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 [Q] - La vulnérabilité (Laëth)

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Parchemins usagés : 4017
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 21 Nov 2019, 00:14



Partenaire : Laëth
Objectif : Plongés dans les Bains, Laëth et Kaahl seront confrontés à un bien-être les poussant à révéler leurs secrets. Il faudra lutter.

Je finis par me laisser tomber sur lui dans un râle. Mes lèvres entrouvertes laissèrent échapper mon souffle sur sa nuque et je restai comme ça quelques secondes. Je transpirais comme jamais et finis par me laisser rouler sur le côté. Je me mis à fixer le plafond, le temps de reprendre un peu contenance et tournai ensuite la tête vers lui. J’avais envie de savoir si ça lui avait plu mais ne posai pas la question. Mon avant-bras vint se poser sur mes yeux. J’étais mort, tellement mort… Je ne savais pas ce qu’il trafiquait avec mes sens mais c’était toujours l’extase pendant l’acte. Ça fatiguait pourtant extrêmement mon corps et dès qu’il relâchait le tout, je m’endormais presque instantanément. Je ne me sentis même pas glisser dans le sommeil. Trente secondes après, peu importe mon état, j’étais déjà en train de dormir. Je ne l’aurais pas toléré en d’autres circonstances. J’étais trop maniaque pour me coucher sans me laver. L’hygiène faisait partie de mes troubles. Je n’en étais pas rendu à me frotter tout le temps mais j’y prêtais une attention particulière, normalement. Depuis que je couchais avec lui, je dormais plus longtemps. Pourtant, comme cette nuit, je ne pouvais empêcher mes insomnies de revenir tôt ou tard. Je dormais plus mais pas plus de cinq heures par nuit maximum. J’étais forcément rattrapé par mes cauchemars ou mes responsabilités. Mon esprit veillait et se réveillait sans que je ne le veuille.

Lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, je constatai qu’il dormait. Il sentait bon. Il était allé se laver après. Il devait se moquer dans mon dos. Je n’étais pas aussi résistant que j’aurais voulu. Je m’assis sur le lit et soupirai. Cette fois, c’était à cause de l’explosion. J’avais cauchemardé à son sujet. Ça m’avait marqué, plus que je ne voulais l’avouer. Ma cuisse me tira un peu. Je ressentais des douleurs récurrentes. Parfois, j’avais du mal à savoir si elles étaient physiques ou psychologiques. D’autres fois je le savais parfaitement. Lorsque l’une d’elle me tirait du sommeil et que je me tordais de douleur entre les draps, ce n’était pas simplement mon esprit qui me jouait des tours. Mes doigts massèrent ma peau tranquillement. Je préférais éviter de me droguer avec des calmants mais parfois ils étaient nécessaires. La magie blanche avait du mal à vaincre le mal qui me rongeait. Un produit en particulier m’apaisait complètement mais il n’était pas commun.

Je me redressai, jetant un œil au Déchu endormi avant de me diriger vers la baignoire. J’étais un peu collant, à cause du sexe et du cauchemar. J’activai la magie du bain et me plongeai dans l’eau chaude. Je restai un instant les yeux fermés, me remémorant ce que je devais faire d’ici deux ou trois heures, puis entrepris de me laver. Mes pensées dérivèrent de nouveau sur l’Ange. Ça en devenait étrange. C’était peut-être à cause de ma potion angélique. Je ne savais pas encore quoi en faire exactement. Je n’avais plus essayé de la boire depuis le bal. Les sentiments que je ressentais lorsque j’étais un Ange étaient affreusement contradictoires et instables. Voir le monde à la manière des immaculés m’avait fait un effet qui me poursuivait encore aujourd’hui. J’avais contemplé ma vie avec un œil nouveau et j’étais arrivé à la constatation que j’étais un monstre. C’était délicat. Quand elle avait cessé de faire effet, j’avais bien sûr retrouvé ma vision habituelle des choses mais ce sentiment ne voulait pas s’effacer pour autant. Si Laëth savait, elle me considérerait aussi comme un monstre. En avais-je quelque chose à faire ?

Je me redressai soudain, constatant que je n’étais plus du tout dans mon bain. Je grimaçai en m’apercevant que je connaissais l’endroit. Après avoir sondé les lieux, j’effaçai mes véritables traits pour prendre l’apparence que j’avais avant l’explosion, celle de Kaahl. Il n’y avait personne à part moi. Je me déplaçai, l’eau m’arrivant à la taille. Je penchai plusieurs fois la tête sur le côté pour essayer de voir derrière les rochers. Rien ne se passait. Aucun son non plus. Je sentis le bien-être commencer à me saisir et luttai contre lui. La dernière fois que j’avais atterri ici, j’en avais un peu trop dit. Ça aurait pu être pire, c’est vrai, mais ma connaissance du risque que je courrais m’empêchait de relâcher la tension que je sentais poindre dans ma poitrine. J’étais nu, comme la dernière fois mais cette solitude soudaine me paraissait bien trop facile.

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Sam 23 Nov 2019, 00:14


Assise en tailleur sur le matelas de fortune, Laëth relisait la lettre de Priam à la lueur d'une chandelle. Il lui parlait de son quotidien. Rutabaga, Picasso, Paddy, Yuvon, les chèvres. La nature qui se flétrissait doucement sous l'assaut de l'hiver. La vie aux Jardins de Jhēn. Ella, Ariès, Zeïk et ses amis magiciens. L'Asmodée avait vraisemblablement fait une apparition fracassante, avec le Belphégor. Il avait l'air de penser qu'elle cherchait véritablement à rétablir une forme d'équilibre. La cadette demeurait sceptique. C'était une Démone. Ils ne portaient d'amour, dans leurs cœurs noircis, qu'à la destruction. Edwina Nilsson était de retour ; il l'avait vue de ses propres yeux lors du bal des Douze cycles lunaires. Elle le savait déjà. Elias Salvatore avait dansé avec elle. Il lui décrivait Erza en robe à crinoline - ce qui la faisait autant rire que grimacer. Elle aurait détesté porter une tenue pareille. C'était trop contraignant physiquement. Elle aimait bien mettre des jupes quand l'occasion s'y prêtait mais préférait les tissus plus fluides, qui n'alourdissaient pas inutilement la silhouette. Elle se demandait si Kaahl faisait partie des invités. Il aurait sûrement voulu être présent pour la réapparition de l'Ultimage. Son frère n'en disait rien. Il concluait en lui demandant si elle allait bien, comment se déroulaient les expéditions, et en lui disant qu'elle lui manquait. Il lui manquait aussi. Elle aurait aimé qu'il vînt avec elle, cependant, ils n'avaient pas les mêmes ambitions. Durant une seconde, elle craint qu'il n'eût demandé grâce à la Dovahkiin, mais cette peur irrationnelle passa vite. Il ne l'abandonnerait pas. L'Ange inspira profondément tandis qu'elle repliait avec soin la lettre et la remettait dans l'enveloppe. Elle la rangea dans son sac sans fond, puis souleva la couverture et se glissa sous celle-ci. En appui sur son avant-bras gauche, elle souffla sur la bougie. Un filet de fumée serpenta dans l'air. Elle s'allongea, ferma les yeux, et rapidement, le sommeil l'emporta.

Elle rêvait souvent de l'océan. Il l'attrapait et ne la laissait pas repartir. Il la berçait au creux de ses vagues, puis la jetait sur les rochers dans des gerbes d'écume. Il la récupérait toujours, peu importait ses blessures, ses peines ou ses cris. Il l'engloutissait pour étouffer sa rébellion. Il la ramenait à la surface pour la laisser remplir ses poumons. Il caressait sa peau doucement, du bout des ondes. Elle n'était qu'une poupée de chiffon imbibée d'eau ; elle sombrait dans ses abysses. Elle n'avait aucun contrôle. Son cœur s'affolait et des instincts ancestraux lui hurlaient de fuir ; elle était enchaînée. Elle se réveillait avec une angoisse au creux de la gorge, qui se dissipait au contact de la réalité. Elle ouvrit les yeux, les poings crispés sur sa couverture. Le souffle de ses compagnons berçait la nuit. La jeune femme se tourna pour se mettre sur le dos. Le bois du navire s'enchevêtrait au-dessus d'elle. Elle entendait les vagues clapoter contre la coque. Elle abaissa ses paupières. Il fallait dormir. La journée serait longue. Tandis qu'elle plongeait dans la torpeur de l'entre-deux qui guette le dormeur, le décor changea.

L'eau avait subitement monté. Les yeux grand ouverts, les sens en alerte, la jeune femme reconnut les lieux. C'étaient les Sources qui mettaient à nu, tant physiquement que mentalement ; tous les masques tombaient dans le fracas de vérités parfois inavouables. Elle frémit. Elle avait bien conscience du fait qu'elle n'évoluait plus dans le monde des chimères oniriques. Face à elle, de dos, la silhouette d'un homme aux courts cheveux bruns se mouvait. Cela la frappa de plein fouet : elle le connaissait. Elle y avait même pensé avant de s'endormir. Habitée par la quiétude des bains, elle se figea mais ne paniqua pas. Il éveillait chez elle des émotions beaucoup trop contradictoires ; leur seule similitude résidait dans l'emballement frénétique de son rythme cardiaque. Des dizaines de sentiments négatifs se pressaient aux portes de son esprit - parmi lesquels la honte, insistante -, cependant, l'atmosphère les retenait d'une poigne ferme - aidée par son propre pouvoir. Elle recula toutefois ; le son dut l’interpeller car il se retourna. « ... » C'était bien lui. « Bonsoir. » Elle ne perdrait pas la face, ce soir. Pas autant que la dernière fois. Elle le refusait. L'Ange veillait à garder le Magicien dans son champ de vision. Pourquoi n'y avait-il personne d'autre ? La dernière fois... Elle se rappela et se mit à le dévisager. Elle n'avait pas fait le lien jusqu'ici, mais désormais, il lui apparaissait avec plus de clarté. La vieille femme avait donné son nom. Il ne s'agissait peut-être pas de lui ; elle n'avait aucun moyen de le vérifier. Toutefois, la coïncidence demeurait amusante. « La dernière fois que j'étais ici, une grand-mère m'a dit que son petit fils, Kaahl, était une affreuse personne. » Ne pas parler de la fin de leur dernière rencontre l'arrangeait, et son cerveau s'y employait plutôt bien. Exalté par l'adrénaline, il usait de facultés extraordinaires. L'aïeul avait aussi dit qu'il était terrorisé par les chats. Ça prêtait à sourire. Le reste de ses propos, un peu moins. Mais plus Laëth ressassait ce que l'inconnue avait raconté, moins elle pensait que ce pût être le même Kaahl. Ou bien, la démence la rongeait. « Vous pousseriez votre grand-mère du haut des escaliers, vous ? » demanda-t-elle en veillant à conserver une distance honorable entre eux. Après une brève seconde, elle se détourna pour rejoindre l'un des bords du bassin, et se laissa glisser dans l'eau. Éloignement et évitement. De bons mots clefs pour cette soirée.
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 23 Nov 2019, 20:50



« Bonsoir. » J’étais étonné. Pourquoi elle ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Mon regard commença à descendre un peu sur sa silhouette mais je le stoppai net. J’inspirai presque imperceptiblement, détaillant son visage comme pour oublier qu’elle était aussi nue que moi. Cet endroit était une véritable plaie pour ceux de mon espèce. Les individus qui n’avaient rien à cacher devaient s’y sentir à l’aise et détendus. Les autres ne pouvaient qu’essayer de ne pas sombrer dans la facilité. C’était si aisé de se confier et de se décharger de ses fardeaux. Je ne pouvais pas. Je réfléchis un peu à la situation, laissant mes yeux dériver dans le vert des siens. Je finis par détourner le regard pour faire un tour d'horizon. Il n’y avait personne. Il fallait que ça ait l’air gênant. Je devais être gêné. Notre dernière rencontre n’avait pas été ce que l’on pouvait appeler socialement viable. Mon côté coincé en avait pris un coup. Je pouvais toujours mettre ceci sur le maléfice qui m’avait obligé à la traquer mais Kaahl ne se serait jamais déchargé complètement de la responsabilité de se rapprochement inopportun. Mon moi Magicien était ainsi, droit et responsable. Je me raclai la gorge, préférant rester silencieux. Bien sûr, je jouais la comédie. Je n’avais aucun remord à la contempler dans des situations diverses en temps normal, grâce au miroir. Souvent, je l’admirais durant la nuit, lorsqu’elle dormait et semblait naïve et innocente. Elle avait un côté enfantin qui me troublait. Il disparaîtrait sans doute avec le temps, pour laisser place à une femme plus forte et difficilement manipulable. J’avais envie de l’épouser. L’idée me plaisait. Lorsque je nous imaginais, j’étais satisfait. Le Baron Paiberym et son épouse, Laëth Belegad, une Ange combattant pour ses convictions et la paix. Je pourrais facilement jouer le jeu, être tendre en public et la combler. Ça ne me demanderait sans doute pas tant d’efforts que ça. Elle farouche et moi patient. Elle un peu rude de temps en temps et moi tendre. Ce ne sera pas difficile de la soutenir dans ses combats et de passer pour le plus amoureux des deux.

