vers elle ce qu'il avait préparé. Dix minutes plus tôt, elle aurait dévoré le premier met à sa portée ; désormais, elle fixait l'assiette d'un air las. A l'aide de sa cuillère, elle en racla les bords et le fond. Son ventre crispé et lourd la faisait souffrir : c'était comme si toutes les sensations de la veille cherchaient à refaire surface pour mieux s'exprimer, et se piétinaient les unes les autres. « On va en parler ou tu vas juste faire la gueule toute la journée ? » - « Je fais pas la gueule. » Le ton abrupt criait le contraire. « Hum. » A dire vrai, il aurait aimé qu'elle débutât la discussion. Il ne savait pas par où commencer. De toute évidence, la fin de la soirée avait été éprouvante pour sa cadette. Il aurait voulu qu'elle se confiât, qu'il sût si son inquiétude trouvait un fondement justifié ou non. Dans un bref soupir, il se leva et se détourna. Il attrapa du pain, qu'il trancha en deux parties égales, avant de recouper celles-ci, en travers. S'armant d'un couteau, il étala du beurre sur la mie. Le silence s'éternisa encore, avant qu'il ne se décidât à dire : « C'est bien, pour les mille Anges de la Terre Blanche. » - « Oui. » A nouveau, le vide. Laëth renifla doucement et se motiva à avaler une bouchée de son repas, avant de reposer sa cuillère. Sa bouche était pâteuse, et la portion qui tomba dans son estomac lui donna l'impression d'avoir avalé un roc. Son aîné, de dos, poursuivait la préparation de son sandwich. Il allait sûrement partir s'occuper de ses bêtes et ne pas rentrer pour le repas du midi. Elle devait s'entraîner avec Jenna. Y aller le ventre vide lui semblait être l'une des pires idées possibles ; elle tenta donc, une nouvelle fois, de manger. De son côté, Priam se demandait quand elle allait exploser et admettre ce qui la perturbait. Il avait en réserve de nombreuses phrases pour la faire parler, mais il était persuadé que ce n'était pas la bonne méthode. Ce qui était dommage, parce qu'il aurait adoré voir son visage se transformer en entendant : alors comme ça, on fricote avec le Baron Paiberym ? Tu as réussi à lui faire oublier l'Ultimage ? Elle lui aurait certainement lancé son assiette à la figure, cela dit. « Il est où, le poulpe ? » - « Je lui ai arrangé un coin dans le salon. » Elle acquiesça. Son frère était doué avec les animaux : elle ne doutait pas qu'il avait aménagé quelque chose de bien pour leur nouveau compagnon. Elle se pencherait sur son cas plus tard. Lorsqu'il se tourna vers elle, ses deux morceaux de pain bien serrés autour de sa tranche de viande, elle se redressa, jusqu'à quitter sa chaise. « On se voit ce soir. Je vais m'entraîner. » Sans lui laisser le temps de protester, elle sortit de la maison. Picasso poussa un miaulement et bondit du canapé pour se lancer à sa suite.

L'avantage des efforts physiques était conséquent. Ils permettaient de se concentrer sur autre chose et de se défouler. Ils produisaient une bonne fatigue, de celle qui permettait au corps et à l'esprit de mieux se reposer par la suite. Laëth répétait les mouvements de maniement de l'épée qu'elle avait appris, avec le plus de précision dont elle était capable. Elle regrettait qu'aucun entraînement avec les membres de la Compagnie de Yüerell n'eût lieu ce jour-là. Jenna finirait par arriver, cependant, c'était toujours moins physique lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux. Les deux jeunes Anges ne disposaient pas de toutes les clefs pour créer des exercices aussi complets que les maîtres d'armes de la milice. Le chat brun des Belegad, lové sur un tonneau, se laissait dorer au soleil. Il fut le premier à entendre les pas de l'Ange rousse : il releva la tête et poussa un miaulement. Laëth arrêta ses mouvements et se retourna. Son amie lui adressa un grand sourire et un signe de la main, en continuant à s'approcher. « Salut ! En forme ? » La brune fit du mieux qu'elle le pût pour paraître joviale. « Toujours ! » - « Je m'échauffe un peu, et on pourra commencer les hostilités. Je vais te mettre au tapis, Belegad ! » Un rire bref échappa à la jeune femme, qui lui confirma qu'elle avait bien fait de partir pour la petite arène. La rouquine traînait toujours la joie et la bonne humeur dans son sillage. Après avoir délié ses muscles et activé son souffle, elle se plaça face à l'autre fille de Réprouvés. « Allez, en garde, que je te colle la misère ! » Sans attendre, les deux apprenties engagèrent leur combat. Les coups se succédèrent ; graduellement, ils se faisaient plus rapides. Plus brutaux. La brune ne s'en rendait pas compte. Elle y mettait pourtant toute son énergie. La boule qui nouait son estomac grondait et ressortait avec fracas dans la force de ses bras. Son regard absent se paraît d'un bouclier de dureté. Jenna cria et tomba. « LAËTH ! » L'intéressée suspendit son geste dans un sursaut. Elle baissa les yeux sur son amie, troublée. « Non mais ça va pas ?! » Elle tenait son bras, les jointures de ses doigts blanchis. « Contrôle-toi un peu, dreell ! » Immobile, l'Ange n'osait plus bouger, quand tout en elle se mouvait avec une âpreté féroce. « Je... Je suis désolée. Je suis tellement désolée, Jenna. Je... Je... » Son arme tomba dans un bruit mat. « Désolée... » Elle reculait. « J-je dois y aller. C'est pas... je voulais pas... J- il faut que j'y aille. » Chancelante, elle fit demi-tour, puis s'élança hors de la cité. Picasso détala à sa suite.

