Ô violence, tu épanches mon chagrin ! – " Je ne suis pas une héroïne. " – Fais-moi plonger la tête la première – " N'est-ce pas juste pour moi de croire ? " – Dans ce bain de sang dont je serai fière. – " Je suis un peu comme elle, juste un peu. " – C'est l'heure de mon entrée bourrin ! – " Je vais m'emparer de la Marche Terne… " – Cette frénésie enflamme mon cœur ardent. – " Tout ce qui a pu pousser à ma naissance, ce n'est que du vent. " – L'excitation du combat dessine mon sourire. – " Un jour, l'une de nous deux disparaîtra. " – La bataille suit le rythme de mon fou-rire. – " C'est donc toi, le Bleu Roi ? " – Mon passage n'accueillera que des perdants. – " D'où viennent ces chants ? Ces voix ? " – Je détale pour mes camarades, ma famille. – " Prends ça ! " – Si tu entends mon nom, fais tes adieux ; – " Je t'amènerai une armée comme tu n'en as jamais vu. " – Tu pourrais bien survivre à ma colère bleue, – " Nous allons en finir, ici, maintenant ! " – Tant que tu ne touches pas à ma fille ! – " Adieu. "

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Dans le corps de Léto.

Le crépitement s'intensifia à mesure que les rondins s'ajoutèrent à la pile. Latone arriva tout juste avec la seconde tournée lorsque Tlaalee-Aan termina sa part de la besogne. Un grognement plus tard et l'Esprit qui revêtait le corps de l'unique Léto Sùlfr déposa, à son tour, le fruit de son dur labeur. Si cette enveloppe lui apportait bien un avantage considérable qu'elle ne possédait pas sous sa véritable forme, c'était sa force. Une œuvre d'art sans pareille, on ressentait dans la moindre courbure de ses muscles tous les efforts et les sacrifices entrepris pour arriver à ce résultat. Léto était indéniablement forte et Latone en profitait pleinement. Hacher quelques réserves de bois n'était plus qu'une simple formalité, un ironique écho qui répondait à la pénible enfance de la blonde.

Reposé auprès du feu que les deux acteurs du Cycle s'étaient démenés à allumer avant la tombée de la nuit, le vieil rescapé s'adonna à l'activité dont il raffolait le plus en présence de cette anomalie : l'observer. Latone représentait quelque chose d'à la fois intriguant et de terriblement effrayant pour les Chamans de son calibre. Souvent, il s'étonnait que son peuple et les Ætheri aient accepté une telle entité dans leur plan. Mais au final, il n'était pas le Maître des Esprits, pas plus un membre des tribus. Il n'était qu'un survivant des temps sombres et anciens, une peste dont on préférerait se débarrasser. Les Dieux, les Marcheurs, tous l'avaient écarté. À raison. Tout ce qu'il lui restait comme confort, c'étaient le fragile lien qui le liait à Léto, la loyauté de l'intrépide Latone, et l'espoir d'une fin de vie paisible.

" Cela suffira amplement. L'Esprit plaça le reste des combustibles plus loin et finit enfin par le rejoindre vers les braises. Comment te sens-tu ?
- Bien, je suppose. Latone frotta ses mains, plus ardemment, comme exacerbée. Ce qui, finalement, représentait la majeure partie de son temps depuis qu'elle jouait l'agent double avec Léto.
- Ce doit être l'une des rares fois où je ne t'entends pas rétorquer "son corps va bien, j'en prends soin". Il inhala le contenu de sa pipe, le bois étant si rongé qu'il manquait de claquer à tout moment. La furie fixa intensément l'ancien maître de Léto, ses pupilles vairons s'illuminèrent brièvement d'une lueur bleutée qui lui était propre.
- Disons que j'ai fini par m'y faire. La Vie est compliquée, mais hé, j'ai vécu la Mort ! Tlaalee-Aan demeura silencieux, au fond de lui ravi de constater que la "progéniture" de Léto s'épanouissait pleinement. Un prodige pareil ne pouvait être gâché, beaucoup trop de nuisibles chercheraient à s'en emparer. Fort heureusement, Latone faisait preuve d'une emprise inouïe sur son existence. Selon toi, vieil homme… Une brise plus forte menaça leur feu, mais l'attaque s'interrompit assez vite pour qu'elle ne s'en préoccupe point plus. Est-ce que j'ai bien fait d'ouvrir la Porte ? Le Chaman comprit qu'elle souhaitait acquérir ses connaissances de Marcheur, son expérience au sein du groupuscule qu'elle menait de plus en plus. Il ressentait cette appréhension entraver ses fibres d'énergie.
- Linos… Il n'eut jamais l'occasion de s'approcher de la fameuse Cité Miroir, mais Latone s'était remarquablement efforcée de lui décrire les moindres détails de cette découverte : la Porte, son ouverture via le chant, les premiers tunnels, les autres Portes… et surtout, l'avènement du Bleu Roi. Linos est une réponse à cette question que nous nous posions tous depuis notre arrivée : quel est le passé de Ciel-Ouvert ? Depuis le temps que nous sommes ici, les Ætheri ont décidé de nous donner une première piste. Aussi rare que cela puisse paraître, Latone se retrouvait en position de détresse ; non pas bloquer par sa propre impuissance, mais plutôt par le fardeau que lui avait légué Léto. Agir comme elle, ce n'était pas être comme elle. Il y a quelque chose de… surnaturel, avec tout ça. C'est plus qu'admis. Cependant, tu te trompes de question… La bleue releva le regard en sa direction, les flammes reflétant son intérêt. Ce n'est pas tant le fait que tu aies ouvert la Porte qui préoccupe tout le monde. Mais plutôt : maintenant que tu as ouvert la Porte, que vas-tu faire ? C'était si évident. Il avait le chic d'autant l'enquiquiner que de mettre le doigt sur les détails. En guise de réplique, elle aborda un air sévère, déterminé, propre à la réputation qu'on lui collait.
- Ce… Ce merdeux de Roi veut qu'on parte ? Elle leva son poing face au vétéran, ses doigts resserrés comme jamais. Je vais descendre lui rendre visite et lui donner cette réponse. "

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