J’arrêtai de penser au futur lorsque je perçus qu’elle me regardait un peu différemment. Qu’est-ce qui lui prenait, tout à coup ? Qu’avait-elle compris ? Je restai neutre lorsqu’elle m’annonça la teneur de sa pensée. Réta était dans les bains, elle aussi. Inutile de chercher bien loin. C’était néanmoins l’hôpital qui se foutait de la charité. Heureusement que ma grand-mère était faible et n’avait pas les moyens de ses prétentions. Tout ce qu’elle pouvait entreprendre était de lancer ses pots de fleur sur la tête des passants ou de placer sa canne de façon à espérer une chute spectaculaire. Elle ricanait comme une hyène à la moindre nouvelle embarrassante. Quant à ses chats… Je grimaçai, préférant les oublier. La bonne nouvelle c’est que je l’avais assez effrayée pour que jamais elle n’avoue à qui que ce soit ce qu’elle savait. Sa fierté rentrait sans doute en ligne de compte, sans parler du fait que je l’avais tirée du manoir Paiberym où elle n’était reconnue par personne pour lui offrir une vie plus confortable à Valera Morguis. « Vous pensez que je pousserais ma grand-mère du haut d’un escalier, vraiment ? » répondis-je en haussant les sourcils, un peu choqué. Je laissai le temps passer, absolument pas pressé de continuer cet échange. Les Sources étaient mauvaises, trop fortes. La dernière fois, j’avais vécu un véritable calvaire, que je m’apprêtais de nouveau à éprouver.

Je m’approchai un peu, sans pour autant entrer dans son espace intime. « Écoutez, je suis sincèrement désolé si j’ai été trop… » Je fis mine de chercher mes mots et soupirai, amenant mes doigts à mon front pour le frotter d’un air las. Je l’avais maintenue au sol, j’avais écarté ses cuisses, saisis ses poignets pour l’empêcher de bouger et l’avais embrassée. La deuxième fois n’avait pas été nécessaire pour chasser le maléfice. J’avais juste souhaité le faire, pour jouer avec elle. Je me rappelais encore du goût de sa langue et de sa douceur. Je pouvais au moins céder une révélation. « Depuis que je vous ai embrassée, je n’ai pas cessé d’y penser. Je sais bien que je n’étais pas dans mon état normal mais je voulais vraiment m’excuser. J’ai voulu venir vous voir aux Jardins de Jhēn mais l’on m’a appris que vous n’y étiez plus et que vous étiez partie dans les expéditions angéliques. » Je lui souris et finis par m’installer à côté d’elle. « J’espère que ce n’est pas moi qui vous ai fait fuir. » J’essayais de détendre l’atmosphère et cela se sentait dans mon ton. Je savais cependant que je ne pouvais pas m’en tirer si facilement concernant la vieille femme. Il valait mieux lui dire une partie de la vérité. « Et pour cette femme, il s’agit bien de ma grand-mère vu ce que vous me rapportez. Elle était présente la dernière fois que nous nous sommes vus. Comment vous l’expliquer sans vous effrayer ? » Je me raclai la gorge de nouveau, cherchant mes mots. « Je viens d’une famille de Sorciers. Réta, ma grand-mère, en est une. J’ai deux frères. Nous sommes des triplés et nous portons le même prénom. La position du h est simplement différente. Mon père ne s’attendait pas à trois fils et n’a pas daigné nous différencier davantage. Ce sont des Sorciers également. Elle devait parler de l’un d’eux. Ils commencent à être puissants et leurs manières ne s’améliorent pas avec le temps. » C’était vrai. Il fallait que je m’occupe d’eux aussi. Je lui tendis la main, paume vers le ciel. « Je n’ai vraiment pas envie que vous me considériez comme un Sorcier. Je vous aime bien. » lui murmurai-je comme une confidence. Je laissai quelques secondes s’écouler avant de demander : « Et vos ailes ? »

981 mots 

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 24 Nov 2019, 16:27


« Non. » avoua-t-elle dans un sourire discret, en baissant les yeux. Quel Magicien aurait agi ainsi ? Ils n’avaient rien de parangons de bonté, toutefois, ils n’étaient pas reconnus pour leur cruauté. En faire preuve les aurait conduits de l’autre côté du voile, parmi les mages noirs. La réputation de l’Honorable le précédait : elle dépeignait un homme sympathique dont les efforts pour aider son peuple et ceux dans le besoin n’étaient plus à éprouver. Ce qu’elle avait vécu… C’était ce jeu. Il avait mis en lumière les étincelles d’ombre qui virevoltaient dans son âme. Elle-même en avait, elle le savait. Elle les sentait s’embraser, parfois. Ce qui les différenciait des êtres vils, c’était leur refus de laisser ces éclats noirs prendre le dessus. C’était leur volonté de les ensevelir sous l’ivoire de leur esprit et de leurs actes. C’était le contrôle, celui-là même sur lequel elle tentait de conserver une emprise en instaurant une distance entre eux. Cette distance qu’il grignota de quelques pas, sous son œil attentif. Laëth serra les poings et ramena ses genoux contre elle. Elle n’avait pas envie d’aborder le sujet ; elle préférait le laisser croupir dans le bain de ses souvenirs désagréables et patienter jusqu’à ce qu’il cessât de venir l’importuner à tout instant – c’était bien illusoire. Il ne l’avait pas perturbée uniquement sur le moment. Il la pourchassait, de la même façon qu’il le poursuivait. Le trouble perça sa pupille et son cœur s’empêtra dans ses propres battements. Elle détourna le regard, incapable de soutenir le sien et peu désireuse de paraître plus gênée qu’elle ne l’était déjà. Néanmoins, elle entendait ses excuses, qui venaient s’appliquer comme un baume sur sa mémoire et ses émotions bouleversées. Elle aurait sûrement dû le repousser ou s’écarter, cependant, elle ne bougea pas et le laissa s’asseoir près d’elle. Ses prunelles croisèrent ses iris noisette. « Non, ce n’est pas vous. Je n’ai pas fui. » Elle s’était engagée pour son peuple, pour son avenir, pour la postérité. Certes, l’idée de demeurer éloignée de lui avait été séduisante, mais elle tenait à paraître plus assurée que la fois précédente.

C’était donc bien sa grand-mère. Elle le détailla avec curiosité. Sans l’effrayer ? Si elle en avait eu le temps, elle aurait presque pu lui rétorquer qu’il ne pouvait pas faire pire que lors de leur dernière rencontre. Néanmoins, elle s’abstint. Il avait l’air aussi embarrassé qu’elle ; l’Ange n’avait pas le cœur à rajouter à son malaise. Elle l’écouta avec intérêt, surprise, quoi que sa situation fût loin d’être exceptionnelle. A sa connaissance, la limite entre les Magiciens et les Sorciers était plus poreuse que celles qui unissaient et séparaient toutes les autres races de ces terres. Elle non plus n’était pas ce qu’elle aurait dû être, finalement. Son dos ne s’ornait pas de deux ailes dissemblables. Elle était la formulation d’un espoir avorté, comme lui. L’attitude de son père la désolait – elle ne savait que trop bien quel regard déçu ou méprisant les adultes pouvaient porter sur leur propre progéniture. Alors un Sorcier… Elle regarda la main qu’il lui tendit avec une pointe de crainte et admit honnêtement, préparée à l’éventualité de le vexer : « Je préfère ne pas vous toucher. Je ne vous déteste pas, loin de là, et je ne crois pas que vous soyez un sorcier, mais je préfère vraiment… » Il était difficile de lui résister, d’autant plus avec l’ambiance des Sources, qui les poussait l’un comme l’autre à plus de proximité et de confiance mutuelle. Néanmoins, la terreur qu’elle ressentait face à la possibilité d’une nouvelle perte de contrôle, quoi que rendue ténue par l’atmosphère, la poussait à rester sur ses gardes. Ils étaient nus : bien qu’elle fût à l’aise avec son corps, la vue du sien suffisait à la gêner. Elle n’avait pas l’intention de s’imposer des difficultés supplémentaires.

Comme il l’interrogeait, elle déploya doucement ses ailes. « Blanches. Et les plumes ont repoussé… » dit-elle en caressant du bout des doigts le plumage qu’elle avait arraché. « Vous aviez raison, c’était beaucoup de panique pour rien. Enfin, pour les ailes. » Le reste… Elle entoura ses genoux de ses bras. « J’ai vraiment eu très peur. » Les yeux rivés sur ses pieds, elle soupira doucement. Elle n’avait pas la force nécessaire pour lutter sur tous les fronts, si bien que la magie des bains faisait son effet. « Ce n’est pas à cause de vous que je suis partie. C’est pour mon peuple. Mais ça m’a soulagée de vous savoir loin. » Elle inclina la tête sur le côté, sa joue sur ses genoux, et l’observa du coin de l’œil. « Ça… » Parfois, c’est difficile de résister à la tentation. Les paroles de Brii s’étaient répercutées en écho suite à cette soirée. Elle ne les avait pas vraiment prises au sérieux, à l’époque. Elle s’était dit qu’elle serait plus forte, lorsque cela arriverait. Elle avait été vulnérable. Elle était vulnérable. « Je vous ai beaucoup trop désiré et ça m’a vraiment perturbée. Ce n’était pas de votre faute… enfin, je sais que vous n’étiez pas tout à fait vous-même, mais je n’ai pas envie que ça recommence. » Pas autant, pas comme ça. Cela lui avait fait l’effet d’un saut dans le vide, les deux ailes tranchées. « Ça occupe déjà suffisamment mes pensées. » Le vertige ne cessait pas. Les sensations persistaient, comme ancrées dans sa chair. « Et avec ce qu’il s’est passé avec Jun… » Sa mâchoire se crispa et un pli bref cisailla son front, entre ses deux sourcils. Lui, en revanche, elle lui en voulait – pour son action, et encore plus pour ses propres ressentis, ce que sa mauvaise foi et sa colère ne trouvaient pas absurde. Elle en avait voulu à Kaahl aussi, pour n’avoir pas agi. Cependant, elle s’était raisonnée : c’était irrationnel d’avoir compté là-dessus, en dépit de ce qu’il avait dit. La prochaine fois qu’elle se trouverait dans une situation déstabilisante, elle devrait avoir les moyens de s’en sortir seule. « C’est pour ça que j’ai réagi comme ça, je pense. C’est important, pour moi, de rester une Ange. » Elle scruta son regard, curieuse. « Vous n’avez pas peur de devenir un Sorcier ? »
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[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  1628 :