« Priam ! » Le berger était étendu sous un arbre. Il releva la tête et se redressa. Sa sœur courait vers lui. Elle semblait bouleversée. Il fronça les sourcils et la réceptionna dans ses bras tandis qu'elle s'agenouillait pour s'y blottir. Picasso sauta sur Rutabaga, qui partit en ruades amusées - c'était ainsi qu'ils initiaient leurs jeux. « Qu'est-ce qui se passe ? » Laëth se pressa un peu plus contre lui, recroquevillée, les yeux fermés et les poings serrés autour de son vêtement. La scène ne lui était pas étrangère. Ils l'avaient déjà vécue des dizaines et des dizaines de fois, peut-être même des centaines, à Lumnaar'Yuvon. Seulement, ce n'était plus arrivé depuis longtemps. Son départ pour les Jardins de Jhēn l'avait immanquablement détachée de lui. Elle avait gagné en indépendance de façon brutale, et sa maturité s'était accrue en même temps que sa force de caractère. Il aurait presque pu en oublier à quel point elle était parfois bringuebalée d'un extrême à l'autre. Face à son silence, il se contenta de remonter une main jusqu'à sa tête pour caresser doucement ses cheveux.

Message I - 1829 mots



Codage par Dezbaa




[Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo 1628 :


[Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3853
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 17 Nov 2019, 01:15


L
a vulnérabilité des choses précieuses est belle
parce que la vulnérabilité est une marque d'existence.

La Pesanteur et la grâce, Simone Weil

Contrôle-toi un peu. Là résidait le problème de son entière existence. Le contrôle. La maîtrise. L'emprise sur soi. Elle se débordait toujours. Son corps était un récipient trop étroit pour ses émotions, ses sensations et ses sentiments. Elle avait beau essayer de les brider, ils parvenaient inévitablement à se manifester dans le monde ; et ils avaient trop souvent cette puissance destructrice, pour elle-même ou les autres. Perdre le semblant d'ascendant qu'elle exerçait sur eux déclenchait en elle une peur panique et une frustration dévorante. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues et elle tremblait un peu. La fatigue avait anesthésié tout son être ; elle subissait désormais le contre-coup de la soirée. Priam resserra son étreinte, inquiet. « Laëth... » Son sentiment d'impuissance lui torpillait le cœur. « Parle-moi. Je ne peux pas t'aider si tu ne parles pas. » Il s'exprimait d'une voix douce, peu désireux de la brusquer ou de la voir se braquer. « J-j'ai pas... » Elle tressaillit et se replia un peu plus sur elle-même. Elle renifla. « J'ai pas fait exprès. » - « Quoi ? Qu'est-ce que tu as fait ? » - « J'ai blessé Jenna. » Le brun haussa les sourcils, étonné - et pas moins soucieux. « Gravement ? Elle est où ? » Laëth secoua la tête contre son torse. « Je ne sais pas. » Tout son corps était tendu, comme celui d'une proie prête à déguerpir à tout instant. « Je-je suis tellement désolée, Priam, je voulais pas et-et- » Lâchant son aîné, elle enfouit son visage dans ses mains et prit une grande inspiration. « C'est rien, Laëth, c'est rien. » Il attrapa ses poignets et les écarta pour trouver son regard, qu'il croisa à peine une seconde. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » - « J'ai... Je crois que j'ai perdu le contrôle. » Il la sonda, silencieux. Il aurait tellement aimé lire dans ses pensées, à ce moment. Cependant, il n'osait pas, soit qu'il la respectât trop pour s'y risquer, soit qu'il craignît trop ce qu'il pourrait y trouver. Il se mordit la lèvre. « C'est à cause d'hier ? » La jeune Ange releva la tête. Elle ne dit rien. Elle n'en avait pas besoin. Ses pupilles cerclées de vert en racontaient tant. Sa fatigue de la veille avait été si parlante. « Viens, on va rentrer. Aide-moi à regrouper les chèvres. » Quelques minutes plus tard, les deux enfants de Réprouvés avaient réuni le maigre troupeau. Ils entreprirent de le ramener à l'écurie. « Tu voudras monter Yuvon, tout à l'heure ? Il faut que je la sorte. Ça te changera peut-être les idées. » Sa sœur haussa les épaules. « Je verrai, merci. »