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 24 Nov 2019, 19:30



Je regardai ma paume un moment, avant de la plonger non loin de la surface de l’eau, pensif. Elle ne voulait même pas me toucher la main. « Je vois. » murmurai-je en détournant les yeux. Mon esprit s’égara un instant sur l’image avortée de nos deux mains jointes. Mon regard vint de nouveau sur elle lorsqu’elle déploya ses ailes. Son refus de contact avait provoqué une vague d’irritation chez moi, si bien que je pensai vaguement à clouer ses appendices dorsaux sur un mur, au-dessus de mon lit. Je chassai l’idée, sachant très bien que je ne le souhaitais pas vraiment. C’était simplement parce que je détestais que l’on me refuse quoi que ce soit. Cette frustration là venait s’ajouter à toute celle que j’avais emmagasinées dans ma vie. Je devais m’en débarrasser, avant de faire un carnage. Ma tentative d’assassinat sur celle que je croyais être l’Impératrice Blanche n’était qu’une illustration de ce qu’il pouvait m’arriver lorsque je ressentais un trop plein. Je devenais alors fou et incontrôlable, capable du pire en un temps record. Ça ne pourrait jamais me servir, juste me mettre en danger inutilement. Je serrai mes doigts dans ma main avant de la faire disparaître pour de bon dans les profondeurs de l’eau. Elle me fuyait bel et bien. Je l’observai, dans sa position quasi fœtale. Cette femme me troublait décidément un peu trop. L’endroit y était sans doute pour quelque chose mais je n’étais pas habitué à recueillir la faiblesse d’autrui. Dans mon monde, il valait mieux ne pas s’étendre sur le sujet. J’avais décidé de ne m’attendre à rien de la part d’autrui. J’étais trop maléfique pour pouvoir provoquer l’empathie de qui que ce soit. Je n’étais même pas sûr de la vouloir, cette empathie. Si je m’attachais vraiment, sincèrement, j’en connaissais les conséquences. Malheureusement pour moi, c’était ce que j’étais en train de faire, au moins avec Adam. Il savait, lui. Laëth… Non ce n’était pas pareil. Je voulais simplement l’épouser. C’était son côté enfantin qui m’attendrissait mais il n’y avait rien d’autre. Rien d’autre. De toute façon, elle ne pourrait pas me comprendre, ni me supporter si elle savait.

« Vous êtes beaucoup trop honnête pour votre propre bien. » lui fis-je en posant ma tête sur le rebord des bains pour qu’elle arrête de me regarder avec ces yeux là. Je lui dévoilai mon cou sans la moindre hésitation. Elle ne voulait même pas me toucher la main alors envisager qu’elle puisse essayer de m’attaquer d’une quelconque manière alors que j’étais nu serait un peu trop extrême, même pour moi. Il aurait fallu qu’elle ait compris qui j’étais et qu’elle joue la comédie depuis le début. Elle me paraissait trop sincère pour que ça puisse être le cas. Si elle essayait quoi que ce soit, de toute façon, j’aurais tôt fait de la maîtriser et de lui faire passer l’envie de recommencer. Ce n’était pas son côté enfantin qui allait freiner mes envies de la posséder physiquement. Si elle me trahissait, je la violerais. Je devais pourtant rester raisonnable. Elle me désirait. Ce n’était pas ce que je voulais. Je voulais qu’elle m’aime. C’était clairement différent et ça m’agaçait. Je soupirai, coinçant l’arrête de mon nez entre mon pouce et mon index. « Non, ça ne me fait pas peur. » lui répondis-je en toute sincérité. Je l’étais déjà. C’était même plutôt l’inverse. J’avais peur de devenir Magicien. « Enfin… Parfois c’est vrai que… Comment vous dire ça ? » Je penchai un peu la tête, la cherchant des yeux. « J’ai juste peur de me perdre moi-même. C’est comme observer ma vie depuis l’extérieur. Ce que je fais, ce que je dis… tous ces gens autour de moi qui pensent me connaître. Je ne suis pas certain d’être comme eux me perçoivent. Je n’en suis pas certain et je n’ai pas envie de le savoir. » Je parlais un peu trop. « J’aimerais bien pouvoir me reposer, vous comprenez ? Juste dormir et ne plus penser à rien. Seulement, je suis un peu comme vous. Je veux améliorer les choses pour mon peuple et la seule façon qui me vient en tête nécessite du temps et des sacrifices. » Je voulais que les Sorciers aient enfin des territoires viables. Je voulais que les gloires du passé ressurgissent. Je voulais unifier les deux peuples, aussi. L’idée d’une seule et même race m’obsédait. Était-ce réellement juste d’avoir séparé des individus sur leurs idéaux, comme si le bien et le mal ne pouvaient pas se côtoyer et trouver des intérêts communs ? J’avais vécu une grande partie de ma vie chez les Mages Blancs et bien que mes desseins soient noirs, j’appréciais parfois leur compagnie. Ce n’était pas parce que j’étais maléfique que je n’appréciais pas le fait de déguster de la tarte aux fraises devant un coucher de soleil. Ce manichéisme me rendait fou. Les Magiciens avaient la lumière, la beauté, la fertilité tandis que les Sorciers écopaient de la noirceur, de l’aridité et de la mocheté. Pourtant, le feu pouvait purifier, comme le chaos pouvait ramener l’ordre. Si je tuais, cela faisait prendre conscience de la fragilité de la vie. Cela permettait de la chérir d’autant plus. Alors comment expliquer le fait que nous ayons toujours le mauvais rôle ? Nous étions aussi indispensables que les bénéfiques.

« Pourquoi est-ce que c’est si important pour vous, de rester une Ange ? » lui demandai-je après un silence. « Je sais que beaucoup jugent sur les apparences mais… vous pensez vraiment qu’en succombant, vous cesserez de vouloir aider les Anges ? Ou est-ce parce que vous avez peur d’être rejetée ? » J’hésitai un moment mais finis par lui dévoiler le fond de ma pensée. « Je sais que les Anges suivent les préceptes découlant des vertus mais n’est-ce pas se mentir que de lutter contre ses envies au point de préférer les fuir au lieu de les affronter ? » Elle n’allait vraiment pas m’aimer si je continuais. « Je sais que vous n’êtes pas partie à cause de moi. Vous m’avez avoué me désirer mais je pense que vous vous trompez et que cela n’est dû qu’à la situation que nous avons vécue ensemble. Seulement, plus vous fuirez, plus vous en serez convaincue, jusqu’à ce que ça vous ronge. Et si vous me désirez bel et bien, vous n’avez pas à en avoir honte, juste à vivre avec. Ça ne me dérange pas, je suis même flatté pour être honnête. » Je lui souris. « Le jour où vous arriverez à accepter votre désir, à en ressentir les effets, sans pour autant y succomber, je pense que vous serez forte, bien plus que si vous refusez de me toucher la main par peur de ressentir je ne sais quoi. Être vulnérable prouve juste que vous êtes en vie. » Mon sourire était doux. « Vous désirerez peut-être l’homme de votre vie avant de l’aimer alors… si vous le fuyez, vous vous condamnerez peut-être à une vie sans amour. Ce serait triste. » Je laissai de nouveau ma tête tomber sur le rebord. « Pour tout vous avouer, je pense à vous aussi. Je vous trouve intéressante, belle et désirable. Ce n’est pas pour ça que je tenterais quoi que ce soit, surtout vu votre état. J’aurais l’impression de vous abuser, encore. Votre fragilité me touche, bien plus que je ne le voudrais. »

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 24 Nov 2019, 23:03



L’Ange haussa les épaules. Elle se fichait d’être trop honnête. Elle préférait cent fois les contours écharpés d’une vérité trop brutale à la lame effilée d’un mensonge. Elle s’en moquait d’autant plus qu’ici, le climat tendait si bien à tranquilliser les esprits qu’elle ne risquait presque rien. Une fois à l’extérieur… que pourrait-il bien faire ? Tout ce qu’elle avait dit, ce n’était rien de trop difficile à deviner. Elle s’était absoute du contact physique ; elle ne lui avait pas refusé sa confiance. « Hum. » Elle se demandait s’il mentait ou s’il était réellement serein quant à son alignement. Est-ce que c’était possible ? Sans doute. Les Anges devaient probablement tenir une ligne de conduite plus stricte que les Magiciens. Il ne s’agissait pas seulement d’être bon ; il fallait être pur. Les Aetheris savaient à quel point il lui arrivait, parfois, de se sentir salie par ses pensées ou ses émotions. Lorsqu’il reprit, elle se redressa et haussa les sourcils. Il y a toujours un décalage entre la connaissance de soi et la perception des autres. C’est inévitable, comme le temps qui s’égrène et les saisons qui s’enchaînent. Pourtant, certains cerveaux s’affolent : agit-on conformément à ce qu’attend autrui ? est-on assez bien ? sera-t-on accepté et aimé ? Deux peurs au fondement de questions existentielles et sans doute trop futiles, deux peurs pour exténuer corps et esprits d’un mouvement conjoint. Il craignait de se perdre ; elle aussi, mais pour des raisons internes. Elle acquiesça. « Je comprends. Malheureusement, je ne crois pas qu’il y ait de véritable juste milieu. » Le repos, le temps, et les sacrifices formaient un trio bancal. Pour les passionnés, il n’y avait pas de trêve. Laëth étendit une jambe et joua avec la surface de l’eau du bout du pied. « Cela dit, si vous êtes si fatigué… vous devriez effectivement vous reposer, ou vous commettrez à coup sûr des erreurs. » Elle lui accorda un regard chargé de bienveillance, avant de se redresser. « Comment ? » s’étonna-t-elle, les sourcils froncés. C’était le type d’informations qu’elle aurait évité de communiquer, en temps normal. Le genre de failles qu’elle exécrait et chérissait tout à la fois. Celles qu’elle cachait soigneusement. Le fait qu’il effleurât si aisément sa vulnérabilité la troublait et l’énervait. Personne ne l’avait confrontée à ses peurs de cette façon depuis longtemps. Priam tentait, parfois. Elle eut un mouvement sec des ailes, un battement sans ampleur mais brusque. « C’est… c’est mon peuple, c’est tout. Je n’ai pas envie d’en être séparée. Ça n’a pas été facile d’arriver là. Moi aussi, j’ai dû faire des sacrifices, et je ne veux pas les réduire à néant. J’imagine que vous pouvez comprendre ça. » Son ton était ferme mais sans violence.

La conversation aurait sans doute pu s’arrêter là, néanmoins, son interlocuteur ne semblait pas disposé à la laisser se lover dans ses illusions. La fuite au détriment de l’affrontement. Elle n’aimait pas le voir ainsi, bien qu’elle sût que c’était vrai. Elle fuyait ses émotions et ses impulsions parce qu’elle en avait peur. Elle avait peur d’être dévorée par elles. Affamées et avides, elles déferlaient comme les vagues d’une tempête et broyaient tout sur leur passage – la raison, la paix, la liberté. Elles l’emprisonnaient dans des filets serrés et ne relâchaient leur prise que lorsqu’elle succombait au plus grand épuisement. L’Ange défit l’étreinte de ses bras et étendit sa deuxième jambe. Elle commença par s’écarter, puis se leva et effectua quelques pas. Stratégie d’évitement comme une autre. Elle aurait pu lui tourner le dos, cependant, elle ne le quittait pas du regard. Elle le sondait tandis que, plus il parlait, plus la colère bouillait dans ses poumons. Peut-être qu’il avait raison. Ça n’avait aucune importance : elle n’était pas prête à l’entendre. Pas venant de lui – sûrement de personne. Son sourire et son air doux l’énervaient d’autant plus que son agacement ne semblait pas justifié. Elle avait la sensation détestable d’être infantilisée. Heureusement, à chaque écume d’ire, le courant tranquille des Sources répondait et l’apaisait. Son rythme cardiaque s’envolait et coulait de façon erratique.

De tous les mots qu’il avait prononcés, Laëth aurait pu retenir qu’elle était intéressante, belle et désirable, toutefois, ils ne provoquèrent qu’une onde de chaleur et une prise de couleur au niveau des pommettes. Elle s’arrêta sur celui qu’elle n’aimait pas. Fragilité. Elle savait. Du plus profond de son être, elle voulait que cela change. « Je n’ai pas honte de ce que je ressens. C’est juste que… ça me fait peur, d’accord ? Je ne suis pas infaillible, je le sais, et tout ça, toutes ces émotions… parfois, ça me dépasse. » Elle croisa les bras et marcha un peu, puis elle porta une main à son front et la fit passer dans ses cheveux. « C’est comme… Je ne sais pas. Un événement extérieur qui vous contraint au point de ne vous laisser aucun choix ? » La jeune femme reporta ses iris verts sur Kaahl. « En fait, c’est un peu comme ce que vous disiez tout à l’heure. C’est comme si j’étais hors de moi-même et qu’en prime je ne contrôlais plus rien. Ce sont les émotions qui prennent le dessus, elles sont systématiquement trop fortes, trop puissantes, et elles ne sont pas faites pour ça, pour diriger. » Elle ferma les yeux un instant et inspira profondément. « Ça ne peut pas continuer comme ça indéfiniment. » En tout cas, elle ne le souhaitait pas. Elle ressentait le besoin de reprendre le dessus sur elle-même. « Mais fort heureusement pour moi, vous paraissez être un sage en la matière. » La brune le scrutait, avec le calme dont l’endroit l’emplissait, mais non sans ironie. D’un pas sûr, elle s’approcha et se planta devant lui. Sans hésiter, elle lui prit la main, glissant ses doigts entre les siens. « Voilà. Content ? D’autres enseignements à dispenser, peut-être ? » Elle ne le désirait pas et il n’abuserait pas de sa fragilité, de toute façon, n’est-ce pas ? Le défi criblait ses iris d’étincelles farouches. Le problème fondamental résidait sans doute plus dans son impulsivité provocante que dans ses sentiments sauvages.
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[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  1628 :


[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  2289842337 :
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 25 Nov 2019, 00:49



« Laëth… » Je baissai les yeux sur nos deux mains liées avant de les remonter vers son visage. Cette lueur dans son regard était exactement la même que celle qui y avait brillé lors de la course dans le labyrinthe, lorsqu’elle s’était retrouvée au sol. La seule différence aujourd’hui se trouvait dans le fait que je ne pouvais pas me cacher derrière un état subi de prédateur. Si je la dévorais maintenant, je n’aurais aucune excuse valable. Je ne pourrais pas simplement expliquer que son air défiant avait été trop tentant et m’avait fait perdre la tête. Pour une fois, j’étais plutôt heureux de l’effet apaisant de l’endroit. Je sentais pourtant mon rythme cardiaque pulser dans mes veines. J’avais envie de me jeter sur elle. Pourquoi faire exactement ? Je n’en étais pas certain. « Je ne voulais pas vous mettre en colère. » finis-je par lâcher calmement. Le choix de mes mots n’était pas le fruit du hasard. Je les avais choisis pour la toucher. « Je suis désolé. Je n’aurais pas dû vous dire tout ça. » Il ne me faudrait qu’un mince effort pour exercer une pression sur sa main et la tirer vers moi. En la guidant bien, elle tomberait sur mes cuisses et je n’aurais qu’à l’enfermer contre moi. Je pouvais l’hypnotiser pour qu’elle fasse ce que je souhaitais. En aurais-je seulement besoin ? Si ses émotions étaient si fortes, si incontrôlables, il me suffirait de me montrer entreprenant et ferme. Je pourrais laisser mes lèvres parcourir sa gorge sans problème. Je pourrais aussi l’étrangler pour faire disparaître cette flamme dans ses yeux. J’aurais pu si je n’étais pas conscient des conséquences éventuelles de mes actes.

Je finis par me relever, sans lâcher sa main. Je la regardai un instant avant de soupirer. « Je ne suis pas aussi sage que j’aimerais l’être. » J’avais pris note de son ironie. Elle méritait une paire de claques. « Vous ne pouvez pas savoir à quoi je pense actuellement. Je ne suis pas sage, tout comme vous ne l’êtes pas d’essayer de me tester. » Je lui souris, mes yeux prenant soudainement une lueur semblable à celle des siens. « Vous savez très bien que la dernière fois que nous nous sommes retrouvés dans cette position, les choses ont vite dégénérées. » Je m’étais rapproché un peu. Ce qui était visible, bien plus que ma volonté de la faire souffrir, c’était l’hésitation qui me maintenait debout devant elle. Elle pouvait se douter que j’avais envie de l’embrasser, parce que mon visage bougeait presque imperceptiblement. Elle m’attirait et mon regard tanguait dangereusement de ses yeux à ses lèvres. « Je me demande pourquoi est-ce que vous vous mettez volontairement en danger. Vous venez de dire que vos émotions vous submergeaient et vous me rejoignez. Je ne veux pas abuser de vous mais… » Si, j’en avais envie. « Et si je n’étais pas assez fort pour résister ? Avez-vous pensé à cette éventualité ? » Je penchai mon visage vers le sien avant de me raviser non loin de ses lèvres. Je me reculai et lâchai sa main. Je me décalai pour m’éloigner d’elle. Une fois que je fus sûr qu’elle ne pouvait plus voir mon visage, un sourire narquois y apparut. Il disparut néanmoins lorsque je m’aperçus que j’avais encore envie de discuter avec elle. Le lieu m’ensorcelait. J’avais envie de me livrer, un désir qu’il me fallait réprimer.

Je finis néanmoins par la regarder en tournant la tête. Qu’allais-je faire d’elle ? Mes doigts rejoignirent mon front. Elle me posait réellement problème. Je fis demi-tour après quelques secondes d’immobilisme et me plantai devant elle. Je repris sa main dans la mienne. J’avais envie de l’attacher et de voir son visage se déformer, entre plaisir et douleur. Il y avait ce côté enfantin qui faisait ressortir mes bons côtés. Seulement, son autre côté, celui qui la rendait provocante m’excitait autant qu’il me déplaisait. J’avais envie de la soumettre et de la faire taire. En y réfléchissant sérieusement, pourtant, c’est ce qu’il fallait à mon moi Magicien, une femme qui lui donne du fil à retordre, qui le provoque pour le sortir de son quotidien et lui donner plus d’éclats. Ça ferait sans doute rire mon entourage de me voir perdre les pédales devant elle, devenir un peu impulsif, voire possessif. C’était le Sorcier en moi qui voulait la mettre à genoux. Je devais le faire taire. « Vous me… » commençai-je. « Je ne… » Je semblais empêtré dans des pensées confuses. Je finis par remonter nos mains jusqu’à mes lèvres, déposant simplement un baiser sur le dos de la sienne. « Vous me troublez. » lui avouai-je. « Excusez mon comportement précédent. Vos manières me rendent confus. Je n’arrive pas à déterminer ce que vous attendez de moi quand vous agissez ainsi. Qu'est-ce que vous voulez, hum ? » Je me détournai pour reprendre ma position initiale, assise. Je préférai changer de sujet sans transition. « Votre frère ne vous manque pas trop ? » J'inspirai profondément puis expirai, essayant de laisser la magie des sources m'envahir. Doucement, j'amenai ma main droite à mon épaule gauche et la massai pour essayer de défaire les tensions et les nœuds qui y résidaient toujours.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 25 Nov 2019, 21:08


Il était beaucoup trop près. Cette constatation la glaçait autant qu’elle la grisait. Au moins, lorsqu’il était assis, elle avait la vague illusion d’avoir l’ascendant. Pouvait-elle réellement se plaindre ? Elle avait provoqué cette situation. Elle l’avait provoqué, lui. Consciemment. Un peu poussée par la colère, sans doute, mais en sachant pertinemment à qui elle s’adressait et comment. Sans pouvoir s’en empêcher, elle déclara : « Peut-être que c’est parce que vous n’êtes pas très sage que je vous aime bien. » La sagesse ne l’étreignait pas, c’était certain. Elle ne l’avait jamais fait : Laëth semblait avoir toujours fourni l’effort – involontaire, peut-être – de lui échapper. Elle avait été la gamine turbulente et l’adolescente rebelle. Elle pourrait bien poursuivre avec le rôle de l’adulte impertinente. Ou bien tout n’était-il qu’une question de temps ? A force de secondes, la sagesse trônerait-elle un jour sur sa tête ? Elle avait toujours trouvé les gens trop prudents terriblement ennuyeux. Parfois, les autres la choquaient, mais ils présentaient l’avantage de susciter une émotion vive et marquante. Elle ne les oubliait pas, et peut-être qu’elle finissait par les admirer un peu – même quand ils avaient tout de repoussant. Les yeux plantés dans ceux de Kaahl, elle ne bougeait pas. Il mettait son incohérence en lumière. Cela l’aurait certainement agacée, si elle n’avait pas été subjuguée par le rapprochement qui s’effectuait doucement, presque imperceptiblement. Elle entrouvrit les lèvres avant de les pincer, tandis qu’il se redressait et s’écartait. Elle détourna le regard et dut se faire violence pour ne pas croiser les bras et se convaincre qu’elle n’était ni vexée ni frustrée. Elle le détestait. Mais elle ne partirait pas.

L’Ailée inspira longuement et fit glisser l’une de ses mains sur la surface de l’eau, qui se rida sous sa caresse. Le silence qui succédait à leur échange permettait à l’ambiance des Sources d’adoucir la course de son pouls et de clarifier son esprit. Elle en avait besoin. Si elle ne voulait pas finir dans le même état que la dernière fois, elle devait veiller à reprendre contenance – ou à la conserver. Le bruit léger de l’onde qui bouge l’incita à relever le nez. Elle se trouva à nouveau face à lui, sa main dans la sienne. Elle frissonna et ses doigts se crispèrent autour des siens. Qu’est-ce qui était le plus dérangeant ? Sa gêne ou ses gestes ? A l’instant où sa bouche toucha sa peau, le sang parut déserter ses phalanges pour se précipiter jusqu’à son visage, et s’y concentrer pour mieux le quitter tout à fait. Elle était livide. L’anarchie de ses émotions bouleversait son enveloppe charnelle. Elle le détestait, oui. De la toucher, de la troubler, de lui faire endurer ça, et pourtant, une petite voix au fond d’elle ne voulait pas qu’il arrêtât. Il semait le chaos dans son esprit avec une facilité déconcertante. C’était aussi haïssable qu’enivrant. « Je… Je ne sais pas. » avoua-t-elle. « Je… c’est moi qui suis désolée. » Ce qu’elle attendait ? Ce qu’elle désirait ? Ce qu’elle voulait prouver ? Elle n’en avait aucune idée. La rupture du contact et l’éloignement de leurs corps lui donna l’occasion de réordonner ses pensées bousculées, cependant, elle ne parvint pas à mettre le doigt sur le fondement de son action – si elle en avait un qui fût rationnel. Elle aimait sûrement juste jouer avec les limites.