Picasso ronronnait, lové entre les jambes de Laëth, assise en tailleur sur le canapé. Elle gratouillait distraitement sa tête, le regard planté sur le sol. Le son des pas de Priam, pieds nus sur le carrelage, la sortit de sa contemplation. Il lui tendit une boisson fumante. « Tiens. » Après qu'elle l'eut prise, il posa la sienne sur la table basse et s'assit aussi sur le canapé. « Je pense que plus d'une personne a été perturbée hier, tu sais. » Elle faisait tourner la tasse entre ses mains. Le chat dormait profondément. « Entre l'arrivée des mille Anges, les vainqueurs du Voyage, les bains, la chasse, et cette histoire de prophétie et d'Æther... » - « Tu n'y crois pas, hein ? » Il haussa les épaules. « Je crois aux Zaahin, et aucun d'eux ne s'est manifesté pour nous faire part d'une telle nouvelle. » Laëth pinça les lèvres et baissa les yeux. Le sujet de la religion était devenu tabou entre eux. Priam s'accrochait aux croyances réprouvées. Elle en avait abandonné la plupart. Certaines persistaient, réminiscences ineffaçables, ce qui conduisait ses pensées religieuses vers une forme de syncrétisme original. Cependant, elle avait entièrement accepté les Ætheri dans sa vie et pratiquait leurs cultes. « Hum. Peu importe. Ce qui compte, ce sont les autres. La plupart des peuples croit aux Ætheri et croira donc la prophétie d'Hel'dra. » - « C'est aussi ce que je me suis dit. L'ère de la tranquillité est finie. » On sentait le regret dans sa voix. « Des camps vont forcément se dessiner et- » - « Ils élimineront les plus faibles en premier. » Priam planta ses yeux d'or dans ceux de sa cadette. « Que d'autres protégeront. » - « Je ne veux dépendre de personne. » Ses mains étaient crispées autour de la tasse. « Il est hors de question que ma survie dépende de quelqu'un d'autre que moi-même. » - « Au risque de te contrarier, il y aura toujours des gens au-dessus de toi. Même si ce ne sont que tes Ætheri... » -  « Je sais. Je veux juste être capable de me défendre, seule. Tu ne seras peut-être pas toujours là... et je ne veux pas devoir me reposer sur qui que ce soit d'autre pour me protéger, moi ou ceux que j'aime. C'est trop d'incertitude. » Priam inspira doucement. « C'est la vie, j'ai envie de te dire. C'est plein d'incertitudes. On ne peut pas toujours tout contrôler. » Il reprit sa boisson et but. L'expression de sa sœur s'assombrit. « Je sais. Mais on peut minimiser les incertitudes, et ça, on ne le fait certainement pas en s'en remettant aux autres. Et on peut au moins faire l'effort de se contrôler soi. » - « Se contrôler soi ? » Né parmi les Réprouvés, il comprenait ce qu'était la maîtrise de soi, en quoi elle était utile dans une certaine mesure, mais aussi pourquoi elle ne pouvait pas être infaillible. Et pourquoi elle ne le devait pas. Cela ne lui semblait pas souhaitable. Il ne savait pas comment l'exprimer, cependant, il avait conscience que la vie sans débordement, le cœur tenu monotone par les volontés de l'esprit, n'aurait sans doute pas tant de valeur. « Mais Laëth... enfin... quel intérêt ? » Elle le toisa quelques instants, puis souffla, plus douce : « Tu peux pas comprendre... » Le nez baissé sur sa tasse, elle l'approcha de ses lèvres et but. Son aîné la regardait. « Explique-moi, dans ce cas. » Elle soupira. « Parce que c'est trop. Ça m'épuise. Ça me fait commettre des erreurs. Ça me rend vulnérable. Ça me met en colère, ça me fait pleurer, ça me donne envie de hurler puis de dormir pendant trois jours. » C'était être prise dans une tempête et lutter avec la conscience que rien n'y ferait. C'était comme l'océan, trop vaste et trop imprévisible. C'était peut-être pour cette raison que naviguer l'angoissait autant que cela l'exaltait. Elle s'entoura de ses bras et baissa la tête. « Puis il y a tout ce que je ne devrais pas éprouver, tout ce que les autres provoquent sans même le savoir, tout le reste, et ça me rend folle. » Priam l'écoutait en silence. Ses paroles lui fendaient le cœur. Il l'avait toujours connue expressive ; il n'avait jamais pensé que cela pouvait la faire souffrir. Picasso quitta le confort de ses jambes et s'étira entre eux, avant de sauter au sol et de s'éloigner. La brune ramena ses cuisses contre elle et posa sa joue sur ses genoux. « Je veux pouvoir tout arrêter quand ça ne va pas, et pas simplement me sentir plonger toujours plus profondément, jusqu'à craquer. » - « Tu voudrais ne plus rien ressentir ? » Elle ferma les yeux et inspira lentement. « Parfois, je me dis que ce serait préférable. » - « Ça aurait été préférable, hier ? » Elle frémit. « Oui. »

lls gardèrent le silence quelques minutes, puis Priam lança, un sourire en coin : « Remarque, quand tu seras la reine de tous les peuples de ces terres, plus personne n'osera s'amuser avec tes émotions et tout le monde te croira invincible. C'est une bonne solution, ça. » Laëth releva la tête. Elle lui adressa une œillade sceptique et un sourire qui ne dévoilait pas ses dents. « Tu seras le premier que j'enverrai au cachot, sache-le. » - « Eh ben, avec toi, la paix et la conciliation ont de beaux jours devant elles. » Elle plissa les yeux et lui tira la langue. « Déjà à court d'arguments ? » - « Tu sauras que je ne m'épuise pas pour rien, et donc surtout pas pour les condamnés. » Un éclat de rire échappa au brun, qui fit sourire franchement sa cadette. « En vrai... tu imagines si cette prophétie se réalise ? » - « Tu imagines si tu te retrouves avec des Démons comme sujets ? » Elle eut une moue dubitative, les sourcils froncés. « Je ne sais pas ce qui est le plus improbable entre moi qui gouverne des gens ou le fait que des Démons puissent se retrouver sous le commandement d'une Ange... » - « Je suis certain que tu peux être très autoritaire, alors je vote pour la deuxième proposition. » Laëth lui sourit. « Oui... C'est fou, cette prophétie. La situation est tellement loin de celle qui y est décrite que... je ne sais pas si j'y crois. Regarde, rien que les Humains... ils sont un seul et même peuple mais ils ne sont plus unifiés. Et franchement... je ne sais pas pour les autres mais, toi ou moi, souverain ? » Elle passa une main dans ses cheveux. « Je crois que je n'aurai jamais la patience pour ça. » Il acquiesça lentement, les sourcils haussés et les yeux écarquillés. Par tous les Zaahin, non, elle ne l'aurait certainement jamais. « Pas facile de respecter toutes les vertus, hein ? » la taquina-t-il. « La patience n'est pas une vertu, Priam... Puis, l'important, c'est d'essayer ! » - « Ah oui... oui, on verra si tu dis encore ça quand tu seras à l'Agbara. » Moqueur, il croisa les bras et s'enfonça dans les coussins du canapé. « Très hâte de voir ça, tiens. » - « Si j'y atterris, tu y seras déjà passé dix fois avant. » renchérit-elle en lui donnant un petit coup du bout du pied. « Tu n'as aucune foi en moi, c'est désolant ! » Elle rit. Néanmoins, en parlant de péchés, des souvenirs frais se bousculèrent. Elle ne pourrait pas les cadenasser jusqu'à attendre de ne plus rien ressentir à ce propos. Aussi, elle se décida enfin à aborder le sujet : « Tu étais chasseur ou proie ? » Son frère reporta ses yeux d'or sur elle. « Proie. Toi ? » - « Pareil. C'était qui, ta chasseuse ? » - « Une sorcière, Saphira Maenwen. Tu vois, c'est pas moi le problème, mais par contre, je les attire... » concéda-t-il sur le ton de l'humour. « Et toi ? Kaahl Paiberym, c'est ça ? » - « Oui. » - « Un Magicien, hein ? Hâte que tu le recroises, tiens. Ça promet un grand moment. » Un sourire narquois barrait ses lèvres. « Si tu savais... » Il arqua les sourcils. Elle bougea un peu, mal à l'aise. Contrôle. « Si je savais ? Tu as fait quoi, exactement ? » La jeune femme se racla la gorge : « Rien. Mais il se peut que je me sois retrouvée dans une situation assez délicate. » Ses iris dans ceux de son aîné, elle détourna le regard et le planta sur sa tasse. « Par exemple, avec Kaahl Paiberym en