La nouvelle direction prise par leur conversation la surprit, et eut le mérite de noyer toutes ses ardeurs. « Priam ? » Que venait-il faire là ? Il était vrai qu’ils s’étaient croisés lorsque le maître des lieux les avait ramenés dans la salle de bal, et que ce revirement avait l’avantage de les détourner de la tentation. Laëth soupira. « Si, bien sûr. » A son tour, elle se dirigea vers le bord du bassin et s’assit. « Pour tout vous dire, j’aurais aimé qu’il vienne avec moi, mais nous n’avons pas du tout la même… conception des choses ? Ni les mêmes envies. » Elle sourit doucement, attendrie alors qu’elle songeait à son frère. « Il ne se sent toujours pas vraiment Ange, je crois. En tout cas, parfois, j’ai l’impression de côtoyer un Réprouvé pure souche. » A certains moments, c’était drôle. A d’autres, elle avait envie de mourir de honte. « Les expéditions, l’armée, la Compagnie de Yüerell, ça ne l’intéresse pas du tout. » Ou juste dans la mesure où elle en faisait partie. « Il est berger, et parfois je me dis qu’il préfère passer du temps avec ses bêtes plutôt qu’avec les gens. » Peut-être que c’était le plus sage à faire, justement – quoi que Priam fût aussi peu voire encore moins qualifié qu’elle en la matière. « Enfin, il reste nostalgique de Bouton d’Or. Il a été un peu contraint de rester aux Jardins, alors… Tout lui manque. » Elle baissa les yeux, un sourire un peu triste au bord des lèvres. Puis, elle releva le menton et demanda, ses iris dans les siens : « Et vous ? Vous ne voyez plus vos frères, j’imagine ? Ni vos parents ? » Elle espérait ne pas commettre un impair en parlant d’eux. Elle aurait peut-être dû se renseigner : les informations à ce sujet devaient être accessibles. Cependant, elle avait choisi de ne plus y penser, et n’aurait pas imaginé le revoir avant longtemps. Peut-être même très longtemps, si elle avait su résister à l’appel de la clef qu’il lui avait confiée. Les territoires magiciens brillaient par leur accessibilité. « Comment ça s’est passé, d’ailleurs, le jour où ils ont compris que vous ne seriez pas… ce qu’ils attendaient ? »

Message IV - 916 mots




[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  1628 :


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Kaahl Paiberym
Lun 25 Nov 2019, 23:13



Peut-être que c’est parce que vous n’êtes pas très sage que je vous aime bien, hein ? J’étais en train de réfléchir à ce qu’elle avait dit plus tôt alors qu’elle me parlait de son frère. Elle n’avait pas idée à quel point je n’étais pas sage. Je doutais qu’elle continue de « bien m’aimer » à l’avenir, si elle venait à savoir. Elle m’aimait bien. Avec un peu de doigté, je pourrais sans doute transformer cette amitié révélée en quelque chose de plus fort. Ce serait délicat. Comment pouvais-je m’y prendre ? L’agacer pour mieux l’apaiser ensuite ? La rejeter pour mieux la rattraper ? Laisser les choses se faire seules ? L’endroit tendait à faire tomber mes stratégies car leur mise en œuvre nécessitait une certaine tenue, une tension, qui commençait doucement à disparaître.

Je perçus sa mine attendrie. J’avais envie qu’elle prenne la même expression lorsqu’elle parlait de moi en mon absence, une expression attachée. Elle aimait son frère, il n’y avait aucun doute là-dessus. Le problème c’est qu’elle n’avait strictement rien à raconter sur moi. Nous n’avions jamais vécu ensemble et, jusqu’ici, nos rencontres avaient été parcellaires. Elle ne pouvait détailler nos souvenirs à son entourage et j’étais conscient qu’il faudrait que je nous en fabrique pour rendre les choses possibles. Je pourrais peut-être lui trouver un bicorne ou un cerfeuil. N’était-ce pas là des espèces qui vivaient surtout dans les contrées dont elle venait ? Elle devait être parfois nostalgique, bien qu’elle semble plus attachée à son existence d’Ange que son frère, à l’écouter. Que désirait-elle, au fond d’elle ? J’avais du mal à l’envisager aimer les visites au musée. Peut-être pourrais-je plutôt l’inviter à passer quelques jours à la campagne avec moi lorsqu’elle rentrerait des expéditions ? Si je ponctuais le séjour de quelques virées trépidantes qui lui permettraient d’utiliser sa fougue et son panache, elle y prendrait certainement plaisir. Je ferais en sorte que les soirées soient plus calmes et intimes. Peut-être devrais-je inviter son frère, aussi ? L’idée me déplaisait assez mais il fallait que j’y réfléchisse plus posément. « Il doit beaucoup vous aimer, votre frère. » lui murmurai-je soudainement. Elle venait de dire qu’il était contraint de rester aux Jardins. Je pouvais deviner assez aisément qu’elle était la raison principale de sa présence près des Anges. Priam était un problème pour moi. S’il tenait tant à sa sœur, il ne la laisserait pas si facilement épouser le premier Magicien venu. Il serait très certainement suspicieux, plus qu’elle, car l’on fait toujours attention aux choses que l’on aime, sauf à être stupide.

Je relevai un peu le menton lorsqu’elle parla de ma famille. Je poussai un soupir qui se finit en une sorte de rire. Ce n’était pas un rire de joie, plus le rire de quelqu’un de désabusé. « Si, je vois toujours mes frères, et les autres membres de ma famille d’ailleurs, à l’exception de mes parents. » Je laissai un temps passer. Parler de ma mère était toujours difficile. « La dernière fois que j’ai vu ma mère, elle était sur le sol, en train d’essayer de reprendre le dessus sur mon père. Après sa grossesse, son cœur s’est adouci et elle est devenue Magicienne. Mon père ne l’a pas supporté. Le jour où il l’a découvert, il l’a tirée par les cheveux dans toute la maison avant de disparaître avec elle, sans jamais répondre à ses supplications. Elle pleurait tellement… » Je m’arrêtai un temps. J’en faisais toujours des cauchemars. Je me raclai la gorge avant de continuer. « Il est mort quelques années après dans le conflit entre les Sirènes et les Sorciers. Il était le Chancelier Noir en charge de la diplomatie et l’une de ses visites à la Cité Engloutie lui a été fatale. Comme je suis né le premier je possède un marquisat sur le territoire sorcier. Je suis aussi le chef de famille, ce qui n’est pas facile à gérer pour être honnête. » Je ris, essayant de rendre la situation un peu plus supportable. Personne dans ma famille n’avait conscience de ce que j’étais réellement, hormis Réta. Même Veronika, ma tante, qui était une femme qui savait se montrer brillante et redoutable, ne soupçonnait pas à quel point je trompais mon entourage. C’était cette constance à paraître gentil depuis mon enfance qui faisait que, aujourd’hui, je demeurais insoupçonnable. « Ils me détestent tous. Ma tante rêve de m’éliminer et le ferait sans doute si elle ne risquait pas de mettre la vie de mes frères en danger. » J’en parlais rarement. « C’est pour ça, je pense, que j’ai envie d’avoir mon propre foyer. Ça et le fait que Gustine, la Magicienne qui vit chez moi avec son mari, n’arrête pas de me demander quand est-ce que je compte me marier et avoir des enfants. Parfois, je me demande si je ne devrais pas engager une femme pour qu’elle joue la comédie. » Je lui souris avec un air espiègle. « Vous seriez parfaite alors si vous pensez vous reconvertir un jour, n’hésitez pas à me contacter. » Je redevins progressivement sérieux. « En fait j’en ris mais je sais qu’elle aimerait que je me marie, me savoir heureux et moins seul. » J’aimais cette femme. « Elle commence à être vieille. »

Je regardai Laëth en silence un instant. Je me sentais étrange. Je n’avais aucune idée de comment j’allais réagir lorsque Gustine mourrait. Mon esprit dériva sur le temps et sur la mort sans que je ne puisse l’en empêcher. « En fait… » commençai-je. « Je n’ai vraiment pas envie de faire ça dans les formes. » D’un mouvement vif, je la rejoignis. L’une de mes mains prit appui sur le bord du bassin alors que l’autre trouva un chemin presque trop naturel jusqu’à sa joue. « Ne me blâmez pas. C’est vous qui avez dit que vous aimiez lorsque je n’étais pas sage. » Elle ne l’avait pas dit exactement comme ça et j’en avais conscience. Tant pis. Je fixai ses iris un court instant avant de l’embrasser avec une passion invraisemblable. Je savais déjà que je la désirais mais je m’accrochais aussi à ses lèvres parce que je venais de m’effrayer tout seul, à penser à l’éphémère des personnes et des choses. Gustine, elle, moi, nous allions forcément mourir. J’avais déjà failli mourir. Qui me disait qu’elle n’allait pas périr lors de ces expéditions ? Je ne pourrais pas faire face à une telle frustration. Je ne voulais pas qu’on me l’arrache. Je voulais l’épouser. Je la voulais tout court. Elle avait intérêt à m’aimer sinon c'est moi qui la tuerais.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mar 26 Nov 2019, 21:20


Un frisson d’horreur griffa son échine lorsque Kaahl lui parla de ses parents. Les siens se disputaient parfois avec une violence qui faisait trembler les murs, mais jamais l’un n’aurait pu tuer l’autre. Elle le dévisageait, consciente de la difficulté que sa curiosité lui avait imposée. Il demeurait dans la maîtrise de lui-même, cependant, elle devinait les remous désagréables que sa question avait dû provoquer. Voir sa mère glisser sur le sol de la demeure, en larmes, implorante… Cet homme dont elle avait partagé la vie, dont elle avait eu des enfants… un monstre. C’était le seul mot qui lui venait à l’esprit. Les relations entre les Mages noirs et les Mages blancs périclitaient dans l’empire de leurs différences. Le voile qui les séparait paraissait trop opaque pour grand nombre d’entre eux. Laëth commençait tout juste à percevoir la complexité de ces deux races, qui ne constituaient finalement que les deux côtés d’une même pièce. « Je suis vraiment désolée. C’est terrible, ce qu’il s’est passé. » souffla-t-elle. La mort du paternel avait-elle été une délivrance ? Une revanche sur la vie qui trahissait tant les mortels ? Elle avait entendu parler du conflit entre les Sirènes et les Sorciers. La Dame des Abysses et l’Empereur Noir… Le père de Kaahl n’avait été que l’une des nombreuses victimes d’une guerre d’orgueil. Il avait laissé ses fils derrière lui. L’Ange notait – et goûtait peut-être un peu – l’ironie du sort, qui avait voulu que le Magicien récupérât les titres familiaux. Lorsqu’il disait qu’il n’était pas évident d’être à la tête de sa famille, elle le croyait sans hésitation : elle acquiesçait, doucement. Personne n’aurait pu envier la position dans laquelle il semblait coincé. Les manipulateurs de magie noire ne changeraient certainement jamais d’avis à son sujet. Laëth souffla imperceptiblement et inclina la tête vers l’arrière pour la laisser reposer contre les rochers. Le ciel étoilé surplombait le bassin. Où se trouvaient-ils, exactement ? Elle ne reconnaissait aucune constellation. C’était comme évoluer dans un univers parallèle. Et le lendemain, elle se réveillerait sur le navire, seule.

Lorsqu’il reprit la parole, elle reporta son regard vert sur son visage. Elle sourit à l’évocation de Gustine. Elle imaginait bien le désespoir de celle-ci, impatiente de le voir fonder sa propre famille, comme une mère ou une grand-mère – pas de la même sorte que celle qu’elle avait rencontrée – l’aurait été. Pourtant, trouver une épouse ne devait pas représenter une difficulté pour lui. Il était un bon parti, le hasard l’avait bien doté intellectuellement et physiquement… En société, il se comportait sûrement de façon bien plus distinguée et respectable que ce qu’elle avait pu elle-même expérimenter. La méchanceté ne gangrénait pas son âme. Non. Il devait encore trop penser à l’Ultimage. « Moi ? » Elle haussa les sourcils et ne put retenir un rire, sans pouvoir dire si c’était la gêne ou l’amusement qui se manifestait. « Je crois que vous avez oublié que je suis beaucoup trop honnête pour mon propre bien. » le taquina-t-elle. Pourtant, il avait vu juste ; elle ne saurait pas tenir un rôle si factice sur le long terme. Les Anges n’avaient pas été façonnés pour maîtriser l’art du mensonge et des faux-semblants. Ils pouvaient papillonner avec la duplicité ; ils ne seraient jamais ses amants les plus fidèles. « Pourtant, vous devriez pouvoir trouver facilement une femme qui accepte de vous épouser, non ? De ce que j’ai pu entendre, vous êtes le sujet de bien des espoirs dans la bouche de certaines Magiciennes. » Elle eut un sourire mutin. Les jeunes femmes des Terres du Lac Bleu ne tarissaient pas d’éloges à son sujet et chacune de ses apparitions aux côtés d’Edwina Nilsson ruinait leurs cœurs. Elle ne savait pas trop ce qu’elle en pensait, elle. Elle ne s’était jamais posé la question, en fait. Maintenant qu’elle l’observait, c’était confus.

D’autant plus confus quand il se trouva tout proche d’elle. L’Ange retint sa respiration. Ses pulsations cardiaques se déchaînaient. Ses iris flottèrent jusqu’à ses lèvres. Elle fit un effort monumental pour les ramener jusqu’à ses pupilles. Pourquoi avait-il fallu qu’il se rapprochât ? Ils avaient enfin réussi à se calmer. Elle ne voulait pas… Si. Elle voulait. C’était tétanisant. Elle le détestait, elle se détestait. Pourtant, c'était l'occasion de mettre à l'œuvre sa dévotion aux Vertus. Elle devait résister. Elle devait... Tout vola en éclats. Elle ne pensa plus. Laëth n'était qu'une pulsion, qui ne désirait que sentir ses lèvres contre les siennes, et son corps plus près de sa peau. Une de ses mains se fraya un chemin jusqu'à sa nuque tandis qu'elle entourait ses jambes d'une des siennes pour l'attirer à elle. Elle le voulait, d'une façon que tout lui interdisait, sinon son envie dévorante. Elle se perdait dans l'abîme d'un désir inapproprié, dont ses ailes ne ressortiraient pas les seules abimées. Une montée de panique naquit dans son ventre et, comme le magma d’un volcan, fusa jusqu’à son crâne. Ses doigts se crispèrent autour de ses cheveux. Dans un mouvement désespérément incontrôlé, sa main libre vola jusqu’à sa joue. L’Ange s’écarta précipitamment et plongea sur le côté. Elle refit surface quelques mètres plus loin, fébrile. Comme elle le regardait, elle sembla réaliser son geste : elle plaqua ses deux mains sur sa bouche, les yeux remplis de honte. « Pardon. Je-je suis tellement désolée, je ne voulais pas... » Elle se tut, mortifiée. Allait-il lui répéter que ce désir n’était dû qu’à la situation ? Elle ne l’avait pas cru la première fois, elle ne lui donnerait pas raison la deuxième. C’était incontrôlable. Insupportablement incontrôlable ; au point que la violence était devenue son seul recours. « Je ne vous ai pas fait trop mal...? » En vérité, c’était à elle qu’elle aurait voulu mettre cette claque. Dès qu’il réduisait la distance qui devait les tenir séparés, dès que sa peau s’aventurait sur son corps, elle déraillait. Elle était intenable ; elle se sentait pitoyable. « Je ne peux pas... Sans amour. c'est de la Luxure. » Les entrailles de l'Ange s'agitaient. Elle devait résister, car tout son être criait son regret. Il voulait y retourner, s’y perdre, et tant pis pour le reste. Elle ferma les yeux. Non.

Message V - 1041 mots
Chose promise, chose due <3 En échange, j'aimerais qu'elle survive, merci beaucoup /sbaf




[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  1628 :


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 26 Nov 2019, 23:26



Je restai immobile, incapable de bouger. La claque avait résonné dans ma tête avec une intensité étrange. Mes yeux se perdirent dans le vide abyssal, un instant. Rien ne vint parasiter mon esprit. Le silence le plus total vibrait, un silence glacial. Puis, juste après, je sentis un feu brûlant m’envahir. Venait-elle réellement de me gifler ? Ma respiration était anormalement apaisée. Je pouvais la sentir distinctement, seul bruit que produisait d’ailleurs mon corps paralysé. Mes poumons se remplissaient d’air, puis se vidaient. C’était comme le calme avant la tempête. Ce n’était pas la douleur le problème. Elle n’était pas dénuée de force, au contraire. Je me fichais bien de la morsure de sa main, en réalité. Le souci résidait dans le fait que personne n’avait levé la main sur moi depuis très longtemps. Ce geste, aussi simple soit-il, était particulièrement humiliant. Il n’était rien en comparaison de l’explosion des locaux de Valera Morguis, cependant. J’aurais pu relativiser mais, à cet instant précis, mon cerveau en était incapable. Je sentais la rage grimper en moi et je me vis très distinctement attraper cette femme par la gorge pour la clouer toute entière à mon mur. Pas que les ailes. Elle. Je la vis très nettement crier sous mes tortures toujours plus virulentes. J’avais envie de lui fracasser le crâne sur la surface plane, encore et encore, jusqu’à sentir sa tête exploser entre mes doigts.

Je mordis mes joues, un geste qui fut le premier que j’effectuai. J’avais vaguement entendu qu’elle m’avait parlé entre temps mais j’étais incapable de restituer ses propos. Je finis d’ailleurs par lui tourner le dos. J’appuyai mes deux mains contre le rebord du bassin, tendis les bras et me penchai légèrement en avant. Le mouvement étira mon dos. Je fermai les yeux, laissant le temps passer sans réellement m’en soucier. Lorsque je les rouvris, ils étaient légèrement humides. La colère que je ressentais me plongeait dans une rage innommable. Comment avait-elle pu ? Mes doigts se crispèrent sur le rebord avant de se relâcher. C’était de ma faute. Je savais d’avance que ça ne fonctionnerait pas et qu’elle ne se laisserait pas faire. Je revis très distinctement celui que j’avais considéré à tort comme mon père dominer ma mère de toute sa hauteur et son mépris. Étais-je vraiment comme lui ? Est-ce que si je réussissais à épouser Laëth, je finirais par la briser, intolérant vis-à-vis de sa bonté et de la moindre de ses erreurs ? Ce n'était pas le but.

Plus les secondes s’égrainaient, plus les sources m’apaisaient. C’était sans doute une chance. Je devais me ressaisir. J’émis une profonde expiration avant de me retourner. Je me souvenais au moins de sa dernière phrase. Sans amour, ce serait pécher. Mes yeux parcoururent la distance qui nous séparait. Que faire ? Je plaçai l’une de mes mains sur ma joue en réfléchissant et la frottai. Elle n’y était pas allée de main morte. Je savais ce qu’il s’était passé, ce n'était pas difficile à deviner : elle avait aimé ça et paniqué en se rendant compte de ce que nous faisions. Je sentais encore la caresse de ses doigts dans mes cheveux. Je penchai doucement la tête en arrière, visiblement embêté. La claque avait eu le mérite de refroidir mes ardeurs charnelles. Elle en avait réveillé d’autres cependant. Heureusement, ces dernières tendaient aussi à disparaître.

Je finis par faire un pas dans sa direction en levant les mains devant moi en signe de paix. « D’accord. » lui dis-je, compréhensif. « Je m’approche mais je ne ferai rien. » continuai-je en faisant d’autres pas pour me rapprocher d’elle. Je m’arrêtai à un mètre, peut-être un peu moins mais suffisamment loin pour qu’une distance raisonnable subsiste. « Écoutez… En temps normal je ne suis pas aussi entreprenant. » Je n’avais plus envie de la torturer mais l’idée d’une gifle revancharde m’apparaissait être un bon compromis, une gifle bien plus violente que la sienne. « C’est sans doute pour ça que je suis encore seul. J’ai passé des années à aimer une femme sans le lui dire et sans rien tenter. Conclusion : elle est aujourd’hui mariée à un autre homme. Je suis resté empêtré dans mes sentiments pour elle si longtemps que je ne suis plus vraiment certain de savoir comment m’y prendre. » Je remarquai que mentir commençait à devenir difficile. Je sentais une gêne dans ma poitrine. La sensation était désagréable, plus virulente. « Je ne sais vraiment pas quoi faire avec vous. Vous aviez l’air d’aimer ça. » Mes mains s’agitèrent un peu devant moi, pour éviter qu’elle ne me redise ce qu’elle avait avancé plus tôt. « Oui je sais. Sans amour c’est de la Luxure. Juste… » Je me mis à fixer ses yeux. Il fallait que je la rassure avant de continuer. « Je ne vous toucherai plus, promis. Seulement, j’aimerais vraiment comprendre. Comment est-ce que vous savez que vous ne m’aimez pas ? » La question était osée mais la suivante le serait davantage. « Parce que, pour être honnête, ce que je ressens pour vous est flou. Je ne suis pas sûr. ». Entre l’envie de l’étrangler, celle de la faire gémir et celle de la protéger, je commençais à gentiment m’égarer. Mes émotions faisaient des vagues, surtout ici, dans cet endroit maudit. « Vous êtes apparue dans ma vie si soudainement, en plus de ça. ». Je lui souris avant de reprendre mon sérieux après quelques secondes de silence. « Si jamais vous êtes sûre de ne pas m'aimer, est-ce que vous pensez y parvenir un jour ? » J’attendis un peu et détournai les yeux. « Ce serait sans doute plus facile pour moi d’être fixé. » Que je sache si je devais l’ensorceler pour obtenir ce que je voulais ou non. « Vous me plaisez, Laëth, mais si ce n’est pas réciproque autant que je ne vous encombre pas inutilement de ma présence. » Et que je ne m’embête pas à essayer d’obtenir son consentement par la même occasion. « De toute façon, vous avez la clef si jamais… »

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Priam et Laëth
Mer 27 Nov 2019, 17:40


Le silence cristallisait ses peurs et exaltait son inquiétude. Elle l’avait frappé. Il lui avait dit qu’il n’était pas aussi sage qu’il l’aurait souhaité et qu’il n’avait pas la certitude de pouvoir résister. Il le lui avait dit, mais elle avait continué à jouer. Idiote. C’était comme le jour où elle avait tendu la main pour attraper l’abeille. Elle n’avait pas su lutter contre la tentation, elle ne s’était pas fiée au danger, et elle en avait payé les conséquences. La douleur du dard dans la paume et l’horreur de comprendre qu’elle avait tué l’insecte. La jeune femme avait vécu bien d’autres moments où son goût du risque, irréfléchi et tyrannique, cette forme de curiosité outrageusement mal gérée, lui avait coûté. Elle n’apprenait pas, auquel cas c’était stupide, ou c’était plus fort qu’elle-même, auquel cas c’était tragique. L’amour de l’adrénaline, sensation d’être en vie, incomparable aux autres. Il y avait de cela. Elle avait beau vouloir contrôler, elle adorait sentir la pointe endiablée chatouiller son cœur et exciter tous ses sens. Tout était retombé. Elle craignait la suite bien que, doucement, l’ambiance factice des bains édulcorât sa peur. Peu à peu, ses muscles se détendaient. Machinalement, elle rassembla ses cheveux trempés et posa les longueurs sur l’une de ses épaules. Juste avant de plonger, elle avait pensé à rétracter ses ailes. C’était une chance. Elle n’osait pas imaginer le temps qu’il leur aurait fallu pour sécher.