face de moi et Jun Taiji derrière. Les deux un peu trop près. » Priam, qui s'apprêtait à avaler son breuvage, recracha tout avec force. « Quoi ? » Ses iris verts remontèrent jusqu'à son frère. « Me regarde pas comme ça ! C'est pas de ma faute ! J'ai rien fait ! » Il cligna des yeux, sidéré. Ils ne dirent rien ; puis il partit dans un grand éclat de rire. Il essayait de parler mais ne réussissait pas. « Priam ! Arrêêêêêêête ! » Elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire. « C'est pas marrant ! J'étais mortifiée ! En plus il m'a teint les ailes en noir, c'était horrible, j'ai paniqué ! » Il s'esclaffa de plus belle et roula sur lui-même pour enfouir son visage dans le dossier moelleux du canapé. Laëth lui jeta un coussin sur la tête. Après quelques secondes, il se redressa et lâcha : « Je suis ravi de savoir que tu n'as pas niqué. Vraiment, ça me rassure. » Il la regarda et gloussa. Elle leva les yeux au ciel et croisa les bras. « N'empêche, la prochaine fois que je t'entends faire une réflexion sur ma conduite... » Ce qui ne constituait toutefois pas une bonne raison de lui dire qu'il avait eu un nouvel échange avec l'Asmodée. « J'y suis pour rien, j'avais rien demandé ! » - « Je sais pas si c'est recevable comme défense, ça, le jour du jugement... » - « Tu me fatigues. » Il haussa les épaules et tenta de se donner un air plus sérieux - sans grande réussite. « En vrai... je comprends parfaitement que ça t'ait perturbée et que tu n'aies pas été bien mais là... je suis vraiment désolé, hein, mais j'arrive pas à ne pas rire. Je crois que c'est nerveux. » Les coins de sa bouche tressautaient. « Toi en sandwich entre... ah dreell je pourrai plus jamais manger un sandwich de la même façon. » L'Ange chérissait l'honnêteté, mais fut cent fois soulagée de parvenir à maîtriser un rire faux que de retomber dans une spirale de honte, de peur et de pleurs. Elle ne parla pas des paroles de Jun ou de la clef que Kaahl lui avait donné. Surtout, elle ne lui dit pas tout ce qu'elle avait pu ressentir. C'était inavouable. Elle préférait rire de sa plaisanterie. Voilà pourquoi c'est important, de se contrôler, soi et ses émotions. « Heureusement qu'on n'a pas fait la chasse avant les bains, hein... » Heureusement, oui.

Le soir, lorsqu'elle ouvrit sa table de nuit, elle constata que la clef était toujours à sa place. A ses côtés, il y avait un miroir. Curieuse, elle prit l'objet. Elle faillit le laisser choir lorsque sa surface se troubla pour dévoiler une silhouette, puis un visage. Celui qui s'était perdu dans son cou, celui qu'elle avait embrassé. Elle n'osa pas regarder la glace plus longtemps et la replaça dans le meuble, avant de le clore à double-tour. Certains secrets devaient rester enfermés.

FIN

Message II - 2361 mots



Codage par Dezbaa




[Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo 1628 :


[Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
 

[Q] La vulnérabilité des choses précieuses | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Niveau V] - Les choses précieuses sont belles
» [Q] - La vulnérabilité (Laëth)
»  | Grandes Dynasties - Les Précieuses Lignées |
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
»  Un juste retour des choses (-18 | pv chaton)
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu :: Jardins de Jhēn-