C’était peut-être pire que la sensation du silence. Laëth l’écoutait parler, sans l'interrompre. A mesure que les mots s’écoulaient de sa bouche, ses émotions s’entrelaçaient et ses sentiments s’enchevêtraient. Elle blêmissait à vue d’œil. Pour autant, est-ce qu’elle aurait préféré une explosion de violence ? Non. Peut-être. C’était plus facile de réagir à la brutalité. Elle connaissait la colère, cette vieille amie qui lui insufflait ses révoltes et riait de ses remords. La vulnérabilité... elle ne l’avait pas domptée – elle n’y parviendrait pas puisqu’elle ne devait pas l'être. Il fallait l’accepter, comme ce désir qui coulait dans ses veines. Cesser de la combattre, car sa force est plus grande. Pernicieuse, même ; elle saura toujours se manifester à travers les interstices et les failles les plus minimes et intimes. Depuis le début, Kaahl la mettait face à la sienne. Ses nerfs crissaient sous le coup de ses émotions tremblantes. Tout s’emmêlait, tout était flou, elle ne savait pas, elle ne savait plus. Ses yeux s’embuaient, ses larmes séchaient ; sac et ressac, à l'instar des vagues qui caressaient la coque du navire sur lequel elle aurait dû être. Est-ce qu’elle l'aimait ? Est-ce qu’elle pouvait être amoureuse, déjà, comme ça ? Sans rien avoir demandé, sans rien avoir voulu ? L’amour n’a rien de maîtrisable. Il cueille et jette dans le vent des passions. Elle le savait. Pourtant... L’idée la révoltait. Débordement des sentiments, encore, quand elle voulait juste un peu de paix. Si elle ne l’aimait pas, est-ce que ce serait le cas un jour ? Pourquoi lui demandait-il tout cela ? Avait-il réellement décidé de l’épouser ? Comme ça, sur un coup de tête ? Elle, une petite Ange parmi d’autres ? Avec toutes les difficultés politiques et biologiques sur lesquelles une union pourrait aboutir ? Elle demeura silencieuse, le cœur battant, le visage pâle et les yeux rivés sur les siens, les prunelles vibrantes. Ses pensées en désordre s’entrechoquaient dans un capharnaüm éreintant. Elle ferma les paupières et laissa la magie du lieu l’envahir, avant de revenir à lui, bien plus calme. « Kaahl… » Elle inclina légèrement la tête en avant et soupira. Puis, elle releva le menton et plongea son regard dans le sien. « Comment est-ce que je pourrais vous aimer alors qu’on ne se connaît presque pas ? Ce serait illogique d’avoir des sentiments pour quelqu’un que j’ai à peine côtoyer... » Elle afficha un sourire désolé. « Je ne peux pas vous promettre que je vous aimerai un jour. Vous ne pouvez pas me le promettre non plus. Ça n’aurait pas de sens. » Les promesses revêtaient un caractère sacré, à ses yeux. Les briser, c’était trahir. Trahir, c’était blesser. « Je vous mentirais si je vous disais que vous me laissez indifférente... mais vous avez dû vous en rendre compte. » Elle passa une main sur sa gorge pour la masser distraitement. « Je ne sais pas ce qu’il se passera. Je ne suis même pas certaine de savoir ce qu’il se passe maintenant. Cette situation est assez… inhabituelle. » Un demi-sourire éclaira ses traits. « Mais vous ne « m’encombrez pas inutilement de votre présence », comme vous dites. Et si jamais c’est le cas un jour, je vous le dirai. » Ses doigts avaient quitté son cou et dégageaient délicatement quelques mèches tombées sur le front du Magicien. C’était définitivement plus fort qu’elle. « Et oui, j’ai gardé votre clef. » Ses phalanges glissèrent jusqu’à la joue qu’elle avait frappée et elle frémit. Elle n’aurait vraiment pas dû. « Je ne suis pas venue parce que j’avais peur et que j’étais en colère. Puis il y a eu les expéditions… » Sa main retourna contre sa cuisse, dans l’eau. « Mais je crois qu’au fond de moi, j’avais quand même envie de vous revoir. Je l’aurais jetée, sinon, cette clef. » Cet endroit faisait peser un poids terrible sur l’esprit. Ils commençaient à parler, et c’était comme si la vérité leur était tirée. « Je ne sais pas combien de temps les expéditions vont durer. Mais quand je serai rentrée, je pourrai venir. » Si elle rentrait. Cette pensée la heurta, comme à chaque fois qu’elle s’invitait. Elle n’avait pas envie d’y songer. Mourir lui semblait impossible. Mourir, c’était pour les autres, jamais pour soi. « Si vous promettez que Gustine ne me retiendra pas en otage. » dit-elle avec une pointe d’humour, même si au point où ils en étaient, cette possibilité ne l’aurait pas entièrement surprise. « Vous pouvez venir aux Jardins, aussi, si vous voulez. »

Message VI - 974 mots




[Q] - La vulnérabilité (Laëth)  1628 :


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Kaahl Paiberym
Jeu 28 Nov 2019, 00:28



Qu’allais-je faire de cette femme ? Je me posais sérieusement la question alors que sa main s’était frayée un chemin jusqu’à ma joue. Instinctivement, j’avais penché la tête vers elle, cherchant un contact un peu plus appuyé malgré la sensation désagréable qu’elle avait laissé sur ma peau. J’allais sans doute être rouge un certain temps. Je gommerais l’affront. Ce ne serait pas difficile. Je soupirai. Je ne voulais plus écouter ce qu’elle me disait. Pourquoi étais-je encore ici ? C’était trop compliqué. Il y avait sa nature, le fait qu’elle ne pouvait avoir d’enfants, les expéditions dans lesquelles elle s’était engagée. Pourquoi est-ce que j’insistais ? Par simple défi malsain ? « Oui, lorsque vous serez rentrée. » répétai-je. Dans combien de temps ? Rien ne me disait que ces expéditions ne prendraient pas des années. Entre temps elle m’aurait sans doute oublié. Si je ne pouvais pas influencer ses sentiments d’une manière ou d’une autre, je partais perdant. Elle n’était pas seule sur ces navires. Elle pouvait tomber sous le charme de n’importe quel crétin angélique que je devrais tuer, simplement pour calmer mon mécontentement. Elle pouvait mourir aussi. Savait-elle au moins ce qui l’attendait ? Cette femme était folle. En avait-elle conscience ? Je détournai les yeux d’elle, préférant m’adonner un instant à la contemplation de l’eau avant de rejoindre le ciel. « Je ne sais pas où nous sommes… » dis-je pour changer de sujet. Je ne voulais pas continuer sur cette lancée. J’allais finir par commettre un impair. Je n’avais aucune idée de comment sortir d’ici mais je savais qu’en réfléchissant un peu, je pourrais trouver un moyen de le faire, en l’amenant avec moi.

Je reportai mon regard sur elle. « Je n’ai pas envie que vous repartiez. » J’en fus le premier surpris. Je tiquai. Ma main se leva comme si j’allais ajouter quelque chose mais rien ne vint. Mes doigts se contractèrent et je penchai un peu le menton, détournant les yeux de nouveau. Je devais partir d’ici. Tout ce qui était méticuleusement rangé dans ma tête commençait à se mélanger. J’avais vraiment envie de lui dire que je n’étais pas bon pour elle, qu’elle ferait mieux de ne pas m’approcher. J’avais envie de lui montrer ce que j’étais devenu, ce que l’explosion avait fait de moi. J’avais envie de lui parler d’Adam. J’avais envie de lui dire que mon idée première la concernant n’était qu’un mariage factice, que je la voulais uniquement pour parfaire mon jeu d’acteur mais que j’étais disposé à la rendre heureuse quand même. Il fallait juste qu’elle m’aime. Le reste n’avait aucune importance. Si elle m’aimait, je pourrais lui donner le change facilement. Je pourrais être tendre. Je voulais qu’elle m’apaise et qu’elle me soutienne. Je voulais la voir rire. J’avais vraiment envie de lui promettre que, peu importe les risques inconsidérés qu’elle prendrait, je serais toujours là pour l’aider. Je pouvais le faire. Je pouvais contribuer à son bonheur comme je le faisais déjà avec Gustine ou Adélie. Elles m’aimaient et j’étais capable de les aimer aussi, malgré ma nature. Je n’étais pas sûr que ce soit la vérité mais je savais m’en convaincre. L’illusion pouvait très bien devenir une réalité. Si je faisais tout ce qu’il fallait, elle n’aurait rien à craindre. Je devais juste apprendre à chasser le malsain.

Ma main s’avança jusqu’à sa joue. Mes doigts effleurèrent sa peau en douceur. Je ne cherchais pas à faire quoi que ce soit de plus. J’avais envie de lui crier de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. « J’aurais aimé que les choses se déroulent différemment, c’est tout. » Je ne pouvais pas la retenir. Elle allait repartir et je n’avais aucun moyen de changer les choses. Cette impuissance me frustrait. Pourquoi avait-il fallu qu’elle s’engage dans ces expéditions ? Pourquoi est-ce que j’étais si borné à la vouloir, comme ça ? J’avais déjà étudié la situation. J’avais déjà conclu que c’était une idée lamentable. Il fallait que je pense à autre chose. Je n'avais pas envie de connaître la raison de mon obstination. Je préférais m'en tenir à ce qui m'arrangeait.

Après quelques secondes, je repris ma main et mon regard changea légèrement. Je lui souris. « Je vais vous révéler deux de mes secrets pour me faire pardonner pour le baiser. » Mes yeux brillèrent d’une lueur taquine. « Vous m’en direz deux aussi afin de vous faire pardonner pour la claque. » Il fallait bien que j’aie quelque chose à y gagner. « Ne bougez pas. » lui dis-je avant de me retourner. « Premièrement, je n’ai pas les cheveux courts. » Je laissai ma magie filer pour redonner sa liberté à ma tignasse qui tomba dans mon dos. « Deuxièmement, j’ai eu le malheur de me laisser entraîner dans un jeu stupide avec l’une de mes amies. Mon dos est tatoué. » Là encore, je défis l’un des verrous que je maintenais jusqu’ici. En partie caché par mes cheveux et s'étendant sur la totalité de mon dos, un tatouage apparut. Une aile blanche et une aile noire étaient surmontées d’une couronne de lierres et d’épines entourant un grimoire. Sur la couverture de celui-ci, un hibou fixait le spectateur d’un regard perçant. Les lunes du monde prenaient place entre les ailes, mélangées à des pentacles. J’avais la version maléfique, celle où la lune noire recouvrait la lune bleue. « Nous avons tiré au sort et j’ai écopé de la version chaotique alors j’évite de le montrer en public. Ma tante serait bien trop ravie si elle le voyait en plus. » Je ris mais ne me retournai pas pour autant. Au moins, j’avais trouvé une échappatoire, quelque chose pour occuper mon esprit et fuir mon envie de la ravir. Je n'avais rien révélé de grave mais lui dévoilais tout de même un peu plus de ce que j'étais.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Sam 30 Nov 2019, 17:48


Laëth ne bougea pas. Elle observa les cheveux pousser et chuter dans le dos du Magicien, surprise. Pourquoi ne pas toujours les porter ainsi ? Ou pourquoi ne pas les couper courts, plutôt que de recourir à la magie ? Plus encore que sa chevelure, le tatouage qui se peignit en filigrane l’interloqua. S’approchant, elle écarta délicatement les mèches brunes, qu’elle déposa devant son épaule. Ses doigts glissèrent quelques secondes sur les tracés du dessin. Les yeux plissés, elle étudiait. Les ailes lui rappelaient les Réprouvés et elle assimila le hibou à la Coupe des Nations. Elle reconnaissait les pentacles magiciens, aussi. Le reste lui paraissait beaucoup plus flou ou chargé de significations bien trop diverses. Elle doutait même que l’oiseau se rapportât aux épreuves. Quant aux ailes, elles pouvaient très bien symboliser le Bien et le Mal, ou un autre concept auquel elle n’aurait pas pensé. « Vous avez effectivement de drôles d’idées, avec vos amis. » sourit-elle. « Qu’est-ce que ça représente, exactement ? » Curieuse, l’Ange le contourna lentement pour revenir face à lui. La tête légèrement inclinée, elle le scruta. « Ça vous change. » Ses traits gagnaient encore en finesse. Ils paraissaient plus allongés, mais aussi plus sévères. Il avait l’air un peu moins grand. « Pour le tatouage, je comprends que vous ne souhaitiez pas le montrer. » Elle prit un air interrogatif, les sourcils discrètement froncés. « Mais les cheveux ? Pourquoi ne pas les garder longs ou les couper, puisque vous semblez les porter courts la plupart du temps ? » En espérant qu’elle eût droit d’accéder aux mystères qui enrobaient ces deux secrets. Il serait bien capable de les lui refuser.

La jeune femme détourna le regard vers la gauche. Les lèvres pincées, on aurait pu croire qu’elle se perdait dans la contemplation du reflet des étoiles dans l’eau. Au bout de quelques secondes, elle releva toutefois la tête. « Je ne crois pas avoir beaucoup de secrets. » admit-elle. « Du moins, rien à cacher de cette manière… » Ange, elle ne trompait pas son monde. Pas de cette façon. Elle érigeait d’autres façades et se complaisait dans d’autres illusions. Elle serra les dents, tandis que le pouvoir du lieu la poussait désagréablement à avouer ce à quoi elle venait de songer. La plupart du temps, elles demeuraient tapies dans l’ombre. Elles s’illustraient fielleusement, sous-jacentes à des actions et des mots. Leurs sourires goguenards avaient quelque chose de terriblement inquiétant ; leurs crocs griffaient de frissons son esprit transi. Elle lâcha, sans pouvoir s’en empêcher : « J’ai peur de ne pas être à la hauteur. » Ses iris papillonnèrent jusqu’à accrocher l’élément de décor le plus proche : les rochers. « Je crois que ça a toujours été comme ça, depuis que je suis toute petite. » Autant dire qu’elle avait failli plusieurs fois aux espérances de ses proches. Le souvenir de leurs regards la peinait toujours autant. « Et ça fonctionne pour à peu près toutes les situations auxquelles je peux être confrontée. » Cette peur la motivait à faire de son mieux et à s’améliorer. Elle en nourrissait une autre, probablement la plus douloureuse. Laëth se racla la gorge, peu désireuse de poursuivre. Et pourtant… « J’ai peur qu’on me laisse, aussi, que tout le monde parte et que je me retrouve toute seule. » La crainte de l’abandon, comme un spectre qui surplombe tout. Dirigiste, intransigeante, cruelle. Elle soumet la volonté et contraint les choix ; elle fait oublier soi pour autrui et consacre le sacrifice en maxime de vie. Il n’y avait sûrement que le caractère trempé et la détermination de l’Ailée qui la préservaient des plus basses stupidités de l’amour et de l’insécurité. Elle se rassurait en se persuadant que Priam serait toujours auprès d’elle, quoi qu’il advînt. Néanmoins, une petite voix persistait, au creux de son cœur, qui lui murmurait sournoisement qu’il ne l’avait pas rejointe de son plein gré. Il ne serait jamais resté à ses côtés, s’il l’avait pu. Cela ne changeait rien à son amour pour elle, elle le savait, mais… « C’est un peu idiot, sans doute. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. Ces secrets impliquaient bien plus de choses que ceux qu’il lui avait confiés, surtout. Elle n’avait plus qu’à espérer qu’il n’eût jamais l’idée de faire un mauvais usage de ces faiblesses. « Vous m’intriguez, maintenant. Qu’est-ce que vous cachez d’autre ? » Elle lançait la question plus pour elle-même que dans l’attente d’une réponse. Elle savait qu’il ne lui en donnerait pas. Peu désireuse de s’étendre sur sa propre vulnérabilité, au cas où lui viendrait l’idée de lui renvoyer ses propos, elle se rapprocha de lui. « C’était un peu vil, tout de même, de profiter de cet endroit pour me soutirer des informations. » Elle n’avait rien demandé, elle, finalement. Elle s’inclina un peu plus vers lui, comme si elle était prête à avouer un nouveau secret. « Mais je n’ai étrangement pas envie de repartir non plus. » chuchota-t-elle à son oreille, la main en creux contre celle-ci. Un sourire espiègle étira ses lèvres. Elle demeura quelques instants puis, vivement, s’écarta. Cependant, elle ne se défit pas de son air taquin. « Cela dit, ce ne serait pas très raisonnable. Nous avons chacun des obligations. » Rester pure, pour citer le sommet de la liste, par exemple. Ces bains avaient vraiment toute sorte d’effets… compliqués. Ou bien était-ce juste elle ? De quoi ajouter à sa panoplie de peurs, au demeurant. « Désolée, c’est cet endroit… » La malice céda à une expression plus sage. Un peu. Le feu et les ailes ; c’était la même rengaine.

Message VII - 910 mots




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 30 Nov 2019, 23:52



Je frissonnai légèrement lorsque je sentis ses doigts dans mon dos. Un sourire apparut sur mes lèvres. J’étais presque convaincu, au moment où je lui avais révélé les deux secrets, qu’elle en écarterait un pour contempler l’autre. Elle était curieuse. Je fermai les yeux le temps qu’elle finisse de me toucher, imaginant un instant un rapprochement beaucoup plus complet. Ses caresses involontaires me grisaient. Elle me semblait presque naïve, à ne pas voir le danger à effleurer ma peau dans cet endroit. Nous étions nus et seuls. Elle avait pu se rendre compte assez facilement que je la désirais. Je lui avais, certes, donné ma parole mais qu’étaient les mots dans ce genre de situation ? J’ouvris les yeux lorsque je sentis l’eau remuer doucement, je les ouvris pour la regarder. Je me penchai un peu vers elle pour pouvoir lui parler d’une voix calme et basse. « Les Magiciens et les Sorciers partagent une croyance sur les lunes de ce monde. La lune blanche appartient à Phoebe mais les deux autres lunes sont des symboles qui régissent la vie des Mages. Une légende raconte que lorsqu’un homme chaotique accède au pouvoir avec de noirs desseins et un grand destin, la lune noire recouvre la lune bleue pour avertir la population d’un massacre imminent et de décennies de souffrances, parfois même avant qu’il n’accède au trône. C’est cette version qui est représentée dans mon dos. L’inverse est signe de paix et se trouve dans le dos de mon amie. » Je lui souris. « Pour le reste… » Je m’arrêtai. « Je laisse la signification libre. Vous n’aurez qu’à faire travailler votre imagination s’il vous arrive de ne pas trouver le sommeil un soir et que vous pensez à moi par hasard. » À sa question sur mes cheveux, je me reculai un peu et finis par rire. « Peut-être que je n’aime pas tout dévoiler à ceux que je côtoie tous les jours ? J’aime assez l’idée d’avoir un jardin secret que je ne partage qu’avec les personnes qui comptent pour moi. En plus, j’aime mes cheveux longs mais je fais beaucoup plus sérieux avec les cheveux courts. »

Je plissai les yeux lorsqu’elle m’avoua son premier secret et finis par sourire doucement à l’entente du deuxième. Elle était fragile, au fond. J’en avais déjà eu un aperçu dans le labyrinthe mais ce qui sortait d’entre ses lèvres à présent ne faisait que me le confirmer. Les autres pouvaient à la fois être son paradis et son enfer. Si elle s’attachait à quelqu’un, cette personne en venait à posséder un pouvoir immense sur elle. La peur de décevoir. La peur de l’abandon. Ces deux peurs étaient néfastes, un cocktail explosif qui pouvait donner matière à s’amuser à n’importe quel individu mal intentionné. Jouer avec elle, la torturer, tout ceci serait si facile si elle venait à s’éprendre de moi. Posséder une emprise sur elle ne serait pas difficile. Les tensions, la crise, les justifications et l’illusion de bonheur, encore et encore, dans un cercle infini. Je pourrais la briser, la vider de sa personnalité et de toute sa substance. Je pourrais l’acculer, en faire ma chose et la soumettre. Ces deux peurs étaient de véritables poisons. Le voulais-je ? En étant honnête avec moi-même, ce n’était pas ça que je désirais. J’aurais pu. J’aurais sans doute trouvé ça plaisant avec quelqu’un d’autre mais non, pas avec elle. Ce côté un peu fébrile commençait à me troubler. Je me questionnai sur des choses étranges. J’étais certain que c’était l’Ange en moi, celui qui apparaissait lorsque je buvais la potion, qui avait répandu sa morale et sa vision de la vie dans mon esprit, une vision différente de la mienne et stupide. Aussi, je me demandai pourquoi est-ce qu’il y avait des êtres, en ce monde, qui était capables de la briser, elle ? J’avais envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser et de lui dire que personne ne lui ferait jamais de mal. Et si quelqu’un le lui en faisait, j’allais faire en sorte qu’il mange son propre corps et ses propres organes avant de mourir enfin. Je me retins, aussi parce que je savais que le plus grand mal actuellement, dans son existence, se trouvait juste devant elle. Je me doutais que les expéditions dans lesquelles elle s’était engagée ne seraient pas calmes, qu’elle risquerait sa vie, mais qu’étaient des monstres marins et des obstacles face à un homme qui voulait la posséder et qui était prêt à tout pour ça ? Parce que j’étais prêt à tout. Je fermai les yeux, souhaitant soudainement passer mes mains dans ses cheveux et déposer des baisers sur la peau de son cou. J’avais envie de remonter mes lèvres jusqu’à son oreille et de la convaincre de m’épouser à force de mots doux. Je savais pourtant que je devais me méfier. Derrière son côté fragile se cachait une femme amoureuse du risque et défiante. Elle pouvait inverser la tendance à tout moment, se confier puis chercher un moyen de se dégager. Je ne pus m’empêcher de me dire qu’elle était bien la fille de deux Réprouvés, à la fois douce et brutale, sensible et irascible.

« Plein de choses. » lui dis-je pour répondre à sa question sur ce que je cachais. Mes yeux cherchaient les siens. J’étais bien trop détendu, à présent, pour que mes frustrations, ma colère et le mal en moi ne puissent prendre le dessus. J’avais juste envie de rester là et de discuter avec elle. Pas seulement mais je lui avais dit que je ne la toucherais plus. « Je suis vil. » lui murmurai-je dans un sourire. Elle ne pouvait pas savoir à quel point c’était vrai. J’étais certain qu’elle n’y pensait pas, que cette possibilité ne lui avait même pas effleuré l’esprit. « Vous parlez trop… » lui glissai-je dans un murmure avant qu’elle ne s’excuse. Elle avait été trop proche de moi aussi. Sa main sur moi, son souffle frôlant mon oreille et le rapprochement. Nous étions nus et le moindre effleurement devenait vite source de possibles. Calmement, je lui pris la main. Ma voix était vraiment très basse, audible uniquement pour elle. « Vous parlez vraiment trop… » répétai-je. « Et je ne trouve pas vos peurs idiotes mais vous ne devriez pas les confier à n’importe qui ainsi, surtout pas à moi. Maintenant je ne pourrai plus vous lâcher. » Ma main libre remonta doucement jusqu’à ce que mon index et mon majeur n’atteignent sa mâchoire. Je la caressai délicatement, sachant pertinemment que j’aurais pu la lui broyer. Je m’arrêtai sur son menton, effleurai ses lèvres avec mon pouce et m’effaçai de sur sa peau, préférant reprendre ma main avant qu’elle n’esquisse d’autres mouvements moins sages sans me demander mon avis. Cet endroit était un enfer pour moi. « Laëth » Je la regardai toujours. « Vous serez à la hauteur. Vous devrez faire des efforts sans doute mais je suis sûr que vous serez à la hauteur. Et puis… » Je déglutis. « Une personne comme vous ne sera jamais seule. C’est impossible. Il est bien trop facile de vous aimer. Il y aura toujours quelqu’un. » Contrairement à moi. C’était si facile de me haïr tant j’étais mauvais. Elle… Non, c’était impossible. Il y avait son frère et les autres Anges. Sans doute finirait-elle par se lier à un Humain, peut-être s’attacherait-elle à des Magiciens. Une personne comme elle était forcément aimable. Parfois, il m’arrivait d’imaginer combien il me resterait de proches si ce que j’étais venait à se savoir. Je voyais les silhouettes s’effacer les unes après les autres. Je ne pouvais pas me permettre de m’attacher parce que ce que je faisais était dangereux et parce que je savais que peu importe mes bonnes volontés de l’instant, à un autre instant, je finirais forcément par détruire ce que j’aimais.

Je fermai les yeux une seconde. J’avais envie de lui murmurer autre chose mais n’en eus pas l’occasion. L’eau froide de mon bain me tira de ma torpeur.

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[Q] - La vulnérabilité (Laëth)

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